Will you now forever remain out of reach of my arms? All those days in the sun, what I'd give to relive just one. Undo what's done and bring back the light.
La dégustation est silencieuse, néanmoins les pensées fusent. Joanne et moi nous connaissons bien assez, sur le bout des doigts à vrai dire, pour deviner ce qui plaît et déplaît à chacun. Malheureusement, lorsque l'un sourit, l'autre grimace bien souvent. Autant dire un consortium relève de l'impossible, et la question du pâtissier fait l'effet d'un cheveu sur la soupe, bien qu'il fallait bien se prononcer à un moment donné. Même si ma fiancée n'aime pas spécialement prendre la parole en premier, je la laisse donner son avis pendant que je peaufine le mien, relis les notes que je me suis faite dans un coin de la tête, et raye de la liste toutes les suggestions qui me paraissent absolument hors de propos. J'écoute d'une oreille ce qui ressemble à une simple conversation à propos de desserts entre Joanne et l'artisan, jusqu'à ce que je comprenne qu'il est toujours question du repas de mariage, et qu'ils sont quasiment en train de s'accorder sur l'emplacement de leur stand à gaufres, quelque part à côté du stand de barbe-à-papa et de la pêche aux canards. « C'est tellement... hors de question. » j'interromps avec un rire jaune. Je n'en crois pas mes oreilles. Est-ce que Joanne donnait véritablement du crédit à cette absurdité ? « Excusez-moi mais c'est un mariage qu'on organise, pas une kermesse. Ne dites plus rien d'aussi ridicule, je vous en conjure. » j'ajoute sèchement, coupant court à toutes ces inepties. L'originalité est un art qui se manie avec la plus grande précaution et surtout, surtout, avec autant de subtilité que d’élégance, ce dont cette idée de gaufres est absolument dénuée du début à la fin. Je secoue la tête, comme pour m'arracher à un mauvais rêve. Faisons comme si je n'avais rien entendu de tel. Je me penche à nouveau sur ce qui a été proposé, puis je reprends ; « Well. Celui-ci était trop sucré, et celui-là trop amer. Cette ganache était trop épaisse, et je crois que je ne suis définitivement pas friand de la pâte à sucre. En plus d'être un brin écœurante, c'est trop classique. Je pense qu'on peut rayer les desserts de fast-food, comme les brownies, le fondant au chocolat, quoi que le cheesecake était très réussi. Votre crème pâtissière est excellente également, et ce caramel était exquis. » Je suppose que les quelques compliments n'effaceront pas toutes les critiques articulées précédemment, mais qu'importe, ils sont à prendre ou à laisser. Je me pince les lèvres, rien ne me transcende, mais ayant conscience de mon exigence naturelle, je tente de radoucir mes opinions trop fermes. « Il y a… des arrangements à faire, ici et là, et je crains qu'il soit impossible de concilier parfaitement nos goûts sans avoir à faire des concessions que personne ne souhaite négocier. » Le pâtissier pâlit un peu ; tout ça pour ça, pour rien ? Cela sonne comme une prise de congé et la perte d'un client particulièrement avantageux pour lui, alors qu'il a tant mis en place pour nous satisfaire. « Puis-je voir vos croquis ? » Sans conviction, il me tend une pochette dans laquelle il a glissés quelques feuilles de papier représentant diverses pièces montées possédant plusieurs degrés d'originalité, et parfois, du très classique, mais impeccablement exécuté. Pendant ma contemplation, je ne lâche qu'un « hmh » songeur. Finalement, j'emprunte le stylo du pâtissier et, sur un coin de feuille, gribouille une présentation que mon perfectionnisme m'empêche même de croquer sommairement. C'est une longue assiette étroite, et dessus, quatre desserts dont la présentation est tirée des dessins ou de ce qui nous a été présentés aujourd'hui. « Peut-être pouvons-nous partir sur ceci. Un petit chou pour la future Lady, ici un cheesecake que nous avons visiblement tous deux apprécié, un je-ne-sais-quoi au chocolat afin qu'il y en ait pour tous les goûts, et une portion aux fruits, un peu moins sucré si cela est possible. Et s'il faut absolument une pièce montée pour respecter la tradition, peut-être en faire une en macarons ? » Bien que la suggestion n'est certainement pas parfaite et mérite la touche de Joanne et celle du pâtissier afin d'en faire un travail d'équipe, il m'apparaît que c'est ainsi que nous pourrons satisfaire tout le monde et limiter la tension liée aux compromis.
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Jamie restait fidèle à lui-même. Son perfectionnisme lui collait à la peau et faisait souvent peur à Joanne. Là, il ne semblait rien pardonner au pâtissier. Le Lord accumulait les critiques sans mâcher ses mots et cela mit la jeune femme dans un inconfort tout particulier. Le malaise était particulièrement lourd, si bien que Joanne finit par perdre de l'appétit. "Ce n'était qu'une proposition, Jamie." répondit-elle calmement, bien qu'un peu irritée qu'il s'emporte autant. Rien n'avait été signé, rien n'était accordé. Le pâtissier ne s'était essayé qu'à quelques propositions, divaguant dans ses idées avec Joanne pour oreille attentive, qui l'écoutait, rien de plus. Mais le brun était en forme et reprochait toujours quelque chose pour chaque dessert qu'il pointait du doigt, de quoi décourager n'importe qui. Il tentait de mesurer ensuite ses propos en proposant quelques modifications, mais rien de suffisant pour faire avaler la pilule. Enfin peut-être était-ce le cas du pâtissier, mais certainement pas pour Joanne, qui observait à peine la scène, quelque peu exaspérée. Y avait-il franchement quoi que ce soit à négocier, étant donné que Jamie avait des choix bien arrêtés sur la grande majorité des desserts. Il demandait tout de même les croquis au pâtissier, qui n'osait plus prononcer quoi que ce soit. Même la main qui tenait son carnet semblait trembler. Joanne ne prit même pas le temps de les regarder, sachant pertinemment que son fiancé, intransigeant, ne pourrait pas résister à l'envie de modifier des détails, ou peut-être même de changer foncièrement l'entiereté d'une présentaiton suggérée par le professionnel. Elle savait que la journée n'allait pas être une partie de plaisir, mais pas à ce point là. Il semblait avoir pratiquement décidé de tout. Elle avait bien deviné qu'il était loin d'être conquis par le pâtissier, mais ils l'avaient choisi pour faire marcher les boutiques locales. Nul doute qu'il avait déjà mangé de bien meilleures choses ailleurs. Mais Joanne avait aisément deviné que, malgré les compliments, il n'était pas transcendant par les efforts du pâtissier, alors que Joanne avait beaucoup aimé une grande partie de ses suggestions. Elle était là, aussi, la différence. Jamie était le plus difficile des deux, et celui qui s'exprimait le plus, difficile de passer à côté de ses exigences. Joanne devinait de nombreux désaccords, et c'était à son tour d'exprimer son avis. "Autant se passer d'une pièce montée, alors." dit-elle calmement. "J'adore les macarons, vraiment, mais en faire une pièce montée, je trouve ça tout aussi original que ça ne l'est pour toi d'en faire une avec des choux." Les macarons étaient particulièrement en vogue depuis plusieurs années, certains les vendaient à prix d'or alors que les ingrédients sont peu coûteux, c'est plutôt la confection qui s'avère être le plus difficile. Qu'importe, depuis que l'idée était lancée, il y en avait partout, pour tous les goûts, toutes les couleurs, tout le temps, à tous les mariages. "Mais on peut très bien en mettre, présenté différemment." Elle ne voulait pas non plus abolir les macarons pour son mariage, surtout s'ils étaient bien faits. Jamie savait que Joanne avait un penchant particulièrement traditionnelle, mais il y avait certains