Will you now forever remain out of reach of my arms? All those days in the sun, what I'd give to relive just one. Undo what's done and bring back the light.
Juillet 2016
Cela remonte à un an maintenant, la dernière fois que nous avons été véritablement heureux. Daniel faisait notre bonheur depuis un peu moins de six mois. Nous parlions mariage dès que nous avions une minute à nous. Nous allions à la maison de campagne, nous ressourcer, nous retrouver. Nous en avions besoin. Joanne s'était arrachée à sa dépression, après des semaines à ressasser l'histoire qui avait eu lieu entre Hannah et moi et qui lui avait fait douter de tout, de nous. Et moi, j'oubliais la comédienne, et je laissais ce jour, sur le pont, ce moment où elle décida de m'expulser de sa vie, loin derrière moi. Il semblait alors que tous les nuages s'étaient écartés, laissant un chemin royal pour que le soleil brille à nouveau sur nous. Nous étions meilleurs, nous étions plus forts. Nous voulions l'être plus que tout, et que cette crise soit la dernière. A ce moment, nous ne pouvions nous douter de ce que nous deviendrions un an plus tard. C'était l'époque où je la faisais sourire si aisément. Mon coeur était si léger en sa présence, et je cherchais son affection à tout instant, car il n'était que dans ses bras, auprès d'elle, que je me sentais à ma place. J'avais un rôle, j'avais un but, une raison d'être. Mon fort intérieur était chaque jour nourri, gonflé à bloc par cet amour, cette promesse, et par l'avenir qui se dessinait pour nous. A ce moment, je pensais que plus rien ne pouvait nous atteindre, ni nous ébranler. Oui, peut-être était-ce à ce moment, la dernière fois que je fus véritablement heureux. Tu te souviens ? Nous avons été tirés tôt de notre sommeil par le lever du jour au-dehors, sa lumière balayant la chambre et caressant nos visages. Le ciel était encore rose, et nos paupières lourdes. J'ai roulé sur le dos, je me suis confortablement installé, et elle aussi, la tête rêveuse sur mon torse. Le monde était un peu flou, un peu brillant ; à cet heure d'éveil, de calme, rien ne semblait tout à fait réel pour nos esprits embués, excepté, peut-être, la présence, la chaleur l'un de l'autre, et le confort de traîner sous la couverture. Elle est là, me disais-je. Le petit dort dans la pièce d'à côté. Et je me sentais si chanceux, ni comblé, que j'en souriais bêtement. Si ce souvenir n'était pas le plus douloureux qui soit désormais, cela serait toujours le cas. Je me revois caresser les mèches blondes de Joanne, ou frôler son épaule, son dos, dénudé de la veille. J'embrasse le haut de son front, puis elle relève son joli visage de belle endormie pour réclamer un baiser sur ses lèvres roses, et un peu sèches. Et c'est un de ces baisers que nous connaissons bien, de ceux que nous ne cherchons même plus à combattre, car leur fougue finit toujours l'emporter ; un baiser langoureux qui transforme la caresse de nos lèvres en celle de nos corps tout entiers avant même que nous puissions réaliser que nous n'avons pas articulé de « bonjour » concret. C'est cela, le véritable magnétisme. La force que l'on ne peut maîtriser, ni contrer. Quelque chose de plus fort que soi-même, que nous, que tout, qui nous pousse l'un vers l'autre, et qui nous rappelle à quel point il n'est que dans le regard, dans les bras de l'être aimé, que tout prend sens. Je me souviens de cette fois-ci plus précisément, car cela paraissait presque trop matinal, même pour nous, sans que cela soit un frein pour autant. Je revois ses jambes autour de ma taille, ses bras cerclant mes épaules, sa poitrine écrasée contre mon torse tandis qu'elle menait la danse la plus sensuelle qui soit, gémissant au bord de mes lèvres, réclamant des baisers au creux du cou, serrant mes cheveux entre ses doigts. Je m'en souviens aussi car durant cette période, Daniel tenait toujours le timing parfait pou nous interrompre, avant, pendant, ou en plein moment clé, et nous n'avions plus fait l'amour correctement depuis quelques temps. Ce jour-là, nous venions d'achever notre acte lorsque le petit se manifesta. Joanne était assise sur moi, son front posé sur le mien ; nous étions encore l'un en l'autre, flottants sur les dernières vagues de plaisir avec aise et satisfaction. Nous reprenions notre souffle, nous remettions de nos émotions. Puis nous entendons ces petits cris, ces hoquets de l'autre côté du mur. Nous échangeons un regard, nous sourions, rions un peu sans savoir pourquoi. L'ironie peut-être. Alors la jeune femme se lève, me jette mes habits, enfile les siens. Je m'accorde un dernier regard sur sa silhouette avant qu'elle ne la couvre dans son kimono. Pendant qu'elle me quitte pour retrouver l'autre homme de sa vie, je réinstalle succinctement le lit ; je sais qu'elle reviendra avec lui, et que nous aurons droit à l'un de ces moments où nous traînons au lit, où nous ne faisons rien, mais où nous sommes ensemble. Après quelques minutes, j’aperçois l'adorable visage de mon fils, et il me voit. Je le prends dans mes bras, l'installe entre Joanne et moi tandis qu'il gazouille joyeusement. Tendrement, je caresse son ventre rebondi, je le laisse attraper un de mes gros doigts entre ses mains potelées. Le bout de mon nez frôle le sien ; il louche, il rit, il fait ce qu'il sait faire de mieux, être un petit rayon de soleil en couche-culotte. A ce moment, je le jure, j'étais le plus heureux de tous. Le temps où tous les espoirs étaient encore permis, où le monde nous ouvrait les bras, où il n'y avait rien d'autre que de l'amour et de grands projets sous ce toit. Le temps où nous étions encore une famille.
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Après avoir couché Daniel, Joanne descendait au rez-de-chaussée pour se poser devant la télé. Elle avait pris un abonnement chez Netflix et il lui fallait admettre que ça lui sauvait bon nombre de ses soirées lorsqu'elle ne savait pas vraiment quoi regarder. En mode cocooning, sous son plaid avec un thé pour réchauffer ses doigts. Ce n'était qu'une maigre consolation comparé à tout ce qui pouvait la tracasser. Malgré le film qu'elle avait lancé, elle n'en avait même pas suivi la moitié tant elle était dans ses pensées. Non, elle n'abandonnait toujours pas et elle ne l'oubliait pas. Elle voulait faire quelque chose, elle réfléchissait, elle cherchait, tous les jours dès qu'elle en avait l'occasion, pour remédier à tout ceci. Au moins faire en sorte qu'il puisse supporter sa présence, accepter de passer du temps avec Daniel parce que c'était ce qu'il y avait de plus important, au fond. Parfois, par désespoir, elle sanglotait silencieusement, mais continuait d'y penser, encore et encore, jusqu'à ce qu'elle se décide à aller se coucher en se disant qu'une nuit de sommeil lui ferait le plus grand bien. Peut-être que le lendemain, elle aurait une illumination, ou un début d'idée, n'importe quoi qui lui permettrait d'avancer dans cette direction. En attendant, elle se souvenait de combien les choses étaient différentes, l'hiver dernier. Et dire qu'ils étaient sur le point de se marier.
Au petit matin, Joanne sentit que son fiancé bougeait un peu dans le lit, s'allongeant sur le dos. En toute spontanéité, elle se collait à lui, encore à moitié endormie. Elle se réveillait en même temps que le soleil ne se levait mais la chaleur du torse de son amant la bercer. Un état d'entre-deux ô combien agréable dont elle se délectait tout en étirant progressivement ses membres. Tout était si calme, si paisible. Joanne adorait cet endroit, à chaque fois qu'ils quittaient leur maison de campagne, elle s'enthousiasmait déjà à l'idée d'y retourner. C'était leur havre de paix, leur petit coin de paradis rien qu'à eux. Jamie caressait délicatement sa peau de porcelaine. Elle avait pris un certain goût de dormir contre lui, n'ayant désormais plus vraiment de pudeur avec lui. La petite blonde frisonnait en sentant ses doigts glisser sur elle. Ca la fait sourire, elle adorait lorsqu'il touchait sa peau de cette manière. Des petits détails qui lui manquaient énormémement. Il embrassait son front, relevait son visage à l'aider d'une main pour avoir accès à ses lèvres. Le baiser gagnait très rapidement en fougue et Joanne se sentait étrangement très rapidement réveillée. Leur corps s'entremêlait rapidement et s'unissait dans cette parfaite symbiose que formait leur couple. Il fallait dire que toutes les occasions étaient bonnes pour se retrouver de cette manière parce qu'ils avaient un fils qui choisissait toujours bien ses moments pour se manifester. Mais cette fois-ci –peut-être qu'ils étaient particulièrement matinaux–, ils parvinrent à leur fin avec beaucoup de satisfaction. Joanne se trouvait sur lui, leur corps encore unis. Elle riait lorsqu'elle entendait Daniel commencer à se manifester, mais se permit de rester encore quelques secondes sur lui pour lui regarder avec affection, tout en se mordillant la lèvre inférieure. Il la faisait tellement craquer. La jeune femme lui volait encore quelques baisers avant de daigner se lever pour enfiler son kimono en soie. Alors qu'elle faisait un noeud avec la ceinture, elle lançait un regard par-dessus son épaule avec un sourire malicieux au coin de ses lèvres. Dès qu'elle ouvrit la porte de la chambre du petit, celui-ci étouffait ses petits sanglots et agitait ses quatre membres, surexcité à l'idée même qu'un de ses parents allait le sortir de son berceau pour le prendre dans ses bras. Joanne le débarrassa de sa turbulette et lui changeait la couche histoire d'avoir les fesses propres et au sec avant de l'emmener avec elle dans la chambre parentale. Un petit rituel habituel du weekend. Jamie récupérait le petit le temps que Joanne ne se réallonge au lit. Allongée sur le côté, elle regardait avec un sourire attendri les deux hommes de sa vie être heureux, tout simplement. Le couple s'échangeait parfois des regards, et ils se comprenaient sans difficulté. Des regards qui voulaient voir cette famille s'agrandir en voyant déjà le plaisir que c'était d'avoir déjà un enfant, cette surexcitation à l'idée de se marier. Ils profitaient tous de l'un l'autre pendant quelques dizaines de minutes jusqu'à ce que le petit ne commence à crier famine. A cette époque là, la jeune maman terminait doucement d'allaiter pour passer à d'autres aliments. Et ce matin là, elle avait envie de donner son sein. Elle ne voulait pas quitter sa famille même pour le temps de ne préparer qu'un biberon. Elle dégagea simplement le kimono de son épaule pour découvrir une partie de sa poitrine avant de prendre Daniel dans ses bras. Elle en profita également pour se rapprocher de Jamie. Ainsi, d'une main, elle pouvait caresser les cheveux de son fiancé de temps en temps et son autre bras maintenait le petit pendant qu'il se nourrissait. "Surprenant que les chiens ne se soient pas encore manifestés." dit-elle d'un ton rieur, en regardant Jamie. Ils n'allaient pas tarder à comprendre qu'il y avait du mouvement. Joanne apprécierait qu'ils n'arrivent qu'une fois le petit repu, parce qu'il se laissait très facilement distraire par ces deux boules de poils. Une fois qu'il avait fini, Joanne se rhabilla succinctement avant de se blottir contre Jamie en gardant Daniel contre elle, le temps qu'il digère un petit peu. "Il n'a même pas six mois, j'ai déjà envie d'en avoir un deuxième." souffla-t-elle en regardant Jamie d'un air plus qu'amoureux et rêveur. Ils voulaient avoir une famille nombreuse, c'était un rêve qu'ils partageaient en commun désormais. Cette époque-là lui semblait tellement lointaine.
