L’arrivée de Ryleigh au salon change la dynamique dans la seconde, et c’est bien un frisson que je crois voir passer le long de la colonne vertébrale de Charlie, le rose aux joues de laisser son regard dériver vers la poitrine de l’anglaise, la peau dénudée qu’il salive déjà de pouvoir observer au moindre mouvement, même minime. Les mecs et leur envie de chair fraîche, qui, malgré le parfum que la brune dégage et ses mèches parfaitement propre, semble venir de loin. Ils se connaissent de l’enfance, Charlie s’assure de le re-préciser avec le ton sec de celui qui a été frustré à un moment ou un autre. C’est l’oeil brillant que je me penche dans la direction de Ryleigh pour tenter de lui soudoyer quelque chose, n’importe quoi, au sujet de notre pote commun. Elle me promet d’être plus loquace le jour où les verres seront multipliés, et le plan ne tombe certainement pas dans l’oreille d’une sourde. « Count me in. » et un petit coup d’oeil de biais à Charlie, pour qu’il sache, et pas juste se doute, que ce jour-là sera jour de fête, le moment où je pourrai enfin éclaircir les mystères que sa jeunesse de jeune riche brit nous a caché à Tad et moi. Parlant de Cooper, c’est plus qu’amusée que je remarque qu’il est lui aussi tout sauf insensible aux charmes de la nouvelle venue. En d’autres temps, à d’autres époques, ce genre de commentaire m’aurait piqué, dérangé, agacé ; mais les récents événements, et l’espèce d’aura de lâcher prise qui flotte au-dessus de nous deux ne me donne pas le droit, ni même le goût, de douter de whatever’s going on. Je choisis l’humour, arrosé de scotch. « C’est sûr que si tu compares, avec ta Jillie-au-col-roulé, on en est loin. » de ce que j’avais entendu au sujet de sa peintre de copine, elle n’était pas trop du genre à se pavaner de la sorte pour le plaisir des messieurs. De toute façon, je ne pense pas que Charlie aurait pu survivre à deux femmes dans le même état, lui qui a des sueurs froides, lui qui a la remarque piquante, la vanne pas si cool que ça, lorsqu’il renchérit. Et je roule des yeux, secoue la tête, râle un peu plus. « Woah, Charles, on respire. » à contre-coeur, je mets fin à la chorégraphie aléatoire de mes doigts jouant avec le tissus du t-shirt de Tad pour poser la main sur l’épaule de Charlie, le secouer un peu. « Je sais que tu me lis religieusement et que t’as pris au pied de la lettre mes conseils de se la jouer détaché devant les nanas qui nous plaisent, mais chill out bro. » j’ignore si sa remarque au sujet du charme discutable d’antan de son amie a froissé la principale intéressée ou si elle s’en balance, mais notre récent bonding over la toilette et sa chasse m’a fait développer un genre d’instinct protecteur envers elle ; et c’est pas dit que le brun aura un ticket pardon facile. C’est la distraction qui revient se mettre le nez dans nos affaires, un rire innocent qui s'échappe de mes lèvres, avant de laisser mon corps pour toute réponse se lover contre celui de Tad, la tête qui prend appui sur le bras qu’il a glissé au préalable tout derrière. « Pourquoi ça t’intéresse autant? » qu’il en parle une fois, soit, qu’il remette le tout sur le tapis, ça cache quelque chose. Un besoin de projeter peut-être? « C’est pas exclusif, Tad est toujours dispo si besoin. » ou la frousse de ne pas avoir pu sauter son meilleur ami et ultimement amour de sa vie avant que je lui remette le grapin dessus. Aucune réponse n’aura le temps de rebondir, aucune vanne de poursuivre la joute, avant qu’Andy et SJ débarquent au salon essoufflés, complètement à poil, l’un hilare, l’autre effrayé. « Impressionnant. » toujours calée contre Cooper, je laisse mes rétines détailler effrontément l’anatomie en double qui s’offre à nous, pas le moins du monde gênée, l’oeil acéré qui enregistre le diptyque. « J’parle du serpent, of course. » à savoir lequel, ça, l'histoire ne le dit pas. Et ce qui manque aussi comme élément de chute, ce qui risque de tout changer sur l’ambiance qui règne dans l’appartement, c’est la réponse à la question suivante. « Et sinon, y’a quelqu’un qui a fermé la porte, ou? »
« J’ai de quoi répliquer. » fait un Charlie taquin, qui lui rappelle bizarrement le jeune adulte qu'elle avait connu. « Don't try me. » grogne-t-elle plus chaton que lionne -en partie parce qu'elle a un sourire jusqu'aux oreilles-. « En tout cas, moi, j’aimerais bien avoir une amie d’enfance comme ça. » commente Tad, ce qui est... un compliment ? En tout cas il a le sens de la formule. C'est pas très sympa pour ses amies d'enfance mais qu'importe. « Quoi ? J’ai dit une connerie ? » demande-t-il quand les trois autres participants à la conversation le regardent, tantôt amusés, tantôt un peu médusés par sa déclaration. « Crois-moi, il n’y a pas toujours eu autant à apprécier. » taquine Charlie et alors que Ryleigh fait mine d'être choquée par cette déclaration et qu'elle s'apprête à lui retourner un « tu peux parler », Ariane intervient. C'est pas si mal d'avoir une copine finalement. « Je sais que tu me lis religieusement et que t’as pris au pied de la lettre mes conseils de se la jouer détaché devant les nanas qui nous plaisent, mais chill out bro. » lance-Ariane en bonne défenseure de la cause féminine. Pauvre Charlie, il n'a pas l'ombre d'une chance