aspects dont elle pouvait clairement se passer. "Au moins, nous sommes d'accord pour le cheesecake." Ca ne restait qu'un seul gâteau, mais Joanne tentait de faire preuve d'un peu d'optimisme dans tout ceci. La partie était très loin d'être terminée. "Peut-être faire aussi un gâteau avec de la crème au beurre ? Avez-vous des idées de recettes où l'on pourrait inclure le caramel ?" demanda-t-elle au pâtissier. Autant principalement se baser sur les goûts de Jamie. "Et si c'est vraiment trop compliqué pour vous, vous pouvez vous passez du chou. On peut mettre quelque chose d'autre à la place." Faire une pâte à chou juste pour un seul chou, Joanne trouvait ça particulièrement ridicule. Alors elle s'en passerait. Elle ne toucherait certainement pas à la mousse aux fruits exotiques – des fruits qu'elle trouvait de base trop sucrées bien qu'elle en aimait bien le goût. "Pour le gâteau au chocolat, pourquoi pas combiner avec un fruits ? Pomme, poire... ?" Joanne n'aimait pas les gâteaux au chocolat trop secs, ni trop compact. Déjà qu'elle avait un appétit d'oiseau, ces critères réduisaient davantage sa faim. Elle ressassait finalement beaucoup par rapport à la pièce montée, réalisant qu'elle aimerait tout même bien une pièce montée pour son mariage. "Avec quoi peut-on faire une pièce montée ?" Le pâtissier bégaya nerveusement avant de répondre avec hésitation, craignant les réactions de Jamie. "Eh bien... on peut le faire avec tout à peu près... Vous avez déjà évoqué les choux, les macarons... Ca peut être aussi avec des cupcakes, des popcakes, chocolat, j'en ai déjà faite une fois avec uniquement des fruits rouges... Nous avions fait la base des étage de la pièce montée avec un chocolat fin dans lequel nous vions mis un fond en biscuit pour que les bases soient solides, et remplis le reste de fruits, une pièce montée à trois étages, ou j'ai déjà fait avec des verrines avec des mousses, coulis... Heu... Après nous pouvons le faire avec toute sorte de pâtisserie : éclairs, une ribambelle de mignardises, des fraisiers, charlotte..." Il s'éclaircit la gorge. "Après, je sais qu'il existe une tendance chez les pâtissiers, un nude wedding cake, sans la crème pâtissière et nous utilisons d'autres éléments, pour la décoration. Des fleurs comestibles, des plantes... ou d'autres choses qui ne le sont pas. Il y aurait ainsi la crème pâtissière et... Je peux travailler la décoration selon vos sources d'inspiration, des filets de caramel..." Elle échangea un regard avec Jamie, pour savoir ce qu'il pouvait en penser. Bien qu'elle était intransigeante concernant la pièce montée en macarons, lui pour la pièce montée en choux, elle se montrait beaucoup plus ouverte que le reste. Le pâtissier se permit de récupérer son carnet pour griffonner rapidement mais proprement ses idées de pièce montée, que le couple pouvait ensuite modifier à leur guise.
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Mon regard cherche celui du pâtissier afin de saisir une réaction à cette suggestion ; l'homme n'ose plus rien penser et reste aussi expressif qu'une carpe. Dépité, je cherche ensuite celui de Joanne, qui n'est pas plus proche de la réponse que j'attendais à cet ultime tentative de consensus. A vrai dire, personne ne semble s'en satisfaire malgré les efforts mis dedans, et cela me donne envie de mettre tout bonnement fin à cette mascarade. Finalement, pas de pièce montée, l'idée est balayée plutôt que remodelée, pour le motif le plus ironique qui puisse être. Je soupire, lève les yeux au ciel, et désagréable au possible -ce que je regretterai sûrement plus tard- je lui réponds comme si elle était aussi idiote que ce que le pâtissier semble être ; « Eh bien dans « respecter la tradition » il y a forcément un caractère… traditionnel ? » Question de bon sens, mais tout le monde n'en est pas doté. Proposer les macarons autrement me semble être une ridicule tentative de faire mine de satisfaire tout le monde ; ils n'ont pas leur place sous une autre forme, leur présence n'aurait aucune cohérence, et encore une fois, cela serait tomber dans le ridicule. Le ton à la fois calme et las de Joanne me laisse dans la stupéfaction. D'après elle, à propos de tout ceci, nous ne sommes bien d'accord que sur une seule et unique chose ; voilà une maigre récompense pour mon essai à nouveau. Puis elle éjecte purement et simplement le chou à la crème de l'équation, et cela m'offense presque autant que je me sens blasé par le comportement qu'elle adopte ; « Quoi ? Mais je pensais que tu y tenais, tu m'as tiré des yeux de chien battu hier quand j'ai fait comprendre que je n'aimais pas ça ! » Et quand je suis prêt à céder sur le point où je me suis montré le plus réfractaire, non, mademoiselle fait l'enfant et n'en veut plus. Pour rajouter une couche de victimisation entre les lignes, elle ne demande de nouvelles idées à l'artisan uniquement basées sur ce que j'ai retenu de positif de la dégustation. La scène est surréaliste. Voilà ce qui arrive systématiquement lorsque l'on a le malheur d'oser émettre un avis ; personne n'est capable d'encaisser et de relever le moindre challenge. J'abandonne, je baisse les bas, détourne les yeux comme un gamin boudeur et hausse les épaules ; « Plutôt poire, s'il le faut absolument. » Parce que mêler le chocolat à un fruit dans un gâteau n'est absolument pas à mon goût, mais si j'ouvre la bouche, je risque de me faire crucifier. Ou plutôt, d'avoir à nouveau l'impression de les crucifier, eux. Oh, voilà que la pièce montée est de retour sur le tapis. Qu'importe, si c'est le souhait de Joanne, alors la jeune femme devra faire fi de sa phobie des choix pour déterminer elle-même de quoi elle sera faite. « Seigneur... » je soupire malgré moi, je retenant de jeter mon visage dans mes mains de désespoir lorsque j'entends des atrocités comme cupcakes et popcakes. Comme je n'avais pas été assez clair sur la question avec leur ignominie concernant les gaufres. Le pâtissier récupère mon attention à fleurs comestibles, et je peux enfin m'imaginer quelque chose qui ne soit pas complètement désastreux. « C'est probablement la moins pire de vos idées jusqu'à présent, mais je laisse la dame choisir. » dis-je en adressant un battement de paupières à Joanne. Puisqu'elle rejette mes compromis pour elle, peut-être que je me ferai une joie de lui rendre la pareille plus tard. « Faisons une petite pause. » je lance sans attendre l'accord de qui que ce soit ; je suis déjà levé de ma chaise et je me dirige vers l'extérieur, trouvant l'air irrespirable dans la boutique. Si je m'écoutais, j'allumerais une cigarette, mais je n'en apporte jamais lorsque nous venons ici et Joanne me tuerait si elle en sentait l'odeur sur mes vêtements. Pour déverser le venin qui me brûle les lèvres, une solution : appeler un autre genre de reptile. Mon doigt appuie sur le numéro du Dragon, et Jon ne tarde pas à décrocher -qu'importe ce qu'il fait actuellement, s'il est au milieu de quelque chose, je sais que pour moi, il décrochera avant la seconde sonnerie. Et il se doute qu'un appel à cette heure signifie qu'un bain de sang est susceptible de se jouer non loin. « Oui, nous sommes chez le pâtissier là. Tu l'entendrais, mon dieu. Disons que ses idées sont… en adéquation avec la clientèle locale je suppose. C'est tellement… en deçà de ce que j'aimerais pour nous…. Je sais, j'aurais dû t'écouter. Pourquoi est-ce que je ne t'écoute pas systématiquement ? » Parce que c'est un plus grand snob que moi détesté de tous et que ses conseils ne sont peut-être pas bons à prendre aveuglément, certes. « Bon, je vais devoir y retourner. Merci, courage à toi aussi. » L'appel prend fin, je souffle un bon coup, puis je retourne à l'intérieur.
