La tempête bat son plein. James refuse de me suivre. J’aurais pu m’en douter, mais la situation risque de s’empirer si on ne se met pas à l’abri. L’enfant dans mes bras ne veut pas se calmer et en réalité je suis aussi terroriser que lui. J’en deviens presque égoïste souhaitant que mes proches soient en sécurité. Thomas avait la garde des enfants aujourd’hui. Clara étant encore petite, ne passait que la journée avec lui avant qu’il ne me la ramène le soir. Pour Alex s’était une autre histoire. J’ai eu du mal à lâcher Matthis, comme si on venait de m’arracher mon propre enfant. D’ailleurs j’avais même eu du mal à le donner à son papa. Je vois bien l’homme coincé sous le panneau, mais c’était comme si mon cerveau ne voulait pas accepter l’information. « Il faut vraiment partir, James. » redis-je une dernière fois à mon beau frère. Il n’en fait qu’à sa tête et je ne veux pas avoir à assumer sa mort auprès de son fils. « Ida ? Tu veux nous aider ? » .Je ne sais pas trop, en quoi je pourrais bien servir. Matthis ne se calme toujours pas. La maman au fond de moi, ne pense qu’à protéger le bébé. « Vous pouvez le prendre ? Il faut le mettre à l'abri» . Je dévisage un moment la bonne femme, puis dans un élan de lucidité lui céde l’enfant en me dirigeant vers mon beau frère. C’est à ce moment là que je vois Soren. Que je met un visage sur cette situation qui me dépasse. James et une autre femmes sont parti chercher de quoi le dégager. Je m’approche de lui (SOREN), et lui attrape la main. Sa jambe est dans un mauvais état mais il ne semble pas se rendre réellement compte de la gravité de la situation : « Monsieur. On va vous sortir de là. » me voulais-je plus rassurante, alors qu’au fond j’ai très peur. Le vent souffle dans la pièce et à chaque bruit de tonnerre, je sursaute. Bien évidemment James et la dame blonde mettent du temps à venir. Les gens continuent à pénétrer dans le starbucks pour s’abriter et d’autres descendent à la réserve se mettre en sécurité. Je jette un regard de temps à autre sur la jambe de Soren. Elle est dans un sale état. Je n’étais pas sur qu’il puisse s’en sortir, puis regarde Tommy (TOMMY) comme pour l’interroger du regard. (SOREN)« Comment vous appelez vous? » finis-je par dire pour entamer la discussion le temps que nos petits secouristes ne viennent à la rescousse. De nouveau, je sors mon téléphone. Toujours pas de réseau, les secouristes se sont abonné absent. (TOMMY) : « vous avez essayé de joindre les secouristes avec votre téléphone? » l’interpelle-je, pensant que le problème pouvait venir de mon cellulaire. Le poste le plus proches est à une dizaine de rues d’ici. En voiture on en aurait pour cinq minutes, mais impossible pour le moment de prendre le risque de sortir. Nous n’avons qu’une maigre petite trousse de secours, insuffisante pour le nombre de blessés et surtout vue la gravité de certains. Une lumière principale éclate, de nouveau je sursaute. J’ai l’impression d’être en territoire de guerre. Chaque bruit attire mon attention, et je me retrouve à prier pour que cela s’arrête.

« Je vais essayer de vous dégager, mais apparemment personne ne s'occupe de nous, le reste du café se relève. Ca va aller. Il faut juste patienter. Les secours ne vont certainement pas tarder à arriver. » A sa dernière remarque, Soren s’appretait à dire qu’ils allaient pouvoir attendre longtemps avant que les secours arrivent, parce-que c’était toujours le cas, mais il se retint. Ce n’était pas forcément le moment de faire ressortir son côté pessimiste - surtout que la jeune femme avait accepté de l’aider. Il inspira alors profondément - ce qui le fit légèrement tousser. « D’accord, faites ce que vous pouvez. Je bouge pas moi de toutes façons, hein. » Et le visage de la jeune femme disparu de son champ de vision. Il y eut par la suite de l’agitation qui commençait à se faire entendre aux quatre coins du café. Comme si toutes les autres personnes présentes autour commençaient à comprendre ce qu’il venait de se passer. Soren se maudissait d’avoir de l’entrainement dans les scénarios catastrophes, car avoir quelques minutes d’innocence et de répit de plus n’aurait pas été du luxe. Quelques minutes s’étaient déjà écoulées lorsqu’une nouvelle voix parvint aux oreilles de Soren. Un homme (tommy), cette fois ci, qu’il ne connaissait toujours pas. « On tient le coup, là-dessous ? Vous êtes ... vous êtes un crac à cache-cache d'habitude, vous ... non ? » Si le jeune homme avait pu avoir un accès visuel à Soren, il aurait pu voir le dédain sur son visage, ponctué par ce sourcil élevé bien trop haut. « La moitié du café doit être en train de se vider de son sang et vous faites une blague aussi vaseuse que ça ? » Ce ne fut qu’une fois que sa phrase fut entièrement prononcée que Soren se rendit comptes de la dureté de ses mots. Il soupira alors. « Excusez moi, je deviens sensible dans des situations merdiques comme celle là. » Il tenta alors de tourner au maximum son regard vers l’homme dont il ne connaissait toujours pas l’identité, cependant vu comment le panneau l’écrasait, il ne pouvait voir que le flanc du jeune homme. « Vous devriez soigner cette blessure, c’est pas beau à voir. » En effet, du sang semblait joyeusement s’échapper du corps de Tommy, et ce n’était clairement pas le bon moment. Ce fut à ce moment là que Soren sentit quelque-chose prendre sa main. Une autre main, à vrai dire, une mai n douce qui devait surement appartenir à une femme (ida). « Monsieur. On va vous sortir de là. » Soren eut un petit rire, plus détendu cette fois ci. « Franchement, ma belle, j’espère bien parce-que je compte pas rester coincé toute la nuit sous ce… Truc. C’est quoi d’ailleurs ? Je n’arrive pas à voir grand chose autre que le sol et cinq centimètres au dessus de celui-ci. » Un petit silence se fit sentir avant que la jeune femme reprendre la parole. « Comment vous appelez vous? » Soren eut une petite seconde d’absence suite à la question d’Ida, ne sachant pas si elle parlait réellement à lui ou si elle parlait à l’autre homme que Soren pouvait toujours entrapercevoir - et qui saignait toujours. « Soren West, pour vous servir madame. Et vous pouvez me tutoyer, on est plus à ça près. »

