« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Cette proximité m’affole autant qu’elle m’apaise. Je me sens revivre, et même si la situation de notre rencontre est insensée, qu’elle peut paraître ridicule d’un point de vue externe, je m’en fous. Mes doigts se plaisent à passer dans ses cheveux, pour redécouvrir mon homme dont j’ai été trop longtemps privée. J’ai peine à croire qu’il y a quelques minutes à peine, il m’hurlait dessus comme si j’étais la dernière des trainées, et là je suis près de lui, resserrant ma main dans la sienne, peu encline à le laisser partir. J’ai besoin de savoir que ce n’est pas un rêve, et nous connaissant l’orage peut reprendre à tout instant. Je dois jouer douce, choisir mes cartes, si je veux qu’il me reste. Si je veux qu’il ne me dise pas de partir à nouveau. Alors je prends mon temps, glissant mes doigts jusque que sur sa mâchoire, l’effleurant à peine, craintive d’aggraver son état. Je le scrute, à croire que j’ai peur de fermer les yeux et qu’il disparaisse. Je n’ai pas été assez pour le retenir par le passé, et l’idée qu’il puisse encore filer entre mes doigts est ma plus grande peur, celle que je n’oserai jamais avouer. « Ma connerie… Pour changer ! » Je déglutis, bien habituée à ses excès de colère et d’impulsivité. À croire que le temps ne l’a pas changé. « J’ai voulu défendre un truc qui m’appartient même pas. Un vrai con… Tu connais la musique hein… » Sa possessivité est aussi une partie de lui que je ne connais que trop bien. C’est d’ailleurs sur cet aspect que j’ai joué, il y a trop d’années, alors que je l’ai supplié de prendre ma virginité. Je baisse les yeux, me demandant qu’est-ce qui est aussi important dans sa vie pour qu’il se batte et se ramasse dans cet état. Des mois que je n’ai que peu de nouvelles de lui, et l’idée qu’il ait… qu’il soit… Ça me coupe le souffle. Une peur s’insinue en moi et je serre sa main en même temps que ma respiration s’accélère. Je devrais lâcher la chose, mais impossible, ma curiosité dévorante a besoin de savoir s’il y a une femme dans sa vie. Une femme qui vit mon rêve, une femme qui aura eu tout ce que je désire dans ce monde. « Qu’est-ce… Qui… Quoi ? Qu’est-ce qui a autant de valeur ? » Ma voix est faible, je redoute sa réponse. Mon autre main revient se poser sur notre étreinte, dans le but de le retenir plus fort. J’ai si peur qu’il m’abandonne à nouveau... « Tu sais, ce n’est pas parce que quelque chose ne t’appartient pas que tu ne dois pas te battre pour. Parce que quand on … » quand on aime, mais ces mots ne passent pas le cap de mes lèvres. « Parfois on laisse les choses aller, et on réalise qu’on aurait pas dû. Et il est trop tard… » Je suis incapable de terminer. Parce que je repense à lui, mais je me dis que même si je m’étais battu, il n’aurait jamais été mien. Parce qu’il n’a jamais voulu l’être.
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
« Qu’est-ce… Qui… Quoi ? Qu’est-ce qui a autant de valeur ? » Si mes pommettes tuméfiées pouvaient traduire le fond de mes pensées à cet instant précis, elles prendraient avec éloquence une couleur pivoine. Pivoines, des fleurs qui, à chaque fois qu’elles sont évoquées, me transportent des mois en arrière… Je nous revois au clair de lune dans le parc de notre enfance, moi à genoux, elle le rose aux joues. Nous sommes désormais à des années-lumière de cette nuit et pourtant mon désir pour mon ange n’en est que décuplé. Si je n’ai jamais désiré une femme autant qu’Azur, je sais que ce soir ne représente que les prémisses de la passion dont je peux faire preuve à son égard. Seulement, il ne s’agira à jamais que d’un désir inexorcisé, qui nourrira uniquement mes fantasmes jusqu’à ma mort. À la place, je tape sur les mecs qu’elle se tape. Douce ironie. Ma lèvre inférieure, ébréchée, ne partage pas ma perception de ce comique de situation. « Tu sais, ce n’est pas parce que quelque chose ne t’appartient pas que tu ne dois pas te battre pour. Parce que quand on … » Oh comme tu soulignes une vérité, ma Soie. Mes poings en sont témoins. Et si je ne supporte pas qu’un autre homme pose la main sur toi, comment pourrais-je te l’avouer sans être ridicule ? Me pardonnerais-tu mon absence crédit dans cette bataille ? Laisserais-tu ta main douce et gracile vagabonder depuis mes mèches rebelles jusqu’à l’arrête de mon menton meurtri pour tes beaux yeux ? Je ne maitrise pas la portée de mes confessions, sous pesant chacun de mes mots, de peur de rompre cette promesse que je me suis faite de ne pas l’impliquer dans ce merdier qu’est devenu ma vie de famille. Mais tout mon corps n’appelle qu’à d’autres caresses, avide de ce contact dont il a été si longtemps privé. Comment la garder près de moi, tout en veillant à rester loin d’elle… Je me retrouve dans une impasse, autant dans la réalité que dans les méandres de mon raisonnement… « Parfois on laisse les choses aller, et on réalise qu’on aurait pas dû. Et il est trop tard… » Il y a une part de vérité dans tout ce que dit Azur. Et ce soir ne fait pas exception à la règle. Était-il trop tard pour revendiquer ma Soie comme ma propriété. Très certainement. Mais pourrais-je me regarder dans un miroir si je ne l’avais pas fait ? Certainement pas. Si Darren ne m’avait pas flanqué cette raclée, je me la serais probablement administré, de n’avoir bougé un cil dans ce combat que je m’attribuais à tort. J’opte pour une vérité. « Tu vas te foutre de ma gueule… » Azur me connait, moi et mes accès de colère. Mais ce soir ma bêtise atteint des sommets, et j’ai peur de perdre ce qui me reste de fierté en lui avouant l’origine de cette dispute. Alors je me souviens de cette époque où ne nous jugions guère, faisant promettre à l’autre son soutient malgré la gravité ou le ridicule de la situation. Je lève faiblement ma main libre, petit doigt tendu dans sa direction. « Tu promets de rester quand même ? Tu promets de pas crier ? » Et je prie pour que son auriculaire s’accroche au mien, comme je m’accroche à elle, telle une bouée de secours dans la naufrage qu’est cette soirée.