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Dans la famille des têtus, j'appelle la mère et le père. Il n'y en avait décidément pas un pour rattraper l'autre dans ce cas. L'un cherchait à faire plaisir, l'autre se faisait à l'idée que certaines choses ne se feraient pas. Difficile de trouver un terrain d'entente alors que les avis divergeaient tant. Joanne restait persuadée que c'était avant tout la différence de milieu qui posait problème. Les attentes et les exigences n'étaient véritablement pas les mêmes pour chacun. Elle proposait de mettre des macarons ailleurs, mais lui n'en voulait pas ailleurs. Le serpent qui se mord la queue, encore et toujours. "Eh bien, sachant que tu n'aimais pas ça et ayant bien compris que tu n'en voulais pas pour notre mariage, je m'étais simplement faite à l'idée qu'il n'y en aurait pas." répliqua-t-elle. Chacun cherchait à se soumettre à l'idée de l'autre et ils n'étaient finalement pas plus avancés que la veille. Joanne proposait d'autres idées pour le chocolat, mais lui ne semblait pas convaincu à son tour. "Alors nous trouverons autre chose qu'un gâteau avec des fruits." souleva-t-elle. Il y avait de quoi s'arracher les cheveux, mais Joanne gardait son calme. Elle s'emportait moins vite que son futur mari. Et quand elle s'emportait, elle perdait toute crédibilité aux yeux de ce dernier. "Alors pourquoi pas une crème... Ou une sorte de financier revisité, ou des petites tartelettes avec du chocolat et des fruits secs. Noix, amande, noix de pécan, sésame..." proposa-t-elle. "Sous quelle forme voudrais-tu voir le chocolat ?" Joanne voudrait bien savoir ce qui lui conviendrait, puisqu'il condamnait déjà fondant, brownie, gâteaux au chocolat avec un ou plusieurs fruits. Elle enumérait les suggestions qui lui venaient en tête. Elle n'avait pas un large panel d'idées, elle n'en cuisinait pas tant que ça. Ou du moins, elle n'avait pas fait beaucoup de recettes différentes jusqu'ici. Joanne revenait alors sur la pièce montée, à nouveau en quête d'idées avec le maigre espoir que parmi les différentes idées, il y ait quelque chose qui puisse potentiellement plaire à Jamie. Là, la petite blonde peinait à garder son calme voyant que rien ne semblait lui convenir. Quoi que la dernière idée énoncée était convenable, mais encore, c'était un grand mot. Joanne soupira, commençant à ressentir une certaine exaspération. Il finit par quitter lui même la boutique pour prendre un peu l'air. La petite blonde s'excusa ensuite également auprès du pâtissier, comptant discuter de tout ceci avec Jamie. Elle l'avait vu au téléphone. Un autre employé de la boutique entrait, et la porte se refermait doucement. Suffisamment pour qu'elle puisse entendre ce qu'il pouvait penser. Que voulait-il dire ? Rien de bon. Du moins, c'était suffisant pour que Joanne se sente blessée pour qu'il rappelle à ce point leur plus grande différence. Qu'est-ce qu'elle avait la clientèle locale ? Trop inférieure à son goût. Cela voulait-il dire que Joanne était en deçà de ses attentes à lui ? Que ses goûts et ses propositions n'étaient pas à la hauteur de leur mariage ? Il tombait nez à nez avec elle dans la boutique. "Tu as raison, tu aurais peut-être du l'écouter." dit-elle d'une voix tremblante, éreintée par ce qu'elle venait d'entendre. "Je ne sais pas qui c'était, mais cette personne là doit avoir de très précieux conseils à donner." Joanne était énervée et blessée à la fois. Ses sourcils étaient froncés et ses yeux brillaient par l'émotion. "Si tu m'entendais, mon Dieu!" dit-elle en reprenant les termes qu'il venait à peine d'employer. Elle avait envie d'en pleurer. "Je suis sincèrement désolée que mes idées soient... bien en dessous de tes attentes, et que rien de ce que je puisse suggérer ne te donne envie. Je suis désolée d'avoir les mêmes goûts que la clientèle locale, des goûts de ces gens de classe moyenne primitive. Vraiment, je suis désolée que ce je puisse proposer vienne gâcher le dessert pour notre mariage." dit-elle, bien énervée, tant que des larmes coulaient le long de ses joues. Elle tourna ses talons pour revenir auprès du pâtissier et de Daniel, qui s'était endormi au fond de la poussette. "On reprend l'idée de la pièce montée en macarons. Vous en avez, des macarons ? Pour qu'on puisse en goûter ?" demanda-t-elle au pâtissier le plus aimablement possible, avec un ton qui laissait comprendre qu'elle ne laissait pas vraiment le choix. "Et le chou, aussi." Comme ça, chacun y trouvait son compte. Joanne avait son chou, Jamie ses macarons. "Et... Je ne sais pas quel dessert en chocolat vous pourriez nous faire, je compte sur vous pour trouver quelques idées, ne serait-ce que des ébauches. Je suis à court d'idées de mon côté." dit-elle en passant une main sur son visage en espérant retrouver un peu son sang-froid, ayant toujours une sainte horreur de se sentir ainsi énervée. Elle préférait largement que Jamie soit un minimum satisfait de son assiette de dessert lorsqu'il se retrouvera devant durant le mariage. Si le plat convenait aux exigences du bel homme, Joanne savait qu'elle y trouverait son compte. Elle avait bien compris que ses propositions à elle n'étaient pas à la hauteur de ce qu'il espérait de ce mariage. Joanne ne voulait pas revenir à cette période où elle préférait se taire pour que tout se passe au mieux. Non, à son tour, elle se pliait aux désirs et aux suggestions de son fiancé. De toute façon, elle n'avait plus grand chose à proposer. Le pâtissier fit rapidement un aller-retour pour ramener des macarons cuits le jour-même, il y avait là une dizaine de parfums différents. "On peut faire un grand nombre de sorte de macarons différents, s'il y a un parfum que vous aimez particulièrement, nous pouvons tenter de parfumer la ganache avec." précisa le pâtissier pendant que le couple dégustait ce petit met.
