« I'm feelin' electric tonight Cruising down the coast goin' 'bout 99 Got my bad baby by my heavenly side I know that if I go, I'll die happy tonight » ▬ ambiance
Je ne suis pas une petite fille. C’est peut-être ma petite taille et mon ossature frêle qui induit les gens en erreur, mais il est temps pour les autres de se réveiller de réaliser que je ne suis plus la petite qui fait du patin avec deux nattes bien serrées. J’ai grandi, j’ai des envies, des désirs qui ne sont propre qu’à moi et que j’ai envie de partager ou de découvrir. J’entends les filles de mon groupe de patinage parler d’à quel point il est bon de se retrouver nue contre un homme, de laisser ses mains explorer et de s’abandonner, un instant, longtemps, pour le plaisir, tout simplement. J’ai envie de connaître ses sensations et je suis rendue au point où simplement me les imaginer ça ne me convient plus. Je suis prête à franchir le pas, je sais que je n’aurai pas de regrets, mais cette opinion ne semble pas être partagée par Orion qui n’a toujours pas finit de me faire la morale. Je suis lasse de lui. Je suis lasse de ce rejet qui a réduit à néant mes petits espoirs naïfs : la vie, elle ne te fait pas de cadeaux. Il ne me fait comprendre maintenant, alors au diable les idées de lits recouverts de pétales de roses, je veux un homme, un vrai, c’est tout. Je veux un homme qui ne sera pas lui, vu que l’idée de poser ses mains sur moi semble surtout le traumatiser plus que de lui donner envie. « Parce que… » J'attends. « Tu peux pas faire ça avec un mec qui ne te vénères de tout son être.» Nous y voilà avec ses conneries de fille qui mérite un prince. Seulement après cette nouvelle proximité qu'il instaure entre nous, je ne peux pas éteindre cet espoir qui renait en moi. Même si je viens de le maudire mille fois, j'aurais envie qu'il m'embrasse, même si rien de plus n'était pour se produire. J'ai les jambes molles et je ne me cache pas pour serrer plus fort ses doigts pour m'empêcher de tomber. « Il doit se noyer dans l’azur de ton regard, il doit s’enivrer de ton odeur et la savourer comme si c’était le parfum le plus exquis qui existe, il ne doit négliger aucun centimètres de ta peau, il doit s’attarder sur les grains de beauté sur ton épaule gauche, il doit … » Chacun de ses mots coulent comme du miel, à croire qu'il me connait plus que je ne me connais moi-même. Et en ce moment précis, j'ai terriblement envie de lui, qu'il me prouve avec des gestes qu'il est capable d'accéder au titre qu'il impose à ceux qui souhaitent s'approcher de moi. Parce que je lui désigne tous les honneurs et parce que je veux que ce soit lui. « Ce mec là-bas, il fera pas tout ça, ma soie. » Je souffle, consciente qu'il dit la vérité. Même si je me sens guimauve et que j'ai envie de baisser le regard et de rentrer sagement à la maison, je trouve la force surhumaine de me décoller de lui, coupant court à tous contacts que nous entretenions. « Je veux que ce soit toi. » Ma voix est claire dans cette nuit silencieuse. « J'ai envie que tu me fasses ce que tu donnes si facilement aux autres. » Je déglutis, toujours incertaine de l'issue de ma proposition, mais je me lance une dernière fois. « Pourquoi tu veux pas me baiser hen ? Pourtant, t'as personne d'autre ce soir, non ? » Et je rejoue vache après tous ces propos tendres. Il a raison sur un truc: je suis bel et bien une gamine.
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Elle me laisse poursuivre mon monologue gorgé d’une sensualité dont je ne me serais jamais cru capable. Elle semble boire mes paroles alors que ses phalanges se crispent sous l’effet de mes mots. Son souffle court chatouille mon cou, exalte mes sens. Je veux pas qu’elle lâche ma main, pourtant c’est ce qu’elle fait. Je me surprends à regretter la pression de ses doigts contre ma paume. « Je veux que ce soit toi. » Elle reste. J’ai gagné une bataille, mais pas la guerre. Et je sens déjà que sur le champ de bataille, elle ne flanchera pas. « J'ai envie que tu me fasses ce que tu donnes si facilement aux autres. » Serait-elle en train de me traiter de fille facile ? Mon Azur n’a pas conscience des mots qui s’échappent de ses douces lèvres. Douces ? Je n’en sais rien, mais l’envie irrépressible de la découvrir s’insinue en moi. Ce que j’ignore, c’est que cela ne partira jamais… « Pourquoi tu veux pas me baiser hen ? Pourtant, t'as personne d'autre ce soir, non ? » Je sers les dents à ce mot si cru. Je baisse la tête en constatant qu’on repars sur cette pente glissante qui nous a poussé quelques minutes auparavant à out hurler dessus comme deux hystériques qui n’ont rien en commun. « Azur… je peux pas te baiser. » Pourtant, tout en elle me faisait désormais envie. Je voulais lui enlever cette robe et laisser son ensemble de lingerie avoir raison de mon désir. Je voulais sentir sa peau contre la mienne, et pas dans une étreinte amicale, non, dans une accolade dénuée de tissu. Je voulais sentir son souffle court au creux de mon oreille. Je voulais lui donner ce plaisir qu’elle désirait tant. Je voulais… je voulais chasser toutes ses scènes qui se jouaient dans mon esprit parce que je pouvais pas, pas avec elle. Parce que j’en avais bien trop envie, et que je ne devais pas. Parce qu’elle était pas comme les autres, et que jamais au grand jamais je pourrais lui faire ce que je donnait à toutes celles qui étaient passées avant… « Je… j’en serais pas capable. » Maintenant, tout bascule. J’ai envie. J’en ai diablement envie. Et ça me fiche la frousse de la désirer aussi fort. Rien que l’imaginer sur mon lit et tout mon bas ventre se raidit… Et puis, maintenant que je sais qu’elle est au courant de tous mes déboires sexuels… Et si j’étais pas à la hauteur de tout ce qu’elles racontent? Et si je la décevais ? Et si au final, avec un autre ça aurait été mieux? J’ai le coeur au bord des lèvres, et ma soie sur le pont de m’abandonner à nouveau. « Ce que tu me demandes Azur… C’est pas possible… » Je veux dire, elle voyait bien comment je les traitais toutes ces pauvres filles. « J’ai l’impression de n’être sur que d’une chose… » Je passe ma main sur mon front, résigné. « Je veux pas que ça soit quelqu’un d’autre Azur. J’en crèverai. Je te jure j’en crèverai. » J’expire bruyamment. Je me retourne, pouvait plus supporte son regard, pourtant plus supporter cette éventualité de la voir le rejoindre. Et je me surprends à souffler : « C’est d’accord… »