Est-ce que les deux étaient liés ? Plus Tommy parvenait à retrouver pied dans la réalité plus la douleur à son flanc se faisait vive, comme si elle aussi retrouvait un tant soit peu de réalité. Il n'avait pas le temps de penser à cela, pourtant, il ne devait pas penser à cela, sans quoi il ne parviendrait pas à suivre ce que James lui disait au milieu du chaos ambiant, des mots désordonnés de la blonde qui semblait compter sur lui, et des pleurs du bébé que tout parent pouvait sans mal classer dans la catégorie des bruits profondément angoissants. « Il faut que les gens se mettent à l’abri Tommy ... » Bien que James soit ni plus ni moins en train de le contredire par cette phrase, Tommy avait hoché la tête de manière affirmative et soufflé « Je sais. » Il ne se sentait pas le courage ou la force d'argumenter, de toute manière. Une autre blonde était venue alpaguer James, Caitlyn, et Tommy avait eu toutes les peines du monde à se concentrer à la fois sur le son de sa voix et sur ce qui en sortait. James semblait savoir quoi faire d'elle et quoi faire tout court, d'ailleurs, aussi maintenant le problème du bébé également réglé Tommy avait préféré s'en remettre à Ida et sa volonté d'engager la conversation avec le plus mal en point d'entre eux (Soren). Assez peu au point sur les choses à dire dans ce genre de circonstances, la tentative du brun avait été accueillie un peu fraîchement « La moitié du café doit être en train de se vider de son sang et vous faites une blague aussi vaseuse que ça ? » Réalisant sans doute malgré tout que Tommy ne cherchait qu'à obtenir une réaction de sa part, il s'était excusé aussi sec « Excusez moi, je deviens sensible dans des situations merdiques comme celle là. » Secouant la tête, Tommy avait fait mine de rien, et répondu en tenant de gommer la crispation qu'induait sa douleur « Y'a pas de mal ... ça prouve que vous ne vous êtes ... pas encore suffisamment vidé du votre pour perdre votre répondant. C'est plutôt une bonne chose. » Ils auraient tout le temps de s'inquieter s'il gardait le silence, à l'avenir. Et puisqu'ils en étaient à parler de sang « Vous devriez soigner cette blessure, c’est pas beau à voir. » Vraiment ? Tommy n'osait même plus baisser les yeux pour vérifier, comme s'il craignait que de la voir la rendrait d'autant plus réelle, et donc d'autant plus douloureuse. « J'vous cache pas que ... j'ai connu situation plus confortable. » Et en même temps celle de son interlocuteur lui faisait encore moins envie. Elle lui rappelait Neil, ce collègue de la scierie qui s'était retrouvé coincé entre deux troncs d'arbre en attente de chargement. Qui avait presque l'air d'aller bien une fois délivré et qui était mort vingt minutes après, une histoire d'écrasement, une connerie du genre, Tommy n'avait pas retenu. Il avait blêmi en revanche, en reposant les yeux sur le brun, et fait en sorte de garder ses pensées pour lui, tandis que le brun déclinait son identité à Ida avant que cette dernière ne s'adresse à Tommy « Vous avez essayé de joindre les secouristes avec votre téléphone ? » En guise de réponse il avait simplement récupéré ton téléphone dans la poche de son blouson et le lui avait tendu. L'écran était un peu fendu, et en le manipulant Tommy l'avait en partie tâché de son sang, mais il s'allumait toujours et le visage de Moïra souriait toujours sur l'écran d'accueil. « Y'a pas de tonalité ... les lignes doivent être ... elles doivent être coupées. » avait-il néanmoins justifié tandis qu'elle tentait à son tour de faire le numéro d'urgence. « Peut-être qu'en trouvant un fixe ici ... Peut-être que ... » Il n'en savait rien, il aurait même été prêt à ramper jusqu'à la cabine téléphonique la plus proche, si les cabines téléphoniques n'étaient pas devenues obsolètes. James et Caitlyn, eux, étaient de retour tandis que le bébé, dans les bras de celle à qui on l'avait confié, semblait pleurer un peu moins fort ... à moins que ce ne soit qu'une impression, ça aussi.

