Ce goûter se termina bien trop rapidement. Faut dire aussi que cette tropézienne était particulièrement bonne. Je n’avais pas non plus choisi celle du supermarché, non, j’avais fait un effort bien plus au-dessus. Même si en soit pour moi, pour faire plaisir à ma famille, c’était loin de me forcer. Après sa part engloutie, je ne pensais pas que Noëllie se précipite sur les dessins, mais finalement ce fut le cas, certainement un soulagement pour sa mère. En plus de cela on allait pouvoir parler entre adultes, même si en soit, je ne savais pas si ma sœur aurait des informations aussi croustillantes. Fallait croire que j’avais visé juste, et je n’aurais pas pu espérer mieux. Même si en fait, ce n’était pas au stade où je pensais entre cet homme et ma jumelle. J’étais encore toute pimpante quand elle m’annonça son nom et son métier. Je déchantais bien vite quand elle me confiait qu’elle ne savait pas où elle allait avec lui, que c’était loin d’être clair entre eux. Les paroles de Delilah me montrèrent aussi qu’elle laissait bien trop faire la situation. Pourquoi ne prenait-elle pas les devants si elle voulait savoir où ça en était ? Je fronçais les sourcils et répondais à ma moitié Pourquoi tu ne lui en parles pas directement ? Si on ne les met pas sur le fait accompli, ce n’est pas eux qui vont vouloir parler. Bon je m’avance bien évidemment, mais les hommes sont loin d’être comme nous, à pouvoir parler de leurs sentiments, de leurs ressentis pendant des heures. Certes, moi non plus, mais je sais que ma sœur y porte déjà plus d’intérêt. Et je veux vraiment son bonheur. Même si j’ai toujours pensé que ce serait avec le père de Noëllie. Mais elle ne pouvait pas l’attendre indéfiniment, il fallait qu’elle trouve un homme bien, un homme pour elle.
Delilah et Enzo ? Est-ce qu'elle avait envie de quelque chose avec lui ? Est-ce qu'un avenir commun était possible ? Ou bien c'était un idée complètement stupide ? La blonde n'en savait rien. Et qu'on se le dise, c'était pas vraiment sa priorité. Sa priorité, c'était sa petite. Après, son boulot. Après, les sentiments et l'amour. Enzo lui avait toujours dit qu'il l'aimait. C'était plus de la taquinerie qu'autre chose. Mais si y'avait effectivement de l'amour ? Et si elle était attachée à elle ? Plus qu'elle ne l'aimerait ? Elle n'en savait trop rien. Elle avait couché avec Enzo. Et elle avait apprécié ce moment. Elle en était certaine. Mais peut-être que ça devait s'arrêter là. Peut-être qu'il ne devait rien y avoir de plus entre eux. Elle n'en savait rien. Parfois, elle se disait qu'elle se posait trop de questions. Qu'elle cherchait trop compliqué. Et c'était peut-être vrai. Peut-être qu'elle se prenait la tête pour pas grand chose. Peut-être qu'elle ferait mieux de penser à autre chose. Ouais. Profiter de l'instant présent. Et de voir ... de voir ce que ça pouvait donner. Quelque chose de bien. Quelque chose de nul. Un peu des deux. L'avenir ... était toujours rempli de surprises. C'est ça qui était intéressant. Très intéressant. Rebecca lui conseillait d'en parler directement avec le principal intéressé. Que ça serait plus simple. Et au moins, elle aurait sa réponse. "C'est vrai que ça serait beaucoup plus simple." Elle eut un léger hochement de la tête. "Au moins, on met les cartes sur la table et on voit ce que ça donne." C'était pas une mauvaise idée après tout, non ? "Et on reste amis. Ou pas." Ca serait peut-être compliqué de rester ami avec Enzo. Quoi que ... Ils bossaient pas vraiment ensemble. Elle avait son équipe, lui la sienne. Ils allaient pas vraiment se croiser au travail si jamais ça ne donnait rien de bon. Donc, peut-être ... peut-être que ça pourrait aller si jamais ça ne collait pas entre eux. Qu'est-ce qu'elle voulait, elle ? Quand elle le saurait, elle serait la première informée. C'était certain.
