Il devait être 1h30 du matin. Je ne dormais pas, je n'y arrivais pas... J'avais une peluche dans mes bras, croisés sur ma poitrine, les yeux rivés vers le plafond où j'avais mis des étoiles qui étincelaient dans l'obscurité. Je n'entendais que les "tic toc" de mon horloge et le bruit léger du vent frappant à ma fenêtre... Mes volets étaient entrouverts, je n'aimais pas les avoir complètement fermé pour me réveiller avec la lumière du jour, je pouvais voir que dehors la pleine lune était bien présente... Oui, me voilà à penser à la pleine lune tant le sommeil ne voulait pas venir.
Ca devait faire la première nuit depuis trois nuits où ma mère me laissait enfin en paix. La première nuit elle avait été malade à cause de la chimio puis les deux nuits qui avaient suivi elle avait peur d'être malade donc elle s'était contentée de me prendre pour son infirmière personnelle. Pas que j'avais dû la soigner non, mais je devais la couvrir, lui faire un chocolat chaud, lui chanter une petite berceuse, lui lire un extrait d'un livre, lui allumer la télé pour la lui éteindre ensuite... Alors mon organisme s'était habituée à "ce rythme" et là c'était compliqué.
Toujours ma peluche en main, je m'étais retournée pour me mettre sur le côté gauche, le côté où il y avait la fenêtre. Ma nuisette m'était remontée jusqu'à mes hanches mais je m'en fichais, j'étais seule et sous ma grosse couette. Nuisette avec un gros nounours sur ma poitrine... Oui le mot "nuisette" pouvait sembler sexy à l'oreille mais la mienne était des plus banales. Tissu abîmé, couleur fade, nounours qui avait perdu un oeil à cause de la couture qui se défaisait. C'était une nuisette que j'avais eu à une petite brocante il y a deux ans, elle avait dû me coûter 5$ tout au plus.
Je soufflais et je me forçais à fermer les yeux, compressant ma peluche contre moi et je commençais à compter les moutons dans ma tête. Un mouton, deux moutons...
15 minutes plus tard.
- 1258 moutons, 1259 mou... Et merde!
Je me relevais d'un coup, jetant ma peluche au sol, énervée.
- J'en ai marre, je veux dormir...
Et voilà que je me mettais à parler toute seule et à jurer mais un bruit fort et redonnant me fit sortir de mes gongs. Je sursautais dans mon lit en me cachant jusqu'au nez sous ma couette, gardant les yeux grands ouverts. Je voyais une ombre sous les 10cm de mes volets ouverts. Mon coeur s'accélérait dangereusement et j'espérais faire un horrible cauchemar à cet instant précis.
Cette journée avait été épuisante. J’avais ressenti le besoin d’aller boire un verre avec les collègues. Sauf que de fil en aiguilles, on a bu, mangé, bu encore et encore, et j’avais tout de même eu la décence de prévenir Selina que je risquais de rentrer tard. Heureusement, elle avait pris l’habitude de coucher les petits assez tôt. Cela faisait longtemps qu’ils ne nous avaient pas dérangés pendant notre sommeil. On pouvait enfin récupérer et faire des choses pas très catholiques. Et je dois bien avouer que ça me faisait un bien fou. J’aimais passer ces moments avec elle, je me sentais bien, mais quelque chose n’allait pas. A croire que ce fichu blocage m’empêcherait d’avoir une vie normale. A croire que l’engagement me faisait de plus en plus peur. Quelque part oui, j’avais eu envie de me mettre avec elle, officiellement, mais de l’autre c’était bien trop rapide. Et pourtant nos petits ont déjà un an, ça va faire bientôt deux ans qu’on se connaît, quelques mois qu’on vit ensemble, et pourtant, j’ai encore l’impression que c’est trop tôt. Sauf que je suis bien trop gentil, que je n’ai pas eu le courage de lui non. Elle est si belle et si séduisante que j’en ai été incapable. J’ai beaucoup d’affection pour elle, et lui faire de la peine n’est pas dans mes cordes. Mais bizarrement, toute la soirée je me suis lâché, éclaté et je dois bien avouer que ça m’avait manqué. Alors qu’au fond, je n’ai jamais été très fêtard, bien trop occupé à essayer d’avoir une vie de couple puis de famille. La crise de la quarantaine commençait à se profiler et ça me faisait peur. Non, je voulais rajeunir, au moins pour ce soir. Et c’est peut-être comme cela que je me suis retrouvé devant chez Essence, ne sachant pas quelle heure il pouvait être, à me demander ce que je foutais là. Les volets de sa chambre étaient légèrement entrouverts. Je regardais la porte d’entrée et je me rappelais des avant-gardes qu’elle m’avait faites par rapport à sa mère. J’aurais mieux fait de partir. Mais l’accès à sa chambre semblait tellement facile, et je me sentais pousser des ailes, j’avais besoin de vider toute cette énergie que l’alcool m’avait donné. Je ne réfléchissais plus et je montais. Sauf que bien sûr, je me cognais aux volets. J’aurais mieux fait de la prévenir. Quel idiot, je vais lui faire peur ainsi. Je m’accrochais bien au rebord qui se trouvait juste en dessous de sa fenêtre et attrapais mon téléphone. Manquait de peu pour qu’il ne tombe et s’écrase à terre. J’appelais alors la demoiselle, espérant qu’elle ne dorme pas. Quand elle eut décroché, je me mettais à chuchoter C’est moi. Ouvre-moi. Je suis là. Très subtile, très explicatif, mais là tout de suite, je voulais juste qu’elle me laisse rentrer. Mon équilibre allait finir par flancher. Qu’est-ce que je fous là déjà ?