si elles unissent leurs forces. Faussement boudeuse, Ryleigh décide de l'avertir de ce qu'il risque s'il continue de mentionner la période où la transition entre la fillette et la jeune femme était un peu un flou artistique et se penche pour murmurer à son oreille, effleurant son épaule dans un contact électrisant : « Tu voudrais pas que je leur montre une photo de ta période pantalons en velours, si ? » Avant de se rasseoir et d'attraper sa main pour la poser sur la sienne. Est-ce que c'est l'alcool qui aide ou juste un ras-le-bol d'être trop précautionneuse ? Elle en sait rien et elle s'en fout. Elle a juste envie d'un contact physique avec lui, un peu jalouse de l'aisance avec laquelle Ariane et Tad semblent coexister et s'apprivoiser. « Donc vous deux, c’est back on track depuis longtemps ? » demande un Charlie vachement intrusif, pour un sujet qui ne le regarde au fond pas vraiment. À moins qu'il ait un droit de regard sur qui baise qui ? « Parce que je devrais presque m’offusquer d’avoir été maintenu dans l’ombre aussi longtemps. » continue-t-il, toujours allergique aux secrets même les plus insignifiants et qui n'ont rien à voir avec lui. « Pourquoi ça t’intéresse autant? » claque Ariane avant d'ajouter : « C’est pas exclusif, Tad est toujours dispo si besoin. » Ryleigh manque de cracher sa gorgée de champagne par deux fois. La première à la remarque d'Ariane et au sous-entendu sexuel, la seconde à la vue de deux sexes érigés accompagnés des deux amis qui se sont enfermés dans les chiottes qui débarquent en courant dans le salon. « ANDY ! SEUNG ! WHA- » commence-t-elle offusquée de leur manque de pudeur alors qu'Andy lâche un :« Y’a un serpent dans la salle de bain. » qu'elle ne veut juste pas croire. Elle vit au quatrième étage, est-ce que c'est un serpent monté sur ressorts ? Sans vraiment vouloir trop y croire, Ryleigh laisse échapper un : « N'importe quoi ! Vous êtes encore bourrés ! » mi-amusé mi-consterné. « Et sinon, y’a quelqu’un qui a fermé la porte, ou? » fait Ariane, et en bonne hôtesse, Ryleigh décide d'y aller juste pour vérifier que les garçons ont halluciné, non sans tendre son kimono à Seung qui n'a pas encore eu la présence d'esprit de se couvrir l'asticot. Probablement le résultat d'une petite commotion cérébrale. Elle se fout d'être en petite tenue aux yeux de tous. Son corps elle le travaille en compagnie de Vittorio pour l'été mais si Charlie peut se rincer l'oeil dès ce soir... well... Deux secondes plus tard, après un petit cri, une mini-attaque et devant l'anaconda -qui ne paraît aussi gros que parce qu'elle vient de voir deux serpents miniatures dans le salon- qui occupe encore le trône de céramique et qui est en train de s'enrouler dans le câble de son fer à lisser. Comment a-t-il eu son fer à lisser exactement ? Ryleigh ferme la porte. Paniquée mais pas autant qu'elle pourrait l'être, l'alcool atténuant la violence de ses émotions. De retour dans le salon elle chope la flûte de champagne et la vide. « Ok. Il y a définitivement un serpent enfermé dans la salle de bain. Donc tous les deux, vous pouvez aller reprendre vos filouteries dans la master's bathroom, je voudrais pas que vous attrapiez froid... » dit-elle en pointant du doigt les deux zigotos cul nus avant de reprendre sa place aux côtés de Charlie, prétendant un frisson pour se blottir contre lui.
Dernière édition par Ryleigh Egerton le Jeu 15 Fév 2018 - 20:35, édité 1 fois
A voir la façon dont toutes les têtes se sont tournées vers lui, il a bel et bien le sentiment d’avoir dit une connerie. Il hausse les épaules, qu’est-ce qu’il risque après tout ? D’être pris pour un dégueulasse. Ça ne le changera pas de d’habitude, et puis, vu que Charlie a l’air décidé à noter l’effort vestimentaire de la jeune femme (quoique, il ne sait pas si on peut parler d’effort alors qu’il n’y a justement rien sur elle) Tad le fait. Ça en fera un sur deux. « C’est sûr que si tu compares, avec ta Jillie-au-col-roulé, on en est loin. » Voilà, c’est pas grand-chose, mais y’a de l’amertume dans cette pique gratuite envers Ginny. « Ouais, mais sa sœur rapproche du résultat, donc well. » Jilliane, la meuf complètement tarée. Il ne va pas plus loin dans les réflexions, ne vante pas trop le fait que well, les filles ayant des problèmes pathologiques sont vraiment dingue au pieux. « Woah, Charles, on respire. » Et l’attention vire à Charlie, ce qui n’est pas plus mal, Tad est lâche, il préfère cent fois qu’Ariane le vanne lui plutôt qu’elle s’intéresse à d’anciennes péripéties avec la sœur McGrath. . « Crois-moi, il n’y a pas toujours eu autant à apprécier. » Qu’il lâche, l’air bougon. Tad ne relève pas, il a les yeux qui se retiennent de trop fureté sur le corps de l’anglaise, parce qu’après tout, il a quand même Ariane dans les bras et si la chose est chill entre eux, il a conscience qu’il ne doit pas trop prendre ses aises. « Je sais que tu me lis religieusement et que t’as pris au pied de la lettre mes conseils de se la jouer détaché devant les nanas qui nous plaisent, mais chill out bro. » Et visiblement, Ariane n’apprécie pas la vanne, lui s’en fou. Il préfère avoir les doigts qui chatouille le corps de la rousse, alors qu’elle mène la conversation. « Tu voudrais pas que je leur montre une