« I'm feelin' electric tonight Cruising down the coast goin' 'bout 99 Got my bad baby by my heavenly side I know that if I go, I'll die happy tonight » ▬ ambiance
La musique résonne si fort dans mes oreilles que je peux même plus entendre les inepties qui sortent de la bouche de ma voisine. J’acquiesce poliment à ce qu’elle raconte. Je me vois pas vraiment lui avouer le fond de mes pensées. Je scrute chaque recoin du séjour à sa recherche. Malgré plusieurs minutes de hochements de tête et de coups d’oeil furtifs, elle est introuvable. On a pour habitude d’êtres inséparables, surtout dans ce genre de soirées. C’était le plan basique, un mec du voisinage organisait une fête, on venait en binome, on se foutait de la gueule des gens présents, on échangeait trois fois de bières, on ricanait comme des gamins, on rentrait en jouant à notre jeu sur le chemin. Les quelques fois où on se décollait c’était quand j’étais avec une autre fille. Question d’intimité quoi… Mais là je supporte juste le flots de paroles de ma voisine sans avoir la moindre arrières pensées. J’en ai qu’une qui hante mon esprit, et elle n’est pas dans mon champ de vision. Un texto a son intention, dix minutes passent, toujours rien. Je suis pas vraiment du genre patient, alors j’abandonne ma camarade sur un sofa où un couple se bouffe les amygdales pour partir à sa recherche. Une main dans mes cheveux pour me donner un semblant de contenance. Je me sens anormalement mal à l’aise sans elle à mes côtés. Je sais pas si c’est parce que je suis habitué a toujours l’avoir sur mes talons, ou si cette boule dans mon bas ventre ne traduit qu’un mauvais pressentiment, mais il faut que je la trouve, tout de suite. Mon intuition me conduit à l’étage. D’un coté, j’aimerai qu’elle se trouve derrière cette porte que je m’apprête à pousser, ça me tue de ne pas savoir où elle se trouve. D’un autre côté, si elle se trouve effectivement dans cette chambre, je sais pertinemment ce que cela signifie. Un rire s’envole par dessus la musique techno provenant du salon. Je le reconnaitrai entre mille. Ma soie. Ni une, ni deux, je pousse la porte et entre en trombe pour interrompre un spectacle auquel je n’aurais jamais voulu assister, même si on m’avait payé. « PUTAIN AZUR C’EST QUOI CE BORDEL ! » Mon regard s’attarde une seconde de trop sur l’ensemble de dentelles qu’elle arbore avec une sensualité que je ne lui soupçonnais pas. Je le reporte bien vite sur le type allongé au dessus d’elle. Je le prendrai bien par le colle pour lui dire ses quatre vérités, mais je doit me rendre à l’évidence en constatant qu’il ne porte plus qu’un boxer bien trop étroit au vu de son degré d’excitation… Au pied du lit je vois la robe qu’Azur portait plus tôt dans la soirée. Je l’attrape et la lance dans sa direction. « Je t’attends dehors. » Mon ton ne laisse pas la place à une quelconque négociation. Je tourne les talons en claquant la porte derrière moi.
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On se demande comment ça arrivera, la première fois. Dans les films, c’est toujours au bal de promo avec des pétales de roses avec l’homme de notre vie. Dans la réalité il y a deux catégories de filles : celles qui attendent d’être amoureuses et celles qui souhaitent s’en débarrasser. J’avoue que je fais partie de cette deuxième catégorie et plus les jours passent, plus je vois de manque d’expérience comme un fardeau qu’il n’est peut-être pas en réalité. Juste, à entendre toutes mes amies parler de sexe, se donner des conseils, à voir les hommes tourner autour d’elles, je me sens en retard et j’ai décidé de prendre les choses en mains. Il y a ce gars dans ma classe, Chris, je sais que je lui plais et il me plait aussi. À vrai dire, ça fait déjà plusieurs semaines que l’on se tourne autour, mais il ne s’est rien passé encore entre nous. Je me dis que je vais y aller avec le feeling au cours de la soirée, mais j’ai pas pu m’empêcher de sortir le grand jeu avant même de sortir de chez moi. Est-ce qu’on doit tout enlever ? Et les sous-vêtements assortis, c’est tout de suite bien vu, si ? Enfin, je n’ai pas pris de chance : j’ai tout fait ce qu’il faut faire. Je crois.
Je perds mon accompagnateur dans la foule dès que nous arrivons à la fête et c’est tant mieux. Je n’ai pas envie qu’il me voit m’éclipser plus tard dans la soirée, dieu sait de ce quoi il serait capable. Une bière à la main, je discute avec Chris, on décide d’aller à l’étage pour être plus tranquille. Assis sur le lit, on parle, je ne sais plus de quoi, j’avoue qu’avec l’alcool et le stress je ne me souviens plus trop, mais dès qu’il pose ses lèvres sur les miennes, je me détends. Il s’allonge sur moi et j’ai l’impression que le reste va vite. Quelques secondes plus tard, ma robe se retrouve au pied du lit, de même que son t-shirt et son jean. Je sens que le reste aurait suivi rapidement si Orion n’était pas entré en trombe dans la chambre. Il a beau faire noir, je vois toute la rage dans son regard. Je panique, tellement que je ne réagis pas tout de suite, juste quand la porte se ferme après qu’il m’ait engueulé. Bordel. « Je… Je suis désolée. » Je lâche à toute vitesse en enfilant ma robe et quittant la pièce. Je vois rouge. Il est au bout du corridor, je passe près de lui faisant exprès de le bousculer au passage pour me diriger vers la sortie sans un mot. Je sens que je vais exploser si je reste une seule seconde ici. Je n’ai pas besoin de me retourner, je sais qu’il me suit quand je tente de claquer la porte en sortant, mais qu’elle ne fait aucun bruit. Bordel.