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
La douceur de notre échange rend propice les confessions que j’ai envie de lui livrer depuis cette nuit. Parce que même si je pense avoir fait le bon choix en quittant, le voir s’éloigner de moi me rappelle que les occasions se feront de plus en plus rares, que je n’aurai peut-être plus la chance de lui avouer la nature des sentiments que je lui porte depuis toujours. Et depuis qu’il m’a dit de partir, je ne vis que pour le moment où il reviendra. Je nous reconnais bien là, à s’hurler dessus juste avant un moment décisif, ne pouvant offrir la douceur à l’autre qu’après avoir exorcisé nos démons en nous criant dessus. On est pas comme les autres, c’est le moins qu’on puisse dire, mais on est nous. Si nous il y a encore. Orion, il y a encore un nous ? Parce que c’est ce que je chéris le plus au monde, je sais pas si t’en as conscience, je sais pas si toi aussi... C’est la seule chose que je désire, c’est la seule chose dont j’ai envie, que toi et moi formions un nous. « Tu vas te foutre de ma gueule… » J’ai peur de la suite. J’ai peur qu’il ait rencontré la perle, celle pour qui il est prêt à casser la gueule à un inconnu alors qu’elle n’est même pas à lui. Je ne sais pas si je pourrais accuser de tels aveux, mais je n’ai pas le choix. Je ne veux pas partir. Pas maintenant, pas jamais. Je ne prends pas de temps pour me saisir de son petit doigt quand il me le tend, me sentant complète d’être liée à lui pas nos deux mains. Mon corps réclame toujours plus, mais pour le moment je ne peux que me concentrer sur mon cœur qui débat, inquiète de la confession à venir. J’ai aussi peur que je désire le savoir. « Tu promets de rester quand même ? Tu promets de pas crier ? » «Non, je te jure que non. Je ne me foutrai jamais de toi. » Clairement pas quand ce sujet lui tient autant à cœur. « Et je t’ai dit, je ne partirai pas tant que tu ne me le demanderas pas. Je reste Orion, je reste, ok ? » Mes gestes se font plus rapide que mes paroles, et je porte nos mains toujours enlacées à mes lèvres, pour y déposer un baiser auquel je ne sais pas quelle signification y apposer. Je ne réagis plus, mais je me rends compte que je vais peut-être trop de l’avant dans mes propos, mais mon cœur, comprimé par ce stress de cette confession à venir et alimenté par les élans d’espoirs qu’il pense percevoir à raison de ma lucidité, teintant ma remarque de tous mes désirs inavoués. « Et je te promets, je ne crierai pas à moins que tu me le demandes. » Je termine en lâchant un petit rire, bien consciente qu’il s’agit de la première fois que j’aborde le sujet de notre nuit depuis cette dernière. Et je n’ai pas honte, mon regard amusé et débordant de tendresse plongeant directement dans le sien suite à cette phrase qui sera, peut-être, mal perçue.
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
L’atmosphère a changé du tout au tout. Tantôt nous usions nos cordes vocales l’un contre l’autre, nous sommes désormais doigts liés et corps rapprochés. Mais c’est nous, ça. La tempête qui fait rage avant l’accalmie salvatrice. On fonctionne comme ça, il en a jamais été autrement. C’est ce qui nous différencie de tous les autres, c’est ce qui nous représente, c’est comme ça qu’on fonctionne, et pas autrement, c’est tout. Je nous aime comme ça. Je nous ai toujours aimé comme ça. Ça changera pas. Jamais. Et je bénie notre altercation, parce que sans elle, Azur n’enroulerais pas son petit doigt autour du mien, gageant son geste d’une promesse chère à mon cœur. « Non, je te jure que non. Je ne me foutrai jamais de toi. » Je retrouve ma Soie, ma moitié, mon tout. Sa bienveillance me brise autant qu’elle me réconforte. Je savoure cette tendresse tout en sachant pertinemment que je ne la mérite guère. Je ne m’en suis que rarement montré digne, et ce soir ne fait pas exception à la règle. Elle est la belle, je suis la bête… Le bête, le stupide, l’idiot, le débile, en l’occurrence. Ma joue douloureuse m’empêche de me donner une baffe, souffrant déjà bien assez. Merci Darren, grâce à toi je m’épargne une auto correction. Connard ! « Et je t’ai dit, je ne partirai pas tant que tu ne me le demanderas pas. Je reste Orion, je reste, ok ? » Je veux l’enregistrer, l’implorer de me le répéter, lui supplier même, me le faire tatouer sur le cœur. A la place je tente de le graver dans ma mémoire, priant pour que les années n’altèrent pas la beauté de ce souvenir, car je sais qu’il ne représentera guère plus, d’ici quelques mois… Un souvenir. « Et je te promets, je ne crierai pas à moins que tu me le demandes. » Son rire me pousse enfin à relever la tête, désireux de partager ce rare moment de complicité, mon regard plongé dans le sien. Instantanément, je me perds dans l’immensité de ses iris, me demandant comment ai-je pu survivre si longtemps sans gouter à ce bonheur incommensurable. J’en oublie presque ce qui nous a amené ici. Presque. Parce que la douleur sourde mais bien présente dans mes côtes me rappelle mon impulsivité. Me rappelle qu’elle est peut-être là, mais qu’elle n’est pas mienne pour autant. Elle n’est pas mienne, bien que je la revendique à coup de phalanges, bien que je la rêve à mon bras tant dans mes délires nocturnes, que dans mes rêveries diurnes. Elle n’est pas mienne… Elle n’est pas mienne. Bordel ! Elle n’est pas mienne ! Et même si elle évoque le sourire aux lèvres notre première (et dernière) nuit ensemble, je sais que j’ai peu de chance de l’entendre à nouveau crier de la sorte… Je me garde bien de relever ce fait… « Ce soir j’ai vu un type de la fac… » Je sais même pas comment amener ça. Je veux dire, je pourrais simplement dire un truc du genre « Je suis qu’un connard, jaloux et impulsif qui supporte pas que tu puisses appartenir à un autre que moi. T’es à moi ok ? À moi ! » Sauf que dans le genre brut de pomme, on fait pas mieux. « Darren… Je suppose que ça te parle… » Ma mâchoire se crispe à la simple évocation de ce bouffon. Mon sang bat plus vite dans mes veines, et je peux pas retenir un juron… « Putain Azur, qu’est-ce que tu lui trouves à ce connard !? »