photo de ta période pantalons en velours, si ? » « Et c’était du patte d’éléphant ? » Il intervient, parce que ça, il veut savoir. Ça l’intéresse. Depuis que charlie s’est lancé à la recherche de vidéo compromettante à son sujet (Merci Ginny d’avoir craché le morceau) il espère bien récupérer une affaire au moins autant embarrassant. « Donc vous deux, c’est back on track depuis longtemps ? » Mais, il ne poursuit pas. Il revient sur eux. « Parce que je devrais presque m’offusquer d’avoir été maintenu dans l’ombre aussi longtemps. » En vrai, Tad n’avait pas cru bon d’en parler à qui que ce soit. C’est pas sérieux avec Ariane, c’est juste faire ce qu’ils savent faire le mieux ensemble. Et bon, maintenant que Charlie sait, ilse rend compte qu’il le gardait pour lui pour que Nadia ne l’apprenne pas. « Pourquoi ça t’intéresse autant? » Ariane agresse un peu. Tad finit pas répondre. « Depuis avant Noël. » A peu de chose près. Presque deux mois quand il y pense. Merde. « C’est pas exclusif, Tad est toujours dispo si besoin. » Qu’elle corrige, lui ajoute. « Tu t’rappelle notre discussion sur l’exclavage ? Bah voilà. » Tout ça pour dire que c’est entièrement physique. « ANDY ! SEUNG ! WHA- » Mais, le cri de Ryleigh vient changer la conversation, Tad se retourne et bien rapidement, ses mains quittent le corps d’Ariane pour aller cacher ses yeux de la vue des deux chibres dressés devant la bande. Il était clairement pas prêt pour ça. « Y’a un serpent dans la salle de bain. » lance le premier gars, Tad n’ose pas rouvrir les yeux. « Impressionnant. » balance Ariane, avant de corriger rapidement. « J’parle du serpent, of course. » Le choc l’empêche d’apporter toute réflexion à la suite de cette remarque. Faut pas croire, y’a des mystères que Tad aimerait garder mystérieux. « Et sinon, y’a quelqu’un qui a fermé la porte, ou? » Qu’elle demande, et là, ses doigts s’ouvrent, s’assurer que tout l’monde est à peu près visible, Ryleigh disparait et la révélation tombe devant Tad au moment où il aperçoit Seung en tenue d’Adam, puis le fameux Andy, tout nu, tous les deux. « PUTAIN SEUNG T’ES GAY ! » Et là, il tombe des nues. Il le revoit à tous les apéritifs dinatoires du quartier à faire le gosse parfait, il revoit ses parents insinuer que leur fils est meilleur et, sans pouvoir s’en empêcher, il éclate de rire, parce que c’est super drôle, tout l’monde ne comprend pas, mais là, il en peut plus. « Putain vieux ! Je comprends mieux ! » Claire que tout devient plus lumineux pour l’italien. Mais la conversation n’a pas le temps de poursuivre. Ryleigh revient avec une annonce. « Ok. Il y a définitivement un serpent enfermé dans la salle de bain. Donc tous les deux, vous pouvez aller reprendre vos filouteries dans la master's bathroom, je voudrais pas que vous attrapiez froid... » Et il tente d’étouffer son rire, bon con qu’il est, avant de reprendre un peu de sérieux. « Et c’est une si grosse bête que ça ? Non parce que, si t’as un bac et des gants. Je l’attrape. » Il hausse les épaules. En inspectant la pièce, il se rend compte qu’il est peut-être le seul à avoir passé sa vie en Australie et à donc ne pas avoir le réflexe d’appeler la police dès qu’une grosse bêbête entre chez lui.
C’était agréable de retrouver cette complicité avec Ryleigh, celle qui nous avait unis pendant dix-huit longues années de relation en dents de scie. Et je ne me faisais pas spécialement prier pour la taquiner, la poussant dans ses retranchements presque de bon cœur comme j’en avais eu l’habitude fut un temps. Et je ne pouvais décemment nier que si la quasi nudité de mon amie d’enfance me troublait, je m’en sentais pousser des ailes, d’autant plus lorsque Tad ne se faisait pas prier pour admirer la silhouette gracieuse de la brune sous mes yeux (presque) pas jaloux pour un sou. J’avais alors osé balancer une petite pique à l’attention de Ryleigh, juste pour le plaisir de la voir me remettre à ma place, mais c’était Ariane qui prenait le relais, me secouant légèrement : « Woah, Charles, on respire. Je sais que tu me lis religieusement et que t’as pris au pied de la lettre mes conseils de se la jouer détaché devant les nanas qui nous plaisent, mais chill out bro. » Et sa réaction me tirait un soupir exaspéré, me privant d’une réplique cinglante à n’en pas douter de l’anglaise. Mais pas si mauvais joueur que je semblais l’être, je rallais, l’air goguenard : « Quoi ? Tu veux dire que je fais fausse route depuis tout ce temps ? » Et c’était avec un certain amusement que j’entendais Ryleigh répliquer : « Tu voudrais pas que je leur montre une photo de ta période pantalons en velours, si ? » Aussitôt, les pires clichés de l’époque pris par nos parents me revenaient en mémoire, Tad venant y ajouter son grain de sel : « Et c’était du patte d’éléphant ? » Mais la main de la brune qui venait se saisir de la mienne me faisait bien vite perdre le fil de mes pensées, mes doigts cherchant à s’entremêler avec les siens dans un geste presque à demi-conscient, alors que ma peau au contact de la sienne semblait s’embraser. « Je ne vois vraiment pas de quoi vous parlez, c’était parfaitement seyant. » répliquais-je néanmoins, plus pour faire bonne figure que pour réellement lui donner le change. Et pour détourner l’attention de