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Mon coeur bat à tout rompre alors que le chambranle de la porte tremble encore des suites de ma sortie dramatique. Je sers les poings et me mord l’intérieur des joues pour m’empêcher de hurler les mots qui me passent par la tête à ce moment précis. Inutile de préciser la teneur de ses derniers. Elle tarde pas à sortir. Tant mieux. Il manquerait plus qu’elle reste dans cette pièce avec lui. J’en ai froid dans le dos alors que les images repassent dans ma tête. Le court métrage s’arrête net lorsqu’elle me bouscule sans un regard, déballant l’escalier à toute allure. La rage grandit en moi alors que je la poursuis en courant derrière elle. Elle tente de me claquer la porte au nez, en vain, je rattrape in extremis la poignée et m’élance à sa poursuite. Elle va vite mais je la rattrape sans difficulté. Le long de sa colonne vertébrale je peux voir la fermeture éclair de sa robe, laquelle n’est pas remontée jusqu’au bout. Ca fait battre encore plus vite le sang dans mes artères. Ca me rappelle aussi ce qui se trouve sous cette robe… Je chasse vite ce genre de pensée trop obnubilé par la colère qui m’anime. Je me poste devant elle, continuant de marcher à reculons, ce serait trop lui demander de s’arrêter. « Alors quoi ?! On va pas en parler ? » Je ne saurais dire qui de nous deux est le plus furieux. Elle évite mon regard et ça me rend fou. Ses bras fouettent l’air alors qu’elle accélère le rythme. Ses bras nus, sur lequel ce mec distillait une pluie de baiser alors que je les ai interrompu. Je comprends pas. Je comprends pourquoi ? Comment ? Je veux dire. Pas elle ! Pas Azur. Ca lui ressemble pas, merde ! C’est pas comme si elle n’avait que cette option. C’était pas le mec qui posait problème, en soit. Quoique si je le croise au lycée je lui fais bouffer mes phalanges. Ce qui me hante, c’est la raison de vouloir faire cela, de celle façon. Ca devait pas se passer comme ça. Pas pour elle ! Je refuse en bloc cette idée qui pourtant, sans mon intervention, allait se produire sans même que je m’en doute. Ca me glace le sang. « Azur, je t’en prie, parle ! » Je hausse le ton, mais ça n’a pas l’air de l’impressionner pour un sous. Je reprends de plus belle, pas décidé à lâcher l’affaire. « Alors quoi, je t’ai interrompu toi ton prince charmant pour la plus belle nuit de ta vie, dis moi ? » On arrive dans le parc adjacent à nos maisons. Il grouille habituellement de mouflets, mais à cette heure avancée de la nuit, il est désert. J’en profite pour abuser des décibels, cadeau de la maison : « Azur, c’était quoi ca, putain ! Tu vas me répondre ?»
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On pourrait croire que j’ai de la fumée qui sort des oreilles. Il me fait chier, tellement chier. En ce moment précis, je le déteste, de chaque parcelle de mon être, je voudrais qu’il disparaisse. Non, je voudrais disparaître, parce qu’en plus d’être en colère comme jamais, je n’ai jamais eu aussi honte de toute ma vie. C’est quoi, il y a quelqu’un là-haut qui s’amuse à contrecarrer mes plans ? Je voulais juste devenir une femme, un coup sans importance, me débarrasser de ce titre qui me garde dans cette vie et ce corps d’enfant. Une nuit dans une vie, ça ne change pas grand-chose à ce que je sache. Je boue, carrément. Je presse le pas dans l’espoir inutile de le semer. J’ai beau avoir une bonne vitesse, je suis quand même plus agile sur la glace que sur la terre, et mes jambes sont si petites qu’il pourra toujours me rattraper. Il se pose devant moi, je continue de regarder plus loin, comme s’il n’était pas là. « Alors quoi ?! On va pas en parler ? » Non, exactement. Je me terre dans mon silence, mordant mes lèvres pour me retenir de parler. Ça le rend fou, je le sais, mais moi aussi je suis folle de rage. Il n’avait pas son mot à dire, il a gâché ma soirée en plus de me faire si honte… « Azur, je t’en prie, parle ! » Pour toute réponse, je lui jette un regard que je veux noir et accélère le rythme encore, mais rien à faire, il ne démord pas. Nous arrivons au parc près de chez nous et je sens que maintenant que nous sommes hors du quartier résidentiel, les décibels vont monter. Comme de fait, il s’arrête et me lance une putain de bombe à la gueule : « Alors quoi, je t’ai interrompu toi ton prince charmant pour la plus belle nuit de ta vie, dis moi ? » Je m’arrête nette. Il a pas osé ? Sans un mot je me retourne vers lui, je pense que je n’ai jamais été aussi en colère de toute ma putain de vie. « Azur, c’était quoi ça, putain ! Tu vas me répondre ?» « Non, mais tu penses que c’était quoi ?! » j’hurle presque, mon ton dégoulinant de sarcasme alors que j’agite les bras d’un geste dramatique. « C’est quoi ton problème à la fin, merde !! » Je me rapproche de lui, ne résistant pas à l’envie de le pousser sur le torse pour le faire reculer. « J’ai jamais eu aussi honte de toute ma vie ! » Je passe mes mains dans mes cheveux que je tire un peu au passage, respirant bruyamment. « Tu t’es pris pour mon père ou quoi ? » Je me stop à nouveau, peu encline à continuer le chemin vers chez moi.