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Sans quitter la couverture, je tends le bras et tâtonne le sol à la recherche de mon bas de pyjama, abandonné par là la veille, tandis que Joanne est dans la pièce d'à côté, câlinant et changeant Daniel afin que le petit puisse nous rejoindre au lit. Ces moments là, cette tendresse, me sont précieux et sont véritablement les meilleurs moyens de se ressourcer. C'est d'une simplicité. Le bonheur se trouve là où ceux que vous ceux que vous aimez sont. Et auprès d'eux, il n’est pas de doute à avoir, pas de questions à se poser ; c’est la quiétude de l'esprit, la paix de l'âme. Alors que ma famille a toujours été tout ce que j'ai méprisé et fui, tout ce qui a empoisonné mon existence, celle que j'ai construite avec Joanne est mon pilier, mon nouvel équilibre. Et dès qu'elle est là, dès que je peux prendre mon fils dans mes bras, je sais que je ne pourrais pas être ailleurs. Que tout me mène à eux, à la maison. Que tout nous lie. J’entends à travers le mur les babillements de Daniel sur la table à langer. Je devine sa mère le faire rire en embrassant ses petits pieds. Ma tête a retrouvé l'oreiller et ne se redresse que lorsqu'ils traversent tous les deux la porte de la chambre. Le petit trouve sa place entre nous, et je le couvre de toute cette affection que je n'aurais jamais pensé ressentir pour un moi miniature il n’y a pas si longtemps. En tendant ses mains vers mon visage pour m'attraper, le bonhomme manque plus d'une fois de me crever les yeux. Il gagne tous les jours en dextérité, mais il reste maladroit et un peu brusque. Il bat parfois des jambes, comme une petite grenouille, et fait de grands sourires joufflus. Il est facile de passer des heures avec lui, à l'amuser d'un rien, à le regarder jouer avec ses mains, attraper ses pieds et rouler sur le ventre dans un rire fier. Il finit toujours par réclamer sa mère, que ce soit pour un câlin ou pour avoir le sein. Joanne découvre alors sa poitrine, et je les laisse à ce moment de calme, allongé à côté, avec un baiser sur sa cuisse nue. Je somnole pendant que la jeune femme passe ses doigts entre mes cheveux. Elle sait que ces gestes d'affection me plaisent, et ne manque jamais une occasion de m'en prodiguer. Je peux m’estimer chanceux. Certains n'ont personne pour s'occuper d'eux. Et même si je me confie peu, même si je ne parle pas beaucoup du travail, des tracas, des contrariétés, même si je garde bien des choses pour moi et les porte sur les seules épaules sans un mot, il suffit de gestes de ce genre pour ne pas se sentir complètement seul et futile. Alors que Joanne s'étonne de ne pas voir les chiens courir comme des dératés pour faire erruption dans la chambre et sauter sur le lit afin de nous souhaiter un bonjour enthousiaste, je mets un doigt sur ma bouche, lui faisant signe de ne plus dire un mot. “Ils pourraient t’entendre.” Peu après, le bonhomme est repu. Il profite de cette satisfaction tout contre sa mère, la bouille ravie. Il est déjà bien grand, plus lourd, plus vif. Il n’est plus cette petite crevette que nous avions ramenés à la maison il y a six mois. Et cela n’est qu'un début. Un jour il n’y aura plus de couches à changer, puis il faudra l'aider à faire ses lacets, et son sac pour l'école. Si six mois sont passés comme six jours, qu'en sera-t-il des années qui nous séparent de ces étapes cruciales de sa vie ? Nous n’avons jamais voulu, Joanne et moi, que Daniel soit seul. Ce ne sont pas des chiens qui lui suffiront comme compagnons de jeu et de bêtises à la maison. Ce n’est pas en étant fils unique qu'il apprendra la tolérance, le partage, le dévouement naturellement. Bien sûr, c'est aussi pour nous que nous rêvons de cette grande famille. Parce que nous avons bien trop à donner. “Ça peut se négocier…” dis-je tout bas, la voix suave, en approchant mon visage de celui de la belle blonde pour lui donner un baiser. Un moment dont le charme est brisé rapidement par un grognement caractéristique qui fait trembler mes tripes et sourire de gêne. “Le ventre de papa appelle aussi.” Alors nous ne trainons pas trop, un peu moins que prévu à vrai dire, même s'il est difficile de quitter le confort des oreillers, du matelas, de la couverture. La chaleur les uns des autres. Le sol est un peu froid sous mes pieds nus, mais le parquet retrouve rapidement sa tiédeur. Mes membres engourdis, je me lève en ayant l'impression que cette nuit a duré quarante ans, plus que vingt après quelques étirements de rigueur. Et à peine suis-je sorti de la chambre que je me fais accoster par un Ben et un Milo en pleine forme, prêts à courir à toute allure dans le jardin sans raison, mais surtout, à désintégrer toute forme de nourriture qui se trouvera dans leur gamelle, quitte à en avoir plein la truffe, parce que le dernier repas c’était hier soir, et que cela est bien trop long pour deux estomacs sur pattes. Le golden retriever, toujours aussi benet et pataud, se dresse sur ses pattes arrières pour se jeter sur moi de tout son poids. Sa frimousse est adorablement illuminée d'un large sourire baveux. Ses grosses paluches sur mon torse, la queue surexcitée, il m’aboit dessus de hâte. “Je sais, je sais…” je souffle en frottant ses grandes oreilles. Quant à Milo, fidèle à lui-même, il s'est rapidement désintéressé de faire la fête ; plus loin, il juge bien plus intéressant de japper en sautillant et en essayant d'attraper son derrière. Lorsque j'ouvre la baie vitrée, un troisième invité fait son apparition ; le chat roux qui pénètre dans la maison comme un membre de la royauté de ces terres et saute sur une chaise de la salle à manger, l’air d’exiger son repas. “Tiens, ça faisait longtemps.” Comme tous les chats, celui-ci rend visite à ses humains quand il lui sied. Pour moi, faute de mieux, il s'appelle toujours Moustache. Machinalement, je sers toute cette joyeuse animalerie, puis j'installe la table du petit-déjeuner -et je sais que je me ferais taper sur les doigts par n'importe quel psychologue animalier mais je préfère encore les nourrir en premier et remettre en question mon statut de mâle alpha plutôt que de supporter les regards insistante et impatients de mes sujets à poils pendant que je mange. La table dressée, Daniel dans sa chaise haute, un thé est de mise. Tandis que la tasse fume entre mes mains qui tiennent la tasse si précieusement, mon esprit vide et calme se focalise sur Joanne avec ce sourire sot du type naïf bien trop ravi et optimiste pour se douter qu'il puisse y avoir de nouveaux orages un jour.
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Dernière édition par Jamie Keynes le Mar 18 Juil 2017 - 10:24, édité 1 fois
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Etre dans leur maison de campagne leur permettait d'apprécier pleinement toute la simplicité de certains moments qui pouvaient passer à la trappe s'ils étaient restés à Brisbane. Là, Jamie était loin de son travail et il pouvait profiter de sa famille pendant deux jours. Cela lui permettait de se ressourcer et de reprendre la semaine suivante avec plus d'entrain. Chaque seconde passée était un véritable bonheur, même s'ils ne faisaient pas grand chose. Là, ils se prélassaient tous dans le lit parental, Jamie et Daniel jouaient un peu ensemble, et le père en payait parfois un peu les frais avec les gestes indélicats de son fils. Cela faisait à la fois rire et inquiéter Joanne. Elle avait tout de même que Jamie ne finisse par se blesser d'une quelconque façon. Mais rire autant avec papa ouvrait l'appétit et le petit ne rêvait ensuite que prendre un peu le sein de sa mère. Joanne adorait ce moment là. Elle adorait la maternité tout court. Même quand elle avait été enceinte, malgré les nausées, la fatigue constante, les problèmes de dos qui étaient survenus assez tôt, elle ne s'en plaignait pas vraiment. Elle n'avait jamais été contre un massage prodigué par Jamie. Mais malgré tous les aléas, c'était quelque chose qu'elle aimait beaucoup. Le seul gros bémol qu'elle avait du mal à accepter était certainement son physique, son corps de mère, bien qu'elle faisait de nombreux efforts pour retrouver une silhouette qui lui convenait. Les résultats étaient là mais ce n'était jamais vraiment satisfaisant à ses yeux. Mais Jamie semblait adorer ce corps là, et c'était déjà une consolation amplement suffisante. Son affection, ses baisers, ses caresse lui faisaient oublier tout ce qu'elle ne pouvait pas aimer. Lui l'aimait. Il aimait ses défauts pour elle. La jeune femme caressait tendrement ses cheveux avec sa main libre, geste qu'il adorait tout particulièrement. Ca le berçait, elle pouvait sentir sous ses doigts que ça l'apaisait. Jamie avait toujours eu besoin énormément d'affection. S'il ne la cherchait pas lui-même, Joanne lui en donnait dès qu'elle le pouvait, à la moindre occasion. C'était un rôle qu'elle prenait énormément à coeur, c'était son travail à elle désormais. Faire en sorte que le boulot ne l'épuise pas trop, qu'il ait le temps de se reposer le soir en rentrant. L'envie d'avoir un deuxième enfant travaillait déjà Joanne depuis quelques temps. Ils étaient tous les deux d'accord sur le fait que Daniel ne devait pas être enfant unique. Joanne rit doucement à la remarque de son fiancé. "Parce que c'est vraiment nécessaire de négocier sur ce point ?" lui lança-t-elle avec un regard à la fois malicieux et envieux, juste avant qu'il vienne l'embrasser. Mais avant de tenter quoi que ce soit, c'était au tour de Jamie d'avoir besoin de manger un savoureux petit-déjeuner. La jeune femme le suivait avec le petit dans le bras, accueillis par les chiens toujours surexcités. Elle n'avait même pas pris le temps de s'habiller ou de se vêtir d'autre chose. Le kimono lui convenait bien. Elle installait Daniel dans la chaise haute avant d'aider Jamie à sortir tout le nécessaire pour le petit-déjeuner des parents. Depuis la fin de sa dépression, Joanne avait retrouvé un certain appétit. Ce n'était pas l'équivalent de ce que pouvait manger Jamie par exemple, mais elle répondait au moins aux besoins de son organisme. Alors qu'elle recouvrait un de ses toasts de confiture de prunes, elle remarqua le regard de son fiancé posé sur elle. Un peu amusée par cet instant rêveur, elle sourit avant de se décider à poser le couteau sur la table pour se lever et s'approcher de lui. Il posait sa tasse sur la table et Joanne se permit ensuite de passer une jambe par-dessus les siennes pour pouvoir s'asseoir sur lui, face à lui. Elle passa ses bras autour de son cou. "Vous m'avez l'air bien distrait, Lord Keynes." souffla-t-elle au bord de ses lèvres, en riant doucement. Son nez caressait l'arête du sien, puis elle échangea avec lui un long baiser. Ainsi installée, Joanne ne sentait que le sol du bout de ses orteils. Les mains de Jamie s'étaient posées sur ses cuisses dénudées, comme à son habitude. Ils s'aimaient tellement. Alors qu'ils commençaient à peine de s'embrasser, Daniel se manifesta par un petit cri. "Il semblerait que votre fils soit quelque peu jaloux." lui murmura-t-elle en riant, caressant toujours son visage avec le sien. "Je ferais mieux de retourner à ma place avant de me faire gronder à nouveau." dit-elle en retrouvant sa propre chaise, un peu à contre-coeur. Ils avaient toujours adoré avec un contact physique entre eux, même minime. A la fin du petit-déjeuner, Joanne laissait cette bande d'hommes joyeux ensemble le temps d'une bonne douche. Elle se permit de prendre une bonne demi-heure pour prendre un peu soin d'elle, profiter d'une douche bien chaude. Après s'être crémée, coiffée, dorlotée, Joanne avait enfila une robe et un gilet avant de rejoindre sa famille. Ils étaient dans le jardin, à jouer avec les chiens. Ils couraient absolument dans tous les sens, mais Ben avait fini par s'approcher de la petite blonde pour réclamer quelques caresses. Le temps s'était rapidement couvert. Le temps en hiver était assez incertain, alors ils préféraient profiter tous du beau temps avant de craindre qu'il ne finisse par pleuvoir. Joanne s'approcha de Jamie afin de lui voler un baiser. "Ca te dit, de se promener un peu dans la campagne, tant qu'il y a encore du soleil ?" lui proposa-t-elle avant de venir se blottir contre lui après lui avoir déposé un baiser au creux de son cou.