Obsédée par cette ombre j'avais envie d'hurler ou d'appeler la police. Je pris mon téléphone en main, me servant de la lumière de l'écran pour éclairer mes volets mais pile à cet instant je vis Colin m'appeler. C'était le destin. Je répondis en chuchotant.
- Colin?
A peine avais-je décroché que ses mots me perturbèrent. Je le gardais en ligne, sans parler, j'enfilais une robe de chambre pour cacher ma nuisette avec mon nounours dessus et j'ouvris de deux centimètres mes volets roulants. Heureusement qu'ils étaient silencieux, ma mère aurait capté.. Puis petit à petit je vis effectivement que quelqu'un était là.
- Colin???
J'ouvrais la fenêtre et complètement les volets pour le voir là, aux rebords, accroché tant bien que mal. Je ne comprenais rien et j'étais limite inquiète, que faisait-il là? Etait-il bourré? Pourquoi... Moi? Il y avait un soucis.
- Qu'est-ce que tu fais là Colin? Ca va? Entre vite...
Je ne voulais que personne le voit entrer, je le pris par le bras pour l'aider à grimper même si mon aide ne lui était pas tellement nécessaire. Il était enfin à l'intérieur que je refermais ma fenêtre, baissant mes volets à nouveau. J'allumais juste ma lampe de chevet pour ne pas que la lumière soit trop flagrante par dessous la porte. J'étais perdue et gênée par la situation, ma chambre n'était pas rangée, mon lit défait, des peluches vagabondant sur le sol puis j'étais surtout en nuisette, certes, en dessous de ma robe de chambre mais cette robe de chambre m'allait à peine jusqu'au dessus de mes genoux. Pour lui ça ne devait rien faire, il devait me voir comme une enfant, comme la plupart des gens mais je n'avais pas l'habitude d'être habillée ainsi face à des gens, à part ma mère, alors oui j'étais gênée... En face de Colin en plus, je sentais mes joues rougir, heureusement il ne devait rien voir.
- Que se passe-t-il? Tu te sens bien? Ma mère dort à côté... Il faut parler doucement...
Je restais bêtement debout face à lui, mes bras croisés sur ma poitrine, je ne savais plus où me mettre alors que j'étais chez moi, dans ma chambre et que c'était Colin l'intrus non l'inverse... Je me mordais ma lèvre inférieure, osant à peine l'affronter du regard trop longtemps.
Ce que je foutais là, je n’en avais strictement aucune idée. J’aurais pu aller chez ma mère, mais je me serais pris une petite morale. Chez mon demi-frère ? Non je ne pourrais jamais me permettre, pas tout de suite du moins, surtout qu’il est du genre à faire des shifts de nuit et me pointer à l’hôpital aurait été stupide. Finalement je comprenais un peu mieux pourquoi mon instinct m’avait mené ici. Je n’attendais pas bien longtemps avant que la jeune femme vienne m’ouvrir ses volets. Toujours en équilibre j’essayais de me hisser à travers la fenêtre. Mes prises n’étaient pas idéales mais je les sentais assez bonne pour surmonter et arriver dans la chambre de la brunette. Ma tête commença à tourner et le sol à bouger. C’était vraiment mauvais signe ça. M’infiltrer dans une chambre de fille par la fenêtre c’était bien la première fois que je faisais ça et je ne pus m’empêcher de me mettre à rire. Et je savais que je devais faire doucement, alors je l’étouffais du mieux que je pouvais. Essence m’avait demandé si ça allait bien, mais mon rire pouvait témoigner que ça allait non ? Apparemment non vu qu’elle me le demandait de nouveau, alors que je continuais de rire comme un triple idiot qui n’a pas grandi. Quand elle disait qu’il fallait parler doucement, je continuais dans ma connerie en mettant mon index sur mes lèvres tout en disant « shhhht ». Je voulais me rendre discret, mais pas sûr que ça marche tant que ça avec mon fou rire. Tu sais que j’ai toujours rêvé de faire ça ? Encore une fois, je ne répondais pas à ses questions, mais c’était Bagdad dans ma tête à cet instant même et la réflexion n’était pas au goût du jour. Rêvé de passer par la fenêtre de la chambre d’une charmante demoiselle pour venir la voir en toute discrétion. C’était quand même bizarre, à 20 ans passés. Je ne me serais pas permis avec une gamine même pas majeure de toute façon. Je finissais alors par m’écrouler par terre, sans faire trop de bruit par miracle, sentant une chose molle dans mon dos. Je la mettais instinctivement sous ma tête, me doutant que c’était une peluche. Je m’étais douté que sa chambre serait remplie de peluche. Je soufflais alors un bon coup, fixant le plafond pour que ma tête arrête de tourner et disais-je à la brune Je n’avais pas envie de rentrer. J’ai prévenu Selina que je rentrerais tard. Je me redressais alors sur les coudes, l’air grave, et toujours en parlant doucement, je rajoutais, l’air grave Je ne t’ai pas réveillé j’espère … Oui, il était temps que je m’en rende compte qu’il était une heure bien tardive.
