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 ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights

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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyDim 12 Nov 2017 - 0:21

brisbane, australia, 11th november 2017, 01:42am

J’étais dans un couloir de l’hôpital. Ma mère avait fait un malaise et je l’avais amené en urgence ici. Ca devait faire deux semaines que je n’y avais pas remis les pieds. Deux semaines. J’étais désormais ici en tant que visiteuse clandestine non plus en tant qu’interne. Oui, j’étais toujours officiellement en arrêt. J’aurais aimé rester avec Cait ce soir mais elle n’était pas de garde, alors oui, j’étais seule dans ce couloir, à attendre. Je regardais mon téléphone, j’étais sur l’application Tumblr. Diablox9 ne faisait que m’harceler de messages mais je ne répondais à aucun. Ada m’avait dit de ne plus répondre, qu’ils se chargeaient de tout. Je me contentais juste de me connecter et de mettre à jour ma page régulièrement. Quant aux conversations privées avec cet individu, c’était la police qui s’en chargeait.

Je restais pensive, perdue. Ma vie avait tellement changé en cette fin d’année. Déjà avec le cancer de ma mère qui prenait bien trop de place, ma place à l’hôpital qui tenait que sur un bout de fil, ma rencontre avec Aloysius et cette enquête inattendue et le fait que j’ai perdu ma virginité. Je n’avais toujours rien dit à personne sur ce fait, même pas à ma meilleure amie. Comment allait-elle réagir ? Faire ma première fois avec un homme qui n’était même pas mon petit copain… Et il n’avait pas l’air de vouloir le devenir. La différence d’âge sans doute, je n’en savais rien.

Ma mère voyait ce changement, elle me voyait plus froide, plus secrète, trop absente alors que j’étais en arrêt et même à la maison je restais enfermée dans ma chambre. Aloysius hantait mes nuits avec les mots qu’il m’avait dit et répété. Adolescente, enfant… Pourquoi venant de sa part ça me torturait tant ? Même à un parc d’attraction avec Dean, je n’avais pensé qu’à cet homme. Il me rendait malade, si malade que je mes cuisses se resserrèrent à nouveau et mes poings se fermèrent instinctivement. Je ne me reconnaissais plus, je n’étais plus moi-même. J’étais effrayée par ce changement comme j’en étais fière. Ou presque. Mère castratrice avait-il dit, non ? Au fond, que je sois à la maison ou non, est-ce que ça améliorer la santé de ma mère ? Est-ce que ce cancer finirait par disparaître à force juste à l’aide de ma présence ? Je doute.

- Mademoiselle Tremblay ?
- Oui ?

Je relevais ma tête, c’était une infirmière. Elle devait être nouvelle pour m’appeler par mon nom de famille, habituellement Essence suffisait quand on me connaissait.

- On lui a donné des cachets anti vomitifs et elle sera sous perfusion toute la nuit. Elle est déshydratée. Ce n’est pas son cancer qui est la cause de tout cela, peut-être un surplus de stress, elle a besoin de repos.

Je secouais ma tête pour acquiescer ses mots et je me trouvais horrible… Horrible de savoir qu’elle allait dormir ici toute la nuit tandis que je pourrais profiter de la maison… Sans me lever en pleine nuit car elle a décidé de ne plus dormir seule ou parce qu’elle avait faim ou qu’elle voulait la télé, ou je ne sais quoi encore comme caprice sous prétexte qu’elle en  a « besoin » pour se sentir mieux.

- D’accord. Merci… Je suis rassurée. Je dois signer des papiers je suppose ?
- Oui bien sûr, je vous amène cela dans dix minutes. Vous voulez quelque chose à boire ou à manger ? Vous êtes toute pâle.
- La fatigue… Rien de plus, rien de moins.

Oui c’était la vérité. La fatigue. Je ne dormais plus ou très mal. Trop de choses se bousculaient dans ma tête et j’avais cette sensation de « manque ». Manque de quoi ? Je n’avais fait l’amour qu’une fois et j’osais me croire en manque ? Impossible. Si je me mettais à fumer une cigarette, là, je m’étoufferais et le lendemain je n’aurais nullement cette sensation de manque. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ?

- Je vais aller me servir un café. Je connais les locaux. Je suis interne en neurologie.
- Oh… Pardon vous travaillez ici donc ? Je ne vous ai jamais vu.
- Je suis en arrêt maladie… Ma mère… Enfin vous voyez. Mais je ne vais pas tarder à revenir.

Je l’espérais en tout cas. Je me dirigeais à la cafétéria de l’hôpital, je me faisais couler un bon café allongé pour me réveiller. Je mourais de froid. La fatigue n’aidait pas et ma tenue aussi. J’avais juste mon shortie de nuit et mon débardeur noir. J’étais venue ici en trombes, appelant un taxi pour conduire ma mère ici. J’aurais pu appeler les pompiers, mais ils auraient mis trop de temps. Alors j’avais dépensé 30$ dans un taxi. 30$ n’étaient sûrement rien pour le commun des mortels mais moi… Je me contentais d’un nokia3310 car 30$ à l’achat, c’était le seul que j’avais pu m’offrir. J’avais juste un long manteau qui allait jusqu’à mes genoux. Non pas un manteau sexy, loin de là. Un manteau sans forme, noir, je l’avais trouvé à une brocante à 5$. Le tissu s’envolait, il se fermait mal mais il me couvrait assez. En règle générale jamais je m’habillerais ainsi à l’extérieur mais là il avait s’agi d’une urgence… Puis ce n’était pas à l’hôpital que j’allais rencontrer l’homme de ma vie ou… Colin.

De retour à la salle d’attente, j’allais au comptoir où se cachait les infirmières. Je gardais mon café allongé entre mes mains tant j’étais gelée.

- Voilà vos papiers. Vous devez tout signer et remplir les informations adéquates vous connaissez la procédure. Quant à l’assurance maladie, connaissez-vous tout vos…
- … oui je les connais par cœur.

C’était mal d’interrompre les gens mais je commençais à avoir mal au crâne. Le manque de sommeil ne me réussissait décidément pas. J’aurais pu retourner m’asseoir m’assoir et remplir ces documents dans mon coin mais j’avais besoin de me dégourdir les jambes tant ça devait faire 2h30 que j’attendais ici, assise, sur cette maudite chaise.
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Dernière édition par Essence Tremblay le Mer 15 Nov 2017 - 0:15, édité 1 fois
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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyDim 12 Nov 2017 - 4:57

essence & aloysius

Le coup est parti,  il ne sait plus comment. Et il est hilare, le fou. Fracassé qu’il est, il se tord sur le sol, sent la rugosité du bitume humide sous ses doigts. Il a tellement bu qu’il ne parvient même plus à savoir si c’est lui qui tangue, ou si c’est le foutu monde autour de lui qui vacille, ne lui laissant aucun répit. Farquharson sent une poigne de fer lui enserrer la gorge : il ouvre les yeux, voit le monde vriller, entend le sang pulser à ses tempes au même rythme que son cœur qui cogne contre sa cage thoracique de manière frénétique. Le souffle lui manque : un râle s’étrangle au fond de sa gorge. L’homme l’insulte, mais il ne l’entend pas. Entre réalité et inconscience, il déambule sur les chemins d’un entre-deux dangereux, délirant/rêvant à moitié. Son adversaire l’étrangle, l’étouffe, mais le visage d’Aloysius ne dénote aucune appréhension, au contraire. Il a trop bu, il plonge dans cette folie furieuse qui le consume souvent comme le pire des poisons. Il rit, renforçant la rage de l’homme tout aussi ivre de violence que lui. Les veines saillent sur son front, palpitent sous la peau translucide qui exulte toute la rage qui le dévore. L’homme qui a réussi à le faire chavirer en lui abattant un coup entre les côtes le saisit par les épaules, tape sa tête contre le sol. Il est un peu sonné sur le coup, mais ne proteste pas, comme s’il voulait être mis à terre, comme s’il voulait être battu si seulement cela pouvait faire cesser tout le mal être qui le ronge de l’intérieur. Il espère presque que ce goût de sang qu’il a désormais dans la bouche lui fera oublier sa soif inextinguible d’alcool. Passif pour l’heure face à celui qui l’assaille, il s’abandonne, l’ivresse lui faisant oublier les douleurs qui naissent au creux de ses côtes, sur son visage aussi, car l’homme lui a abattu un coup violent contre la mâchoire, puis contre l’arcade sourcilière. Ses paupières balbutiées, embrumées par un liquide sirupeux qui s’écoule le long de son visage. Il s’égosille, s’époumone. Le coup est parti,  il ne sait plus comment. Et il est hilare, le fou.

« Tu vas arrêter de t’marrer connard ?! » L’homme soulève le haut de son corps encore, l’arrière de sa tête tape contre le sol. Aloysius ne rit plus : la conscience vient momentanément de le quitter au profit d’un bruit sourd, comme un acouphène dans sa tête qui rend indistinct tous les bruits alentours. Le souffle coupé, comme bloqué entre ses côtes, lorsqu’il rouvre les yeux il est aveuglé par la lumière d’un lampadaire, bat alors des cils pour y voir plus clair : sans succès. L’homme continue de l’insulter mais il ne l’entend pas. Touché par un sursaut d’instinct de conscience, et de survie probablement, il voit le poing qui pourrait le mettre totalement K.O se profiler devant ses yeux qui s’agrandissent. Dans un élan désespéré il parvient à bouger la tête, l’éviter. Un grognement le traverse de part en part, fait vibrer une voix rauque. Sa mâchoire se sert si fort qu’il sent la douleur le cingler jusqu’à l’étourdir. L’adrénaline fait une ascension fulgurante, lui permet de faire pencher la balance en jouant sur l’effet de surprise. Méthodique, il parvient à faire basculer son corps, à reprendre le dessus sur son adversaire. Les mécanismes des entraînements lui reviennent avec un naturel désarmant, et sans ménagement, son poing s’abat sur le nez dont le cartilage émet un craquement sourd. L’homme beugle comme un cochon qu’on s’apprête à étranger, et Farquharson, lui, se repaît de ses cris. Il n’en a jamais assez, il s’en abreuve. Il frappe, encore, et encore. Jusqu’à avoir mal.  Jusqu’à sentir la rage se déverser à travers ses poings, jusqu’à ne plus rien éprouver, jusqu’à n’être plus qu’un fou désespéré. Mais avant qu’il ne commette l’irréparable, des hommes les séparent. Les heures qui suivent lui apparaissent éminemment brouillées.  

Il est pas loin de deux heures du matin. Bilan de la soirée, d’après l’infirmière qui l’a réceptionné : deux côtes fêlées, une mâchoire légèrement malmenée, une arcade à suturer et une jolie commotion cérébrale qui risque de lui donner le tournis pendant les jours à venir. Rien de trop grave cependant. Au fond, c’est plus la honte d’en être arrivé là qui le taraude. Pourquoi l’a-t-il provoqué de manière aussi futile, et gratuite ? L’alcool sans doute. Il devient nigaud lorsqu’il a trop bu. Et il avait tant de frustration à évacuer depuis … Cette affaire-là. Celle qui le rend fou. Celle qui le maintient éveillé. Il lui en faut peu, de toute façon, pour se torturer. Aloysius se masse négligemment l’arrière de la nuque, sent tous ses muscles raides qui n’assouplissent guère sa démarche. Il s’est enquit de l’état de l’autre gars qui a été admis en même temps que lui : lui aussi est dans un état passablement déplorable, mais il guérira vite. Une bonne bagarre de comptoir sans de réelles incidences, comme on en voit finalement assez souvent. Ses pas sont lents le long du couloir. Il n’est plus ivre, ais il y a toujours de l’alcool dans son sang. Il est blême, et ralenti par les antidouleurs que lui a filés l’infirmière. Le monde tangue un peu autour de lui : rien qui n’égale ce moment où il atteint le point de non-retour lorsqu’il s’octroie quelques bouffées toxiques salvatrices pour pouvoir dormir. Nonchalant, ailleurs, il s’approche du comptoir de l’accueil où il doit signer ses papiers de sortie. Il s’accoude sur le rebord, se penche légèrement en passant une main dans ses cheveux en bataille. Il l’a à peine vue, sur le coup. Ce n’est que lorsqu’il regarde à côté de lui qu’il la voit, concentrée sur les papiers qu’elle remplit.

« Votre mère, je suppose ? demande-t-il d’une voix mi-endormie, mi-éraillée. Il est dans un état déplorable ce soir, il ne rêve que d’une chose : pouvoir s’allonger, pouvoir dormir. L’énergie lui fait défaut. Il voudrait s’enliser dans une tiédeur sécurisante pour y disparaître tout entier.
- Monsieur … Farquharson ? essaie d’articuler l’infirmière en charge, mettant un point d’honneur à ne pas écorcher son nom compliqué. Il lui en est gré, d’avoir cet égard-là, alors que beaucoup ne s’en encombrent pas. Il faut dire que c’est un nom à coucher dehors, il l’admet volontiers.
- Oui, c’est moi. J’dois vous signer des papiers j’crois …
- Oui c’est ça, pour votre sortie. Tenez, remplissez cette partie-là, signez en bas … Puis vous pourrez rentrer chez vous. Vous voulez que je vous appelle un taxi ?
- Non non, laissez … Merci. répond-il, en contre temps, comme si son cerveau fonctionnait au ralenti. Ce qui était le cas en réalité. Il regarde le formulaire, réalise que les caractères ont tendance à se mélanger devant ses yeux : normal après le coup qu’il a reçu à la tête. Il cligne des yeux à plusieurs reprises, se concentre sur le stylo. Sa main tremble. Il va avoir un mal fou à le remplir, ce foutu formulaire. Alors, sans savoir pourquoi il ose, juste un peu. Dites ça vous ennuierai de … d’écrire pour moi ? » lui demande-t-il, sachant pertinemment que son formulaire, elle allait probablement le lui renvoyer à la figure. Ah Essence. Cruelle Essence. Serait-elle aussi impitoyable avec lui qu’il ne l’avait été avec elle ?