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On se retrouve seuls, rien que tous les deux, dans le parc de notre enfance. Je la revois à peine plus haute que trois pommes, ma soie, a me suivre comme mon ombre. Rien n’avait trop changé depuis cette époque. Peut-être est-ce moi désormais qui me terre dans son obscurité ? Je la regarde alors qu’elle s’époumone contre moi. « Non, mais tu penses que c’était quoi ?! » Je la regarde et ça me fait l’effet d’une claque. Elle est plus haute comme trois pommes. Alors oui je la dépasse toujours d’une tête, je la ramène toujours sur mon dos lorsqu’on rentre de soirée et qu’elle a mal aux pieds, on finit toujours par se faire un chocolat chaud plein de chantilly passé deux heures du matin. Mais la fille qui se trouve devant moi, ce n’en est plus une. C’est une femme. Et me rendre à l’évidence m’arrache presque un hoquet de peur. « C’est quoi ton problème à la fin, merde !! » Mon problème ? Ne voit-elle dont pas ce que j’ai empêché de se produire. L’ire à nouveau s’empare de mes sens en songeant que j’aurais pu arriver trop tard. Que j’aurais pu ne pas arriver. Ca me rend fou, ça me rend malade. « J’ai jamais eu aussi honte de toute ma vie ! » Si la honte est ce qui l’anime, présentement je ne peux passer outre la colère qui ne me lâche pas et augmente à mesure qu’elle me hurle dessus. « Tu t’es pris pour mon père ou quoi ? » Je sers les dents pour m’empêcher de lui répondre un truc que je pourrais regretter… « Mais putain ça va pas dans ta tête ? » Je me cantonne à ça pour le moment, essayant de contrôler le flots de mots qui se bousculent dans ma tête. Je shoote une branche morte au passage, parce qu’elle était au mauvais endroit, au mauvais moment, et que si je balance mon poing dans le tronc a coté de moi, je peux dire adieux a ma main pour quelques semaines. Elle vole à quelques mètres de nous pour s’écraser au sol dans un fracas sonore. Je me retourne fasse à elle, affrontant ses prunelles furieuses. « On t’as pas appris à attendre le « bon » Azur ? » C’est vrai quoi, les nanas s’offraient pas au premier venu! « Et je suis pas ton père, je suis ton meilleur ami, et j’ai jamais entendu parler de ce type ! » Le revoir étendu sur ma moitié d’âme ça me fait péter un cabe, purement et simplement. « Alors quoi, ça y est tu t’es trouvé un mec donc on se dit plus tout, je passe au second plan ? » J’énonce ma plus grande peur à voix haute, je mets le doigt où ça fait mal, pour moi. Elle est toujours passée en premier. Pouvoir constater que la réciproque n’est pas vrai, c’était comme voir tout ce en quoi je croyais s’écrouler.
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J’suis mal, tellement mal. J’ai envie de partir en courant jusque chez moi et de le laisser en plan, mais je sais aussi que je regretterais ce geste par la suite. Alors je reste, prête à crever l’abcès, qu’on s’hurle dessus maintenant, mais que demain tout soit oublié. J’ai beau être en colère, je reste réaliste, je sais que ne je pourrais pas me passer d’Orion si nous devions rester en froid suite à cette dispute. « Mais putain ça va pas dans ta tête ?» J’ouvre la bouche pour lui hurler dessus, mais quand je le vois envoyer cette branche valser à plusieurs mètres, je préfère prendre une grande inspiration. Il serait peut-être temps de modérer mon ton, si ce n’est de mes propos. « On t’a pas appris à attendre le « bon » Azur ? » Oh, il a pas dit ça ? Je ne peux m’empêcher de lâcher un rire et de me détourner de lui un instant. Orion, me parler du bon, c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! Évidemment que je sais qui est le bon, je l’ai toujours su, mais il y a longtemps que j’ai compris que le bon c’était surtout un mensonge pour m’empêcher de faire des conneries. « Et je suis pas ton père, je suis ton meilleur ami, et j’ai jamais entendu parler de ce type!» Qu’est-ce que je disais ? Le bon, c’est pas censé être ton meilleur ami. Ça doit être plus que ça, faut juste que je lève mon nez de mes contes de fées et que j’entre dans le vrai monde à la fin ! « Justement, tu viens d’le dire ! T’es mon meilleur ami, t’es pas mon mec.» Mes mots coupent comme un couteau, je ne sais pas si ça va le blesser, mais je m’en fous, je n’ai plus de filtre. « Alors quoi, ça y est tu t’es trouvé un mec donc on se dit plus tout, je passe au second plan ? » C’est ça qui lui fait peur ? Je perds un peu mon air d’enragée pour m’approcher doucement de lui. « Arrête, tu ne passeras jamais au second plan… mais pour certains trucs, je peux pas tout te dire. » Je prends une pause, cherchant mes mots. « Toi, tu me racontes toutes les filles avec qui tu couches peut-être ? » Mes propos ne sont plus venimeux, mais je sais très bien qu’il ne me raconte pas ses exploits. Je les apprends par ses nouvelles conquêtes qui ne se gênent pas pour en parler en public, ce qui me fait sentir minable à chaque fois.