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C’est en me rendant aussi vulnérable devant lui que je réalise à quel point Orion a du pouvoir sur moi. Il est tout pour moi, mon présent, mon passé et je veux qu’il soit mon futur. Je veux qu’il soit celui que je verrai tous les jours au réveil, je veux qu’il me fasse découvrir les plaisirs du sexe, je veux… tant de choses qu’il serait futile d’énoncer ici. Je ne veux pas me faire d’attentes, pas après une telle réaction de sa part, alors je le provoque. « Azur… je peux pas te baiser. » Qu’est-ce que je disais ? Je baisse les yeux, incapable de soutenir ce regard qui me fait pourtant encore si envie. Il réduit mes espoirs à néant et je me sens si coupable de l’avoir mis au pied du mur de la sorte. Suite à ma proposition, plus rien ne sera pareil entre nous et je serai la seule à blâmer pour avoir voulu faire dévier notre amitié trop loin. « Je… j’en serais pas capable. » Ma respiration s’accélère, il n’a pas besoin d’en rajouter, mais je sais que si je sors de mon mutisme je risque d’ouvrir le flot de mes larmes et ça serait le comble. Je me contente de déglutir et de passer mes mains sur mes bras dans l’espoir de retrouver un peu de chaleur. Ses bras me font envie, je voudrais m’y blottir jusqu’à la fin des temps, prête à prendre seulement ce qu’il acceptera de m’offrir. Parce que je n’ai pas menti, ni rien inventé : je sais qu’Orion, c’est lui. C’est le bon, c’est celui qui m’est destiné. J’en suis certaine, mais je ne serais pas du tout à l’aise d’affirmer la réciproque. Pas après ce soir, pas après ces propos qui m’enfoncent de plus en plus. « Ce que tu me demandes Azur… C’est pas possible… » J’ai envie de lui hurler que j’ai compris, qu’il peut cesser avec cette humiliation, mais rien ne passe le cap de mes lèvres. « J’ai l’impression de n’être sûr que d’une chose… » Alors que j’ouvre la bouche pour lui demander de cesser de parler, je suis prise au dépourvu par la suite. « Je veux pas que ça soit quelqu’un d’autre Azur. J’en crèverais. Je te jure, j’en crèverais. » Ça me glace. Je relève les yeux de ma contemplation du sol seulement pour voir qu’il s’est détourné de moi. Mon cœur s’affole, ma tête aussi, je ne sais pas si j’ai bien compris ce qu’il vient d’énoncer. « C’est d’accord… » Je perçois ses propos malgré la faiblesse de ces derniers. L’adrénaline décharge dans mon être, me ramenant brusquement à la réalité. Une partie de moi croit qu’il a réellement accepté, mais je sais bien que non. Je ne plus naïve, il m’a bien fait comprendre que ça ne serait pas du domaine du possible, de passer ce cap avec celui à qui j’ai toujours voulu l’offrir. Il veut seulement que je rentre avec lui et je suis lasse de notre dispute. Je suis lasse de ces propos qui me rappellent que je ne serai jamais celle qu’il désirera. Toujours muette, je me dirige vers lui où je me colle à son dos dans une étreinte simple, mais lourde de sens. J’en profite pour me réchauffer un peu et serrer plus fort ce corps que je ne posséderai jamais. Après de longues secondes, je me décolle de lui pour croiser son regard. Je souris, timidement, j’abandonne la partie, il gagne. « Vient, on rentre à la maison. » Sans lui laisser réellement le temps d’approuver, je saute sur son dos comme lorsque je suis trop fatiguée pour continuer par moi-même. Passant mes bras autour de ses épaules pour mieux me tenir, j’en profite pour poser ma tête près de son cou pour humer ce parfum qu’est le sien. Il m’enivre, réveille en moi des sensations qui ne seront jamais assouvies, mais au moins, je l’aurai toujours lui, mon meilleur ami.
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C’est comme si j’avais tout fait, tout donné, tout essayé pour retenir ces tout petits mots, mais qu’une fois sortis, je n’aurais rien fait pour les retenir. Je me sens soulagé. Soulagé d’avoir cédé. Et ô combien rassuré d’avoir écarté cette éventualité. Celle de ma Soie allongé sur un lit a peine fait, au beau milieu d’une fête de lycéens, sans la moindre considération. Et bien sur je fais parfois … Okay, souvent. Je fais souvent partie de ce genre de gars qui n’a guère plus de considération que ce que je viens de décrire. Et je me comporte de la sorte, c’est vrai. Sauf que je côtoie pas de fille comme Azur. Parce qu’il n’y en a qu’une. Et que je ne veux en côtoyer qu’une. Elle est mon supplément d’âme, la pièce manquante au puzzle de ma vie, c’est la cannelle de mon existence, celle qui sans mon quotidien serait si fade. J’arrive même pas à apposer un statut à notre relation. On est voisins, on est amis, les meilleurs des amis, ne sommes-nous pas plus ? Je veux dire, je qualifie Azur comme étant ma meilleure amie, parce qu’elle fait partie de mon cercle d’amis, et que c’est la meilleure. Mais cette complicité qui nous unis, je l’ai jamais retrouvé chez les autres bonhommes que je connais. Ya que nous. Nous, et le reste du monde. Orion et Azur. Azur et Orion. Mais y’a surement plus, hein ? On en serait pas arrivés là sinon. Je tente de me rassurer. Je tente d’apaiser l’excitation de ces sentiments si longtemps ignorés, bientôt officiellement partagés. On demande pas à son meilleur ami de coucher avec soi ? Si ? J’ai encore jamais entendu parlé d’une telle pratique. Et un meilleur ami c’est pas censé accepter, non ? Sauf que je le l‘avais fais. Réticent au début, certes. Mais pourtant, depuis que j’avais flanché, les papillons s’étaient éveillés, s’adonnant à milles caresses dans mon estomac.