Contre toute attente, l'homme (JAMES) auquel Caitlyn venait de s'adresser accepta vivement de la suivre. Lorsqu'elle l'avait vu hésiter entre le bébé et la femme à ses côtés, Caitlyn avait directement pensé de lui qu'il n'était qu'un lâche plus préoccupé par sa famille que par le sort de pauvres personnes plus touchées qu'elle, mais heureusement il avait décidé de faire l'impasse sur sa situation personnelle, plus particulièrement en déposant le bébé agité à la serveuse que Caitlyn avait installé dans un coin du café pour qu'elle se calme. D'un air légèrement agacé en assistant à ce dépôt de fortune, Caitlyn avait songé, avec l'énervement et le stress du moment : "Tant mieux, comme ça ils pourraient pleurer à deux et nous fiche la paix pour qu'on s'occupe de ceux qui en ont réellement besoin.", sans ressentir aucune once de culpabilité. "Je viens avec vous !" avait lancé l'homme après avoir déposé le bébé. Cela ramena Caitlyn à son état normal, entre calme et logique, et ils purent partir tous les deux dans la réserve, qui était accessible par une simple porte battant derrière le comptoir. En passant près du cadavre de la serveuse, Caitlyn s'efforça de ne pas trop regarder. Elle estimait avoir vu ce soir assez d'horreurs pour le restant de sa vie, même si au fond, elle savait qu'elle en verrait certainement encore, car c'était ça, la vie, une succession d'horreurs plus ou moins supportables de la naissance à la mort.  
A peine eut-elle poussé le battant, l'autre homme sur ses talons, elle fut confrontée à une obscurité des plus dérangeantes. Elle mit quelques minutes à s'habituer à l'obscurité, laissant le battant ouvert jusqu'à ce que la réserve soit suffisamment éclairée. Il faisait un peu plus chaud dans la réserve que dans le reste du café, car la porte empêchait l'air froid de pénétrer dans la pièce. Il lui fallait trouver rapidement une lampe de poche, si toutefois il y en avait une... Caitlyn entra dans la pièce, et l'homme la suivit de près, sans un mot. Alors qu'ils passaient dans l'encadrement tous les deux, l'obscurité se fit plus épaisse, et Caitlyn peina à distinguer les nombreuses étagères qui habillaient les murs. Un léger reflet attira son attention sur l'une d'elle, et elle s'y précipita, priant pour que cela soit une lampe de poche tournée dans la direction de la porte. Elle trébucha sur un petit carton qui se trouvait sur son chemin et jura tout en manquant de se ramasser. Elle atteignit l'étagère sur lequel le reflet s'était tari, Caitlyn cachant l'arrivée de lumière, et tendit les mains. L'étagère était plutôt poussièreuse. Elle était en train de toucher des choses qu'elle ne reconnaissait même pas, jusqu'à ce qu'elle arrive sur un objet connu. La lampe de poche qu'elle avait effectivement repéré juste avant. Elle s'en saisit et chercha de quoi l'actionner. Il y avait encore des piles dedans, et elle faillit s'aveugler lorsque la lumière jaillit droit dans ses yeux. Elle les ferma et se retourna pour balayer la pièce de sa lumière de fortune. Dans un coin il y a avait un chariot avec un petit tas de produits et d'objets pour le nettoyage. "Il faut qu'on trouve quelque chose qui pourrait faire levier... à moins que vous ayiez une meilleure idée ?" En disant cela, Caitlyn s'était retournée vers l'homme en l'éclairant avec le faisceau de la lampe. Elle ne voyait presque pas son visage. La porte battant s'était refermée, ils étaient maintenant tous seuls dans la réserve, dans le noir avec une petite lampe de poche, et pas plus avancés que cela.

C’est un déchirement de voir Mathis passer dans les bras d’une femme inconnue, l’espace d’un instant j’ai envie de le récupérer et de courir loin d’ici, loin de l’horreur de ce moment que je voudrais qu’il ne voit jamais. Ses cris me brisent le coeur et les tympans, passant à travers les sifflements persistants dans ma tête. Je détourne le regard pour ne pas flancher, ne pas devenir ‘papa James’ et rien d’autre parce que je suis bien conscient que des vies sont en jeu. Je regarde la blonde à mes côtés (Caitlyn) dont je ne connais même pas le prénom pour lui dire que je la suis et nous partons tous les deux. « Au fait, je m’appelle James. » Ca semble con mais dans ce genre de moment je sais que c’est le type de détail qui n’est pas sans importance. Je fais tout pour ne pas voir les corps sans vie autour de nous - pour tenter de focaliser mon esprit sur une seule chose. Il fait sombre et encore plus quand nous pénétrons dans la réserve. Je vois la blonde (Caitlyn) s’agiter autour de moi mais d’un coup je me sens valser, tout tangue un peu et mon esprit m’échappe quelques secondes alors que je passe une main sur ma tête pour remarquer que j’ai un peu de sang. Je ne suis plus totalement maitre de moi même je le sens bien et cette tendance à tanguer ne fait que d’accentuer la nausée qui me prend. D’un coup la lumière se fait éblouissante et je reviens un peu à moi, essuyant rapidement ma main sur mon pantalon pour cacher le sang un peu honteusement. « Il faut qu'on trouve quelque chose qui pourrait faire levier... à moins que vous ayiez une meilleure idée ? » Mon regard balaye la pièce en même temps que le faisceau de lumière. « Non ça me semble bien, la première étape c’est de le soulever assez pour qu’on puisse le dégager de là dessous. » De toute façon nous n’avons pas beaucoup d’autres possibilités, la moitié des gens son blessés et n’auront pas la force de nous aider. « Attendez ! » Elle revient en arrière et je vais attraper un balaie. « C’est sans doute pas le top mais ça pourra nous aider. » La blonde et moi attrapons tout ce qui peut être susceptible de service de levier. J’attrape aussi deux seaux qui pourront nous aider à augmenter le contre balancement. « On va y aller avec ça. » Je ne sais pas ce qu’on va réussir à faire mais il y a plusieurs mains pour nous aider et c’est de toute façon tout ce qu’on à sous la main.

En sortant de la réserve je regarde Caitlyn pinçant légèrement les lèvres. « Dès qu’on l’aura sorti de la dessous il faudra s’occuper de votre front… C’est pas jolie. » Au delà du sang qui a recouvert une bonne partie de son visage il ne serait pas si étonnant qu’il y avait encore quelque chose de coincé dans sa plaie vu son allure. Je marche le plus droit que je peux, perdant légèrement l’équilibre parfois avant d’arrive proche de l’homme coincé (Soren) « Monsieur vous nous entendez ? » Je regarde Ida et une voix me souffle qu’il s’appelle Soren. « Okay Soren… On a trouvé de quoi essayer de vous décoincer. Si d’un coup vous sentez qu’il y a quelque chose de bizarre ou que vous êtes entrain de vous évanouir vous hurler ! D’accord ? » Je n’ai aucune idée des lésions que l’homme là dessous peu bien avoir, mais si le panneau comprime une blessure importante, une hémorragie externe latente, il serait encore plus dangereux de le bouger sans les secours à porté de main. « Tommy prenez ça ! » Je lui passe de quoi venir faire balancier avec nous. Ida est restée proche de la main de l’homme. « Ida quand on aura levé assez, on aura besoin de toi pour le décoincer.. Ca va aller ? » Je ne sais même pas où je trouve la force de parler et de réfléchir tant ça tangue autour de moi. Nous nous mettons en place les trois du même côté du panneau, Caitlyn Tommy et moi prêt à faire balancier avec nos objets d’infortunes. « A trois.. Un, deux, trois… » J’oublie la blessure de Tommy, celle de Caitlyn les mienne et je pousse le plus fort que je peux espérant voir bouger le panneau ne serait-ce qu’un peu. Et il me semble que ça marche mais d’un coup c’est moi qui me sens partir. Je lâche tout et il me semble entendre un cris de douleur ou de désespoir au loin, je me retourne et vomis tout ce que j’avais dans le ventre. Puis la bile. J’ai l’impression que je vais m’évanouir… Mourir… Je sais que ce n’est pas la situation qui fait ça. J’ai déjà vu la mort, l’horreur… C’est ce putain de panneau que je me suis pris dans la tête… Et a n’en pas douter, mon cerveau n’est pas prêt de s’en remettre aussi facilement. Je réouvre les yeux pour voir mon vomi et les gens autour de moi d’un coup un peu paniqué… Ou je suis… Je perds la boule. « Qu’est…Q’est ce qui se passe ? » Pendant quelques secondes c’est le black-out.. Ca tape dans ma tête et je mets plusieurs secondes a réussir à refaire le puzzle, à me souvenir de la baie vitré, du panneau publicitaire, de l’homme bloqué… Bordel… L’homme bloqué. Je me retourne d’un coup… « On réessaye. » Je ne sais même pas comment Soren va après mon coup un peu foireux, mais je sais qu’il faut le sortir de là.

