Dimanche 20 août 2017. C'était une date que Eireen avait bien entouré sur le calendrier. Parce que ... parce que c'était pas une date, comme ça, en l'air. Non. Du tout. C'était le jour du grand repas de famille. Ils avaient gardé leurs fiançailles secrètes. Jusqu'à présent. Les tabloïds, la presse et tout ça, non, ils n'en avaient pas encore eu vent. Et Eireen en était plutôt contente. Oh, elle savait très bien que ... Et bien, elle savait très bien qu'un jour ou l'autre, ils finiraient par l'apprendre. Mais jusqu'à présent, c'était resté leur petit secret à tous les deux. Et ça, c'était plutôt chouette. Seulement, ils devaient prévenir leur famille respective. Et trouver une date pour les réunir, et bien, ça n'avait pas été une mince affaire. Du tout à dire vrai. Ca avait même été un peu compliqué. Parce que tout le monde n'était pas forcément disponible à la même date. Enfin, les filles, les soeurs de Kaleb, étaient déjà à la villa. Ils les gardaient à la maison. Eireen n'avait pas encore officiellement déménagé. Non. Elle squattait encore un peu chez Cora. Quelque chose qui aurait dû durer seulement quelques mois, ça ferait bientôt un an. Mais si elle déménageait, à nouveau, elle espérait ... Elle espérait que ça serait la dernière fois qu'elle le ferait. Elle espérait que cette fois-ci, c'était pour de bon. Que c'était du solide. Tout simplement. Eireen avait envoyé un sms à Kaleb. Lui indiquant que ses parents étaient un peu en retard. Elle les rejoignait chez Cora. Ils connaissaient chez Cora. Ils étaient venus la voir une fois ou deux après la perte du bébé. Sa mère surtout. De là, ils iraient à Bayside, chez Kaleb. Elle avait fait dans la simplicité. Que ça soit au niveau des fringues ou au niveau de la coiffure. Ses cheveux étaient détachés, tombant sur ses épaules. Elle songeait toujours à passer par la case coiffeur et couper un peu. Une dizaine de centimètres. Ou peut-être plus. Ca lui ferait du bien. Et elle en avait envie. Mais elle n'avait pas trouvé le temps. Perdue dans ses pensées, on avait finalement sonné à la porte. Eireen s'était levée. Elle avait récupéré ses affaires et elle avait été à la porte. "Bonjour." Un câlin à sa mère. Un câlin à son père. Et ils s'étaient engouffrés dans la voiture de ses parents. "Alors, tu t'es enfin décidée à nous le présenter." Eireen roula des yeux. "Maman, commence pas." Elle lui avait fait un peu les gros yeux. "Ca fait un moment qu'il est dans ta vie et que tu aurais dû nous le présenter." Elle haussa les épaules. "C'était à moi de voir." Et même si elle était prête à ce moment là, Kaleb ne l'était pas. Et elle n'avait pas voulu le presser. "Il est catholique ?" Eireen poussa un soupir et roula des yeux à nouveau. "Tu sais que j'y crois plus trop." Depuis sa leucémie. Depuis qu'elle avait trouvé Camael dans le lit d'une autre. Ca aussi, ça ne lui avait pas trop fait plaisir. C'était toujours une discussion un peu houleuse. Enfin. La route jusqu'à la villa avait été ... pleine de questions. C'était pénible. Mais Eireen avait esquivé pas mal de questions à dire vrai. Elle faisait l'anguille. Et elle commençait à bien savoir la faire d'ailleurs. La voiture de Kaleb n'était pas là. Quand elle rentra dans la villa, Eina se rapprocha tout de suite de l'avocate. "Oui ma grande, j'suis rentrée." Il y avait une des soeurs de Kaleb. "Ton frère n'est pas encore rentré ?" Apparemment non. Oh. Il ne devrait plus tarder sans doute. "C'est une chouette baraque." commenta le père d'Eireen. Une très belle baraque même. "Maman, papa, j'vous présente Victoria. Une des soeurs de Kaleb." Elle se demandait où était Emma. Pas très loin sans doute. Peut-être en train de faire bronzette dehors. Non. Il faisait pas assez chaud pour ça. On était en hiver après tout.