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Le regard rêveur, chanceux, distrait par ce visage angélique, mes yeux glissent le long de ses cheveux blonds, traînent à l'angle de sa mâchoire et au bord de son cou pâle si souvent couvert de baisers ; ils scrutent sa bouche fine au rictus songeur, ce nez délicatement esquissé, et l’amende de ses yeux bleus, jusqu'au bout de ses cils pendant ce petit battement de paupières qu'elle m'adresse, comme un “quoi ?” nerveux, mal à l'aise, qui rougit de gêne ses pommettes. D'une toute autre manière, il est également possible de passer bien des heures à se contenter de contempler la jeune femme, la faire sourire dès que possible, et répondre aux coups d'oeil complices et tendres qu'elle envoie parfois. Elle peut plisser le bout du nez de mille et une façons, chacune caractéristique d'une pensée, d'une émotion. Elle joue avec ses doigts d'autant de manières différentes, à croire qu'elle ne sait jamais quoi en faire ou comment placer son énergie. Elle est toujours calme, posée, sans excès. Une journée est pour elle un événement linéaire. Pour ma part, je sais qu’il a des chances pour que je connaisse bien des virages, chutes, montées, et autres figures qui retournent la tête et le coeur. Que son esprit ne sera jamais aussi parfaitement tranquille que ce à quoi j'aspire et cherche à montrer. Et je peux faire mine de ne pas écouter cette voix qui pourrait me mettre aux bords des larmes pour une joie exacerbée, en constante bataille avec le murmure qui répète que je finirai par tout perdre, que rien de tout cela n’est réel. Néanmoins elles sont toujours là, dans un coin de ma tête, près de mon oreille, soufflant dans mon cou des frissons incontrôlables. Elles sont là pour créer autant de joie que de peine à chaque instant, et me tenir en équilibre sur cette dangereuse corde raide. Alors soudainement, cette simple contemplation peut devenir source d’euphorie ou de doutes les plus angoissants. Et ce n’est qu'une minute de la journée. Ce n’est qu'un minuscule instant, auquel je suis arraché lorsque Joanne se lève de sa chaise et approche de moi. Ses jambes se glissent de part et d'autre des miennes, et elle s'asseoit là, se doutant qu'elle ne fait qu’accroitre mon intérêt. “Je suis tout simplement profondément admiratif et en extase devant votre beauté incomparable qui me laisse complètement envoûté.” dis-je en faisant des tartines d’accent aristocratique à la parfaite élocution de comédien shakespearien. La jeune femme m’offre un baiser, et je souris avant que ses lèvres se joignent aux miennes, les mains malicieusement déposées sur le haut de ses fesses. Une scène qui déplaît au petit qui n’en est plus le centre, qui n’obtient plus le regard de l'un de ses deux parents pendant de trop longues secondes alors que, regardez, il sait tenir sa tétine à la main et surtout, la faire tomber puis attendre que nous la ramassions -son dernier jeu préféré. Joanne se plie à l'exigence du garçon, et entre les chiens servis en premier et mon fils qui dicte les règles de mon couple, je peux dire que mon rôle de chef de la meute est fort relatif dernièrement. “Oh alors c’est lui l'homme de la maison désormais ? Ou est-ce que je dois mettre des couches et parler en voyelles pour me faire obéir moi aussi ?” Je rattrape la main de Joanne et l'attire vers moi ; elle retombe sur mes cuisses, et je la bascule légèrement en arrière, dans mes bras, afin de l'embrasser tendrement. Quand je relève la tête, j’adresse un petit regard de défi au bébé sur sa chaise haute et sa paire de jours qui lui donne constamment l'air étonné. Je lui tire la langue, histoire de le narguer dans son langage, puis je libère Joanne qui peut retrouver sa place avec un petit rire. Daniel se manifeste à nouveau, battant ses jambes dans le vide avec mécontentement. Et il est où son bisou, à lui ? Alors je me lève et le tire de sa chaise, je le coince sous mon bras et chatouille son ventre rebondi. “Mais ça ne s'arrête jamais de couiner cette chose ! Où est le bouton off ?” Il s’esclaffe et gigote, pousse ces petits cris stridents qui font douloureusement vibrer les tympans. Finalement, il passera le petit-déjeuner sur mes genoux. Plus tard, tandis que Joanne s’accorde un moment à elle bien mérité dans la salle de bains, je profite du jardin avec Daniel ; je l’installe dans l’herbe, assis entre mes jambes, appuyé, bien calé contre moi. Le petit curieux, les pieds à l’air, se laisse chatouiller par les brins, tente de les attraper, les arracher ; il me les tend, dans l’attente d’explications, ou les dépose dans les longs poils de Ben pour la décoration. Milo chasse les insectes, dans son monde, comme à son habitude. Le plus grand se laisse prendre à l’éternel va-chercher, même si cela consiste à attraper le bâton juste aux pieds de son petit maître dont la force ne lui permet pas d’exploits.Un petit coup de truffe encourageant sur la joue, et c’est reparti. Peut-être qu’il ferait un bon papa, le Ben. Je l’imagine bien se laisser prendre pour une grande montagne de poils par une flopée de chiots qui lui tireront les oreilles pour jouer. Joanne nous rejoint, toute pimpante, prête à profiter de la journée. “Eh bien nous pouvons faire le tour du jardin deux ou trois fois si tu veux, oui.” je réponds pour plaisanter, après tout la campagne est sous notre nez, partout, quand nous sommes ici. C’est l’intérêt d’une maison de campagne après tout. De plus, le terrain est bien assez grand pour s’y perdre. Bien entendu, je sais que la jeune femme aspire à plus que cela pour aujourd’hui. Après tout, nous explorons assez rarement les environs, et nous sommes loin d’être les habitants les plus notables du village à quelques kilomètres de là. Les week-ends ici consistent surtout à demeurer dans notre cocon, notre bulle. “Sinon il y a cette ferme sur le chemin devant laquelle on passe à chaque fois, tu sais. Là où il y a des chevaux et des fruits à cueillir soi-même. Daniel pourrait apprécier.” Autant qu’un bébé puisse apprécier, avant de tomber de sommeil au fond de sa poussette. “On va voir des poneys et manger des fraises ?” je lui demande, récoltant un vif hochement de tête d’approbation, même s’il n’a rien compris. Puis il passe à autre chose, captivé par une fourmi sur sa main qu’il approche dangereusement de sa bouche pour la goûter ; je la renvoie rapidement dans l’herbe avec un rire, sous le regard contrarié de mon fils -impossible à prendre au sérieux avec cette bouille-là.
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Joanne pouffa de rire devant les compliments exacerbés que son fiancé venait de placer dans un langage plus que soutenu, voire même snob. Elle secoua négativement la tête. "N'importe quoi." Cela ne la dissuada pas pour autant de l'embrasser, de caresser ces lèvres dont elle ne pouvait plus décemment se passer. Les mains fermes de Jamie se glissaient alors volontiers jusqu'à son fessier qui n'était finalement recouvert que par un petit morceau de soie, ce qui lui laissait tout le loisir de saisir sa chair pendant qu'ils s'embrassaient avec amour. Cet instant aurait pu se poursuivre pendant quelques minutes, mais Daniel les interrompit, bien jaloux de ne pas être le centre de l'attention pendant ce court instant, bien trop court selon la petite blonde. "Jaloux ?" lança-t-elle avec un regard taquin à Jamie qui râlait parce qu'il pensait ne plus être la figure forte de cette famille. "Il y a d'autres moyens de montrer que tu es l'homme de la maison, tu sais. Chacun ses techniques." ajouta-t-elle avec un large sourire. "On pourra en discuter ce soir, si tu veux, de ton autorité." Son ton était suave, son regard à la fois enivrant et bien malicieux. A croire que Daniel et Jamie se battaient pour avoir l'attention de la seule femme de la maison, Joanne devenant ainsi l'objet de convoitise de chacun. Que Jamie nargue le petit en offrant encore un baiser à sa belle n'apaisait pas vraiment la situation, mais ça ne la rendait pas moins amusante. Jamie s'en délectait largement en ne manquant pas d'en rire. Après le petit-déjeuner, la jeune femme filait donc prendre un peu soin d'elle pendant que les deux bruns passaient du temps ensemble dans le jardin. Joanne les rejoignit dès qu'elle en avait fini, suggérant une idée d'activités pour la première partie de la journée. Jamie eut droit à une petite tape de l'épaule lorsqu'il taquina la jeune femme, suivi d'un rire. Mais bien sûr, il retrouvait rapidement son sérieux, agrémentant son idée en se fixant un objectif. Le regard de Joanne s'illumina. "Je pourrais faire des gaufres pour le goûter, avec de la chantilly maison. Ca pourrait être bon, avec des fruits que nous irions cueillir là-bas." A vrai dire, Joanne savait pertinemment que l'idée plairait. Que Jamie en saliverait déjà rien qu'à savoir ce qu'elle comptait préparer par la suite, et nul doute que Daniel serait tout aussi satisfait de goûter ces gourmandises que sa mère savait si bien cuisiner. Avant que Daniel ne se mette à manger une fourmi, Jamie dégagea l'insecte du petit sous son regard surpris. "On va finir par croire que je ne te donne jamais assez à manger." dit Joanne avec un sourire amusé. "Viens là, mon beau bébé." Elle le prit dans ses bras et le petit vint immédiatement se blottir contre elle. Joanne comptait aller l'habiller. "Il faut que ton père se prépare aussi. Même si Maman adore le voir torse nu, elle préfère être la seule à le voir comme ça." Elle lança un regard complice à son fiancé avant de retourner dans la maison pour aller habiller le petit. Ben la suivait de près, il avait toujours aimé accompagner Joanne dès qu'elle avait son bébé dans les bras. A croire qu'il voulait s'assurer que tout aille bien. Il était plus protecteur envers ses maîtres qu'il ne laissait le penser au premier regard. Comme à son habitude, Joanne préparait tout un petit sac au cas où avec une couche, des vêtements de rechange et un biberon pour le petit. Une fois que tout le monde était prêt, la petite famille laissait derrière elle l'espace de quelques temps leur maison de campagne. Les chiens étaient avec eux et disposaient d'encore plus d'espace pour se défouler. Joanne espérait toujours que cela épuise un petit peu Milo, pour la fin de journée. Mais il était tout bonnement infatigable. Jamie s'était spontanément porté volontaire pour pousser la poussette. Ils empruntèrent alors des chemins de campagne, où la circulation était quasi inexistante, au milieux de vastes champs. C'était étrange pour Joanne, de n'entendra aucun bruit de la ville, ni de la mer. A Brisbane, elle avait toujours vécu dans des quartiers assez actifs malgré tout, à Perth aussi, et chez sa grand-mère il y avait toujours en bruit de fond les vagues de l'océan. Là, il y avait plutôt le chant de quelques oiseaux, le bruit du vent dans les feuillages d'arbres qui ponctuaient le paysage. C'éait paisible, agréable et particulièrement relaxant. L'un de ses bras était autour de la taille de Jamie. Ils ne se parlaient pas beaucoup et se contentaient surtout d'apprécier ce moment tous ensemble. Même Daniel était silencieux avec sa poussette quoi qu'il émettait de temps en temps quelques cris lorsqu'il s'amusait avec l'un de ses jouets. Ils échangeaient des sourires, quelques baisers volés aussi. Joanne multipliait les gestes affectueux envers son fiancé. "Je sais que je me répète tout le temps, mais j'aime vraiment être ici. Nous n'avons rien d'autre à penser que nous, notre famille et tous les projets que nous avons en tête, et je trouve que ça nous fait le plus grand bien." Surtout pour Jamie, à vrai dire. Loin du stress du travail, de ses obligations. Il n'en parlait jamais à la maison mais Joanne avait bien conscience que ce n'était pas facile pour lui. Mais il ne voulait certainement pas apporter ces troubles là à la maison, il préférait plutôt puiser en Joanne toute l'affection dont il avait besoin afin de retrouver un peu de sérénité. "Il n'y a rien pour interférer dans notre vie de famille, notre vie de couple. Nous pouvons tous pleinement nous retrouver, et ça me fait sentir... tellement bien. Complète, entière."
