Les propositions d’activités repartent de plus belles, et cette fois, Gauthier a l’air bien moins réfractaire que lorsqu’elle parlait de nourriture. Finalement, il suffisait de parler de compétition pour que le courant passe plus facilement. « On pourrait tenter. J’ai entendu dire que c’était un bon garagiste effectivement et surtout pas un charlatan. » « Oui, il est vraiment efficace dans ce qu’il fait, il faudrait vraiment que j’y fasse un tour un de ces jours. » déclare t-elle, sans trop savoir pourquoi elle en venait à parler de la révision de son taxi. « J’ai intérêt à bien me chauffer pour gagner ça alors. » dit-il, l’air bien plus motivé qu’il y’a une demi-heure. « Oui ! Après, je ne te force à rien, je ne voudrais pas que tu penses que je t’exploite » Elle lui dit avec l’exact sourire qu’elle prend à chaque fois que ce thème est sujet à une blague entre eux. Elle finit tout d’même par changer de conversation en lui répondant que s’il s’en sort avec une peluche, la refiler à son neveu semble plus judicieux que de la filer à son jeune frère. « Charlie est un charmeur bien trop malin, il a réussi à me convaincre d'accueillir sous notre toit sa meilleure amie enceinte jusqu’au cou. » Et bien, le genre de situation dans laquelle elle n’aurait pas aimé se trouver et à l’entendre, elle réalise qu’elle aurait presque pu si Tony avait été plus intelligent pour ce qui est de lui faire admettre l’existence d’Eleanor. « Il est intelligent ce petit, je te souhaite de pas te faire avoir à nouveau la prochaine fois. » Elle se moque un peu, et en même temps, elle se dit qu’il n’y a pas trop de quoi. Tout l’monde n’est pas aussi réfractaire à rendre service aux nanas qui s’occupent de préserver l’espèce. « Mais je crois qu’il va bien. » « Tant mieux. » ajoute t-elle pour clore ce sujet, compte tenu de ses relations avec les deux frères, la poursuivre lui semblerait malvenue. Cette fois, la conversation change radicalement pour aborder les nouveaux choix de vie de Lene, ou plutôt ceux qui se sont imposé à elle plusieurs années auparavant. Elle ne dirait pas que ça n’a pas été difficile de s’ajuster, mais oui, elle est bien plus heureuse dans sa vie maintenant qu’elle n’a plus aucune préoccupation familiale ou ce besoin de faire honneur à ce fabuleux patrimoine génétique qui lui a été transmis. « Les deux j’imagine. » Elle lui répond rapidement, sans non plus attester de son bonheur, parce que bon, personne n’est jamais heureux, elle reste très consciente de l’insatisfaction chronique qui habite l’humanité, elle sait que sa vie est plus épanouissante comme elle est, débarrassée du poison qu’est sa sœur aînée. Le silence devient leur nouveau sujet, et Lene se laisse aller à un peu de philosophie en expliquant que l’on peut très bien se sentir seul et au calme au milieu d’une foule, mais elle comprend bien vite que ses propos peuvent manquer de sens pour quelqu’un qui a plus les pieds sur Terre. « Capacité plutôt impressionnante. » Elle esquisse un sourire. Une capacité probablement reliée à son désintérêt total des questions humaines. Elle hausse les épaules, ne voulant pas en faire un débat et annonçant à Gauthier qu’elle le comprend malgré tout. Sur leur chemin, ils passent devant l’entrée d’une tente qui constitue une sorte d’espace cinéma. Elle y avait fait un tour quelque jours auparavant et même si la même chose était diffusé en boucle, ça lui avait plu. « Pourquoi pas, je le connais vaguement, il avait fait un documentaire plutôt bien réalisé, j’en ai déduit qu’il était bon réalisateur, ça me permettra de me faire une idée plus précise. » « Parfait ! » réplique t-elle en frappant dans ses mains. « J’ai trouvé qu’il avait vraiment fait un bon travail dans son docu sur la nature en montagne, du coup je m’y intéresse un peu. Mais bon, je pense que ton neveu aura fini sa leçon de poney d’ici à ce qu’on y aille. » fait-elle remarquer, parce que oui, l’heure tourne. Le barbecue finit enfin par apparaître devant eux, donnant à Lene l’eau à la bouche dès que l’odeur eut pénétré ses narines. Elle se décide à prendre des ribs, bien couvert de sauce, accompagnée d’une bière sans alcool. Elle aura mieux à faire de se désaltérer. « Toujours sûre de vouloir payer ? » lui demande alors Gauthier au moment de payer, elle s’empresse de sortir son portefeuille. « Bien sûr ! J’ai dit que je le ferais, je m’y tiens. » dit-elle, fière quand même que ce soit elle qui invite pour une fois. Monnaie rendue, elle se saisit de son plateau et vient s’asseoir à table. « Alors ? J’espère que tu ne regrettes pas d’être venu. » lui demande t-elle tout en attachant un bavoir autour de son cou, oui, ça ne va pas être propre.