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Les secondes qui passent semblent de plus en plus longues. J’anticipe sa réponse, j’anticipe sa réaction. Parce que j’aime le pousser à bout, j’aime jouer avec ses limites et évoquer notre nuit est sûrement la dernière chose que j’aurais dû faire. Sûrement parce que j’ai le besoin de rétablir qu’il a déjà été mien pour un bref moment. Pour un instant où j’ai goûté les étoiles, où j’ai vu ce que la vie a de meilleur à offrir. Alors qui lui se bat pour une femme qui n’est pas sienne. Je resserre mon emprise sur ses doigts, tentant de me donner de la force. Il ne devrait pas avoir peur que je parte, je suis toujours là. Je serai toujours là pour mon tout, ma moitié, mais lui pourrait être accusé de jouer avec ma dévotion en me repoussant de la sorte. Sauf que je m’en fous. Ce soir, il veut que je reste, je reste. Sans conditions. Sans compromis. « Ce soir j’ai vu un type de la fac… » Je reste silencieuse. Comme d’habitude, je vais l’écouter avant de parler. C’est comme ça qu’on fait, et je ne veux rien manquer de ces propos qui pourraient si facilement me briser. « Darren… Je suppose que ça te parle… » Mon sang ne fait qu’un tour et je baisse le regard, comme si je pouvais trouver une réponse étampée sur le bitume. Quelque chose qui n’est pas à lui, quelque chose pour laquelle il s’est battu... Avec le gars que j’ai vu il y a quelques semaines. Mon cœur accélère. Je ne sais pas si je comprends. Je ne sais pas comment je dois réagir. « Putain Azur, qu’est-ce que tu lui trouves à ce connard !? » Mon souffle se coupe. Il parle de moi ? Il s’est battu pour moi ? Mais ? Je ne suis qu’incompréhension, reculant un peu devant ses accusations. Je ne sais pas comment accepter cette confession cachée, alors je décide de me donner du temps, répondant à sa question qui lui a déformé son visage d’un air de dégoût. « Darren ? » Je prononce ce prénom, peu consciente de l’effet que cela peut avoir. « Je… » Je baisse les yeux, ma voix ne relevant pas l’intonation un brin agressive dans la sienne. « Je pensais que tu l’aurais compris aujourd’hui… » Tant de mystère, je ne fais aucun sens. Et si normalement je l’aurais laissé trouver la clef de l’énigme, ce soir je n’en ai pas envie. J’ai ouvert les vannes et les confessions si longtemps retenues ne se priveront pas de cette occasion. « Que si je suis facile avec les garçons, c’est pour oublier que le seul que je veux ne veux pas de moi. » Ma voix se fait de plus en plus faible. Et je repose ma main sur notre étreinte, jouant avec mes doigts, maintenant cette proximité que je ne compte pas rompre. « Que le seul… J’essaie de l’oublier. » Je prends une inspiration. Je ne peux pas cesser ici, alors les trois mots suivants sortent, comme un ultimatum. Comme une ultime confession : « De t’oublier. »
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Les mots s'échappent de ma bouche comme s'ils n'avaient jamais eu d'autre vocation que de se faire aveux aux oreilles de ma Soie. Une simple question qui révèle pourtant toute la haine que je porte à cet homme, mais aussi tout l'amour que je porte à cette femme. Parce que je ne sais pas faire les choses communément, le chemin le plus court n'est jamais celui que j'emprunte, me torturer l'esprit est l'un de mes hobbies favoris et mes confessions prendront toujours la forme d'énigmes que seule elle pourra déchiffrer... Parce que c'est elle. Elle et pas une autre. Alors, je lui ouvre mon cœur par le seul moyen qui me semble familier : la colère. La violence de mes propos, l'état dans lequel je me retrouve ce soir, ma rancœur à son égard, sont autant de preuves de la portée de mes sentiments. Et pourtant... Pourtant, je me refuse à lui offrir ces trois petits mots qui me brûlent la langue... « Darren ? » Son prénom ravive la douleur qui élance tout mon corps, je ressers involontairement la pression de mes doigts, mon visage tout entier se crispe. Réaliser que cela n'est plus mon prénom qui passe le seuil de ses lèvres aujourd'hui est la plus amère des souffrances. Ce n'est plus du sang que j'ai envie de cracher mais, bien cette rage que je cultive envers cet homme, envers ces hommes, envers SES hommes. Ces autres, ni nombreux, si... autres que moi. « Je pensais que tu l'aurais compris aujourd'hui... » Suis-je vraiment en état de comprendre quoique ce soit ? J'en doute. «Que si je suis facile avec les garçons, c'est pour oublier que le seul que je veux ne veux pas de moi. » La brulure de ses lèvres sur ma peau irradie le long de ma main alors que je bois ses paroles sans véritablement comprendre. « Que le seul... J'essaie de l'oublier. » J'ose plus lever les yeux, trop heureux de sentir encore cette pression sur ma main, alors qu'elle n'est plus. Préférant me concentrer sur ce baiser que sur ses paroles, l'un se révélant bien plus chargé d'espoir. J'ai peur. Peur de ce qu'elle va m'avouer, de ne pas avoir les mots, de ne pas avoir le cran. Peur. « De t'oublier. » Immédiatement mon regard cherche le sien, comme confirmation de ses propos, comme certification de sa sincérité. « Tu veux vraiment m'oublier ? » J'ai pas pris le temps de réfléchir avant de parler. Ni même d'analyser ce qu'elle vient de me dire... Elle veut m'oublier. Elle veut m'oublier avec d'autres. Elle veut m'oublier avec d'autres parce que je suis le seul ? Bordel, comment pouvait-on avoir un raisonnement aussi nul ? Et comment pouvais-je être le seul ? Autant de questions qui brulent mes lèvres et pourtant je rationalise l'ensemble à quelque chose de bien plus pragmatique. Parce que je ne suis pas certain de pouvoir contrôler ce trop plein d'émotions qui se joue en moi. « Pourquoi tu es venue si tu veux m'oublier ? » Pourquoi suis-je celui qui se retrouve en lambeaux dans cette ruelle et elle qui accourt à mon secours ? Je me suis toujours promis d'assurer sa sécurité, à la place de ça, je l'empêche de m'oublier avec ma putain de possessivité et mes côtés fêlées. Je suis le plus grand égoïste que cette planète porte. « Je pourrais... » Je m'écarte un instant, pour cracher cette salive trop écarlate pour gager ma bonne santé. « J'veux dire... Même si j'essayais... » L'éloquence semble avoir quitté ma bouche, j'en profite pour l'essuyer du revers de ma main libre. « Je pourrais jamais t'oublier. » Mes yeux ne peuvent affronter les siens, je reporte toute mon attention sur ses bas filés, en traçant le chemin du bout du doigt.