Au moment où Caitlyn allait entrer dans la réserve et qu'elle avait le visage rivé sur le cadavre au sol derrière le comptoir, elle entendit "Au fait, je m'appelle James.", ce qui la força à répondre sur un ton monocorde "Et moi Caitlyn.". Une fois dans la réserve et la lampe de poche en main, Caitlyn avait remarqué un reflet rouge assez inquiétant en braquant sa lumière sur le dénommé James. Elle voulut lui demander si ça allait, mais le plus important était l'homme coincé sous le panneau. Elle balaya la pièce avec le faisceau de la lampe torche, et James l'arrêta pour lui indiquer le fond où se trouvait le chariot de nettoyage. Il s'y dirigea et attrapa un balai. Caitlyn tenta d'apercevoir de quoi aider, mais avec une lumière aussi faible et la douleur qui lui vrillait la tempe droite, c'était chose difficile.
Les deux acolytes finirent par se saisir de divers objets qui pourraient servir à tout le monde, dont deux seaux. En sortant en première de la réserve, Caitlyn décida d'économiser la lampe torche et l'éteignit avant de la glisser dans le seau qu'elle portait. Il restait encore un peu de lumière dehors, malgré l'obscurité ambiante. Il ne faisait pas encore totalement nuit, et Caitlyn était persuadée que si cette tempête ne faisait pas rage, la nuit serait très belle. Il pleuvait encore un peu dehors, et à force, la pluie commençait à glisser sur le gros panneau, formant une flaque à son extrémité près du comptoir. L'homme en-dessous devait vraiment en avoir marre... Il avait peut-être même quelque chose de cassé, ou une blessure qu'il fallait traiter de toute urgence. A mesure qu'ils s'approchaient du panneau, James souligna qu'il faudrait s'occuper de la blessure que la blonde avait à la tempe. Elle fit un signe léger de sa main libre pour lui signifier que cela pourrait attendre. Certes elle avait mal à la tête et la sensation du sang séché lui donnait envie de rendre, mais il y avait bien plus urgent.
Caitlyn regarda James se pencher sur l'homme, enfin ce qu'on pouvait en distinguer, et entendit d'elle ne sut trop où qu'il s'appelait Soren. Elle suivit le mouvement pour commencer à déplacer le panneau, mais ça n'allait pas être chose facile. Il s'était encastré d'une manière vraiment étrange par la baie vitrée, et devait certainement être bloqué d'un côté ou d'un autre. La blonde finit par se mettre non loin d'un grand barbu afin qu'ils puissent tenter de soulever le panneau au-dessus de l'homme.
James donnait le ton pour initier la poussée, mais tout à coup il s'affaissa sur lui-même et se mit à vomir. Horrifiée à la vue du contenu de son organisme, Caitlyn détourna les yeux. Elle eut beaucoup de mal à supporter cette vue car ses nausées lui reprirent de plus belle. Elle lâcha le panneau un instant afin de tourner son visage et mit sa main devant sa bouche dans un geste réflexe.

Drôlement positionné, à demi assis, à demi à genou, je m’applique à la tâche qui m’a été attribuée. Me concentrer m’aide à oublier la situation dans laquelle je suis fourré jusqu’au cou. Ça m’aide aussi à ne pas penser au rail de coke qui me fait terriblement envie à l’heure qu’il est. Je n’ai jamais très bien géré les situations de crise extrême. Je peux passer outre la douleur, rester relativement calme et posé quand je perds le contrôle total de la situation - faut dire qu’avec Silas, j’y ai été habitué - mais les cadavres … s’il y a bien quelque chose qui peut me faire perdre les pédales, c’est d’être entouré de corps sans vie. Et cette femme, celle que j’ai aperçue en même temps que l’homme blessé au flan, elle est beaucoup trop près. Beaucoup trop. « Oh putain, qu'est ce qui m'arrive, qu'est ce qui m'arrive ? » Instinctivement, je pose doucement ma main à plat sur son épaule (Austin) pour l’apaiser. Je ne suis pas sûr que ça serve vraiment à quelque chose dans ce genre de situation, comme si la main d’un inconnu pouvait apaiser qui que ce soit dans cette merde sans nom. « Vous avez quelques bouts de verre plantés dans le visage. Ça n’a pas l’air trop profond. » lui décris-je tout en répétant encore et encore le même cycle. Enlever un bout de verre, nettoyer la plaie avec une serviette en papier imbibée de gel hydro alcoolique, découper un bout de compresse, l’appliquer dessus en appuyant fermement et la scotcher tout aussi fermement avec du sparadrap pour pas que ça saigne de trop avant que les secours arrivent. Je ne suis pas sûr à 100% d’être en train de faire ce qu’il faut, mais ça ne me semble pas être une mauvaise idée non plus. « Je crois qu'on peut se tutoyer, on est tous dans la merde. Moi c'est Austin, et toi ? » J’acquiesce d’un hochement de la tête. Il a raison. J’esquisse un léger sourire, quelque peu déformé par la douleur. « Theon. » Le visage nettoyé et parsemé de pansements, pour certains bizarrement improvisés, je me traine sur le côté pour m’occuper de son abdomen. Ici, le bout de verre me semble assez conséquent et ça me fait douter. Il peut être gros sans être profondément enfoncé, seulement si c’est le cas et que je l’enlève, ce n’est pas dit que la suite soit jolie à voir. Je soupire. « Je crois pas que je vais pouvoir enlever celui-là. » Plissant les yeux pour apercevoir les traits de son visage dans la pénombre, je le regarde perplexe. Je ne sais pas quoi faire. Il faut dire que d’habitude, je suis plutôt du genre à taper sur un mec que du genre à panser ses plaies.