Parler de la vie sentimentale de ma jumelle m’avait manqué. Faut dire qu’à part le père de sa fille, je n’en avais pas beaucoup entendu parlé. On était pareil dans ce domaine-là. La carrière plutôt que l’amour. C’est bien quelque chose qu’on ne recherchait pas. On avait assez galéré avec le même homme. Pas besoin de s’emmerder encore avec un nouveau. Même si franchement, je pense ressentir quelque chose de bien fort envers Gabriel. Même si je me tue à refouler ces sentiments, ils sont bien présents et bien encrés. Sauf que les lui avouer, ce serait perdre de mon égo. Non merci. En attendant, ma sœur n’a jamais été très loquace non plus avec ses sentiments. Même si je sais très bien qu’elle aimait le père de Noëllie et qu’il y avait des chances pour qu’une part d’elle l’aime encore même si ça semble toujours si compliqué entre eux. C’est peut-être aussi ça qui entretien la flamme. Mais le fait qu’elle songe éventuellement à un autre homme me faisait plaisir pour elle. Une chose était sûre, c’est que voir ce que ça va bien donner n’est pas la solution, il valait mieux qu’elle lui en parle directement, qu’elle sache ce qui les attend, ce que lui il veut vraiment avec elle. Voir s’ils sont plus que des amis ou non. Et toi, tu aurais envie de quoi avec lui ? Oui, c’était la question piège pour ma sœur, mais je rajoutais par la suite Moi qui pensais que tu avais toujours des sentiments pour le père de Noëllie … Je souriais telle une sale gamine. Oui, là, je l’embêtais un peu, je la charriais et j’essayais aussi de lui tirer les verres du nez pour savoir ce qu’elle attend vraiment. Même si je sens qu’elle va me répondre que le vrai amour de sa vie c’est sa fille et son boulot. Tout comme moi. Les hommes ne sont que distractions après tout.
Rebecca cherchait à lui tirer les vers du nez. Ouais. Et Delilah se doutait que ... Et bien, elle se doutait qu'elle n'était pas du genre à lâcher les choses comme ça. Non. Du tout. Ouais. Elle se doutait que si elle ne disait rien, Rebecca ... Non, elle n'allait pas lui faire la tête.. Elle ne le pensait pas en tout cas. Mais bon. Il était clair que Rebecca, elle était un peu comme Delilah. Elle aimait bien savoir. Surtout en ce qui concernait l'autre. Et elles ne se cachaient plus rien. Plus depuis cette histoire où ... Et bien, où Rebecca lui avait avoué qu'il se passait quelque chose avec leur père. Enfin, qui s'était passé plutôt. Ouais. Quelque chose de grave. Et il était clair que ... Et bien, il était clair que la jeune femme ne lâchait pas l'affaire. Non. Delilah était en train de voir si elle pouvait pas réunir des preuves et des petites choses dans le genre. Ouais. Elle essayait ... Elle espérait ... Delilah ne savait pas trop encore ce qu'elle allait faire avec leur père. Non. Elle ne le savait pas du tout. Sans doute ... Sans doute qu'elle allait chercher à le mettre en taule. Sans doute qu'elle allait faire ça. Ouais. Elle n'avait pas trop le choix à dire vrai. Seulement, elle voulait s'assurer ... que c'était avec ok avec Rebecca. Parce que si elle l'arrêtait, Rebecca serait obligée de ... et bien ... de témoigner et Delilah n'avait pas envie de lui faire revivre tout ça. Non. Du tout. Enfin. A voir. Pour l'heure, la discussion tournait autour de Delilah. Et de ses amours. Elle haussa des épaules à l'entente de sa soeur. "Si je le savais." Ouais. "Je crois que c'est la question à un million." Plus ou moins en tout cas. Rebecca lui parla de son ex. Du père de Noëllie. Du fait qu'elle avait des sentiments pour lui. "C'est toujours le cas. Et j'pense que j'aurais toujours quelques sentiments pour lui. Parce qu'il est le père de Noëllie. Mais on a convenu que lui et moi, c'était pas pour l'éternité." Du tout. Non. Elle et lui, ce n'était pas ... pour toujours. Du tout. Même si elle aurait bien aimé à dire vrai. "Moi, ce que j'aimerais, c'est ... En fait, j'aimerais trouver quelqu'un. Avec qui ça collerait bien. Qui serait gentil avec Noëllie. Compréhensif avec le boulot que je fais parce que j'ai souvent des horaires de dingues." Même si elle faisait en sorte ... d'avoir une vie stable avec Noëllie. "Quelqu'un avec qui j'pourrais me voir vieillir." Elle pencha la tête sur le côté. "Mais peut-être que c'est trop demander." Elle n'en savait trop rien à dire vrai. Non.