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
« Tu veux vraiment m'oublier ? » La réponse à cette question s’impose comme une évidence : non, je ne veux pas. Je ne veux pas oublier celui qui détient la moitié de mon âme et l’entièreté de mon cœur. Celui que je considérais, et considère toujours, comme la certitude de mon existence. Silencieuse, je me mords la lèvre suite à sa question, bien consciente que la négation de ma réponse ne serait qu’admettre que je ne suis que contradiction. Que nous ne sommes que contradiction. « Pourquoi tu es venue si tu veux m'oublier ? » Parce que je ne veux pas t’oublier, merde ! Sauf que je ne lui dis pas, pas tout de suite, préférant m’aventurer dans une pente glissante qui aura sûrement tôt fait de ranimer cette colère qui semble si facile activer lorsque je me trouve près de lui. « Tu m’as demandé de dégager, je… j’avais pas le choix… » On a toujours un choix et j’ai fait le mauvais, si les propos qu’il me livre sont bel et bien le reflet de ses sentiments. Mes yeux se tiennent loin de lui, je continue de jouer après notre étreinte que je ne compte pas lâcher de sitôt, relevant le regard que lorsque qu’il reprend la parole. « Je pourrais... J'veux dire... Même si j'essayais... » Son discours s’arrête quand il passe une main sur sa bouche et j’attends la suite, anxieuse. « Je pourrais jamais t'oublier. » Mon cœur se serre suite à ces mots que j’ai trop souvent voulu entendre. Et ses doigts passant lentement le long de mes bas ont raison des dernières barrières qu’il me reste. Je relève ma main libre pour la glisser sur sa lèvre inférieure, volontairement, s’arrêtant à la commissure de ses lèvres pour y enlever un peu de sang qu’il n’a pu saisir il y a quelques instants. J’ai l’impression que le temps s’est arrêté et que seul les battements assourdissants de mon cœur me rappellent que les secondes continuent de défiler. « Je veux pas que tu m’oublies Orion. Jamais. » Et les valves ouvertes de mes confessions sont maintenant impossible à arrêter, même si je me doute bien qu’elles ne seront pas accueillies avec une étreinte chaleureuse et un baiser passionné. Je m’en fous. « Et je veux pas t’oublier non plus. Ce que je veux… » c’est que tu sois à moi, mais je ne sais pas comment le dire. Je sais que je risque d’accuser un nouveau rejet et cette éventualité me fait peur, si peur. Sauf que son attitude déteint sur moi, et ma voix sonne peut-être trop sèche lorsque j’avance les propos suivants. « Pourquoi tu me dis de dégager, hein ? Si des mois après t’es là, à… » Ma main libre désigne la ruelle où nous nous trouvons. « Tu veux pas de moi, alors que merde… J’donnerais tout pour toi Orion ! Et si je reviens, c’est parce que j’en veux toujours pas d’autre… Parce que mes tentatives pour t’oublier échouent lamentablement les unes après les autres ! » Et ma voix se calme, même si je m’hurlerais bien après d’être autant handicapée de sentiments, incapable de lui dire simplement que je suis toujours amoureuse de lui… « Et parce que j’ai toujours l’espoir naïf que tu voudras, enfin, de moi… »
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
« Tu m’as demandé de dégager, je… j’avais pas le choix… » On a toujours le choix. Peut-être l’un des seuls enseignements que m’a transmis mon père… Et sur ce point je ne peux pas lui donner tort. Notre vie est faite de choix. De bons, comme de mauvais. Je n’avais jamais été exemplaire, loin de là. Mais, je savais que nombre de mes « bons » choix avaient été influencés par Azur. Aujourd’hui je ne peux concevoir cette résolution. Alors bien sûr, je l’ai fortement encouragé à m’abandonner… Pourtant, jamais à sa place je n’aurais suivi cette voie… Mon amour pour elle n’a pas de limite et rien ne peut me résoudre à emprunter ce chemin pentu… Ma dévotion est indéfectible, mais la sienne ne peut se targuer de ce qualificatif. Ce n’est pourtant pas une surprise, c’est elle qui, le lendemain de cette nuit magique, m’a laissé en plan, tirant une croix sur l’avenir qui s’était tissé dans mon esprit, ce « nous » qui fut aboli en un claquement de porte… « Je veux pas que tu m’oublies Orion. Jamais. » L’oublier me parait impossible, invivable même. L’éventualité d’une vie sans même son ombre me semble insipide, je préfère encore la savoir amère qu’indifférente ! « Et je veux pas réellement t’oublier non plus. Ce que je veux… » Mon ongle s’accroche volontairement à l’une des mailles de ses bas, comme pour l’encourager à poursuivre, pourtant sa voix se fait pieuse, me laissant moi et mes incertitudes en proie à nos angoisses habituelles… « Pourquoi tu me dis de dégager, hein ? Si des mois après t’es là, à… » Je relève la tête. Ma Soie a déserté… La sécheresse dans sa voix m’atteint en plein cœur. Elle me connait si bien, qu’une parole trop bien placée aurait raison de mon âme… « Tu veux pas de moi, alors que merde… J’donnerais tout pour toi Orion ! Et si je reviens, c’est parce que j’en veux toujours pas d’autre… Parce que mes tentatives pour t’oublier échouent lamentablement les unes après les autres ! » Les unes après les autres. Sans blague… Mon cœur bat à tout rompre alors que sa voix résonne dans la ruelle. Les décibels font échos à ma rage : elles ne font qu’augmenter. «Et parce que j’ai toujours l’espoir naïf que tu voudras... enfin, de moi... » Ma patience à des limites, et Azur les franchit allègrement. Je ne peux en supporter davantage, regrettant presque mes aveux … Alors que je lui confesse mon incapacité à l’oublier, elle me rabâche le nombre de partenaire qu’elle a eu pour me rayer de son esprit… Et me voilà le seul à blâmer dans cette histoire ? La douleur n’est plus tant la colère prend possession de mes muscles ! Je lâche bien évidemment sa main, abandonnant le tracé de ses bas par la même occasion. Ça m’arrache un haut le cœur que je retiens, bien décidé à ne pas laisser mon état physique prendre le dessus sur ce que je ressens ! « Tu te fous de ma gueule ? » Je crache. « Non vraiment, j’espère que tu te fous de ma gueule!» Je balaye du revers du bras ses éventuels griefs, bien décidé à exposer les miens. « Parce que tu vas me faire croire que lorsque t’en avais un entre les cuisses c’était pour moi ? Juste pour moi ? » J’éclate de rire, rapidement rattrapé par les douleurs de mon abdomen, je m’en fou, je peux crever, elle n’en a strictement à foutre de ma gueule. « À d’autre, Azur! Tu culpabilises juste ! Tu fais ta bonne action du jour avec le voyou du coin comme ça tu pourras t’abandonner dans les bras d’un autre l’esprit et la conscience tranquille ! » Mes poings serrés témoignent de ma possessivité, mais que puis-je faire face à cette pléiade d’adonis face auxquels je ne peux rivaliser…