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Au jeu de la loi du plus mignon, Daniel l'emporte haut la main. Un regard de bébé abandonné, un tremblement de menton, un couinement, et le bonhomme met le monde à ses pieds. Ah, le charme irrésistible de sa bouille jouflue, de son regard translucide, de ses sourires toutes incisives dehors. Bien sûr que sa mère n’y résiste pas, moi non plus, personne ne le peut -personne qui ne soit pas revulsé par les bambins- néanmoins je dégaine également la moue boudeuse quand Joanne choisit ma contrariété à celle de son fils en retournant sur sa chaise pendant le petit-déjeuner. Elle propose néanmoins que nous débattions de mon autorité ce soir, sûrement dans la chambre, sûrement sous la couette. Le message est tout à fait entendu. “On aura cette conversation en même temps qu’une certaine négociation.” je réponds avec un sourire en coin, un sujet n'allant pas sans l'autre. Un programme acté, donc, à condition que la journée ne nous fatigue pas de trop. Qu'importe notre capacité à dénicher de l'énergie, il n’est pas rare que les weekends avec Daniel et les chiens, qui forment à eux trois un petit clan infernal d'éternels infatigables, viennent à bout de notre bonne volonté, et qu'une soirée au fond du canapé devant un film accompagné d'un verre de vin soit un plan tout aussi excitant. D’autant plus qu'après une rapide concertation dans le jardin, nous décidons de profiter de la journée avec une longue balade comportant un arrêt dans une ferme non loin. Et pour pareille activité, il faut comprendre : garder constamment un œil sur Ben et Milo, ce petit fuyard, et pousser la poussette à bouts de bras durant un long moment pendant que le petit prince à l'intérieur dormira tranquillement. Celui-ci aura ainsi fait le plein d'énergie pour jouer, partir à l'aventure, faire de nouvelles découvertes. Ce qui excitera encore plus les chiens. Autant dire que la débute dès l'arrivée à destination. D'où l'intérêt d'une réponse, qui sera presque plus pour les parents que pour le petit ; “Les hommes approuvent les gaufres.” On approuve toujours les gaufres. Cela a toujours été l'un de nos péchés mignons, et, rapidement, une tradition. Un rituel commencé, je me souviens, dès le début de cette relation, notre voyage à Londres. Et déjà à cette époque Joanne devait me retirer la chantilly du bout du nez. Dans un autre registre relativement alimentaire, j'épargne à notre garçon une dégustation d'insecte. “C’est que ça creuse de grandir quand on est une petite pousse.” dis-je avec un petit rire en déposant Daniel dans les bras de sa mère. Il s’y installe bien confortablement avec ce regard de “tu vois papa, elle, elle est gentille et elle sent bon et elle m’aurait laissé mettre la fourmi dans la bouche”. Crois-tu, crapule. Il aurait raison sur un point ; l'heure de la douche a sonné pour moi. Rapidement prêt, je remarque que Joanne nous a assortis sans le faire exprès ; t-shirt blanc et pantalon en jean. Au moins, la filiation ne laisse aucun doute. Je dépose même une casquette sur nos deux crânes chevelus pour parfaire le look. La visière qui limite le champ de vision du bonhomme l'intrigue à chaque fois, et il lève la tête pour voir si cette ombre au-dessus de sa tête le suit dans ses mouvements. Cela l'occupe au moins le temps de le boucler dans la poussette. Pour l'aller, je me dévoue -décision stratégique sachant qu'en fin de journée je n’en aurai absolument pas la patience. Et nous sommes en route, les chiens trottant devant, étrangement sages en découvrant ce nouveau chemin, Joanne à côté de moi profitant des sons de la campagne. Un agréable mélange de bruissement de feuilles et de cris d'oiseaux, tandis qu'en fond que nos oreilles habituées n'entendent même plus, les roues de la poussette crissent sur les cailloux du chemin de terre qui longe la rue d'un côté, un champ de l'autre. À mi-chemin, la petite blonde songeuse rompt le silence, juste pour partager son aise, son affection pour cette région que nous avons trouvés pour nous ressourcer. Des paroles rassurantes dans la bouche d'une jeune femme qui, il n'y a pas si longtemps, perdait jusqu'au goût de vivre. Souvent, les petites choses, les moments aussi insignifiants, redonnent courage en nous mettant sous le nez ce qu’il y a de beau et d'important. “Je suis content de l’entendre.” dis-je avant de déposer un rapide baiser sur sa tempe. Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivons au ranch en question, affublé quelques mètres plus tôt d'une très rustique pancarte “fraises à cueillir, deux dollars la barquette”. Promesse tenue une fois de l'autre côté de la clôture, lorsque nous voyons les nombreux fraisiers qui bordent la propriété, mais également les pommiers, les plants de tomates, et les arbres lourds de gousses d'haricots. Des chèvres et des moutons servent de tondeuses à gazon naturelles. Des caquètements s'échappent d'un poulailler, où quelques canards se mêlent aux poussins et aux oies. Nous sommes accueillis par le propriétaire, habitué de ces visites impromptues qu'il encourage grandement. Bon moyen, à son âge, d'éloigner la solitude tout en partageant un environnement qu'il affectionne. Nous discutons un brin avec lui, le temps que Daniel émerge dans les bras de sa mère de sa courte sieste, bercé par la poussette en mouvement. Puis elle l'emmène voir les fruits, pendant que je poursuis un peu plus longtemps une intéressante conversation sur une espèce d'oiseaux en voie de disparition qui a élu domicile dans un arbre au fond de son terrain, ce qui le rend légalement impossible à abattre. Je me fais ensuite escorter dans le jardin où mon regard tombe immédiatement sur l’abri à rongeurs. Des lapins. Jamie, six ans, s'installe rapidement dans l'herbe pour en prendre un dans les bras, immense, velu, gris aux grandes oreilles lui tombant sur le visage. Bien vite, un autre s'approche, et un autre, puis toute une tripotée de lapereaux ; envahi, assiégé, impossible de bouger d'un pouce et ce n’est très honnêtement pas pour me déranger, si ce n’est que je ne sais plus où donner de la tête et auquel faire des papouilles. Immergé dans cette marée mouvante d'oreilles de mangeurs de carottes, je ne remarque pas Joanne qui approche jusqu'à ce que ses pieds soient juste sous mon nez. Mon regard remonte le long de ses jambes. Sourire gêné de petit garçon innocent, je hausse les épaules. “Je… C'est un kidnapping. C'est de leur faute.” Je me mords la lèvre inférieure, l'attention aimantée par leurs bouilles moustachues et le mouvement incessant de leurs adorables babines malgré leur air constamment blasé. “Ils sont tellement mignons !” je fonds, logeant mon visage dans le poil du rongeur dans mes bras et en lui grattant les oreilles. Non, Jamie, tu as déjà deux chiens, qu'est-ce que tu ferais d'un lapin ?
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Dernière édition par Jamie Keynes le Dim 23 Juil 2017 - 23:36, édité 1 fois
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Peut-être qu’il y avait un petit peu de jalousie. Oh, il y en avait sûrement, pour tout le monde. De base, Jamie et Joanne n’arrivaient plus vraiment à se passer l’un de l’autre, chacun aimait être aux petits soins, être le centre de l’attention de l’être aimé en toute démesure. Leur possessivité commune les poussait parfois à des extrêmes mais avait également instauré une relation quasi symbiotique, créant une interdépendance qui les délectait. Et puis leur petit bout était arrivé, au milieu de ce couple pour le moins particulier mais qui s’aimait plus que tout. Il était normal qu’il prenne les habitudes de ses parents, alors qu’un bébé à son âge ne rêvait déjà que de l’attention de ses parents. Ils avaient eu droit à ses premières crises de jalousie et l’on pouvait même croire qu’il était doté d’un sixième sens étant donné qu’il se manifestait très régulièrement durant les ébats sexuels de ses parents. Un baiser, une entrave entre les deux parents et le bébé se sentait obligé de se manifester parce qu’il n’était pas le centre de l’attention. Parce que c’était sa maman à lui, son papa à lui, mais il ne pouvait apparemment pas y avoir grand chose entre papa et maman. Joanne se doutait bien que ça n’allait pas être en s’améliorant, surtout lorsque sera venu l’âge des caprices et des bêtises. Difficile de dire non à cette paire d’yeux bleus – à croire qu’il a hérité du don de sa mère de faire craquer n’importe qui par ces regards là. Les parents comptaient bien se rattraper le soir-même, une fois qu’il sera au lit. En espérant qu’ils ne soient pas trop épuisés par la journée qui s’annonçaient. Parce qu’avant les négociations et les discussions, il fallait trouver de quoi faire pour la journée et Joanne avait envie de faire une longue promenade. Jamie avait tout naturellement agrémenté l’idée en suggérant d’aller voir une ferme avec des animaux et qui proposait également une cueillette libre de fruits. L’idée de faire des gaufres avec des fruits frais n’était qu’une motivation supplémentaire, une raison de s’y rendre. Joanne savait qu’il ne refuserait pas un tel plaisir pour ses papilles. Il retrouvait toujours son âme d’enfants, lorsqu’elle cuisinait ces mets qu’il adorait tant. S’il n’en réclamait pas, elle lui en faisait la surprise. Les deux garçons étaient assortis pour la promenade. Joanne, pour le coup, avait pensé à prendre son téléphone portable parce qu’elle savait qu’il y avait de beaux clichés à prendre dès que l’occasion se présentait. Daniel était particulièrement perplexe d’avoir une casquette sur la tête. Joanne, elle avait un chapeau et ses lunettes de soleil. Sa peau étant très fragile tant elle était claire, elle s’était recouverte de crème solaire avant de commencer la marche. Celle-ci fut principalement silencieuse dans un premier temps. Tout était si calme. Joanne avait rapidement adoré l’esprit champêtre de leur résidence secondaire. C’était apaisant pour elle, cela lui permettait de faire un petit peu le vide dans son esprit. Jusqu’à ce qu’elle finisse par dire combien elle aimait se rendre ici dès que l’occasion s’y présentait. Des paroles gorgées d’optimisme venant d’une femme qui ne voyait jamais le verre à moitié plein pour elle, c’était tout de même assez exclusif. Mais là, Joanne se sentait à sa place, avec sa famille. Jamie, appréciant ces quelques dires, déposa un doux baiser sur sa tempe. Il n’en demandait pas plus. Son objectif à lui était de la rendre heureuse, et là, il y parvenait. C’était une véritable victoire en soi, lorsque l’on savait d’où Joanne venait. Ils arrivèrent plus vite qu’elle ne le penserait à la ferme en question. Ils discutaient longuement avec le fermier qui devait apprécier chaque visiteur. Il avait toujours beaucoup de choses à raconter. Pendant ce temps, Joanne avait pris le petit dans ses bras le temps qu’il ne se réveille. Une sieste si courte l’avait rendu assez grognon et il prenait beaucoup de temps à parvenir à ouvrir les yeux bien en grand. Jamie était resté avec le fermier alors que Joanne s'approchait déjà des cultures avec le petit pour récolter elle-même les fraises. Accroupie, elle en récupérait quelques unes et à un moment donné, elle avait récupéré une bouteille pour rincer une petite fraise qu'elle mit dans la bouche de Daniel. Il prit le temps de machouiller avec ses quelques quenottes, d'un air perplexe, jusqu'à ce que son visage s'illumine lorsqu'il comprit qu'il aimait bien ce fruit. Il avait encore la bouche pleine lorsqu'il venait en réclamer encore à sa mère. Elle limitait bien évidemment la consommation afin qu'il ait tout de même faim pour le repas de midi. Joanne s'était permise de cueillir l'équivalent de trois barquettes de fraises. Mieux vaut trop que pas assez. Elle rejoignit ensuite Jamie, qui était perdu au milieu d'une ribambelle de lapins et de lapereaux. Il avait retrouvé l’âme d'un enfant, comme à chaque fois qu'il s'approchait d’animaux. Il fallait que Joanne se plante juste devant elle pour qu'il remarque sa présence. Elle voyait dans l’éclat de ses yeux verts qu'il voulait en prendre un. S'il le pouvait, Jamie aurait une véritable animalerie à la maison. “Mais bien sûr.” rétorqua-t-elle en riant. La jeune femme finit par s'accroupir en gardant Daniel bien dans les bras. Elle avait un peu peur que si elle le mettait assise par terre, les lapins ne se précipitent sur lui et que le petit prenne peur. “Ils sont plus mignons que nous deux ?” demanda-t-elle avec un regard amusant. Mais il ne serait pas raisonnable d'adopter un lapin. Ils ne sauraient pas quoi en faire. “On pourra revenir autant de fois que tu veux pour les bichonner, si tu veux. Ils pourront te kidnapper autant de fois que tu veux tant que je te récupère à chaque fois.” Elle tendit sa main pour lui caresser délicatement la joue. Parfois, elle avait l’impression d'avoir deux enfants avec elle. Mais elle savait que Jamie n'avait pas été le plus comblé des enfants. Il était en quête constante d’amour et d’affection et Joanne lui en donnait dès qu'il en avait besoin. Elle était devenue son refuge, son havre de paix. “Reste encore un peu là, je vais aller payer les fraises.” dit-elle en se redressant pour rejoindre le fermier. Celui-ci lui précisa qu'il vendait également quelques légumes et des œufs. Et rien n'aurait pu faire plus plaisir à Joanne que de cuisiner avec des aliments achetés directement au producteur. Elle achetait une demi douzaine d'œufs et se constitua un petit panier de fruits et légumes variés. Enfin, Jamie finit par les rejoindre, bien attristé de devoir laisser sa horde de lapins derrière lui. Après de chaleureux au revoir, ils rebroussaient chemin, Joanne tenant à son tour la poussette. Durant son trajet, elle énuméra ses achats. “Je pense que, je reviendrai ici pour nos plats ici. On mangerait des légumes de saison et… tu pourras revoir les lapins à chaque fois.” dit-elle avec un large sourire. Cela pourrait devenir une nouvelle habitude en venant ici en week-end.