Ma sœur ne semblait pas du tout ce qu'elle ressentait vraiment pour cet homme avec qui elle avait eu une aventure. Elle n'a jamais voulu se prendre la tête, mais par moment, je pense que ça peut être nécessaire, pour savoir au moins ce qu'on attend de l'autre, pour pouvoir être clair soit même et avec les autres. Après bien sûr, le plus important, c'est de pouvoir être sur la même longueur d'onde, ça c'est autre chose. J’enchaînais avec le père de Noëllie, me demandant si ma jumelle pensait toujours à lui, si elle espérait toujours que ça fonctionne vraiment entre eux. Comme je le pensais, elle pense qu'elle aura toujours des sentiments pour lui, et je le pense aussi, une vie d'amour comme ils avaient vécu, ça ne peut pas s'oublier, pas au bout de quelques mois, non. Et le mieux était de pouvoir repartir sur une autre histoire d'amour. Mais pour ça, faut qu'elle soit sûre, qu'elle tombe de nouveau amoureuse, pas se caser avec un homme juste parce qu'il est gentil avec Noëllie. Alors je fronçais les sourcils et répondais à ma moitié Mais tu ne rêves pas de tomber de nouveau amoureuse ? Le grand amour ! Ce n'est pas ce que tu veux ? Parce que je pense que tu pourrais très bien trouver un homme très gentil, qui saura bien s'occuper de ta fille, mais est-ce qu'il saurait te rendre heureuse ? Tu ne préfères pas penser à ça aussi ? Oui, j'embêtais de plus en plus ma sœur, mais on n'avait pas souvent ce genre de conversation, et je dois bien avouer que même si je ne croyais plus en les hommes, c'est ce qu'on rêve toutes, nous les femmes. Et au fond, j'aurais aimer que ça fonctionne entre moi et Gabriel. Mais c'est mieux d'être seule. Oui, beaucoup mieux.
Rebecca était tenace. Elle ne voulait pas lâcher l'affaire et elle continuait à embêter sa soeur avec ses histoires d'amour. Et c'était peut-être pas une mauvaise chose. Peut-être que le fait que Delilah lui parle de tout ça ... Peut-être que ça lui permettra de voir un peu plus clair. Et de savoir ce qu'elle voulait. Elle ne pouvait pas ... Elle ne pouvait pas éternellement passer à côté de l'amour. Elle ne pouvait pas mettre toute sa vie entre parenthèse parce que c'était plus simple pour elle et que ça lui évitait de ... Et bien, parce que ça lui évitait de se prendre la tête ou un truc dans le genre. C'était pas qu'elle n'avait pas envie d'y penser ou qu'elle n'avait pas envie de s'investir dans ce genre de relation. Mais ... c'était compliqué. Oui. C'était très compliqué. Ou peut-être qu'elle se refusait d'avoir ce genre de bonheur. Elle n'en savait rien. C'tait pas vraiment simple dans sa tête. Mais alors pas du tout. En tout cas, oui, Rebecca ne lâchait pas l'affaire. Du tout. Elle ne lui dirait pas de se mêler de ses affaires parce qu'elle savait que sa soeur ne voulait que son bien. C'était tout. Mais bon. "On cherche tous le grand amour." Elle hocha de la tête. "Avec un grand A." Ouais. Et Delilah ... Elle avait envie de le trouver. Seulement, elle se rapprochait de la quarantaine. Elle avait un enfant. Une carrière au sommet. Quoi qu'elle pourrait mettre un peu sa carrière entre parenthèse. Après tout, elle avait réussi. Elle avait un boulot qu'elle aimait. Une équipe qu'elle gérait. Elle ne pouvait pas vraiment aller plus loin dans les échelons. Si ce n'était diriger tout le département. Et elle n'avait pas vraiment envie de cela. Parce que y'avait de la politique aussi là-dedans. Et qu'elle détestait la politique. Pour sûr. Elle n'avait pas envie de se lancer dans ça. Tout en gardant sa petite nièce dans ses bras, Delilah avait posé sa main sur son menton, et sur la table. "Ca serait peut-être le bon moment remarque pour trouver quelqu'un. Noëllie est grande maintenant. Et puis, j'suis au top de ma carrière." Il était vrai que si elle voulait une histoire d'amour, si elle voulait quelqu'un dans sa vie, c'était maintenant ou jamais. "Va falloir que je songe à tout ça." Ouais.