Je me sentais horriblement mal à l'aise dû à la tenue que je portais et encore plus en sachant ma mère juste à côté, dormant paisiblement. Je regardais Colin et il n'était clairement pas dans son état, non... Il était si euphorique que ça en était inquiet. Il riait à coeur joie, il n'arrivait pas à tenir sur place, il parlait un peu trop fort. On aurait dit un grand enfant ayant mangé un peu trop de sucreries.
Je le regardais l'air perdu, en le suppliant presque de baisser d'un ton pour ne pas que ma mère ne s'alarme mais quand il me parlait de "rêver voir une charmante demoiselle" ainsi, ça me déstabilisait encore plus. Colin m'avait déjà complimenté mais c'était toujours de façon "fraternelle" même si parfois j'aurais aimé interprété la chose sous un autre angle et là... Vu l'air employé et la situation plus que... ambigue, oui, j'étais encore plus déboussolée. Je souriais malgré moi pourtant mais je continuais à vouloir me cacher tant ma tenue n'était pas appropriée à la chose. Alors quand il s'allongea au sol, attrapant une peluche en tant qu'oreiller, je n'ai pu m'empêcher de m'approcher de lui, en ayant peur qu'il ne se blesse. Il devait être saoul, trop saoul. Je le laissais se redresser sur les coudes tandis qu'il ne pouvait s'empêcher de parler. Il me faisait rire même si ses mots n'avaient aucun sens. Je m'approchais et je me mettais à genou près de lui posant ma main sur sa joue, il était brûlant. Il était arrivé ici comment? En courant? Ou alors l'alcool aidait à se réchauffer.
- T'es brûlant Colin et... t'as bu.
Je secouais ma tête en trouvant la situation drôle mais... bizarre. Je n'étais vraiment pas à mon aise, encore moins d'être avec un homme qui me plaisait un minimum, qui me complimentait à sa façon. Jamais un homme ne m'avait vu si peu vêtue mais Colin n'y faisait même pas attention, je ne savais pas si je devais être soulagée ou alors inquiète ou bien vexée. Trop d'émotions contraires en moi.
- Tu vas bien, tu es sûr? Ne reste pas au sol je n'ai pas passer le balais encore...
Je posais ma main sur son bras, glissant cette dernière jusqu'à sa main, lui faisant comprendre de se relever. Je n'y allais clairement pas y arriver toute seule... Je me redressais, laissant son bras tendu le long de mes jambes nues.
- Allez Colin lève-toi. Allonge-toi sur mon lit, pas par terre...
J'attendais tant bien que mal qu'il daigne se redresser en espérant qu'il veuille bien coopérer car si je devais le lever moi-même c'était une cause perdue d'avance...
Comment j'étais arrivé jusqu'ici ? Je ne me souvenais même plus. Certes, à pied, en marchant, en courant, très certainement parce que je ne me serais jamais autorisé à prendre la moto dans pareil état. Ca m'avait mis combien de temps d'arriver jusqu'ici ? Je ne savais même pas quelle il était. Toute notion du temps m'avait abandonné. J'arrivais un peu mieux à faire taire ces étourdissements en m'allongeant de la sorte. Essence vint alors voir comment j'allais, et oui, j'étais brûlant et saoul surtout. Mon regard se posa sur elle, perplexe. Ouais, j'avais mal agi et elle semblait désespérée. Enfin, c'est l'impression que j'avais. Ouep, j'ai bu. C'était une évidence. Et je ne m'en cacherais pas. Ca me faisait du bien de me lâcher enfin, alors ma crise de la quarantaine était loin d'être encore là. Elle me demandait alors si j'allais bien et je secouais la tête pour confirmer que j'allais très bien. Elle voulait alors que je me lève, en me le faisant comprendre en attrapant ma main, mais je n'étais pas sûr d'y arriver. Surtout qu'elle s'était relevée. En même temps, elle n'allait pas me porter. J'étais bien trop lourd pour son corps si fin. Je me mettais alors sur le côté et redressais le regard vers elle Je suis bien par terre t'inquiète. Si je m'allonge sur ton lit, je vais m'endormir. Oui, il y avait de grandes chances et je n'étais pas venu jusqu'à chez elle pour squatter son lit, non, ce serait bien trop bizarre en plus. Ce n'est qu'une gamine et elle se comportait d'ailleurs bien plus comme une adulte que moi à cet instant même. J'arrivais tout de même à m'asseoir et je demandais alors à la brune T'aurais pas un verre d'eau par hasard ? Ouais, je sentais mon mal de crâne s'accentuer, et si je ne buvais pas d'eau, mon état serait bien pire demain matin.