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Officiellement, je suis le tyran de cette pièce. Celui qui martyrise le pâtissier et fait perdre patience à sa fiancée. Pour ma plus grande incompréhension, se montrer exigeant concernant son propre mariage est une bavure, émettre un avis et des critiques est inconcevable. Je suppose que l'on attendait de moi de ne pas pousser plus loin que choisir un gâteau en grand format parmi les échantillons proposés et les présentations du book, que les autres clients, dans la région, ne demandent jamais plus, jamais mieux que tout ceci. Et je me sens stupide, vraiment, d'avoir cru pouvoir arracher à un artisan de cette ville le niveau que je me sais capable d'exiger pour un évènement de cette trempe. Évidement qu'il n’en serait pas capable, bien sûr que tout serait moyen, imparfait et d'une banalité à mourir. Je me sens fautif, non pas d'être fidèle à mes opinions et mes souhaits de standing pour ce mariage, mais que nous nous soyons adressé à la mauvaise personne, ce qui nous a tous conduits dans cette situation gênante au possible où il m'apparaît être plus capable que le pâtissier lui-même de proposer quelque chose digne de l'occasion dont il est question. Jusqu'à ce que je sois fatigué d'être le seul à être censé d'entre nous tous au point qu'il devienne évident que l'on se repose sur moi. « Je n'en sais rien, je ne suis pas le pâtissier ici, il y en a un dont c'est le job. » je lâche donc en toute mauvaise foi accompagné du signe de tête le plus condescendant qui soit en direction du professionnel désigné. Une pause est de mise, et mon appel à Jonathan est court, pourtant suffisant pour m’insuffler une nouvelle bouffée de courage pour affronter la suite. Néanmoins, je ne m'attendais pas à ce que la suite soit une Joanne en furie face à moi suite à la conversation dont elle a attrapé des bribes. « C'était Jon, et il est souvent de bons conseils. » je réponds. Et il m’avait dit de faire appel à quelque grand nom de la discipline, une personne renommée, pourquoi pas étoilée ; quelqu'un qui sache ce qu'elle fait mais aussi lire dans les pensées des clients -ou tout simplement prêts à absolument tout pour les satisfaire. Notre pâtissier est un chouineur de plus dans un monde de gens qui ne savent pas encaisser les critiques. Rien d'étonnant à ce que lui et Joanne soient sur la même longueur d'onde. Et je ne comprends que trop tard que celle-ci, prenant mes paroles pour Jon hors contexte, s'est cru visée par mes mots. « Qu'est-ce que tu racontes ? » je demande dans un premier temps, avant qu'elle ne se lance dans un monologue, apologie du soit disant mauvais goût que je lui impute et mise en lumière de mon mépris pour la médiocrité que l’on peut trouver au sein du monde dans lequel elle même a grandi. « Oh, évidemment. Evidemment, il fallait que tu le prennes pour toi ! » Après tout, lorsque j’émets une aussi violente critique, elle vise forcément celle que j'aime et que j'ai l'intention d'épouser, c'est évident. Cela ne peut pas être logiquement pour la seule personne de cette pièce que j’ai envie de secouer comme un prunier depuis que nous sommes arrivés, quelle idée. « Pour l'amour de dieu, Joanne, je parlais de lui.” je reprends en pointant le pâtissier du doigt sans la moindre gêne. “Peut-être que vouloir faire local n'était pas la meilleure idée.” Mais elle n'écoute plus, et quelque chose me dit qu'il n’est plus question pour moi d'ouvrir la bouche pour émettre le moindre commentaire désobligeant à propos de la suite. La jeune femme, faisant mine de prendre les choses en main, se contente surtout de me faire passer pour celui qui impose ses idées comme une véritable dictature. Nous sommes tous deux las de batailler pour un fichu dessert. Ma bouche reste scellée, sauf pour goûter les macarons mais toujours dans le silence complet. Encore une fois, ces bouchées ne valent pas grand chose. Qu'il n’y ait pas de méprise, tout ceci est bon. Mais tout ceci n'est surtout pas assez. Je souffle alors et je me risque à une dernière suggestion, même si celle-ci a tout le potentiel pour vexer chaque personne dans cette salle. “Ecoutez… peut-être que nous devrions nous tourner vers quelqu'un d'autre. Tout ceci est… banal, moyen. Il existe sûrement quelqu'un qui saura nous contenter tous les deux avec beaucoup moins d'efforts. Admettez que vous ne nous voulez déjà plus comme clients, vous ne prendrez aucun plaisir à travailler pour nous. Au final, tout le monde sera frustré, et je ne le souhaite pour aucun d'entre nous ici, pas pour une occasion pareille.” Le jour J, quand les assiettes arriveront, je ne veux pas être parasité par le souvenir de cette bataille ; je ne veux pas me rappeler de cette sensation d'être le grand méchant loup, et je suis certain que Joanne ne voudra pas être rappelée par cette fois où elle s'est écrasée devant son fiancé après qu'il se soit montré insultant vis à vis de toutes les personnes de son milieu social. Nous aurions beau nous forcer à tomber d'accord, ce dessert sera fourré à l'amertume. Et cela n’est certainement pas ce que je veux pour nous. “Qu'est-ce que tu en dis ?” je demande à Joanne, redoutant autant une réponse positive que négative de sa part, ne sachant plus sur quel pied danser ou quoi faire pour que la situation ne s’envenime pas un peu plus.