Ma sœur n'a jamais été une grande expressive et pour réussir à comprendre ce qu'elle ressentait, j'ai toujours mis un certain temps. Surtout quand j'essayais de lui tirer le ver du nez, là ça me semblait encore plus compliqué. Mais avec le temps, avec la maturité, on a davantage appris à se connaître et à se dompter. Donc depuis, j'arrive bien mieux à la comprendre. Et là, il est clair qu'elle se braquait complètement à l'idée d'avoir une relation amoureuse. Je me demandais si c'était vraiment ce dont elle avait envie. Mais comme elle le disait elle même, on avait tous envie de rencontrer le véritable amour et maintenant que Noëllie est assez grande, que sa carrière est au top, à quoi bon repousser l'amour ? S'il se présent à elle, si elle peut avoir des opportunités, autant les saisir, autant même les créer, pourquoi pas. Vivre seul n'est pas la chose la plus évidente au monde, surtout quand on a un enfant, et je m'en rend compte de plus en plus. Bien sûr, tout comme Delilah, je peux compter sur le père, mais ce n'est pas pareil. Partager quelque chose, une vie, un amour, une complicité, ce n'est pas simplement avec le père de l'enfant, non. Alors oui, j'insiste pour que ma jumelle comprenne qu'elle devrait y songer bien plus à présent. Que cela soit avec ce fameux Enzo ou non. Il fallait qu'elle pense davantage à sa vie amoureuse avant qu'il ne soit trop tard. Bien sûr, pour ma part, je n'en voulais clairement plus. Mais Delilah ne semblait pas être aussi traumatisée que moi, au contraire, je la trouvais même plutôt neutre dans un premier temps, puis assez emballée par l'idée. Alors une idée me traversa l'esprit et je lui lançais avec mon plus grand sourire On peut même se faire une soirée entre filles un de ces quatre ! Oui, j'étais totalement partante à l'idée de boire, de rire et de draguer avec ma frangine, comme on l'avait déjà fait quelques fois pendant nos études. Retrouver notre jeunesse pourrait nous faire un bien fou.
Une histoire d'amour avec Enzo. Pourquoi pas après tout ? Elle aimerait bien. Si c'était possible. Si c'était pas possible, elle n'en ferait pas une jaunisse. Du tout. Après, bien sûr, ça faisait un petit moment qu'elle était seule et qu'elle n'avait pas de relation soutenue. Oui. Elle avait quelques ... relations d'un soir. Ouais. C'était des relations d'un soir. Mais elle n'en avait pas non plus souvent. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle était coincée du cul. Non, quand même pas. Mais bon, il était vrai que voilà ... Elle n'avait pas souvent l'occasion de s'envoyer en l'air. Mais bon, ce n'était pas bien grave. Et ce n'était pas comme si ... Et bien comme ça lui manquait. Non. Du tout. Enfin. Passons. Oui, peut-être qu'il était temps de songer à autre chose que sa carrière ou bien sa fille. De prendre sa vie entre ses mains, si on pouvait dire ça ainsi. De vivre sa vie. De retrouver l'amour. Tout ça, c'était à sa portée après tout. Du moins, le pensait-elle. Donc oui. Elle allait ... Elle ne savait pas trop comment encore elle allait goupiller tout ça. Elle ne savait pas encore comment ça se passerait. Mais bon. Il était temps de prendre du bon temps. Et de penser un peu à elle comme le disait si bien Rebecca. D'ailleurs, en parlant de ça, elle proposait même de faire une petite sortie entre soeurs. Ce qui fit sourire Delilah. "Oh oui. Ca pourrait être génial." Elle eut un hochement de la tête tout en regardant sa frangine. "On jouerait les terreurs et on enverrait sur les roses les types qui nous plaisent pas. Ou qui sont trop lourds." Ouais. Elle se souvenait des quelques fois où elles avaient pu faire ça, quand elles étaient plus jeunes. Sortir en boîte de nuit et tout ça. Bien sûr, comme elles étaient jumelles, ça en attirait plus d'un. "Tu te souviens de ce mec qui nous avait fait cette proposition ? Qui voulait nous ramener chez lui et qui pensait qu'il allait s'faire un petite partie de jambes en l'air avec des jumelles." Elle eut un sourire amusé. Elle s'en souvenait comme si c'était la veille à dire vrai. "Le visage qu'il a eu quand il a su que ça allait ... pas se produire." Ca l'avait bien faite marrer en tout cas.