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Ca gigote de partout, ça sautille, ça bondit, ça grignote tout autour de moi, sur mes jambes, dans mes bras ; les poils me chatouillent le nez, les joues, les petites griffes frottent sur mon pantalon et les museaux reniflent mes doigts. Ils sont curieux et un peu patauds, maladroits, ils n'ont pas conscience de leur taille, leur poids, leur force. Alors ça griffe parfois, ça mordille, c'est brusque. C'est un peu sauvage malgré tout, ces animaux, loin d'être des peluches, il suffit d'en prendre un dans les mains pour s'en rappeler. Ceux-ci sont beaux, en pleine santé, et visiblement heureux, épanouis. Ils ne manquent de rien, bien qu'ils soient demandeurs d'attention ; sûrement sont-ils devenus naturellement friands de câlins à force de voir du monde, des enfants, des grands, qui ne résistent pas à l'envie de leur caresser les oreilles. Ils sont habitués à ce confort, ces pachas, à cette aise, au grand air, la belle vie. Qui n'y prendrait pas goût ? Je me vois bien avoir les miens. Avoir un tas d'autres petits animaux dans un grand terrain. Je me vois dans cette vie calme, tout proche de la nature, et bien occupé. Car tout ceci demande bien du travail, et à voir l'état des lieux, j'ai bien de l'admiration pour l'homme qui nous a accueillis et qui me semble vivre ici seul. Il est à l'intérieur à cet instant, en plein démoulage de fromages. Le genre de produit que l'on ne trouve pas dans la grande ville. C'est un autre monde, une autre atmosphère, et tout cela me rappelle un peu Chilham, les années au domaine, près de la forêt. Nous n'avions que des chevaux, mais cela était déjà bien assez. « Vous n'êtes pas des lapins, il n'y a pas de comparaison possible. » je rétorque à Joanne par principe de ne pas lui donner satisfaction. Mon sourire est mutin, mon regard malicieux, et cela est le genre de visage auquel seules quelques rares personnes, dont Joanne, ont droit. Mais elle plus que les autres peut voir parfois l'enfant frustré, réprimé, mis en sourdine pendant des dizaines d'années qui ressort parfois dans l'éclat d'un coup d'oeil, dans l'esquisse d'un rictus, tandis que je prends, avec du retard, le temps et le droit de m'émerveiller d'un rien. J'approuve d'un signe de tête la proposition que la jeune femme me fait de revenir ici, pour les produits et pour les animaux, promettant ainsi, tacitement, de ne pas me laisser trop adopter par les rongeurs et ne pas finir par me transformer moi-même en lapin. Elle s'en va payer sa cueillette, et je lui subtilise Daniel pendant ce temps, afin de faire avec lui le tour du terrain. Et il arque un sourcil, dubitatif, curieux, parfois apeuré, parfois amusé par la forme de telle ou telle créature qu'il voit ici pour la première fois -du moins, en vrai, car ses livres sont remplis de toutes ces bêtes. « Touche, lui dis-je face au mouton, déposant ses petits doigts dans le nuage de laine dans lequel il flotte avec nonchalance, c'est tout doux. Tu vois ? C'est un peu bizarre, hm ? C'est avec ça qu'on fait de gros pulls pour l'hiver. Mais je crains que tu ne connaisses pas ça en Australie, mon garçon. » Je ris tout bas et l'embrasse sur la joue. Même au plus froid de l'année, ce n'est pas à Brisbane qu'il faut s'armer de laine. Un jour, il découvrira la neige à Londres. J'espère pouvoir lui faire vivre un Noël là-bas. L'attention de Daniel quitte le mouton, son visage tourne à droite à gauche à la recherche de quelque chose de précis, et lorsqu'il le trouve, il sourit d'oreille à oreille -et contre toute attente, il ne s'agit pas de sa mère. « Laisse-moi deviner, tu veux voir le canard. » Dans le mille. Sauf que l'oiseau est craintif, il ne se laisse pas approcher, et au moindre pas il s'enfuit. Le petit ne pourra pas le voir de bien près, mais cette petite pourchasse l'a tout de même amusé. Enfin, nous retournons rejoindre Joanne, les bras chargés de victuailles pour le week-end. Nous quittons le ranch et reprenons notre chemin vers la maison. Les chiens ont eu aussi profité du grand air, le propriétaire les a couverts de caresses, alors ils se montrent sages, satisfaits, et avancent à la file indienne devant nous en reniflant ici et là une botte d'herbe sur le bord de la route. « Tu sais, ça m'a donné une idée, pour le mariage. Et si on engageait un lapin pour apporter les bagues ? Tu l'imagines, faire des petits bonds le long de l'allée avec l'écrin sur le dos pour livrer les alliances à l'autel ? Penses-y. » Des bêtises juste pour la faire rire, juste pour mentionner le mariage et nous rappeler que nos rêveries, nos projets, sont bientôt là, tout près de nous. Le toit bleu de la maison se dessine devant nous. Nous remontons l'allée où est garée la voiture, et Ben et Milo sont immédiatement excités d'être à nouveau chez eux ; ils déboulent dans le salon, passent par la cuisine pour prendre une poignée de croquettes au passage, et sautent dans le canapé pour jouer. Daniel est déposé sur son tapis de jeux et ne tarde pas à s'entourer de peluches. Pour ma part, je rejoins Joanne en cuisine pour un déjeuner à quatre mains. Quoi qu'avant d'aider à nettoyer, éplucher, découper, mes mains ont trouvé leur place sur les hanches de la jeune femme, et mes lèvres sur son cou. « Est-ce que ça ne serait pas une bonne idée de retraite, ça, de s'installer ici, faire pousser un tas de bonnes choses, élever quelques animaux, et laisser les petites familles comme nous l'étions partager tout ça ? Tu nous y vois ? » Nous sommes loin, bien loin d'y être, et sûrement est-il trop tôt pour songer à des choses pareilles, pourtant je ne peux m'empêcher de souligner ce point, peut-être un détail ; c'est qu'à cet âge avancé où il n'est question que de penser à soi, quand les enfants sont grands et le travail terminé, je me vois encore avec elle, et je nous vois ici, continuer notre vie à deux, et peut-être nous aimer avec plus de sagesse.
