Visiblement je suis celui qui est le plus proche des clés, il me faut une distraction, quelque chose qui attire l’attention du zombie sans que les autres se ramènent. Je dois réfléchir, je dois réfléchir et vite. Ariane a l’air d’avoir une idée, elle a aussi remarqué les clés et elle est décidée à passer à l’action, le seul problème c’est que c’est une vraie petite tête brûlée et j’ai déjà peur de ce qu’elle nous réserve. Elle commence à gesticuler dans tous les sens et nous faisant part de ses plus belles grimaces. Ça a l’air de marcher le zombie semble interpellé, mais il faut qu’elle fasse mieux, notre ami zombie n’a même pas bougé d’un pouce, alors elle continue et je dois me tenir prêt à choper ce qui pourrait bien être notre seul moyen de sortir d’ici. « Hey bolosse, t’as faim? Y’a un encas servi juste pour toi ici, r’garde. » Oui, bon je ne serais peut-être pas allé jusque-là, elle désire peut-être en finir et mourir tout de suite. Je commence à mon tour à me mouvoir un peu pour voir la façon dont je vais bien pouvoir attraper les clés sans attirer son attention à mon tour, puis je vois une petite ouverture, notre geôlier commence à avancer petit pas après petit pas vers la rousse, je dois pouvoir les choper avec mon pied. « Et t'as vu? Lui aussi, il a quelque chose de bon pour tes dents bien pourries! » Le zombie tourne légèrement sa tête vers moi, la direction que lui a donnée Ariane, merde, merde et merde, elle n’a pas du tout remarqué que je pouvais prendre notre seul moyen de partir d’ici. Je dois faire comme si tout était normal, comme si je ne préparais rien et surtout pas un moyen de s’évader, il ne doit pas remarquer la présence du trousseau au sol, il ne le faut surtout pas. « À moins que tu préfères les blondes? » Il se retourne alors de nouveau attiré par la voix de la rousse et je peux de nouveau souffler, quand je vous dis qu’elle peut parfois aller un peu trop loin. « Oui c’est ça, va vers les jolies blondes, en plus elles ont de très belles formes, c'est tellement plus attirant qu’un mec ruisselant de sueur ! » Il ne me reste que quelques centimètres avant de pouvoir atteindre ce fichu trousseau, seulement quelques centimètres, mais le zombie s’arrête de nouveau, il faut que d’autre personne participe à cette diversion et de préférence cette fois-ci sans attirer son attention dans ma direction. Il a l’air un peu perdu, ne sachant plus quoi faire entre assouvir sa faim ou obéir aux ordres qu’on lui a donnés. Dans une dernière extension, les faisant glisser derrière moi, j’arrive enfin à choper ces fichues clés, mais le bruit métallique attira de nouveau son attention. Je me précipite afin de les cacher, si je veux me libérer il va falloir vraiment plus de diversion de la part de mes chers compagnons.
Une lassitude incommensurable se saisissait de moi lorsque les deux morts vivants faisaient leur entrée dans la tente pour remettre en place nos deux petits fugitifs. Et, histoire de faire profiter l'ensemble de l'assemblée de cette petite escapade, ils décidaient de renforcer les entraves de chacun d'entre nous. Bien essayé. Nous étions tous des têtes brûlées, avides de liberté avec à peine assez d’énergie pour rester assis, les yeux ouverts. Nos cerveaux ne devaient plus être alimentés suffisamment pour nous permettre de réfléchir avant d'agir et tous nos actes désespérés relevaient de l'instinct de survie le plus élémentaire. J’étais aussitôt retourné à mon silence, lèvres pincées pour retenir un gémissement de douleur à cause de cette position qui n'avait rien de confortable (moi qui avait pour l'habitude d’être traité comme un prince, la transition était particulièrement douloureuse). Satanés zombies. Je regardais d'ailleurs l'un de ces tas de chair en décomposition sortir de la tente, un éclat métallique attirant aussitôt mon regard. Cet écervelé venait-il réellement de laisser tomber le trousseau de clés qui retenaient nos poings liés ? Je sentais aussitôt l’adrénaline et l'excitation monter en moi alors que mon cerveau puisait dans ses dernières ressources pour tenter de nous sortir de ce merdier. Même l'odeur pestilentielle qui s’échappait de l'autre demi-cadavre en putréfaction ne parvenait presque pas à me distraire. J'avais également remarqué les regards pleins d'espoir échangés par Nino et Edward, les deux plus proches des clés. Je me contentais alors de prier (au nom d'un Dieu en lequel je n'avais pourtant jamais cru) que cette fois-ci aucun de nous ne fasse tout foirer. Ma patience avait ses limites et voilà plusieurs jours qu'elles avaient été franchies. Je sentais à ma droite Ariane qui commençait à s'agiter. Elle hélait le zombie, le titillant en se jouant du sang qui suintait des plaies causées par les chaines autour de ses poignets. Et visiblement celles-ci (que je n'arrivais pas à voir dans mon actuelle position) devaient être suffisamment en mauvais état pour attirer son attention car le mort-vivant ne la quittait plus des yeux. J'aurai voulu me joindre à elle, mais dans un élan de volonté de conservation, j'avais veillé à ne pas trop solliciter mes poignets, arrêtant rapidement d’espérer me défaire de ces entraves. Bien-sûr, mes jointures étaient broyées par ces chaines, contusionnées, amochées, écorchées, mais rien de réellement critique. Malgré moi, la voix de Connor me parvenait aux oreilles, se moquant de mon côté précieux. Si jusqu'ici je saluais le trait d'esprit de la rouquine, lorsqu'Ariane envoyait le zombie sur Edward, je me crispais. Putain de bordel de merde. J'avais envie de lui donner un coup de coude dans les côtes, de lui crier que si elle voulait nous faire tuer, il y avait des méthodes bien plus