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Ma respiration se stop quand je sens ses doigts s’accrocher à une maille de mes bas, mais je me sens briser quand il lâche ma main. Son visage se déforme avec dégoût et colère, et je sais que cette expression si vive n’est causée que par mes propos. Évidemment, fallait qu’on s’hurle dessus à nouveau ! « Tu te fous de ma gueule ? » Le ton abrupt de sa voix réveille mon système nerveux et en moins de deux, je suis sur mes pieds, en face de lui, cherchant à distancer mon corps de cet homme qui semble maintenant me détester plus que tout. « Non vraiment, j’espère que tu te fous de ma gueule ! » Sa voix me transperce comme un poignard, je ne fais que reculer sous l’impact de ses mots, impuissante face à son changement si rapide d’attitude. « Parce que tu vas me faire croire que lorsque t’en avais un entre les cuisses c’était pour moi ? Juste pour moi ? » Il a osé… ! Et en plus il se mets à rire ! Mon cœur se serre, mais toutes ces émotions négatives commencent à prendre aussi possession de mon être. Cherchant à me calmer, du moins à ne pas l’interrompre, je fais les 100 pas, pas le moins du monde gênée par mon choix de chaussures. Outre les paroles qu’il vocifère à mon égard, seul les claquements de mes talons sont audibles dans cette ruelle. « À d’autre, Azur ! Tu culpabilises juste ! Tu fais ta bonne action du jour avec le voyou du coin comme ça tu pourras t’abandonner dans les bras d’un autre l’esprit et la conscience tranquille ! » J’arrête mes pas, brusquement, me retournant devant lui. « Bordel, mais tu comprends vraiment rien de rien Orion ! » Ma voix n’est pas aussi claire que je le souhaite, mais je m’en fous : il va m’entendre. « Qu’est-ce que je peux faire pour que tu comprennes ? » Je passe une main dans mes cheveux, les tirant un peu au passage, paniquée par cette colère trop intense qui prend possession de moi. Mes mains tremblent presque, mais je ne peux me résoudre à croiser les bras pour le cacher, cherchant à exprimer tout ce que je ressens avec le plus d’emphase possible. « Faut te faire un dessin ou quoi ?! Que… » Je déglutis, sachant que si j’avais eu à lui avouer les mots suivants, j’aurais aimé que la situation soit tout autre, mais je n’ai plus de filtres, je n’ai plus le choix. « Qu'est-ce que je dois faire pour te faire comprendre que je suis amoureuse de toi depuis que je suis une gamine, et que la nuit où on a fait l’amour c’était le meilleur moment de toute ma pitoyable vie ? » Je prends une inspiration et je continue sans lui laisser le temps de placer un mot. Je dois continuer, mais surtout je ne dois pas réaliser que je lui ai enfin avoué la vraie nature de mes sentiments, sinon je risque de prendre mes jambes à mon cou avant d’avoir terminé ma tirade… « Que comme une cruche, je t’ai attendu, pleine d’espoir qu’un jour on puisse être ensemble ? Mais non, évidemment ça s’est pas passé comme je voulais ! Parce que je gâche toujours tout ! Alors je suis devenue la catin que t’as devant les yeux, une pauvre fille qui tente d’oublier qu’elle est pas assez bien pour le seul qu’elle aime ! C’est comme ça que tu me vois, non, comme une trainée pathétique ? C'est pour ça que tu me parles comme ça ? » Je sens une larme rouler, je ne me suis même pas rendue compte que je pleurais. Je l’essuie avec ma manche, mon ton devenant tout de suite plus doux. Je n’ai plus de colère, que de la tristesse, et je sens que mon point de rupture est bientôt atteint. Je m’en veux, bordel que je m’en veux, je suis la seule à blâmer dans cette histoire. Et ça me tue. « Parce que j’étais folle de toi Orion… J'en ai jamais voulu un autre que toi... Jamais aimé un autre… Tellement, que t’aurais pu me passer la bague au doigt quand tu voulais... Et je pense que même encore aujourd’hui t’aurais pu… » Je termine avec une petit rire et passe une main sur mon visage, consciente que les larmes sont trop nombreuses pour que je puisse les retenir, peu consciente de tous les aveux que je lui offre alors qu’il n’en a rien à foutre de ma pauvre gueule. Je poursuis, difficilement, la voix tremblante, sachant que je vais m'effondrer d'une seconde à l'autre. « Alors si je suis là, c’est clairement pas pour une bonne action ou tenter de déculpabiliser quoique ce soit. Mais si c’est comme ça que tu me vois… » Je m’étouffe sur ces derniers mots, un sanglot trop fort me coupant la parole. Je ne suis qu’une incapable. Je ne suis qu’une trainée, une catin, une pute, une connasse, une salope qui se laisse baiser par qui veut bien. Et c’est tout ce que je serai pour lui. Incapable de lui faire face, je me tourne et me dirige vers le mur opposé à celui où il est adossé, cherchant à sortir mon téléphone de mon sac pour appeler les secours. Sauf que mes yeux embrouillés m’empêchent de voir clairement et que mes mains tremblent trop pour que je puisse faire quoique ce soit. J’ai envie de m’effondrer au sol et de pleurer jusqu’à en mourir. Dieu que j’ai mal, j’ai si mal… C’est pire que d’avoir l’impression de perdre l’amour de sa vie : c’est savoir que j’ai bâti tous mes espoirs sur des fantasmes et que tout vient de m’être retiré, d’un coup.
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Je regrette instantanément mon geste, alors que mes doigts quittent sa peau sublimée dans cette paire de bas qui me fait définitivement tourner la tête. Mon corps semble se désolidariser de mon esprit, lui faisant comprendre qu’il s’agit là d’une (très) mauvaise décision. Ça m’élance déjà dans les bras, et ça s’amplifie à mesure que je m’écarte d’elle, furieux comme un enfant de six ans à qui on aurait refusé un jouet… La distance meurtri mon âme, bousille mon corps, anéanti la colère. Mais il est trop tard. Déjà elle saute sur ses pieds pour creuser un peu plus ce qui me semble être un gouffre entre nous… Je gâche tout ce que je touche, elle a remonté le pont levis qui menait à son cœur, il ne me reste plus que les douves que je remplirai aisément avec mon chagrin… Avec ma rage. Mon rythme cardiaque s’accélère pendant qu’elle fait les cent pas, diffusant la douleur un peu plus vite, un peu plus fort. J’en ai rien à foutre de l’hôpital, des médecins, de la morphine, ou de tout autre médicaments ! Le seul médicament dont j’ai besoin il se trouve contre le mur opposé, et je viens de l’envoyer valser. Depuis qu’elle a débarqué ce soir, c’est comme si mes plaies s’étaient résorbées. Mon égo ne leur a pas emboité le pas, préférant décupler en son contact. Bordel ! Et qu’on ne me rabâche pas la leçon sur les placebo ! Placebo, médecine douce, médecine dure, j’en savais rien, je voulais pas le savoir, à dire vrai. La seule évidence dans cette nuit bien trop obscure, c’est elle, mon seul et unique remède. Et parce que je suis incapable de lui dire, ou d’accepter ses justifications, je dis adieu à mon élixir de bonheur. Bon à rien ! « Bordel, mais tu comprends vraiment rien de rien Orion ! » Je lui concède volontiers, ma colère s’amenuisant à mesure qu’elle s’écarte… Je ne me contrôle plus lorsque mon corps est trop près du sien, comme si je luttais pour ne pas succomber aux charmes qu’il me promet. Elle ne me promet rien de plus qu’un savon à l’heure qu’il est. « Qu’est-ce que je peux faire pour que tu comprennes ? » Sa voix se fait guerrière et je suis prêt à affronter cette déferlante d’émotion. Interdit, je l’observe gérer cette colère toute nouvelle. Nouvelle, ou juste bien trop ancienne pour que son corps puisse l’appréhender. Ça me fait mal de me dire qu’à une époque, elle