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Ca me rend dingue. Je sais bien qu’elle a une vie sociale en dehors de ce « nous » qui m’est si précieux, je peux pas l’en blâmer. Mais la voir avec ce type que je connais ni d’Ève, ni d’Adam, et constater qu’elle en a rien à foutre de ce que ça eut me faire, bordel, ça me fout hors de moi. Parce que bien sur elle a son cercle privé du patinage, mais j’appartient tout de même à ce dernier, l’accompagnant à toutes ses compétitions, révisant même mes cours, cachés dans les gradins alors qu’elle s’entraine. Ce gars sortait de nulle part, elle m’en avait jamais parlé. Ils s’étaient déjà vu ? Dans mon dos, certainement. C’était pas son genre de s’offrir au premier venu. Il lui avait au moins payé le resta ce connard ? Je sers les poings rien qu’à imaginer ses mains caressant sa peau opaline… « Justement, tu viens d’le dire ! T’es mon meilleur ami, t’es pas mon mec. » Bim, dans tes dents Orion. Bien sur que non je suis pas ton mec. Et puis quoi encore ? Je te respecte trop pour ça Azur. Je roule des yeux face à cette affirmation qui ne fait avancer en rien le débat. Affirmation qui ne calme en rien la l’ire et la terreur qui grondent dans mon ventre. « Arrête, tu ne passeras jamais au second plan… mais pour certains trucs, je peux pas tout te dire. » Putain. Mais je lui demandais pas de me décrire la durée de son coït ! Etait-ce trop lui demander de me parler du mec qui allait la déflorer ? Un frisson me parcoure l’échine lorsque ce terme s’insinue dans ma tête. « Ah! Donc j’attendrais patiemment le faire part de mariage pour m’annoncer que tu es en couple! Parfait ! Faisons comme ça ! » Heureusement qu’une branche se trouve pas à nouveau sur mon chemin, parce que je ressent cette envie irrépressible de casser quelque chose. Et ma seule idée c’est la gueule du mec qui justifie cette embrouille avec elle. « Toi, tu me racontes toutes les filles avec qui tu couches peut-être ? » J’en ai marre de ses arguments de merde ! Ca n’a rien a voir. « Ah, donc tu compares ton étalon a une des catins que je saute entre deux de tes entrainements pour passer le temps ? » J’insiste bien sur le mot catins. Je crache presque mes mots à sa figure. « Ou bien tu te compares à moi ? Tu veux faire comme moi Azur ? Comme tu le dis si bien, je te raconte rien de tout ça ! Parce que ça a pas d’importance. » Je reprends ma respiration, mais je la laisse pas m’interrompre. « C’est ça que tu veux Azur ? Perdre ta virginité et faire comme si ça n’avait pas d’importance ? »
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Ça me fâche, carrément. Il pense savoir ce qui est le mieux pour moi, c’est à croire qu’il me met sur un piédestal et qu’il refuse de voir que je ne suis pas sa protégée, mais bien son égal. S’il peut s’envoyer avec toutes les filles de Brisbane, pourquoi je ne pourrais pas faire pareil avec les hommes ? Ça ne regarde que moi, pas mon meilleur ami qui se tape déjà mes collègues de patinage. Il pensait peut-être que je ne m’en rendrais pas compte, mais si oui, quel idiot ! Elles font quoi ces pimbêches vous pensez ? C’est moi qu’elles viennent voir pour avoir des conseils sur comment faire pour qu’il revienne, comment lui plaire. Et les soirs, lorsque nous sommes en compétition, je les entends partager leurs ébats et ça me rend malade, tellement malade... « Ah! Donc j’attendrai patiemment le faire part de mariage pour m’annoncer que tu es en couple ! Parfait ! Faisons comme ça ! » Son commentaire me sort de ma contemplation. En couple ? Bordel, non, pas tout de suite. « Mais je sors pas avec lui ! » je lâche, ne sachant pas à quel point je ne joue pas en ma faveur présentement. « Ah, donc tu compares ton étalon a une des catins que je saute entre deux de tes entrainements pour passer le temps ? » Ouch. Ça fait mal, comme un coup en plein cœur. Il me connait trop et il sait exactement où viser pour me blesser. Je reste silencieuse, digérant ses attaques qui n'en finissent plus de pleuvoir. « Ou bien tu te compares à moi ? Tu veux faire comme moi Azur ? Comme tu le dis si bien, je te raconte rien de tout ça ! Parce que ça a pas d’importance. » Je relève les yeux, retenant les larmes qu'il serait trop facile de laisser sortir. Je serre les dents, prête à répliquer, mais il ne m'en laisse pas la chance. « C’est ça que tu veux Azur ? Perdre ta virginité et faire comme si ça n’avait pas d’importance ? » Cette fois, je prends la parole, consciente que je sonne un brin hystérique, mais il m'a cherché. « C'est exactement ça ! Parce que pour moi ça n'a pas d'importance, je veux juste que ce soit fait ! » Je recule d'un pas avant de continuer. « Et tu sais, toi tu ne me racontes peut-être pas, mais elles, oh, je suis leur confidente fa-vo-rite en ce qui te concerne. Tu penses qu'elles pleurent en silence après que tu les largues ? Non, évidemment ! Elles me racontent toutes leurs petits soucis et j'ai droit à tous les détails. » Ça dégouline de dégoût, mais je ne peux pas arrêter. « Mais si tu te crois si fin, vas-y, je t'écoute, je devrais attendre un prince qui viendra me voir avec un bouquet de fleurs ? » Je croise les bras suite à ma remarque, en attente de sa réaction.