radicales, mais je savais qu'aucun de mes gestes ne passerait inaperçu auprès du zombie. Alors, l'angoisse au bide, j’espérais qu'Edward parviendrait à se sortir de cette impasse tout seul. Grace au ciel, elle finissait par porter son attention sur Azur, Edward sautant aussitôt sur l'occasion pour appuyer ses propos, continuant d'essayer d'attraper les clés. Le zombie, déboussolé, finissait par s’arrêter. Je l'avais entendu moi aussi, ce bruit métallique, ces clés qui s'entrechoquaient. Si près du but ! S'en était tellement rageant. Et alors une idée me frappa soudainement. D'un coup sec, je m’écroulais à même le sol, mon corps soudainement prit de convulsions. Je remerciais mes parents d'avoir voulu un temps me pousser à faire du théâtre. Je secouais volontairement mon corps de part et d'autres, ignorant les douleurs que cela réveillait en moi. Je me donnais à fond, gémissant, bavant et je continuais, espérant que le zombie porterait son attention sur moi le temps qu'Edward puisse se détacher.
Finalement, même si son idée à lui était bien merdique et impossible à réaliser, qu'elle leur a même valut, à tous, une entrave en plus, ça a au moins réveiller les cerveaux jusque là engourdi des uns et des autres. Les choses commencent à bouger, dans le sens propre du terme, lorsque la rousse commence à s'agiter. Elle cri, fait du bruit avec ses chaînes et s'adresse violemment au zombie qui est resté avec eux dans la tente. Clément n'est pas le plus rapide a réagir mais lorsque même les autres commencent à en faire de même, il comprend le plan : perturber le zombie pour … pour quoi ? Lorsqu'Edward prend la parole, Clément tourne son regard vers lui et remarque assez rapidement qu'il s'étire pour attraper quelque chose. Quelque chose de brillant.
Un léger sourire enjouant ses lèvres, le jeune Néo Zélandais se prend, à son tour, au jeu. Il s'agite, tape des pieds -ce qui réveille en plus ses muscles, une bonne préparation physique pour plus tard- et insulte la créature qui est de plus en plus perturbée mais qui ne cesse de s'arrêter comme s'il n'avait pas confiance en Edward et qu'il savait que celui-ci pourrait faire une connerie « Eh sale bête !» dit-il fortement afin que la créature porte son attention sur autre chose que leur potentiel sauveur.
C'est alors que, du coin de l’œil, il voit Charlie qui semble être pris de convulsion. Sa formation de comédien aidant, mais aussi le fait de savoir à quoi ressemble une vraie crise épileptique, il remarque bien rapidement que ce n'est que de la comédie. C'est une bonne idée qu'il a eu ce bougre ! Comme quoi pas tous les Hazard-perry ne sont idiots. Du moins, ne l'est-il pas comme son frère. Mais peu importe les affinités des uns et des autres, l'important c'est qu'il parvienne à faire en sorte que le mort-vivant porte son attention totale en sa direction, qui est l'opposé de celle d'Edward. «Si tu veux une cible facile, c'est là-bas que ça se passe ! » indiquais-je Charlie au zombie. En espérant quand même, secrètement, qu'il n'en fasse pas son repas de la nuit.
Je ne suis clairement pas la meilleure partenaire lors d'une apocalypse de zombie. Je n'ai pas un talent caché en boxe ou en arts martiaux, ni un don de tir à l'arc qui surprendrait tout le monde. Non, je suis plutôt le genre de fille qui va faire en sorte que le plan rate parce qu'elle a manqué une partie des explications, ou qu'elle a agit trop vite et sans réfléchir. Faites vos jeux, dans tous les cas, je suis plus souvent un boulet qu'une aide. Sauf que s'il y a bel et bien un truc que je suis, que je vive dans une maison de poupée avec des lits avec des draps de soie, ou dans un monde post apocalyptique, c'est une chieuse. Je n'ai pas particulièrement de courage ou le coeur sur la main, mais dans le cas présent, le résultat reste le même. J'en ai marre d'être affaiblie, affamée, découragée. Il faut que nous sortions tous d'ici et malgré quelques affinités disparates au début de la mission, en cette seconde précise, nous allons tous dans le même sens. Je n'ai pas bien compris la raison de la soudaine agitation, trop blonde pour regarder vers l'autre bout de la tente alors qu'il en sortait. Tout ce que j'entends, c'est Ariane alors qu'elle hurle vers le zombie, l'encourageant à venir dévorer la chaire la plus délectable, celle des blondes. Je me relève et fronce les sourcils, prête à répliquer, quand je m'arrête. Même si Edward embarque dans son jeu et que je meurs d'envie de lui répliquer qu'il n'y a rien d'appétissant sur mon corps qui ressemble à celui d'un garçon de 12 ans, je me doute bien qu'il y a quelque chose d'autre en jeu. J'ai beau être simplette, je ne suis pas complètement stupide, et quand je vois Charlie s'effondrer près de moi, je comprends le signal. Avant tout ce carnage, j'étais infirmière, alors je réalise dès le premier coup d'oeil qu'il ne s'agit que d'une comédie. Du coin de l'oeil, je vois Edward se saisir de quelque chose et je comprends que tout n'est que diversion. Clément embarque lui aussi dans la mascarade, hurlant au putréfié de se servir sur l'acteur de la place. Je lui donne tous les awards. Vient l'heure pour la groupie en chef de faire son entrée... « AHHHHHHHHHH !!!! » J'y donne toutes mes forces, quelques larmes au passage, beaucoup de points de QI en moins. « MAIS FAITES QUELQUE CHOSE ! FAITES QUELQUE CHOSE ! » On espère que le zombie est aussi stupide qu'il n'en a l'air. On part sur de la bonne grosse hyperventilation des familles, bien sonore, limite crise d'asthme en direct avec quelques coups de pieds sur le sol en mode "finalement c'est moi qui fait la crise". Au passage, ne pas oublier de s'excuser à Clément pour ses tympans.