Au moins il ne s'en cachait pas... En même temps, vu son état, dur de prétendre le contraire. J'étais vraiment inquiète pour Colin, la situation me gênait oui, et en même temps me faisait chaud au coeur, oui, mais surtout.... pourquoi avait-il bu autant ? Pour venir ensuite ici? Chez moi? Je pensais pas que même bourré il puisse penser cela... Je pensais que j'avais plus besoin de lui que lui de moi... Après tout c'était toujours moi qui l'appelait jamais l'inverse, moi qui lui demandait quand on pouvait se voir et là... L'alcool était vraiment quelque chose qui m'échappait de toute manière. Je ne buvais pas, je n'avais jamais pris une goutte d'alcool de ma vie, jamais.. Jamais.
J'avais essayé de lui faire comprendre de se lever, lui tenant la main mais il s'était juste contenté de se retourner, me certifiant qu'au sol il était très bien. J'en étais pas si sûre... Mais je ne pouvais pas le forcer et il était trop fort pour moi. Je me contentais alors de rester debout face à lui, inquiète, pensive... Je ne savais vraiment pas quoi faire, cette situation m'échappait.
- Euh... Oui bien sûr. Ne bouge pas, je reviens.. Et s'il te plaît... Aucun bruit, d'accord?
Discrètement, je me faufilais dans le couloir, allant chercher un verre d'eau fraîche à la cuisine. Ma mère dormait à point fermé, la chimio l'exténuait beaucoup, j'espérais vraiment que ça dure pour ce soir et qu'elle ne se réveille pas avec l'envie de vomir. Je revenais dans ma chambre, Colin était toujours en mode "grosse loque" au sol. Enfin, il était assis désormais mais assis d'une façon... particulière.
- Tiens ton verre...
Je lui posais directement dans ses mains, mains que je refermais précieusement autour du verre pour m'assurer qu'il ne lâche rien.
- Pourquoi tu es venu jusqu'ici? Tu as fait quelque chose de... mal? Il est tard, tu as bu... Tu as dit que tu n'étais pas venu ici pour dormir mais tu es venu faire quoi?
Je le regardais boire son verre, essayant comme par magie d'agrandir ma robe de chambre, tirant tant bien que mal dessus pour qu'elle m'aille jusqu'aux genoux, mais les miracles n'existaient pas encore, hélas.
Ma tête tournait déjà moins et je sentais que je récupérais peu à peu mes esprits. Même si la raison et le comment de ma venue jusqu’ici m’était encore totalement inconnue. Ca me reviendra peut-être mais en attendant j’avais absolument besoin de boire de l’eau. Ma bouche était sèche et le réveil allait être dur. Autant hydrater mon cerveau que je venais de flinguer. Je ne bois pas souvent du tout, surtout depuis ces dernières années, et mon corps me le fait savoir. Je sentais que toutes mes forces m’avaient quittée et pourtant, j’aurais pu monter encore des montagnes. Sensation qui m’a toujours paru étrange. Je n’eus pas le temps de me pencher plus que ça sur cette réflexion que Essence revenait déjà avec le verre d’eau. Je lui avais promis de ne faire aucun bruit et c’était exactement ce que j’avais fait. Je remerciais la brune quand elle me le déposa délicatement dans mes mains, les refermant bien comme il le fallait autour du verre, chose qui me faisait rire de nouveau. Mais voilà qu’elle en venait au sujet qui me dépassait moi-même. L’euphorie redescendait d’un coup. Je ne sais pas pourquoi je suis là. Je crois que j’avais besoin d’air. J’ai passé la majeure partie avec des collègues, et au moment de se dire bonne nuit, je n’ai pas voulu rentrer chez moi. Enfin, rentrer chez la mère de mes enfants. Je sais pas … Ce n’était certainement pas clair cette histoire de son point de vue, mais c’était sorti comme mes pensées me l’indiquaient. De façon brouillonne. J’étais perdu dans mes pensées, buvant mon verre d’eau jusqu’à la dernière goutte. Et la réalité me rattrapait. Je venais faire chier cette gamine alors qu’elle n’avait rien demandé. Même si on s’appréciait bien, ça ne justifiait pas mon comportement. Je suis désolé Essence, je n’aurais pas du venir, je sais même pas comment je suis arrivé jusqu’ici … J’essayais alors de me lever pour songer à repartir par la fenêtre d’où j’étais arrivé, mais ma tête tourna encore plus et je perdais légèrement l’équilibre alors que je n’étais pas totalement debout. Essence n’était pas loin et forcément ma main arriva sur son épaule. J’essayais de ne pas trop m’appuyer, mais à ce stade-là, je n’étais pas sûr de pouvoir me retenir. Ouais, j’aurais du rester par terre.