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"Pas de comparaison possible, ah oui, vraiment ?" rétorqua Joanne en arquant un sourcil, un rictus malicieux venant étirer juste le coin de ses lèvres. De nombreux jeux s'étaient mis en place entre eux, le plus connu étant bien celui du vouvoiement. Mais il y avait aussi constamment ces instants où ils se cherchaient, ne voulaient pas satisfaire l'autre comme ce dernier l'entendait, ou encore à générer une certaine frustration dès que l'occasion se présentait. La petite blonde lâchait ensuite un petit rire avant de se relever et d'avoir fait comprendre à Jamie qu'il n'était pas vraiment question de rentrer à la maison avec des lapins sous le coude. En contrepartie, ils pouvaient très bien se rendre plus régulièrement dans cette ferme rien que pour y voir les animaux. Parce que Jamie était ami avec tous ces derniers et qu'il était tout simplement intenable en présence de petites boules de poils ou de plumes. La petite blonde finit par se lever pour aller régler tous ses achats et la belle petite famille reprit le chemin emprunté en sens inverse pour retourner chez eux et songer à préparer à manger pour midi. Durant leur marche, l'esprit du beau britannique restait focalisé sur ces adorables petits rongeurs. Sa remarque fit beaucoup rire Joanne. "Tu viens de trouver le meilleur moyen pour qu'on ne voit jamais nos alliances arriver." lui lança-t-elle alors. "Mais oui, si nous arrivions à en adopter et en dompter, je suis certaine que ce serait adorable comme tout." Tout était bien évidemment sur le ton de la plaisanterie. "Qu'est-ce que tu ne ferais pas pour me faire comprendre à quel point tu adorerais avoir un lapin, pas vrai ?" lui demanda-t-elle avec un large sourire, en lui volant ensuite un baiser durant leur marche. Une fois arrivés à la maison, Jamie se chargea de déposer leur fils sur le tapis de jeux pour qu'il s'occupe un petit peu seul, les chiens jouaient partout dans le séjour pendant que Joanne commençait à s'occuper de couper quelques légumes, ayant l'intention d'en faire une poêlée haute en couleurs. Elle avait assez hâte de goûter des légumes cultivés dans une ferme, elle se doutait qu'ils devaient être bien meilleurs que ceux trouvés dans un supermarché. Joanne arrêta son geste lorsqu'elle sentit des mains se déposer sur sa taille. Elle frémit lorsque Jamie déposa un doux baiser au creux de son cou. "Tu y penses déjà ?" lui demanda-t-elle doucement avec un sourire, en tournant sa tête afin de pouvoir croiser son regard. Joanne avait toujours admiré la capacité de son fiancé à entrevoir l'avenir. Il parvenait à avoir des projets à court, moyen, et long terme. Joanne fit demi-tour afin d'être en face de lui. "On ne risque pas de faire pousser grand chose si tu veux compter sur moi pour faire pousser quoi que ce soit. C'est déjà un miracle en soi d'avoir pu faire en sorte que mes plantes vertes ne meurent lorsque je vivais seule dans mon appartement." dit-elle en riant. "Si en contrepartie, je peux me contenter de lancer des graines aux poules et cuisiner des tartes avec les fruits du jardin, ça m'irait très bien." Joanne se décala un peu sur le côté afin de pouvoir s'appuyer sur le rebord de l'élément de cuisine pour s'asseoir dessus. Ainsi, elle était un peu plus à la hauteur de Jamie, parce que dès qu'il mettait les pieds dans cette maison, elle renonçait bien souvent à ses chaussures à talon. Joanne saisit le haut de son pantalon afin de l’attirer vers elle, entre ses jambes. "Mais c'est une très bonne idée, oui." souffla-t-elle au bord de ses lèvres avant de l'embrasser. Peut-être que leur avis changera avec le temps, avec les événements de leur vie commune. "En attendant, il y a... ton fils à voir grandir, et un mariage à finir de préparer, une lune de miel de rêve qui nous attend, et qui sait, peut-être un deuxième enfant. Peut-être même un troisième, un quatrième." C'était leur rêve commun, d'avoir une famille nombreuse, bien qu'ils avaient tous les deux bien conscience que ce n'était pas complètement réalisable, qu'il y avait des risques. Ils espéraient au moins que Daniel ne soit pas fils unique. Il avait besoin d'un petit frère ou d'une petite soeur. Et ses parents voulaient qu'il ait un frère ou une soeur. Enfin le père tenait surtout à ce qu'il ait une soeur. "On a déjà beaucoup de projets avant de songer à la retraite, tu ne trouves pas ?" La petite blonde passait les bras autour de son coeur et approcha ses lèvres des siennes pour l'embrasser longuement et avec une certaine fougue. "Mais j'oubliais, c'est vrai que ça doit être négocié et discuté plus tard." dit-elle en interrompant soudainement le baiser, les yeux pétillants de malice et d'une certaine satisfaction. "Et en attendant que tu réfléchisses à tes arguments concernant les négociations à venir, je dois finir de couper ces légumes." Elle rit et vola un dernier baiser, puis remit les pieds sur le sol et reprit son activité comme si de rien n'était, quoi qu'elle avait ce sourire qui restait bien fixé sur ses lèvres. Une fois qu'elle avait fini de couper tous les légumes, elle versait le tout dans une grande poêle afin de tout faire mijoter avec un fond d'huile d'olivie, des échalotes et de l'ail finement hachés. Elle comptait en réduire une petite portion en purée pour Daniel. "Tu voudras manger quoi, avec, mon amour ?" lui demanda-t-elle alors. Bien que Joanne avait bien pris l'habitude de manger avec un végétarien, elle avait parfois un peu de mal à trouver quoi lui faire en accompagnement. Jamie avait entre temps ouvert une bouteille de vin à déguster en attendant le tout ne cuise. Ils firent tinter les verres à pied alors bien remplis, toujours à trinquer pour eux, leur famille, leur bonheur, et tous les beaux événements qui les attendaient par la suite. Après quoi, Daniel commençait à crier famine. Joanne le mit dans sa chaise haute et prépara la petite portion qu'elle avait prévu pour lui, laissant son fiancé lui donner à manger parce qu'il n'en avait jamais vraiment trop l'occasion durant la semaine. Elle savait que cela terminait toujours en bêtises, mais elle adorait tout simplement admirer leur complicité. Ils avaient le même regard malicieux durant ces moments là, comme s'ils avaient exactement les mêmes idées en tête. Et cela avait toujours fait le bonheur de la jeune femme.
Will you now forever remain out of reach of my arms? All those days in the sun, what I'd give to relive just one. Undo what's done and bring back the light.
De l'enfance qui nous forge à l'âge adulte où l'on ne cesse d'apprendre, il est dans la vie autant de parts d'acquis que d’inné ; ce que l'on apprend, et ce qui est livré avec notre corps et notre esprit à la naissance. Malgré des premières années passées au domaine où la verdure était principale maîtresse des lieux devant même les aristocrate qui empruntaient ses terres depuis des générations, j'ai de quoi croire que mon intérêt pour le vivant, qu'il s'agisse de faune ou de flore, ait toujours fait partie intégrante de moi. Car vivre dans un environnement ne vous fait pas l'aimer, après tout. Et j'ai toujours été le garçon qui court dans l'herbe, tombe dans la boue, se salit les coudes, s’écorche les genoux. J’étais celui qui construisait des canneaux pour des civilisations de foumi sans savoir qu'il faisait plus de mal que de bien, l’infatiguable cavalier des poneys puis des chevaux, et aujourd'hui, l’amoureux de quasiment toutes les bêtes, celui qui s'engage à ce que l'évolution de l’Homme ne se fasse pas aux dépens des autres créatures dont il a autrefois fait partie, il y a longtemps, bien avant qu'il ne se dresse sur ses deux jambes. “Que le seigneur me fasse construire une arche et je serais comblé !” je m'exclame donc, parce qu'il n'est pas question que de rongeurs, mais bien de tous les animaux à poils, à plumes et à écailles que je croise que je finis par avoir envie de ramener à la maison, et si je m’écoutais, j’ouvrirais un zoo dans le jardin -pas que ce soit la place qui manque. Et ce n’est pas la première fois que je songe à mon avenir de cette manière, entouré de bestiaux dans un coin hors de la ville. C’est quelque chose qui me ressemble, peut-être plus que ma carrière actuelle, embrassée de force, par dépits. J’ai appris à l'aimer, à me prendre de passion pour ce travail, et à me donner entièrement comme dans tout ce que j'entreprends. Pourtant, si on interroge le petit Jamie, celui qui passait des heures avec son frère à regarder les manchots au parc de Londres, il s’y verrait, de passer sa vie là. Entre une quête du Graal et un tour sur krypton. J’imagine que cela peut paraître naïf, futile. Presque inutile, de regarder si loin dans l'avenir et d'imaginer la vie que nous aurons quand les enfants auront quitté le nid. Mais c'est une chose que j'aime avoir à l'esprit, une belle image à mes yeux. “Je pense déjà que nous serons ensemble à ce moment-là.” je précise à Joanne. Parce que nous ne serons pas de ceux qui divorcent, n’est-ce pas ? Pas après tout ce que nous avons traversé, supporté, adoré vivre ensemble. Pas après toutes ces émotions, ces épreuves, après avoir subi cette houle qui nous a séparés et ramenés l'un vers l'autre régulièrement. C’est la bonne, n'est-ce pas ? La fois où nous vivons ensemble, où nous effectuons le chemin à deux jusqu'au bout. J’en suis si certain. Je souris, car il n'est rien qui puisse obscurcir le tableau, rien qui puisse nous empêcher d'arriver là. Je ferai pousser les plantes, s'il le faut, et elle fera les petits plats. “Marché conclu. Tu seras la faiseuse de tartes et d’omelettes, et moi l'éleveur de lapins.” Et tout sera parfait. Je réponds au baiser tendre que Joanne dépose sur les lèvres, souriant un peu, le coeur léger, confiant dans la réalisation de tous ces projets. Les lointains et les moins lointains. Bien entendu, il y a toute une vie à vivre avant cela, et tant de choses à faire, à voir, à apprendre, tandis que Daniel évoluera, la famille s’agrandira, et notre amour demeurera. Certains sont fiers de s'aimer comme au premier jour. À mes yeux, nous sommes une exception. Je préfère la manière dont j'aime la petite blonde aujourd'hui, plus qu’hier, et bien plus que le premier jour. Et je sais que dans quelques mois, quelques années, je l’aimerai encore mieux. Elle est adorable, installée sur le meuble de la cuisine, les pieds ne touchant plus le sol. La manoeuvre lui a fait gagner une dizaine de centimètres, si bien qu'il lui est plus facile de me voler de longs baisers -dont je ne cherche pas à m'échapper. Au contraire, les mains sur ses cuisses, mes lèvres caressent les siennes en écho à sa fougue. L'audience que nous avons dans le salon ne nous permettra pas de tenter plus. “Vous savez donner la couleur, miss Prescott.” je murmure avant de l'embrasser au coin de la bouche. Je l’observe, mutine, avec un sourire amusé. Oui, je l'aime bien plus qu'au premier jour. Je prends en main la préparation de quelques légumes. Pour accompagner le tout, le lance la cuisson d'assez de riz pour nourrir un régiment -la faute au paquet qui me glisse des mains et versé bien trop de grains dans l'eau chaude. Cela fait, je suis missionné pour donner son repas à Daniel ; monsieur a sa propre compotée, et il ne semble pas s'en plaindre. Comme souvent, il pose sa main sur mes doigts qui guident la cuillère jusqu'à sa bouche. Cela lui donne l'illusion de le faire lui-même. Dès qu'il le peut, il subtilise le couvert et le jette par terre afin que Milo, à la rescousse, le ramasse -ou mieux, papa. “Ha-ha. Petit malin.” Le garçon s'adonne à cet enchaînement trois ou quatre fois en s'esclaffant toujours autant, jusqu'à ce qu'il saisisse plus de fermeté dans ma voix lorsque je lui dis ; “Eh, j'ai une idée, on va jouer à un autre jeu. Ça s'appelle “Daniel arrête de jeter sa cuillère par terre avant que papa perdre patience”. T’en dis quoi ?” Il ouvre grand, gobe ses dernières bouchées de purée, et ne fait plus le malin. Cela lui donne le droit à un biscuit qu'il machouille à l'aide de ses petites quenottes, ravi. Pendant ce temps la table est mise pour Joanne et moi. Même si je sais que le contrat lorsque nous sommes ici stipule que je ne le dois pas, je jette un œil à mon téléphone, fait défiler les nouveaux mails, presque par simple principe de me faire, machinalement. Je passe par les mémos et l'agenda, de quoi me rafraîchir la mémoire au besoin. “Madison m’a envoyé un message pour me rappeler que nous n'avons toujours pas choisi de musiciens pour le mariage. Je lui ai répondu que nous sommes intraitables et que nous ne voulons que Imagine Dragons, mais ils seront à celui de Margot Robbie, ou Queen, et elle persiste à me dire notre budget ne permet pas de ressusciter Freddy Mercury. Tss…” Je lève les yeux au ciel, jouant de la mégalomanie que l’on m'attribue habituellement pour un peu d’autodérision. Une petite alarme me rappelle un rendez-vous non sans importance ; “Oh, et c'est dégustation de gâteaux demain !” Parce qu'il n'était pas question d'être les énièmes pigeons d'une entreprise pseudo spécialisée dans les gâteaux de mariage parmi toutes celles proposées par notre organisatrice, nous avons décidé d'offrir le défi à un pâtissier du village qui nous proposera toutes les options possibles selon les indications que nous lui avons données au préalable. Une question est encore à trancher ; la forme du ou des gâteaux en question. Nous trancherons sûrement sur place. À l'entente du mot “gâteau”, toute l'attention de Daniel et Milo est captée ; les grands yeux bleus de l'un s'arrondissent et brillent, l'autre rapplique à toute vitesse dans l'espoir d'en avoir un morceau sans savoir qu'il n’y a rien de tel sur la table. “On reconnaît le gang des ventres sur pattes.” je commente, amusé, et observant le plus petit des chiens sautiller au pied de la chaise haute de Daniel pour demander un bout de boudoir à son maître modèle réduit, avant de finalement se contenter des miettes par terre.