« Tu me donnes un bonne excuse de sortir mes muscles et de faire le beau devant une jolie fille, je ne vais pas passer à côté. » dit-il, alors qu’elle lui indique qu’elle ne le force pas non plus à la suivre, mais il semblerait que Gauthier soit tout autant un compétiteur qu’elle, ce qui l’amuse beaucoup. Voilà au moins une preuve que sur terre, ils ont bien quelque chose en commun. « Et bien, si tu cherches à m’impressionner, je vais te laisser faire alors. Je demande à voir maintenant. » Dit-elle avec une lueur de défi, maintenant, il va être obligé de lui gagner son prix. La conversation tourne, ils parlent de famille, du jeune frère de Gauthier plus exactement. C’est un petit peu étrange qu’ils parlent de ça, jamais le privé n’avait été un vrai sujet entre eux même si ce que Gauthier lui partage ne semble pas non plus d’une grande confidentialité. « Connaissant ses capacités à m’embobiner, je ne doute pas qu’il y arriverait à nouveau. Il m’a déjà fait la reprendre alors que je l’avais mise dehors. » Elle ne peut s’empêcher de rire lorsqu’il parle d’avoir mis à la porte une femme enceinte, ce serait le genre de chose pour lequel elle n’aurait aucun scrupule non plus. « Au moins c’est une fille intéressante. » poursuit-il, provoquant un haussement d’épaule. « T’auras pas tout perdu. » lâche t-elle sans se priver de s’interroger intérieurement sur ce qu’une nana sans toit et avec une brioche au four peut avoir d’intéressant, mais ça, ça ne la regarde pas. Elle retient le principal, Charlie se porte bien. « C’est possible, dommage. Je l’emmènerais peut-être, c’est bien qu’il apprenne à connaître de bons réalisateurs, ça ouvrira un peu sa culture. » Vu l’âge du petit, elle n’en était pas si sûre mais elle se retient de placer son avis, elle a bien compris pendant qu’ils argumentaient sur la peluche que son neveu était une sorte de huitième merveille du monde. « A son âge, ça me parait prématuré non ? » Parce que Hazard-Perry ou non, un môme reste un môme et préfèrera sans doute être amené devant le dernier Disney plutôt qu’un docu sur la vie en montagne. Cela dit, vu les passions de Gauthier, elle ne se risque pas à préciser sa remarque, il pourrait objecter. Et puis, de toute manière, ils arrivent devant le barbecue et l’appel de l’estomac fait le reste du travail. Ils commandent chacun ce qu’ils souhaitent manger et se retrouve pour que Lene règle la note, elle avait dit qu’elle le ferait et totalement fatiguée de devoir être invitée à chaque fois sous prétexte qu’elle est une fille, elle insiste pour tenir son engagement. Une fois à table, vêtue de son bavoir et prête à mettre le nez dans la sauce, elle s’assure qu’il est bien là où il est, le spectacle ne sera pas joli. . « J’attends de voir dans quel état tu vas finir pour le dire. » Elle rit avant de rétorquer, très franchement. « Ça ne sera pas joli, crois-moi. » Rien qu’à voir ses doigts qui dégoulinent de sauce une fois posé sur l’entrecôte. En même temps, elle n’y peut rien si ça se mange avec les doigts, et elle y va franco en tentant néanmoins de ne pas être trop éclaboussante, et puis à observer autour d’eux, il y’a plus sale. « Comment une petite chose comme toi peut-elle enfiler tout ça ? » demande t-il, il est justement là le problème, elle n’est pas si petite. Elle tente de terminer de mâcher avant de lui répondre, prend une rasade de bière. « Avec les deux mains pourquoi ? » Elle préfère s’épargner d’argumenter sur l’image de la femme à appétit d’oiseau, elle mange ce qu’elle dépense quand elle part à la plage. Elle plaisante avec lui, pendant le long du repas, visiblement il arrive à passer outre les préjugés. « On a encore 15 bonnes