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Mon langage n’est pas des moins fleuris, j’en ai conscience, mais ça sort comme ça me vient. Je suis trop énerver pour contrôler les mots qui sortent de ma bouche. Trop énervé pour daigner filtrer mes pensées afin de ne pas heurter sa sensibilité. Et puis j’en ai rien a foutre, parce qu’elle m’a prouvé qu’elle ne voulait pas que j’ai de considération pour cette prétendue sensibilité. Elle envoie valser tout ce en quoi je crois pour elle, l’espoir, l’amour, la vertue, le respect. Alors pourquoi la traiter autrement qu’elle ne se traite ? Je me contrôle tout de même pour ne pas regretter mes paroles. Malgré tout ce que je peux penser, je tiens trop à cette fille pour réellement la blesser. Tout ce que je souhaite, c’est lui ouvrir les yeux. L’empêcher de commettre cette erreur. Car oui putain, c’est une erreur ! Je comprends même pas qu’elle ne s’en rende absolument pas compte. « Mais je sors pas avec lui ! » De mieux en mieux ! A quoi elle joue ? Si nous sommes si fusionnels, c’est que nous ne sommes pas pareils. On se complète, on ne se ressemble pas. Pourquoi diable m’imiter quand ce que je fais n’a vocation qu’à satisfaire mes besoins physiologiques ! Si les siens doivent être assouvis, qu’à cela ne tienne, mais avec un peu de décence bordel de merde ! « C'est exactement ça ! Parce que pour moi ça n'a pas d'importance, je veux juste que ce soit fait ! » « T’es qu’une idiote Azur, tu sais pas de quoi tu parles ! » J’ai pas meilleur argument quand je reçois cette bombe en pleine face. Comment vouloir se débarrasser d’une telle fierté ? Parce que pour moi sa virginité n’avait aucune connotations négatives, bien au contraire ! Elle était pure, elle, pas comme toutes ces bitch qui passaient leur temps me tourner autour… « Et tu sais, toi tu ne me racontes peut-être pas, mais elles, oh, je suis leur confidente fa-vo-rite en ce qui te concerne. Tu penses qu'elles pleurent en silence après que tu les largues ? Non, évidemment ! Elles me racontent toutes leurs petits soucis et j'ai droit à tous les détails. » Je peine a avaler ma salive… Je suis pas dupe. Les filles parlent entre elles, bien sur. Je me doutais qu’elle savait que je fricotais avec quelques filles de son club, mais pas qu’elle avait eu vent de ce que je leur faisais, dans le détail… J’en ai pas honte. Non. Mais je me sens con. Ca me coupe la chique. Je passe la main derrière ma nuque, dans l’espoir de trouver quelque chose qui puisse la convaincre de pas brader sa vertu avec le premier venu… « Mais si tu te crois si fin, vas-y, je t'écoute, je devrais attendre un prince qui viendra me voir avec un bouquet de roses ? » « Putain, mais c’est ça que tu veux Azur ? Des putains de fleurs ? » Je fais volte face et cours vers un parterre de pivoine. J’en arrache seize, délicatement, même si je suis toujours furieux. Je reviens vers elle en essayant de maitriser ma respiration. « J’ferais mieux demain. Mais à c’t’heure-ci y'a plus vraiment de fleuriste ouverts… »
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« T’es qu’une idiote Azur, tu sais pas de quoi tu parles ! » Ça me scie les jambes. Il se prend pour qui pour savoir ce qui est mieux pour moi ou pas ? Oui, je vois le bien fondé de ses intentions, mais quand je le vois, je ne peux m'empêcher de penser que c'est une contradiction vivante. Comme si lui n'avait jamais pris la virginité de personne... En fait si, je savais que si, des filles du patin, et pas qu'une. Qu'il vienne me faire la morale quand il sera conséquent dans ses paroles et ses actes. Ou s'il sait ce qui est parfait pour moi qu'il me le dise, je n'attends que ça ! « Putain, mais c’est ça que tu veux Azur ? Des putains de fleurs ? » Non. Oh. Mon. Dieu. Je le vois qui en arrache pour moi, ça coupe ma rage brusquement. Je ne sais pas si j'ose, mais j'ai cette idée qui grandit de plus en plus, je ne pense pas que je serai capable de l'empêcher de franchir le cap de mes lèvres. À vrai dire, j'y pense depuis bien trop longtemps, mais le voir là, les pivoines à la main, impossible de me retenir. « J’ferais mieux demain. Mais à c’t’heure-ci y'a plus vraiment de fleuriste ouverts… » « Fait-le toi. » C'est dit un peu brusquement, directement après ses derniers propos. Un ange passe, mais les pièces du puzzle se mettent en place et je trouve de plus en plus que c'est la seule solution qui fait du sens et que c'est la seule chose que j'ai réellement voulu depuis aussi longtemps que je pense à ma première fois. « Je veux dire... Tu me connais mieux que personne. Je sais que je peux te faire confiance. Je... Ça ne changera rien pour toi, tu l'oublieras sans doute peu de temps après, mais ça me rendrait service. » Je soutiens son regard alors que je propose de prendre ma fleur. Je n'aurais jamais proposé une telle chose si ce n'était que cet amalgame de pivoines dans mes mains, qui est peut-être venu avec me mauvais message de sa part. Je m'en fous, je prends ma chance. « S'il te plait... » Je cherche son regard, peu consciente des possibilités qui peuvent s'y cacher. De la haine ? De l'incompréhension ? Va-t-il rire et me repousser ? J'espère que non.