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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyDim 12 Nov 2017 - 8:11

brisbane, australia, 11th november 2017, 02am

Tête pensive, je remplissais tant bien que mal ces formulaires. Il devait y avoir 5 ou 6 feuillets, des cases à cocher, des informations à donner, passé médical… De la paperasse encore et encore. J’avais les yeux légèrement floutés. La fatigue sans doute. Je devrais commencer à mettre par voie écrite mes heures de sommeil et peut-être commencer à prendre des cachets pour m’aider ou bien alors arrêter de penser à ma mère en privilégiant mes désirs, mes envies, mes besoins avant les siens. Pourtant, là, j’étais encore dans un état pitoyable à cause d’elle. Des cernes qui tombaient jusqu’au sol, à moitié dénudée sur mon manteau bon marché, jambes tremblantes à cause de la fatigue… Non, je n’étais pas à l’hôpital à quasiment 2h du matin pour le plaisir alors que j’étais en arrêt maladie, officiellement du moins. Mais qu’aurais-je du faire ? Ignorer ses appels à l’aide et la laisser plier en deux tandis qu’elle criait mon nom ? Je ne pouvais pas. C’était ma mère. Celle qui m’a donné la vie, celle qui était là pour sécher mes larmes, me prenant dans ses bras, petite tandis que j’avais peur du noir ou du monstre caché sous le lit. Je devais lui rendre la pareille. Je devais… Quel genre de fille je serais sinon ? Elle était malade. Je ne pouvais pas faire semblant et agir comme si elle était comme le commun des mortels.

Je gribouillais le premier feuillet, pensive, jusqu’à qu’une voix familière vienne m’interrompre. Je regardais à ma gauche et c’était Aloysius. J’écarquillais mes yeux, surprise de le voir là mais j’étais surtout étonnée de voir son état. Il était blessé, exténué. Quand il parlait sa voix était si faible. Je le regardais de bas en haut en ayant eu un pas de recul. Pas qu’il me faisait peur mais car je voulais m’assurer que tout aille bien. Il sortait des urgences là ? Je déglutissais, je ne devais pas m’attarder sur son sort. Lui, mourante ou non, il avait bien dit que je lui servais à rien et ne changerait rien à sa vie ou à l’enquête. Pourquoi devrais-je redevenir la gentille Essence innocente à son égard alors qu’il me méprisait ? Non.

- Oui… Ma mère.

Pas le temps de développer que l’infirmière prit le relais avec Aloysius. Je les laissais discuter entre eux, revenant sur mes papiers à moi mais j’étais clairement dérangée, pas à l’aise, perturbée. Pourquoi me faisait-il autant d’effet ? Je pourrais juste l’ignorer, finir mes fiches dans mon coin puis partir… Dormir. Longuement. Seule. Tranquille, en paix avec moi-même… Au lieu de cela, mon pou s’était accéléré et ma gorge me grattait. Je resserrais la ceinture de mon manteau qui tenait à peine, comme si j’avais peur qu’il voit un centimètre de ma peau.

J’écrivais rapidement, laissant quelques mèches cacher le côté gauche de mon visage mais plus je l’écoutais parler et plus je m’inquiétais… pour lui. Je regardais en biais, ses mains tremblaient, il était presque aussi pâle que moi et dans un piteux état. J’avais envie de lui demander comment il en était arrivé là, mais avec la chance que j’ai, il me traiterait de gamine en me disant que ce n’était pas mes affaires. Alors oui, je m’abstenais, même si ma curiosité me démangeait. Lorsqu’il dit qu’il ne voulait pas de taxi, je ne compris pas trop pourquoi. Peut-être que quelqu’un allait venir le chercher. Je faisais mine de remplir encore tous ces feuillets mais Aloysius m’inquiétait. Ils le laissaient sortir alors qu’il semblait si fébrile ? J’avalais difficilement une nouvelle fois ma salive mais mes yeux revinrent se plonger dans les siens lorsqu’il me demanda… de l’aide ? Sur le coup je ne compris pas grand-chose, il n’était pas du genre à vouloir demander quelque chose à quelqu’un. Je le voyais plus comme un loup solitaire, préférant saigner dans son coin jusqu’à que ses plaies se rebouchent comme par magie, tant il était fier, ne voulant pas se sentir « faible » aux yeux de quelqu’un. Habituellement, j’aurais répondu « oui » sans hésitation, mais si j’avais été à sa place, m’aurait-il aidé ? Je repensais encore à ses mots de la dernière fois et j’en doutais fort. Il m’aurait fait la morale en me traitant de folle, d’insouciante, me laissant seule pour que je me débrouille « comme une grande » sans qu’on ne me materne ou paterne.

Je ne répondis pas de suite, préférant continuer mes propres papiers sans chercher à calculer Aloysius. Il allait encore se ficher de moi si j’acceptais aussi facilement. Je serrais mon stylo entre mes doigts à cause des nerfs. Je préférais regarder mes papiers que la main d’Aloysius tremblante… Qui me stressait. J’avais envie de le lui prendre et le forcer à stopper ses tremblements. Je sentais son regard dévié de mon corps, il devait se dire que c’était peine perdue. Après tout je ne le regardais à peine, je mettais du temps à répondre, ma tête plongée dans les papiers… Mais je culpabilisais déjà. Je déglutissais encore et encore, puis d’un geste rapide et succinct je pris ses papiers entre mes mains. Je me détestais d’être aussi… coopérative, faible… Il allait me le remettre en pleine figure tôt ou tard je le savais, mais j’étais à l’hôpital, cette infirmière savait que je travaillais ici désormais, elle avait mon prénom et mon nom et même hors boulot, si je refusais d’aider un patient, ça pouvait remonter jusqu’aux oreilles de mon tuteur.

Mes papiers + ses papiers, ça allait mettre du temps. Alors je vins m’assoir sur une table non loin de là. Je ne disais rien, me contentant de m’exécuter. Je m’installai sur la première chaise venue, cachant mes jambes comme je pouvais de mon manteau mais ça glissait sur le côté. De toute façon, qu’est-ce que ça pouvait lui faire ? Je n’étais qu’une enfant capricieuse, non ? Je mis les papiers de ma mère de côté et je commençais à remplir son prénom et son nom. Je connaissais l’orthographe par cœur, Farquharson. Je ne savais même pas de quelles origines c’était mais je ne me voyais pas lui demander et avoir une conversation… normale avec lui. Sauf qu’il allait falloir que j’entame une discussion car il y avait bien trop d’informations que je n’avais pas, comme son âge et son lieu de résidence, sans compter le motif de sa visite ici, la durée de son séjour, son numéro de sécurité sociale, son assurance maladie et des tas d’informations aussi casse-tête, mais la loi était la loi, on ne pouvait pas passer à côté à part pour les plus malins d’entre nous.

- Votre année de naissance et là où vous résidez s’il vous plaît ?

Autant aller droit au but mais quand je relevais mes yeux pour voir s’il m’avait suivi, ça me tordait presque l’estomac de voir son visage aussi marqué, mais on n’était pas là pour faire « ami-ami ». C’était ses mots, de la dernière fois aussi. Alors je restais directe dans mes questions malgré cette curiosité qui me rongeait de l’intérieur.
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Dernière édition par Essence Tremblay le Mer 15 Nov 2017 - 0:15, édité 1 fois
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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyMar 14 Nov 2017 - 7:41

essence & aloysius

Les réactions en contretemps, l’esprit qui avance à reculons, les effets de l’alcool se dissipent au profit de ceux des antis-douleurs. Mettez-en plus, avait-il voulu demander à l’infirmière. Juste assez pour dormir. Juste ce qu’il faut pour sommeiller une nuit entière, pour une fois, sans être réveillé par le poids de ses souvenirs. Sans avoir son image devant la rétine, cette image évanescente qui s’égrène comme poussière chaque fois qu’il essaie en vain de refermer ses doigts autour d’elle.  Il ne se souvient plus de la dernière fois qu’il a prononcé son nom à voix haute. Aghna. Il n’est pas un jour sans qu’elle ne le quitte, et pourtant, il s’aperçoit que plus les jours passent, plus il tend à oublier la précision des images qui la concernent. Ce soir-là il ne sait pas pourquoi mais il y pense, plus que d’habitude. Avec ce recul étrange qui lui donne l’impression d’être contemplatif de sa propre existence.  Elle est là, il la voit, elle le regarde. Et il est allé trop loin cette fois. Chaque fois il pousse le vice juste après la limite qu’il s’est franchi la fois précédente. Mais jusqu’où peut-il continuer ? Quelles barrières peut-il encore abattre sans prendre le risque d’atteindre le point de non-retour ? Il la voit, elle le regarde. La honte le saisit, poisseuse, suppurant de tous les pores de sa peau pour couvrir son épiderme de sueurs froides. Ou alors c’est la fièvre qui le tient. Le corps qui se rebelle après avoir été malmené. Ce ne serait pas si étonnant après tout.  Le couloir lui paraît d’une longueur interminable, et lorsqu’il s’arrime au comptoir de l’accueil, il est si las que ses jambes lui donnent l’impression d’être en coton. Son regard absent vient détailler une première silhouette qu’il devine féminine.  L’infirmière parle, il répond, mais c’est sans doute un automatisme car il a du mal à mettre du sens sur ce qu’elle attend de lui. Formulaire. Taxi. Pourquoi vient-il de refuser qu’elle lui en appelle un alors qu’il ne sait même plus où il a planqué sa bagnole ?

Son attention s’agrippe à l’autre silhouette féminine qui se découpe dans le décor austère, blanc et fade des urgences. Il sent une tension s’émaner de son petit corps, se demande sur le coup si c’est lui qui parvient à déclencher en elle une réaction aussi épidermique, ou si c’est seulement l’excès de fatigue qui la taraude, comme lui. Ou un mélange des deux. C’est pour sa mère qu’elle est là alors. Une déduction que même un idiot aurait pu faire. Une facette empathique de sa nature, souvent dissimulée au profit d’autres moins reluisantes, s’interroge sur l’état de santé de la mère. Il sait à quel point ces maladies-là sont traitres, implacables, et aléatoires. Elles frappent quand on ne s’y attend pas, n’évoquent jamais la même chose d’un patient à un autre, détruisent des familles sur leur passage. Le fléau de l’humanité depuis sa création, quelles que soient les formes que la maladie ait pu prendre au fil du temps. Furtivement il se souvient du visage blafard de sa mère, dans les dernières semaines avant qu’elles ne les quittent tous. Des crises de larmes qui la saisissaient lorsqu’elle n’était plus à même de leur cacher ses craintes d’un ailleurs inconnu, où ils ne la rejoindraient qu’un jour incertain.

« Comment va-t-elle ? » demande-t-il du bout des lèvres, phrase sincère pourtant, bien que mesurée par sa nature toujours en retrait.

Il n’a plus assez d’orgueil ce soir pour se refuser à quelques civilités. Au fond, il n’éprouve pas d’empathie particulière pour la mère. Il comprend certaines de ses attitudes, devine l’essence de ses réactions. Quand il voit la mère, comme pour la fille, il perçoit des craintes, partout. Pas les mêmes bien entendu, celles de l’une étant sans doute aux antipodes de celles de l’autre. Mais il les devine malgré tout. Il fait semblant de les mépriser, se dissimule derrière des airs d’assurance factice qui laissent à penser qu’il ne sait qu’être hautain. Aloysius se démène pourtant quelque part, au fond de sa carcasse décharnée. Il ne veut pas être vu, mais il tressaute parfois. Ses doigts se referment autour du formulaire infernal. Il ne voit pas grand choses, à part des caractères qui s’enchevêtrent les uns avec les autres. Alors il ose. Il ose et il attend, patiemment, l’esprit engourdi, qu’elle daigne consentir ou bien l’injurier, au choix. Au début il ne la voit pas décoller son attention de son propre formulaire, subodore déjà l’ignorance derrière laquelle elle va se claquemurer. Mais la voilà qui relève son petit nez vers lui. Farquharson la regarde entre ses cils alors, avec cette distance qu’il n’a pas d’habitude. Elle pourrait être magnifique si seulement elle croyait en l’image qu’elle sait renvoyer. Et étrangement, même si ce soir la tenue n’est pas à son avantage, qu’elle n’est ni saillante ou apprêtée, que ses traits sont tirés et ses yeux affadis par la fatigue, il ne l’a jamais trouvé si belle qu’en cet instant. Elle n’a jamais fait si femme à ses yeux que ce soir-là, éreintée par les émotions qui la taraudent, et le poids des responsabilités qui lui incombent.  Il ne dit rien de ce qu’il pense en revanche, mettant sur le compte de la fatigue les conclusions qu’il tire. Seul un acquiescement reconnaissant lui répond, et avec lenteur un bras enserrant sans qu’il s’en rende compte ses propres côtes, il la suit docilement jusqu’à une table, s’assied enfin juste en face d’elle.  

« Vingt-et-un novembre 1977 … 96 Fortitude Valley … à Brisbane. Vous voulez … Que je vous épelle mon nom ? répond-il à ses questions avec lenteur, comme s’il lui fallait un temps d’immense réflexion à chaque fois. Épeler. Pitié qu’il n’ait pas à le faire. Il a l’impression d’avoir tout oublié, même son alphabet. Alors il se masse la tempe, essaie de se concentrer un minimum. Mais au lieu de répondre à sa question suivante, il ré-ouvre grand les yeux, s’accoude sur la table, l’observe en silence. Vous me méprisez n’est-ce pas ? Depuis la dernière fois … Cette mission avortée, cette enquête qui continue de le hanter et qui s’enlise, encore et encore, sans qu’il ne puisse rien faire. Vous n’aviez pas conscience … Il fallait … Il ne termine pas sa phrase, une première fois, comme absent. Je devais vous … Il ne termine pas non plus, loin, ailleurs. Sa fatigue est si intense, ses réactions si laborieuses, qu’il ne sait même plus comment aller au bout de ce qu’il pense. Cette phrase qu’il devrait lui confier. A croire qu’un sursaut d’orgueil l’empêche de s’excuser. On ne se refait pas après tout, même terrassé. Vous allez passer la nuit ici ? » demande-t-il alors, pour s’échapper. Il y a plus confortable que les nuits passées sur les bancs des hôpitaux surpeuplés.