Je suis toujours dos à elle, j’attends qu’elle prenne la suite des événements en main. D’habitude, je suis le chef des opérations. Mais je n’ai pas envie que ça ressemble à ce que je fais d’habitude. Alors j’attends patiemment sa réaction. Après un long silence où je me demande même si elle m’a entendu, je la sens se rapprocher de moi, se fondre tout contre mon corps, ne faire qu’un contre moi . Je savoure la pression de ses bras autour de mon torse, ses cheveux caressant ma nuque, son silence réconfortant. Je nous reconnais bien là. Bien trop tôt, elle s’arrache à notre étreinte, mais pour mieux revenir près de moi. « Vient, on rentre à la maison. » Elle saute sur mon dos, chevilles croisées au dessus de ma taille, poignets encerclés contre mon torse. On retrouve nos marques. Alors je me dirige, doucereux, vers ma maison, et non la sienne. On est qu’a deux minutes de marches, et Azur sur mes épaules n’est plus qu’une plume qui balance au rythme de mes pas. Ma soie… Déjà j’aperçois le portail de ma maison. Terme légèrement réducteur compte tenu du nombre de chambres, de salle de bain et autres annexes dont elle dispose. Sans lâcher Azur, j’enclenche le bip resté dans la poche de mon jean pour permettre aux grilles de s’ouvrir. Les voitures de mes parents ne sont pas là. Pour changer. Si d’habitude ce n’est pas ce que je préfère constater en rentrant de ce genre de soirée, cette nuit, je perçois cela comme une bénédiction.
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Une fois sur son dos, je me laisse bercée par ses pas dans la nuit. Il ne va pas trop vite et contre lui je suis bien, si bien. C’est un sentiment de sécurité que je n’ai jamais partagé avec quelqu’un d’autre et que je ne cherche nul part ailleurs. Il est le seul, l’unique et je veux qu’il le reste. Même s’il me rend folle, même si j’ai des sentiments pour lui qu’il ne partage pas pour moi, je saurai me contenter de notre amitié. On est… nous. Si un jour, il faut que nous passions le cap de non-retour et que nous succombions aux passions charnelles, ça ne sera pas parce que je l’ai supplié de le faire, le mettant face à des ultimatums qui ne lui font lui chaud ni froid. Ça sera parce qu’il le veut autant que moi et je me montrerai patiente. La marche continue, je ferme les yeux, respirant encore une fois dans son cou d’un geste un peu trop intime pour mes derniers propos, mais je ne me retiens plus parce que je l’ai laissé gagner. Je n’ouvre les paupières que lorsque je pense qu’il se trouve devant ma maison, mais je suis tirée de mes rêveries lorsque j’entends le bruit de ce lourd portail qui s’ouvre. Le portail devant chez lui. Je me crispe, serrant le tissu de son t-shirt alors que mon corps s’affole. Je pense qu’il va me lâcher et me demander de faire le reste du chemin jusque chez moi à pieds, mais ça serait une première. À mon grand soulagement, il ne me lâche pas. Juste, quand je vois l’absence des voitures de ses parents dans l’entrée, ça me calme. Peut-être va-t-il me faire un chocolat chaud avec trop de chantilly et me mettre au lit en me traitant d’enfant. Je roule les yeux face à cette idée saugrenue, mais tout aussi plausible. Il est vrai que si je rentre à cette heure, ma mère risque de se réveiller dès que je tournerai la poignée de porte et guetter mes prochaines sorties. Non, passer le reste de la nuit chez Orion est la meilleure solution. Surtout après ma requête qu’il a rejeté d’un revers de main, ça me prouve qu’il ne m’en veut pas, qu’il reste, alors je suis toute à lui. J’ai eu beau lui hurler dessus à plein poumons, je resterai toujours sienne, même si je ne le suis pas réellement. Dès qu’il pousse la porte, je saute en bas de son dos pour me défaire de mes petites chaussures, croisant mes mains derrière mon dos et en m’appuyant contre le mur de l’entrée. Je sais que la maison est vide et que je pourrais rentrer chez lui, mais cette demeure est si grande et a toujours eu cette ambiance un peu austère sans Orion près de moi.
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Mon dos délesté de son poids, alors qu’elle retire ses ballerines, et déjà le manque de cette proximité se fait ressentir. Que m’arrive-t-il ? Elle qui à l’air si décontractée, alors que moi, je suis tendu comme un arc… Je pousse la porte, mon silence l’intime à pénétrer au domicile Pantazi, désertés pas les propriétaires pour le weekend, si ce n’est plus. Ma Soie se fait timide. Je ne peux pas lui reprocher. Très peu de gens se sentiraient à l’aise dans une si grande bâtisse vide. C’est mon quotidien, cette solitude. Heureusement pour moi, les Ainsworth sont comme une seconde famille pour moi, et l’ambiance y est bien plus chaleureuse que ce couloir sombre qui s’étend devant nous. Peu désireux de me sevrer de son contact, je tourne le dos à cette porte d’entrée qui nous tend les bras, et entoure Azur des miens. Sans crier gare, je soulève ma plume telle une princesse, ma main a plat dans son dos, l’autre dans le creux de ses genoux. Si elle n’ose pas entrer chez moi, qu’à cela ne tienne, nous entrerons ensemble. Ensemble, comme toujours. Ensemble, envers et contre tous. Je passe le seuil de l’entrée, et repousse la lourde porte avec mon pied gauche. Elle se referme dans un fracas qui me semble inaudible, tant les battements de mon coeur bourdonnent dans mes oreilles. Dans les siennes aussi, peut-être ? Je me dirige vers l’escalier, ma douce toujours blottie dans mes bras. Je me rend compte que ce que je viens de faire c’est censé être une tradition chez les jeunes mariés; Ca me fait pas peur, bien au contraire, ça me détend. Un sourire éclaire instantanément mon visage en imaginant Azur tout de blanc vêtue…
Arrivés en haut des escaliers, nous bifurquons sur la droite, une aile où mes parents ne daignent jamais s’aventurer, mon domaine… Je la pose enfin au sol alors que nous arrivons juste devant la porte de ma chambre. « Tu veux bien attendre une seconde ici s’il te plait ? » Ma voix ne tremble plus, je me veux assurer, pourtant ce n’est guère plus qu’un murmure qui consent à franchir le seuil de mes lèvres. Je veux qu’elle tienne promesse. Je sais qu’elle le fera. Mais je veux pas de questions, il en a déjà bien trop qui se bousculent dans ma tête à ce moment précis. Je passe mes pouces sur ces joues, sa peau de velours glisse sous mes doigts alors que mes mains lui encerclent le visage avec une douceur infinie. Je scelle notre courte séparation par un baiser. Pas vraiment sur sa bouche. Pas vraiment sur sa joue non plus. La commissure de mes lèvres effleure la sienne, et déjà les papillons entament une chorégraphie des plus complexes… Je l’abandonne juste devant ma porte et pénètre dans ma chambre, veillant à refermer derrière moi. Aussitôt fermée, mon corps semble abandonner cet état d’engourdissement dans lequel il s’était plongé sur le chemin. Un coup d’oeil à ma chambre, qui est impeccable, comme d’habitude. D’un naturel ordonné, un tantinet maniaque, je me félicite de cette rigueur qui ne me fera pas perdre de temps. Je me précipite dans la salle de bain attenante pour me passer le visage sous l’eau, tamponnant l’excédent avec une serviette éponge. Je me brosse les dents en vingt secondes chrono, ça fera l’affaire. J’essaie même pas de renifler mes aisselles, je vaporise du déodorant sans perdre davantage de temps. Je reviens dans ma chambre. Je réfléchis, je réfléchis. Les papillons comment à s’énerver, et pas dans le bon sens, c’est comme s’ils rongeaient mes intestins. Le stress. Et là, je la vois. Cette bougie, tout ce qu’il y a de plus simple, pas de parfum, pas de paillettes à la con, dans un coin de mon bureau. On l’avait acheté y’a des semaines à une gamine scout qui vendait des bougies artisanales. Je l’avais mise sur un coin de mon bureau, sachant pas vraiment quoi en foutre… Je l’allume et la dépose sur ma table de chevet. Je mets mon iPod sur sa base et lance le dernier album de Coldplay (X&Y) je baisse le volume, je peux à peine entendre la voix de Chris Martin, c’est parfait. Je règle sur sa chanson préférée, Fix You. Celle que lui ai promis de chanter avec elle lorsqu’on irait les voir en concert. J’ai perdu assez de temps, je file la chercher, le coeur au bord des lèvres, les larmes au bord des yeux, à fleur de peau. J’ouvre la porte pour la découvrir encore plus belle que lorsque je l’ai quitté. J’ouvre en grand et lui tends la main, l’intimant silencieusement de me rejoindre.