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Bien que Jamie avait déjà une idée bien construite sur leur futur lointain, il ne refuserait pas les quelques exigences de sa belle. Comme il venait de le présenter, cet avenir là plaisait beaucoup à Joanne. Mais elle ne parvenait pas encore à s'y projeter, c'était bien trop lointain pour elle bien. Elle avait toujours aimé avoir des plans, un chemin tout tracé plutôt que de se lancer à l'aveugle dans une aventure. Jamie était un maître en matière de planification, c'était quelque chose de très rassurant pour elle. Tout ce qui comptait, au fond, c'est qu'ils soient ensemble. C'était sur quoi il se basaient pour monter leur futur de toute pièce, leur avenir. Peut-être qu'il changeront d'avis d'ici là. Qu'ils se feront de vieux os et qu'ils auront besoin de proximité avec la ville et toutes ses commodités. Il y avait ces facteurs qui les empêchaient de tout prévoir comme ils le voudraient, les conventions qui demandaient à ce que la cadence de leur relation soit ralentie. Pourtant cela n'altérait en rien l'attirance qu'ils avaient pour l'un l'autre. Peut-être qu'elle s'était décuplée avec le temps, mais qu'il fallait s'assagir parce qu'un petit bonhomme ne dépendait plus que de deux. Et bien que Daniel n'allait avoir aucun souvenir de ces scènes débordant d'amour et de sensualité, le beau couple préférait s'en arrêter aux baisers. Quoi que les mains baladeuses de Jamie caressaient déjà les cuisses dénudées de la jeune femme. Il fut un temps où ils n'avaient pas vraiment de retenue. A croire qu'ils devenaient raisonnables, alors qu'ils avaient eu pendant longtemps une sainte horreur de ce mot là. "Je vous les montrerai toutes, les couleurs, Lord Keynes." rétorqua-t-elle tout bas, d'une voix particulièrement suave. Elle passait ses dents sur sa propre lèvre inférieure, tout en lui lançant un regard particulièrement envieux. Mais il fallait être à nouveau sérieux et songer à finir de préparer le déjeuner. Une fois que tout était pratiquement cuit, Jamie se chargea de nourrir leur petit. Ce dernier avait toujours une faim de loup, et son bon appétit et sa bonne santé se montraient grâce à ses bonnes joues roses. C'était en sirotant son vin que Joanne les regardait avec tendresse. Jamie recadra tout de même son garçon qui commençait à s'amuser de ses bêtises. Les chiens répondaient bien présents lorsqu'il s'agissait de lécher le sol avec les quelques gouttes de purée qui tombaient à terre, en même temps que la cuillère en plastique du petit. Une fois que celui-ci était repu, c'était aux parents de prendre le temps de manger tranquillement. Joanne n'aimait pas vraiment lorsque son fiancé profitait de ces moments là pour regarder son portable. Elle ne disait jamais rien au début de leur relation, ni en semaine dernièrement, parce qu'elle savait qu'il était un homme convoité et très demandé. Elle lâcha un discret soupir et préférait se concentrer sur son assiette plutôt que de faire le moindre commentaire. Il eut des nouvelles de la marraine de leur fils, qui les aidait également à préparer leur mariage. Joanne rit à la réflexion faite par le beau brun quant au choix de groupes de musique. "Nous trouverons bien un groupe qui saura nous convenir." Malgré le taux d'exigence particulièrement élevé de Jamie. Ce dernier leur rappela également que la dégustation de gâteaux se ferait le lendemain. Le simple mot fit interpeller Daniel et Milo. Ce dernier ne cessait de réclamer à manger au petit, ce qui fit légèrement froncer les sourcils de la jeune femme. "Et pas qu'un peu." lança-t-elle tout de même avec un léger sourire. Il semblait ensuite se calmer sous son regard attentif. Joanne était particulièrement contre donner de la nourriture aux animaux pendant qu'eux étaient à table, et cette règle là concernait aussi son fils. Mais lui était bien trop concentré sur son biscuit pour faire quoi que ce soit d'autre. La table fut rapidement débarrassée une fois le déjeuner fini. Joanne voulait profiter un peu de ses deux hommes à l'extérieur mais le ciel s'était rapidement assombri et il s'était mis à pleuvoir à torrent. Elle regardait le temps par la fenêtre durant quelques minutes, assez dépitée, avant de reporter son attention sur Jamie, qui s'était installé sur le canapé avec le petit. Elle les rejoignit en s'installant à côté d'eux. Un petit moment calme pour mettre Daniel en condition pour la sieste. Il le savait, et il devenait toujours particulièrement affectueux à cet instant là. Il était là, tout blotti contre son père. "C'est à quelle heure, demain ?" finit-elle par demander doucement, en appuyant sa tête contre l'épaule. "On pourrait peut-être nous manquer un repas demain. On dégustera bien plus facile si nous avons un peu faim." Du moins, Joanne savait qu'elle ne mangera pas grand chose, ayant un appétit d'oiseau. Quelques minutes plus tard, Jamie jugea bon d'aller coucher leur fils, qui peinait à maintenir ses paupières ouvertes. Lorsque la porte de sa chambre fut fermée par son père, ce dernier rejoignit sa fiancée. "Viens, allonge-toi." lui dit-elle en lui indiquant d'un geste de la main de poser sa tête sur ses genoux. Ainsi, Joanne avait tout le loisir de caresser ses cheveux en admirant inlassablement ses traits. "Je ne t'en voudrais pas si tu t'endors aussi, tu sais." lui lança-t-elle tout bas avec un petit rire pendant que ses doigts longeaient la ligne de sa mâchoire. Ca ne la gênait pas de rester là, une heure deux, à le voir assoupi, à caresser ses cheveux. Il avait besoin de repos, de moments calmes aussi. La semaine était déjà suffisamment stressante et dense qu'il avait forcément besoin d'une accalmie, d'un peu de tendresse. Elle, elle n'était vraiment pas du genre à faire des siestes, et ça ne l'avait jamais dérangé de veiller sur lui. C'était un rôle qu'elle s'était choisie et qu'elle appliquait aussi bien qu'elle le pouvait. S'il comptait dormir et que sa sieste se faisait assez longue, Joanne pensait qu'elle pourrait faire la pâte à gaufres, pour la faire reposer un peu avant d'être cuite.
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Un mariage ne se prépare pas en deux semaines. Quoi que cela serait possible, certes, en faisant l'impasse sur certains détails, que Joanne et moi sommes bien trop perfectionnistes pour les laisser passer, les déléguer, ou pire, les abandonner au hasard. Je suis sûrement le pire de nous deux, j'en ai conscience, et je pense bien que Joanne se repose sur moi et Madison pour toute cette organisation, la cohésion que mon amie et moi avons étant assez rassurante pour la jeune femme qui peine déjà à choisir si les tables doivent être ornées de photophores ou de chandelles. Il est loin, le cliché de la jeune femme stressée et castratrice envers le personnel en charge de cet événement si spécial. Son retrait est parfois perturbant et peut passer pour un manque d'investissement. Néanmoins, je pense qu'elle a surtout confiance en moi. C'est pourquoi je ne me formalise pas du manque de rebond de ma fiancée à propos des sujets que je soulève et que Madison a porté une nouvelle fois à mon attention avant qu'ils ne me sortent de la tête -ce qui sera à nouveau le cas dans une dizaine de minutes. Je hausse les épaules, et pour la blague, je rajoute ; “Et qu'est-ce que tu penses d’ACDC ?” l’air de prendre des notes pour les envoyer à la petite brune qui, elle, prend sûrement moins à la légère ce sujet que nous. Tout a son importance après tout, et la musique est au sommet de la liste. On se réserve pas un groupe quinze jours à l'avance. Je la vois me dire que si c'est pour saboter l'organisation, autant nous marier à Vegas. Bien sûr, ce n’est pas ce que je souhaite pour nous. Quant à ce que Joanne souhaite… parfois, c'est un mystère. Même le programme du lendemain ne paraît pas l'enthousiasmer outre mesure, tandis que Daniel et Milo, qui ne comprennent même pas de quoi il s'agit, sont surexcités. Concernant le petit garçon, cela sera de courte durée ; une fois la digestion entamée, il ne lui faut jamais longtemps avant de réclamer une sieste. En attendant, une fois installés dans le canapé, il se blottit contre moi, une peluche sous le bras, la tétine en bouche. Une main posée sur sa tête le conserve dans l'espace protégée de la bulle qu'il partage avec ses parents. Là où rien ne peut lui arriver. “C’est à dix heures, je réponds à Joanne à propos de la dégustation, du coup je pense que ça nous calera pour la journée.” Ce qui me paraît plus stratégique que d'avoir à s'affamer avant pour finalement n’avoir en tête que le besoin de ne pas tomber en hypoglycémie plutôt que le goût et la forme de ce qui nous sera proposé. “On aura du gâteau au déjeuner !” je murmure avec enthousiasme près de l'oreille de Daniel qui somnole déjà, la joue toute écrasée contre mon torse et le doudou lui glissant des doigts. “C’est l'heure du coup de barre, hein bonhomme… On va au lit, tiens bien Dug.” Sa main potelée se resserre sur le canard en peluche, pour à peu près trois secondes. C’est plutôt à moi de le garder près de lui tandis que je porte le petit à travers la maison jusqu'à sa chambre. Il grogne un peu quand je le dépose sur le matelas, la chaleur de la couverture et la compagnie d'un doudou ne vaut pas un papa, mais Daniel est bien trop fatigué pour batailler plus longtemps. Je reste auprès de lui une dizaine de minutes, le temps d'écouter sa respiration s'installer dans la pièce, profonde et régulière, et de l’observer un peu, calme, petit bout de chou adorable. Une dernière petite caresse sur le bout du menton et je le laisse à ses rêves de bébé en fermant la porte derrière moi. De retour dans le séjour, je m'installe dans le canapé, la tête sur les cuisses de Joanne comme celle-ci m'y invite -et je sais que cela signifie que j'aurais droit à ces massages crâniens dont je ne me laisse pas, alors je ne me fais pas prier. Malgré mes paupières closes et le calme qui règne, je n’ai pas sommeil. “Hm, non, je ne vais pas m'endormir…” Je profite simplement du moment, sachant qu'il sera de courte durée ; le silence ne dure jamais bien longtemps lorsque Milo est éveillé, et celui-ci ne tarde pas à saisir sur le sofa, ou plutôt, sur mon ventre, et y prendre ses aises comme dans son propre panier. Loin d'être dérangé par la boule de poils, je passe mes doigts sur son long corps couleur caramel, le long de ses oreilles, et taquine le bout de ses pattes courtes. Il ne bouge plus, en rond parfait. C'est l'occasion dont je profite pour récupérer le carnet de dessins et le crayon toujours placés dans la table basse afin de passer le temps avec un croquis de Milo. Il est si rare qu'il ne soit pas agité que cela m’a toujours été impossible. Autant de pas manquer le coche. Pour l'heure qui suit, donc, je forme petit à petit la silhouette, le poil, le museau du teckel. Un petit sourire au coin des lèvres, je me souviens comment il est entré dans nos vies, par hasard, grace au destin. Il avait besoin de nous, et peut-être que nous avions un peu besoin de lui aussi. Le temps passant, le chien est pleinement reposé, et il est à nouveau l'heure de jouer. “Ma muse du jour vient de se carapater.” je soupire quand Milo saute du canapé. Il trotte dans la cuisine d'hydrater, et il file attirer l'attention de Ben avec quelques coups de patte sur la truffe. Plutôt que de refermer mon carnet et ranger le tout à sa place, je ne laisse pas l'inspiration se faire la malle, et encore moins l'occasion de dessiner Joanne une nouvelle fois. Je tourne la page, m'installe de l'autre côté du sofa, et commence déjà à tracer les repères de son visage de la pointe de la mine. “Ton tour. Non, teuh teuh, je ne veux rien entendre. Tu es superbe.”