ce rapprochement physique manifeste, je questionnais Tad et Ariane sur leur propre relation. « Pourquoi ça t’intéresse autant ? » s’enflammait la rousse, continuant dans la lancée de ce petit jeu qui s’était établi entre nous depuis plusieurs années maintenant. « Depuis avant Noël. » était finalement intervenu Tad, sûrement pour éviter de nous voir nous affronter comme deux chiffonniers, et avant même que je n’ai pu ajouter quoique ce soit, Ariaine était venue mettre les choses au clair : « C’est pas exclusif, Tad est toujours dispo si besoin. » Elle me tirait un sourire amusé quand j’étais en réalité sincèrement content pour eux. « Tu t’rappelle notre discussion sur l’exclavage ? Bah voilà. » Pour toute réponse j’avais accordé à mon meilleur ami un hochement de tête, les lippes étirées dans un sourire en coin. De toute façon, l’arrivée fracassante de deux autres occupants de l’appartement qui s’étaient décidés à s’isoler pour une after party encore plus intime, avait tôt fait de couper court à la conversation. Tous attributs dehors, c’était à l’ensemble du groupe qu’ils faisaient bénéficier d’une vue imprenable sur leurs corps nus comme des vers. Et cette fois-ci alors que Ryleigh s’exclamait jouant les effarouchée, qu’SJ daignait nous donner une explication sur la situation actuelle et qu’Ariane appréciait visiblement la vue, profitant que Tad ait décidé d’occulter ses yeux derrière la paume de sa main, je me mettais à rire, d’un rire franc comme il m’en échappait relativement occasionnellement. Finalement Ryleigh s’était décidée à aller vérifier la véracité de leurs propos au sujet de l’animal présent dans la cuvette des toilettes, se débarrassant de son kimono pour permettre à SJ de dissimuler son intimité. Et oubliant absolument tout de mes principes de gentleman, garçon issu de bonne famille que j’étais, mes prunelles ne tardaient pas à se visser à la chute de reins de la demoiselle alors qu’elle s’éloignait pour rejoindre la salle de bain. Si Ryleigh cherchait à se jouer de moi, de mes sens, de mes sentiments pour me faire payer cette semaine d’attente que je lui avais imposé suite à notre dernière discussion, c’était réussi. D’une main de maître, elle avait réussi à me griller les quelques neurones qu'il me restait, rendant bien plus difficile ma prise de distance pourtant volontaire et assumée avec elle. Pour sûr, elle aurait ma peau. C’était Tad qui s’exclamait : « PUTAIN SEUNG T’ES GAY ! » qui me ramenait à l’instant présent, me vrillant les oreilles par la même occasion. Et j’étais clairement surpris de le voir en faire des tonnes avant de me souvenir que Tad n’avait pas assisté au rapprochement évident qui avait eu lieu entre les deux hommes pendant cette soirée de garde à vue. « Putain vieux ! Je comprends mieux ! » Et sa réaction pleine de candeur et de surprise m’amusait. « T’aurais vu comme ça chauffait entre les deux dans la cellule. » répliquais-je à l’attention de l’italien, adressant un petit clin d’œil aux deux intéressés qui étaient toujours culs nus dans le salon. « Ok. Il y a définitivement un serpent enfermé dans la salle de bain. Donc tous les deux, vous pouvez aller reprendre vos filouteries dans la master's bathroom, je voudrais pas que vous attrapiez froid... » les congédiait finalement la maitresse des lieux en revenant, terminant sa flûte de champagne d’une traite. « Y’en a une autre qui va attraper froid. » bougonnais-je finalement, réalisant que si je pouvais apprécier la vue imprenable sur son anatomie, il en allait de même pour les trois autres garçons qui se trouvaient avec moi dans la pièce et cette idée me dérangeait fondamentalement, me rappelant cette sombre histoire de photos qui avait été évoquée plus tôt dans la nuit entre Andy et elle. Et c’était avec un soulagement certain que je la voyais reprendre sa place à mes côtés, venant se blottir contre moi, atténuant presque cette pointe de jalousie qui avait trouvé place au fond de mes entrailles. Cette fois-ci c’était bel et bien un frisson qui s’emparait de moi, prenant sa source à la pointe de mes pieds, remontant lentement le long de mon échine pour venir hérisser les quelques cheveux qui trouvaient racine sur le haut de ma nuque. Mais j’accueillais cette initiative de sa part avec bonheur, passant un bras autour de ses frêles épaules pour venir la serrer contre moi, sa tête trouvant repos sur mon torse, à l’endroit même où ce qui me servait de palpitant avait commencé à s’emballer, battant la chamade dans ma poitrine. Distrait et clairement perdu dans mes pensées, j’étais venu caresser du bout des doigts son bras, imprimant à ma main un mouvement d’allers-retours réguliers. J’avais de plus en plus de mal à ignorer le fait que Ryleigh, à moitié nue, se trouvait dans mes bras à la recherche évidente d’un peu d’attention et d’affection de ma part. « Et c’est une si grosse bête que ça ? Non parce que, si t’as un bac et des gants. Je l’attrape. » demandait Tad et j’avais ri : « Au moins autant que celle dans le pantalon d’Andy. » ne pouvais-je m’empêcher de souligner, hilare. « Mais vas-y, montre nous quel véritable australien tu fais. » répliquais-je finalement, un brin provocateur et pas spécialement contre l’idée de me retrouver un instant seul à seul avec Ryleigh.