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Je reste silencieuse, sans réellement savoir ce qui réussit à étouffer ma nature si bavarde. On dirait que je le lui ai crié tellement de bêtise au cours de la dernière heure que mon bon sens me somme de rester dans le silence, histoire de ne pas faire plus de dégâts. À côté de moi, je vois Orion qui semble un peu tendu. J’ai peur qu’il m’en veuille encore et qu’il me demande de partir, requête qui provoquerait automatiquement un refus catégorique de ma part. J’ai besoin de lui en ce moment, je veux m’assurer que notre amitié ne sera pas entachée par notre dispute et mes caprices, j’ai besoin de savoir que je resterai toujours sa soie, peu importe mes mots et mes actions. L’idée d’un monde sans lui m’est tout simplement inconcevable.
La noirceur de la pièce ne me permet pas d’anticiper la suite des évènements, mais à croire qu’il lit dans mes pensées et déjà qu’il me reprend dans ses bras. Ça me coupe le souffle, cette façon qu’il a de me prendre comme une poupée avec tant de facilité. J’ai comme réflexe de m’agripper à lui et de blottir ma tête dans son cou, mon esprit, mon cœur et mon corps s’enflammant trop rapidement pour que je puisse penser à quoique ce soit. J’ai cette désagréable impression que le destin souhaite m’envoyer un message, mais que je fais la sourde oreille. La tête blottie dans le cou d’Orion, je ne veux rien voir d’autre que lui, rien sentir d’autre que son odeur un peu épicée qui suffit à me faire perdre la tête. Devant sa porte, il me dépose et directement je me colle contre le mur, les jambes trop faibles pour rester debout sans aide. Qu’est-ce qui m’arrive ? « Tu veux bien attendre une seconde ici s’il te plait ? » Le temps se fige. C’est l’explosion alors qu’il se penche vers moi pour poser ses lèvres tout près, trop près des miennes. Je réalise à quel point je suis innocente alors que mon sang tambourine dans mes tempes, m’empêchant de penser correctement. Mes jambes sont de coton, mes mains sont moites, mes yeux sont plein d’étoiles et j’ai chaud, très chaud. Je n’ai même pas le temps de placer un mot que la porte se referme devant moi et j’entre presque en mode panique.
J’ai l’impression d’être deux personnes complètement différentes qui se battent pour obtenir la totalité de mon être et le monopole de mes actions. D’une part, il y a la petite Azur, la jeune, celle qui ne ferait rien pour entraver son amitié avec Orion. D’autre part, il y a celle qui lui hurlait dessus dans le parc et qui pense à lui lors de ses plaisirs nocturnes. C’est un combat qui fait rage et je ne sais pas sur quel pied danser. Je réalise que je suis ni l’une, ni l’autre, mais bien les deux à la fois. J’ai envie de lui, oh, si seulement son visage trop près de mes lèvres a suffi à déclencher une telle réaction au sud, je ne peux qu’être avide de découvrir la suite. Je l’ai répété maintes et maintes fois au cours de notre dispute : je suis prête, totalement. Seulement l’idée de franchir ce cap avec lui, c’est… Je n’arrive pas à le réaliser. Rapidement, je passe une main dans mes cheveux tenter de les replacer. Bordel, je suis certaine que j’ai l’air de rien après m’être époumonée contre lui et avoir failli pleurer trop de fois. Tout bêtement, je regarde par le col de ma robe et me mords la lèvre suite à cette vue minable. Décidemment, il ne faudra pas oublier de remercier Orion lorsqu’on parlera des bonnes actions de l’année (s’il y réussit, parce que je n’ai pas grand-chose à lui offrir) …
La porte s’ouvre dès que je lâche ma robe. Je me tiens droite, trop, comme si je m’apprêtais à partir sur mes patins. La petite Azur me dit que c’est le moment ou jamais de prendre mes jambes à mon cou, mais elle est vite étouffée par l’autre qui me pousse vers cette chambre que je connais trop bien. J’entends cette chanson qui joue en arrière, je vois cette chandelle, qu’on a acheté il y a un moment, brûler en arrière et je ne peux que saisir cette main qu’il me tend. Je ne tremble pas, mais j’ai tellement l’impression que tout est irréel que je n’ose pas serrer ses doigts trop fermement de peur de le voir disparaître. Mais s’il ne s’agit que d’un rêve, je veux pas le voir se prolonger pour me projeter brusquement dans la réalité par la suite. Alors que je pourrais facilement m’éloigner de lui pour m’introduire dans la pièce, je fais exprès de rester près de lui, posant ma main libre sur son torse pour m’assurer que je ne suis pas en train de me perdre dans cette illusion crée de toute pièce pour correspondre à tout ce que j’ai toujours voulu.