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Autant il y avait certaines sujets où ils étaient étaient spontanément d'accord. Il suffisait d'un regard échangé, d'un simple sourire ou juste d'un sourcil arqué pour qu'ils se comprennent et qu'ils voient qu'ils étaient sur le même longueur d'onde. Mais lorsque cela ne fonctionnait pas ainsi, ils viraient tout de suite dans les extrêmes, de plus en plus écartés par leurs nombreuses différences. Ils étaient parfois complémentaire, ou parfois, ils se dressaient l'un contre l'autre. Au fond, Joanne ne pouvait pas lui reprocher de vouloir le meilleur pour leur mariage. Pas que ce soit le mieux, mais vraiment le meilleur. Pas trop traditionnel, pas trop extravagant, à chercher dans l'innovation pour impressionner les invités, à devenir une nouvelle source d'inspiration pour les autres. Mais aussi, que ce soit à leur image et à leur goût. Autant dire que ce mariage était un sacré challenge pour tous les professionnels qui y étaient concernés et Jamie ne tolérerait aucun faux pas. Malgré sa hâte, cette cérémonie était aussi devenue une grande source de stresse pour la petite blonde, parce qu'elle savait que beaucoup de décisions prises demanderaient des échanges houleux comme celui-ci et il était bien connu qu'elle ait horreur de toute sorte de tension ou de conflits. C'était pour ça qu'elle appréhendait à venir chez le pâtissier, et au final, elle avait bien eu raison. Jamie avait même besoin de prendre l'air, à appeler quelqu'un pour clamer sa plus grande insatisfaction. N'en ayant entendu que quelques brides, Joanne les prit tout de même personnellement. Les pâtisseries étaient à son goût, mais ce n'était pas assez pour Jamie. Il était normal qu'elle prenne personnellement certaines de ses remarques. Evidemment, ceci exaspéra le bel homme, qui tenait tout de même à réajuster ce qu'il avait dit. Elle ne doutait pas que Jon soit de bons conseils, il avait des goûts particulièrement raffinés et tout le monde connaissait son exigence à lui. Si on cherchait de bonnes adresses, il fallait s'adresser au dragon Deauclaire, c'était évident. Jamie, quant à lui, ne semblait plus vouloir rien dire, ni même donner un quelconque commentaire par rapport aux macarons. Cette donnée suffisait à Joanne pour comprendre que cette pâtisserie ne remontait pas le niveau du pâtisser dans l'estime de son fiancé. Au tour de la petite blonde de se murer dans son silence, ce n'était pas comme si elle savait d'avance qu'ils seraient toujours en désaccord, quoi qu'elle dise. Après une inspiration, Jamie reprit la parole d'un ton plus calme, tentant certainement d'être le moins offensant possible pour toutes les personnes présentes. Il préférait faire appel à quelqu'un d'autre, à un de ces ouvriers reconnus mondialement avec un palmarès à couper le souffle et des idées les plus originales les unes que les autres. Ceux qui savaient tout retravailler sans trop virer dans l'excentricité, tout en répondant parfaitement aux attentes de ses clients. C'était des pâtissiers comme ça, que Jamie voulait, et que Jon lui avait certainement recommandé. Et ils seront certainement bien les seuls à satisfaire toutes les exigences de Jamie et qui ne s'offusqueront pas à la moindre critique, ayant l'habitude d'une clientèle particulirement stricte et pointilleuse. Le genre de boutiques où Joanne ne s'était jamais rendue jusqu'ici et où elle n'y trouverait certainement pas ses aises. "Il vaudrait mieux, oui." conclut-elle d'un ton étrangement calme. Autant ne plus s'attarder ici, Joanne avait envie de rentrer chez eux. "Merci pour votre patience et pour l'effort que vous avez fourni." dit-elle au pâtissier tout en se levant afin de récupérer la poussette ou Daniel somnolait. Elle salua l'artisan avant de quitter la boutique. C'était sans commentaire qu'elle installait Daniel dans le cosy dans la voiture et la poussette dans la voiture, tant bien que mal. Le trajet fut tout aussi silencieux, et il valait peut-être mieux qu'il en soit ainsi, le temps que les tensions redescendent un peu. En dehors de la contrariété issue des commentaires et du comportement de Jamie, Joanne n'aimait pas ressentir cette insatisfaction de ne pas être tombé du premier coup chez le bon pâtissier avec les bons desserts. Tout ça, pour finalement rien. C'était suffisant pour que son visage soit pour le moment assez renfermé, et les sourcils sensiblement froncés. Une fois de retour à la maison, la jeune femme se chargea de coucher son fils, toujours bien endormi, dans sa chambre afin qu’il puisse terminer sereinement sa sieste. Elle s’était assise sur un fauteuil qui se trouvait dans la même pièce. Songeuse, elle réalisait combien tout ceci, en ne prenant que les faits, était ridicule. Ils venaient de se prendre la tête pour de la farine, du sucre, quelques oeufs et un peu de chocolat. Joanne n’aimait vraiment pas se disputer avec lui, quelle qu’en soit la raison. Les regrets revenaient rapidement à la charge. Au fond, Jamie avait bien raison de n’exiger que le meilleur pour leur mariage, c’était légitime. Elle regrettait qu’une partie de leur weekend soit gâché à cause de cela. Si elle n’aimait pas les disputes, elle devait encore moins les aimer lorsque ça se passait sous ce toit bleu. Ici, c’était leur havre de paix, après tout. Alors, une dizaine de minutes plus tard, elle sortait enfin de la chambre de Daniel. Jamie se trouvait debout dans le salon. Et sans dire quoi que ce soit, Joanne marchait en sa direction, pour venir passer ses bras autour de sa taille pour l’enlacer fort contre elle.Son oreille collé contre son torse, elle pouvait sentir son coeur battre. Peut-être qu’il en fallait, mais Joanne estimait que les mots n’avaient pas leur place à ce moment précis. Juste qu’il sache que, malgré les tensions, malgré celle qui venait de se passer, elle l’aimait toujours éperdument, elle voulait se marier avec lui, faire le reste de sa vie à ses côtés. Pas besoin de grands discours, il savait déjà tout ça. “On ira voir celui que tu penses être le meilleur et le plus adapté pour nous.” lui dit-elle dans un murmure. Comme pour beaucoup de choses, il fallait le reconnaître, Joanne s’appuyait sur les connaissances et l’avis critique de son fiancé pour savoir dans quelle direction. Ce n’était certainement pas elle qui allait pouvoir lui dire quel était le meilleur pâtissier des environs. Joanne relâchait un petit peu son étreinte pour lever la tête. Elle le regardait avec beacoup d’amour et tendresse, puis se fit un peu grandir en se mettant sur la pointe des pieds pour poser doucement ses lèvres sur les siennes et elle l’embrassa tendrement. Leur visage se cherchait doucement avec quelques baisers. “Je peux te faire un massage dès maintenant, si tu veux, le temps que Daniel finisse sa sieste.” Jamie n’avait pas besoin de tension supplémentaire le weekend, alors elle comptait bien dénouer un peu certains de ses muscles le temps de ce petit moment à deux. Ils en avaient l’occasion, et c’était pour Joanne une façon de se faire pardonner son comportement.