C’est la chaos, ce sont les cris, les gesticulations, l’un qui hyperventile à côté, l’autre qui rampe au sol, qui se triture, la blonde qui pousse ses décibels à des niveaux encore inégalés et je suis plus que satisfaite que les autres aient capté mon plan de match, qu’on soit en mode défonce totale, qu’on se prête à la diversion. Le zombie qui a de plus en plus de mal à rester immobile, qui tangue dangereusement dans notre direction, et je sais, je sens, qu’une fois qu’il aura cédé à nos provocations, ce sera une question de secondes avant qu’une petite partie du groupe puisse se barrer, s’ils arrivent à s’activer. Ce sera la course contre la montre, ce sera chacun pour soi, et autant faut-il espérer qu’un ou une parmi nous se souviendra du plan initial, et tentera jusqu’au bout de piquer Bambi à sa troupe de sbires qui puent la gangrène. Faites qu’on s’y rende, faites que toutes ces conneries valent au moins la peine. « Ouais, c’est ça, t’as faim mon gros, hen? » et je l’encourage le dégeulasse, je le défie le menton bien haut, les sourcils froncés. Je le cherche, je le pique, j’ai toujours fait ça, j’ai toujours été celle qui trouve le point sur lequel appuyer trop fort, sur lequel pousser jusqu’à l'implosion, et ça ne s’arrêtera certainement pas ici. Apocalypse, ou pas. « Allez, c't'une cible facile, tu te penches, tu croques, tu savoures. » encore un peu, encore un tout petit peu. Charlie convulse et Azur plafonne, et là, c’est la réussite, c’est la consécration, c’est le zombie qui fait un pas désarticulé vers l’avant, qui passe son regard injecté de sang sur nous tous, qui nous jauge, qui nous détaille de sa cervelle pas particulièrement élaborée. Il lutte le con, il doit pas, il a clairement reçu des ordres qui le bloquent dans sa manoeuvre et ça doit venir de haut, ça doit être bien gluant de conséquences pour lui à le voir avancer avec difficulté, arrêter le pas, ralentir, reprendre pour mieux se stopper. « Mais tue-la qu’elle se la ferme! » ça aide, qu’elle me gueule presque dans le visage, Azur. Ça aide qu’elle s’éclate les cordes vocales en même temps que mes tympans et j’ai presque l’air de celle qui veut sacrifier la blonde pour l’équipe. Au pire, elle sera morte pour la bonne cause, je veillerai à ce que ça soit écrit sur sa tombe. La blague. Comme si on perdait notre temps à enterrer les cadavres de nos jours. Et le coup de grâce, qui accompagne son deuxième pas dans notre direction, qui m’arrache tout ce que j’ai de courage, d’audace, de chiantittude, de provocation. « Bouffe-nous tous! On s’en balance de qui tu choisis, on est offerts sur un plateau! Arrête de te retenir! Il doit bien te rester des couilles, même en décomposition?! »
Nino n’en revient pas d’être prisonnier ici avec toutes ces personnes qu’il ne connait pas. A quel moment ça avait merdé ? Le fait est qu’à présent, il devait faire équipe avec eux et c’était la seule solution pour qu’il s’en sorte. Lui d’abord, les autres, on verra. Alors que le mec en face de lui faisait en sorte de chopper le trousseau, tout le monde commence à s’agiter pour faire du bruit. Le zombi au milieu de cette tente ne réagit à pas plus que ça. C’est d’ailleurs très étrange. La question qui restait en suspend était « pourquoi étaient-ils toujours en vie ? » et « pourquoi celui-ci ne faisait-il pas fermer leurs gueules aux autres ? » une chose est sure, ils allaient surement attirer l’attention des autres dehors. Nino avait bien compris qu’il s’agissait d’une diversion pour permettre au beau gosse de la bande de prendre les clés pour se libérer. Mais lorsqu’il vit un autre mec faire ce qui ressemblait à une crise d’épilepsie, le jeune italien ne comprenait plus ce qu’il se passait. Il pensait qu’il était clairement en train de crever devant tout le monde et les autres, mêmes s’ils l’avaient remarqué, ne semblaient pas s’en soucier plus que ça. A croire que c’était vraiment chacun pour sa gueule et tant pis pour les autres. Pour Nino, c’était pareil. Après tout ce qu’il avait vu jusqu’à maintenant, un mec en train de se baver dessus et faire des convulsions ne le dérangeait plus tant que ça. Mais lui, il y croyait. Un poids de moins à sauver en tout cas. Celle qui l’avait plus marqué c’était cette rousse à sa droite. Il avait déjà remarqué son audace et son courage et sa façon de parler lui donnait presque des frissons. Il était sous le charme et son agressivité ne lui plaisait que plus. « AHHHHHHHHHH !!! MAIS FAITES QUELQUE CHOSE ! FAITES QUELQUE CHOSE ! » « Mais tue-la qu’elle se la ferme ! » Il