minutes devant nous avant que mon neveu ne finisse, on le tente ce lancé de poids ? » dit-il alors qu’elle repose les derniers os de son repas et s’essuie les lèvres pour paraître un peu plus présentable. C’est une chose d’avoir l’air d’une porc sous cette tente, une autre de l’être à l’extérieur. « Sûre ! » dit-elle en sortant de son siège et en rassemblant leur déchet. « T’es toujours prêt à me gagner ma révision pour mes amortisseurs ? » Elle n’a pas oublié, à vrai dire, c’est même un peu un défi qu’elle lui lance d’y arriver. Leur table débarrassée, ils reviennent sur leur pas. Elle le presse un peu, s’ils n’ont qu’un quart d’heure elle ne veut pas qu’ils prennent le risque d’oublier son neveu. Aussitôt devant le stand, elle pose les deux dollars de participation, après tout, si elle ne joue pas, le prix reste pour elle. « C’est pour inscrire Monsieur au prochain tour ! » annonce-t-elle en montrant Gauthier. « Allez, va m’impressionner ! »

Amener un enfant voir un documentaire est une idée qui lui parait plutôt saugrenue. Cela lui rappelle lorsqu’elle était enfant et que sa mère passait des heures avec elle à lui faire apprendre par cœur tout un tas de tableau célèbre dans l’espoir qu’elle devienne un de ces enfants surdoué parce qu’ils savent déjà lire du Oscar Wilde avant la maternelle. Total échec. Lene n’est pas plus intelligente qu’un autre, et même si elle n’aime pas les gosses cons, elle est la preuve qu’il ne faut jamais les forcer, sous peine de devenir ce qu’elle est. « On est jamais trop jeune, puis Oliver aime la nature lui aussi. » Oui enfin, il reste un pas entre aimer la nature et se bouffer un documentaire de deux heures, mais bon, peut-être que baby boss, c’est lui. « D’ailleurs, il veut déjà apprendre à naviguer. » Tiens, voilà qui la surprend un peu. Elle a peut-être sous-évalué l’âge du gosse sur son poney. Enfin, elle a bien compris que le petit semble montrer d’autres prédispositions. . « Je te rassure il regarde aussi des âneries à la télé. » ajoute t-il, sans doute parce que le silence de Lene devait en dire long sur sa perplexité. « Aah, tu me rassures. J’ai failli croire que Franklin n’était plus au goût du jour ! » réplique-t-elle, pour plaisanter, à vrai dire elle n’a aucune idée de ce qui peut bien se faire en ce moment. Elle n’a pas trop à se poser la question, même si prochainement elle aura elle-même un neveu, elle ne compte pas s’investir autant que Gauthier semble le faire. Ils finissent rapidement par se mettre à table, et en moins de temps qu’il n’en faut, Lene engloutit tout ce qu’il y’a dans son assiette. Elle a conscience de ne pas paraître très glamour, mais en même temps elle n’a jamais essayé de renvoyer l’illusion. Elle fait un peu d’humour avec lui, dans l’espoir de lui éviter de trop penser à l’endroit où il est. Après tout, s’il ne fait attention qu’à elle, il y’a moins de chance qu’il ait envie de pendre ses jambes à son cou. D’ailleurs, à la fin du repas, il la gratifie d’un « C’était pas si mal. » qui représente une bien belle victoire pour la jeune femme. Elle lui adresse un clin d’œil pour toute réponse avant de le traîner vers le stand de lancer de poids afin de pouvoir avoir la chance de gagner cette fameuse révision dont elle lui avait parlé un peu plus tôt. Elle ne perd pas de temps, aussitôt arrivé, la place au concours est payée et elle se retient presque de pousser Gauthier sur la piste. Les règles sont vites expliquées, et Lene jette un regard à tous les concurrents en croisant les doigts que la musculature de Gauthier ne soit pas là que pour faire joli. « C’est le moment ou tu scandes mon nom là ! » fait-il remarquer alors qu’elle se tient près de