Il est vrai qu’on n’avait pas eu beaucoup de chances en amour, nous les jumelles Priest. Et pourtant, autant elle que moi pensions que nous étions tombé sur le bon. Fallait croire que ce n’était pas le cas. Et cette solitude, ce célibat avait duré assez longtemps. Du moins, pour Delilah. Pour ma part, je n’étais pas sûre de vraiment vouloir me mettre en couple juste pour me mettre en couple, juste parce que je n’aime pas mon célibat, non, je l’aime et mon indépendance aussi. J’apprenais déjà çà vivre avec Victoria, je ne sais vraiment pas si ça m’intéresserait de m’occuper aussi d’un homme. Peut-être qu’avec Gabriel ça pourrait être différent. Mais la peur me paralyse. Je serais incapable de survivre si je vivais la même chose qu’avec Luke. Je proposais donc à ma sœur une sortie entre filles, comme on avait eu l’habitude pendant quelques années quand on était encore étudiantes et en pleine forme à minuit passé. Pas sûr qu’on pourrait se refaire ce genre de soirée, mais déjà sortir pour aller draguer et remballer tous les mecs relous, oui, ce serait super. Et elle semblait bien partante. Je me suis mise à rire quand elle me proposait même qu’on joue les terreurs, comme on l’avait encore une fois, si bien fait dans nos jeunes années. Cette anecdote qu’elle me racontait, je m’en rappelait très bien En même temps, lui faire croire presque jusqu’au bout que ça allait pouvoir se faire s’il nous payait toutes les conso, normal qu’il s’était décomposé ! Je m’étais de nouveau mise à rire, parce que je crois bien qu’on avait eu la pire idée sadique ce jour-là. Mais le type … Il croyait vraiment que deux frangines allaient pouvoir coucher ensemble ? Il nous avait bien dégoûtés ce soir-là, fallait bien qu’on se soulage d’une manière ou d’une autre. Cette idée avait été parfaitement géniale.