Kaleb n'était pas là. Sans doute qu'il avait dû aller chercher son père et sa belle-mère. Ca ne pouvait être que cela. Bon ... Et bien, en attendant ... En attendant, Eireen ne savait pas trop ce qu'ils allaient faire. Papoter un peu ? Leur proposer à boire. Ouais. Ca pouvait être une bonne idée. "J'vais prendre vos vestes." Ouais. Parce qu'ils n'avaient pas besoin de garder cela, non ? "Sauf si vous voulez aller dehors." Parce qu'après tout, le temps faisait frisquet. Un peu. Disons qu'aller dehors, en manches courtes, c'était le meilleur moyen de ... Et bien ... C'était le meilleur moyen de tomber malade. "Je pense qu'on pourrait être bien dehors." Ouais. Sans doute que ça serait pas mal. "J'vais vous montrer par où c'est." Eireen eut un hochement de la tête. Victoria en vint à lui dire que sa mère et son beau-père étaient dehors aussi. Ah. L'avocate allait faire la rencontre de cette fameuse ... Lauren. La mère de Kaleb. Celle qui avait toujours eu peur de ... et bien, qui avait toujours eu peur du métier de son fils. Elle pouvait comprendre. Après tout, Eireen n'était pas toujours sereine. Elle non plus. Cependant, elle avait confiance en Kaleb. Elle savait qu'il connaissait ses limites. Donc, oui, elle lui faisait confiance. Même si ça l'inquiétait parfois. Enfin, passons. Eireen s'était tournée légèrement vers Vicky. "Ta soeur est dehors ?" Elle avait répondu par la positive. Bon. Si tout le monde était dehors pour le moment ... Ils iraient tous dehors. Eireen avait attrapé son téléphone. Elle venait d'envoyer un message à Kaleb pour lui dire qu'ils étaient à la maison, qu'elle les attendait. Et elle lui avait glissé un petit je t'aime à la fin de son message, tout en souriant. Elle avait enfoui son téléphone dans la petite poche de sa chemise, poche qui n'était pas forcément assez profonde pou le téléphone. Elle allait devoir faire attention de ne pas faire tomber son mobile. "Let's go." D'un coup de doigt habile, Eireen avait fait tourner sa bague. Cachant ainsi les pierres précieuses. Elle ne voulait pas gâcher l'effet de surprise en la laissant à la vue de tous. Non. Tournée ainsi, c'était une bague classique comme elle pouvait porter. Donc, ouais. Elle la retournerait quand ... Quand tout le monde serait là et qu'ils feraient l'annonce. Est-ce que ça la terrorisait ? Un peu. Quand même. Elle connaissait les filles. Elle savait qu'ils seraient derrière eux. Mais leurs parents respectifs ? Elle ne savait pas trop. Elle espérait que tout ce petit monde ... allait bien s'entendre. Et que ça se passerait bien. Ouais. Ce repas allait bien se passer. Ils avaient commandé à un traiteur. Et Eireen se doutait que ... Et bien, que tout était bien arrivé. "Oh, d'ailleurs Vicky. C'est tout bien arrivé ?" Elle voulait s'en assurer. Ils auraient été en plein été, il aurait fait beau, il aurait fait chaud, ils auraient pu se faire un bon barbecue dehors. Mais là ... Là, c'était trop juste. Bien trop juste. Donc, ils mangeraient à l'intérieur. Elle n'avait pas eu le temps de cuisiner. Kaleb non plus avec l'arrivé de ses parents. Donc, oui, ils s'étaient accordés sur le traiteur. Ouais. Pour que ça soit plus simple pour tout le monde. Eireen avait fini par sortir, ses parents sur ses talons. Lauren et son époux étaient bien à l'abri du froid, du vent. Et de la pluie si jamais il venait à se mettre à pleuvoir. Ils seraient bien, là, il faisait encore bon pour le moment. "Bonjour." avait-elle dit. Emma était venue tout de suite lui faire la bise en lui disant oh combien elle était contente de la voir. Un petit câlin rapide avant de passer aux présentations. Parce qu'après tout, Eireen ne connaissait pas Lauren. C'était bien la première fois qu'elles se rencontraient. Elle en avait entendu parler. Mais elles ne s'étaient pas encore rencontrées. "Eireen. Kaleb m'a beaucoup parlé de vous." Lauren lui avait fait une remarque comme quoi elle n'avait pas besoin de la vouvoyer et qu'elle pouvait très bien la tutoyer, ce qui fit sourire l'avocate. "Voici mes parents. Finn et Katherine." Sa mère avait eu un sourire également. "Mais tout le monde m'appelle Kate."