lui, très attentive à ce qu’il va se passer. « Gauthier ! Gauthier ! » chante t-elle en levant les bras, ils sont loin ses jours de pom-pom girl. Elle se tait pour ne pas le déconcentrer, visiblement un des concurrents semble bien mieux équipé que lui et elle doit admettre être un peu inquiète, même si en soi, qu’il gagne ou pas, elle s’en moque, ce qui compte c’est de s’amuser. Elle se contente d’observer pour le reste de la partie, jusqu’à ce que le résultat tombe. « Victoire ! » crie t-il avant de revenir vers elle, l’air faussement modeste. « Je t’avais dit. » Et elle n’en avait pas douté. (Même si elle aurait ri de le voir perdre) « Yeaaah » dit-elle en frappant dans ses mains pour le féliciter. « Mais j’avais toute confiance en toi. » lui dit-elle avant qu’il ne reparte chercher son prix, elle se dirige vers l’extérieur de la piste et décide de l’attendre là. Il revient vers elle, lui donnant son prix à l’occasion. « Arf, merci. C’est vraiment sympa de ta part. » lui dit-elle, visiblement réjouie, elle range l’enveloppe dans son sac avant de lui accorder son attention à nouveau. L’heure d’aller chercher son neveu est là, elle ne sait pas si elle doit lui dire au revoir. « Je vais aller chercher mon neveu, tu veux traîner un peu avec nous ? Ou l’idée de passer du temps avec un gosse te rebute ? » Ah, semblerait qu’elle soit invitée. Elle est surprise. Jamais elle n’aurait pensé que Gauthier veuille la montrer, même à un enfant. « Je suppose que je peux faire un effort, puis à ta façon de parler lui, il a presque l’air d’un mini adulte. Ça devrait aller » lui assure t-elle, avant de se demander si la prochaine étape, c’est vraiment d’aller regarder le film. « Enfin, tu ne comptes tout d’même pas l’amener voir les court-métrages ? Je veux bien croire qu’il soit spécial, mais come on’ » Traduction : Y'a bien mieux à faire et moins ronflant pour un môme.

Elle est un peu surprise par sa proposition de se joindre à son neveu et lui pour le reste de l’après-midi. Même si elle savait quelques détails de la vie de Gauthier, ils partageaient peu de chose et elle n’aurait pas pensé qu’il lui proposerait de se joindre à eux. Elle n’irait pas jusqu’à dire qu’il irait la cacher dans un coin, ou qu’il pourrait avoir honte d’elle mais, y’a un petit quelque chose qui paraît peu naturel. Elle ne l’explique pas, et ne reste pas pour autant braquée sur la question. Après tout, Lene est capable d’apprécier les enfants, tant qu’on ne lui demande pas de s’en occuper ou de faire la conversation. « Non promis, je vais vous épargner ça à tous les deux. » lui répond t-il lorsqu’elle s’assure qu’il ne les condamne pas à une heure loin de fun, certes elle aime assez les films diffusés dans la tente qu’elle lui a montré mais elle les a déjà vu, et puis elle se met à la place du pauvre petit qui sort d’une balade en poney, ce serait monstrueux de le coller devant un écran alors qu’il y’a tant de chose. « On gardera ça pour la maison. » Parfait ! Elle n’ajoute rien et se contente d’avancer avec lui vers l’espèce d’étable où se trouvent les poneys. Elle est assez désespérée en écoutant les conversations des parents avec leurs enfants lorsqu’elle se dirige avec Gauthier pour récupérer le petit. « C’était trop cool tonton ! » prononce alors un gamin arrivé au pied de Gauthier, elle suppose que c’est celui-là le bon. Elle se contente d’observer la scène. « Bonjour Madame ! » Madame ? Merci le coup d’vieux. « Bonjour ! » lui répond t-elle en souriant, après tout, elle va faire de son mieux pour ne pas effrayer le petit. C’est d’ailleurs à ce moment qu’elle réalise qu’elle va aussi devoir faire attention à son langage. « Oliver, c’est