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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyMer 15 Nov 2017 - 0:17

brisbane, australia, 11th november 2017, 02:19am

Il venait vraiment de me demander comment ma mère se portait ? Non j’avais cru halluciner. Il n’aimait pas ma mère, comme il ne m’aimait pas moi. Pourquoi faire semblant de prendre de ses nouvelles ? Pour que je lui remplisse ses papiers ? Pas besoin de fausses politesses… Son attitude me faisait trop mal au cœur. Peut-être que je n’étais pas si inhumaine que lui après tout. Alors oui, j’avais pris ses papiers pour l’aider à remplir le tout. Je ne cherchais pas à faire ami-ami, à prendre de ses nouvelles. Une part de moi le voulait mais pour qu’il me fasse la morale… Non. Ou bien alors qu’il me traite de « gamine trop curieuse » non plus.

Je complétais petit à petit ses informations, sentant son regard rivé sur moi. Je restais tête baissée, je n’aimais pas cette emprise qu’il avait sur moi. Comme si je devais être de bonne humeur si lui aussi l’était, comme si je devais être énervée ou sous pression si lui aussi l’état. Non… Je sentais les doigts sur le stylo se resserrer, je laissais les papiers de ma mère pour me concentrer sur ses papiers à lui. J’étais bien trop gentille.

- F a r q u h a r s o n. Farquharson. Je sais écrire votre nom aussi étonnant cela puisse être.

Je répondais calmement mais je n’arrivais pas à ne pas être « sèche » dans le ton employé. Je m’apprêtais à lui demander les autres informations le concernant tandis que je complétais son adresse, sa date de naissance… 21 novembre 1977, c’était bientôt son anniversaire. Quel âge cela allait-il lui faire ? 40 ans ? J’en avais à peine 23… J’étais ridicule. Quasiment 20 ans d’écart, il avait à peine 6 ans de différence avec ma mère. Puis pourquoi je pensais ainsi ? Comme si l’âge allait changer quelque chose. Sauf que la conversation prit une toute autre tournure. Je relevais mes yeux vers lui, il était accoudé sur la table, visage fracassé, voix fatiguée, yeux rougis, teint cadavérique. Mais tout aussi… envoûtant. Il dégageait quelque chose, peut-être « la peur ». Avais-je peur de lui ? Non, il m’énervait. Mais là je le voyais comme quelqu’un de… fragile. Les effets des médicaments sans doute. Je le laissais s’exprimer tant bien que mal. Je ne voyais pas où il voulait en venir, il ne terminait même pas ses phrases. Je fronçais les sourcils d’incompréhension mais je ne voulais pas… développer. Les cachets devaient l’assommer. A sa dernière question, je rebaissais mes yeux sur les documents.

- Votre nationalité s’il vous plaît. Ecossais c’est ça ? Ou vous vous êtes naturalisé depuis ?

Je devais lui dire quoi ? Merci ? L’implorer de m’aimer ? Mais il avait tort sur un point. Je ne le méprisais pas, je… je ne le détestais même pas. Je ne savais pas comment je le voyais, je savais juste qu’il…. Qu’il m’énervait. Que je n’aimais pas qu’il me voit comme une « fillette à licorne ».

- Ecoutez Aloysius, je ne vous méprise pas mais… Je ne vous porte pas dans mon cœur. Vous avez dit qu’on était pas ici pour faire ami-ami et que vous vous fichez de me sauver ou non. Donc s’il vous plaît… On se concentre sur ces papiers et je vous appelle un taxi. Pour ma part je vais rentrer à pied, je suis à 30 minutes de l’hôpital. Je n’ai pas assez d’….

Assez d’argent oui. 30$ c’était déjà énorme pour moi alors 30$ encore en plus… Je ne pouvais pas me le permettre.

- Après votre nationalité il me faut vos informations médicales, vous avez quelque chose avec vous ? Ou vous vous souvenez de vos numéros par cœur ?

Je le regardais à nouveau, il me faisait vraiment mal au cœur, vraiment. Je soufflais discrètement en remettant une mèche de mes cheveux derrière l’oreille mais d’un geste assez brusque je posais le stylo à plat sur la table. Je commençais à avoir les muscles de ma main qui se crispaient et ce n’était pas bon. Je posais ces dernières sur mes genoux, sous la table, et j’attendais qu’Aloysius veuille bien me donner les informations adéquates sauf que rester sans parler, face à lui c’était… bizarre. Embarrassant même.

- Vous devez me quoi ? Vous ne finissez même pas vos phrases. Les cachets doivent vous retourner le cerveau… Vous ne pensez pas ce que vous me diriez ce soir. Par contre ce que vous avez dit la dernière fois, oui, vous le pensez. Je vous l’ai déjà dit, je ne vous considère pas comme mon héro, s’il m’arrive quelque chose, ça ne changera rien à votre enquête ou à votre quotidien. Je l’ai compris.

Je le cherchais peut-être. Un peu beaucoup même. Plus les minutes avançaient, plus je le voyais fébrile. D’un geste instinctif sans doute, je posais ma main sur son visage. Il était brûlant. Je laissais tomber doucement ma main de sa joue.

- Je reviens.

Je me levais et j’allais voir l’infirmière à l’accueil pour lui demander des cachets contre la fièvre ainsi qu’un gant frais pour pouvoir le poser sur son front. Une fois les affaires escomptées en main, je revins vers lui. Je restais debout près de lui, lui tendant un verre où j’avais mélangé avec de l’eau un cachet qui allait calmer ses maux de tête et sa température trop forte.

- Buvez…

Je m’assis à côté de lui, en soufflant encore, je tenais mon gant dans ma main, je ne savais pas si je devais lui poser sans rien demander ou s'il fallait que je demande la permission. Je préférais jouer la sûreté.

- Je peux vous poser ce gant sur le front ou vous voulez le faire tout seul ?

Je lui montrais d’un simple regard le gant tiède que j’avais dans ma main gauche.

- Si parler vous est trop difficile, donnez-moi juste tous les papiers que vous avez sur vous et je chercherai les numéros, noms et adresses adéquats ainsi… Et je demanderai votre dossier à l’infirmière à l’accueil en lui rappelant que je suis interne à l’hôpital.

Pourquoi je faisais tout cela ? A ma place, il m’aurait laissé seule, pour me « forger » car « j’aurais dû grandir ».  Grandir… Voilà un beau mot. Grandir… Oui, grandir. Que cela voulait-il bien signifier au fond ?
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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyVen 17 Nov 2017 - 9:27

essence & aloysius

Aucune réponse concernant l’état de sa mère. Visiblement elle craint de le prendre au sérieux, comme s’il n’était pas capable de faire preuve d’empathie de temps à autre. Un soupire sous-tendu le traverse de part en part. Il n’insiste pas. Il n’insiste jamais. Aloysius part du principe que quelqu’un qui souhaite évincer une question le fait souvent de son plein gré. Mais il s’interroge au fond. Qu’adviendra-t-il de la mère si la fille décide soudainement de s’émanciper ? Et de la fille si la mère vient à disparaître ? Il les a vues, observées pendant plusieurs semaines durant ses visites avec l’équipe à leur domicile. Un train de vie plus que modeste, des allures de prison aux imprimés de petite fille pour elle. Il ignore comment elle a fait pour tenir. Lui, à vingt-trois ans, il battait déjà des ailes. Il se brûlait comme un papillon de nuit, goûtant aux folles expériences de la jeunesse qui n’a ni craintes, ni limites. Il n’est pas forcément fier de toutes les attitudes qu’il a eu alors,  se révélant parfois d’une inconséquence totale. Mais il ne regrette rien, c’était là l’une des périodes les plus entières de toute sa vie. Farquharson finit par hausser un sourcil, essayant de la suivre alors qu’elle épèle son propre nom. La sécheresse de son timbre lui laisse un goût amer dans la bouche, et en même temps, la facette la plus infantile de sa nature, la plus inconsciente aussi, se révèle lentement malgré la léthargie qui l’accable. Elle lui en veut visiblement. Elle a l’air de bouder, comme une enfant.

« Vous l’avez appris par cœur ? lui glisse-t-il alors, osant même ce petit sourire discret qui lui sied parfois. Celui qu’il a lorsqu’il sait qu’il effleure une corde sensible, qu’il oscille entre la provocation et la taquinerie sans aucune vergogne, juste pour tester les limites infantiles de son caractère. A croire que même avec la gueule de travers, il est capable d’une raillerie dissimulée. Une seconde nature. Écossais … Oui. répond-il avec plus de sérieux cette fois-ci, bon élève. Il n’a pas songé à demander la nationalité. Pour lui, ce pays n’est qu’une opportunité comme une autre, un moyen de s’exiler loin de tout ce qu’il connaît. Un nouveau départ, ou si ce n’est ça, au moins de quoi enterrer les vieux souvenirs qui ne se rappellent plus à lui à chaque coin de rues. Mais de là à s’installer, à s’enterrer là jusqu’à la fin … Il n’est pas sûr d’en avoir envie, ni d’en être capable. Plus le formulaire avance, plus les questions se font pointilleuses. C’est trop lui demander que d’exiger qu’il recrache sur le bout des doigts son numéro de sécurité sociale. Il se frotte les tempes, prend la mesure de ce qu’il vient de lui dire quand elle s’évertue d’ores et déjà à lui répondre. Un petit rire lui échappe malgré lui, ironique. Pas besoin d’être sobre et frais comme un gardon pour s’apercevoir des contradictions de sa propre phrase. C’est ce qu’il s’évertue à lui faire comprendre, depuis le départ. C’est pour ça qu’il la malmène : parce qu’elle est tout bonnement inconsciente, elle lui en donne encore la preuve. Vous avez rien compris de tout ce que je vous ai dit ou quoi ? s’insurge-t-il presque, se prenant la tête dans les mains. Un sursaut de lucidité lui permet de se redresser, ses mains s’abattent à plat sur la surface de la table, et il se saisit, las, du formulaire qu’elle est entrain de remplir. Il le fait glisser devant ses yeux, voit toujours les caractères qui dansent un peu. Laissez. Lâche-t-il sur un ton un peu abrupt, récupérant le stylo au passage. Il se concentre un maximum, griffonne ici et là quelques informations d’usage. Il en manque tout un tas mais il n’en a cure. Qu’est-ce que vous faites ? l’interroge-t-il faiblement du regard alors qu’elle se lève, avec visiblement une idée précise dans sa petite tête brune. Il la suit, sans bouger cependant. Il mesure chacun des pas qui marquent le sol, essaie de mettre un sens sur la bribe de conversation qu’il l’entend prononcer au loin avec l’infirmière. Lorsqu’elle reparaît à ses côtés Aloysius se recule sur sa chaise, la détaille avec une forme de surprise aliénée par l’exaspération. Cette fille est irrécupérable. La voilà qui joue les infirmières avec lui, mettant de côté toutes les rancunes qu’il a su faire naître en elle. Il s’interroge, s’indigne aussi. Il a une envie irrépressible de la secouer et en même temps, il ne peut qu’admettre volontiers que le gant frais sur sa peau brûlante serait un bien-être inespéré. Mais sa fierté naturelle se tord dans son ventre. Il ne peut lui concéder cette parcelle de terrain qu’elle espère. On ne se refait pas, paraît-il, et Aloysius en est un parfait exemple. Non, laissez. C’est inutile. » Dit-il sèchement alors, repoussant le gant qu’elle lui propose.

A la place de cela il se lève, laborieusement. Ses membres s’articulent pour lui permettre de se mouvoir jusqu’au comptoir. Il donne son dossier à l’infirmière, stipule qu’il reviendra compléter les éléments manquants lorsqu’il sera plus à même de répondre à toutes les demandes. La femme hésite un moment à le laisser partir réellement, vu sa mine. Il finit par la convaincre en consentant à ce qu’elle lui appelle un taxi pour le redéposer devant chez lui. Pivotant sur lui-même, il s’arrête, toujours livide et dans un équilibre précaire, devant la silhouette d’Essence.

« Venez. Mon taxi vous redéposera chez vous.  dit-il, non pas comme une invitation, mais comme un ordre. Malgré les faiblesses qui le taraudent, il semble prompt à déployer toute l’énergie qu’il lui reste pour éviter qu’elle n’aille se balader toute seule, offerte aux affres de la nuit, alors même qu’un taré cherche à lui mettre la main dessus. D’ailleurs à ce sujet, il ne peut s’empêcher de glisser un furtif : Inutile d’aller vous jeter directement dans la gueule du loup. »



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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyVen 17 Nov 2017 - 21:55

brisbane, australia, 11th november 2017, 02:25am

Pourquoi me cherchait-il sans cesse ? En m’envoyant des piques aussi gentilles (ou pas d’ailleurs) soient-elles ? J’avais appris par cœur malgré moi son nom à force de le côtoyer ou d’avoir signé des papiers concernant son enquête en cours. Puis j’avais une bonne mémoire visuelle, c’était mon truc… Je retenais bien et rapidement. Ca avait souvent joué contre moi en cours, on m’accusait de triche, de prendre des notes en secret. Non, non, non. Je pouvais lire un cours entier et répéter 80% de son contenu sans aucune difficulté y comprenant la moindre ligne qu’il contenait. Alors non, je n’avais pas appris son nom par cœur tant cet homme m’était essentiel, c’était faux. Il ne m’était pas essentiel. Pourquoi devrait-il l’être après les mots qu’il avait eu osé avoir à mon égard la dernière fois qu’on s’était vus ? Non… Mais pourquoi hantait-il mes rêves et pourquoi avait-il autant d’emprise sur moi ? Je ne comprenais pas, ça m’énervait et je le ressentais rien qu’à la façon dont j’avais de tenir ce stylo entre mes doigts, sentant mes muscles se crisper autour de ce manche si fin et si raide, jusqu’à voir la mine de ce dernier s’enfoncer un peu trop dans ce bout de papier qui n’avait rien demandé.