A peine l'avocate était-elle dehors qu'Emma s'était pointée pour prendre Eireen dans ses bras. "Salut ma grande. T'as l'air d'avoir la pêche." Toujours. A croire qu'elle était montée sur pile électrique la petite. Mais bon. Tout ce qui importait, ouais, tout ce qui était important pour Eireen, c'est que ... C'est qu'elle s'entendait bien avec ses belle-soeurs. Elle n'aurait pas aimé que ... qu'il y ait des atomes crochus. Après, oui, bien sûr, ça pouvait arriver mais bon, qu'importe. Ce n'était pas le cas. Les petites l'aimaient bien. Et c'était le principal. Ouais. Histoire d'attendre Kaleb et les autres, ils s'étaient installés. Eireen avait quand même fait le service histoire d'amener quelques rafraîchissements pour ceux qui avaient soif. Et elle avait eu le droit à la question qui tue. Enfin, pas la question qui tue. Mais qui était un poil gênante quand même. A cause de la manière dont ils s'étaient rencontrés. Eireen avait un peu rougi. "C'est la rencontre qui brise la glace directement si on peut dire ça ainsi." Sa mère avait regardé l'avocate d'un drôle d'air, ne voyant pas vraiment où sa fille voulait en venir. Après tout, elle n'était pas au courant. "Dylan ne m'avait pas dit que son cousin allait venir en colocation avec nous pendant quelques semaines. Il est arrivé un jour où elle était au travail. Elle avait oublié de me prévenir." Ou alors, elle l'avait fait exprès. Ah ... Dylan... Ca faisait un an. Elle lui manquait toujours terriblement. Ouais. "C'est moi qui l'ait donc accueilli." Elle allait taire le fait que ... Et bien ... Qu'elle l'avait accueilli plus ou moins à poil. En même temps, c'était lui qui avait ouvert la porte de la salle de bain sans prendre le temps de frapper. "J'crois qu'il a été surpris que j'lui saute pas dessus comme une de ses fans." Ouais. Ils avaient pas mal discuté ce jour là. Les jours suivant aussi. Elle l'avait tout de suite mis à l'aise. Eina avait disparu. Mais Eireen avait mieux compris sa soudaine disparition quand elle constata que Kaleb venait d'arriver avec son père et sa belle-mère. "Salut toi." Lui avait-elle dit dans un sourire. Elle était venue l'embrasser. Elle n'allait pas se cacher ou bien être gênée de faire ça devant tout le monde. Après tout, hein, tout le monde savait qu'ils étaient ensemble. Pas qu'ils étaient fiancés mais bon. Ils s'étaient tous installés. Ca papotait un peu à droite, à gauche. L'heure de l'apéritif. Et puis, la question tant attendue. Qui devait brûler les lèvres de tout le monde. Mais que personne n'osait poser. Jusqu'à maintenant. Alors, Eireen avait regardé Kaleb. Il en avait fait de même. Elle avait eu un sourire. Et elle s'était levée. Elle avait l'habitude de faire des discours en public. Après tout, elle était avocate. Et quand elle plaidait, elle était debout. Et pas assise. Certes, c'était carrément différent. Parce que c'était sa vie privée dont elle allait parler. Elle n'allait pas défendre quelqu'un. Non. Ou elle plaidait sa cause. Va savoir. "Kaleb et moi, on a quelque chose à vous annoncer. Et on a pensé qu'au lieu de ... de vous prévenir séparemment, ça serait plus simple de tous vous réunir ici en ce jour." Ouais. Plus simple. Ou bien ... C'était une manière que tout le monde se rencontre. Et c'était pas une mauvaise chose. Eireen avait tourné la tête légèrement vers le pilote. Elle le regardait. Amoureusement. "On a eu des hauts. On a des bas." Le scandale des photos. Le bébé. "On les a surmontés. Et on a constaté que nous étions bien trop attachés l'un à l'autre." Et encore, c'était peu dire. Son regard toujours posé sur Kaleb. Les yeux brillants. Parce que c'était un peu émouvant quand même. "Et comme on s'aime. Et que la vie est courte ... Kaleb m'a demandé de l'épouser. Et j'ai dit oui." Tout simplement.