était d’accord sur ce point. Si on pouvait tuer la blonde pour avoir la paix, ce serait pas mal, même si elle jouait la comédie, elle n’en restait pas moins insupportable. De toute façon, dans les films d’horreur, la blonde écervelée ne survit pas bien longtemps. « Bouffe-nous tous ! On s’en balance de qui tu choisis, on est offerts sur un plateau ! Arrête de te retenir ! Il doit bien te rester des couilles, même en décomposition ?! » Nino avait toujours un œil vers Edward et il remarqua que les clés n’étaient plus par terre. C’était donc bon ! Il les avait récupérés, il n’avait plus qu’à se dépêcher de retirer ses chaines et filer les clés à quelqu’un d’autre. Qu’ils soient au moins deux à être libre pour pouvoir s’en prendre au zombi au milieu de la pièce qui lui était déjà en décomposition mais semblait être robuste quand même. Une fois que Nino sera libéré, il pourra réfléchir à comment se casser de là pour de bon.
Ça faisait bien (trop) longtemps que Lady Irene Delaney avait arrêté de se poser des questions. Ses interrogations s'était bien vite dispersé après que la vague de panique ait envahi Brisbane, en parfaite synchronisation avec la vague de zombies. Son cerveau était comme passé en mode pilotage automatique, refoulant le traumatisme initial pour se concentrer sur ce qui importait vraiment : sa survie. Malheureusement - ou pas, ça dépendait vraiment de l'occasion - sa survie ne dépendait pas que d'elle. Non, à cette minute précise, la durée de son espérance de vie se trouvait intimement liée aux actions des autres membres du groupe, et à leur capacité à se tirer de l'innommable bourbier dans lequel ils s'étaient enfoncés. Il devait bien y a avoir une équipe pour venir les secourir, mais après plusieurs jours enfermés ici sans le moindre espoir extérieur, ils se seraient probablement décomposés aussi joliment que leurs hôtes avant qu'on ne vienne leur prêter main forte. La fatigue, le manque d'eau et de nourriture, la puanteur putride environnante les avait affaiblis, certains plus que d'autres. Irene ne connaissait pas ses compagnons, mais l'état de stress ambiant ajouté aux actions des personnalités dominantes créait une ambiance assez peu propice à la collaboration pacifique. Elle redoutait que la règle du chacun pour soi finisse par prévaloir, pourtant elle ne se faisait pas trop d'illusion. Il n'y avait ni Jamie, Victor ou Jonathan pour la secourir si jamais elle n'arrivait pas à s'en sortir... Alors, pour sa part, elle se contentait plutôt de faire ce qu'on lui disait - même si c'était bien la première fois. La Lady le savait, elle n'était ni assez stratège ni assez forte physiquement pour prendre en charge un quelconque plan d'évasion ; ou alors en dernier recours uniquement. Heureusement, ils n'en étaient pas encore arrivés à ce stade critique... et tout reposerait sur l'improvisation. Quoique ça semblait être le cas ici aussi.
En voyant la fille rousse agiter ses poignets en lambeaux devant la tête du zombie, Irene se sentit nauséeuse - pas qu'elle ait de toute façon assez de choses dans le ventre pour rendre son petit déjeuner. La dernière chose dont elle avait besoin était de voir une personne se faire croquer devant elle. Mais en entendant l'américain attirer à son tour l'attention de leur geôlier, Irene soupira de soulagement - la manoeuvre s'avérait être une distraction, même si elle ne comprenait pas tout à fait dans quel but. Et puis, bruit singulier parmi tous les autres résonna dans ses oreilles. Pas de méprise possible : c'était bien un bruit de clés qui s'entrechoquaient. Quelqu'un les avait récupéré et allait se débrouiller pour les libérer. À ce moment précis, la personne sur sa gauche s'effondra en ce qui ressemblait dangereusement à une crise épileptique, ce qui lui arracha un cri de surprise, tandis qu'au même moment, la petite blonde se mettait à vider l'air de ses poumons dans des plaintes particulièrement aiguës, et que la rousse de tout à l'heure hurlait des obscénités au zombie.
Le chaos. Le plus. Total.
Irene était trop fatiguée pour démêler le vrai du faux, la comédie de la réalité, mais elle comprenait qu'ils avaient un chance. Une petite fenêtre d'opportunité ouverte grâce à la distraction du zombie qui n'arrivait pas à se fixer sur une proie. Irene soupesa alors les lourdes chaînes qui lui entravaient les poignets. Peut-être qu'un swing de ces mêmes chaines, une fois ouvertes suffirait à briser le crâne de leur agresseur ? Elle leva la tête, anxieuse de trouver un regard lui répondant avec une promesse de sauvetage.