mon amie Lene, elle va s’amuser un peu avec nous. Tu veux faire quoi mon grand ? » Le petit la regarde bizarrement, elle essaie de ne pas trouver ça anormal. On dirait presque deux chiens qui s’apprivoisent. Finalement, Olliver semble aller à autre chose. « La pêche au canard. » « Va pour ça. » Il ne lui reste qu’à suivre le mouvement. Sans broncher, elle suit laissant le petit raconter son aventure à son oncle sur le chemin. Sauf que, quelque chose semble mieux l’intéresser. « Tonton regarde ! » Elle détourne le regard quasi-en même temps que Gauthier pour apercevoir le taureau mécanique envoyé une personne dans le décor un peu plus loin. Elle espère que le petit n’espère pas aller là-dessus. « T’es trop petit pour ça Oliver ! » Elle se fait la remarque qu’elle a presque des réactions d’adultes en fait. « Mais toi tu peux faire ! » Tiens ! Elle demande à voir ça. « Non, non, non, non. » Gauthier semble plus catégorique. Pourtant l’idée pousserait bien Lene à insister avec Olliver pour le voir sur le taureau. Sauf qu’elle est interrompu par Olliver qui se tourne vers elle pour lui demander la même chose qu’à son oncle. « Et madame Lene ? » « Euh, juste Lene s’il te plait. » lui dit-elle avant de jeter un coup d’œil au taureau. Elle en a fait des bien pires, et à vrai dire, c’est vrai que ça la tente bien. « Mais je peux le faire oui. Tu pari que je tiens combien de temps là-dessus ? » dit-elle à l’adresse du petit garçon avant de commencer à retirer sa veste et son sac de sur ses épaules. Elle prend dans son portefeuille, juste ce qu’il faut pour payer le tour. « Tu veux bien garder mes affaires s’il te plait ? » demande t-elle à Gauthier en lui laissant son sac. « Allez bonhomme, je te suggère de monter sur les épaules de ton oncle si tu ne veux rien rater. » Elle se tourne à nouveau vers Gauthier. « Je reviens. » Et puis elle s’éloigne, elle attend son tour dans la ligne et dépose sa monnaie pour payer son tour sur le taureau. Bien sûr, il y’a plusieurs personnes qui tentent le coup avant elle, il faut être patient. Quand son tour vient, elle s’autorise un coucou en direction des deux hommes avant de chevaucher le taureau et de saisir fermement de poing le morceau de corde qui sert d’unique point d’attache à la bête. Elle est salement secouée quand il se met en route. Si l’idée que cela puisse être dangereux en son état physique l’effleure, elle se dit que c’est trop tard pour reculer et tient tant bien que mal sur l’animal. Sans battre le record (ce serait difficile du premier coup) elle reste certaine d’avoir tenu un temps raisonnable qu’elle se fait totalement éjecter du dos de l’animal pour atterrir plus loin sur les matelas gonflables. Elle reprend rapidement ses esprits, et après quelques acclamements, elle rejoint Gauthier et Olliver pour récupérer ses affaires. « Alors, j’étais bien ? »

Alors qu’elle tente au mieux de rester en retrait de la conversation entre Gauthier et son neveu, ce dernier en vient à l’inclure après avoir aperçu le taureau mécanique, et essuyé un refus de son oncle de monter dessus, en lui demandant si elle serait prête à monter sur l’engin. Elle jette un bref coup d’œil vers le stand, pour jauger si le taureau est vraiment programmé pour envoyer valser chaque compétiteur, ou si elle a quand même moyen de s’amuser un peu. Si la chute ne la dérange pas, elle aimerait bien qu’on la laisse tenir quelques secondes puisqu’elle sait déjà que dans ces machins là, tout est truqué d’avance. « Heu… une minute ? » Et bien, elle se retient de rire ou de faire la réflexion, mais il est plutôt optimiste le garçon pour qu’elle tienne autant de temps, si elle l’a déjà fait, c’était quand même