C'était elle qui avait pris la parole. Elle qui s'était levée pour ... Et bien, pour leur annoncer la grande grande nouvelle. Ouais. Ils en avaient parlé, un peu avant. Ils avaient parlé de tout cela tous les deux. Afin de savoir si ... Afin de savoir qui prendrait la parole et qui leur annoncerait. Kaleb était doué avec la presse. Mais ça concernait son travail. Uniquement son travail. Il ne parlait pas de sa vie privée à la presse. Elle ne dirait pas qu'il avait des lacunes à ce sujet là mais elle était d'accord. C'était mieux de ne pas parler à la presse de sa vie privée. Et pas qu'un peu. Donc oui, ils avaient décidé, tous les deux, que ça serait elle qui ferait le discours. Parce que c'était ce qu'elle venait de faire. Un petit discours. Ils étaient restés pendus à ses lèvres. Non, elle n'était pas en train de raconter la Bible ou quoi que ce soit dans le genre. Mais il était clair que ... Et bien, il était clair que ce qu'elle disait était important. Et c'était mieux, c'était mieux de ne pas être interrompue. Ouais. Parce qu'elle aurait sans doute perdu le fil de son discours, en quelque sorte. C'était mieux de pouvoir parler d'une traite et de ... Ouais. D'annoncer tout ça. Elle était contente. Kaleb avait trouvé sa main. Et elle avait souri. Enfin. Ils étaient au courant. Il y eut des Oh et des Ah. Et la mère d'Eireen s'était levée pratiquement aussitôt pour prendre sa fille dans ses bas. "Mes félicitations !" Bien évidemment, Kate restait inquiète. Parce que sa fille était déjà passée par ce moment là. Ouais. Elle avait déjà énoncé des fiançailles. Avec Camael. Avec le recul, c'était pas une mauvaise chose qu'ils ne soient plus ensemble et qu'ils n'aient pas eu l'occasion de se mettre la corde au cou. Mais Kate espérait, fortement, que ça allait bien se passer. Et pas qu'un peu. Elle n'avait clairement pas envie que l'histoire se répète. Ca ne serait pas le cas. Elle avait confiance en Kaleb. Et ils avaient vécu tellement de choses ensemble ... Tout irait bien. Tout se passerait bien. Ouais. Y'avait aucune raison que ... Et bien, que ça se reproduise. Mais alors pas du tout. Ce fut la séance embrassade. Où tout le monde fait des câlins à tout le monde. Normal. C'était une grande nouvelle après tout. Le père de Kaleb lui parla quelque peu. "Merci beaucoup." Ils avaient réussi ... à se lier. Ils avaient réussi à fonder un début de quelque chose. Même si ce n'était pas simple. Du tout. Elle était contente. Ca avait mis du temps. Ca n'avait pas été simple entre eux. Mais elle était ravie. Ravie de comment la situation tournait. Et pas qu'un peu. La bague. Ils cherchaient à voir le caillou. Ca, c'était plus pour les mamans et pour les soeurs de Kaleb. Les hommes, bah ... C'était ... Je ne dirais pas qu'ils s'en foutaient, mais c'était pas très important pour eux. Du tout. "Oui, bien sûr." Elle avait donc fini par lever sa main afin de leur faire voir ladite bague. Simple. Mais agréable à porter. Légère. Et elle n'allait pas s'accrocher dans ses fringues à cause d'un gros diamant ou quelque chose dans le genre. Non.