Ca faisait longtemps. Ca faisait très longtemps à dire vrai qu'elle n'avait pas fait ce genre de soirée avec son double. Non. Ca faisait très très longtemps. Parce qu'elle n'avait pas le temps. Parce que leurs emplois du temps ne concordaient pas toujours. Parce qu'elle passait pas mal de temps au travail. Parce qu'elle privilégiait un peu sa carrière. Parce qu'elle ne voulait pas envahir son double, si on pouvait dire ça ainsi. Et parce que oui ... Ouais. Trouver du temps, c'était pas toujours une mince affaire à dire vrai. Et pas qu'un peu. Enfin. Elle laisserait Noëllie à son père. Rebecca confierait sa petite ... elle ne savait pas à qui. A son père sans doute. Ouais. Les hommes s'occuperaient des enfants. Et les jumelles iraient s'amuser. Ouais. C'était chouette. Et elles en profiteraient un peu. Ca ferait du bien à Delilah. Mais également à sa jumelle. Elles passeraient du temps ensemble. Est-ce que la blonde l'avait délaissée dernièrement ? Oui. Peut-être un peu. Du moins, c'était l'impression qu'elle avait. Fallait dire qu'elle avait été enceinte. Et qu'elle avait évité de trop la déranger. Ce qui était normal. C'était pour ... Et bien, c'était pour qu'elle se repose et tout ça. Maintenant, oui, elle allait jouer son rôle de tata. Et elle allait être là. Pour sa soeur. Pour la petite. Et puis, pour ... Et bien, pour leur père. Il fallait toujours qu'elle s'en occupe. Et elle ne comptait pas le laisser s'en sortir à si bon compte. Bien sûr, elle n'était pas certaine que Rebecca soit bien contente mais bon. Elle ne pouvait pas ... laisser les choses comme ça. Du tout. Ca allait pas être simple cette affaire. Parce que ça la touchait. Parce que ça les touchait mais bon. Pour l'heure, Delilah parlait d'un sujet qui les avait bien amusées. Cette fameuse soirée où elles avaient fait miroiter monts et merveilles à un mec. Et ça avait été bien amusant. "Ouais, j'avoue. C'était un peu vache. Mais n'empêche, on a passé une bonne soirée." avait-elle dit dans un hochement de la tête. "Et ça n'a pas dépensé un sou." Du tout. "Ca me manque un peu parfois." Même souvent. Sa proximité avec sa soeur, ça lui manquait. Mais elle voulait croire que ... Et bien, que ça reviendrait comme avant. Comme avant qu'elles aient les enfants. Un jour. Peut-être. "Je sais pas trop si ce vieux truc fonctionnerait encore aujourd'hui. C'est un vieux truc quand même." Mais peut-être que oui ... Ouais ... Ca pourrait fonctionner, encore. Histoire d'avoir des verres gratuits.
Ces soirées que j’avais pu passer avec ma sœur ont été certainement les plus fortes et les plus amusantes que j’ai pu avoir. Faut dire qu’on se connait par cœur, depuis toujours, qu’on a toujours été là l’une pour l’autre même dans nos moments de crises. La preuve, elle ne m’avait pas claqué la porte au nez quand j’avais été exécrable avec elle lorsque j’étais encore enceinte. Peut-être avait-elle failli, mais elle ne l’avait pas fait. Des amies comme elle, jamais je n’en ai eu, elle sera à jamais ma meilleure amie, la seule qui peut vraiment me supporter. Et qui ne va pas me juger inutilement. Seulement quand je dépasse vraiment les limites. Et cette soirée-là on les avait dépassé à deux Comme quoi, mon influence n’a pas toujours si mauvaise n’est-ce pas ? Taquinais-je alors ma jumelle avec un petit clin d’œil. Tout comme elle, ces soirées me manquaient aussi forcément. Mais on était plus toutes jeunes et à présent on était maman. Ce petit stratagème n’était pas sûr de recommencer comme à l’époque, vu comment on prenait de la bouteille à une vitesse impressionnante Qui ne tente rien n’a rien ! Répondais-je à ma sœur, prête à la défier si elle était partante. Oui, j’avais envie qu’on passe la soirée à faire baver les hommes. Nos corps n’étaient pas encore déconfits et il fallait en profiter tant qu’on le pouvait encore. Petite robe moulante, hauts talons, aucun homme ne pourra nous résister, j’en suis sûre ! Malgré le métier de mon double, je savais qu’elle pouvait se rendre sexy et faire tomber les hommes comme des mouches. Même si ça n’a jamais vraiment été son truc, contrairement à moi. Je n’étais même pas sûre qu’elle avait eu beaucoup d’hommes dans sa vie et surtout dans son lit. Je les enchainais tellement quand Luke m’a quitté, que je ne me concentrais plus du tout sur son tableau de chasse.