Je préférais donc éviter ses mots me concentrant sur ce que je savais mieux le faire : soigner les gens. Mais à fuir le naturel il revenait toujours au galop n’est-ce pas ? Dire que j’avais cru voir l’espace de dix malheureuses minutes un Aloysius attendrissant, ayant un cœur, sensible, osant montrer qu’il souffrait… Non. Son air agressif et son regard viscéral avaient refait parution.

- Non c’est bien connu, je ne comprends jamais rien.

C’était sorti tout seul tant cette question m’était sortie par les yeux. Qu’entendait-il par-là ? Il avait des soucis de mémoire en prime ? Mais je préférais me taire et continuer mes soins, enfin, si on pouvait appeler ça des soins, vu qu’il ne semblait pas vouloir coopérer. Il préférait reprendre ses papiers, alors qu’il m’avait demandé de l’aide il y a quelques instants. Je le regardais, désespérée, saoulée, oui j’étais saoulée. Je ne ressentais JAMAIS ce genre de sentiments pourtant. JAMAIS. D’habitude je fuyais, je pleurais, je me sentais mal, je m’insultais toute seule, je me rabaissais dans mon coin et là… J’avais envie d’hurler, encore. Mais pourquoi ? D’où cet homme me faisait perdre autant la tête ? Et pas dans un sens positif. Je voulais juste lui cracher au visage. Pour me calmer, je baissais les yeux, n’osant plus affronter son regard tant ce dernier me donnait envie de… trop de choses. Mon cœur s’accélérait, ma respiration se faisait lourde et trop puissante, je n’aimais rien de tout cela. Et moi comme une imbécile j’avais accepté de l’aider… En ayant eu pitié. Jusqu’à aller lui chercher un cachet pour la tête avec un verre d’eau frais et un gant pour mettre sur son malheureux front. Résultat des courses ? Il était redevenu sec, agressif et me rejetait. En plus de me faire comprendre que j’étais stupide « n’ayant rien compris », tout en ayant « retenu son nom de famille par cœur tant il était génial ». Je n’aimais pas.

Je serrais ce gant dans ma main, sentant l’eau dégouliner sur ma jambe nue sous ce malheureux manteau. Il m’exaspérait. M’avait-il testé ? Voulait-t-il voir à quel point j’étais conne et gentille ? Il avait eu ce qu’il voulait donc il partait fier d’avoir confirmé sa théorie ? Je le laissais se lever, je préférais rester ici que de le suivre. Il voulait tout compléter de lui-même ? Qu’il le fasse. Il voulait me détester et me traitait comme une imbécile heureuse avec six ans d’âge mental ? Qu’il le fasse. J’essuyais du bout de mes doigts le peu d’eau sur ma cuisse avant de recacher cette dernière de mon manteau, regardant l’heure affichée sur mon Nokia 3310. 02h25 du matin. Je regardais autour de moi, l’hôpital semblait si vide. Il y avait que très peu de passage, c’était le moment de partir. Je n’allais pas attendre bêtement ici, mais moi aussi j’avais des papiers à compléter. Je me retournais, prenant les papiers de ma mère et je continuais de les remplir sauf que je tremblais trop. J’étais trop sur les nerfs et j’avais mal à la tête. Mon corps n’avait pas l’habitude de ressentir de telles choses qu’il devait être horriblement perdu. J’avalais ma salive et je préférais me lever pour rendre le formulaire à l’infirmière. Je voulais juste partir, dormir et m’éloigner de cet homme tout sauf sain à mon égard. Il dégageait quelque chose qui m’échappait, cette « chose » m’hypnotisait trop et me faisait devenir une toute autre personne avec des émotions et des sensations physiques qui m’étaient complètement inconnues jusqu’à ce jour.

Aloysius parlait à l’infirmière, je les écoutais à peine. Je laissais les papiers et le stylo sur le comptoir en ayant ramené le gant, accompagné du verre d’eau et du cachet. Elle allait tout ranger, je n’étais pas de service je n’avais pas à le faire. Je laissais juste un mot à l’infirmière, lui précisant que je reviendrais demain chercher ma mère et que je finirais à ce moment de les remplir. A l’instant même où je posais le stylo, je me retournais de trois quarts pour tomber nez à nez avec Aloysius. Je tournais mon regard en attendant qu’il se déplace mais il était décidé à rester à cette proximité (si faible) de ma personne. Sauf que ses mots me firent sortir de mes gongs.

- Pardon ?

Je fronçais les sourcils en l’affrontant une nouvelle fois. Je posais ma main sur son torse pour le faire reculer et je passais à ses côtés pour m’éloigner du comptoir.

- Je n’ai pas l’argent pour me payer un taxi, même en partager un je n’en ai pas les moyens. Vous vous inquiétez pour moi désormais ? Je peux marcher, ça ne me dérange pas. Puis… Je n’ai pas envie d’être en votre compagnie plus longtemps que cela vu comment vous vous comportez. J’ai cru pendant 10 minutes que vous aviez peut-être un bon fond, mais je me suis trompée. J’espère que de me voir vous aider vous a plût et vous a bien fait rire. Je ne vais pas tarder davantage… J’ai eu ma dose.
- Monsieur ? Votre taxi est déjà arrivé. Il avait déjà une course ici, il vous attend sur le parking A, juste en face de la sortie. Je lui dis que vous arrivez ? Je l’ai en ligne.

Je levais les yeux au ciel ne tardant pas à me frotter le visage comme pour me réveiller de ce mauvais rêve une nouvelle fois. Sauf qu’il avait raison sur un point : marcher seule à cette heure si tardive ne m’enchantait guère. Je me trouvais anormalement trop fière…. Mais il m’avait cherché.

- Oui dites-lui que Monsieur Farquharson arrive. Il faut qu’il le dépose au 96 Fortitude Valley dans les plus brefs délais. Merci.

Oui, j’avais osé répondre à sa place. Ainsi, il ne pouvait plus faire marche arrière et la machine était en lancée. Le taxi allait programmer son adresse, pas la mienne.

- Au revoir Madame, bonne nuit. Merci de votre accueil. Peu de gens sont agréables à une telle heure, donc ce fut très agréable. Je vous ai laissé un post-it que je vous ai pris sur votre bureau et les papiers de ma mère. Je reviendrais demain.

Je souriais en commençant à me diriger vers la sortie sans attendre mais je trouvais anormal qu’Aloysius ne m’emboîte pas aussitôt le pas. Qu’importe. Je n’allais pas en plus lui commander un fauteuil roulant pour l’aider à se déplacer. Même si l’idée de me retrouver en haut d’une pente bien raide ne m’était pas désagréable et la sensation de lâcher son fauteuil où ses fesses si rebondies seraient correctement installées égayait limite ma soirée, enfin nuit… Fesses rebondies avais-je osé penser ? Où avais-je donc la tête ? D’où j’osais tenir de tels propos ? Non, non, non. Voilà de nouveau que mon bas ventre se tordait. Il fallait que je prenne l’air, je devais respirer en dehors de ses murs blanchâtres qui me donnaient presque la nausée.

Désormais dehors, je voyais le taxi d'Aloysius pile à l'entrée, le chauffeur était descendu pour l'attendre et lui ouvrir la portière. Je voyais dors et déjà un banc à même pas 50 mètres de là où j'étais. Je voulais juste me poser dessus quelques minutes, le temps de me calmer, de respirer normalement pour m'apprêter à marcher seule à une pareille heure. Je n'étais pas tranquille mais je ne pouvais pas me payer un taxi et faire marche arrière. Puis accepter la proposition d'Aloysius était juste hors de question et tout bonnement impossible.

Enfin assise, tête baissée, je regardais juste mon maudit téléphone portable qui ne ressemblait plus à rien en 2017. La luminosité de l'écran était à peine faible, je jouais à "Snake" faisant mine d'être occupée alors que c'était de la pure hypocrisie de ma part.
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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptySam 18 Nov 2017 - 0:37

essence & aloysius

L’ironie est cruelle, sifflante. Elle vient le percuter telle une gifle cinglante qui laisse des ondes de fourmillements sur une joue blanche. Elle ne comprend pas alors ? Toujours rien. Sourde à toutes les vigilances dont il la couve sans même s’en rendre compte. L’envie de lui répondre sur un ton acerbe le taraude, mais à la place, ses lèvres s’enjoignent l’une à l’autre pour ne plus former qu’une ligne. Aloysius préfère demeurer mutique plutôt que de s’évertuer à lui expliquer les raisons de son attitude à son égard. Déjà il estime ne pas avoir à se justifier à ce sujet, ensuite, il s’exaspère tant de l’innocence de ses réactions qu’il a peur de perdre patience. Il sait que ce qu’il considère comme de la bêtise pure et simple n’est que le fruit d’une naïveté exacerbée chez elle. Et même si cela le révulse, même si l’envie de la secouer est impérieuse, il se retient. Une petite voix qui sommeille au fond de sa tête lui rappelle qu’ils n’ont pas la même expérience de vie, qu’elle est encore jeune, qu’elle n’est pas aussi désillusionnée que lui. Mais quand même, il lui semble évident que lorsqu’on est la cible privilégiée d’une pervers en série, on ne se ballade pas dans une tenue pareille à des heures indues de la nuit. Si ce n’est un feu vert pour l’homme qui la pourchasse, une chance inespérée de lui mettre la main dessus sans laisser de traces, c’est au moins un appel au viol pur et simple. Rien que d’y penser, cela le rend fou. Et elle, elle boude. Elle minaude. Elle fait sa mijaurée, s’indignant au passage du comportement qu’il a pu avoir à son égard, comme si son orgueil de femme s’en était trouvé sali. Comme s’il n’y  avait pas plus important, au fond, que de savoir si oui ou non sa vie lui importe. Lui n’a pas à se soucier de se promener dans l’urbanisation nocturne, solitaire. Il n’y a pas de cible marquée sur son front comme il y en a une pour elle.

Farquharson, dans son sursaut de conscience acerbe, refuse toutes les gentillesses dont elle l’accable. Pas parce qu’il ne veut rien recevoir d’elle en particulier : plutôt parce que c’est un solitaire farouche, et indépendant, qui n’aime pas qu’on le prenne avec une pitié compatissante. Surtout lorsqu’elle vient d’une telle inconsciente. Qu’est-ce qu’elle croit ? Que c’est la première fois qu’il est dans cet état ? Qu’il n’en a pas vu d’autres ? Il fut un temps où une gueule cassée, ce n’était rien pour le qualifier. Il y avait tant de colère en lui à exorciser, tant d’aigreurs. Il ne compte même plus les côtes déjà cassées, brisées. Les respirations sifflantes qui s’en suivent, les faiblesses d’un corps qui tire, encore et encore, jusqu’à devoir céder. Las, exténué, il rend sont formulaire incomplet. L’infirmière le remercie, voit bien que ce n’est pas le moment d’être pointilleuse sur les détails. Elle lui jette un regard interrogateur, semble se demander s’il connaît ou non sa jeune collègue. Cela lui fera quelque chose à raconter avec son amie urgentiste. Aloysius n’entend qu’à moitié la répartie de la jeune femme, ne ressentant que l’aigreur dans ses mots. Celle qui lui fait serrer les dents tant l’enrobage de sa dérobade lui semble ridicule. Elle préfère se jeter à corps perdu dans la gueule du loup carnassier plutôt que de profiter de l’opportunité qu’il lui offre. Sa fierté mal placée, cet entêtement dont elle fait preuve l’exaspère, l’énerve enfin. Il est trop fatigué pour être consciencieux et poli. Il ne rêve que d’une chose : en finir avec tout cela, rejoindre son lit. Qu’elle l’aide ou non, qu’elle estime la nature de son fond bienveillante ou méprisable, il n’en a cure. Il est ce qu’il est, pétris d’orgueils et de défauts incorrigibles. Si elle le méprise à ce point, qu’elle l’insulte ou qu’elle l’ignore. Il est trop tard, il est trop tôt, pour qu’il daigne se préoccuper d’autre chose que de ses forces qui s’amenuisent. Elle répond à sa place à l’infirmière, anticipe sa réaction. Les nerfs d’Aloysius se tendent plus encore sur ses os, il lève les yeux au ciel abandonne enfin momentanément les armes aux pieds de la jeunesse infantile. Qu’elle y aille, qu’elle se perde. Que les noirceurs qui la guettent l’étreignent pour peu qu’elle le laisse tranquille, dans un semblant de paix factice. Qu’elles la prennent pour peu qu’elle cesse ses jérémiades de petite fille facile.  

« Soit. finit-il par daigner marmonner, ignorant les insinuations, ignorant les dérobades. Il est persuadé au début qu’il va réussir, à tenir cette résolution qui l’anime et le tire. Mais c’est sans compter cette conscience qui le tient. L’empêche d’avancer sans réellement se soucier de personne. Ses doigts toujours tremblants se referment autour de la portière du taxi, il l’ouvre. Il rêve de s’allumer une clope mais s’aperçoit qu’il a perdu son paquet dans la débandade.  Il va pour rentrer dans le véhicule, disparaître sur le sillage des routes. Mais c’est sans compter son regard qui se pose furtivement sur la silhouette solitaire d’une essence qui se découpe dans la pénombre. Et falhb (merde) … lâche-t-il en serrant les dents, Attendez moi ici vous voulez, je reviens dans deux minutes. Deux minutes, c’est le temps qu’il estime nécessaire pour la convaincre de le suivre. Il sait d’ores et déjà que la proposition ne se fera pas dans la dentelle, et qu’il n’a pas de temps à perdre avec ses complaintes de gamine. S’il doit en passer par la saisir, la balancer sur son épaule comme un sac, et la fourrer dans le coffre de la bagnole comme un vulgaire sac de pommes de terres, il n’hésitera qu’une seconde. D’une allure moins vive que d’habitude, ralenti qu’il est par ses muscles douloureux, il la rejoint en quelques pas, brave la distance qui les sépare. Il s’immobilise devant elle, qui, en contrebas, pianote sur son téléphone. Ecoutez-moi bien, Essence. Je n’ai ni la force, ni le temps de jouer au chat et à la souris avec vous ce soir. Alors deux options s’offrent à vous : soit vous montez de votre plein gré dans le joli taxi que je vous propose, et qui vous ramènera gentiment chez vous à mes frais sans encombres. Soit c’est moi qui vous y mets de force, et si le conducteur s’interroge, je lui dirais que je suis flic, et que je vous embarque pour racolage et tapin sur la voie publique. Vue votre tenue ce ne sera pas difficile de le convaincre. Il la regarde, sans ciller, sans lui laisser le choix. Son sourcil se hausse, inquisiteur, alors qu’il guette sa réponse. Il finit même par murmure un dernier : Alors, qu’est-ce que vous préférez ? » Même si la première solution lui demanderait moins d’efforts, et d’implications personnelles, on ne va pas se la cacher.