Blottie tout contre lui elle sent la tiédeur des nuits estivales australiennes s'évaporer pour laisser place à une chaleur plus envahissante. Ses doigts sur sa peau lui font perdre le fil de la conversation et bientôt elle se retrouve à fermer les yeux, savourant la délicate caresse sans vraiment se sentir concerner par ce qu'il se passe autour. Elle en arrive même à oublier la tête que ferait son père s'il la voyait ainsi exhibée aux yeux de quatre hommes à la sortie d'un passage en prison. Et pourtant c'est généralement le standard qu'elle s'applique à respecter : ne pas faire avoir un accident vasculaire cérébral à son paternel. Tant pis, qu'il souffre, ce soir elle lâche prise. Distraite mais pas complètement dans la lune elle finit par attraper la main de Charlie qui sillonne sa peau. Cette intimité entre eux est toute nouvelle et pourtant confortable, comme une vieille amie qu'on ne connaît plus mais avec qui la discussion se fait sans mal. « Désolée mais on va vous fausser compagnie. » dit-elle ça sans vraiment prendre la peine de lui demander son avis et sans porter attention aux regards qui fusent dans sa direction. Elle doit se rendre à l'évidence qu'elle est un peu plus entreprenante que Charlie ce soir. C'est pas très étonnant, Charlie est en compagnie de toute une bande d'amis devant qui il a une réputation à maintenir et en particulier devant Ariane qui a l'air d'être particulièrement à l'affut du moindre détail, de la moindre faille dans le masque. Impérieuse quoique légèrement enivrée, elle le guide à travers le salon, passe devant la porte scellée de la salle de bain d'invité qui contient la métaphore du péché originel et entre dans sa chambre, ne prend même pas le temps de s'arrêter pour considérer la possibilité de le mener sur son lit. Elle préfèrerait, mais avec Seung et Andy qui vont finir par traverser la pièce s'ils veulent accéder à sa salle de bain personnelle, Ryleigh préfère ne pas prendre le risque d'être surprise en pleine séance de pelotage, ce genre de situation est marrant quand on a quinze ans, beaucoup moins quand on en a vingt-sept. Refermant la porte de son dressing, qui est assez grand pour qu'on y organise une fête et qui est meublée de son propre divan, pour les jours où elle ne peut se décider quant à quoi porter. C'est la première fois qu'elle lui fait face en si petite tenu, bien sûr il l'a déjà vue en maillot de bain, mais c'est différent, il n'y a jamais eu cette tension entre eux ou du moins pas aussi visiblement. Ses saphirs se perdent dans son regard aux reflets complexes de brun, jaune et vert. Ils savent tous les deux ce qui va suivre, ou alors Charlie est bien moins malin qu'il n'en a l'air. Elle a attendu toute sa vie qu'il prenne les devants, fasse le premier pas et ce soir elle comprend qu'il a peut-être attendu la même chose d'elle, alors, parce que Ryleigh n'a pas l'intention d'attendre une seconde de plus, elle lâche sa main et attrape le col de sa veste avant de se hisser sur la pointe des pieds refermant l'écart entre leurs deux visages, laissant grimper la tension. Prête à la déflagration qui se propage déjà dans son corps alors que ses lèvres ne font qu'effleurer les siennes. Elle a fait le plus dur, mais parce que son égo et ses rêves de gamine sont durs à mettre de côté, elle finit par murmurer, un sourire enjôleur aux lèvres, contre sa bouche : « Embrasse-moi. »
A l’instant même où Ryleigh était venue se blottir contre moi, l’agitation environnante n’avait plus eut qu’une importance secondaire à mes yeux. J’avais tâché de faire bonne figure, de dissimuler mon trouble évident en maintenant une expression neutre, de tenir mes prunelles loin de ce corps qui s’exposait peu à peu sous mes yeux ébahis, de continuer à alimenter la conversation avec mes amis histoire de justifier ma présence face à eux. Mais j’avais la tête à tout autre chose et j’arrivais peu à peu à saturation, mon cerveau à peine capable de se souvenir qu’il fallait que je respire encore, maintenant que le parfum de Ryleigh m’enivrait comme aucun autre. C’était la brune qui attrapait ma main qui courrait toujours sur sa peau délicate qui me tirait de mon songe pour me ramener doucement à la réalité. « Désolée mais on va vous fausser compagnie. » Suivant la belle qui me tirait par la main sans opposer de résistance, j’avais tout de même accordé un dernier regard à Tad et Ariane, un demi-sourire illuminant mes traits bien trop sérieux jusqu’ici. Je la laissais me guider dans son appartement que j’avais brièvement visité lors de ma dernière visite, pénétrant dans sa chambre et m’étonnant de la voir continuer quand bien même nous étions désormais devant son lit. Sans formuler à voix haute mes interrogations cependant, je la suivais dans ce qui s’apparentait à un dressing presque honteusement gigantesque s’il n’avait pas été légèrement plus petit que celui que j’avais été habitué à voir dans la chambre de mes parents à Londres. Elle se détournait un instant pour refermer la porte derrière nous, atténuant aussitôt la discussion qui suivait son cours dans le salon, avant de se retourner pour me faire face. Et pour la première fois de la soirée je laissais mon regard savourer sans la moindre honte ni la moindre gêne, sa silhouette gracieuse qui s’avançait de nouveau vers moi. Mes yeux étaient aussitôt revenus à la rencontre des siens, un nouveau frisson s’emparant de moi alors que je réalisais ce qui était en train d’arriver. C’était un moment que j’avais attendu toute ma vie sans jamais avoir réussi à me l’avouer réellement, pas même ce jour-là où j’avais fait un pas dans sa direction avant qu’elle ne me tourne le dos. Et c’était un raz-de-marée d’émotions qui m’assaillait aussitôt : une impatience difficile à contenir, une fierté indéniable de voir cet instant prendre forme et une angoisse bien présente rongeant mes entrailles, entre autres sentiments que je ne parvenais pas à isoler. Et si ça ne valait pas le coup ? Et si nous avions passé des années à nous torturer pour réaliser maintenant, au pied du mur, que ça n’en valait tout simplement pas la peine ? Il était loin le Charlie sûr de lui et de ses charmes, doué avec les femmes. Parce que Ryleigh, c’était l’accomplissement de toute une vie, un rêve que j’avais simplement caressé du bout des doigts sans jamais penser pouvoir un jour y goûter réellement. Parce qu’elle ne respectait aucune règle et qu’elle sortait tout simplement des standards ridiculement bas de toutes les autres qui étaient passées avant elle. Et il n’y avait que la chaleur de sa main dans la mienne qui me permettait de croire que tout ceci n’était pas qu’un