Des soirées comme ça ... Ouais. Ca lui manquait un peu. De faire des sorties de ce genre. Mais avec son boulot, avec Noëllie, c'était pas bien possible. Quoi que ... Elle pouvait toujours laisser Noëllie à Ethan, c'était pas un problème. Et elle pourrait sortir faire des folies avec sa jumelle. Ca serait pas déconnant. Elle eut un sourire amusé à la réplique de son double. "Ah, je sais pas trop. Ton influence, non ... Mais ton caractère de cochon ..." Parce que oui. Si l'une était un ange, l'autre était un démon. Et Rebecca était le démon. Sans doute à cause ... Elle avait dû se forger une carapace à cause de leur père. Des fois, Delilah se disait que ... qu'elle aurait dû voir les choses. Quand elles étaient plus jeunes. Elle s'en voulait. Un peu. Si elle avait vu que sa soeur n'allait pas bien ... elle aurait pu l'aider. Elle aurait pu ... la protéger. L'aider. Faire en sorte que ... et bien, que leur père ne la touche plus jamais. Mais non. Elle avait été aveugle. Voilà pourquoi ... Elle était là. Pour sa soeur. Même si plus d'une fois, elle aurait aimé lui fermer la porte au nez parce qu'elle était pénible. Ou parce qu'elle n'arrivait pas à la supporter, ou quoi que ce soit dans le genre. Non. "J'suis sûre que ça continuerait de fonctionner avec des mecs un peu déchirés." Ou des mecs qui ... Et bien, qui auraient pensé avoir leur chance. Ouais. C'était possible. Tout était possible après tout. "Non, sans les hauts talons." Elle eut un hochement de la tête. "Ca fait un moment que j'en ai pas porté." Et elle n'était pas certaine qu'elle pourrait les supporter à dire vrai. "Ca fait trop trop mal." En même temps, elle n'en portait plus à cause de son boulot. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison que courir après les criminels avec des talons, c'était pas cool. Du tout. Et parce qu'elle n'avait pas envie que ça se produise. Et puis, parcourir les scènes de crime avec des talons, non. Autant l'éviter.
Mon caractère de cochon. Oui, on pouvait dire ça ainsi. Malgré notre lien de sang très proche, nous n’avons jamais été des jumelles identiques, déjà parce nous nous ne ressemblons pas comme deux gouttes d’eau physiquement, mais aussi parce que nos caractères s’opposent complètement. Des fois, je me demande comment on fait pour s’entendre sur certaines choses. Sur beaucoup de choses au final, même si on évite les grands sujets qui fâchent. On avait déjà failli à plusieurs reprises s’éloigner. C’est ce qui est arrivé quelques fois mais on faisait en sorte de revenir à chaque fois l’une vers l’autre. Surtout moi. Delilah a sa fille, elle avait notre père aussi à l’époque, et le père de sa fille. Elle était bien entourée, elle n’avait pas besoin de moi. Alors que moi, si. J’avais donc tiré la langue à mon double quand elle me traita de cochon. Je me suis mise à rire, et on se mit à parler de technique de drague. C’est vrai que la nôtre est très certainement désuète et ce n’est plus de notre âge, mais comme elle me répond si bien, avec les mecs les plus alcoolisés, il y a de fortes chances pour que ça fonctionne Je crois qu’on n’aurait même pas besoin de faire beaucoup d’efforts. Lui répondais-je dans un nouveau rire. Je parlais forcément de talons et je ne m’imaginais pas vraiment ma jumelle ne portant plus de talons. Mais c’est vrai qu’en y réfléchissant bien, entre son boulot professionnel et de maman, les talons n’étaient pas très indiqués. Elle-même m’avait confié ne plus vraiment sortir. Ca paraissait logique mais C’est justement l’occasion d’en porter de nouveau ! Ca fait peut-être mal, mais c’est d’une élégance à toute épreuve ! La drague est faite à 80% rien qu’avec ces accessoires ! Je sentais que c’était peine perdue, mais ça ne me coutait rien d’essayer, au contraire, sait-on jamais.