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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptySam 18 Nov 2017 - 8:22

brisbane, australia, 11th november 2017, 02:32am

Mains tremblantes, tête pensive, cœur frôlant la crise cardiaque, yeux rivés sur mon malheureux écran de portable. Fatiguée, énervée, perdue, frustrée. Je soufflais de colère, d’exaspération, de désespoir, d’un peu de tout.

Je « jouais » à Snake, je ne faisais que perdre. Je n’étais pas concentrée. Je sentais des yeux rivés un peu partout sur moi, serait-ce de la paranoïa ? Les mots d’Aloysius me faisaient réfléchir. Non, je ne voulais pas marcher autant de temps toute seule, mais avais-je le choix ? Certes, le taxi d’Aloysius mais revenir sur mes mots, le suivre bien gentiment sous un simple ordre… Non. Dans une toute autre situation, j’aurais pu accepter, oui. Lui promettant de le rembourser ou bien alors juste en le remerciant. Mais son attitude m’exaspérait. Pourquoi n’avait-il pas juste accepté mon aide ? Se faire aider par une gamine (comme il dirait) était si inconcevable et frustrant pour lui ? Qu’est-ce que je lui avais bien fait pour qu’il agisse ainsi ? La différence d’âge lui donnait cette sensation de vouloir tout contrôler, de tout savoir, de tout se permettre ?

Hypnotisée par ce serpent qui défilait sous mes yeux, je vis une ombre me cacher la luminosité que reflétait le lampadaire d’en face. Je levais la tête et Aloysius prit la parole aussitôt. Je l’écoutais à moitié, cachant juste mon téléphone. Il n’avait pas à voir ce que je faisais, même si là je ne faisais rien… Mais jouer à un jeu débile sur mobile allait encore être une excuse pour qu’il me parle comme si j’avais 5 ans d’âge mental. Il débitait les mots à vitesse réduite et plus il avançait, plus j’avais envie de le frapper. Je rangeais mon téléphone dans la poche de mon manteau bon marché et c’était la phrase de trop.

- Mais c’est quoi votre souci ?!

Je me levais rapidement, lui faisant encore face. Nos visages étaient très proches, trop sans doute. Je plantais un doigt sur son torse et je le forçais à reculer.

- Vous me menacez maintenant ? Je pourrais porter plainte contre vous pour ça. Il y a des caméras de surveillance à cette sortie. Puis, venez vous de me traiter de tapin ? Vous pouvez pas juste me ficher la paix ? Qu’est-ce que ça peut vous faire qu’un psychopathe me viole pour me découper en rondelles ? Y’a un truc qui tourne pas rond là !

Je pointais du doigt sa tête en appuyant fortement sur son front sans me soucier une seconde si ça le dérangeait ou non. Me demandait-il mon avis ? Non.

- Fichez-moi la paix… Montez dans votre taxi et allez dormir.

Je le repoussais une nouvelle fois de mes deux bras, le poussant plus sèchement quitte à lui faire perdre l’équilibre. Enfin… A la limite du raisonnable. A croire que même énervée, frustrée, je n’arrivais pas à être entièrement… conne. Je reculais, resserrant encore plus mon manteau autour de moi. Il m’avait indirectement traité de pute vu « ma tenue ».

- Et je vous signale que je suis habillée comme ça car je dormais à moitié quand ma mère m’a appelé à l’aide pour que je l’amène en urgence ici ! Je devais faire quoi ? Lui dire non ? Non maman, attends, je vais m’habiller, souffre en silence et une fois bien apprêtée on y va ?

J’hurlais presque dans la rue, je m’étonnais moi-même et je me faisais limite peur. Je ne parlais jamais de la sorte… Jamais. Et encore une fois, Aloysius était le responsable de « tout cela ». Pourquoi lui ? Pourquoi pas les internes qui me pourrissaient la vie au travail ? Ou bien ma mère avec son autorité exacerbée ? Ou alors les garçons trop lourds dans la rue qui m’appelait comme si j’étais une gentille chienne bonne qu’à ça ?

- Je suis désolée si ma tenue vous outre mais je suis ravie que vous l’ayez remarqué, je vais pouvoir rêver de vous cette nuit et me toucher dans mon coin sans problème. Merci Ô grand Aloysius, le sauveur de mon petit cul ! Je vous rappelle que vous êtes pas en service là, je suis pas votre cliente ou votre victime ou je ne sais quoi…. Y’a pas cette notion de « supériorité » ou « infériorité ». Vous n’êtes personne ! Donc rentrez dans ce fichu taxi ! Vous avez besoin de dormir vous tenez à peine debout. Je vous pousse et vous tanguez déjà.

Je revenais vers lui, le repoussant légèrement pour lui prouver ce que j’avançais. Je le fixais droit dans les yeux avec un air sûrement assassin. Si je me regardais dans la glace pile à cet instant, je ne me reconnaîtrais même pas. J’en étais sûre. Je ne me reconnaissais déjà pas actuellement.
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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptySam 18 Nov 2017 - 9:13

essence & aloysius

Ses paupières balbutient un peu, il la dévisage, perçoit la tension qui grimpe dans son corps et qui n’est pas forcément de bon augure. Il se maudit d’avoir erré dans ce bar, jusqu’à cette altercation stupide et insensée. La gueule cassée passe encore, mais sa tête l’oppresse, comme s’il n’y avait pas assez de place dans sa boîte crânienne.  Le sang pulse à ses tempes, il a un peu le tournis. Plus il se concentre et moins cela s’arrange. Le soubresaut de conscience qui le taraude lui donne l’énergie nécessaire pour l’affronter. Cependant c’est sans compter sa fierté féminine proche de la démesure. Pire que lui, sous ses airs d’innocence incarnée. Plus bornée qu’une mule, la voilà qui s’indigne, ne lui simplifiant pas la tâche. Forcément. Cela aurait été trop beau. Il espérait déjà un intermède facile, où elle se serait levée gentiment de son banc pour aller s’asseoir docilement au fond du taxi. Il l’aurait redéposée chez lui, tout simplement. Sans encombre, sans cris. A la place de ça elle le fustige : il ne peut la blâmer pour cela, dans sa provocation, il vient après tout de l’assimiler à une pute. Mais il ne s’attend pas à ce qu’elle joigne le geste à la parole, osant le repousser aussi physiquement que verbalement. Farquharson abaisse ses paupières alourdies, se masse les temps de dépit. Putain, pourquoi c’est jamais simple ? Pourquoi il doit toujours en passer par des initiatives déplaisantes ? Il maudit un instant le créateur fou qui initia un jour l’idée du genre féminin, levant les yeux au ciel.

« Essence … Fermez-la. La phrase tombe, sèche comme une claque. Il arrive au bout de tout ce qu’il possède de patience, et de self-control. L’envie de l’assommer est quasiment aussi impérieuse que celle d’hurler qui le tance. Bordel. Il est fou de se soucier de son sort. Comme il est fou de s’éterniser encore, et encore, pour une petite idiote qui ne comprend rien d’autre que la surface des choses. Ses poings se serrent au fond des poches de sa veste : instinctivement son corps résiste lorsqu’elle le repousse, les muscles se tendent plus encore, jusqu’au bout de ce qu’ils sont capables. FERMEZ-LA BORDEL DE MERDE ! Sa voix se hausse, gronde, devient plus sourde que jamais sous la colère qui déborde enfin de ses lèvres. Une colère noire, et assassine, qui le rend tout à coup plus lucide que jamais. L’adrénaline grimpe avec fulgurance en lui comme une montée de lave brûlante. D’un geste vif, abrupte, ses doigts se referment autour de son fin poignet, l’enserrent. Furieux, il se redresse de toute sa hauteur, pour lui montrer qu’il est assez lucide pour la maîtriser si nécessaire, et qu’elle ne doit pas espérer parier sur son manque de lucidité et sa faiblesse physique pour prendre le pas sur lui. Je n’en ai rien à foutre de votre tenue, et de votre propension à la diarrhée verbale ! Vous n’êtes qu’une idiote, vous m’entendez ? Une idiote ! Vous ne pensez qu’à votre petit nombril, sans songer un seul instant qu’il y a des gens autour de vous qui cherchent à vous protéger. Vous n’êtes qu’une p.u.t.a.i.n d’inconsciente ! Alors maintenant vous allez monter dans ce taxi, rentrer chez vous, et arrêter de me faire chier avec vos raisonnements à la con ! »

Ni une ni deux, il n’attend même pas sa réponse, ou ses protestations. La mâchoire serrée à l’extrême, il fond sur sa proie comme un rapace, lâche son poignet pour se saisir d’une autre prise (ses hanches en l’occurrence). Armé de ses vieux réflexes, il se baisse, cale son ventre sa hanche épaule, la fait basculer sur cette dernière pour la porter comme un vulgaire sac. Ses mains se referment autour de ses cuisses pour ne pas la faire tomber, ses côtes fêlées rugissent à l’intérieur de son corps, mais il feint de les ignorer. Faisant fi de ses protestations, la maintenant le plus fermement possible en s’efforçant de ne pas perdre l’équilibre (heureusement qu’elle ne pèse pas dix kilos supplémentaires), il se dirige bon an/mal an vers le taxi donc le conducteur lui jette un coup d’œil interrogateur.

« Ma nièce. Toujours prompte à faire des caprices pas possibles. Se justifie-t-il alors que les yeux de l’homme en face s’agrandissent. Mais ce dernier finit par avoir une réaction tout à fait … Inattendue.
- Ah m’en parlez pas. Ma fille est pire encore. Lâche t-il sur un ton décontracté, ignorant totalement les protestations de la jeune femme, préférant se caler derrière son volant alors qu’Aloysius la faisait basculer sur la banquette arrière en veillant à ne pas lui cogner la tête au passage.
- Bordel … De … Fahlb ! jure d’ailleurs l’intéressé qui vient de basculer en avant sur la banquette à son tour, se retrouvant de moitié sur le corps de celle qu’il s’efforce de maîtriser, le nez fourré quelque part à mi-chemin entre son ventre et sa poitrine. Il lui faut un temps pour se redresser, sonné qu’il est déjà à la base, s’appuyant sur le sol, réussissant enfin à se dégager pour la laisser s’asseoir correctement, et pouvoir prendre place à son tour dans le véhicule, à ses côtés. Il marmonne des choses inintelligibles dans sa barbe, qui ressemblent à des ronchonnements gutturales. Du gaélique sans doute. Et en même temps il fait claquer la portière. Roulez. » lâche-t-il enfin au conducteur qui, comme par hasard, vient de re-régler son rétroviseur pour avoir une vue avantageuse sur la banquette arrière. C’est qu’il a cru apercevoir une paire de jolies jambes au passage, il ne veut pas manquer ça. Aloysius quant à lui encaisse le coup. Ses côtes rendent sa respiration plus sifflante. Bordel. Elle va finir par l’achever, cette petite mijaurée.

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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptySam 18 Nov 2017 - 10:58

brisbane, australia, 11th november 2017, 02:46am

Il ne faisait que crier sans aucune argumentation. Uniquement du « brouhaha », des grimaces. Je voyais son corps fébrile, si faible, son visage abimé. Il avait beau hurlé, j’avais envie d’élever encore plus la voix, alors je ne me gênais pas.

- Vous fermez là... Ta gueule !

Je venais de lui dire les deux mots, en plus de la singularité du « tu ». De colère, je m’étais mise à le tutoyer et rien que ce « tu » me faisait peur. J’avais tellement pris l’habitude de le vouvoyer qu’avoir osé le familiariser ainsi ne m’enchantait guère. Je sentais mon corps bouillir, mon coeur s’emballer, mon cerveau exploser.

J’étais si proche de lui que j’aurais pu le baffer, lui cracher au visage, lui arracher les yeux mais non. Je me contentais de le menacer du regard, de le pousser, de le provoquer, de ne pas baisser ma garde sauf que sa main d’un geste furtif, rapide, presque violent vint empoigner mon poignet. Sur le moment, je me braquais, je ne m’étais pas attendue à cela. J’écoutais ses jérémiades et ma main de libre se posa sur son torse. J’essayais de le faire reculer mais à croire que la colère était plus forte que tout.

- Lâchez-moi ! Vous vous prenez pour qui ?

Je ne savais même plus si je devais le tutoyer ou le vouvoyer tant il me sortait par les yeux. Alors oui, je me débattais, je bougeais mon bras comme je pouvais, voulant me dégager de son emprise, me libérer de son étreinte qui devenait trop oppressante.

- Je ne veux pas que vous me protégiez ! Vous avez du mal à comprendre ça ? Pourquoi vous voulez me protéger putain ? Vous êtes pas en service, arrêtez !

J’hurlais à mon tour sauf qu’à peine ces mots prononcés, il vint me choper par les hanches pour me mettre sur ses épaules. Je n’avais clairement rien vu venir et je ne pensais pas qu’il allait passer à l’acte. D’où lui venait cette force ? Je me débattais en lui hurlant dessus. Je me sentais comme une moins que rien.

- Lâchez-moi ! Putain ! Lâchez-moi !

J’essayais de bouger mes jambes mais il avait calé une de ses mains sur mes cuisses comme pour m’immobiliser. Alors je m’attaquais à son dos, je lui donnais des coups mais plus je bougeais, plus j’avais peur de tomber. Aloysius tanguait et avec mon poids ça devait être pire. Je me contentais d’agripper son haut, en y enfonçant mes ongles.