Plus ils hurlent, plus ils perturbent le zombie et plus Clément se dit que ce n'est pas la meilleure des solutions. D'autant qu'ils comptent tous sur Edward et Clément il déteste devoir se reposer sur une personne. Ils mettent sa vie en jeu là ! Mais ont-ils réellement le choix ? Non. Et puis, il est normal qu'il y aura des dommage collatéraux. Tout ce que le jeune néo-zélandais espère c'est que si c'est lui qui est mordu par les zombies, ses camarades l'achèverons avant qu'il ne se transforme. C'est ce qu'il s'est fait promettre avant de partir, par tout le monde. Il ne veut pas finir par ces créatures, il ne veut pas risquer la vie des survivants parce qu'il n'arrivera pas à se contrôler. Enfin peu importe, ils ne doivent pas être fataliste ni pessimiste, il faut qu'il reste concentré. Jusqu'au bout.
Un hurlement déchire l'obscurité et ses tympans en même temps. Se rétractant, Clément lance un coup d'oeil vers Azur qui s'époumone comme une gosse un peu trop effrayé. Mais elle aussi, elle ne joue que la comédie. Ça se voit. Est-ce qu'@Ariane Parker le sait, elle ? Pas sûr, vu comment elle ordonne presque au zombie de s'en prendre à la blonde. Le jeune brun regarde autour de lui parce qu'au final, Azur elle est assise à côté de lui. Si le zombie change de direction …
Et c'est ce qu'il fait. Alors qu'il se dirigeait vers la rousse, les cris d'@Azur Ainsworth semblent l'attirer d'avantage. Putain. C'est pas vrai. Toutefois, Clément est déjà préparé, depuis le début de la mission, à mourir s'il le faut. Un de moins c'est toujours ça de gagner, pas vrai ? Et puis si le zombie se jette sur lui et qu'il est occuper à le bouffer, ça laissera plus de temps aux autres pour se barre, non ? Il regarde autour de lui, ferme les yeux pendant 9 secondes, puis les rouvre au moment où le zombie passe devant lui.
La détermination se lisant sur son visage, il se tend, lève une jambe et donne un coup de pied dans le genoux de la créature. Celle-ci, se déplaçant déjà de façon fort aléatoire, perd l'équilibre et se vautre au sol. Clément la fixe, croise son regard puis lui donne un coup de pied au visage. Une fois, deux fois. La troisième fois est le fois de trop. Le zombie lui attrape le pied, tire sa jambe vers lui puis plante ses croc dans son mollet. Le cris de douleur, arraché au néo zélandais, n'est, cette fois-ci, absolument pas joué. Car cette créature, elle a de la force. Et ses mâchoires aussi. Son cris prend un peu plus d'ampleur lorsqu'il sent carrément le tibia qui se brise en deux. S'il ne meurt pas des suites de la morsure, il va sans doute mourir de douleur, littéralement.
« Dépêcher-vous de sortir !» parvient-il à hurle aux autres alors que le zombie lui arrache les vêtement, plantant ses ongles dans son ventre « Et achevez-moi si ce connard ne fait pas le travail correctement !» Au même moment, le zombie lui ouvre l'abdomen. C'est tout ce qu'il prend encore en compte, Clément. La dernière chose qu'il voit, ce sont ses boyaux à l'air libre avant que son cœur ne défaille et ne le laisse sombrer dans un sommeil sans fin.
C’était pas supposé se passer comme ça. C’était pas censé dégénérer aussi vite, aussi mal, être aussi brutal. Mes poignets en l’air, je partage un regard avec Nino qui a de suite capté qu’Edward a les clés en main, avant de donner tout ce qui me reste pour distraire le zombie de l’objectif principal - à savoir se barrer d’ici. J’ai misé trop fort sur le fait qu’il ne ferait rien, j’ai misé trop fort sur l’idée qu’il se jetterait dans ma direction et pas dans celle de l’un ou l’autre des gens ici qui s’appliquent à causer autant de diversions que possible. Mais y’a Clément qui en vient aux coups, qui l’appâte physiquement, sans équivoque. Et elle est loin, l’Ariane sans peur ni reproche, lorsqu’elle le voit bondir dans la direction du gamin, et y plonger violemment dans sa chair ses vieilles dents jaunies et pourries, dégeulasses. L’expression n’en faire qu’une bouchée aurait été trop belle, trop avenante, trop simple et bien vite, on entend l’autre mort-vivant qui s’attaque au tibias, avant de remonter le long de la jambe. Je ne détourne le regard que très tard, les lèvres serrées, la mâchoire tendue. Quand bien même je n’étais pas à la tête du groupe, que Clément avait lui-même prit les devants et s’était sacrifié pour la team, j’en ai froid dans le dos qu’on vienne de perdre un joueur. Je le connaissais à peine le mec, comme presque tout le monde ici, mais à force on finissait par tisser des liens sans avoir vraiment le choix. Il hurle, il nous presse, et je finis par vriller mes prunelles en direction d’Edward sans retenir le geste de peur qu’on nous voit comploter. Le zombie est beaucoup trop occupé à manger Clément devant spectateurs, et le temps presse avant que l’autre gardien de la tente ne se pointe le nez ici. D’ailleurs, il tarde à apparaître après tout ce vacarme, ce qui est plutôt curieux... « Dès qu’il a les clés, il va logiquement tenter de libérer tout le monde. » que je commence, prestement, narrant la suite à Nino, me penchant dans sa direction. « J’vais avoir besoin de toi pour arracher le pieu au sol. » celui où on était enchaînés et qui était planté bien profondément en terre. Toute seule, j’y arriverais pas, et Azur occupée à trembler à mes côtés était loin d’être la meilleure candidate pour le rôle. « C’est pas grand chose, mais ça va nous faire un truc pour cogner les zombies en attendant de retrouver nos armes. » les autres allaient sûrement se barrer direct lorsque leurs menottes seraient retirées. C’étaient eux les pires à mon sens, s’ils ne s’alliaient pas à nous et au bout de bois.
