Bien sûr qu’il cède ; et s’il avait attendu une fraction de seconde supplémentaire, ç’aurait été mon tour de craquer, d’insister juste assez pour qu’il voit que je n’en mène pas plus large, dans son silence. Ses lèvres s’égarent sur ma peau, chaleur qui se mêle aux frissons, et j’en rajoute, féline, maline, maintenant qu’on est sur la même longueur d’onde, toujours au final, plus que lorsqu’on le devait, lorsque les responsabilités avaient tout gâché. «
Je sais aligner mes arguments de la bonne façon, à force. » combien de disputes s’étaient terminées exactement dans cette position, combien de fois avions-nous mis sur
pause les cris et les soupirs et les impasses juste le temps nécessaire pour que nos corps fassent le reste? C’est sûrement ce qui motive ma réflexion à voix haute, alors que même si un sourire se dessine sur mon visage, n’en reste pas moins que je n’ai pas du tout envie de me retrouver là où j’étais, il y a un an et des poussières. Le risque est grand, mais il est doux, et chaque doigt ancré dans ma peau, chaque paume, chaque caresse, chaque souffle m’en éloigne trop facilement pour que je ne le note pas, moqueuse, mais pas suffisamment pour que Tad en profite pour insister à sa façon, pour calmer le jeu, lui-même autant attaché à ce qu’on a là que je ne me l’avouerai. Il prend sûrement peur que je me lève d’un bond et le plaque là, tout autant que j’ai le doute à vif qu’il cancelle l’idée d’un râle distant, distinctif. Mais il resserre son étreinte, murmure à mon oreille, douce tentation à laquelle je n’ai même pas envie de résister. «
Parce qu’on en serait capables? » de ne pas en faire de cas, de ne pas retomber dans nos mauvaises et vieilles habitudes. C’est presque dit qu’on se cassera la gueule d’ici un mois ou deux, même peut-être plus vite que je ne le crois. Mais il y a cette possibilité que rien ne soit pareil, qu’on ait trouvé la bonne formule pour en sortir indemne. Et puis, comme tous les cris, comme tout le mal, comme toutes les larmes ont déjà été au centre de nous tant de fois, qu’est-ce qu’il pourrait bien en rester?
We fucked up so bad already, there is nothing left for us to break now. «
Peut-être. » pas totalement convaincue, mais j'acquiesce tout de même, sa tête qui se niche dans mon décolleté lâché stratégiquement, et mes doigts qui s’emmêlent dans ses mèches hirsutes alors qu’elles me chatouillent le menton, le nez. Chastes postures, et il veut aller plus loin Tad, il pense déjà au programme qui doit continuer, et à notre entente prise sur l'instant qui est bien partie pour débuter sa tasse de café bouillant à peine entamée. La ruse de sa chambre usée à la corde, le rire qui répond, et c’est la voix qui chante que j’avise le mouvement, me relève, lui faisant face faussement outrée. «
Quel hôte horriblement pas accueillant tu fais quand même. » et il sautera, le tissu qui gêne, dans la seconde. La chemise du Cooper à mes pieds, mes mains s’avancent vers lui, l’attire à se lever, à s’approcher, à relancer les hostilités parce que voilà, c’est ce qu’on sait faire de mieux, c’est ce qu’on sait faire, tout court. «
À la légère alors. » mes baisers font echos à ses paroles que je répète, et je dirige nos pas par coeur vers la chambre, n’ayant même pas besoin de tourner la tête pour faire le trajet de dos le long du couloir. «
Pas se monter l’un contre l’autre. » mes mains sont baladeuses, mes mots sont moqueurs, et son souffle s’accélère alors que je laisse mes contacts m’assurer qu’il n’est pas aussi endormi qu’à peine quelques minutes plus tôt. «
Faire les choses autrement. » qui résonne dans l’appartement, un rire supplémentaire, avant que mes bras passent autour de son cou, le presse un peu plus, et que nos corps perdent équilibre sur le lit, draps défaits.