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Sa main dans la mienne, et tout le regain de confiance que ces quelques minutes sans elle m’ont donné : envolé. Je comprends pas ce qui m’arrive. Moi si sur de moi à l’accoutumée, j’en viens même à me demander si je sais encore comment in s’y prend. Comment on s’y prend pour… Bordel ! C’était vraiment en train de se passer ? J’allais coucher avec ma soie, à sa demande, à mon envie. Elle se blottie bien vite contre moi, je savoure ce contact comme si nous avions été séparés plusieurs jours durant. Mon menton se hisse sur le sommet de son crâne, l’invitant à s’approcher d’avantage. Entend-t-elle mon coeur qui frise la syncope de minute en minute ? Je prie pour que non. Je prie pour entendre le sien battre à l’unisson du mien. Je n’entends que la mélodie mélancolique, je ne sens que les effluves de violette qui se dégagent de sa chevelure d’or, je ne vis que pour prolonger ce moment… Sauf que nous sommes ici pour une seule et unique raison. Je n’ai pas accepté pour me défiler au dernier moment. Je n’ai pas accepté pour lui faire plaisir. Et si cette idée me paraissait si saugrenue au départ, c’était surement parce que je n’avais jamais envisagé qu’elle puisse vouloir ça de moi. Après quelques minutes a profiter de sa fraicheur, je me détache d’elle. Mon corps tout entier brule d’ardeur. J’ai l’impression d’être sous le soleil de Californie à deux heures de l’après midi… Je la contourne avec une lenteur délicieuse, profitant de chaque instant, craignant que demain ils ne soient plus que de lointains souvenirs dont les vestiges ne me laisseraient qu’un gout amer… Je fais remonter mes mains jusque sur ses épaules, prenant soin d’effleurer avec une douce lenteur ses bras depuis ses poignets. Ses omoplates s’offrent à mes yeux. J’écarte ses cheveux qui brillent à la lueur de ma chandelle. Mes pouces s’enfoncent délicatement dans la chair de ses épaules, la chaleur de mes doigts contrastant avec la fraicheur de sa peau. Ce contact me parait si naturel, alors que je ne partage en rien ce type d’intimité avec ma Soie. Cette familiarité de sa peau sous la mienne m’encourage à en découvrir un peu plus… Beaucoup plus. Mais chaque chose en son temps, et je calme mes nerfs en m’attardant sur chaque noeud que rencontrent mes pouces, accordant cette courte accalmie à nos deux corps d’un seul geste. Je me retiens de faire glisser cette fermeture, avide de découvrir à nouveau ce qui se cache sous cette robe. Désireux d’apprécier ce spectacle alors qu’il se joue pour moi, et uniquement moi… J’écoute plus que mon instinct, et il me dicte ce que je dois faire, comme poser mes lèvres sur ce carré de peau que m’offre sa nuque, irrésistible. Et déjà mes lèvres effleurent son corps, je ne peux me résoudre à m’en détacher. Ma bouche poursuit un itinéraire bien précis : passant derrière son oreille pour à nouveau m’emparer de son cou d’une pluie de baisers. Délicatement je la retourne pour qu’elle se tienne face à moi. Mes lèvres, pareilles à des plumes, caressent chaque centimètres de son cou pour remonter jusqu’à son menton. Je ne la brusque aucunement, la laissant absorber l’assaut de mes baisers. Et petit à petit de son menton à sa joue… De sa joue à ses lèvres il n’y a plus d’un pas. Les paupières closes, ma respiration bloquée, je dépose mes lèvres contre les siennes, me noyant dans la douceur de ses lèvres qui m’a si souvent obsédé. Me noyant dans la simplicité de ce geste. M’enivrant de ce baiser qui n’a rien de comparable aux autres. Qui n’a rien a leur envier non plus…
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Contre lui, j’entends son cœur courser le mien et je reste immobile, savourant ce moment, impatiente de découvrir ce qui est à venir. J’essaie de ne pas me faire d’attentes ni de penser à la suite des évènements, mais j’ai tous ces commentaires qui me viennent en tête et s’immiscent en moi tel la vermine pour me faire douter. Mon corps lui hurle que je suis prête, que j’ai envie qu’il passe ses mains partout sur moi, que j’ai envie de le découvrir, mais il s’attarde sur mes épaules, pausant ses lèvres sur ma nuque. Mes jambes sont toujours faibles de son dernier contact, mon corps se couvre de frissons une fois ses lèvres de nouveau sur ma peau. Je suis avide de découvrir la suite, mais c’est à croire que je suis la seule à être excitée et tentée par l’inconnu. La lenteur de ses gestes laisse le temps au doute de prendre de plus en plus de place dans mon esprit, tellement que lorsqu’il me retourne pour poser ses lèvres sur les miennes, je ne sais pas apprécier toute la douceur dans son geste. Ses mains caressent tendrement mon visage de doux mouvements circulaires. En moi, c’est l’explosion. C’est l’aboutissement d’un rêve, c’est vivre toutes les joies du monde en même temps, c’est meilleur que nos chocolats chauds, c’est le seul contact dont je sais que je ne me lasserai jamais, c’est savoir qu’il est le seul qui pourra me rendre heureuse, c’est aussi le déclencheur de mon envie. Alors que je suis prête à tout lui donner, tout, lui n’approfondit pas ce contact et là, tout le doute en moi prend le dessus. Cette chandelle, cette musique, ses paroles : ce n’est qu’une mascarade. Il veut me faire croire que c’est comme ça que cette étape de ma vie devrait se produire et en soit je suis prête à le croire, mais son manque d’entrain ne laisse transparaitre qu’une chose : que je ne l’attire pas. Brusquement, je pose mes mains sur son torse et le repousse, rompant ce contact qui au final, ne voulait rien dire. « C’est bon, j’ai compris. » Ma voix tremble légèrement, mais je ne veux pas qu’il voit à quel point je suis blessée. Lui apparemment de nature si sauvage, incapable de m’embrasser réellement, ça ne signifie qu’une chose : qu’il fait semblant. Et c’est trop pour moi. Ma fierté en prend un coup et pour masquer à quel point je suis blessée, j’ai comme réflexe d’hausser le ton. « Pas besoin de te forcer non plus si je ne t’attire pas. » Comme pour le provoquer, je relève les yeux vers lui et lui jette un regard que je veux noir pour masquer ce qui se brise en moi. « Si tu ne veux pas me toucher, je m’en chargerai moi-même et ça ne sera pas plus mal. Au moins, tu n’auras pas à faire semblant. » Je suis maintenant près de la porte, prête à quitter et oublier toute cette histoire qui n’est qu’une erreur.