déjà remarquable à l’époque. Ce n’est pas pour autant qu’elle se décourage, elle retire rapidement chacune de ses affaires qui pourrait la gêne et les tend à Gauthier pour qu’il les garde en attendant que son tour passe. « Tu vas vraiment le faire ? » « Bien sûr ! C’est fun, et puis ça fait un moment que je n’ai pas fait ça. » dit-elle avant de conseiller à Olliver de négocier une place en hauteur sur les épaules de son oncle. A aucun moment la pensée que de se faire projeter par un animal mécanique puisse être mauvais pour sa santé ne l'effleure. Elle y court, toujours plus préoccupée par son propre amusement qu’autre chose. « Allez Lene ! » entend t-elle lorsque son tour arrive, elle adresse un signe aux deux garçons avant de grimper sur le taureau et s’y attachant pour au moins respecter le temps qu’Olliver l’a défié de tenir. C’est son instinct compétiteur qui la force à tenir, jusqu’à ce qu’elle ne tienne plus et soit envoyée dans le décor. Après une brève période d’applaudissement, elle revient vers les garçons. Le petit semble avoir eu son pesant de spectacle. « TROP BIEN ! » Elle lui adresse un clin d’œil, tentant de contenir un brin de fierté, c’est pas non plus un exploit d’avoir épaté un môme. « T’as tenue trop longtemps et après comment t’as volé ! T’as pas eu mal ? » Elle hoche la tête. « Non, tu verras quand tu seras adulte, t’as plus mal que tu tombes. » Bon, elle n’est pas sûre que ce soit vrai mais, ces machins-là sont tout de même assez sécurisé pour que ça ne soit pas le cas. « Pal mal. » ajoute alors Gauthier pour qualifier son exploit. « Merci ! J’espère que t’as été impressionné. » dit-elle en écho de leur précédente conversation au stand de lancer. « Je suis sûr que tu ferais pas mieux tonton. » annonce alors le petit, ce qui semble être une sorte de piège pour amener son oncle à y aller en le prenant par l’égo. « Peut-être. » Il semble que Gauthier n’ait pas eu tort, et qu’Olliver soit effectivement bien vif. Son regard à elle se joint au siens pour pousser Gauthier à relever le défi. « Non, non je ne le ferai pas. » Elle se dit qu’il veut se faire prier. « Allez tonton ! Fais leeee » « non… » « alleeeezz » Et bien, un scène qu’elle n’aurait jamais cru voir. Gauthier qui commence à manque de fermeté devant un enfant. « Juste une fois. » finit-il par annoncer, amenant par l’occasion un air de victoire sur le visage du petit. « Bien joué Olliver » dit-elle en prenant avec elle les affaires de Gauthier, comme il l’a fait pour elle un peu plus tôt. « Tu fais attention à lui. » « Oui, pour dix minutes. Je devrais m’en sortir. » lui dit-elle en essayant de lui faire peur un peu, ou du moins de jouer avec. Aussitôt partie, Lene se dirige vers les barrières pour qu’Olliver aperçoive le spectacle de plus près, parce que là, elle ne pourra pas le prendre sur ses épaules. Le tour de Gauthier arrive, il ne dure pas très longtemps mais elle a connu des gens qui ne sont resté que quelques secondes alors elle frappe dans ses tandis qu’il quitte la piste, et le rejoint. « Oui bon, c’était une première fois ein. » se défend-t-il avant de demander à son neveu « Qu’est ce que je ferais pas pour toi. » Elle finit par lui poser une question. « Est-ce que ça t’a amusé au moins ? » Elle est assez sérieuse, c’est plutôt agréable de le voir faire quelque chose que sa raison l’empêcherait en temps normal. « Bon on va faire cette pêche aux canards ? » lance t-il alors qu’elle lui rend ses affaires. Elle hausse les épaules, de toute manière, elle les suit. « Alors Olliver, est-ce que tu sais déjà ce que tu veux gagner ? Un poisson rouge ? » Oui, elle aime bien filer des mauvaises idées aux enfants des autres.