Au final, tout le monde était content. Et ça papotait. Ca papotait beaucoup. Eireen avait eu le droit à un véritable câlin de la part d'Emma. Sans doute bien trop contente qu'Eireen finisse par se fiancer avec Kaleb. Pas que Vicky n'était pas contente. Mais ouais, Emma, c'était la grande joie. Ca promettait. Eireen n'avait pas de frère. Elle n'avait pas de soeur. Elle ne savait pas comment se comporter face à elles. Du moins, au départ. Elle avait toujours eu peur que les soeurs de Kaleb ne l'acceptent pas. Elle avait toujours eu peur d'être vue comme un ... intruse. Comme une personne qui allait voler leur frangin. Mais non. Ce n'était pas le cas. Et Eireen était plutôt contente. Elle était plutôt ravie de comment ça se passait. Et que tout le monde l'accueille dans cette famille. Oui, la famille de Kaleb n'était pas atypique. Ce n'était pas la même chose que pour sa famille à elle. Ses parents étaient ... solides. C'était une relation qui tenait. Peut-être à cause du fait qu'ils étaient catholiques et qu'ils s'y tenaient plus ou moins. Pourtant, y'avait des fois où Eireen se demandait comment son père pouvait supporter sa mère, et inversement. L'amour. C'était l'amour. Tout simplement. Et son amour pour Kaleb, ouais, c'était quelque chose de fort. Comme elle avait pu leur dire, elle avait réussi ... ils avaient surmonté tout un tas d'obstacles. Ils avaient surmonté pas mal de choses. C'était un fait. Elle en était plutôt contente. Elle était contente de s'être accrochée. Elle était contente d'avoir eu les miches pour s'envoler pour l'Argentine et lui dire qu'elle l'aimait. Si elle ne l'avait pas fait, elle n'était pas certaine qu'ils en seraient là aujourd'hui. Elle ne le pensait pas d'ailleurs. Elle était certaine que ... Non, en fait, elle ne savait pas vraiment de quoi elle était certaine. Et elle ne voulait pas se poser la question. Ce qu'elle voyait, elle, c'est qu'ils étaient ensemble. Tout simplement. Eireen s'était installée sur les genoux de Kaleb. Parce qu'elle était bien. Là. Comme ça. Tout contre lui. Même très très bien. Il y avait eu la question qui tue. Sur les voyages de Kaleb. Et le fait qu'ils ne seraient pas toujours ensemble. "C'est même pas du tout un problème." Elle secoua la tête. "Mon passeport se remplit petit à petit." Et pas qu'un peu. "Et j'compte bien continuer à remplir les pages." Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle avait envie ... qu'elle avait envie de remplir son passeport. Mais presque. "Ca fonctionne bien comme ça pour le moment. Y'a aucune raison du contraire." Elle avait eu un sourire. Oui. Eireen se voulait rassurante. Parce qu'elle savait. Elle savait que tout allait bien se passer. Elle savait qu'elle et lui, ça irait. Tout simplement.

Les voyages, ça ne lui faisait pas peur. Mais alors pas du tout. Elle l'avait fait. A de nombreuses reprises. Et elle le ferait à nouveau sans aucune hésitation. Eireen avait porté son verre à ses lèvres tandis que sa mère posait la question qui tue. Et les enfants ... Quand ils auraient des enfants ... Comment ça se passerait ? Cette question resta coincée au fond de la gorge. Des enfants ... Ils auraient pu en avoir un. Déjà. Il aurait pu y avoir un petit bambin qui braillerait sans doute et qui les ferait tourner en bourrique. Mais oui. Cet enfant aurait pu être là. C'était certain. Et il n'était pas là. A cause de la force des choses. Et c'était moche. C'était très moche. Sachant ce qu'elle avait vécu, elle aurait pu éviter ... Elle aurai pu éviter de poser cette question alors qu'Eireen avait été à l'hôpital et qu'elle avait été à deux doigts d'y passer également. Elle avait pris plusieurs coups de couteau. Elle s'était vidée de son sang sur le trottoir en attendant les secours. Et même si sa mère n'avait pas envie de remettre ça sur le tapis, elle venait de la replonger là dedans. Alors, bien sûr, son coeur avait eu un raté. Elle allait devoir sourire. Comme à son habitude. Et faire comme si elle allait bien. C'était pas toujours évident, mais elle ne pouvait pas vraiment gâcher le moment. Ils étaient tous là. Tous présents. "Franchement ? Elle te vient d'où cette question ?" Eireen avait été un peu froide avec sa mère. En même temps, elle méritait une bonne pique dans les dents pour avoir osé parler de ça. "De toute manière, ça nous regarde. Pas toi. Ni toi." Elle s'était adressée à ses parents. Elle avait eu l'impression, quand même, que c'était une attaque déguisée. Ou quelque chose dans le genre. Ou alors, Eireen était en mode J'vois l'mal partout à cause du sujet qu'ils venaient d'aborder. Sa mère venait de lancer un sujet qu'elle n'aurait pas dû. Non. Est-ce que ça allait plomber l'ambiance ? Peut-être un peu. Ce qui était bien, c'est qu'ils étaient soutenus. Tous les deux. Par les parents de Kaleb. Les parents d'Eireen avaient des doutes. Mais pas ceux de Kaleb. Ils avaient enchéri sur le sujet du motorhome. Et Eireen eut un hochement de la tête. "J'avoue. Ils sont très confortables." Pour sûr. "Même mieux que certains hôtels à dire vrai." A choisir, ouais, le motorhome, c'était pas mal. C'était pas mal du tout à dire vrai. Changer de sujet. Et vite. Avant que Kate ne foute le bordel une nouvelle fois et que Eireen ne se retrouve à parler de choses dont elle n'avait pas envie de parler. Des choses qui pouvaient faire mal. C'était sans doute pour ça, d'ailleurs, qu'elle ne voyait pas souvent ses parents. Parce qu'ils ramenaient toujours sur le tapis quelque chose qui faisait mal et dont elle ne voulait pas parler. "Quoi qu'il en soit, si on vous a aussi fait venir, c'était également pour manger." Ouais, l'heure du repas. Avec la bouche occupée, ça éviterait peut-être des sujets qui fâchent. Eireen s'était levée. Elle ne savait pas encore s'ils allaient manger dehors ou dedans. Le temps ... était un peu frais quand même. "Dehors ? Dedans ? Que préférez-vous ? Avons-nous des frileux ici ou non ?" Son père étant irlandais et sa mère d'origine canadienne, le froid, ça les dérangeait pas.