Colin me faisait plus mal qu'autre chose vu son état... Il ne semblait même pas savoir ou comprendre le comment du pourquoi de sa venue ici et je m'inquiétais. Quelque chose n'allait pas mais quoi? Je me contentais de le regarder boire et de l'écouter parler pesant le poids de chacun de ses mots. J'aurais pu lui faire un câlin pour le "consoler" mais était-il triste? Là était la question. Peut-être avait-il juste trop bu avec des amis en étant au meilleur de sa forme, ça ne voulait rien dire. Du moins je l'espérais. Mais même bourré, pourquoi être venu chez moi?
La mère de ses enfants me lançait-il... C'était si... froid dit ainsi. Sa copine voulait-il dire? Oui je savais qu'il avait des enfants mais on avait jamais vraiment parlé de sa vie sentimentale. Peut-être car j'évitais moi-même le sujet en ayant une certaine fascination dessus, le penser célibataire pour avoir une chance avec lui... J'étais stupide. Je pensais à ça alors que là il allait mal. C'était égoïste de ma part.
Je n'eus même pas le temps de répondre que je le vis poser le verre au sol et essayait de se relever.
- Tu fais quoi Colin?
J'avais dit cela sous un air paniqué, le regardant tituber pour se repositionner correctement sur ses pieds mais c'était peine perdue. Je me levais aussitôt mettant une main dans son dos et une sur son torse et il tomba de manquer, se rattrapant sur mon épaule. Mes jambes avaient légèrement flanché à cause de son poids mais je tenais bon.
- Tu n'es pas en état de marcher ou de partir tout court...
Je serrais fort son haut en le forçant à faire trois malheureux pas jusqu'à mon lit.
- S'il te plaît, mets toi ici... Je ne veux pas avoir ta mort sur ma conscience...
Je l'aidais à s'installer sur le lit pour finir par l'allonger dessus. Chose que je n'eus pas de difficultés à faire tant il était en mode larve. J'installais un oreiller sous sa tête, passant ma main sur son front, il était brûlant. Je me relevais pour reprendre le verre d'eau que je posais sur la commode s'il avait encore soif.
- Ca va aller d'accord? Tu vas te reposer maintenant... On verra le reste... demain.
Je caressais ses cheveux comme si je caressais une peluche géante, ça semblait l'apaiser mais mes mains semblaient gelées par rapport à son visage si chaud. Je me poussais un peu juste pour lui enlever ses chaussures pour qu'il soit plus à son aise avant de revenir sur sa veste en cuir qui semblait lui tenir un peu trop chaud.
- Tu transpires... Je vais t'enlever ta veste pour que tu restes en t-shirt d'accord? Je ne veux pas que tu tombes malade en plus de... tout ça.
C'était bête mais si je faisais ce simple geste sans lui demander j'aurais l'impression d'abuser de sa personne. Alors, timidement, je posais ma main sur son épaule, commençant à faire glisser le haut de sa veste en cuir sur son bras gauche mais ça allait être plus dur que prévu tant son corps était comme... inerte et plus lourd qu'habituellement. J'espérais surtout qu'il ne m'en veuille pas au réveil mais le laisser partir ainsi... J'avais peur de bien pire.