savait la gérer, toute cette colère. Parce que comme le connard que je suis, ma Soie était ma cible privilégiée. Seule elle savait me calmer, m’apaiser. Ça semble toujours vrai aujourd’hui. Mais je m’évertue à refuser cette accalmie. Je mérite de souffrir. Putain. Je le mérite… Pas elle… « Faut te faire un dessin ou quoi ?! Que… » À bout de souffle, à bout de tout… À bout de nous ? Mon cœur se serre. « Qu'est-ce que je dois faire pour te faire comprendre que je suis amoureuse de toi depuis que je suis une gamine, et que la nuit où on a fait l’amour c’était le meilleur moment de toute ma pitoyable vie ? » Mon cœur éclate. « Que comme une cruche, je t’ai attendu, pleine d’espoir qu’un jour on puisse être ensemble ? Mais non, évidemment ça s’est pas passé comme je voulais ! Parce que je gâche toujours tout ! Alors je suis devenue la catin que t’as devant les yeux, une pauvre fille qui tente d’oublier qu’elle est pas assez bien pour le seul qu’elle aime ! C’est comme ça que tu me vois, non, comme une trainée pathétique ? C'est pour ça que tu me parles comme ça ? » Je l’aime. Je l’aime. Je l’aime. Elle m’aime ? Oh bordel… Je ne mérite pas son amour… Je suis un tel connard que j’ai réussi à la convaincre que c’était de sa faute. Entièrement et uniquement de sa faute. Qu’est ce qui ne tourne pas rond chez moi, putain ? Je sais pas ce qui me prend, j’envoie mon poing contre le bitume, sachant par avance l’issue de cette folie. Mes os se brisent contre le sol, m’arrachant un hurlement de douleur. Je suis complètement con. Je combats le mal par le mal. Ma main me fait souffrir le martyr, oubliant presque mon cœur qui saigne. Presque. Ma Soie n’est pas décidée à arrêter. Je l’ai rêvé. Tant désiré, ma Soie me déclarant sa flamme. Tant attendu, alors qu’elle a passé le pas de ma porte sans se retourner, sans me rappeler, sans souhaiter continuer. Pourtant, des mois et des mois plus tard, entendre ces aveux sortir de sa bouche sonne comme une douloureuse torture à mes oreilles. Tout est de ma faute… « Parce que j’étais folle de toi Orion… J'en ai jamais voulu un autre que toi... Jamais aimé un autre... Tellement, que t’aurais pu me passer la bague au doigt quand tu voulais... Et je pense que même encore aujourd’hui t’aurais pu… » Épouse-moi, bordel ! Je t’en supplie. J’invoque tous les Dieux de ce monde, je les implore qu’aucun homme, jamais, ne lui passe la bague au doigt. Aucun, excepté moi, tout en sachant que c’est impossible. Mais je peux pas l’abandonner. Pas ce soir, pas cette nuit. Jamais… Je prends appui sur ma main très abimée, m’arrachant une grimace guère engageante. Je n’en ai cure. Mes pieds poussent contre le sol, mon dos s’accrochant aux irrégularités du mur sur lequel je m’appuie. J’imagine déjà l’état de ma peau demain, non sans me rappeler son état le lendemain de cette fameuse nuit… La meilleure nuit de ma vie. De ma misérable vie. « Alors si je suis là, c’est clairement pas pour une bonne action ou tenter de déculpabiliser quoique ce soit. Mais si c’est comme ça que tu me vois… » Je parviens enfin à me relever, jaugeant les mètres qui me séparent de mon ange comme une centaine de kilomètres. L’air vient à me manquer, mais je sais qu’il regagnera bien vite mes poumons dès lors que je l’aurais rejoint, elle, ma bouteille d’oxygène. Les larmes creusent des rizières le long de ses joues, et même comme cela, elle est parfaite. Parfaite pour moi. Je comble la distance, il faut bien que l’on avance. Je manque de m’écrouler sur elle en la rejoignant, mon torse lui imposant une proximité nouvelle alors que je me rattrape in extremis contre le mur derrière elle. Je ne recule pas. Je ne reculerai pas. Pas ce soir, pas cette nuit. Jamais. Le pouce de ma main libre vient balayer l’iode de ses pommettes, j’aimerai qu’il en soit de même pour son chagrin, en vain… Mon front vient se coller délicatement au sien. J’ai besoin de ce contact, besoin de savoir que malgré ses déclarations, elle ne me déteste pas, moi et ma fâcheuse tendance à tout gâcher. « Je… je… » ma voix se meurt dans un hoquet de chagrin. « Je suis désolé. Je suis tellement désolé, ma Soie. » Une larme orpheline roule sur ma joue, elle meurt rapidement, diluant le sang séché au coin de mes lèvres. « Comment tu peux encore vouloir de moi ? » Je lutte pour ne pas craquer. « Toi t’es parfaite, mais moi. Moi je suis qu’un minable ! »
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
J’ai mal, si mal. Parce qu’il n’a rien dit, rien exprimé, mais on dirait que je viens de goûter à la fin de notre histoire et ça me brise. Si histoire nous avons déjà eu. Si nous il y a déjà eu… Me suis-je imaginé tout ça, ai-je bâti mes sentiments sur des illusions, sur un amour de gamine à sens unique ? Suis-je dévouée à jamais, à un homme qui ne veut pas de moi ? Parce que bordel, je l’aime à en crever. Je l’aime plus que tout, plus qu’il est permis d’aimer, plus que ma propre vie. Trop occupée à m’apitoyer sur mon sort, je ne pense qu'au spectacle pitoyable que je dois lui offrir, celui de la pauvre meilleure amie esseulée qui s’est imaginé trop d’histoires romantiques. Je ferme les yeux bien fort, cherchant à me convaincre que je ne viens pas de lui dire tout ça. Je ne vois plus rien, préférant la noirceur à cette vision de mon homme, qui ne sera jamais mien… Le son de mes sanglots étouffe ses bruits de pas et mon corps se surprend à se retrouver contre le sien, appuyé contre le mur opposé. Sauf que cette proximité me grise autant qu’elle me blesse, parce qu’elle me redonne espoir sur une utopie que je devrais abandonner. Je ne devrais pas relever les yeux pour rencontrer son regard, mais j’ai besoin de savoir. Besoin de savoir s’il ne reste pas un once d’espoir, une dernière étoile dans cette nuit sombre, à laquelle je pourrais m’accrocher. « Je… je… » Alors que son front est contre le mien et nos souffles s’heurtent l’un à l’autre, j’ouvre enfin les yeux. Et je vois toute ma tristesse faire écho dans ce regard que chéris tant. « Je suis désolé. Je suis tellement désolé, ma Soie. » L’utilisation de mon surnom m’arrache un sanglot. J’aime tellement quand il m’appelle de la sorte. J’aime tellement l’entendre prononcer mon nom. Je l’aime, c’est tout, j’en suis folle. « Comment tu peux encore vouloir de moi ? » Et sa douleur me fend le cœur déjà brisé en un million de morceaux. Ma main vient se glisser sur la sienne, l’invitant à se perdre dans mes cheveux et je nous retrouve. Lui et moi, ce nous qui, du moins pour moi, a toujours été l’évidence de ma vie. « Toi t’es parfaite, mais moi. Moi je suis qu’un minable!» Ma respiration s’affole suite à ses propos, tandis que mes larmes coulent toujours doucement sur mes joues. « Je te l’ai déjà dit… » Je prends une inspiration, lui offrant à nouveau mes sentiments. Parce que même s’il ne veut pas de moi, j’aurai le mérite d’avoir été sincère jusqu’au bout. « T’es mon Orion… T’es la certitude de mon existence. » Et je tourne légèrement la tête pour poser mes lèvres sur sa paume toujours aussi près de mon visage. Je n’ai plus de retenue, je l’aime, je veux qu’il ait conscience de l’intensité des sentiments que je lui porte, quitte à utiliser faussement un pronom possessif devant son prénom. « Et sans toi, rien ne fait de sens... »