Ça fait déjà quelques minutes que j’ai récupéré les clés et pourtant il m’est toujours impossible de me délivrer sans que le fracas des chaînes attire le décomposé sur moi, si je peux éviter de finir en pâté pour zombie ça serait plutôt cool. Les distractions s’enchaînent, tout le monde y met la main à la pâte, mais ça ne fait que désorienter notre geôlier, ne sachant plus où donner de la tête le voilà bloqué en plein milieu de la pièce. Ne sachant pas combien de temps va mettre l’autre débile dehors à rejoindre son pote pour nous dévorer, j’essaie tant bien que mal à me mouvoir, mais ça m’est impossible sans déclencher cette cacophonie qui ne fera que me valoir un séjour pour l’au-delà. L’espoir cette petite étincelle commence à revenir quand le zombie se remet à se mouvoir se dirigeant vers notre chère amie rousse qui a toujours eu le don de l’ouvrir haut et fort. Charlie s’était déjà joint à la mascarade en nous sortant son plus grand numéro d’acteur, puis c’était au tour de cette jolie blonde que je me serais bien faite si les conditions étaient différentes. Mais ce que je n’avais pas prévu c’est que ce gamin, qui nous accompagne depuis le début de cette épopée maudite, s’est mis à tabasser notre ami de fortune. La réaction ne se fait pas attendre et notre compagnon de route fini par servir de sandwich humain. Il m’est impossible de décrire cette vision d’horreur quand notre ami zombie commence à s’attaquer aux viscères. J’ai beau faire le dur, j’arrive tant bien que mal à me retenir de vomir le peu de chose qui doit encore se trouver dans mon estomac et même si le jeune homme s’est sacrifié pour le groupe, il ne faut pas que cette vision d’horreur gâche ce fameux sacrifice car c’est le moment, c’est l’occasion que j’attends depuis plusieurs minutes. M’emparant des clés précédemment cachées, j’arrive tant bien que mal à enlever le premier cadenas, le bruit de celui-ci heurtant le sol ne dérange aucunement notre geôlier occupé avec son plat de résistance. Une fois détaché pour de bon, je me rue vers Nino afin de le détacher à son tour, je lui fais signe de prendre ses chaînes tout comme je l’ai fait avant de l’atteindre. « Mon ami… Je crois bien que c’est le moment pour niquer du zombie ! » Laissant les clés à la place où se trouvait Nino, il ne me faut pas plus de temps pour sauter sur le zombie, utilisant mes chaînes afin de l’attrapé par le cou, il faut à tout prix que j’évite ses morsures ou même ses griffures, sinon s’en est fini pour moi. Et alors que Nino arrive pour m’aider à maîtriser cette bête qui semblait détenir une force surhumaine pour un corps en décomposition, voilà que notre second ami geôlier qui attendait jusqu’à maintenant dehors se mêle à la partie en entrant dans la tente, là on est vraiment dans la merde.