- C’est vous le taré dans l’histoire, il vous manque vraiment une case ! Abruti !

On approchait du taxi et je me demandais ce qui m’empêchait de crier « au viol » ou bien alors « au secours ». J’avais l’impression de me laisser faire alors que… Que cet homme m’énervait et me faisait sortir de mes gongs. Aloysius se justifia en disant que j’étais sa nièce et le chauffeur de taxi répliqua d’une façon qui me fit lever les yeux au ciel. Il était tout aussi con.

- Pauvre con.

Susurrais-je tandis que je donnais un coup discret dans son dos. J’essayais toutefois de boucher mes hanches sur son épaule mais tomber là, comme une merde sur sol, c’était sans façon. Si je finissais ma soirée à l’hôpital… Non. Comment allais-je justifier cela ? Je l’avais cherché. Mais pourquoi était-il si obsédé par le fait de me protéger ? La dernière fois il me disait qu’avec ou sans moi ça ne changerait rien à l’enquête, qu’il s’en fichait de mon petit cul, qu’il faisait juste son boulot. Mais là… On ne bossait pas, alors pourquoi faisait-il tout ça ? Il me rendait folle. Vraiment.

En moins de cinq secondes, je me retrouvais la tête la première sur la banquette arrière. Sur le coup du frottement du cuir de la banquette, mon manteau s’ouvrit n’ayant pas de ceinture pour le maintenir autour de ma taille. Mon shortie et mon débardeur étaient totalement apparents… Tout en ayant la tête d’Aloysius trop proche de ma poitrine. Sentir sa tête trop proche de mon corps me fit frissonner et je m’en voulais d’avoir eu une telle réaction. Je déglutissais, laissant mes jambes nues passer au-dessus de lui pour venir me caler à l’opposé de cette banquette pour lui libérer une place. J’entendais juste des injures… En gaéliques sans doute. Il semblait désespéré et je ne pus m’empêcher de répliquer.

- Me touchez plus jamais. Jamais.

Susurrais-je à peine pour que lui seul entende et non le chauffeur que je vis remettre son rétroviseur tandis que je couvrais mon corps tant bien que mal à l’aide de mon manteau. Je me sentais comme une pute à présent à ses yeux. A croire que je passais d’un extrême à un autre. De gamine de 6 ans, à prostituée. Je baissais comme je pouvais mon manteau pour cacher mes jambes, croisant ces dernières pour aussi croiser mes bras sur ma poitrine. Je ne daignais même pas regarder Aloysius. Je l’entendais juste se placer comme il pouvait à mes côtés avant que le chauffeur démarre. Je me sentais mal, je voulais le tuer. Le taxi roula le long des routes quasi vides de la ville et je sentais tout mon être se réchauffer. Voyant ma poitrine se soulever puis se baisser tout à tout à cause de ma respiration trop saccadée. Je ne voulais plus rien dire, c’était trop. Si j’osais parler, encore, je ne contrôlerais définitivement plus mon langage. Alors oui, le trajet jusqu’à chez lui fut d’un silence presque morbide. On entendait juste les bruits extérieurs de la ville aussi infimes soient-ils vu l’heure si tardive. Sans oublier les messes basses d’Aloysius. Sauf qu’à un moment, je ne l’entendais plus « autant ». J’osais détourner d’un quart ma tête et je le voyais dans un état assez laborieux. A croire qu’une fois la colère un peu redescendue, la douleur reprenait le dessus.

- Vous êtes vraiment débile.
- Un peu de respect pour votre oncle mademoiselle.
- Vous la ferme.

Répondis-je au tac au tac. C’était un chauffeur de taxi, pas notre conseiller conjugal ou familial.

- Vous vous êtes encore blessé ? Vous dégoulinez de sueur tant vous semblez souffrir de vos blessures. Vous avez la tête à moitié amochée, vous tenez à peine debout et malgré tout, vous avez absolument voulu me faire monter ici. Sur votre épaule. Vous avez un souci. Vous faites ça avec tout le monde ? Pourquoi cette envie de sauver ma peau alors que vous semblez avoir du mal à maintenir la vôtre en bonne et due forme ?

Mes yeux curieux regardèrent de bas en haut Aloysius, il n’était même pas droit sur son siège. Je soufflais en me retournant entièrement. Je maintenais bien entendu toujours mon manteau sur moi, il en avait déjà trop vu même si… Même s’il devait s’en ficher mais moi pas. Je laissais mes genoux pointer en sa direction, tandis que mon épaule droite caresser le siège auto.

- Alors ? Votre excuse c’est quoi pour m’avoir amené jusqu’ici ? A part cette folle envie de me sauver tant je suis une horrible égoïste, vu que je refuse de vous suivre gentiment telle une élève écoutant son maître ?
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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyDim 19 Nov 2017 - 9:52

essence & aloysius

Farquharson arrive au bout de tout ce qu’il est capable d’entendre, de recevoir. Sa patience implose, les limites sont franchies, abattues, il n’en peut plus. D’elle, de ses jérémiades, de ses attitudes qui le rendent fou de rage et d’exaspération liées. Les pensées qui le traversent sont assassines. Il caresse un instant l’idée de refermer ses doigts autour de sa nuque pour entendre se briser les cervicales si fragiles de son petit cou. C’est si tentant, si facile. Il y en a qui obtempèrent en ce sens pour beaucoup moins que ça. Heureusement qu’il n’est pas fou à ce point, qu’il lui en faut plus, quand même, avant de faire passer quelqu’un de vie à trépas. A la place il maudit toutes les bonnes femmes de ce bas monde, invoque la divine patience qui lui fait cruellement défaut  pour contre-attaquer ses injures. Elle le croit trop faible pour mettre à exécution ses menaces : elle ignore tout des ressources qu’il est capable d’invoquer juste pour rabaisser son petit caquet de jeune première. Aloysius ignore si c’est son corps qui agit en premier ou bien sa tête. Mais le fait est qu’en un temps éclair, il se retrouve avec un poids qui gigote sur l’épaule. Ses muscles se crispent un à un, la douleur qui tiraille déjà ses côtes se réverbère dans toute sa cage thoracique, et il s’aperçoit que sa vision se brouille, un instant, alors qu’il s’efforce d’avancer jusqu’au taxi qui les attend. Ses protestations lui chatouillent les tympans mais il n’y prête guère attention, concentré qu’il est sur ces desseins. Ce n’est que lorsqu’elle vient malmener son dos qu’il émet une sorte de grognement guttural, en la secouant légèrement. Comme pour lui faire une frayeur au cas où elle aurait dans l’idée d’y mettre les ongles, la garce, il lâche légèrement sa prise autour de ses cuisses, rend son équilibre plus précaire encore.

« Bordel … de … » continue-t-il de jurer entre ses dents, basculant en avant sur la banquette arrière. Il sourcille, et un petit temps à avoir les idées claires.

S’allie dans ses narines l’odeur de l’intérieur du taxi, carrément désagréable et le parfum plus sucré qui s’émane des vêtements d’Essence. Après, de là à savoir s’il vient d’échouer entre ses cuisses, ou bien à l’orée de ses seins, il n’en a cure sur le coup. Fou de rage, il ne voit plus rien. Et puis il y a cette douleur lancinante qui s’est réveillé dans sa tête, qui le tient comme dans un étau. Sa vision est brouillée lorsqu’il se redresse, il bascule sur le côté, colle son épaule contre la portière tout juste refermée. L’homme au volant démarre : il n’a pas encore réalisé qu’il a oublié de lui communiquer l’adresse d’Essence, mais ne doute pas du fait qu’elle réussira à le faire elle-même. Le silence s’installe dans le véhicule, les lumières des lampadaires extérieurs défilent devant ses yeux. Au bout d’un moment Aloysius ne distingue plus grand-chose à part des traces de lumières qui vacillent devant ses yeux. Il a chaud, il a froid, il ne sait plus. Son coude repose sur le côté, il s’imagine ouvrir la fenêtre pour inspirer de l’air frais mais ses doigts demeurent mutiques lorsqu’il les appelle. Où est-il déjà ? Ici. Ailleurs. Il se perd dans la fugacité de pensées insensées, semble en proie à un délire naissant où toutes les couleurs sont affadies, et où les formes se distordent. En fond sonore il distingue a voix féminine, s’approprie les phrases en contretemps en mettant une minute éminemment longue avant d’en saisir le sens. Qu’elle se taise, qu’elle continue. Il ne sait pas, il ne sait plus.

« C’est plus facile … De veiller sur les autres … Quand … Quand … Il cherche ses mots. Son subconscient lui interdit de lui répondre, sa fierté lui crie de se taire mais ses lèvres finissent par se mouvoir d’elles même. Ce sont plus des sons, des tonalités que des mots très distincts. Mais il finit par articuler un : Quand on ne se supporte plus … Soi-même.  Le dernier mot s’étouffe comme un murmure au fond de sa bouche. Sa tête bascule vers l’avant, comme s’il venait de s’assoupir. Elle lui en demande trop, beaucoup trop. Et plutôt que de lui répondre, il préfère embrasser l’inconscience qui le subjugue tout à coup. Ses paupières luttent à peine, il préfère fermer les yeux tant toutes les lueurs autour de lui l’agressent. Sa perte de connaissance de la réalité ne dure pas longtemps : juste assez cependant. La chauffeur quant à lui reste sur sa lancée : il en a tellement vu, au fil de sa carrière, des gars défoncés, qu’il n’y prête même plus attention.
- Et voilà ma jolie. On est chez votre oncle. Enfin, à l’adresse qu’il m’a donnée. Vous devriez l’aider à descendre parce qu’il a l’air dans un piteux état. Vous voulez un coup d’main ? » Lâche-t-il à l’encontre de la jeune femme, son visage rondouillard apparaissant entre les deux sièges. Il jette un coup d’œil à sa tenue : elle a dissimulé ses jambes. Dommage.

Pendant ce temps-là, Aloysius tremble contre la portière, sans même s’en rendre compte. Son front est moite, brûlant. Il sent la bile se tordre dans son ventre : il n’a plus rien à vomir depuis longtemps. Il a l’impression d’être à un stade d’ivresse redoutable mais ce n’est pas ça au fond. C’est ce foutu coup qu’il a reçu à la tête. Il revoit le visage de l’homme avec lequel il s’est battu. Œil pour œil, dent pour dent, chaque coup porté, il les lui a rendu. D’y songer un rire compulsif s’échappe de ses lèvres. Il est à peine conscient, il croit qu’il rêve. Est-ce réel lorsqu’il sent la bise nocturne lui caresser le visage ? Sont-ce ses jambes qui le soupèsent ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Il est perdu, quelque part. Il ne comprend plus rien.


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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyDim 19 Nov 2017 - 11:49

brisbane, australia, 11th november 2017, 03:00am

Je m’en voulais d’être inquiète pour lui. Je le voyais faiblir, ça s’entendait au son de sa voix. Je l’avais tué ? Non. J’étais tournée contre lui, je le dévisageais de bas en haut. Pourquoi je continuais à lui parler, à lui poser des questions, à essayer de le comprendre… Pourquoi ? Pourquoi je ne pouvais pas juste être aussi conne, l’ignorer, bouder dans mon coin et attendre que le taxi le dépose pour que je puisse enfin rejoindre mon lit ? C’était quoi mon souci ? Pourquoi cet homme me faisait perdre autant la tête ? Je ne me reconnaissais plus et je ne savais jamais sur quel pied danser… Jamais. Cet homme était un mystère pour moi. Un réel.

J’attendais un signe de sa part mais je voyais juste ses mains tremblantes, j’entendais sa respiration se saccader, il n’avait pas un souffle régulier. Il allait mal. Pourquoi avait-il insisté pour me faire monter ici vu son état ? Pourquoi ? Je devais arrêter d’essayer de le comprendre, je devais capituler. Alors quand je n’entendais aucune réponse de sa part, je soufflais en regardant juste devant moi. Je posais ma tête sur le siège, me concentrant sur les bruits extérieurs. Il n’allait pas bien ou alors il était énervé et ne voulait plus me parler. Puis au bout de deux ou trois minutes j’entendis quelque chose venant de ma droite. Mes yeux revinrent vers lui et il parlait. Je me redressais tant j’étais surprise. Je m’attendais à des hurlements ou à un « fermez-là Essence ». D’un geste instinctif, je vins poser ma main sur le poignet qu’il avait tout à l’heure empoigné, je ne savais pas pourquoi. Peut-être car ce contact ne m’avait pas laissé de marbre… Je me désespérais moi-même. Cet homme m’avait agrippé violemment le poignet, il m’avait traité d’idiote, sous-entendant que je ressemblais plus à une prostituée qu’autre chose ce soir, sans oublier ses anciens mois… Que j’étais une gamine immature inconsciente de tout, vivante ou mourante je ne servais à rien. Alors pourquoi… POURQUOI m’obstinais-je tant à son égard ?! Et ses mots me firent sortirent de ma pensée.

Je secouais ma tête de peur de n’avoir rien compris. Je m’approchais d’un cran et ses mots me brisèrent le cœur. Presque. Etait-ce un autre test ? Voilà qu’il redevenait aussi fébrile qu’à l’hôpital avant de redevenir agressif à mon égard. Ce n’était pas pour autant que ses mots me… Choquèrent. Je comprenais désormais pourquoi j’avais froissé sa fierté lorsqu’il était chez moi avec son équipe. J’avais touché CE point sensible en évoquant ses démons sauf que je n’avais pas pensé que cela serait aussi… intense. Que devais-je faire désormais ? Le consoler ? Non. M’excuser ? Non plus… Il m’avait forcé à monter dans ce taxi… Il avait été obsédé par cette idée… S’il m’avait laissé, il ne se serait pas blessé davantage.

- Aloysius vous êtes tout aussi inconscient que moi… Vous n’aurez pas dû me…

Je m’arrêtais cinq secondes en le voyant inerte bien trop tôt.

- Aloysius ?!