Le feu et la glace. Le jour et la nuit. Delilah et Rebecca avaient toujours été ... des opposés. Ca n'avait pas toujours été rose, c'était certain. Mais pour autan, elles étaient toujours là. L'une pour l'autre. Elles faisaient en sorte de ... Elles faisaient en sorte de s'entendre. D'être à quand y'en avait une qui ... Et bien, qui n'allait pas bien. C'était pas évident, c'était certain. Il y avait des hauts. Il y avait des bas. Comme dans toute famille d'ailleurs. Parfois, c'était pas simple. Mais elles se devaient de rester soudées. Pour sûr. Rebecca en était venue à lui tirer la langue. "Heureusement que Noëllie n'était pas là. Parce qu'elle t'aurait fait une remarque sur ta langue." Souvent que Delilah faisait des remarques à sa fille quand celle-ci tirait la langue. Ouais. Alors, oui, il était vrai que la petite ne se serait pas gênée pour faire la remarque à sa tante. Et plutôt deux fois qu'une. Noëllie pouvait être chipie parfois. Mais c'était bon enfant, si on pouvait dire ça ainsi. Elles parlèrent un peu ... de sortie en boîte et tout ça. De draguer les garçons. Et de les amuser. De les faire tourner en bourrique. Ouais. C'était ... Elle ne dirait pas que ça manquait. Mais ... peut-être que ça manquait un peu. "Si ça se trouve, oui, ils nous mangeraient dans la main." Elle eut un hochement de la tête. "Et on pourrait leur faire faire tout ce qu'on veut." C'était diabolique quand même. Les jumelles diaboliques. Il fut un temps où c'était ainsi qu'on l'appelait. Ouais. Quand elles sortaient et qu'elles faisaient des folies. Mais ce n'était plus le cas à présent. Elles n'étaient plus comme ça. Elles avaient grandi. Et c'était pas une mauvaise chose. Rebecca voulait qu'elle porte des talons. Sortir, oui, ok, avec des talons, elle ne savait pas. Pourquoi ? Parce qu'elle n'avait plus l'habitude de porter de telles chaussures. Non. Delilah avait porté son verre à ses lèvres. Elle avait pratiquement fini sa part de tropézienne. La petite avait fini par s'endormir dans ses bras. La voix de sa mère et de sa tante avait dû la bercer. Du moins, c'était ce que Delilah se disait. "Heureusement que tu dors, petite Victoria. Parce que ta mère ne dit que des bêtises." Et pour s'amuser, la blonde lui avait tiré la langue. Ni vu. Ni connu comme on le dit si souvent. "Le décolleté. Je crois que c'est ça qui fonctionne le mieux." Décolleté et talons, c'était peut-être le... le combo gagnant mais bon. Elle n'en était pas certaine.
C’est vrai que tirer la langue est assez gamin, mais je ne peux m’empêcher de retomber par moment en enfance avec ma jumelle. D’abord parce qu’on est entouré d’enfant, mais aussi parce que la majorité de nos souvenirs viennent de notre enfance. Et même si je ne le revivrais pour rien au monde, beaucoup de moments passés avec ma sœur sont beaux. Ils me délivraient de ma prison de verre, celle dont je ne savais pas comment me libérer tellement elle me rendait folle. Aujourd’hui, tout ça est loin derrière moi, mais cette sensation horrible d’impuissance et de dégoût ne me quittera jamais. Je me suis tout de même mise à rire quand ma jumelle me dit savoir que sa fille m’aurait fait une remarque. Je voyais très bien de quoi elle voulait parler. Mais on préférait enchaîner avec la jeunesse que nous avions perdu, mais qui n’était pas impossible à retrouver, maintenant qu’on était de nouveau célibataire toutes les deux. Autant en profiter. De toute façon, je n’ai jamais aimé rester seule très longtemps, mes besoins de femmes reprenaient bien vite le dessus. Même si mes pensées étaient inexorablement tournées vers Gabriel. Je voulais surtout l’en faire sortir. C’était toujours plus facile à dire qu’à faire. Victoria s’était alors endormie dans les bras de sa tante, et je trouvais ça particulièrement attendrissant. Oui, je disais des bêtises, et ses oreilles chastes et pures ne devraient pas entendre tout ce qu’on pouvait dire là. Heureusement qu’elle n’est encore qu’un bébé. Complétais-je face à la remarque de ma sœur. Si on avait toujours été radicalement opposée sur notre style vestimentaire, particulièrement de nos jours, au moins, je pouvais être sûre qu’elle me suivrait sur un décolleté plongeant pour être sûr d’attirer les mâles qui peuvent nous intéresser. J’étais tellement emballée que je proposais à Delilah Ce samedi ? Tu peux te libérer ? Je parlais évidemment de sa fille et surtout de son travail.