Nino l’avait pas vraiment vu venir celle là ! Le gamin se fait bouffer et ses viscères se retrouvent étalé par terre pendant que le zombie n’en rate pas une miette. C’est dégueulasse mais Nino n’a pas le temps pour s’apitoyer sur le sort des plus malchanceux. Le but était bien qu’il y en ai le moins possible qui se fasse bouffer alors laissons ceux pour qui c’est terminé pour gagner du temps. L’important était de se concentrer pour ne pas gerber et pour finir en dernier dans la liste des mecs qui se font grignoter le cerveau et si possible ne pas être sur cette liste du tout. La rousse s’adressa à Nino. Elle voulait qu’ils soulèvent le pieux qui les retenait coincer ici en attendant que le spectacle se termine. Mais Nino espérait surtout que le grand brun en face d’eux se dépêche de venir les détacher, ce serait bien plus efficace que de retirer un bout de boit du sol et avoir toujours les mains attachées. « C’est pas grand chose, mais ça va nous faire un truc pour cogner les zombies en attendant de retrouver nos armes. » Il fallait faire accélérer les choses. Le deuxième zombi était dans la tente et il fallait lui aussi l’occuper. Nino aurait bien balancé la blonde qui ne cessait de trembler et de hurler pour qu’il en fasse son quatre heure aussi mais elle était trop loin et il ne pouvait rien faire. « Vas-y, a trois on soulève ce truc ! » Nino gardait ses mains au-dessus de sa tête, et le seul moyen qu’il avait imaginé pour réussir à déterrer le pieu c’était qu’ils se mettent à dos contre celui-ci et qu’il s’appuient si fort qu’ils pourraient le faire coulisser. Il gardait toujours un œil vers Edward pour voir où il en était et il semblait que la liberté soit pour lui d’ici quelques secondes. Ils n’en avaient plus rien à faire de rester discret, le principal était qu’ils se détachent et qu’ils se barrent et entre temps qu’ils éliminent un maximum de zombi. « Un deux… » Edward arriva a leur niveau et ouvre le cadenas qui maintenait les chaines. Nino senti un poids tomber et ses mains se délier. « Mon ami… Je crois bien que c’est le moment pour niquer du zombie ! » Putain, la délivrance. Il choppa les clés que le brun laissa tomber à ses pieds et ouvrit les chaines d’Ariane avant de se saisir de ces nouvelles armes en acier. Il rejoint Edward qui tentait de retenir celui qui bouffait le gamin. Sauf qu’il y en avait un deuxième juste derrière. Celui-ci se saisit de Nino pour le tirer en arrière. Le jeune italien se débattait pour tenter de ne pas se faire mordre. « Butez le ! »
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31470 POINTS : 400
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014
Semblerait-il qu’il y a beaucoup de bruit dans la tente des otages, et que les zombies l’ont remarqué. Trop tard pour empêcher quelques uns des humains de se libérer de leurs chaînes, mais juste assez tôt pour pouvoir retenir les prisonniers de fuir. Nino, Edward et Ariane, maintenant libres, sont attrapés par deux zombies dont les ordres sont très clairs : ramener le trio à leur chef, Bambi-Crystal. Ce qu’il adviendra d’eux? On s’en doute, à voir comment la chef zombie se lèche les babines. Le reste du petit groupe, lui, est laissé de côté dans la tente alors qu’on croit qu’ils ne peuvent rien faire de plus. Les zombies ignorent que c’est maintenant Azur qui a les clés, bien cachées au creux de sa paume.
La suite se passe en accéléré, suffisamment rapidement pour que je n’ai presque pas le temps de prévoir. Avec Clément qui se fait bouffer à nos côtés, c’est difficile de garder son sang-froid, et c’est presque sans aucun haut-le-coeur que je m’active avec Nino pour tenter de toutes mes forces d’arracher le pieux du sol. Il lance un décompte, je roule des yeux parce que j’ai pas du tout le goût d’attendre qu'il se rende à trois, et même je commence déjà à tirer, l’encourageant du regard à faire de même. Edward arrive sur l’entrefaite, et il me faudra une bonne fraction de seconde avant de réaliser qu’il est libre, qu’il a bien pu se détacher de ses chaînes. Les yeux gros, je suis des prunelles le mouvement de Nino qui s’affaire à déverrouiller mon cadenas, avant de s’attarder au sien… et tout aurait bien pu se terminer là, si l’autre zombie n’était pas revenu à la charge, attirant mon allié du moment vers l’arrière, sans demi-mesure. Edward s’est jeté sur le mort-vivant n’ayant pas lâché la carcasse de Clément, et pour ma part je profite du pieu le moindrement sorti de terre pour tenter de frapper l’adversaire de Nino, ou d’au moins le forcer à dégager de sur sa proie. C’est peine perdue malgré mon élan et un coup particulièrement violent qu’il recevra derrière la tête. À savoir que sous le regard des autres otages, on finit par nous embarquer Ed, Nino et moi dans un cortège qui augure mal, très mal. « Cette idée aussi de rester pour se battre et pas juste dégager de là... » que je grogne entre mes lèvres, pour moi, pour eux. Les zombies nous tiennent par le bras, salivant sans retenue, nous entraînant à travers leur campement pendant de longues minutes. Avant qu’on aboutisse dans la tente principale, qu’on nous relâche, nous lançant au sol, nous laissant là comme un trio de beaux idiots ayant cru une fois de plus que la race humaine triompherait. Devant nous se trouve Bambi-Crystal le patient zéro, et même si la mission de base nous sommait de la trouver pour la ramener au campement, l’avoir à proximité à ce point ne me fait pas particulièrement plaisir. Surtout lorsqu’elle nous regarde avec cet air-là - beaucoup trop intéressé. « Je me demande à quelle sauce elle va nous gober. » la question est légitime. Si on se retrouve là, c’est que la suite est de bien mauvaise augure.