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Mon ton a brusquement changé. Passant d’une certaine forme de mépris à une douceur fragile que je ne laisse paraître qu’en sa compagnie. Je suis posté droit devant elle, pivoines en main, les yeux plein d’ardeur, et les mots qui j’espère réchaufferont son coeur. Je veux pas qu’elle fasse ça. Chacune des fibre de mon corps s’y oppose fermement. Mon bras tendu se couvre de picot alors qu’un nouveau frisson me parcoure en songeant à ma soie sous le corps d’un étranger. Elle va surement m’envoyer chier. Je sais que sur la forme, je le mérite. Mais bordel, sur le fond, elle doit me faire confiance ! Sauf que sa réponse je l’intercepte sans vraiment la comprendre : « Fait-le toi. » Je suis pas sure d’avoir bien compris. Mais la lueur dans ses yeux ne m’aide pas à saisir la portée de ses propos. Je bouge pas. Je ressers mon emprise sur les tiges de mes pivoines, priant pour qu’elle les accepte, mais surtout qu’elle consente à rentrer avec moi. « Je veux dire... Tu me connais mieux que personne. Je sais que je peux te faire confiance. Je... Ça ne changera rien pour toi, tu l'oublieras sans doute peu de temps après, mais ça me rendrait service. » OH. MON. DIEU. Elle vient de dire quoi là ? Je baisse instantanément mon bras qui, pareil à du coton, peine à garder les fleurs dans ma main. J’ai la gorge sèche. J’essaie de déceler la blague, le rire qui permettra à cette conversation de redevenir normale. Sauf que rien ne vient. Si ce n’est ce malaise qui s’installe entre nous. « S'il te plait... » Cette supplique à tôt de m’achever, tel un parpaing dans mon ventre. La fragilité de son intonation ne laisse plus planer aucun doute quant au caractère pour le moins sérieux de cette demande. Je sais même pas si je dois m’énerver contre elle, perte flatté, ou juste triste qu’elle veuille se débarrasser de ça comme d’une vulgaire chaussette, même avec moi… « Bordel mais t’es pas sérieuse Azur ! » Elle l’est. « C’est pas ça que j’essaie de te faire comprendre merde ! » Son regard baigné d’espoir ne me rend pas la tâche facile. Mais l’idée en elle même me met hors de moi. Comment envisager un truc pareil ? Elle est folle ! « Bordel, mais non Azur c’est HORS. DE. QUESTION. » Je secoue le bouquet de pivoines au dessus de ma tête pour mimer le caractère hallucinant de sa proposition. Quelques pétales s’envolent autour de nous. « C’est NON! »
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Je ne sais pas pourquoi je ne m'attendais pas à un rejet aussi cru quand j'ai pris la peine de courir droit dans un précipice. À quoi je pensais aussi ? Lui, vouloir de moi, il me connait depuis si longtemps, s'il avait déjà eu un quelconque intérêt envers moi je pense qu'il l'aurait laissé paraitre, mais rien. « Bordel mais t’es pas sérieuse Azur ! » Si, justement. « C’est pas ça que j’essaie de te faire comprendre merde ! » Je souffle à le voir qui devient de plus en énervé. Pourquoi ? Je ne lui ai pas demandé de m'épouser à ce que je sache, je sais qu'il sort son engin à tout va pour se le laisser astiquer par n'importe qui. Ça ne serait pas un big deal, du moins, je pense. « Bordel, mais non Azur c’est HORS. DE. QUESTION. » Ses mots agissent comme des coups de poignards. Je sens les larmes qui arrivent, mais je me retiens. Je ne peux pas pleurer devant lui, même après une telle humiliation. Bordel, c'est la soirée où il s'amuse à m'humilier sans arrêt. « C’est NON! » Il parle tellement brusquement, comme si j'étais une chienne. Je vois rouge, tout l'espoir que j'ai pendant quelques secondes est envolé et mon humeur a changé du tout au tout. « Mais pourquoi ? Parce que t'as jamais pris la virginité de personne peut-être ? » J'hurle, je ne me contrôle pas du tout. « Parce qu’il y a Anna, Rose, pour celles qui me l’ont dis ! » Je suis bien au courant de sa vie sexuelle. « C'est quoi, je suis pas assez bien pour toi ? » Je ne peux m'empêcher d'hoqueter en lui disant ça, parce que ça me frappe. Je ne vois que ça, que je ne suis pas assez bien pour lui. Je ravale ma fierté et reprend avant de lui laisser le temps de confirmer cette pensée qui me fait si mal, trop mal. « Mais soit ! Sache un truc cependant, si ce n'est pas toi, ce sera forcément un autre. Et je peux te jurer sur ma vie, que ça arrive dans une semaine ou dans un an, tu n'en sauras strictement rien. » Je m'approche de lui et lui siffle ces derniers mots avec toute la haine que je possède. Puis, je me recule, mettant le plus possible de distance entre nous. Qu'il rentre chez lui, j'ai maintenant une autre destination en tête. Oui, je retourne à la soirée, parce que j'ai besoin de savoir que je plais à quelqu'un, je me sens trop minable. « Et en passant ! » Je me retourne une fois à quelques mètres de lui. Je ne peux m'empêcher de mettre l'huile sur le feu avec une remarque puérile. « Melissa, elle te l'a pas dit, mais dans le cul, elle adore ça ! » Je suis immature, mais bon, je suis encore une enfant selon lui, alors qu'il accepte mes remarques ridicules.