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C'est en coinçant un soupir quasiment soulagé entre mes dents que je quitte la boutique en compagnie de ma fiancée et de notre fils, pas plus avancés qu'à notre arrivée. Même si cela est frustrant, surtout pour la jeune femme qui se montre toujours beaucoup trop sensible à la moindre contrariété, il est, à mes yeux, bien plus préférable d'avoir tiré un trait sur cet artisan plutôt que de s'y limiter uniquement par peur d'assumer que, oui, il n’est pas à la hauteur, et oui, nous avons tous les trois perdu du temps. Ce sont des choses qui arrivent, trouver ce qu'il faut prend parfois plus d'un essai. Conscient que d'en avoir déjà bien trop dit pendant la discussion, je garde la bouche close pendant que je remets la poussette dans le coffre et Daniel dans son siège auto. Le chemin de retour est tout aussi silencieux. Un calme nécessaire afin que chacun puisse mettre à plat, en soi-même, la poussière qui a été soulevée, les piques lancées, et les raisons de passer à autre chose. Pour ma part, cette histoire est loin derrière nous, laissée à la porte du pâtissier une fois que nous avons passé celle de notre maison. Je laisse Joanne aller coucher le petit tandis que j'ouvre la baie vitrée du salon donnant sur le jardin afin que les chiens puissent aller se dégourdir les pattes. Dans la précipitation de notre départ, les pauvres sont restés toute la matinée avec les restes de croquettes de la veille. Autant dire qu’anéantir leurs gamelles, une fois pleines, est leur priorité avant toute balade à l'extérieur. Ce n’est qu'une fois sustentés que l'on entend le léger tintement de leurs colliers disparaître dehors. Joanne finit par réapparaître dans le salon. La voyant approcher, un peu penaude, je lui ouvre les bras afin de l'encourager à avancer et s'y loger. Ils se referment sur elle et l'étreignent tendrement. Un baiser sur son front, et la paix est ainsi signée. “Si tu n’aimes pas, nous irons encore ailleurs, jusqu’à trouver le bon. On ne plaisante pas avec les desserts dans cette famille.” dis-je avec un sourire. J'ose espérer que nous aurons des points plus simples à planifier pour le mariage approchant, des goûts plus faciles à associer et contenter. Je ne compte pas me montrer moins exigeant, qu'importe le sujet, même s'il doit s'agir des serviettes de table. Mais il est nécessaire pour moi de trouver un moyen de faire passer mes opinions sans engendrer autant de casse. “Si ça peut te consoler, tu es le seul chou à la crème que j’aime.” j'ajoute avec une moue un brin niaise avant de lui voler un baiser sur le bout du nez. Quelques minutes de câlin supplémentaires -mais nécessaires- passent avant que Joanne ne propose de se dévouer pour me masser. Et malgré le soupçon de culpabilité qui m’anime en songeant que cela est peut-être à ses yeux un moyen de se faire pardonner pour quelque chose qui ne le nécessite pas, je me dévoue, à mon tour, pour être le cobaye des nouvelles huiles de la petite blonde. “C’est si gentiment proposé. Mais après ça sera ton tour.” Ainsi, nous serons quittes. Marché conclu, je suis la jeune femme jusqu'à la chambre, observant avec un fin sourire, de derrière, ses cheveux qui flottent au bord de ses épaules, son pas léger, et sa manière de m'inviter à m'installer avec, toujours, cette pointe de timidité mêlée à son calme naturel. Je retire mon t-shirt et m'allonge sur le ventre ; puis je me laisse entièrement aux bons soins de Joanne. Ses mains, délicates, s’apposent et s’appuient sur mon dos, des épaules jusqu’aux reins, sur mes muscles noués, usés, formant des petites arabesques ici, des pressions là, de quoi chasser les tensions et le stress pour un instant. Entre deux grandes inspirations, il m’arrive de lâcher un soupir d’aise, somnolant, les yeux fermés, l’esprit de plus en plus engourdi. Je ne saurais pas dire durant combien de temps la jeune femme s’est appliquée à cette tâche, mais cela ne sera jamais trop long il est vrai. Je prends le temps d’émerger et la remercie avec un baiser. A son tour, elle prend place. La pudeur n’ayant plus vraiment de place entre nous, elle s’allonge poitrine découverte sur le lit. Puis elle ne bouge plus et se laisse faire, véritable petite poupée. Je suis toujours émerveillé par la douceur de sa peau laiteuse, teinte des beautés intemporelles. De son cou, long et délicat, de ses épaules frêles, du bas de son dos, pas une parcelle de peau n’échappe à mes caresses. Petit à petit, les muscles en dessous se détendent, se relâchent. Le massage touchant à sa fin, je dépose un baiser dans son cou avant de m’allonger à côté d’elle. Une main demeure sur son dos nu, le parcourant, le frôlant de bas en haut en une inlassable caresse. Pendant un long moment, il n’avait rien à dire ; il était à son aise, là, il appréciait ce calme et cette paix. Tout le bruit, le mouvement, les sollicitations d’un bébé ne sont que plus évidentes lorsqu’elles s’arrêtent au moment de la sieste. Alors, on apprend à jouir de ce repos. Le visage tout près de celui de Joanne, le touchant du front, le caressant du bout du nez, je laisse les minutes passer dans la tendresse avant de reprendre la parole, à voix basse ; “Je suis désolé d’être… comme ça, parfois. Je ne voulais pas être offensant, mais je sais que je l’ai été, et j’ai dit… des choses désobligeantes.” Je n’en suis pas fier, encore moins de le réaliser bien trop tard. Et encore, les mots sont pesés afin de dissimuler la réalité de ce quasi manque de respect dont j’ai fait preuve en me dressant bien au-dessus de tous ceux qui m’entouraient par quelques mots. Quoi que cela ne me paraisse pas complètement infondé sur le moment, après tout, un commerçant s’adapte bel et bien à son environnement s’il espère vendre. Mais je suppose qu’il y a des manières de le dire. Ou des manières de se taire. Joanne et moi avons conscience que nous avons évolué dans deux mondes complètement différents depuis toujours, néanmoins, parfois, cela nous frappe de plein fouet. “Oui, ce sont des excuses, j’espère que tu les as enregistrées.” j’ajoute avec un petit rire, car il n’y a rien de plus rare que de m’entendre demander pardon.
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Ce n'était pas la première fois que Joanne ressortait cette partie d'elle-même qui, au fond, restait très enfantine. La petite poupée qu'elle était, parfois bien démunie, n'avait pas d'autres idées que de se faire pardonner par un câlin, et quelques mots parsemés ici et là. Mais elle ne passait pas l'éponge aussi aisément que d'autres, elle avait énormément de mal à avaler la pilule. Ce qui finissait par n'être que de la matière supplémentaire pour qu'elle se ronge dans la culpabilité pour une longue période. Autant hisser le drapeau blanc au plus vite. Elle n'aimait pas se disputer avec Jamie, même pas la moindre tension. Le bel homme l'avait bien compris très tôt dans leur relation, il savait comment elle fonctionnait, il savait comment s'y prendre pour qu'elle se sente mieux dans ces cas là. C'est pourquoi il était prêt à l'accueillir dans ses bras pour l'enlacer chaleureusement lorsqu'elle arrivait, telle une petite souris, vers lui. Le genre de gestuel qui la rendait un peu plus émotive qu'elle ne l'était déjà. Il était devenu cette personne qui la comprenait et qui parvenait à anticiper certaines de ses réactions. C'était loin d'être systématique, et même s'il y avait des moments où il ne saisissait pas son comportement, il restait le premier à la cerner le mieux. Jamie tenait à ce que les attentes de sa fiancée soit bien prise en compte. Il restait le plus exigeant des deux, mais il voulait à tout prix que Joanne aime autant que lui ce qui leur sera proposer au dessert de leur mariage. Rien n'était trop bon pour lui, surtout pour une telle cérémonie. Mais il lui semblait important de préciser à la jeune femme que son avis comptait toujours autant, malgré le fiasco qu'ils venaient de traverser. Elle sourit à ses paroles tout en restant bien blotti contre lui. Joanne redressa la tête et lâcha un petit rire en entendant ses paroles. Elle reconnaissait qu'elle préférait qu'il l'appelle mon ange, mais c'était bien flatteur lorsque l'on savait son aversion pour les choux. "Et qui n'attend qu'à être mangé." souffla-t-elle avec un large sourire, malicieuse, avant de l'embrasser à nouveau. Cherchant à se faire pardonner, elle avait alors eu l'idée de lui faire un massage. Joanne était loin d'être une professionnelle et elle ne savait pas si ses caresses étaient vraiment bénéfiques. Mais elle appréciait tout particulièrement le contact, durant ces moments là. Elle avait fait quelques recherches sur les gestes qu'elle pourrait, sur tout ce qui pouvait apporter un peu de bien-être. Mais le reste n'était