Il fallait que je me lève. Sinon j’allais croupir ici. C’était hors de question que je fasse subir ça à la jeune femme. Je l’appréciais bien trop pour lui attirer ce genre d’ennui. Je sais bien qu’avec sa mère très protectrice, elle risquerait de passer un sale quart d’heure. Et même si je ferais tout pour la défendre, je ne voulais pas qu’elles soient en froid à cause de moi. Je voyais bien que Essence aimait sa mère plus que tout. Sinon, elle ne serait plus là depuis longtemps. Moi je n’avais pas eu ce problème, fort heureusement, j’aurais même pu vivre jusqu’à la fin de mes jours sous le même toit que ma mère, même si j’ai toujours été indépendant financièrement. Tout ça pour dire que j’avais finalement essayé de me lever. Sauf que j’étais loin d’être prêt, et si je m’étais senti pousser des ailes quelques instants plus tôt, là j’avais juste l’impression que mon corps me lâchait complètement. La brune l’avait anticipé et m’amena comme elle le pouvait jusqu’à son lit, qui, fort heureusement n’était pas si loin de là où je m’étais écroulé dans un premier temps. Elle me disait en quelque sorte qu’il ne valait mieux pas que je parte vu mon état, et elle avait raison, mais ce lit était mauvais pour moi, alors qu’il me tentait au plus haut point. J’aurais pu résister si mon corps n’était pas aussi las. Je sentais alors un vague de bien être m’envahir quand je me posais de tout mon long sur le lit. Cela n’arrangea rien quand elle plaça un oreiller sous ma tête et qu’elle commença à me caresser les cheveux. Ca me faisait terriblement du bien, ça m’apaisait mais j’étais en train de me demander ce qu’elle faisait. Pourquoi elle faisait ça. Surtout qu’elle me parlait de demain ? Je la regardais l’air interloqué Comment ça demain ? Je n’arrivais pas à en rajouter tellement mon état second était violent. Elle retira ensuite mes chaussures après avoir pris ma température. J’avais l’impression de me faire bichonner et materner, alors qu’il n’y avait pas du tout lieu d’être. Je me sentais mal à l’aise à l’idée de lui faire subir ça. Sauf qu’elle avait raison. Je n’en pouvais plus avec ma veste et je commençais à suffoquer. Il fallait qu’elle me l’enlève pour que je m’en rende compte. Et forcément, je me laissais faire. Il y avait peu de chance pour que je tombe malade en ayant trop chaud, mais ce n’était pas forcément bon trop de changement de température Je risque surtout d’avoir une belle gueule de bois … Je riais de plus belle, mais me retenais pour ne pas faire trop de bruit. Je me suis alors mis à regarder Essence, sourire aux lèvres, et ma gêne revint assez rapidement. Je me redressais alors de nouveau, m’asseyant au bord du lit, ne voulant pas tenter de nouveau le diable et lui disais après avoir passé mes mains sur mon visage histoire de reprendre un peu mes esprits Je ne peux pas rester Essence. Je vais t’attirer des ennuis. Si ce n’est pas déjà fait. Et puis, il fallait quand même que je rentre auprès de mes enfants. Même s’ils étaient très bien avec leur mère.
Fort heureusement il se laissa faire, je voyais ce petit sourire de bien être s'afficher sur son visage, il était clairement ailleurs mais si présent à la fois. Une fois sa veste enlevée, je la posais au bout du lit revenant vers Colin qui s'était redressé entre temps. Je fronçais les sourcils ne comprenant pas trop ce qu'il faisait. Même saoul il pensait à ma mère, je ne savais pas si ça devait être inquiétant ou rassurant.
Je posais maladroitement une main sur son torse pour lui faire comprendre de se rallonger.
- Allonge-toi. Je vais te mettre la couverture dessus...
Je me levais, tirant sur la couette pour le forcer tant bien que mal à passer ses jambes en dessous. Il était inquiet mais se laissait faire. Son cerveau voulait quelque chose mais son corps une autre. D'où il avait dû atterrir ici... Sans doute.
- Ma mère n'en saura rien, elle ne vient jamais dans ma chambre. C'est ma pièce secrète.
Mon sourire se voulait rassurant. Je replaçais quelques mèches rebelles de Colin, avant de lui caresser doucement la joue pour y déposer un tendre baiser.
- Allez, dors... Ce n'est rien. Tu es fatigué. Tu as du t'égarer pour venir jusqu'à chez moi, ton cerveau ne marche pas trop bien.
Je riais encore, me rasseyant près de lui. Je tenais le bout de la couverture entre mes doigts pour la replier sur son torse quand il daignera de correctement s'allonger. Je croyais rêver. Colin chez moi, à cette heure-ci, dans mon lit, saoul... Pourquoi son inconscient l'avait amené jusqu'ici? Il n'avait jamais répondu à cette question. Peut-être car la réponse ne me plairait pas ou qu'il n'en savait rien.
- Promis je ferais comme si rien ne s'était jamais passé si tu as peur de ça.. Tu as juste fait trop la fête et tes pieds ont voulu marcher plus vite que ton esprit... Tu ne devais pas être si loin du quartier, pourquoi tu serais venu volontairement chez moi? C'est stupide.
En fait je me parlais plus à moi-même qu'à lui à cet instant précis mais moi aussi j'étais dépassée par les événements, ne sachant pas trop comment réagir face à ce genre de situation.