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Ma cage thoracique semble être le seul garde-fou de mon cœur, dont le rythme assourdissant menace de le faire sauter de ma poitrine. C’est l’effet que me fait cette femme quand elle effleure d’une simple parole l’éventualité qu’elle soit mienne. Ma. Femme. Sa paume vient se poser contre ma main et je ne vois que son annulaire complètement nu de toute marque de propriété. Ma. Propriété. Trente petites secondes plus tôt ses doigts fins et graciles ne m’auraient guère inspiré plus que des souvenirs très agréables de cette nuit passée, lové dans ses bras. Mais le temps s’égrène, les paroles fusent et déjà nombre de promesses naissent en mon sein. Je la veux mienne pour l’éternité. Je me maudis de ne pas porter le moindre anneau, l’adrénaline et l’émotion du moment m’auraient cloué un genou au sol. Définitivement une affaire à régler. Il est hors de question de lui faire la moindre demande sans bague. Ma Soie, ma Princesse, mon Ange… Et autant de qualificatifs qui justifient ô combien elle mérite le meilleur ! Ma main s’enfouie dans ses mèches, caressant avidement la peau de sa nuque, sur sa demande. J’en veux encore, et encore. Je veux qu’elle en redemande encore, et encore. « Je te l’ai déjà dit… » Mais je ne me lasse pas de l’entendre. Qu’elle me hurle dessus ou qu’elle chante pour apaiser mes démons, la voix de ma Soie est à ce jour la plus belle mélodie qu’il m’ait été donné d’entendre. Et je mourrai de ne plus pouvoir l’entendre. Et je mourrai qu’un autre que puisse l’entendre tous les jours du reste de sa vie. « T’es mon Orion… T’es la certitude de mon existence. » Je pourrais me le faire tatouer, si tel était son souhait! Je ne me lasse de l’entendre s’approprier mon être, j’en redemande même, désireux de lui appartenir. À dire vrai, je suis d’ores et déjà résolument sien. Elle clôture cette déclaration, qui fait manquer à mon cœur un battement, par la subtile caresse de ses lèvres contre ma paume. Immédiatement, la mémoire engourdie de mon corps s’anime pour ne désirer qu’une seule chose : ses lèvres sur chaque centimètre carré de ma peau. Oh… Si seulement… « Et sans toi, rien ne fait de sens... » Comme toujours j’ai la délicieuse impression qu’elle lit en moi comme dans un livre ouvert, terminant mes phrases alors même que je viens de les entamer. Pourtant je n’ai pas encore ouvert la bouche. Cela ne signifie qu’une chose : nous sommes encore et toujours sur la même longueur d’onde. Orion et Azur. Pour le meilleur ? Pour le pire… Pour toujours ! Ma main se saisit de la sienne, bien décidé à ne pas la lâcher, pas cette fois. Les larmes inondent toujours son visage d’ange et cette vision m’est insoutenable. Si mon pouce en a congédié un grand nombre, mes lèvres tuméfiées se chargent des dernières, récalcitrantes. Un baiser sur le haut de sa pommette. Un autre non loin de l’aile de son nez. Le dernier contre le coin de ses lèvres, empêchant son ultime larme de mourir contre son sourire naissant. Car je n’ai plus qu’une ambition, revoir ce sourire qui m’a tant manqué. Maladroit, j’ai l’impression de marcher sur des œufs. « Je te mérite pas, t’en as conscience, hein ? » Je le sais. Je ne suis pas dupe. Ma Soie, ma Déesse, et moi ? Son putain d’ange déchu.
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Cette proximité me renvoie en arrière, dans ce parc où nous nous sommes hurlés dessus, dans ce parc où il a brisé toutes nos barrières précédentes pour se rapprocher autant de moi pour la première fois. Ma respiration qui s’heurte encore à la sienne, je ne sais que faire pour tenter de comprendre mes émotions qui passent du chaud au froid si rapidement. J’ai le cœur brisé, mais ses doigts qui s’agrippent à quelques mèches de mes cheveux m’insufflent un vent d’espoir. Ce n’est pas terminé tant qu’il ne me dit pas de partir. C’est mon nouveau mantra, ce sont les paroles auxquelles je dois me raccrocher si je ne veux pas défaillir, sombrer. Et à voir cette larme rouler sur sa joue, je ne peux me dire qu’il se fou de moi. Je suis sa Soie. Je suis sienne depuis aussi longtemps que je me souvienne. Je serai sienne jusqu’à la fin de temps, même s’il ne veut pas de moi, je sais que je n’en voudrai jamais un autre que lui, quoiqu’il arrive, quoiqu’il advienne… Ses lèvres viennent se poser doucement sur ma joue et je cesse de respirer un instant. Tout mon être prie pour qu’il ne soit pas en train de jouer avec moi. Cette nuit si noire semble s’illuminer de plus en plus alors qu’il embrasse doucement la commissure de mes lèvres et je souris même si j’ai peur. J’ai envie qu’il me dise s’il partage ou non mes sentiments, parce que mon insécurité m’empêchera de me contenter de gestes. Pas après nos erreurs du passé, pas après mes erreurs. Je resserre mon étreinte sur sa main, bien décidée à ne plus jamais le laisser partir. Je veux passer chaque seconde de ma vie à ses côtés, je veux qu’il soit le dernier que je vois avant de dormir et je ne veux plus ouvrir les yeux le matin à moins que ce soit pour le trouver à côté de moi. Je m’égare, je pense trop loin, trop pleine d’espoir ou de naïveté… « Je te mérite pas, t’en as conscience, hein ? » Il serait si facile de poser mes lèvres sur les siennes, tout de suite, maintenant. Il ne me rend pas la tâche facile, éveillant chacun de mes sens suite à ces douces caresses que je réclame depuis des mois. « Tu mérites… » Ma voix est faible, et je ne peux que me mordre la lèvre avant de continuer, tentant de faire du sens dans toutes mes pensées qui se bousculent. « Tu mérites une femme qui t’aimera plus que sa propre vie… Et je peux te jurer, t’en trouveras jamais une autre sur cette terre qui t’aimera autant que moi. » Je reprends mon souffle. Je m’affole alors je resserre ma pression sur sa main, cherchant cette force qu’il me faut pour continuer. « Je veux être tienne… » Je prends une pause, me jetant à l’eau, moi et ma confession de jeune fille éperdument amoureuse. « Si tu veux bien de moi ? »
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