Est-ce que ça avait jeté un froid ? Ouais. Un léger froid à dire vrai. En même temps, Eireen n'allait pas cacher le fait que cette question venait de l'agacer. Et la blesser en même temps. Elle n'irait pas jusqu'à dire que le sujet des enfants était tabou. Presque. D'autant plus qu'il pourrait y avoir un petit bébé, là, avec eux, déjà. Un bébé de quelques mois si le destin n'avait pas décidé de leur jouer un sale tour. Pour autant, il n'était pas là. Ou elle n'était pas là. Et bien sûr, non, cette question, sa mère aurait pu se retenir de la poser. Alors oui, l'avocate lui avait répondu de manière séchement. Que ça soit à son père ou bien à sa mère à dire vrai. Depuis qu'elle était partie de la maison, Eireen s'était toujours débrouillée. Pour un appartement, pour ses études. Elle ne comptait pas sur ses parents pour l'aider. Et si sa mère pensait qu'elle pourrait lui confier ses enfants, si jamais elle finissait par en avoir, pour pouvoir s'envoler à l'autre bout de la terre afin de retrouver Kaleb. Oh que non. Elle n'aurait pas ce loisir. Peut-être que sa colère s'estomperait un jour contre ses parents. Mais ça ne serait pas aujourd'hui. Pas maintenant. Elle l'avait mauvaise. Et pas qu'un peu. Mais Eireen faisait comme si de rien n'était. Ouais. Elle avait gardé le sourire. Et elle pensait à la suite. Au repas. Ouais. Il était temps de manger un bout à dire vrai. Il était temps de se restaurer. Et de passer à autre choses. Elle s'était éclipsée un moment. Le temps de ramener à manger justement. Et Kaleb ne l'avait pas laissée toute seule. Peut-être parce qu'il avait senti qu'elle n'était pas ... dans son assiette et qu'elle n'avait pas apprécié la question. Elle était restée juste quelques instants au dessus de l'évier et elle avait pris une lente inspiration. Kaleb lui parlait. Lui disait que sa mère n'avait pas voulu la blesser et qu'elle s'inquiétait. "Elle n'a pas à s'inquiéter de ça. C'est pas comme si je ne savais pas ce que je faisais." Au contraire. Elle savait ce qu'elle faisait. Elle aimait Kaleb. Plus que tout. Elle s'était battue pour leur relation. Elle s'était battue pour lui. Et elle était heureuse. Heureuse avec lui. Même s'ils ne pouvaient pas toujours être ensemble, ils s'en sortaient. Ils s'en sortaient très bien à dire vrai. Kaleb s'était rapproché de sa promise tout en lui demandant de ne pas l'étranger. Ce qui provoqua un léger sourire au coin de ses lèvres. "J'vais essayer. J'la tuerais dans mon sommeil ce soir." Ouais. C'était une bonne idée. C'était une très bonne idée d'ailleurs. L'assassiner dans son rêve. C'était pas comme si elle le faisait en vrai, non ? Kaleb avait fini par la prendre dans ses bras. Et l'embrasser par la même occasion. Elle le regardait. Amoureusement. Elle se sentait bien dans ses bras. Toujours. Il lui avoua avoir une surprise. Ce qui, l'étonna, bien sûr. Il n'allait pas lui donner tout de suite ou lui en parler tout de suite. "Non. C'est pas juste." Elle faisait sa tête de chien battu. Elle voulait savoir tout de suite. "T'en as trop dit." Ouais. Il avait trop parlé. Elle voulait savoir maintenant. Qu'il était vilain. Elle lui tira la langue. "T'es vilain. Maintenant, j'vais pas arrêter de penser à cette surprise." Elle avait penché la tête en arrière avant de reposer son regard sur le pilote. "Je ne vous savais pas manipulateur, cher Monsieur Mays." Ouais. Au moins, ça éviterait peut-être de penser à sa peste de mère et à son enfoiré de père qui disaient qu'ils se souciaient d'elle et de sa relation avec Kaleb. Peut-être qu'ils s'inquiétaient vraiment. Elle ne savait pas. Elle en doutait. "Bon, je pense qu'on nous attend." Elle avait regardé par la fenêtre. "Ce qui est bien, c'est que personne ne s'est encore entretué." Et ça, c'était plutôt une bonne chose, non ?