Décidément, elle voulait vraiment me retenir prisonnier. Et je me laissais faire. De toute façon je n’ai plus assez de force pour me lever, à quoi bon résister. J’aurais faire plus d’effort si elle m’avait aidé à sortir d’ici. J’aurais fait quoi une fois dehors ? Sûrement appeler un taxi, je ne sais pas trop. Je n’avais toujours pas envie de rentrer « chez moi » c’est quand hallucinant ça. Et pourtant, je passe toujours d’excellents moments avec Selina, pourquoi est-ce que j’aurais besoin d’aller voir et dormir chez une autre femme ? Même si en soit c’est toujours un bout de chou pour moi, tout comme ma petite sœur. Elle me fit alors m’allonger et me mit la couverture par-dessus. Elle me rassurait ensuite sur le fait que sa mère ne venait jamais dans sa chambre. Un bon point c’est évident. Mais pour le lendemain ? Ce sera un autre problème. Je n’avais plus la force de penser à quoi que ce soit. La fatigue était là et pourtant je sentais mes yeux toujours grands ouverts. Essence, toujours debout, venait m’embrasser sur le front, comme une maman le ferait avec son enfant et me conseilla de dormir. Sauf que je n’en avais pas envie. Il faudrait déjà que je me sente plus à l’aise dans cette chambre et dans ce lit. J’étais le pire squatteur de tous les temps. Le pire ami aussi soit dit en passant. Elle se mit alors encore à parler, et je l’écoutais mais ses paroles étaient bien trop confuses pour moi. La seule chose que je comprenais c’est que oui, j’avais fait une chose totalement stupide en venant jusqu’ici Vu que je suis ici, autant en profiter un peu. Je lui attrapais le bras et l’attira sur le lit à mes côtés en me mettant à rire. Certes, un peu trop fort. Mais j’avais l’esprit malin et rigoleur ce soir à cause de l’alcool. Un coup je pensais à sa mère, un coup je l’oubliais totalement. Oui, vive l’alcool. Je me tournais alors vers elle et lui disais avec une petite voix de gamin qui chuchote Maintenant lis-moi une histoire maman. Oui, je la taquinais bien évidemment, mais j’étais persuadé que je risquais de m’endormir avec une histoire. Ou pas. Je me sentais tellement éveillé, c’était à rien n’y comprendre.
Il semblait à peine m'écouter... Pourquoi je persistais à parler ou à savoir le comment du pourquoi? Du moment qu'il ne vomissait pas... Ou bien alors qu'il ne s'étouffait pas avec son vomis ou qu'il ne tombe pas dans les pommes soudainement, car non, appeler les urgences n'était pas LA chose à faire avec ma mère à côté. Mais si je n'avais pas le choix, alors soit...
Je l'avais couvert de la couverture, il était bien sur le lit, un peu plus apaisé mais toujours aussi éveillé. Sauf que plus je le regardais, plus j'étais inquiète mais plus je souriais à la fois. Il était mignon aussi innocent.... Enfin si je puis dire. Il semblait juste si bien, à sourire à tout va, les yeux à moitié ouverts. Je pris un grand souffle d'air en attendant qu'il veuille bien essayer de dormir mais il me prit par le bras pour me faire tomber assez lourdement à ses côtés. Il ne devait clairement pas mesurer sa force... J'atterris sur le lit en ayant eu un peu peur sur le moment. Il voulait profiter de quoi? Mais je compris vite à la suite de ses mots et ça me fit sourire. Je baissais encore ma nuisette pour cacher un maximum de peau, remettant ma chemise de chambre correctement de peur qu'il ait accès à un décolleté bien trop plongeant.
Je ne répondis rien au début, le laissant se retourner vers moi et il me regardait avec ses yeux de petit chien battu en attendant que je lui conte mon histoire. Un véritable enfant. Je restais moi aussi sur le côté, le regardant dans le blanc des yeux avant de passer ma main dans ses cheveux que j’ébouriffais fougueusement pour le taquiner aussi, pour finir par laisser ma main glisser sur ses yeux que je lui forçais à fermer.
- Tu me promets de dormir si je te raconte une histoire?
Je riais doucement encore à cette idée, j'avais envie de lui raconter mon histoire favorite: Cendrillon. Pas sûre qu'il aime, mais moi j'aimais et si ça pouvait à l'endormir, alors soit...
- Et je ne suis pas ta maman... Essence c'est bien. Ou un autre surnom si tu veux, mais maman c'est déjà pris il me semble.
Je lui tapotais gentiment sa joue avant de laisser mon bras se replier près de ma tête. Je croyais à peine ce que je vivais, voyais, sentais et ressentais surtout. Pour moi tout était irréel. Il était plus de 2h du matin, Colin était chez moi, bourré, dans mon lit tandis que j'étais dans une tenue tout sauf... respectable même s'il semblait s'en ficher mais pour moi c'était dérangeant. Il était le premier homme à voir autant de moi. Le dernier homme qui avait essayé d'arriver au moins jusqu'à cette étape, a pété un câble en me dégageant vu que justement je ne voulais pas aller plus loin, étant trop "innocente" pour lui. Alors gênée, je me cachais aussitôt sous la couette, remontant cette dernière jusqu'à mes côtes.