« Tu mérites… » Sa voix en suspens affole mes sens déjà exacerbés pas notre récente proximité. J’ai envie de l’entendre se confier au creux de mon oreille. Sentir son souffle chaud le long de mon cou alors qu’elle m’ouvre son cœur… Comme cette nuit-là… Pourtant, je ne mérite rien ! Je ne mérite pas quelle abandonne tous ses projets parce que j’ai cédé à la facilité d’une bagarre, je ne mérite pas sa patience, ni tous les bons mots qu’elle va m’offrir. Je ne mérite rien de ce qu’elle a à me donner, pourtant j’en demande encore et encore. Je suis un égoïste qui ne peut se passer de sa drogue. Prêt à la faire souffrir pour une dernière bonne parole. Ça me révolterait si j’en avais pas tant besoin, d’elle, de sa considération, de son affection. « Tu mérites une femme qui t’aimera plus que sa propre vie… Et je peux te jurer, t’en trouveras jamais une autre sur cette terre qui t’aimera autant que moi. » Grand Dieu… Si seulement mes actes pouvaient justifier un tel cadeau du ciel. Je ne trouverai jamais pareille femme dans tout l’univers. J’en suis conscient. Terriblement conscient. Chaque soir je me remémore la douceur de nos ébats, chacune de ses courbes, le moindre de ses soupirs. Cette femme est la perfection, ma perfection. S’il m’eut été donné un souhait, j’aurais gagé le bon génie de m’élever ne serait-ce qu’à sa cheville. Et je la crois lorsqu'elle me jure que jamais une femme ne m'aimera davantage, car seule une perle pourrait voir en moi le meilleur en faisant abstraction de tout le pire qui gangrène mon âme. « Je veux être tienne... » Elle m’arrache un gémissement sans même me toucher. Parce que cette déclaration est la seule que j'ai jamais voulu entendre. Si elle savait que pour moi il n’y a qu’elle. Seulement et uniquement elle. Je ne vois qu’elle. Je ne vis que pour elle. Ma Soie, ma moitié, mon tout. « Si tu veux bien de moi ? » Je ne peux la délivrer de cette attente par une simple approbation, alors que tout mon corps lui hurle « JE LE VEUX. » Je me plais à l’imaginer le prononcer, tout de blanc vêtue… « Putain mais t’es aveugle ? Tu vois pas que tout ce que je touche je le détruis ? Je suis une plaie, je suis nocif pour tout ce qui m’entoure ! Tu le vois pas ? » Une nouvelle larme roule sur ma joue et je ne l’arrête pas. Les vannes sont ouvertes et bientôt, même ma fierté ne pourra pas empêcher mon cœur de saigner, réduisant mes joues à un vaste terrain de jeu pour ma peine. Je supporte plus de rester debout, ma douleur ou ma frustration prennent le dessus, je m’écroule à genoux mon visage résolument tourné vers le sien. « Et je ne veux pas que tu sois mienne parce que je vais te faire du mal, et ça, je ne me le pardonnerai pas ! » Mes bras se resserrent tout naturellement autour de ses cuisses et j’ai la désagréable impression de n’être qu’un gamin faisant un caprice. Sauf que tout ça est très sérieux ! « Et ça me tue parce que j’en crève si t’appartiens à quelqu’un d’autre ! C’est clair ? Regarde-moi ! Regarde-moi ma Soie ! » Je suis pitoyable. « Je suis dans cet état parce que je suis fou de toi et que je peux pas supporter qu’un autre te touche ! » Je maitrise plus les larmes qui ruissellent sur mes joues, ou je confonds avec la pluie qui commence à tomber. Je suis troublé, et dans cet univers doute, je me raccroche à la seule évidence de mon monde que je lui hurle : «JE SUIS DINGUE DE TOI AZUR AINSWORTH, TU M’ENTENDS ? DINGUE À EN CREVER ! »
« I knew I loved you then, But you'd never know Cause I played it cool when I was scared of letting go I know I needed you, But I never showed But I wanna stay with you, Until we're grey and old Just say you won't let go » ▬ ambiance
Je me sens suspendue à ses lèvres, à lui. Il détient la clef de mon être, pouvant faire de moi la femme la plus heureuse du monde en un regard, ou me donner l’envie de mettre fin à mes jours d’un autre geste. Parce que l’optique d’une vie sans lui ne me donne pas envie d’avancer, la possibilité d’une vie sans Orion me paraît vide de sens. Dis-moi que tu m’aimes Orion, dis-moi que je ne suis pas la seule à vouer des sentiments si forts à ma moitié d’âme… Je ne veux pas imaginer un monde où je ne serai jamais sienne, un monde où je ne ferai pas tout pour en mon pouvoir pour le devenir et le rester. Parce que je sais d’ores et déjà que mon destin est scellé au sien et que je ne serai jamais heureuse sans lui. Jamais. Depuis que j’ai ouvert les vannes de mes confessions, je m’offre à lui, encore et encore, sans relâche, avide d’une réponse positive. Mon cœur débat si fort que je n’arrive même plus à m’entendre penser. Je ne vois que lui, je ne veux que lui, je ne sens que lui, mon homme. Tout ce que je sais, c’est que je suis sienne, entièrement, complètement, dévouée à lui, sa soie. Sa femme. Sauf que je le connais mon Orion, je sais que ça ne sera pas facile pour lui d’avouer mes sentiments, s’il advenait à les partager… « Putain mais t’es aveugle ? Tu vois pas que tout ce que je touche je le détruis? Je suis une plaie, je suis nocif pour tout ce qui m’entoure ! Tu le vois pas ? » Le ton brusque se sa voix me fait fermer les yeux. « Je t’interdis de dire ça… » Je souffle, la voix tremblante et peu assurée. J’en ai assez que l’on s’hurle dessus, je veux me battre, mais avec d’autres armes. Je le sens qui se recule de moi et je lâche sa main. Et le voir à genoux me fait m’imaginer des rêves interdits… « Et je ne veux pas que tu sois mienne parce que je vais te faire du mal, et ça, je ne me le pardonnerai pas ! » Ses paroles contrastent avec ses bras qui se serrent autour de mes cuisses. Je ne peux que mettre une main devant mon visage, accusant son comportement comme un coup et j’en ai marre qu’il me voit pleurer, moi qui ne suis pas assez forte pour lui. « Et ça me tue parce que j’en crève si t’appartiens à quelqu’un d’autre ! C’est clair ? Regarde-moi ! Regarde-moi ma Soie ! » Toujours aussi faible face à l’utilisation de mon surnom, je pince les lèvres et repose mes yeux sur lui. Parce que je serai toujours faible face à lui et rien, ô rien, de ce qu’il ne pourra me faire aura raison de la dévotion que je lui porte. Je suis sienne même s’il ne veut pas de moi, et je ne sais pas si ça fait de moi une brave femme ou une pauvre idiote… « Je suis dans cet état parce que je suis fou de toi et que je peux pas supporter qu’un autre te touche ! » J’accuse cette confession comme un coup, regrettant instantanément tous les moments que j’ai pu passer en compagnie d’un autre. Je me sens sale, je me sens comme une pauvre fille qui aurait étalé la seule chose qui lui donnait de la valeur à qui voulait bien en prendre une partie. Comment ose-t-il dire qu’il me mérite pas après ça ? Je suis la seule responsable pour son état. Une fine pluie vient se perdre avec mes larmes, et je dois me retenir de défaillir lorsque je l’entends : « JE SUIS DINGUE DE TOI AZUR AINSWORTH, TU M’ENTENDS ? DINGUE À EN CREVER ! » Moi aussi Orion, moi aussi je suis folle amoureuse de toi. Lentement, je me laisse glisser contre le mur pour me mettre à genoux sur le bitume, face à lui. Sans grande certitude, j’approche ma main de son visage, que mes doigts effleurent avant d’aller se perdre dans ses cheveux. Je finis par passer mon bras autour de son épaule, recréant cette proximité qui me manque déjà bien trop. « J’ai mal… » Je commence, soufflant tout près de son oreille. « J’ai mal à chaque moment passé loin de toi… » Et ces derniers mots m’échappent, bien consciente que je suis la seule à les avancer, mais il est trop tard pour les rattraper. Sauf que je me tente, déposant un baiser sur sa joue, puis sur la commissure de ses lèvres, comme lui il y a quelques instants, tentant vainement d’en essuyer ces nombreuses larmes qui me lacèrent le cœur. « Et j’aimerais mieux mourir que de vivre dans un monde, où je ne serai pas à toi… » Je suis près, bien trop près, et mes lèvres effleurent les siennes, comme une ultime supplication, comme une ultime demande. « Il n’y a que toi…» j’avance, la voix qui tremble sous l’émotion, prête à m’effondrer.