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Je suis encore sous le choc de cette proposition trop indécente pour que j’ose même l’envisager. Je sens que mon pouls s’affole sur mes tempes, je sens que la situation est en train de m’échapper, de dégénérer, j’arrive plus du tout a contrôler. « Mais pourquoi ? Parce que t'as jamais pris la virginité de personne peut-être ? » Comme s’il ne s’agissait que de ça. Elle a que ça à la bouche où quoi ? Elles sont passées où les nanas qui rêvent de leur première fois à la lueur de la bougie après avoir suivi un chemin de pétales de rose menant à la chambre avec le lit à baldaquin ? « Parce qu’il y a Anna, Rose, pour celles qui me l’ont dis ! » Si elle croit me convaincre en relisant ce carnet de bord mental de mes épopées sexuelles, elle se fourre le doigt dans l’oeil, et jusqu’au coude. Ca ne fait qu’attiser davantage ma colère. Cette conversation dépassait clairement les limites que nous avions toujours religieusement veillé à ne pas franchir. On parlait pas de sexe, on abordait jamais le sujet, on faisait pas de blagues à la con, on sous entendait rien. ET C’ÉTAIT TRÈS BIEN AINSI! « C'est quoi, je suis pas assez bien pour toi ? » Et encore une claque invisible dans ma gueule. J’pourrais presque la sentir sur ma joue tellement cette spéculation était aussi violente qu’infondée. Si elle était pas assez bien pour moi ?! Bordel, l’inverse se vérifiait bien plus aisément. Comme elle vient de le souligner avec une finesse à tout épreuve, moi, je suis qu’un connard qui passe mon temps à baiser toutes les nanas qui acceptent bien d’écarter les cuisses sur mon passage. Elle pouvait se vanter d’avoir encore ce truc précieux à offrir à quelqu’un. A quelqu’un qu’elle aime ! « Je t’interdis de dire ça… » Je lui donne tort, sans pour autant m’étendre sur mes raisons, qui auraient tôt fait de la convaincre d’insister… « Mais soit ! Sache un truc cependant, si ce n'est pas toi, ce sera forcément un autre. Et je peux te jurer sur ma vie, que ça arrive dans une semaine ou dans un an, tu n'en sauras strictement rien. » Mon sang ne fait qu’un tour. Mon coeur rate un battement. J’en lâche les fleurs que je retiens bien trop fermement en accusant ses assertions. Elle tourne les talons. Vraiment. « Et en passant ! » Je la vois qui me regarde derrière son épaule. « Melissa, elle te l'a pas dit, mais dans le cul, elle adore ça ! » Mes joues s’enflamment instantanément. Elle s’éloigne et il me faut quelques seconde pour percuter, elle retourne avec master caleçon étriqué, et ça c’est inconcevable. Je m’élance à sa poursuite. « Putain mais tu comprends vraiment rien ! » Je m’époumone en essayant de combler la distance qui nous sépare. « Tu comprends pas que t’as rien a leur envier a ces salopes… » Les mots restent coincés dans ma gorge, parce que je me rends compte que si j’arrive pas à la retenir, elle appartiendra à cette catégorie dès demain… J’atteins enfin son bras et l’attrape pour la forcer à s’arreter. « AZUR ! Je t’en supplie. N'y va pas. » Mes yeux brille avec une telle intensité qu’elle peut certainement y lire tout le désespoir qui m’anime à cet instant. A mon tour de supplier : « S’il te plait. »
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Ça ne sera pas long, je les sens monter, ces larmes qui me brûlent de l'intérieur. Je sais qu'elles seront nombreuses à sortir pour tenter d'essuyer ce rejet qui me brise le cœur. J'ai toujours cru, naïvement, qu'il y avait un futur possible pour Orion et moi. Qu'un jour, quand on serait prêt, il y aurait cette petite étincelle, ce truc qui ferait passer notre amitié pour ce qu'elle est réellement prédestinée à être, mais non. S'il ne veut pas de moi pour une seule nuit, je n'ose imaginer la réaction que lui provoquerait l'idée qu'il doive passer toutes ses nuits restantes avec moi. Et c'est ça qui me fait mal. C'est ma fierté et mes rêves de gamines qui s'effondrent comme un château de cartes, ce n'est pas réellement parce que ma pudeur en prend un coup. « Putain mais tu comprends vraiment rien ! » Je devais bien me douter qu'il allait me rattraper, mais dans mon cas tout a été dit. Si l'idée pour lui de prendre ma virginité le rebute tant que ça, tant mieux pour lui ! Quelqu'un d'autre s'en chargera, ça sera pas plus mal. « Tu comprends pas que t’as rien à leur envier à ces salopes… » Je ne sais pas réellement si j'ai bien entendu, mais je ne ralentis pas pour autant. Je veux partir, je veux n'avoir jamais énoncé à voix haute cette pensée obscène qui a suffi à le mettre hors de