« Tu ne crois pas qu'il faudrait aider les autres avant moi. Je peux marcher, je peux aider même. » A vrai dire, je n’en sais rien. Depuis que mes oreilles ont cessé de siffler, j’ai fini par capter autre chose que les pleurs du bébé. J’ai entendu les voix des autres rescapés. Je n’ai pas vraiment écouté ce qu’ils se disaient cependant. Quelque chose pour décoincer quelqu’un. Je tourne la tête pour tenter de percevoir quelque chose, seulement la nuit est totalement tombée et je ne peux distinguer que des silhouettes qui s’activent autour de ce qui ressemble à la forme du panneau. Peut-être qu’Austin a raison. Peut-être qu’il ne devrait pas être une priorité ? Je ne sais pas. Je ne suis certainement pas le mieux placé pour en juger. Au même moment, un cri de douleur attire mon attention, un frisson me parcourt de la tête aux pieds, faisant trembler ma cheville. Un léger gémissement se fraye un chemin à travers mes lèvres. « Ah putain. » soupiré-je avant de me trainer, tant bien que mal, la trousse en main, dans la direction d’où provenait le cri. Je crois qu’Austin me suit, son désir d’aider l’y poussant surement. Il s’agit d’une femme (Romane) qui semble, à première vue, souffrir du même mal qu’Austin. Des débris parsemant sa peau. « Qu'est-ce qu'il se passe ? » demande-t-elle alors que je me penche au-dessus d’elle. Je n’ai pas fait attention et un bout de verre est venu se loger dans ma paume. Pendant quelques secondes, j’oublie ma cheville. Un soulagement de courte durée. « Un panneau s’est décroché à cause de la tempête et a fini sa course dans le café en explosant la vitre. Vous avez dû tomber dans les débris. » expliqué-je le plus posément possible. « Où est-ce que vous avez mal ? » J’ai beau voir quelques bouts dépasser, ma vue est légèrement brouillée. J’ai aussi repris les vouvoiements. C’est vraiment quelque chose qui ne me ressemble pas.

« Y'a pas de mal ... ça prouve que vous ne vous êtes ... pas encore suffisamment vidé du votre pour perdre votre répondant. C'est plutôt une bonne chose. » Soren eut un sourire que Tommy ne pouvait pas voir. Dommage, il aurait vu qu’il avait eu du répondant à cette dernière phrase. Il entendit par la suite tommy et ida échanger à propos du réseau. Et de ce que Soren pouvait entendre, ça ne prévoyait rien de bon. De toutes façons, vu la tempête qui grondait dehors - et partiellement dans le café par la même occasion -, ça ne l’étonnait pas plus que ça qu’il n’y ait plus ni d’électricité ni de réseau. Les secours ne seraient pas là aussi tôt que prévu alors, génial. Rapidement, des pas se firent de nouveau entendre, revenant vers eux. Ca devait être les personnes parties en réserve ou quelque-part par là. « Okay Soren… On a trouvé de quoi essayer de vous décoincer. Si d’un coup vous sentez qu’il y a quelque chose de bizarre ou que vous êtes entrain de vous évanouir vous hurler ! D’accord ? » Soren eut un petit rire, perceptible par l’homme (james) qui venait de lui parler. « Vous inquiétez pas, si vous êtes en train de me découper en deux, je vous insulterai de tous les noms très rapidement. » Soren s’étonnait de rester aussi zen depuis qu’il avait repris connaissance. Il faisait mêmes des blagues, alors que normalement dans une situation comme celle-ci, il se retrouvait rapidement à être en opposition avec les personnes l’entourant. Mais d’habitude, il devait se rappelait qu'il avait Jameson à ses côtés qui le remettait bien en place comme il fallait. Là, allongé dans ce Starbucks, de ce qu’il entendait, aucune voix ne lui était connue. Et c’était bien dommage. « Ida quand on aura levé assez, on aura besoin de toi pour le décoincer.. Ca va aller ? A trois.. Un, deux, trois… » Alors c’était le moment où Soren allait pouvoir être libéré de ce… Cette chose - car il n’arrivait toujours pas à savoir ce que c’était, à part que c’était lourd - qui le recouvrait et l’écrasait depuis qu’il avait traversé la baie vitrée du café. Alors que toutes les personnes autour de lui semblaient s’atteler à pouvoir soulever la ferraille, Soren avait pu sentir pendant quelques instants la pression sur lui se diminuer. Et d’un seul coup, ce poids revint d’un coup sec, l’écrasant de nouveau. « Putain… » Il avait tenté de ne pas parler trop fort, parce-qu’il n’était pas en danger de mort et l’autre homme (james) lui avait demandé de crier que s’il y avait un grave danger imminent. Car oui, parfois, Soren savait se conformer aux « ordres » qu’on pouvait lui donner. L’homme (james) se mit à parler de nouveau après un silence de sa part - est-ce que ça prévoyait quelque-chose de mauvais pour Soren ? « Qu’est…Q’est ce qui se passe ? » L’odeur du vomis se fit rapidement sentir de là où se tenait Soren, et il dut se retenir pour ne pas dormir à son tour - mais comme sa tête était très proche du sol, il aurait fini par le manger en retour alors… Il se retint aussi fermement qu’il le put. « Apparemment, vous ne tenez pas en zone de guerre, mon petit. » Ca se voyait que Soren ne connaissait pas le passé de James, sinon il n’aurait pas pu dire ça. « On réessaye. » « Wohwoh, doucement bonhomme. J’suis pas sûr que ton corps soit prêt, tu vois… Vu ce qu’il vient de renvoyer apparemment, t’es pas trop en état… » Car même s’il aimerait bien être sortir rapidement de cet enfer, Soren ne voulait pas que quelqu’un y laisse la moitié de son corps à cause de lui. Et même si cette homme (james) qui tentait de l’aider semblait de bonne volonté, il faisait un peu peur à Soren. Il n’était pas médecin, mais il avait quand même quelques bases de l’anatomie, de la traumatologie et des réflexes du corps humain. Et vomir après un traumatisme n’avait jamais, dans l’histoire de l’évolution, était une bonne chose. « Et merde pou les banalités. Tu t’es cogné la tête, toi là, qui vient de rentre tes tripes ? » Soren avait atteint son quota de bonne volonté sur les politesse pour toute la nuit apparemment.