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Si ne me maitrisais pas, je tremblerai comme une feuille à l’heure qu’il est. Je me reconnais pas alors que mes lèvres avides marquent chaque parcelle de sa nuque. Je suis rarement si doux. Rarement si impliqué émotionnellement aussi. Je réfléchis trop, tentant de me frayer un chemin parmi toutes ces pensées contradictoires qui se bousculent sans ménager mes sentiments. En début de soirée je n’aurais jamais imaginé offrir ce baiser à mon amie de toujours, ma Soie. En début de soirée, je n’aurais jamais songé en avoir eu envie, vouloir recommencer, en réclamer d’avantage de sa bouche, de son souffle, de son corps. J’étais perdu dans ce flot de sentiments trop longtemps contenus, pas vraiment sur de là où je mettais les pieds. Je m’aventure à l’aveuglette, certain d’une chose : un retour en arrière est inenvisageable . Et mon pouls s’accélère alors que je m’écarte d’elle pour la contempler. Comment j’avais pu être aveugle à ce point ? C’était là sous mon nez depuis toujours. Il avait fallu qu’on me l’agite sous les yeux pour que je daigne enfin regarder, enfin réaliser. Je passe mes pouces encore et toujours sur ses pommettes que j’ai envie de couvrir de baisers. Je savoure cette nouvelle intimité ne voulant en aucun cas brusquer les choses, gâcher ce moment… Sauf que ça se passe pas comme prévu. Mains sur mon torse, Azur prend appui pour s’écarter de moi. « C’est bon, j’ai compris. » Que ? Mes prunelles s’affolent, brulantes d’incompréhension. Ai-je fais quelque chose de mal ? Ou ce baiser était aussi décevant pour elle, qu’il avait été révélateur pour moi. Bordel ! Je la voix boulversée, je la connais ma Soie. Sauf que ma panique m’empêche n’en déduire la raison. « Pas besoin de te forcer non plus si je ne t’attire pas. » Dans ses yeux, nulle passion ne substituent, mais seulement de la rancoeur envers moi. Je sers les poings, mes ongles s’enfonçant douloureusement dans la paume de mes mains, incapable de contenir cette rage qui nait en moi. « Si tu ne veux pas me toucher, je m’en chargerai moi-même et ça ne sera pas plus mal. Au moins, tu n’auras pas à faire semblant. » Elle fait volte face prête à quitter les lieux. Il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres. Mon sang bat dans mes tempes alors que repousse violemment la porte qu’elle tentait d’ouvrir, faisant barrage de mon corps. La douceur à déserter mes iris pour laisser place à de la colère. Non seulement blessé dans mon estime, mais également dans mes sentiments, je peux pas accepter une seconde de plus de telles assertions… « Tu te fous de ma gueule Azur ? » Je cri. Nous sommes seuls dans la maison, alors je cri. J’expulse ce coup de poignard qu’elle vient de me planter en me regardant droit dans les yeux. Je comprends pas son manège. Elle me veut, j’accepte, je l’embrasse, elle me rejette ? « Faut te faire un dessin ou quoi ? » Mon ton est grave, sans appel. « Quand est-ce que tu vas comprendre que si je t’embrasse pas comme les autres, c’est tout simplement parce que tu n’es PAS comme les autres ? » Je donne un coup sur l’embrasure de la porte, frustré de ne pas parvenir à exprimer ce que je ressens. Impuissant alors qu’elle ne comprend pas ô combien j’ai envie d’elle, et cela, mille fois plus que toutes les autres. « Et puis merde ! » Je laisse tomber les mots. Ma main droite passe derrière sa nuque, mes doigts s’enroulent dans quelques mèches, je la ramène à moi la seconde suivante, bien conscient que la douceur n’anime en rien ce geste. Mes lèvres fondent sur les siennes dans un élan d’espoir. Je déverse toute ma passion dans ce baiser, ma langue prenant possession des lieux, faisant de la sienne sa marionnette. Je l’embrasse comme si ma vie en dépendait. Je l’embrasse comme je brule de l’embrasser depuis qu’elle a émit le souhait que nous ne fassions qu’un cette nuit. Je l’embrasse parce que je suis dingue d’elle. Je l’embrasse comme s’il n’y avait jamais eu qu’elle. Parce que c’est le cas. Il n’y a jamais eu qu’elle.
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Je me sens comme si on se jouait de moi, comme si tout ce que je demandais était impossible de m’apporter et on cédait seulement pour me faire plaisir alors qu’on en avait pas réellement envie. J’aurais mieux fait de ne pas sortir ce soir, laisser Orion baiser la voisine. Je ferais mieux de devenir bonne-sœur et ne plus jamais me remettre dans une situation aussi compromettante. Ouais, il y a de meilleurs décisions que j’aurais pu prendre quant à ma soirée qui auraient fait en sorte que je ne me sentirais pas comme l’œuvre de charité du jour. Je me sens comme un brocoli, on les mange parce qu’ils sont santés, mais du bout des lèvres et personne ne les aime réellement. Bordel, il est temps que je rentre, mon cerveau ne fonctionne plus suite aux multiples émotions si fortes qui ont pris part de mon être au cours des dernières heures. Sauf que ça ne se passe pas comme prévu. Sans que j’ai le temps de placer un mot supplémentaire, Orion se place entre la porte et moi coupant court à toutes mes chances de fuite. Lui qui me regardait comme une perle avec tant de douceur me couvre d’un regard semblable au mien : plus noir, énervé. « Tu te fous de ma gueule Azur ? » Le ton de sa voix a pour effet de me faire reculer d’un pas. « Faut te faire un dessin ou quoi ? » Il me prend réellement pour une conne ? « Arrête de jouer avec moi ! » je lui hurle en réponse, mais je pense qu’il n’entend que le son de sa propre voix. « Quand est-ce que tu vas comprendre que si je t’embrasse pas comme les autres, c’est tout simplement parce que tu n’es PAS comme les autres ? » Je sais que je ne suis pas comme les autres, moi il faut que je te supplie de me prendre et quand l’occasion se présente, c’est à croire que tu n’en as pas envie… Je ne réplique pas, reculant quand son poing entre en contact avec la porte. Je n’ai qu’une envie : partir d’ici. « Et puis merde ! » Ou pas au final. Tout se passe très vite, je n’ai que le temps de fermer les yeux que je sens ses lèvres se poser contre les miennes et ses mains dans mes cheveux. Si ce n’était pas de ce contact pour me garder près de lui, je pense que je n’aurais pas réussi à rester debout tellement mes jambes faiblissent suite à son geste. C’est encore meilleur que ce à quoi je pouvais m’attendre, tellement que ça se passe de mot. Les papillons s’affolent dans mon ventre et mon esprit est tellement en ébullition que j’ai l’impression que mes sens sont décuplés, que tous mes neurones sont déconnectés. Ça me chavire, m’enivre, je suis dingue de lui et ce, depuis le premier jour. Mon corps prend le dessus et je réponds à son initiative en lui donnant tout ce que je possède. Tout se fait naturellement. Je ne réfléchis plus, je ne pense plus, je ne suis consciente que d’une seule chose : c’était fait pour arriver. La façon dont ses doigts se saisissent de mes cheveux, la façon dont je glisse mes mains autour de lui, faisant exprès de dévier un peu trop bas, à la lisière de son jean que je n’ose pas défaire. Non, pas tout de suite, même si tout mon corps me cri de poursuivre mon exploration, je ne me sens pas prête à prendre les devants pour l’instant. Une fois qu’il aura initié ces rapprochements, je le ferai, mais pas maintenant, je reste un peu inquiète quant à sa réelle envie.