Rien que le fait de passer par cette fenêtre cette nuit m’avait fait redécouvrir cette âme d’enfant que j’avais perdu depuis longtemps. Que je n’avais jamais vraiment eu au final. Tout comme m’amuser de façon innocente, ça me paraît bien plus que lointain, presque inexistant. Faut dire que j’ai bossé depuis mes 16 ans, ça ne laisse pas beaucoup d’option pour faire la fête comme un gamin innocent. Déjà des responsabilités et une petite amie. Depuis j’ai enchaîné avec le boulot et mon ex. La vie est bien trop rapide quand on repense à ce qu’il s’est passé. Au fond non, je n’ai pas beaucoup profité et ce soir, je voulais me laisser aller. Non je n’aurais pas pu avec ma petite sœur, je me dois d’être son modèle, alors forcément Essence était la personne tout indiqué. Elle eut d’ailleurs de nouveau des gestes attendrissants à mon égard et me fit fermer les yeux que j’ouvrais de nouveau quelques instants plus tard Je ne peux rien te promettre. Mais je vais essayer, promis. Lui confiais-je, vraiment curieux de savoir quelle histoire elle allait me conter. Par la suite, elle me disait qu’elle n’était pas ma maman, logique, et bien sûr que j’en ai déjà une. Je voulais juste la taquiner. Ce n’était peut-être pas la plus hilarante blague. De base, même sobre, je ne suis pas doué, je n’échappe pas à mes règles. C’est que tu te comportes vraiment comme une maman poule, je n’en mérite pas autant. Lui répondais-je bien plus sérieux cette fois-ci. Cette capacité lunatique a des effets perturbants et assez flippants. C’est vraiment la chose que j’aime le moins quand j’ai un peu trop bu. Et encore. La dernière fois que j’avais bu autant, j’ai eu un œil au beurre noir avec l’envie de rester au fond du trou tellement l’adultère de mon ex-femme m’avait détruit. Aujourd’hui, j’étais dans le lit d’une gamine. Gamine en pyjama pas très couvrant. Déjà majeure mais bien trop jeune. Elle s’était elle aussi glissée sous la couette et je commençais de nouveau à me rendre compte que j’abusais clairement. Je recommençais à faire n’importe pas. Mais au moins Essence arrivait à me faire oublier mes tracas et à me faire sourire.
Il était irrécupérable mais il me faisait sourire. J'espérais juste que ma mère n'entende vraiment rien, qu'elle dorme paisiblement et au pire je dirais que je regardais une série sur l'ordinateur en ayant eu des soucis avec mes écouteurs. Mais là je voulais juste m'assurer que Colin aille bien et surtout qu'il ne vomisse pas dans mon lit, en s'endormant paisiblement. Sauf qu'il avait beau être installé pour dormir, il semblait tout sauf prêt à dormir. Je l'écoutais alors parler en remettant la couverture correctement sur lui.
- Tu veux que je me comporte sinon autrement? En super monstre qui te dévore? Ou en tortionnaire qui te met dehors alors que tu es pas en état de faire deux pas sans tanguer?
Je secouais ma tête comme pour dire "non" avant de me frotter les yeux pour finir par bayer. J'étais moi aussi fatiguée mais soit... Je voulais qu'il s'endorme avant moi, j'allais mal me sentir s'il se passait quelque chose alors que j'aurais les yeux fermés.
- Tu m'interromps pas promis?
Je mis délicatement ma main sur son bras et je commençais à lui faire des "papouilles". Je savais que ça pouvait apaiser certaines personnes, moi c'était les cheveux, mais peut-être que le bras ça marchait aussi.
- C'est l'histoire d'une fille très malheureuse... Elle était enfermée dans une immense maison, très propre, très chic... Elle vivait avec sa belle mère et ses demi-soeurs. D'apparence on pourrait croire quelle avait tout pour elle mais une fois enfermée dans sa prison dorée elle était la fille la plus malheureuse au monde. Elle n'avait pas d'amis, elle se sentait horriblement seule, incomprise... Elle rêvait de bien de choses mais tout espoir semblait envolé. Elle passait ses journées à faire briller cette maison, voulant satisfaire tout le monde mais ça ne semblait pas porter ses fruits. Alors un jour, elle se mit à parler aux animaux, aux souris, aux oiseaux... et ils semblaient la comprendre et lui répondre en retour. Ses seuls amis étaient des animaux et en leur compagnie elle se sentait bien, protégée... Pas jugée. Elle pouvait leur parler du prince charmant, du mariage de ses rêves, de son premier vrai baiser sans craindre des jugements ou des moqueries en retour.
Je parlais tout doucement, en susurrant, je ne cessais pas mes papouilles sur son bras, le regardant dans les yeux pour m'assurer que tout aille bien... Puis plus je racontais l'histoire de Cendrillon plus j'avais l'impression de conter mon histoire en même temps. Ca devait être pour cela que c'était mon conte favoris car je me reconnaissais dans ce dernier.