A partir de maintenant, elle peut témoigner d’avoir vu de ses yeux une scène totalement incroyable : un Gauthier Hazard-Perry qui se lâche et qui chevauche un taureau mécanique. Ça l’amuse, et en même temps, ça l’épate. Ça rejoint ce qu’elle disait plus tôt, on se sent mieux à les laisser aller à des choses qu’une haute étiquette ne permet pas. Elle-même était comme ça, avant. Toutefois, elle garde bien en tête que ce résultat, il est là parce que le petit Olliver sait sacrément bien manipuler son oncle. Elle tente de ne pas trop sourire quand il revient vers eux, elle aurait trop peur d’avoir trop l’air d’avoir raison. Elle se risque à lui demander comment c’était, par curiosité. « Pas si mal. » Il n’assume pas. « Je suppose que sur ton échelle de valeur, ça doit avoir été une expérience positive. » lui rétorque t-elle pour lui montrer qu’elle n’est pas dupe. Ils ne prennent pas le temps à argumenter sur le sujet, une pêche au canard a été promise à Olliver, et il faut qu’il l’ait. Elle n’hésite pas à foutre un peu la merde en parlant au garçon d’emporter un poisson rouge, c’est sa façon bien à elle de s’amuser. « Non c’est triste dans un bocal un poisson. » Bien. Bon petit. Il n’aura pas eu à expériencer le poisson rouge pour savoir que ça ne sert à rien. « Moi je voudrais un lapin ! Ou un chien comme celui de Deb ! Mais tonton il veut pas. » Ouais, bon elle est convaincue que le lapin soit plus utile, mais elle tait ce commentaire. « Tiens, ça ne m’étonne même pas » dit-elle en regardant Gauthier, après elle ne peut pas lui reprocher d’avoir trop raison. « On te gagnera une peluche lapin pour la peine. » Comme si ça pouvait être une compensation suffisante. Elle finit par lâcher en haussant les épaules. « On peut aussi aller voir les lapins à la ferme, c’est bien plus fun de les caresser en sachant qu’on aura pas à s’en occuper. » On lui pardonnera son manque de tact, mais elle trouve l’idée plus emballante que celle d’une simple peluche. Une fois devant le stand, elle ne peut s’empêcher de détailler les surprises déstinés aux enfants. « Je te paye aussi une partie ? » lui demande alors Gauthier, elle est surprise sur le moment, elle n’avait pas l’intention de jouer mais maintenant qu’il lance l’idée, elle veut bien s’y essayer. Elle partage un regard avec lui avant de se décider. « Oui, pourquoi pas. Ça ne m’a pas l’air sorcier. » Et puis, s’il l’invite. « Je n’ai pas vu de peluche remplie de bonbon dans les lots à gagner par contre. » dit-il en se moquant d’elle, elle répond pas une grimace censé le narguer. « C’est parce que c’était à la tombola. Fais attention, je vais croire que t’es jaloux ! » lui rétorque t-elle avant d’être interrompue par Olliver « Des bonbons ! Je pourrais en avoir aussi ? » Elle jette un regard à Gauthier, c’est lui qui lui a fait enfermé son koala après tout. « Je pense que ça, c’est une question à voir avec ton oncle. » Elle s’empare de la canne, tendu par le type du stand et en tend une deuxième à Olliver. « En attendant, ça te dit que l’on pêche en premier ? Moi, je sais déjà ce que je vais prendre quand j’aurais mes dix canards. » lui dit-elle comme si c’était une course. Elle en pêche un premier, en essayant tout d’même de ne pas être trop rapide face à Olliver et le laissant attraper les canards qui vont vers lui. Les paniers se remplissent à peu près simultanément. Le siens remplie, elle se redresse en rendant sa canne au patron. « J’aimerais le pistolet à eau là bas. » Elle pointe le jouet du doigts, vraiment impatiente à l’idée de pouvoir s’en servir.