rêve mais bel et bien la réalité. D’ailleurs, elle finissait par relâcher son emprise sur ma main pour venir s’accrocher au col de ma veste et mon bras venait doucement se loger dans le creux de ses reins pour la soutenir alors qu’elle montait sur la pointe de ses pieds. Incapable de quitter ses prunelles azur du regard, j’attendais la suite, le sang battant désormais à mes tempes dans l’expectative de ce qui allait suivre. Je la laissais prendre les commandes, m’en remettant à son jugement, constatant qu’elle était définitivement plus courageuse que moi. Je m’abandonnais totalement à son souffle chaud que je sentais venir s’écraser sur mon visage, à la chaleur de son corps tout contre le mien, au presque contact qu’elle établissait entre nos lèvres. Pour sûr, c’était définitivement mon enfer personnel, ma kryptonite, la seule femme capable de dompter totalement mon caractère pourtant pas facile à apprivoiser. « Embrasse-moi. » soufflait-elle finalement, en souriant, mutine et à mon tour mes lèvres s’étaient étirées pour lui offrir un sourire, un vrai, de ceux que je lui réservais à elle uniquement et ceux que je lui avais refusé pendant presque dix ans, aussi égoïste et têtu que je savais l’être. Et j’avais un instant détourné mon visage du sien, raffermissant pourtant mon emprise autour de sa taille pour la rapprocher un peu plus de moi, pour venir embrasser le contour de sa mâchoire. Et rien que le contact de la peau de ses joues contre mes lèvres suffisait à me bouleverser, me renverser, m’ébranler tout entier. Mais je voulais savourer chaque instant, agir comme il fallait pour une fois au moins, et puis parce que j’avais besoin de me faire doucement à cette idée surréaliste avant de me jeter dans le grand bain. « Donc cette proposition de l’autre jour, je suppose que ça tient toujours ? » avais-je murmuré du bout des lèvres pas loin de son oreille, entre deux baisers que je déposais sur son visage. Doucement, avec lenteur, ma main libre était venue se loger dans sa nuque, à la naissance de ses cheveux pour maintenir sa tête juste contre la mienne alors que mon visage était revenu faire face au sien. Et enhardi par les quelques mots qu’elle m’avait accordés, j’étais venu combler l’espace entre nos visages, mes lèvres se posant sur les siennes avec une délicatesse infinie. Et à l’instant même du contact tant désiré, je sentais mon cœur qui explosait dans ma poitrine, diffusant une chaleur réconfortante dans le reste de ma poitrine, puis de mon corps. C’était le genre de baiser dont on ne se remettait jamais, celui qu’on n’accordait qu’en se livrant tout entier à l’autre, celui qui nous retournait au plus profond de nous-même, bouleversant alors toutes les certitudes que l’on avait jusqu’à cet instant. Et à cet instant précis rien ne comptait plus que ce moment privilégié que nous passions tous les deux, ensemble à nouveau. Je m’abandonnais à ce baiser si puissant qu’il faisait taire toutes mes angoisses, reléguant bien loin dans le fin fond de mon esprit tourmenté ces conflits familiaux que personne d’autre qu’elle ne savait apaiser. Je serrais son corps contre le mien avec douceur et puissance à la fois, comme pour être certain qu’elle ne me filerait pas entre les doigts une fois de plus. Parce que je savais que maintenant que j’avais eu l’honneur de goûter à ses lèvres, je ne survivrais pas à l’idée de la perdre une fois de plus. Un simple baiser qui annulait ces neuf années de séparation forcée, qui scellait à nouveau ce pacte : elle et moi face au reste du monde.
Je ne sais pas plus ce qui se passait. J'étais nu, plus que ça j'étais dévoilé dans ce que j'étais. J'aurai ri en d'autres circonstances. C'était ce qui avait dans ma tête qui était mis à nu aussi et ça, je n'arrivai juste pas à l'accepter. Rien ne se passait comme j'avais prévu, parce que je n'avais rien prévu. J'étais pas prêt pour ça. Chacune de leurs phrases étaient des piques qui mettaient en lumière mes failles. Ils ne se rendaient compte de rien. Ça les faisaient rire. J'étais risible. Ça me faisait sentir encore plus nu que je ne l'étais déjà. Je ne sus trop comment je me retrouvais avec le peignoir de soie de Ryleigh dans les mains. Je l'attachais autour de mes hanches pour cacher mon sexe. La première réflexion d'Ariane n'était rien. Ce n'était pas forcément le sujet principal de son commentaire et je n'avais pas de raison d'avoir honte de mon corps. J'avais eu le vague espoir que notre apparition n'apparaissait pas si suspicieuse que ça, que j'avais encore une chance de m'échapper avec une blague. J'étais doué pour ça, normalement. Éviter encore et encore le sujet pour toujours avoir l'illusion du contrôle, c'était vraiment ma spécialité.
Je n'eus pas le temps d'ouvrir la bouche. Tad ouvrit sa grande gueule avant. Ses paroles résonnèrent avec violence dans ma tête. Voilà, j'avais l'étiquette que j'avais essayé si longtemps réussi à fuir. Il savait, il disait même mieux comprendre, ça le faisait rire. Je palis, un terrible sentiment de malaise me prenant. Sans que je m'en rends compte mes mains s'étaient crispés, ne sachant comment réagir. Ce n'était même pas l'angoisse de me dire qu'ils allaient me juger et me rejeter, non. C'était que s'il savait, le mur de protection, que j'avais mis pour empêcher toutes remarques que mes parents soient au courant, était en danger. J'aurai voulu le confronter, lui demander anxieusement de ne rien dire, de se taire. Je ne disais rien. C'était juste trop, beaucoup trop pour une seule nuit.
J'entendis Charlie rajouter son grain de sel, au sujet de la cellule de dégrisement. Je me rendais compte que je me souvenais même plus vraiment de ce qui c'était passé. Et mon mal de tête qui continuait de serrer mon cerveau comme un citron. Je voulais juste disparaitre, pour ne pas à avoir gérer ça. C'est ce que je fis. Toujours dans le même silence, n'ayant plus aucun argument pour me protéger parce que la vérité avait éclaté, je me détournai et allais dans l'autre salle de bain. Je fermais la porte derrière moi, oubliant de tourner le verrou. Je me pensais seul alors je me posais sur la cuvette des wc, après avoir jeté un coup d'oeil dedans, posant mes coudes sur mes genoux et cachant mon visage entre mes mains. Je venais bêtement de détruire ma possibilité de gérer ça à ma façon. J'avais pu le faire correctement avec Leonardo, j'avais espérer que j'aurai pu continuer ainsi, selon mes termes, en temps voulu. Ma chance était passée. J'étais un mélange d'émotions contradictoires. Je ne savais vraiment plu où j'en étais. Merde, j'étais devenu carrément drama queen. C'était peut-être ça être gay.