Alors oui il avait du verre dans le visage il allait peut-être être défiguré à vie, mais contrairement à beaucoup il avait rien de cassé, bon il saignait abondement, mais on ne pouvait rien faire. Il fallait faire abstraction de tout et surtout se rappeler des quelques cours de secourisme qu'il avait pu avoir quand il était dans son école privée. Une plaie saine, on la recouvre et on compresse, une plaie qui ne l'est pas … on ne peut rien faire si c'est souvenirs sont bons. Alors pourquoi chercher à faire quelque chose pour son visage, pour le moment ce n'est pas la priorité, la douleur est belle et bien là, mais il peut marcher et il pourra certainement aider THEON a marcher et a aider les autres. Allongé, un peu impuissant il observe THEON lui enlever les quelques morceaux de verres qu'il a sur le visage, surement pas la meilleure idée vu qu'à chaque fois il sent la chaleur l'envahir un peu plus. Le sang sur son visage lui donne certainement la palme du revenant. Tous ont mal, tous ont quelque chose de cassé, mais personne n'a autant d'entaille et de sang sur le visage. Oui même dans des moments pareils il essaie d'être le plus quelque chose. Austin souffre, il souffre beaucoup, même plus que quand il avait les corps étrangers dans son visage. La douleur est atroce et il tourne une bonne dizaine de fois de l'oeil, réveillé à chaque fois par la nouvelle douleur que THEON lui fait endurer. « Je suis d'habitude poli, mais putain qu'est ce que j'ai mal ! » Dans ce Starbuck beaucoup d'origines différentes et surtout d'origines sociales différents. Austin est certainement l'un des plus friqué, mais il est là comme tout le monde dans la merde, comme quoi l'argent ne fait pas le bonheur.
THEON a l'air d'avoir fini sa torture, putain qu'est ce qu'il peut avoir mal sur ce coup là, mais Austin comprend vite que quelque chose ne va pas quand il bloque sur son abdomen, endroit ou il ne pensait rien avoir. Il voit du sang encore une fois, mais celui-ci est coagulé, presque sec, une vieille plaie ? Le sang de quelqu'un d'autre, sans écouter THEON il passe sa main et sang qu'il y a quelque chose, pas du verre, surement une pièce en métal. «  Tu sais quoi celle là on la laisse ou elle est » dit-il avec presque un sourire aux lèvres, sourire de souffrance et gueule en vrac voilà la description parfaite d'Austin.

Soigné, il peut maintenant aider les autres, et dans un endroit dévasté comme celui-là il est facile de trouver un peu de travail. THEON trousse en main, Austin comme une béquille pour lui, il l'aide a se lever et surtout a éviter tous les petits morceaux de verres, de métal et autres matières dangereuses qui trainent au sol. Tenant THEON par la taille pour l'aider à marcher ils se dirigent vers une jeune femme (ROMANE) elle n'a pas l'air bien en point, ici personne ne l'est. THEON boite et ne voit pas très bien, Austin lui ne boite pas, mais voit que d'une œil, à le visage en sang et de gros vertiges surement du à sa personne de sang et ces quelques pertes de connaissances. Austin se penche sur la jeune femme lui enlevant une de ses chaussures pour y mettre sa main. Tenant le pied de la jeune femme il lui lance « Allez-y bouger le pied, un orteil n'importe quoi qui pourrait vous rassurer » de lointains souvenirs, mais des souvenirs quand même. Si elle bougeait le pied la colonne n'était pas atteinte, si elle ne bougeait pas le pied, c'était une autre paire de manches... Austin acroupi devant la jeune femme tomba sec, il venait une nouvelle fois de perdre connaissance. Réouvrant les yeux comme si rien ne s'était passé, il ne savait pas pour autant le temps qu'il était resté endormi.