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Alors que j’embrasse Azur avec une passion qui m’était étrangère jusqu’alors j’en viens à me poser des questions sur la vraie nature que revêt notre amitié. Amitié ? Pour nous étions les meilleurs amis du monde. Amis ? Meilleure avec elle ça signifiait pas juste « la mieux », pas « comme les autres mais avec un supplément ». Meilleure avec Azur ça voulait simplement dire elle et moi, et personne d’autre. Des meilleurs amis, un « nous » invinsible. Un « nous » irremplaçable. Bordel! C’était ça, l’amour ? Cette panique qui m’agrippait les tripes a la simple idée de la perdre ? Parce que je sombre, je décline, je ne vis plus, si par malheur, ma Soie venait à déserter ma vie. Et maintenant que mes lèvres s’unissent aux siennes je sais que je ne peux plus me passer de cette sensation qui me grise, me fait planer. Et mes doigts resserrent leur prise dans ses cheveux. Et ses mains s’en vont explorer ma peau, un peu plus au sud. Il n’en faut pas davantage pour déjà me sentir à l’étroit dans mon caleçon... En témoignent certaines parties de mon anatomie, je ne joue pas avec elle. Jamais. Néanmoins ses doigts précis et curieux pourraient être accusés de jouer avec ma patience. Je veux que ça aille vite autant que not prenions notre temps. Du jamais vu. Je veux savourer chaque minutes où ses mains me touchent comme elle le fait actuellement. Je veux gouter chaque partie de son corps en essayant d’en mémoriser à jamais la saveur. Je la veux maintenant, je la veux toute la nuit. Comment ne peut-elle pas voir que je ne joue pas. Je ne jouerai jamais avec elle. Nos langues s’adonnent à une danse avec pour seule mélodie le désir que j’éprouve et qui grandit de secondes en secondes… Je me décolle quelque peu de ses lèvres pour souffler : « Je joues pas. » Mes mains lâchent ses cheveux, elles caressent sa nuque, ses clavicule, pour à nouveau entre en contact du tissu de sa robe. Elle est de trop, mais je ne veux pas la brusquer. Pas tout de suite. Je descends encore plus bas mes mains, tout en l’embrassant, pour venir me saisir de sa taille. Tout en elle affole mes sens. J’ose ? J’ose pas. En temps normal, je me sers, je prends, je pose pas de question. Je demande pas la permission. Sauf qu’en temps normal je ne m’apprête pas à faire l’amour à ma Soie. Sauf qu’en temps normal je ne m’apprête pas à faire l’amour. « Tu me fais confiance ? » Mon regard planté dans le sien, je tente de la rassurer. J’espère qu’elle ne va pas prendre ses jambes à son cou. Je passe mes mains sous ses fesses et la soulève avec une facilité qui m’impressionne. Ma Soie, ma plume. J’pourrais envoyer valser tout ce qui se trouve sur mon bureau avant de l’y déposer sauvagement. Sauf que mon naturel ordonné me dispense d’avoir quoique ce soit à déranger. Une fois sur le bureau, mes mains sur ses genoux entament leur ascension vers le haut de sa robe. Le souffle court, le regard ardent, je cherche dans les yeux de ma belle ce qui anime mes prunelles : une passion dévorante.
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Ses lèvres contre les miennes, c’est assez pour savoir que je ne pourrai plus me passer de ce contact à l’avenir. Je ne pourrai pas faire obstacle à ce magnétisme qui m’attire vers lui, je ne pourrai pas résister à mon corps qui me criera de se rapprocher du sien. Parce que je ne serai plus entière sans lui. Toutes ces sensations et ces nouvelles émotions tourbillonnent en moi, je ne suis plus capable de réfléchir. Je ne pense pas à demain, ni au jour suivant, je veux seulement focaliser mon esprit sur le moment présent. Nous aurons du temps de toute façon après, je l’espère ? La main toujours à la lisière de son jean, je glisse lentement mes doigts sur sa peau brûlante, en attente de la suite. Je ne peux pas prendre les commandes, pas maintenant. Plus tard, sûrement, mais pour le moment nous n’en sommes qu’aux mots et qu’aux promesses alors que j’ai toujours été une fille d’action. « Je joues pas. » Il m’a entendu. Je ne peux que baisser un peu la tête en souriant alors que ses mains quittent mes cheveux pour bénir mon corps de ce contact qu’il réclame si fort. « Tu me fais confiance ? » Mes mains lâchent ce jeans qu’elles ne cessent de torturer pour aller s’agripper à son cou. Je suis tentée de lui répondre, mais ses mains sur mes fesses pour me soulever m’arrachent un petit cri de surprise qu’il serait facile –et légitime- de comparer à un gémissement. Est-ce que je devrais me gêner, ou .. ? Je ne sais pas, je ne sais rien, il va falloir que je lui demande. Assise sur son bureau, je fais exprès de rester sur le bord, histoire de ne pas mettre plus de distance entre nous qu’il n’en faut. C’est là que… oh. Je le sens. Il a raison, il ne joue pas, il y a certains signes qui ne mentent pas. Je ne pensais pas qu’une telle sensation pourrait me griser, mais savoir qu’il est là et qu’il me désire autant… J’ai trois petits mots qui s’imposent à moi, tout naturellement, mais que j’ai vite fait de reléguer au fond de ma conscience. Inconsciemment, je m’approche encore plus de lui, gardant une main sur sa nuque pour me saisir de ses cheveux, une autre dans son dos que je glisse sous son t-shirt pour me délecter de sa peau brûlante. Mes lèvres quittent les siennes pour quelques secondes. Je sens qu’il attend quelque chose de moi, ses mains sont au ralentit sur mes jambes, retardant le retrait de ce tissu de trop entre nous. « Je te fais confiance. » Mon front contre le sien, je suis incapable d’enligner plus de mots dans prendre le temps de l’embrasser à nouveau. « Tu es le seul en qui j’ai totalement confiance. » Et c’est vrai. Il est le seul, mais sur bien plus que cet aspect.