L’ambiance est drôlement divisée au salon. Entre Charlie et Ryleigh qui se font les yeux doux, mes tentatives pour en savoir plus et Tad qui essaie tant bien que mal de calmer le jeu de tout le monde avec son humour relativement discutable, ce n’est qu’une poignée de secondes plus tard que les choses deviennent beaucoup plus intéressantes, quand un Andy à poil et un SJ tout autant en tenue d’Adam débarquent en furie sous nos yeux. Je ne me gêne absolument pas pour admirer le spectacle, encore plus lorsque je remarque le Rivera qui en profite pour bomber le torse à l’approche de mes rétines sur sa peau nue, retenant un rire de le voir faire. Puis si la prochaine remarque caliente me brûle déjà les lèvres, c’est le moment idéal de tourner la tête vers Cooper devant son exclamation, les yeux ronds, sourcils froncés. « Tad. » SJ semble particulièrement atteint, déjà, et si je me fie à l’image qu’il me renvoie à l’autre bout de la pièce, ce n’est pas en lui criant dessus sur son orientation sexuelle qu’il va s’arracher la mine de pauvre petit chat battu qu’il arbore. Ma voix est concise mais pas sèche, et si l'avertissement est sérieux, je l’adoucit quand même en passant mes doigts dans les cheveux de Tad, l’ébouriffant au passage. « Charles. » lui par contre, il en rajoute, et c’est pas dit que je garde une expression moins fermée à son égard, roulant des yeux parce qu’excédée qu’en bons mecs ils n’aient même pas remarqué que leurs petites piques n’étaient pas des mieux reçues. Ryleigh casse le rythme en se levant, fesses à l’air ou presque, filant à la salle de bain pour s’assurer que tout ce qu’on en dit est vrai. Un serpent qu’elle confirme, et ça s’agite à mes côtés, Tad proposant d’aller le récupérer. Je m’active, l’aventure m'appelle, mais c’est une fraction de seconde plus tard que la silhouette de Seung se barre en vitesse grand V. « SJ? » comme une ponctuation, comme une question rhétorique, parce qu’il ne tournera pas la tête vers moi, encore moins vers nous. Parce qu’il ne va pas. Mon doigt se lève, pointe la direction d’où il est allé, intime à « Andy. » d’aller à sa rencontre, lui apporter un peu de réconfort comme lui et ses lèvres pulpeuses savent si bien faire - ça, je m’en doute. D’un drama on passe à un autre, les deux anglais qui profitent de la distraction pour aller s’adonner à des démonstrations de phéromones dans la chambre d’à-côté, et les allures de baisodrome que prend l’appartement n’est pas sans me faire sourire. Moi, tout ce que je veux, c’est une douche, et un énorme plat de n’importe quoi se retrouvant dans le frigo, gratiné de fromages hyper chers. « Viens, on y va. » et j'emboite le pas vers la piaule du serpent, Tad sur les talons. On se retrouve bien vite devant la porte de la fameuse salle de bain, prison du serpent selon les dires des autres. La main sur la poignée, j’y vais avec précaution, avant d’entrer la première, le Cooper qui ne met pas trop longtemps pour me suivre. « Tu savais pas? » la voix distraite, les yeux qui cherchent avec précision le moindre détail aidant à trouver le serpent à travers le marbre et autres installations sanitaires de luxe. « C’est aussi clair que pour Charles dans ma tête... » SJ et son homosexualité n’avait jamais était bien bien difficile à cerner pour moi, et le fait que Tad ne l’ait pas remarqué rend le truc presque mignon à mes yeux, au sens où à 95% du temps il était toujours aussi paumé face aux signaux envoyés dans tous les sens. « …. m’enfin, était. » l’image de Charlie probablement déjà les mains palpant les soutifs de Ryleigh comme un adolescent en rut me fait sourire. « Tu chasses ou c’est moi? » de retour au programme principal, et à la distribution des tâches.
Presque tout le monde y va de son petit commentaire. Ryleigh vous croit pas. Ariane est impressionnée. Tad découvre la sexualité de Jin. Ca commence à te faire marrer cette situation. Sauf que Jin a pas l’air amusé de son côté. Ryleigh donne sa robe de chambre en soie à Jin et tu en profites pour regarder la marchandise. Elle n’a pas l’air pudique la petite et ça te plaît bien. Par contre elle ne porte pas ce qu’elle a acheté l’autre jour avec toi. Mais ça reste agréable à la vue. Elle vous offre une autre alternative pour terminer votre douche. T’es impressionné par ce si grand appartement qu’elle a. T’aimerais bien pouvoir récupérer tes fringues quand même. Faut qu’ils trouvent une solution à cette histoire de serpent. Apparemment Tad est chaud pour s’en occuper. Charlie balance une vanne parlant de ton sexe. C’est plutôt un compliment d’être comparé à un serpent. Ca te fait marrer. Tu réponds quand même à Tad.
« Il est pas énorme nan. »
Tu veux juste qu’il ait assez confiance pour se lancer dans l’entreprise d’attraper le bestiaux.
« Le serpent. »
Tu préfères préciser de quoi tu parles et ça te fait rire une fois de plus. Jin s’en va et tu le regardes filer. Il avait pas l’air dans son assiette de ce que t’as pu apercevoir avant qu’il ne se retourne complètement. Ariane te fait signe de le suivre et t’allais le faire de toute manière. Tu balances ton coussin dans la tête de Charlie avant de te retourner pour suivre Jin dans l’autre salle de bain. Tu le trouves assis sur le chiotte, la tête dans ses mains.
« Jin ? »
Tu vas t’accroupir devant lui et tu poses une main sur son avant bras comme pour lui retirer les mains du visage. Pour qu’il te regarde. Tu sens que c’est mort pour reprendre la suite de votre programme et ça te fait chier quand même. Tu sens aussi que tu commences à te ramollir…
« Quoi c’est ce que Tad a dit ? »
Tu vois pas ce que ça pourrait être d’autre.