C’était douloureux et épuisant de jouer la comédie, de feindre de convulser. Mes muscles étaient tendus, épuisés, mes os meurtris et maltraités depuis des jours. Et avec l'estomac totalement vide depuis plusieurs dizaines d'heures, ce n’était que grâce à l’énergie du désespoir que je parvenais à me secouer dans tous les sens. Autour de moi ne régnait que chaos et confusion. Dans un angle peu propice pour observer mes comparses, je tachais d'imaginer ce qu'il se déroulait sous la tente : Azur qui criait à s'en percer les tympans, Ariane qui continuait de titiller le zombie et les autres qui jouaient le jeu, essayant d'attirer l'attention du mort-vivant. J’espérais qu'Edward ne s’était pas endormis, qu'il s'activait à se défaire de ces maudites entraves aussi vite qu'il le pouvait. Pourtant tout à coup des bruits de lutte me parvenaient. Était-ce Ariane qui était passée aux coups ? Elle avait un petit côté sauvageonne qui correspondait bien à ce que je m'imaginais. Un coup, deux coups, trois coups... Puis le cri de Clément me parvenait. Ce cri du cœur qui me tordait les boyaux. Je m’arrêtais net, cessant mon numéro, me figeant malgré moi, d'effroi. Avant même que je n'ai eu le temps de relever la tête pour observer la scène, j'avais déjà compris ce qu'il se passait. Voir le zombie planter ce qu'il lui restait de dentition dans la chair fraîche de Clément me soulevait le cœur. Incapable de me défaire de ce spectacle macabre, incapable d'esquisser le moindre mouvement, je regardais le cadavre ambulant se nourrir des entrailles de mon compagnon d'aventure. Autour de moi plus rien n'avait de réalité, j'en avais même oublié le but principal de la manœuvre, l'occasion rêvée que son sacrifice nous offrait sur un plateau d'argent. Je ne remarquais même pas Edward qui se libérait de ses chaines, avant qu'il ne se jette sur le zombie en plein festin. Nino suivait rapidement le mouvement, libérant Ariane par la même occasion avant de se faire intercepter par le second zombie, alerté soit par le bruit soit par l'odeur de sang frais. La rousse tachait de se défendre, assommant en vain le second corps en décomposition à grand coups de pieu. En un instant les trois aventuriers se retrouvaient hors de la tente, embarqués par deux suppôts de Satan, nous laissant seuls avec l'autre zombie qui terminait de déguster les vicaires de feu notre acolyte. Et sans même que je ne l'ai senti venir, un jet de bille se frayait un chemin brûlant, acide, dégoûtant dans ma gorge, pour terminer sa course à même le sol. L'odeur de sang, une odeur de fer salé, me tournait la tête, me donnait la nausée. Mon estomac continuait de se contracter mais il n'avait plus rien à expulser. Cette fois-ci, un immense désespoir se saisissait de moi, alors que je tentais de m’éviter la vision d'horreur de la cage thoracique de Clément, éventrée, exposée, dévorée. Je jetais un coup d’œil autour de moi, tachant de respirer de nouveau, de ne pas perdre la tête pour croiser le regard d'Azur. « Ok c'est quoi le plan maintenant ? » lui demandais-je, la voix rauque, les yeux brillants et morts.
Carnage, sang, odeur de putréfaction... Clément est maintenant sans vie à côté de moi, et même si j'ai fermé les yeux dès que le zombie s'est jeté sur lui, je suis certaine que j'ai tout vu. La scène repasse dans ma tête, encore et encore, alors que mes yeux sont clos avec force dans une tentative d'oublier. Son sang coule même sur ma joue, projeté par l'attaque vorace et sauvage du geôlier. Moi qui criait, je cesse tout de suite, pétrifiée, terrifiée de tout ce qui se passe en même temps. J'entends les autres se bouger, tout semble aller si vite en même temps de s'arrêter complètement. Je vois Edward debout, s'en prendre au tueur numéro un, de même que Nino qui vient l'aider à achever l'ennemi. Mon corps réagit plus rapidement que moi, en mode pilote automatique, quand je vois les clefs sur le sol. Je m'en saisi et je suis incapable de faire plus le temps que tout se calme. La chaleur du corps de Clément éventré à côté de moi, mêlé à une odeur de chair putréfiée, de sang et de saleté font taire en moi toutes mes émotions. Je ne me laisse pas atteindre, du moins pas maintenant, le corps complètement alerte. Si je me retourne une seconde, je sais que cette image hantera le reste de ma vie, gâchant mes journées comme mes nuits. Le silence regagne la tente, nous laissant tous mortifiés après le départ de la rousse qui semblait avoir assez de courage pour nous tous et des deux autres. Je ne sais pas qui prendra les devants parmi les survivants, mais il est hors de question que nous restions ici, pas quand la mort prend déjà trop de place dans cette petite tente, cohabitant avec la peur. Charlie nous demande quel est le plan, me tirant de mon état trop amorphe. « Rapproche toi. » Je lui dis, sans lui donner plus d'indication. Je remercie les chaines d'avoir une certaine latitude, me permettant de m'approcher de l'anglais avec une certaine facilité, même si pour cela il faut que je me glisse sur le sol dans une marre de sang, de saleté et de renvoi humain. À l'heure qu'il est, nous n'en sommes plus à ça près. « Tiens le cadenas. » Mon ton est froid, dur et confiant d'une certaine façon, lui intimant de m'aider dans ma tentative tout en limitant les bruits causés par le métal s'heurtant. Mes poignets sont libres après quelques essais, salués par un long soupir de ma part. Je reste toutefois assise à même le sol et les mains dans mon dos, ne souhaitant pas attirer l'attention des gardes dehors par du mouvement inutile qui nous vendrait bien trop rapidement, comme il y a une heure à peine. De dos, comme si j'étais toujours captive, je m'assure de délier les poignets de Charlie dans le plus grand silence, brisé par les respirations plus fortes des autres. « Il faut aller chercher nos armes. » Je dis à voix basse, prête à passer les clefs à la prochaine personne.