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A bout de souffle, à bout de tout. Jamais à bout de nous. L’esquisse de ses courbes sous le tissu léger de sa robe embrase mes sens. Mon bassin entre ses jambes, et la peau d’opaline de ses cuisses qui se découvrent à mesure que mes mains remontent vers le haut… Cette pureté de porcelaine me rappelle le présent qu’elle me fait. Tel Adam je rejoins mon Eve. Tel Adam je m’apprête à mordre la pomme qu’elle m’offre sur un plateau d’argent. Je suis de toutes les saveurs, bananes, fraises, mûres. Pourtant, lorsqu’elle me présente son fruit défendu, je n’ai plus d’yeux que pour cette pomme, pas une autre. Et la croquer à pleines dents semble devenir ma nouvelle raison de vivre… Mes mains brulantes s’apaisent au contact de sa peau glacée. Elle ne tremble pas pourtant sa fraicheur de sa chair tranche avec tout mon corps qui se consume littéralement de désir pour elle. Nous sommes si proches et pourtant tant autant de vêtements que d’obstacles nous empêchent d’assouvir cette passion… Cependant bien assez proche pour que ma Soie puisse sentir directement l’effet qu’elle me fait, tout en bas. Tendu comme un arc, je ne donne pas cher de mes sens si elle s’avise à nouveau d’explorer la lisière de mon jean. Ses doigts aventureux auraient bien vite raison de mon self controle. Mon regard planté dans le sien, je l’encourage à se livrer. « Je te fais confiance. » Azur me donne le feu vert pour l’ascension de son Mont Plaisir. Mes doigts sont assurés, et s’ils ont déjà ôté les sous vêtements d’un nombre conséquent de jeune femme, lorsque mes indexes se glissent sous la dentelle de ma Soie, cela revêt une tout autre dimension. Mes gestes sont animés par une délicatesse et une fougue absolument contradictoire. Je ne la lâche pas du regard, la couvant avec un profond attachement. De l’amour ? Si bien que lorsqu’elle me glisse : « Tu es le seul en qui j’ai totalement confiance. » Je crois défaillir. J’ai pas les mots. Je les ai plus ? Où ne les ai-je jamais vraiment eu. Je suis plus un homme d’actions que je paroles. Pourtant j’aimerai à cet instant lui confier la réciproque. Parce qu’Azur à toujours été la seule et l’unique. Conscient ou non des sentiments que je peux avoir à son égard. Qu’ils soient amicaux ou on. Aucun doute n’a jamais plané sur cet dévotion que je lui accorde sans retenue. Je suis sien. Et je la veux désormais mienne. Plus que tout. Mes pouces s’empressent d’aider la manoeuvre. Rapidement je la libère de cette minuscule petite culotte qui m’obsède depuis que je l’ai vu sur son corps une bonne heure plus tôt. Je la lâche à contrecoeur, presque en colère qu’un autre homme que moi ai pu envisager lui enlever. Je la veux mienne. Je me plaque contre son corps, lui insufflant tout le désir qui se joue en mon bas ventre. Mes lèvres retrouvent les siennes alors que mes doigts timides mais avides de découverte se dirigent vers ce territoire inconnu que je me targue de conquérir… Et je me délecte à déceler cette passion commune qui nous anime. Elle est aussi prête que je le suis.
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Je lui fais confiance, totalement, entièrement. J’essaie d’imaginer comment je me serais sentie si j’avais accepté de m’offrir à un autre que lui et ça me frappe : ça ne serait pas aussi parfait, ça ne serait pas aussi naturel, ça ne serait pas aussi sincère. Il n’y aurait pas toute cette chimie entre nous, il n’y aurait pas son souffle chaud contre mon cou qui suffit à couvrir mon corps entier de frissons… Non, je suis incapable de penser plus loin, parce que j’en veux pas d’autres que lui. Sa peau brûlante contraste avec la froideur de la mienne alors que je le sens retirer ce bout de tissus futile caché sous ma robe. Ma respiration cesse un instant alors que j’anticipe la suite : entre imaginer et vivre un moment, il y a tout un monde qu’il me reste à découvrir. Son corps se rapproche dangereusement du mien et je le laisse faire, ne sachant pas comment réagir dans cette situation. C’est doux, c’est différent, c’est timide, mais c’est surtout délicieusement bon. Lui qui continue de m’embrasser sans problème se voit refuser mes lèvres après quelques secondes, mon souffle entrecoupé ne me permettant pas de garder le rythme. Je lâche un timide « pardon » qui s’étouffe dans un murmure avant de l’embrasser à nouveau, mais cette fois il me faut plus de concentration. Je continue d’être témoin, presque passive, tout mon être étant occupé à lui répondre silencieusement. Non, je ne peux pas rester là, à... à… À n’être que celle qui reçoit, mais je ne peux pas lui demander de cesser ce plaisir qu’il me prodige. Je suis une égoïste, c’est vrai, mais je refuse de me complaire dans ce rôle. Alors lentement, ma main enroulée autour de ses épaules décide de laisser sa collègue, qui passe doucement sur son visage, et de reprendre son exploration abandonnée il y a quelques minutes. Mes doigts sont comme des glaciers qui se perdent sur une mer ardente, l’effleurant tout le temps que dure le trajet, s’arrêtant à cette lisière qu’ils n’ont pas osés franchir plus tôt. Cette fois, elle saute, n’opposant que peu de résistance après quelques manoeuvres. Qu’il vienne me dire de le lâcher, je refuserai catégoriquement. Je sens que tout change entre nous, maintenant que nous avons tous les deux un avantage sur l’autre. Enfin, bientôt pour ce qui est de mon cas. J’ai eu beau m’afficher comme celle qui ne désirait aucune tendresse et qui possédait une confiance hors du commun, ce n’était pas le reflet de la réalité. Il le savait. Je n’ai pas son expérience alors je reste timide, beaucoup plus timide. Je n’effleure que ce tissu qui me sépare de lui, je m’amuse, je laisse mes doigts vagabonder sans réellement s’attarder nul par. Il faut que je prenne confiance en moi : je suis pas ici sans raison. Je n’ose qu’après un long moment, mettant (enfin ?) fin à cette douce torture imposée par mon contact pas encore assumé.