D’un geste instinctif, je posais ma main sur son cou pour vérifier son pou et heureusement il battait… A rythme régulier. Ma main vint se poser sur son front et il était brûlant. S’il avait pris mon caché, en plus du gant tiède que je lui avais commandé à l’hôpital et s’il ne m’avait pas obligé à le suivre, on n’en serait pas là. Pourquoi se compliquait-t-il autant la vie ? Sa tête reposait sur la porte, il s’était assoupi sauf que je n’aimais pas le fait que cela ait été si brutal. Je me rapprochais de lui, me mettant sur le siège du milieu. Je le forçais à maintenir sa tête droite, que l’arrière de son crâne cogne le haut du siège. Je voulais que son cou ne soit pas tordu et que son sang circule correctement.

- Pourquoi vous me faites ça, c’est pas le moment… J’ai déjà ma mère et là j’ai vous…
- Et voilà ma jolie. On est chez votre oncle. Enfin, à l’adresse qu’il m’a donnée. Vous devriez l’aider à descendre parce qu’il a l’air dans un piteux état. Vous voulez un coup d’main ?

On était déjà arrivé. Aloysius était plus proche de l’hôpital que moi. Si je le ramenais là-bas il allait me tuer et on l’avait laissé sortir… Donc c’était que les docteurs avaient estimé son état stable. C’était moi qui l’avait.. Achevé ? Non, non, non. Je culpabilisais déjà.

- Euh… Je…

Je bégayais. Qu’est-ce qu’il fallait que je fasse ? Allait-il me hurler dessus car je serais rentrée chez lui ? Dans tous les cas il allait m’en vouloir alors autant faire ce qu’il y avait de mieux.

- Oui s’il vous plaît. Vraiment désolée… Vous savez, une fête de famille qui a mal tourné… Puis les cachets à l’hôpital et leurs effets secondaires… Ce n’est jamais… Le top.

Je regardais le chauffeur qui était explicitement en train de me reluquer et ça me gênait encore plus. Le chauffeur de taxi sortit immédiatement et je me retrouvais seule avec Aloysius. Je pris son visage délicatement entre mes mains et j’espérais qu’il soit un minimum conscient. Je regardais ses yeux avec la faible lumière intérieure de la voiture. Il les avait à moitié ouvert. Je soulevais la peau en dessous de ses sourcils pour le forcer à voir davantage ses pupilles, il était clairement absent et en train de fuir la réalité mais il était quand même toujours là.

- Qu’est-ce qui vous est arrivé ce soir… Vous êtes fou, vraiment…

A peine cette phrase prononcée que le chauffeur ouvrit la porte. Il força Aloysius à mettre son bras autour de ses épaules et de sa simple force il le fit sortir. Il tenait sur ses jambes mais bien difficilement. Je suivais le pas, fermant la porte du taxi… Comment allais-je le payer et où était les clés d’Aloysius ? On se dirigeait à l’entrée de chez lui. Je n’osais même pas toucher Aloysius, laissant le chauffeur de taxi faire le sale travail.

- C’est là ?

Je me souvenais de l’adresse qu’il avait donné et oui effectivement c’était bien là.

- Oui…
- Je le pose dans son lit et vous me payez après. Je prends la carte bancaire et du liquide seulement. Je ne prends plus de chèque.
- Oui, oui, bien sûr.

Comment j’allais faire ? On était désormais au bas de sa porte et j’espérais que les doubles de ses clés soient sous le paillasson… Mais non. Avait-il au moins des doubles ? Peut-être que sa… petite-amie ou sa femme avait les fameuses clés. Dans ce cas s’il était en couple, pourquoi n’avait-il pas appelé sa compagne pour qu’elle vienne le chercher ?

- Habituellement il met les clés ici mais il a dû les donner à sa nouvelle copine.

Je souriais nerveusement, venant me mettre de l’autre côté d’Aloysius, rapprochant mes lèvres de son oreille.

- Vous allez me le payer, un jour, ça c’est clair…

Chose que je n’avais jamais escompté faire : fouiller ses poches. J’étais horriblement mal à l’aise mais je n’avais pas le choix. Je me mettais à palper ses poches avants du bout de mes doigts… J’essayais d’aller aux extrémités voulant éviter de près la « zone interdite ». Il allait croire que j’allais abuser de lui en me traitant encore et encore alors oui, je prenais mes précautions. Je soufflais me rendant compte qu’il n’avait rien à l’intérieur, à part son téléphone portable. Il devait avoir ses clés dans son porte monnaie qui devait être dans ses poches arrières.

- Je suis vraiment désolée…

Susurrais-je mais je n’avais pas le choix. Sans réfléchir je mis ma main dans une de ses poches et bingo c’était la bonne. Oui j’avais eu le temps de sentir son fesser rebondit… Son quoi ? Non, non, non. Je devais être rouge écarlate. Je sortis immédiatement ma main, fouillant dans son porte monnaie et je vis sa misérable clé. Je priais pour que ce soit la bonne sinon j’allais pleurer car je ne pouvais pas le ramener chez moi, clairement pas… Et en dernier recours : l’hôpital. Je l’insérais dans la serrure et hallelujah, ça marchait. La porte s’ouvrit, je tatais du bout de mes mains où était l’interrupteur de la lumière et j’allumais l’entrée principale.

- Sa chambre est… Pas loin mais d’abord entrez, je ne veux pas faire du bruit dehors pour les voisins et le froid rentre.

Balivernes, j’essayais juste de gagner du temps, le temps que je fasse quelques pas devant eux pour chercher où était sa chambre. Son appartement était si vide, si lugubre si… Plat. On aurait dit qu’il ne vivait même pas ici, ou bien alors qu’il venait tout juste d’y emménager. Je palpais encore le terrain, je regardais les portes ici et là jusqu’à apercevoir ce qu’il pouvait ressembler de près ou de loin à une chambre. Un matelas au sol… Avec juste une couette même pas remise correctement et un oreiller qui était à côté du matelas.

- Par ici !

Hurlais-je pour que le taxi ramène Aloysius.

- Vous pouvez l’allonger s’il vous plaît ? Je vais lui préparer un verre d’eau et quelque chose de frais pour lui poser sur son front.
- Bien sûr et vous me payez après ma jolie ?
- Oui, oui.

Je détestais quand il m’appelait ainsi mais je ne traînais pas. J’allais à la cuisine lui préparer un verre d’eau, je fouillais pour trouver la salle de bain mais aucun gant à l’horizon. Il me désespérait… Je revenais alors dans la chambre, le chauffeur de taxi pianotait sur son téléphone tandis qu’Aloysius était sur ce matelas. Il était toujours… Ailleurs. Ses yeux étaient fermés mais il gigotait. Je posais le verre d’eau à côté de son lit et j’installais l’oreiller en dessous de sa tête pour le mettre un peu en hauteur. Le chauffeur s’était juste contenté de le mettre à plat sur ce matelas, au-dessus de la couette défaite sans rien faire de plus.

- Je vous dois combien ?
- 22$.

Je fouillais dans son porte monnaie que j’avais gardé sur moi et je lui tendis deux billets de 20.

- Gardez la monnaie, vous pouvez partir, merci, je m’occupe de lui.
- Je peux vous inviter à boire pour compenser si vous voulez…
- Non… Non merci mais c’est gentil.
- Dommage que cet homme soit votre oncle, il a de la chance.
- Partez s’il vous plaît. Merci.

Je le forçais à quitter les lieux, le raccompagnant jusqu’à la porte le mettant dehors tant il ne semblait pas décider à partir. Dans quel pétrin je m’étais fourrée ? Je revenais dans la chambre d’Aloysius, il était en sueur. Je ne pouvais pas le laisser ainsi, vraiment pas.

- Vous allez me détester, mais je n’ai pas le choix.

Je devais lui enlever sa chemise pour le faire respirer, il était à l’agonie sous cette couche de tissu. Je déboutonnais maladroitement les boutons de cette dernière, j’essayais de penser en tant que Médecin et non en tant qu’Essence mais c’était trop compliqué. J’arrivais au bout et je la séparais en deux pour finir par voir l’état dramatique de ses côtes.

- Pourquoi vous m’avez porté sur votre épaule alors que… Je suis stupide il comate à moitié il ne va pas me répondre.

Oui j’avais osé dire cela à voix haute. J’avalais ma salive et doucement je soulevais son bras droit pour lui retirer sa chemise, je fis de même avec le gauche pour soulever délicatement sa tête et tirer sur le vêtement. Il était torse nu et il avait des marques partout. Certaines étaient profondes, d’autres étaient déjà refermées vu qu’il avait dû se les faire il y a bien longtemps mais ses côtes était bleutées voir violettes à certains endroits. Il avait du sparadrap ici et là mais je ne comprenais vraiment pas pourquoi on l’avait laissé ressortir aussitôt.

- Qu’est-ce que vous me faites faire, sérieusement…

Je me relevais avant de fouiller dans ses affaires. Je cherchais un vieux tshirt que je pouvais tremper pour le mettre sur son front et un autre pour humidifier son torse histoire de faire baisser sa température tout en rafraichissant ses blessures. J’avais attrapé deux t-shirts blancs, simples et je me précipitais à la salle de bain. Je trempais un premier tshirt entièrement pour ensuite venir le plier pour qu’il soit le plus petit possible. Quant à l’autre, je trempais juste un bout de manche pour son torse, comme si c’était une sorte d’éponge ou de gant. Je retrouvais vite sa chambre avant de m’installer au sol à ses côtés. Je me mis à genoux et sans prévenir je mis le premier t-shirt sur son front.

- Ca va aller, fermez les yeux… Dormez. Vous en avez besoin.

Je ne savais même pas s’il m’entendait correctement mais je ne me voyais pas ne pas lui parler. Il n’était pas mort après tout, juste sonné, épuisé… Il était désormais 3h du matin et je pouvais mettre ma main à couper qu’il devait être debout depuis bien longtemps. Prenant ensuite en main l’autre tshirt, je vins tremper la manche mouillée sur le haut de son torse que je sentais brûlant même à travers le tissu. Qu’est-ce que je faisais ? Là j’étais officiellement suicidaire. Quand il ira mieux, il allait me sermonner, me disant qu’il n’avait pas besoin de moi, que j’étais conne… Je connaissais le discours désormais.

Je soufflais doucement, laissant son tshirt sur son torse, je vins lui retirer ses chaussures. Ce n’était pas bon de dormir chausser et pour une meilleure circulation sanguine, c’était conseillé. Il avait des chaussettes mais je préférais lui laisser…  Les pieds et moi…. Non. Je soufflais une nouvelle fois, rabattant tant bien que mal la couette jusqu’à son nombril, recommençant à rafraichir son torse du tshirt, remontant un peu vers son cou et le bas de ses joues. J’étais stupide, il avait raison. Je devrais apprendre à dire « non » ou à être plus « sans cœur ». J’étais ici à cause de lui, car il m’avait forcé à monter dans ce taxi et désormais je prenais soin de lui, j’étais irrécupérable. J’aimerais juste être dans mon lit, dormir… Mais non… J’étais ici, avec lui, dans cet appartement que je ne connaissais même pas et je ne m’y sentais pas à l’aise… Pas du tout. Mais si j’avais sa mort sur la conscience ou s’il refaisait un malaise important… Non. Il était trop amoché et sonné.
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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyLun 20 Nov 2017 - 7:53

essence & aloysius

L’inconscience est si belle au départ. Si douce. Elle le happe, l’étreint, le cajole. Farquharson ne voit plus qu’elle, caresse ses contours comme s’il s’agissait de courbes féminines. Ses paupières sont si lourdes qu’il a envie de les laisser faire : se fermer enfin, rejoindre l’obscurité de l’espace onirique. Il ne compte plus les heures passées sans dormir. Cette journée est si longue qu’elle semble sans fin, et tout d’un coup, il est trop las pour lutter contre les éléments. Les injures d’Essence, son naturel qui le contrarie par principe, tout cela le fatigue jusqu’à un point de non-retour. Pourquoi s’en inquiéter ? Pourquoi se préoccuper de son sort ? Elle l’a dit, le lui a répété, ces mots qu’il a prononcé lui-même durant cette mission totalement avortée : elle n’a aucune importance. Morte ou vive, quelle différence ? Il finira par avoir le démon qui la pourchasse. Il l’aura parce qu’il ne vit que pour cela depuis des jours. Il n’en dort plus. Il cohabite avec les images horribles des sacrifiées. Il ne voit plus qu’elles, toutes autant qu’elles sont. Toutes ces filles, tous ces cadavres imparfaits dont les énigmes le fascinent et le rendent fou. Une nuit il a rêvé qu’il retrouvait Essence. C’était juste après l’intermède dans sa chambre. Il la retrouvait dans un no man’s land, dévêtue, comme les autres. Le corps lacéré ici et là. Et lui, il ne pouvait que voir. Ses pieds enlisés dans le sol, il voulait s’approcher mais se retrouvait statufié. Puis il regardait son corps mi-femme, mi-enfant, s’enliser dans des noirceurs étranges, qui prenaient la forme d’un goudron noir épais. Elle disparaissait là, sous la terre pourrissante. Spectateur incapable, pieds et poings liés par une terreur sourde, il ne pouvait rien faire. Condamné à l’impuissance. Cette impuissance qui le ronge de l’intérieur, c’est un champignon corrosif qui se déploie en lui de façon tentaculaire. Plusieurs fois il a refait ce rêve, parmi d’autres qui le tourmentent. Plusieurs fois il l’a fait, jamais il ne l’a accepté. Il y pense furtivement juste avant de sombrer, serre la mâchoire, croit pouvoir refouler les images. Mais c’est la fièvre qui se pose sur son front, vient raidir sa nuque et embraser son corps dont la température augmente peu à peu.