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La petite blonde rit une nouvelle fois à la énième plaisanterie de son fiancé, en suggérant un autre groupe de musique qui ne collerait définitivement pas avec l'ambiance recherchée pour leur mariage. Le choix d'un groupe était particulièrement difficile. Peut-être que c'était ce qu'il y avait de plus compliqué. Trouver celui qui se rapproche le plus des exigences du couple et il fallait dire que Joanne avait un peu de mal à donner des pistes pouvant les aider. "Nous trouverons bien un groupe qui saura nous satisfaire tous les deux." dit tout de même Joanne, assez confiante, bien qu'elle savait qu'ils allaient passer beaucoup de temps sur cette partie là de leur mariage. Et on enchaînait sur le sujet des gateaux. Leur cérémonie devait être personnel et ils étaient du genre à se pencher sur absolument tous les détails. Ils n'aimaient pas vraiment tout ce qui était fait industriellement et ils avaient l'idée de se tourner vers le pâtissier du coin, qui fut particulièrement ravi de pouvoir s'investir dans un tel événement. Ca ne devait pas lui arriver tous les jours non plus. Certes, Jamie et Joanne lui avaient fait une liste de consignes, de choses qu'ils ne voulaient absolument pas, mais cela permettait au professionnel d'avoir tout de même une certaine liberté. La famille lézardait sur le canapé, les parents regardant le petit sombrer petit à petit. Elle regardait Jamie d'un air attendri lorsque ce dernier s'enthousiasmait à l'idée de ne manger pratiquement que des gâteaux le lendemain. Elle lui caressait tendrement la joue. "Je vais paraître très frenchy, mais j'espère intérieurement qu'il y aura quelques choux à la crème." Joanne avait eu l'occasion d'en goûter dans un restaurant français à Brisbane, un soir avec Sophia, et elle était tombée sous le charme de cette pâtisserie. "Je suis curieuse de voir ce qu'il va nous proposer." Elle parlait tout bas, comme pour ne pas perturber la sérénité qu'il y avait dans cette maison. Jamie ne tardait pas à se lever emmener le petit au lit, avec qui il restait quelques minutes. Il n'avait pas toujours l'occasion de l'emmener à la sieste, loin de là, cela restait un petit moment privilégié pour lui. Et c'était ensuite à son tour d'avoir droit à son moment rien qu'à lui avec Joanne et il ne se laissait pas prier. Bien qu'il avait les yeux clos, il ne comptait pas s'endormir. Il préférait profiter des caresses attentionnées de sa future épouse. Milo comptait bien être de la partie et s'installa confortablement sur le ventre de son maître. Il était si rare de voir le jeune chien apprécié un moment de calme, il était plutôt du genre à être très surexcité. Le britannique sauta sur l'occasion pour le dessiner et récupéra tout son matériel qu'il avait laissé sur la table basse. Pendant qu'il complétait son croquis, Joanne continuait de lui caresser doucement les cheveux, observant avec silence l'avancement du dessin avec un sourire constant au coin des lèvres. Mais le temps calme fut de courte durée et le modèle finit par partir. "Donc je ne deviens qu'une seconde option, désormais ?" demanda-t-elle sur le ton de la plaisanterie à Jamie lorsqu'il changea de place afin de la dessiner elle. Joanne était à la fois un peu mal à l'aise et flattée qu'elle l'inspira toujours autant. Il ne râtait jamais une occasion et elle se doutait un peu qu'il la dessinait un peu parfois en cachette. Alors elle changeait pas sa position, elle l'observait silencieusement. Joanne n'avait jamais trop osé discuter avec lui pendant qu'il peignait ou qu'il dessinait. Il ne lui manquait plus que les lunettes sur le bout du nez. Elle était d'ailleurs surprise qu'il n'ait pas voulu les chercher. Un rictus mutin venait parfois discrètement étirer ses lèvres. Elle le trouvait tellement beau, là, à cet instant précis. Bien qu'elle fondait dès qu'elle le voyait en costume, être en vêtement plus décontracté le rendait séduisant, mais autrement. "Est-ce que cette muse là vous convient, my Lord ?" lui demanda-t-elle avec un regard pétillant. Elle le laissait encore dessiner un peu, lui laissant le temps nécessaire pour qu'il ait pu mettre sur papier les détails les plus importants pour lui. Puis elle se rapprocha de lui, malicieuse au possible, pour s'installer sans trop gêne sur ses genoux, forcé alors d'arrêter son esquisse. "Qui voudrait d'une muse aussi perturbatrice ?" dit-elle en riant, en collant son front contre le sien, pour lui voler ensute un baiser. "J'ai tellement hâte de t'épouser, d'avoir le même nom que toi." lui souffla-t-elle en passant les doigts sur ses lèvres. "Que tu vois la robe que j'ai choisie, et... le reste aussi." Elle sourit malicieusement en énonçant cette phrase. "Mettre ton alliance à ton doigt, signer tous les papiers qu'il faut, t'embrasser, célébrer comme il se doit." De beaux moments qui étaient amplement mérités, après tout ce qu'ils avaient pu traverser ensemble. "Et tout sera parfait." dit-elle en un soupir, les yeux fermés pendant qu'elle caressait délicatement son visage avec le sien. "Je t'aime." Elle avait plongé son regard dans le sien, ses iris débordant d'amour et d'affection. Il pleuvait toujours dehors, les nuages ne semblaient pas vouloir changer de position pour le moment. Joanne profitait de ce moment de tendresse avec lui, à se blottir, à s'embrasser de temps en temps, parce qu'elle savait que ça n'allait pas durer bien longtemps. Daniel n'allait pas tarder à se réveiller de sa veste, ayant un véritable radar pour savoir quand ses parents passaient un moment agréable tous les deux. Et comme prévu, on commençait à l'entendre hoqueter au loin. "Ton fils à de nombreux dons, mais celui-là..." Elle secoua négativement la tête en riant. "Celui-là, c'est quand même le meilleur." ironisa-t-elle.
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Plus que frenchie, ringarde. Chut, je me tape les doigts intérieurement et empêche immédiatement les mots de franchir mes lèvres. Je n’en pense pas moins, et toutes mes railleries, mes mauvais commentaires et mon refus physique de cette idée de choix à la crème pour le mariage sont traduits par un unique sourcil arqué, un peu dépité, et un “Vraiment ?...” qui suffit à lui seul à faire comprendre l'ampleur de ma désapprobation. Autant dire qu'elle peut rayer cette option de la liste, il est hors de question, à mes yeux, de servir quelque chose d'aussi classique, vu, revu, préchauffé, usé que de misérables choix à la crème sans personnalité. Le pire serait qu'elle en réclame une pièce montée, une tour complètement figée dans le caramel, tout ce qui ne rend bien qu'en photos sur internet et qui tire la grimace dans la vie réelle. Non, c'est non, et sans compromis. “Hm, j’aimerais bien des fruits exotiques à la réflexion, ou une association originale, tu sais, quelque chose de différent.” Quelque chose de surprenant, de mémorable, que les invités voudront copier pour leur propre mariage ou toute autre occasion, quelque chose dont on nous demandera le secret, le nom du pâtissier. Et non un classique juste assez bien réalisé pour rappeller que la recette est disponible à tous grâce à quelques mots clés dans un moteur de recherche. Organiser un mariage devient si facilement, si vite le terrain de toutes les divergences d'opinion qui peuvent mal tourner, le parquet de scènes de ménage, et quelque chose me dit que demain, le pâtissier en sera témoin. Nous ne serons pas le premier couple à nous prendre le bec à propos du dessert, ni le dernier. Il y a toujours un accord à trouver, un moyen de contenter tout le monde. Quoi que. Malgré son Incroyable capacité à éviter tous les conflits quitte à s'écraser plus bas que terre, Joanne sait aussi être têtue comme un âne, qualité commune et héritée par Daniel qui peut parfois s’éveiller et faire des siennes. J'imagine que nous n'en saurons pas plus avant demain. Nous avancerons un peu notre crise de foie à venir avec les gaufres prévues aujourd'hui, mais en attendant, un temps calme s'est imposé dans la maison, le petit endormi, les chiens au repos pour un court instant. Lorsque Milo s'échappe, mon attention et mon inspiration s’emparent du portrait de la petite blonde. Visiblement, être un second choix n’est pas sans la faire réagir. “Blablabla… “sous quel profil, mon chéri ?” est tout ce que tu devrais dire.” je réponds en continuant mon croquis comme si de rien n'était. Je prends toujours le plus grand soin à esquisser sa bouche, ce qui est à mes yeux un exercice difficile. La commissure des lèvres suffit à elle seule à transmettre tant de messages différents selon un angle ou un autre, la mélancolie se transforme en malice pour un seul détail négligé. Et il n’est pas question de me rater. Les yeux ont tout autant d'importance, mais ceux de Joanne n'ont plus de secrets pour moi. Sa bouche en revanche, ses sourires, ont encore bien des mystères à dévoiler. “Ne bouge pas… Joane. Joaaane. Qu'est-ce tu fais ?” La jeune femme a décidé de ne plus tenir en place, et tandis qu'elle approche je serre un peu plus le carnet de croquis contre moi, comme pour ne pas perdre la moindre seconde, la moindre occasion d'ajouter un dernier trait au dessin avant qu'elle ne m'en empêche complètement. Finalement, son visage sur papier finit écrasé sur mon torse. “Tu sais quoi, tu ne vaux pas mieux que Milo pour le coup. Mes muses ne sont décidément pas fiables.” je râle en plaisantant avant de répondre au baiser de ma fiancée, la moue boudeuse malgré tout. Je dépose le carnet et le crayon sur la table basse près de nous pendant que les rêveries et les aspirations de Joanne, sa hâte du mariage et de cette vie à deux qui se profile, se déclarent et la rendent toute tendre et souriante. Et c'est ainsi que j'aime la voir. J'aime le rose sur ses joues qui ont retrouvé vie, et le pétillement impatient dans son regard. Elle est adorable lorsqu'elle oublie le reste, lorsqu'il n’y a que nous. Rien d'autre à penser que tout ce que nous partageons. “Je t'aime aussi.” je souffle en frôlant sa joue du dos de la main, avant de déposer un baiser tendre sur ses lèvres. Je prends son petit corps dans mes bras et l’y serre délicatement. Petit à petit, un baiser, une étreinte en amenant une autre, la jeune femme se retrouve allongée sur le canapé tout contre moi, et il n’est plus question de profiter de notre court moment de tranquillité autrement que comme des adolescents qui traînent là, flirtant et se cherchant pudiquement. Il était évident que Daniel viendrait interrompre cette séance d’embrassades, raison de plus pour ne pas se laisser tenter d'en faire plus. “Je crois qu'il a un sixième sens, quelque chose dans ce goût là.” je murmure, résigné à devoir attendre chaque jour que le petit soit bien assez profondément endormi pour espérer avoir sa mère pour moi seul. Puisque c'est à son tour, je la laisse aller chercher notre garçon et calmer son tempérament grognon des premières minutes après la sieste. Pour ma part, je rejoins les chiens face à la baie vitrée et arbore le même air dépité, expliqué par un “Il pleut toujours” de petit garçon déçu de ne pas pouvoir jouer à l'extérieur. Milo serait tout à fait capable d'aller gambader malgré tout car strictement rien ne l’arrête. Il gratte même le bord de la porte fenêtre, réclame de sortir, d'aller aboyer sur les gouttes de pluie. Autant qu'il y en ait un qui s'amuse ; j’entreouve juste assez la porte pour le laisser filer. Ce sera bain obligatoire à son retour. Ravi, il se couvre de gadoue en quelques secondes. Lorsque Joanne revient, je lui lance ce petit air innocent qui trahit immédiatement ma bêtise, puis j’hausse les épaules ; “C’est une météo pour après-midi Netflix.”