lui, me reléguant au rang de... de... De fille qui ne sera jamais assez bien pour lui. Ses paroles passent comme un vent, je les entends, mais n'en croit pas un mot. Pas après une telle réaction. Puis, je sens sa main sur mon bras et je m'arrête tout de suite. Ce n'est pas un contact violent comme j'aurais pu y croire. La chaleur de sa peau contraste avec la froideur de la mienne, ça me réchauffe d'un coup, doucement. J'ai presque envie d'aller me blottir contre lui, mais je me retiens. Je ne compte pas tenter quelconque rapprochement envers lui pour les mille années à venir. Lentement, je relève mon regard vers le sien, peu certaine de ce que je vais y trouver. «AZUR ! Je t’en supplie. N’y va pas. » Je déglutis. Je ne sais pas quoi dire, parce que pour moi, ce soir ou un autre soir, c'est du pareil au même. Ça va arriver un jour ou l'autre, alors à quoi bon ? « S’il te plait. » Malgré la noirceur de la nuit, je vois toute la bienveillance dont il me couvre. Ça ne panse pas mon cœur qui vient d'être si durement malmené, mais ça me calme. Il me calme, par sa présence et ces mots rassurants. Je laisse volontairement planer un silence entre nous avant de reprendre la parole. « Donne-moi une seule raison de ne pas y retourner. » Je ne veux pas de conneries du genre "t'es trop bien pour ça", je veux une vraie raison, un argument. Ma voix se perd dans la brise chaude de la nuit et j'attends. La balle est dans son camps, s'il trouve les mots justes je m'en retournerai avec lui, sinon je me déferai de son emprise et partirai dans l'autre direction.
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Face à moi, avec cette brise nocturne qui fait danser ses mèches dorées, elle ressemble d’avantage à un ange, qu’à cette femme aux moeurs légères qu’elle dont elle jalouse les pratiques. Je veux la prendre dans mes bras, chasser ses incertitudes, ses peurs, ses démons. Lui dire qu’elle est certainement la femme qui mérite le plus d’être aimée dans ce monde que je ne connais pas encore assez. Qu’elle pourrait aisément prétendre au titre de la femme qui fait chavirer tous les esprits, qui marque toutes les mémoires, qui nous fait oublier toutes les autre. Et si elle n’a pas encore trouvé la perle rare, si elle n’a pas encore conscience de tout ce potentiel qu’elle renferme, c’est que le monde n’est peuplé que d’idiots. Et pourtant, moi je m’en rends compte alors que mes yeux s’attardent sur sa lèvres inférieure délicieusement ourlée. Et pourtant, je suis pas loin d’être le dernier des idiots… Le silence me donne ce répit salvateur que je savoure en attendant sa décision. Mes nerfs en pelotes sont suspendu à ses paroles. « Donne moi une seule raison de ne pas y retourner. » Ce n’est ni un oui, ni un non. Et je sens qu’il est temps de jouer mes meilleures cartes. Sombrera-t-elle, ou parviendrais-je à la convaincre in extremis. Nous nous trouvons à ce point de non retour, je n’ai plus le droit à l’erreur, et les mots que j’emploierais seront décisif. Pourtant… Pourtant la seule putain de réponse qui me viens à l’esprit c’est « Parce que je ne veux pas ». Et je sais que c’est insuffisant. Et je n’ai pas meilleure réponse, parce que c’est un cri du coeur que je formule là, et que rien ne paraîtra plus sincère. Mais je sens, alors que les secondes défilent bien trop vite, que cela ne sera pas suffisant. « Parce que… » J’hésite ? Je gagne du temps. Mais comment jouer ce contre la montre alors que l’arbitre me connait pas coeur, elle saura voir immédiatement clair de mon jeu… Alors que mes mots ne suffisent pas à exprimer ce que je ressens, je décide de tout miser sur les actes. Je me rapproche d’elle, la dissuadant de s’enfuir à nouveau. Jamais elle ne remettra les pieds à cette soirée. Je glisse mes doigts entre les siens, rapproche mon front du sien, les paupières closes, je fais barrage avec mon propre corps. Je ne veux pas qu’elle y aille, elle n’ira pas. « Tu peux pas faire ça avec un mec qui ne te vénères de tout son être.» J’ai le souffle court, à nouveau : « Pitié… » Je me la représente mentalement, alors que je demeure dans cette obscurité imposée. Et les mots me viennent alors tout naturellement. « Il doit se noyer dans l’azur de ton regard, il doit s’enivrer de ton odeur et la savourer comme si c’était le parfum le plus exquis qui existe, il ne doit négliger aucun centimètres de ta peau, il doit s’attarder sur les grains de beauté sur ton épaule gauche, il doit … » Je m’arrête, mon esprit s’est envolé loin, bien trop loin de nous. « Ce mec là-bas, il fera pas tout ça, ma soie. »