Elle se permet son petit commentaire. Il n’est pas vraiment fondé mais elle ne serait pas surprise que le côté maniaque du contrôle de Gauthier ne soit un frein à ce qu’il adopte un animal. Pourtant, quand elle pense à son propre cas et au fait qu’elle a été capable de dresser son propre chien, elle sait que cela ne devrait pas poser problème de son côté, l’animal serait bien cadré. Mais bon, elle préfère ne pas avoir à le contredire devant son neveu, ou à lancer un débat inutile. « Peut-être je peux en cacher un sous mon T-shirt. » lui répond Olliver, l’air malicieux quand elle suggère d’aller voir les lapins à la ferme plutôt que de lui en procurer un en peluche. Elle estime que c’est cent fois plus le fun. « Peut-être. Je t’aiderais à faire diversion si tu veux. » ajoute t-elle pour poursuivre la rigolade avec lui. « Mais oui bien sûr. » lâche le principal concerné, sous les rires cachés de Lene et Olliver. « On ira voir les lapins après la pêche. » Voilà, une affaire rondement. Arrivés au stand de pêche, Gauthier lui propose de lui offrir une partie, si elle aurait très bien pu rester là à attendre qu’Olliver pêche tous ses canards, elle n’arrive cependant pas à refuser. Peut-être est-elle encore bien une petite fille à l’intérieur ? Le koala en peluche vient se glisser dans la conversation. « Ca se peut. » dit-il lorsqu’elle suggère qu’il puisse être jaloux. « Je le savais » Evidemment, le mot en b- ayant été prononcé, la conversation est interrompu par un petit intéressé. Plutôt que de promettre quoi que ce soit qu’elle ne devrait pas, Lene laisse à Gauthier le soin de réponse. « On verra si tu es sage. » Elle sent là le petit chantage propre aux parents, mais ne fait pas de réflexion. Au lieu de ça, elle se concentre sur sa pêche et veille à aider le petit avec la sienne pour ne pas trop avoir l’air de le battre. Elle est quand même assez attentive à ces questions. Aussitôt les paniers pleins, elle s’empresse de réclamer son prix, un jouet qui elle s’en doute bien fera tout aussi envie au petit garçon et embarrassera son oncle encore plus qu’un poisson rouge. « Moi aussi je peux en avoir un tonton ? » On le voit, le petit sourire de chieuse de Lene, fière d’avoir accompli cet exploit. « C’est toi qui a gagné, choisis. » Le petit raclement qui montre qu’il est pris au piège, elle rit en silence. « J’espère que tu ne comptes pas utiliser ça contre moi. » ajoute t-il quand elle prend le siens entre ses mains, elle tire dans le vide vu que le réservoir est plein. « Je ne sais pas, on verra quand il sera plein. » lui dit-elle, une lueur de défi dans le regard. « Il faudra que tu sois sage. » ajoute t-elle en faisant un clin d’œil à Olliver. « On va les voir ces lapins ? » Elle range rapidement son pistolet dans son sac et se met en chemin avec eux. Elle reste à côté de Gauthier tandis qu’Ollie avance devant eux. « Je sens que je vais regretter de t’avoir payé ta pêche. » A voir comment le petit aime son jouet, probablement. « Oh, comme ça, tu penseras plus souvent à moi. Tu sais, je lui ai pas encore dit qu’il peut mettre des liquides pire que de l’eau dans ce truc là. » Et non, pour l’instant, elle n’avait encore été malveillante au point de lui dire que pour bien faire chier, l’eau de javel ou un liquide bien collant étaient parfait à mettre dans les pistolets. « T’inquiète, je ne le ferais pas. » lui assure t-elle avant qu’il lâche un avertissement. Ils arrivent à hauteur de la ferme, là où d’autres enfants se réunissent autour des bêtes. Elle s’arrête près de l’entrée. « Je te laisse le lâcher dans l’enclos. »