dicté que par ses envies du moment. Jamie ne se fit pas prier plus longtemps à la seule condition qu'il puisse lui rendre la pareille. Une fois dans la chambre, il retira son tee-shirt avant de s'allonger sur le ventre. Installée à califourchon sur lui, Joanne déversa un petit peu d'huile sur son dos avant de commencer son massage. Comme à chaque fois, elle déposait un baiser sur son tatouage qui se trouvait sur son omoplate. Ses mains étaient toujours plus froides que la peau de son fiancé. Joanne essayait de n'oublier aucun muscle et s'attardait sur les endroits qui le faisaient soupirer d'aise. Elle savait que si elle poursuivait encore plus longtemps, il finirait par s'endormir. Ils échangeait ensuite leur place et Joanne eut également droit à un massage des plus agréables. Durant toute cette séance improvisée, elle avait toujours un petit rictus de satisfaction qui étirait ses lèvres roses. Elle adorait sentir ses mains, à la fois fermes et délicates, parcourir la peau de son dos sans en oublier la moindre parcelle. Une fois fini, il s'allongea juste à côté d'elle. Joanne le regardait avec amour, sentant un frisson parcourir son échine alors qu'il frôlait sa peau du bout des doigts. Ils n'avaient parfois pas besoin de plus tous les deux. Juste un peu de douceur et de tendresse, juste eux deux. Son regard était était plongé dans le sien, elle souriait parfois lorsqu'il touchait le bout de son nez avec le sien. Et là, contre toute attente, Jamie présentait des excuses par rapport à son comportement plus tôt dans la journée. S'excuser était particulièrement rare pour Jamie et sa fiancée savait recevoir ses paroles comme il le fallait. Elle lui lançait un regard gavé d'affection, touchée par ses mots, et elle lui caressa avec tendresses sa joue avant de partager un rire avec lui. "C'est très bien enregistré, Lord Keynes, je peux vous l'assurer." répondit-elle. "Je ne pense pas avoir été très juste non plus." Du moins c'était ainsi qu'elle se voyait. Joanne continuait de lui caresser la joue. "Je sais que tu veux le meilleur pour notre mariage, et que même le meilleur ne sera peut-être pas suffisant à tes yeux." Rien n'était trop parfait pour lui, surtout pas pour un tel événement. "Je comprends ton exigence, et je préfère me référer à tes critères à toi, c'est une valeur bien plus sûre que moi. Mais les plus beaux critères restent les nôtres. Même si c'est parfois très difficile de trouver ce qui correspond exactement à nos attentes, je finis toujours par me dire... Que ça vaut le coup." dit-elle avec un rire. Elle le pensait sincèrement. Jamie était un homme avec d'excellents goûts, il avait toujours su vers où aller, quoi choisir. "Je t'aime, Jamie." dit-elle en plongeant son regard dans le sien. Il n'y avait rien de plus à dire. Elle approcha ses lèvres des siennes pour l'embrasser amoureusement. Il finit par retomber sur le dos, elle par-dessus lui, sa poitrine collée contre son torse. Elle passait ses mèches de cheveux derrière son oreille pendant le baiser, qu'elle prolongeait toujours et encore. Quelques minutes plus tard, leur fils commençait à se manifester, bien réveillé de sa sieste. "Il attend encore cinq minutes, je veux encore bichonner mon fiancé." dit-elle au bord de ses lèvres en lui souriant, avant de l'embrasser à nouveau. "Qu'il fasse un petit peu preuve de patience." ajouta-t-elle en riant. A moins qu'il ait hérité de la hâte de son père. Mais Daniel finit par élever la voix et commencer même à pleurnicher, ce qui état définitivement signe de se rhabiller un peu et d'aller chercher le petit dans son berceau.
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Comme toujours, les excuses n'iront pas dans les actions allant de paire pour les valider. Des excuses sans application par la suite ne sont que du sable dans le vent, inutiles et hypocrites, et c'est pour cette raison que je les accepte aussi rarement que je les formule. Trop souvent, demander pardon apparaît comme la solution à tout ; mais il n'y a qu'un prétendu dieu pour accorder son pardon aussi facilement, et je ne suis qu'un homme qui attend mieux des hommes. Mieux de lui-même également. Je suis si rarement dans le jugement de valeur d'un point de vue social que je ne comprends pas ce qu'il m'a pris d'en émettre de la sorte auprès de Jonathan au téléphone. J'ai toujours respecté le pauvre comme le riche et le modeste, car personne ne choisit le lieu où il naît et qu'il n'existe pas de raison valable qui justifie que cela le définisse. Même si je ne suis pas parfait et parfois influencé par tous les stéréotypes dans lesquels nous baignons trop souvent, je fais au mieux pour ne pas être ce petit aristocrate prétentieux, pédant, dont le titre ne vaut rien ici mais qui se prétend chez lui. Pourtant c'est exactement le rôle que je me suis donné plus tôt dans la journée, et ce même aux yeux de la fiancée. J'espère qu'elle me connaît assez pour reconnaître un écart qui n’est pas habituel. Quoi qu'il en soit, plus facile que moi à convaincre, elle accepte les excuses et partage le blâme. Je lui souris tendrement. “Je t’aime aussi.” je murmure, avant d'approcher mon visage du sien pour un agréable baiser. Elle se glisse petit à petit sur moi, m’allongeant sur le dos afin de s'installer sur mon torse. Ses cheveux rabattus par dessus l'une de ses épaules forment un rideau qui couvre un soleil descendant. Une main traîne nonchalamment sur ses reins, l'autre glisse sur son visage et caresse sa joue, adorablement teintée du rose qui flirte au bord de son petit sourire. Bien évidemment, le moment est interrompu par les sollicitations de Daniel. Peut-être se montrera-t-il clément, patient, peut-être nous laissera-t-il profiter encore un peu ; non, il ne tarde pas à intensifier ses appels et complètement tuer l’atmosphère. “Il ne l’entend pas de cette oreille.” je soupire. Pendant que Joanne se redresse et se rhabille, je me lève pour aller chercher le petit dans son lit. Comme tout bébé angoissé par une absence de sa mère dans son champ de vision pendant plus d'une minute, de grosses larmes bordent ses yeux et humidifient ses joues. Il retrouve un peu de calme dans mes bras, mais cela n’est pas suffisant, ce n’est pas moi qu'il réclame. Néanmoins, il n’est pas question de retrouver maman avec une couche propre, alors malgré ses protestations, je le change et le rhabille -ce qui a plus d'effet sur ses petits nerfs qu'il ne l'aurait pensé. Cela fait, il s'arme de son doudou, s'accroche à moi comme un petit koala, et attend sagement que je le porte jusqu'à sa mère. “Bouh, je veux des câlins aussi. Bouh…” j'imite soit disant en secouant la petite main de Daniel devant Joanne. Il se défait activement de la prise de mes gros doigts et tend ses bras vers elle. Le koala s'accroche désormais à elle comme si sa vie en dépend. Avec un petit rire, je les embrasse tous les deux sur la joue, puis je les laisse s'offrir un goûter pendant que je me rhabille à mon tour et en profite pour ranger un peu la chambre. L'inconvénient d'avoir une maison de campagne si éloignée de Brisbane est qu'il ne nous est pas possible de rester aussi longtemps que nous le voudrions le dernier jour. En empruntant la route des retours de weekend, nous avons trois bonnes heures de voiture devant nous, ce qui est déjà beaucoup demander à deux chiens et un tout petit. Mais aussi à celui qui reprend le travail le lendemain et somnole un peu trop facilement au volant. Lorsque je retourne dans le salon, je trouve Daniel toujours collé à sa mère, même pour prendre le biberon. Je suppose que ses quenottes sont pour quelque chose dans cette moue bougon, mais pour le moment le goûter semble faire affaire de consolation. “Toi aussi tu connais le blues du dimanche ?” je lui murmure en caressant légèrement sa joue du dos de la main. Pour ma part, un thé n’est pas de refus, et je suppose que pour Joanne non plus ; je mets de l'eau à chauffer et sors deux tasses. Après tous les parfums de gâteaux ingérés dans la matinée, absolument rien de sucré ne me fait envie, alors ce sera un encas liquide. Plutôt que de s'installer sur la table qui fait office de salle à manger, nous allons dans le coin salon nous enfoncer dans le canapé. Le silence et le calme sont mis à mal par les jappements de Milo qui utilise Ben comme terrain de jeu. Le grand, penaud et blasé, se laisse complètement faire par le plus petit, et cela forme un petit spectacle de bêtises pour tout le monde. “C’est toujours la même chose, quand on vient ici. On ne veut plus repartir.” je souffle finalement avant de prendre une gorgée de thé. Mais ces weekends ne sont que des parenthèses. À chaque fois, ils nous avancent un peu plus du mariage, les préparatifs se poursuivant au fil du temps. Tout paraît plus simple ici.