Les bruits extérieurs lui parvenaient de manière plus étouffée, sans qu'il ne soit véritablement en mesure de déterminer si c'était la tempête dehors qui se calmait, les voix des occupants du café qui ne se mêlaient plus à tue-tête comme au départ, ou simplement le bourdonnement dans ses oreilles qui estompait tous les sons sur lesquels il ne faisait pas l'effort direct de se concentrer. « Tommy prenez ça ! » Il n'avait rien écouté à ce qui s'était dit juste avant, et s'était retrouvé avec un manche à balai dans les mains sans savoir d'abord ce que James attendait de lui. « Ida quand on aura levé assez, on aura besoin de toi pour le décoincer ... Ça va aller ? » Les yeux rivés sur le manche à balai, Tommy le serrait de toutes ses forces entre ses doigts, s'y cramponnait même malgré que cela ne soit d'aucune utilité à son équilibre relatif. Ravalant sa salive, se rappelant de Soren toujours coincé la-dessous, et comptant sur eux pour se dégager, il avait rassemblé ses esprits et sa concentration « A trois ... Un, deux, trois … » Grimaçant, Tommy avait imité James et appuyé de tout son poids tandis que Caitlyn et Ida tentaient de glisser sous le panneau les seaux ramenés précédemment et censés permettre à Soren de se dégager. « Attention ! » Voyant James basculer en arrière, Tommy avait bousculé Ida d'un coup d'épaule juste à temps pour éviter que le panneau ne s'écrase sur ses pieds et la blesse à son tour. « Tout va bien, là-dessous ? » avait-il par ailleurs adressé à Soren, en peinant à cacher sa crainte de découvrir que l'homme ait pu être écrasé plus gravement par ce retour de bâton. « Qu’est … Qu’est ce qui se passe ? » Seulement à cet instant Tommy avait reporté son attention sur James, la sueur qui perlait sur ses tempes et son teint pâle. « Apparemment, vous ne tenez pas en zone de guerre, mon petit. » Et dire que ce type critiquait son humour quelques minutes plus tôt. Visiblement pincé par la réflexion, James n'avait pas répondu et préféré objecter « On réessaye. » arrachant au passage un roulement d'yeux de Tommy et une réflexion beaucoup moins diplomate de Soren « Wohwoh, doucement bonhomme. J’suis pas sûr que ton corps soit prêt, tu vois … Vu ce qu’il vient de renvoyer apparemment, t’es pas trop en état … » Oh ce n'était pas apparemment. Mais occupé à s'appuyer sur "son" balai pour ne pas flancher le brun avait laissé leur prisonnier plaider sa cause tout seul encore un peu « Et merde pou les banalités. Tu t’es cogné la tête, toi là, qui vient de rentre tes tripes ? » Posant sur James un regard plus soucieux, maintenant que Soren venait de remettre les choses dans une nouvelle perspective « Vous devriez vous asseoir, James. » s'était-il finalement permis de faire remarquer, le souffle un peu court. Faisant signe à Caitlyn il avait demandé « Vous, venez prendre sa place ... on y était presque. » Et égoïstement Tommy sentait ses jambes trembler et préférait en finir le plus vite possible, plutôt que d'attendre que chacun puisse découvrir le reste du contenu de l'estomac de James. « Un ... deux ... trois ... » Sentant la sueur froide glisser le long de son échine, il avait ravalé un grognement de douleur tandis qu'Ida profitait du temps donné pour bloquer les deux seaux sous le panneau et permettre à Soren de se dégager, enfin. Non sans l'aide de James qui de toute évidence se foutait bien des mises en garde et des conseils qui lui avaient été donnés quelques instants plus tôt. Un peu hagard, laissant tomber au sol le manche à balai une fois le "sauvetage" terminé, Tommy avait fait un pas ou deux en arrière par manque d'équilibre, et cherché des yeux un endroit où s'asseoir - juste quelques instants, pensait-il - tandis que la semelle de sa chaussure dessinait sur le carrelage une trace de pas avec le sang qui, s'échappant de sa plaie, glissait le long de sa jambe, sous son jean.

Il aurait fallu que je sois stupide pour ne pas me rendre compte que quelque chose n’allait pas chez moi. J’étais là sans vraiment être là et si j’avais pu pendant un certain temps le camoufler, ce que je venais de rendre sur le sol et à la vu de tous n’allait pas m’aider à plaider ma cause.   « Apparemment, vous ne tenez pas en zone de guerre, mon petit. » Entendre la voix de l’homme (Soren ) coincé avait eu un effet rassurant sur moi - m’indiquant au moins que je ne l’avais pas achevé. Evidement sa phrase m’arrachait une grimace mais je préférais encore qu’il me pense faible face à l’horreur que incapable d’aider et d’ailleurs aussi rapidement j’avais voulu repartir à l’assaut. « Wohwoh, doucement bonhomme. J’suis pas sûr que ton corps soit prêt, tu vois… Vu ce qu’il vient de renvoyer apparemment, t’es pas trop en état… » Fronçant un peu les sourcils j’aurais voulu pouvoir regarder l’homme en face pour lui répondre. « Et je crois que t’es pas trop en état de faire la fine bouche pour choisir ceux qui vont t’aider si tu veux sortir de là dessous. » J’étais bien conscient que je n’avais pas trop assuré pour le premier coup mais tout les gens autours de lui étaient en aussi mauvaise état que moi et méritaient eux aussi un peu d’attention et plus vite on l’aurait sortir de là dessous plus vite on pourrait passer à autre chose, je n’en démordais pas. « Et merde pou les banalités. Tu t’es cogné la tête, toi là, qui vient de rentre tes tripes ? » « Non ! » J’avais répondu assez vite pour essayer de ne laisser aucun doute planer, mais le regard qu’ Ida avait alors posé sur moi m’avait bien fait comprendre que je n’allais duper personne. « Un peu… C’est sans doute un mini commotion cérébral, c’est rien. » Je n’en étais pas aussi sûr mais j’avais besoin de chasser la peur de mon esprit pour faire de la place au reste. « Vous devriez vous asseoir, James. » J’avais relevé le regard vers Tommy dont j’avais presque oublié l’existence, me retrouver face à une vraie personne et pas juste une voix me déstabilisait d’un coup. « Non ça va… » J’avais la voix moins assurée cette fois, peut-être parce que j’étais inquiet de refaire un coup comme ça et de réellement blesser quelqu’un cette fois. « Vous, venez prendre sa place ... on y était presque. » Un peu penaud j’avais laissé ma place à Caitlyn restant quelques secondes les bras ballants sans plus savoir quoi faire, puis quand à nouveau ils avaient soulevé le panneau j’étais venu les aider, le tenant comme je le pouvais alors que le corps de Soren était enfin libéré. Une fois l’effort fini, je m’étais retrouvé sur les fesses, un peu allaitant, à peine capable de vérifier que l’homme que nous venions de libérer allait bien. Fermant quelques secondes les yeux j’avais prié pour que tout cesse de tanguer à l’intérieur de mon cerveau. Echec cuisant quand je les avais rouvert mon regard avait tout de même été attiré par les marques de sang sur le sol, les suivant du regard j’étais remonter jusqu’à Tommy qui venait de lourdement se laisser tomber sur le sol, abandonnant sans doute l’idée de se trouver un endroit plus confortable, apparemment à bout de force lui aussi. Non sans peine je m’étais hissé jusqu’à lui sans réussir à me lever sur mes deux jambes. « Tommy… Il y a du sang partout. » C’est tout ce que j’avais réussi à dire mon regard rencontrant le sien vitreux, sa peau tellement blanche qu’on pouvait presque voir à travers, son souffle trop rapide. Sans lui poser la question j’étais venu relever son T-shirt pour découvrir l’horreur que mon cerveau avait refusé de voir jusqu’à maintenant. « Bordel… » Je ne sais même pas comment il a fait pour tenir jusque là, la plaie est béante, le sang s’en échappe sans aucune gêne et j’entends derrière moi une exclamation d’horreur. « Okay… Okay pas de panique… » Je regarde autour de moi sans trop savoir quoi faire pour autant, j’ai peur qu’il se couche, qu’il s’endorme qu’il… Sans plus réfléchir je me relève passant mes bras sous ses épaules pour le tirer avec moi jusqu’au bar. « On change de spot Tommy, je vous offre une vue sur la mer. » Il me semble que je l’entends protester, peut-être de douleur mais je m’en moque je le cale contre le bar, la légère inclination de son corps semblant un peu ralentir l’hémorragie alors que cette position me donne au moins l’avantage d’avoir vu sur son visage pour être sur qu’il est encore là, avec nous. Mes mains sont pleine de sang mais je m’en moque je les presse contre la blessure sans grand succès. «Putain Tommy… Vous pouviez pas le dire avant… » Je suis presque énervé, contre moi aussi de ne rien avoir vu. « Il faut que arrêter le saignement… » Je parle peut-être plus pour moi que pour lui - ou pour les gens qui sont autour de nous - je n’arrive pas à voir le reste du monde concentré uniquement la dessus. « De l’aide ! » Je cris sans vrai destinataire… « Il me faut un torchon, un bout de tissu n’importe quoi. » Mes mains ne sont pas suffisante et je pense bien à enlever mon T-shirt mais la compression que j’effectue avec mes paumes semble déjà un peu calmer l’hémorragie et je n’ai pas envie de l’arrêter. Puis si je peux éviter de me retrouver à torse poil au milieu de la tempête ça me va aussi.