Tout est insensé en fond sonore. Il dort. Ou peut-être pas finalement. Il a envie de rire parfois, sans aucune raison. Mais tout ne se passe que dans sa tête. Son corps devient éminemment lourd, pèse contre celui du chauffeur de taxi qu’il ne reconnaît même pas. Est-ce qu’on le porte ? Est-ce qu’on le traîne ? Ses jambes sont comme du coton, il ne les sent même plus. Il reconnaît la voix d’Essence, un peu fluette, là-bas, quelque part. Elle tinte comme une clochette délicate à son oreille. Que dit-elle ? Que veut-elle ? Encore le fustiger sans doute. Elle ne sait faire que cela. Cela et rougir. S’indigner comme une innocente petite fille. Que dirait-elle si elle savait, les pensées indécentes qui plus d’une fois lui ont effleuré l’esprit la concernant ? Cette fois dans la cuisine par exemple, où il se vit pendant une fraction de secondes l’empoigner par les hanches, la caler sur le plan de travail, s’insinuer entre ses cuisses pour lui arracher des gémissements d’une candeur factice. Aurait-elle rougi alors ? Comme chaque fois qu’il se rapprochait d’elle ? Comme chaque seconde où consciencieusement il s’attarde à la regarder, juste pour le plaisir de la déstabiliser. C’est un jeu discret auquel il se prête. Qui ne fait aucun mal tant que la pensée ne demeure qu’une seconde. Et ça n’est jamais allé au-delà de la pensée furtive la concernant. Sauf depuis qu’elle a décidé de montrer un semblant de caractère derrière son image trop lisse, les pensées se multiplient, s’attardent. Il s’efforce de les chasser, y arrive la plupart du temps. Cela revient comme un refrain lancinant. Malsain, il rêve de broyer l’innocence qu’elle dégage, de froisser cette jeunesse qu’elle incarne et qui le débecte. Mais en même temps quelque chose chez elle l’attire, comme si elle était détentrice d’une partie de sa rédemption. Il se trompe sans doute, se fourvoie.

Mollement son corps retombe sur quelque chose qui ressemble de près ou de loin à un matelas. Un grognement de douleur le traverse, ses côtes rugissent. Il bouge à droite, puis à gauche, se tord comme un beau diable sur son lit. Dans sa tête il s’imagine chasseur de cette fièvre qui le taraude. Son corps se rebelle sans doute, cherche à pousser la sonnette d’alarme. Il sent un courant d’air frais chatouiller son épiderme. Ses membres sont lourds, mais dociles alors qu’elle s’affaire à le déshabiller. Seuls ses sourcils se froncent un peu. Il réagit lorsqu’elle impose à sa peau brûlante la morsure du linge froid et humide. Ses paupières balbutient, des images lui parviennent par bribes. Dans la pénombre de sa chambre il distingue un visage, indistinct, informe. Il entend une voix insensée. Sa tête bouge de droite à gauche encore, mollement il cherche à la repousser mais c’est finalement à son propre délire qu’il se heurte. Nourri par la fièvre qui n’en finit pas de grimper, Aloysius semble avoir un sursaut de lucidité. Seulement pour prononcer un :

« Aghna … ? » interrogatif, alors que ses doigts éperdus se lèvent dans le vide, cherchent à caresser ce visage qui lui apparaît, qui n’est pas celui qu’il espère. Plus il s’en approche, plus ce dernier disparaît : il vient de se rendormir. Plus paisiblement cette fois, ses bras reposant de part et d’autre de son corps.

Il dort. Le vide est complet. Il n’entend rien. Il a moins chaud, mais son cœur s’affole davantage dans sa poitrine. Il l’entend qui cogne avec puissance. Peut-être s’est-il passé une heure, ou deux. Il n’a aucune notion du temps qui s’écoule. La fièvre est redescendue, remplacée par les terreurs glaciales habituelles qui l’habitent chaque fois qu’il disparaît et se perd dans la dimension onirique. De l’extérieur, on ne voit que son corps qui bouge un peu, ses muscles qui se contractent, sa bouche qui murmure des mots insensés. Aghna. Le prénom revient souvent, comme s’il la pourchassait. Aghna qu’il soupire, qu’il implore, qu’il pleure, qu’il ignore, qu’il injure, qu’il maudit. Elle est partout, elle n’est nulle part. Ses membres recommencent à s’agiter, réveillant les douleurs dans ses côtes qui rendent sa respiration plus sifflante. Dans ses rêves il coure, encore, jusqu’à s’essouffler. Il coure mais il ne sait pas après quoi, tout ce qu’il sait, c’est que sa vie en dépend. Les pulsations à ses tempes ont un rythme effréné à présent, l’étourdissent. La silhouette évanescente disparaît pour le laisser seul, désemparé, animé par une colère sourde. Chargé de toute la haine dont il est capable, il se retrouve face à un homme sans visage. Celui qui le nargue. Celui qui le hait. Celui dont il ignore tout mais qu’il sait, pourtant, mieux que personne. Démon enragé il se jette sur lui, l’empoigne en rêvant de le fracasser en deux, de déverser toutes les aigreurs qu’il a su faire naître en lui. Mais dans la réalité, son rêve se traduit d’une toute autre manière. Il y a Essence, peut-être, qui s’efforce de le réveiller. Elle y parvient sans doute, sauf que lorsqu’il ouvre les yeux, sur le coup, encore dans son délire, ce n’est pas son visage qu’il voit. S’incarne à la place de sa silhouette frêle celle de celui qu’il hait. Alors d’instinct, ses doigts l’empoignent, la font basculer. Sa main, aussi solide qu’un roch vient de se refermer autour de son cou. Plaquée sur le lit, l’écrasant de son poids, sans s’en rendre compte, il l’étouffe, pantelant, enragé par la fièvre qui le taraude. Il aurait presque pu briser sa nuque si seulement d’un coup, la conscience ne lui était pas revenue.

« Essence … ? » murmure-t-il dans un souffle interdit, se retrouvant nez à nez, enfin, avec la terreur qu’il lit dans ses yeux. Terreur qui le paralyse, le glace d’un effroi tangible. Instantanément il desserre sa prise autour de sa nuque, soulève ses doigts, un à un, demeure mutique. Le reste de son corps refuse de bouger, une sueur froide dévale le long de sa colonne vertébrale. Il tremble, comme si d’un instant à l’autre, tous ses muscles allaient céder. Il s’en veut, il se hait. Tellement qu’il ne sait plus ce qui est.



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Message(#)ALOYSIUS&ESSENCE ♦ You're the demon of my nights EmptyLun 20 Nov 2017 - 8:47

brisbane, australia, 11th november 2017, 04:57am

Qu’est-ce que je faisais là ? Vraiment ? Chez Aloysius, à plus de 3h du matin. Je me désespérais vraiment, je ne faisais que me répéter cela depuis l’hôpital. Depuis que j’avais accepté de l’aider à remplir ce formulaire… Formulaire qui n’avait servi à rien à part savoir son adresse. J’étais là à m’assurer que la température de son corps se maintienne, sans qu’il n’ait trop chaud, ni trop froid. Je murmurais ici et là, parlant dans le vide. Je me mettais même à fredonner parfois. Le temps passait si lentement tant tout était calme autour de moi. Autour de nous. Aloysius semblait entre deux mondes, yeux mi-ouverts, mi-fermés, je n’osais pas le bousculer, je le laissais trouver son propre équilibre, les cachets devaient bien le mettre dans tous ses états après tout.

Mes yeux se fermaient peu à peu, j’étais fatiguée. Je continuais de caresser son torse à l’aide du t-shirt tiède mais mes mouvements se faisaient de moins en moins rapides. Je luttais contre Morphée mais la voix d’Aloysius me réveilla. Je sursautais et sans rien comprendre, il touchait mon visage de sa main presque froide. « Aghna… » Avait-il dit.

- Aghna ?

Répétais-je, tandis que d’un geste inconscient ma main vint se poser sur la sienne qui caressait fébrilement ma joue. Il devait rêver… Doucement, je reposais son bras sur le lit, arrêtant de caresser son torse. Je sortais le t-shirt mouillé, le laissant au bout du « lit » tandis que je remontais la couette un peu plus haut pour qu’il ait chaud. Que devais-je faire désormais ? Rester ? Partir ? Il semblait calmer… Mais si quelque chose se passait mal après mon départ ? Et comment allais-je rentrer ? Je n’avais pas d’argent et j’avais bien trop peur de rentrer toute seule, à pied. Surtout de chez Aloysius à chez moi, je n’avais aucune idée de quel chemin prendre. Je soufflais… Mon Nokia 3310 ne me servait à rien dans ce genre de situation, pas de GPS, pas de Google Maps… Alors, je préférais veiller sur lui quitte à qu’il me hurle dessus, me traitant d’inconsciente ou de petite conne, encore une fois. Je recalais son oreiller sous sa tête et je posais mes fesses au sol. Être à genoux tout le temps commençait à me faire mal et me démangeait. J’enlevais mes chaussures pour être pieds nus et je me calais à une armoire, juste derrière mon dos. Je ramenais mes jambes à moi, entourant ces dernières de mes bras et je regardais Aloysius… Je le regardais jusqu’à que mes yeux se ferment tout seuls.

04h57.

J’étais allongée à côté d’Aloysius, mon corps au sol tandis que j’avais pris un coin du matelas en guise d’appui-tête. J’avais enlevé mon manteau pour m’en servir de couverture et je laissais mes jambes traîner au sol. Je dormais profondément jusqu’à que je sente quelque chose de bouger autour de moi. Je me levais en sursaut et je vis Aloysius s’agiter dans tous les sens. Pitié qu’il fasse un cauchemar et non une crise de nerf, ou quelque chose d’encore plus grave.

- Aloysius ? Aloysius ?!!!

Je me sentais impuissante. Il avait les yeux fermés et il s’agitait tellement que je crus recevoir de justesse une baffe de sa part. J’avais plaqué son bras sur le lit, le maintenant de mes deux mains mais je lâchais ce dernier pour venir prendre la tête d’Aloysius entre mes mains glaciales.

- Réveillez-vous… Ca va aller, ce n’est qu’un rêve…

Il susurrait des choses à peine audibles et je vis des gouttes de sueur dégoulinaient le long de ses tempes. Que devais-je faire ? Le gifler ? Le réveiller ? Lui jeter au visage le verre d’eau que je lui avais préparé tout à l’heure et qui était encore à côté du lit ? Non, il allait me tuer.

- Je vous en prie, arrêtez…

Il se réveilla. Ses yeux s’ouvrirent en grand, ses pupilles étaient dilatées. Je le sentais trembler et la température de son corps avait augmenté, je le sentais rien qu’en touchant ses joues. Je n’eus le temps de rien dire qu’Aloysius se jeta sur moi littéralement et me bascula sur le lit pour venir me dominer de toute sa hauteur et ses mains encercler mon cou et il le compressait… Encore et encore. Ses doigts se crispèrent autour de mon cou, appuyant sur ma glotte. Je ne pouvais pas parler et je sentais que je manquais d’air petit à petit. Mes yeux grands ouverts le regardaient fixement mais il ne semblait toujours pas me reconnaître. J’avais peur, je tremblais, je n’arrivais pas à parler tant ma gorge se faisait serrer et se détruisait seconde après seconde. Mes deux mains entouraient le poignet d’Aloysius qui compressait mon cou et j’essayais de le repousser, jusqu’à planter mes ongles dans sa peau pour qu’il ressente comme une sorte de démangeaison mais rien à faire… Il ne lâchait pas et ma vision se troublait. Mes yeux devaient être rouges vifs, vitreux et par je ne sais quel miracle, il me reconnut après de longues secondes qui m’avaient paru une éternité.

Nous étions nez à nez, je sentais son souffle faire des ricochés sur mon visage. Ma poitrine sous mon débardeur de nuit caresser son torse bouillant tandis que mes jambes étaient de part et d’autre autour de son corps. J’étais immobilisée, complètement. Je laissais mes mains autour de son poignet et il lâchait son emprise autour de mon cou. Doigt après doigt mais il semblait paralyser. Je me mis à tousser fortement, ma toux était grave et je lâchais à mon tour se poignet. Je toussais encore, je n’arrivais pas à m’arrêter. Il m’avait pris de court et je n’avais rien su contrôler. J’étais sous le choc, tétanisée, je savais qu’il ne m’aimait pas mais jamais je n’aurais imaginé qu’il puisse en arriver… Là. Je savais que ce n’était pas contre moi, du moins… Là. Il était perdu, désorienté et avait fait un mauvais rêve.

Je toussais encore, sentant ma poitrine se lever et se soulever dangereusement. J’essayais de retrouver un souffle normal mais là j’étais encore sous l’emprise de la panique. Mon cœur allait littéralement sortir de ma poitrine mais je devais parler… Et s’il était encore en crise ?

- Oui… C’est…. Moi… Essence.

Ma voix était cassée, parler me faisait mal. Je le regardais dans les yeux et je ne voyais pas l’Aloysius de d’habitude. Je voyais un autre homme ce soir, je voyais le Aloysius perdu dans ses démons. Je pris délicatement ses doigts encore autour de mon cou et je repoussais avec douceur sa main. Si je le brusquais, si je le repoussais j’avais peur qu’il soit encore plus énervé et qu’il recommence à m’étrangler en me prenant pour un intru fort dangereux.

- Ca va aller… Calmez-vous…

Je recommençais à tousser posant sa main sur le matelas. Il était si proche de moi que ça me déstabilisait, je ne savais même pas si j’avais le droit de le toucher. Il serait capable de me gifler vu l’état dans lequel il était. Alors, gênée, je tournais ma tête, cachant mon visage de mes cheveux tandis qu’une de mes mains vint caresser mon cou blessé. Je reprenais peu à peu ma lucidité et une respiration moins saccadée.

- C’était qu’un cauchemar…. Rien qu’un cauchemar.

J’avais l’impression de rassurer un enfant après une grosse frayeur nocturne à cause d’un méchant monstre caché sous le lit, puis inconsciemment, ma main vint caresser son bras gauche comme pour le « rassurer » et lui dire « que ça allait » et que tout était réel. Je faisais juste de petits vas et viens sur ce dernier mais je n’étais pas à mon aise. Je sentais mes doigts trembler sur sa peau et ses yeux rivés sur moi qui devaient chercher à différencier le réel de l’imaginaire.

- Aloysius ?....

Mes yeux revinrent sur son visage tandis que ma main quittait son bras, j’essayais de me redresser en m’accoudant mais son poids mort m’empêchait de bouger comme je l’entendais.
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