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Cela ne ressemblait pas à Jamie, de faire la distinction entre les différentes classes sociales, ni même de les dénigrer. Mais leur mariage apportait une source de stress supplémentaire. Joanne le savait parfois intransigeant, mais il l'était encore moins lorsqu'il s'agissait de la plus belle soirée de leur vie. Ses propos l'avaient heurtés sur le moment, parce qu'elle était née dans une famille modeste, bien loin de la vie qu'avait mené Jamie jusqu'ici. Ce dernier avait bien eu conscience qu'il avait poussé le bouchon un peu trop loin. Sinon il ne serait pas venu vers elle pour s'excuser. Touchée par cette prise de conscience et cette attention, Joanne ne pouvait que lui pardonner. Désormais installée sur lui, il caressait délicatement sa peau au bas de son dos d'une main, l'autre posé sur sa joue. La jeune femme adorait se plonger dans son regard. Il l'envoûtait avec une aisance déconcertante. Il suffisait d'un éclat dans ses yeux, un discret sourire qui étirait la commissure de ses lèvres, une bouche entrouverte. Jamie l'embrassait alors après avoir échangé les mêmes mots d'amour. Ils auraient volontiers prolongé ce moment de réconciliation et d'intimité mais leur fils se manifestait et semblait bien pressé d'être à nouveau bichonné. "Tu devrais lui apprendre à être patient." dit-elle à Jamie afin de le taquiner, sachant que c'était un point qu'il avait en commun avec Daniel. Elle rit doucement, quoi qu'un peu dépitée de devoir se détacher de son fiancé. Lui l'était autant qu'elle, vu les soupirs qu'il lâchait. Pendant qu'elle réenfilait ses vêtements, le bel homme se chargea d'aller chercher leur fils et de le changer avant de réapparaître dans la chambre parentale. Elle esquissa un sourire amusé. "Il doit avoir un sixième sens, tu sais. Il doit savoir exactement les moments où on n'aimerait pas trop être dérangés." dit-elle en riant. Daniel semblait particulièrement grognon et ne désirait qu'une seule chose : être dans les bras de sa mère. Il tendait les bras en sa direction et se colla à elle dès qu'il avait été transféré. Joanne l'embrassait, lui parlait tout bas, le câlinait. Avant de retrouver la cuisine pour lui donner de quoi manger, elle vola un baiser à Jamie pendant qu'il se rhabillait. Le petit avait les joues un peu rouges, le regard encore humide. "Tu t'es un peu mal réveillé, hm ? Un mauvais rêve ? Les dents qui font un peu mal ?" lui demanda-t-elle, soucieuse, tout en caressant ses cheveux encore très fins. Le moral était un peu en baisse; il était bientôt temps de reprendre la route. C'était donc assez silencieuse que la jeune femme préparait un biberon, ainsi de quoi soulager les douleurs dentaires de Daniel, puis elle s'installa sur le canapé. Il restait greffé à elle. Jamie les rejoignit, passant un moment avant le petit avant de préparer un peu de thé. Il s'était installé à côté de sa fiancée. "Je pense que même Daniel n'en a pas envie." dit-elle doucement. "Il faut penser à la prochaine fois où nous reviendrons ici. C'est ce que je me dis à chaque fois en semaine, je m'en réjouis." Elle lui souriait et se mit à caresser les cheveux de son fiancé. "Peut-être qu'on pourrait y reste, après le mariage. Enfin... on fera notre nuit de noces rien que tous les deux, mais on pourra revenir et y rester les jours suivants, pour se remettre de toutes nos émotions." suggéra-t-elle avec un regard pétillant. Elle savait qu'il aimerait. Après ce petit temps pour le thé, il était temps de ranger toutes les affaires, de refermer les valises largements déballées pour le weekend et de faire un brin de nettoyage avant le départ. Ils s'y prenaient tous en traînant les pieds un petit peu. Joanne se proposait souvent de prendre le volant sur le retour, sachant pertinemment qu'elle aurait les deux hommes de sa vie qui finiraient par piquer un somme. Une fois le sac à main sur l'épaule, et Daniel au bras, elle s'approcha de Jamie pour l'embrasser longuement, glissant sa main sous son t-shirt pour effleurer sa peau du bout des doigts, soufflant un "je t'aime" entre ses lèvres. C'était à ce moment là que Joanne ouvrait les yeux. Elle avait l'impression qu'elle venait à peine de quitter ses lèvres, d'effleurer sa peau. Pourtant, elle en avait oublié la douceur et la chaleur. Incertaine de l'endroit où elle se trouvait, elle se retournait dans son lit, avec quelque part l'espoir de le retrouver à côté d'elle. Mais il n'y avait qu'elle, il était quatre heures du matin, et un silence complet régnait sur l'ensemble de sa maison. Le coeur serré, triste, elle se changeait de côté, bien qu'elle savait qu'elle n'allait jamais retrouver le sommeil. Elle voulait le revoir, mais il n'avait donné aucun signe de vie depuis plusieurs semaines. C'était étrange, d'avoir rêvé de ce weekend là, se disait-elle. Elle se souvenait des moindres détails, des moindres mots échangés. C'était à la fois proche, mais terriblement lointain, hors de portée. Mais c'était un rêve, un très beau rêve. Un rêve qui était pourtant réalité, et qu'elle a brisé.