JAMES: « Ida quand on aura levé assez, on aura besoin de toi pour le décoincer.. Ca va aller ? » Sa question résonne plusieurs fois dans ma tête, j’ai du mal à vraiment réaliser la situation. Je finis pourtant par hocher la tête de haut en bas. Ce pauvre monsieur à la jambe en sang et rien qu’à voir ce beau rouge sortir de lui, j’en ai la nausée. Je pense à mes enfants, à mon ex-mari et puis Bryan. Et au fond de moi, j’espère qu’aucun n’a pris le risque de sortir. J’imagine Thomas, mort d’inquiétude en essayant de m’appeler pour savoir où je suis. Certes, nous ne sommes (presque) plus mariés, mais ça n’empêche que l’on continue toujours à s’inquiéter l’un pour l’autre. Dix ans à veiller l’un sur l’autre, ce n’est pas en quelques mois qu’on perdra cette habitude. Je sors peu à peu de mon nuage. Soren est toujours bloqué, James et la bonne femme qui l’accompagnait ont fini par revenir. Je ne sais pas si ce qu’ils ont pris fera l’affaire. Je me place derrière Soren, passant mes bras sous ses aisselles. Son attitude prouve bien qu’il est loin de souffrir de la situation. Il faut croire qu’il l’a échappé belle, beaucoup n’avaient pas eu la même chance que lui.

Je suis d’ailleurs étonnée de moi-même, je n’ai jamais eu le contact très facile avec de parfait inconnu mais il semble que ces derniers temps je me sois débloquée de ce côté là. IDA:« Attention! » TOMMY:«  Attendez! »  criais-je en même temps que Tommy, n’ayant pas eu le temps de le tirer. Ce dernier me bouscule et je manque de tomber à mon tour ne tenant que sur des décombres. Je jette un regard à James, qu’est ce qu’il lui a pris? Une mou compatissante se dessina sur mon visage en le voyant vomir. Je comprend qu’il n’a pas du tout le contrôle de la situation, malgré qu’il veuille nous faire croire le contraire. Du regard, on communique. Bien sur qu’il ne peut pas me l’a faire à moi. Presque dix années que l’on se connait. Je n’ai d’ailleurs même pas besoin de parler qu’il me fait signe de la tête que ça va aller. Le coup à la tête, j’avais presqu’oublier qu’il s’était blessé en essayant de nous protéger.  IDA:« C’est n’importe quoi James. Tu n’es pas en état de faire quoique ce soit. » le réprimandais-je, avant de reprendre un ton plus doux :IDA: «  Franchement, tu devrais aller t’occuper de Matthis, on se charge du reste. » dis-je.

Sorenétait enfin sorti d’affaire. Je lui demande si ça va, le scannant du regard. J’ai dans un premier temps cru que la petite marre de sang provenait de Soren, mais mon regard se posa sur la vraie source, Tommy. James s’était précipité sur lui. Je restais un moment spectatrice de la scène. Je ne me suis en réalité jamais retrouvé dans une telle situation. Plus jeune pourtant, je rêvais de devenir ambulancière ou secouriste. Le genre de métier où tu cours dans tout les sens et que tu te retrouves à aider du monde. Je m’approche à mon tour du beau frère, voir de plus près la jambe de Tommy. IDA: «  Il va se vider de tout son sang. » Dis-je à James, connaissant son parcours de vétéran et en concluant que l’armée lui aurait appris quelques astuces pour stopper l’hémorragie. Je retire l’écharpe en soie autour de mon cou et la lui tend. Un cadeau de Thomas, qui en réalité n'avait plus aucune valeur à mes yeux mais que j'avais gardé parce que je la trouvais jolie. Tant pis.