Kaleb savait toujours comment lui remonter le moral. C'était inné chez lui mine de rien. C'était pour ça qu'elle l'aimait. Parce qu'il trouvait toujours les mots justes. Parce qu'il avait toujours quelque chose à dire. Quelque chose d'important. Quelque chose qui faisait qu'elle se sentait un peu mieux. Et elle appréciait. Ouais. Elle appréciait beaucoup. Seulement, maintenant, il en avait trop dit. Et elle avait vraiment envie de savoir ... de savoir ce qu'il pouvait lui réserver. C'était certain. Une bonne ou une mauvaise surprise ? Oh, le connaissant, elle était sûre et certaine que ça ne pouvait être qu'une bonne surprise. Et oui, elle était impatiente. Elle avait envie de savoir ce qu'il pouvait lui réserver. Elle ne savait pas si elle apprécierait ou pas. Mais bon. Elle verrait bien quand elle y serait, si on pouvait dire ça ainsi. "Oui. Tu es vilain. Parce que je sais que tu ne vas pas vouloir me dire ce que c'est. Et que je vais devoir prendre mon mal en patience." Eireen eut un hochement de la tête tandis qu'elle s'était rapprochée de lui. Ses bras autour de lui. Comme pour l'empêcher de partir, même si elle savait très bien qu'il n'allait pas partir. Et elle non plus à dire vrai. "C'est ce que tu ne veux pas donner d'indice. Pas que tu ne peux pas." Elle secoua la tête. Et elle le regardait. Quand elle posait son regard sur lui, elle se disait ... Ouais, elle se disait toujours qu'elle avait bien fait de se battre pour lui. Qu'elle avait bien fait de ne pas abandonner. C'était certain. Elle en était ravie. Il n'y avait pas à dire. "Je vois que je n'ai pas trop le choix que de vous obéir, monsieur Mays." Madame Mays. Ah, c'était bizarre quand même. Mais elle appréciait beaucoup. C'était une question à laquelle elle n'avait pas réfléchi encore. Un nom composé ? Garder le sien ? Ou prendre celui de Kaleb ? C'était une très très bonne question à dire vrai. Et pas qu'un peu. En tout cas, ils ne pouvaient pas rester là plus longuement. Non. Parce qu'il était temps d'aller manger. Après tout, s'ils étaient rentrés dans la villa, c'était pour manger un peu. Ouais. Il avait soupiré alors qu'elle venait tout juste de lui rappeler qu'ils étaient attendus, justement. "Serre les fesses. Encore un moment à passer et après, ils seront tous partis." Elle eut un hochement de la tête. "Enfin, pas tous. On peut garder tes soeurs avec nous. Elles sont pas pénibles. Et elles ne posent pas de question qui tue." Ouais. Eireen avait eu quelques mots. Sur le fait qu'elle était plutôt contente que personne n'ait ... tué personne. Ouais. C'était une bonne chose. Une très bonne chose. "On devrait y retourner. Avant qu'ils ne décident de se manger les uns les autres parce qu'ils sont tiraillés par la faim." Bien sûr, elle déconnait. Mais bon. Ils devaient revenir avec les autres. Donc, oui. "On aurait dû demander à tes soeurs de venir nous aider avec les plateaux. Parce qu'on va devoir faire plusieurs allées et venues." Ouais. Une fois qu'ils auraient commencé à manger, ouais, ça irait mieux. Ca irait bien mieux. Du moins, c'était ce que se disait la jeune femme.