« Tu le connais ce mec ? »
Ce n’est pas ton cas, c’est pour ça que tu poses la question. Il doit le connaître pour être touché de la sorte. Toi t’as juste capté que c’était le booty call de Ariane et donc t’en as déduit que c’était un bon coup. Tu caresses un peu son poignet parce que c’est la que ta main se trouve à présent. Tu cherches à le réconforter comme tu peux.
« Allé tu t’en fou. »
Ou pas. T’en sais rien du tout mais tu cherches à lui faire penser à autre chose. D’ailleurs tu vas poser tes lèvres sur son visage, te disant que ça ne peut que lui faire du bien ce genre de chose. T’y déposes quelques petits baisers. Tendre.
La sensation de malaise me pesait énormément. Ça m'écrasait l'estomac et ne faisait qu'amplifier mes douleurs à la tête. J'avais été blessé, très stupidement blessé par ce qui venait de se passer. Je me trouvais con d'en faire tout un plat pour ça et d'un autre côté, je n'arrivai pas à contenir le fait que ça m'avait quand même fait mal. Assis sur les toilettes, je restais prostré, pour éviter tout le monde. Ce ne fut pas très efficace, car j'entendis mon nom résonné. Je ne levais pas la tête, me trouvant trop pathétique pour ça. Sa main sur mon bras me forçait cependant à devoir me montrer. Je n'osais pas le regarder dans les yeux, me disant qu'il ne comprendrait surement pas pourquoi j'étais dans cet état. Je ne comprenais pas ce qu'il faisait ici, avec moi. Je ne pensais pas qu'on s'était assez vu pour qu'il puisse se soucier de moi. Il aurait pu me laisser seul, mais non, il passait ses doigts sur ma peau et me posait même des questions. Je le dévisageais, indécis sur la façon de réagir à ça. Imperceptiblement, je me crispais à sa première question, détournant le regard ne rendant que plus évident que c'était le cas. Andy ne me lâchait pas, me demandant des précisions. Je restais encore la bouche close, n'ayant pas envie de me dévoiler, me trouvant déjà assez ridicule comme ça.
Ses doigts continuaient de remonter sur mon poignet et je le laissais, n'ayant pas envie de me battre. J'allais jusqu'à prendre sa main dans la sienne, cherchant le contact pour me rassurer. Il essaya de me réconforter avec des mots d'encouragements. Ça eut l'effet tout contraire. Sans que je ne puisse les retenir de l'eau échoua sur mes joues. Je m'étais même pas rendu compte que j'avais la gorge aussi serré, avant de comprendre que je me retenais de pleurer. Et puis ses lèvres sur ma joue, apportant un toucher doux, me fit briser mes dernières barrières derrière lesquelles je me cachais. Je libérais un trop plein contenu trop longtemps, ça venait en vague, les larmes dégringolant sur mes joues. La voix serrée et entrecoupée, je lui répondis:
"Je m'en fous pas, c'est ça le problème. Ça me fait chier, tellement chier. Je voulais pas que ça se passe comme ça. Je comprends pas ce qui m'arrive. Tu fous ma libido dans un putain d'état et j'agis connement et... et ..."
Ma voix se brisa, coupant mon flot de paroles agités et je baissai la tête, détestant au plus au moins montrer ma faiblesse comme ça. J'essuyai rapidement mes yeux humides du revers de la main. J'essayais de reprendre contenance un peu, la pression toujours pesant un poids. Je soufflais légèrement, puis reprit la parole sur un ton plus calme, malgré que ma voix soit encore serré par l'émotion qui m'étreignait.
"Désolé, je voulais pas me donner en spectacle comme ça...C'est juste qu'il se passe un peu trop de chose ... Puis Tad est con, mais il est pas méchant... Juste j'aurai aimé qu'il ferme sa gueule, c'est tout"
J'haussais une épaule, essayant de vraiment minimiser les choses. Je lui disais pas que le fait d'avoir fait mon coming out, alors que je n'étais toujours pas en paix avec moi, m'avait totalement sorti de ma zone de confort. Je lui dis pas non plus, que j'angoissais que Tad parle trop et que ça finisse aux oreilles de mes parents. Et que cette idée là me terrifiait plus que tout. Je ne lui dis pas que le fait qu'ils savent que j'étais gay, ne me soulageait pas mais m'angoissait parce que je ne voulais pas de leurs commentaires, qu'ils puissent être positif ou négatif. Je voulais garder ça pour moi. Non, je me contentais de glisser mes doigts sur les siens, me concentrant sur son toucher pour me calmer. Je cachai mon visage contre son cou, pour ne pas avoir à lui faire face.
« Donc cette proposition de l’autre jour, je suppose que ça tient toujours ? » susurre-t-il à son oreille alors que ses lèvres se posent contre sa joue en un baiser tendre. Ryleigh sait qu'elle devrait répondre quelque chose d'intelligent, peut-être même le taquiner sur sa tendance à poser des questions rhétoriques alors qu'elle vient de lui donner un ordre, mais elle en est incapable, paralysée par les frissons qui lui traversent le cœur à chaque fois que ses lèvres impriment sur sa peau une marque invisible mais qu'elle imagine indélébile. Alors elle se contente d'hocher la tête en signe d'approbation et de reddition. Sa main sur son cou, son souffle contre sa peau, ses lèvres contre ses lèvres. Ryleigh se sent figée dans le temps alors qu'elle embrasse ce jeune homme qu'elle a rêvé d'embrasser depuis son plus jeune âge. C'est délicat comme baiser, presque trop, comme une demande de permission mais ça se transforme rapidement en une déclaration et cette délicatesse devient le témoignage de leurs sentiments. Tous les deux pris d'une fougue qu'ils ne se sont jamais montrée, ils plaquent leurs visages si fort l'un contre l'autre qu'un regard non avisé pourrait penser qu'ils ne font qu'un. Elle est loin, presque oubliée, la Ryleigh adolescente qui le regardait en coin quand il se changeait, qui espérait qu'il fasse le premier pas et qui était irrémédiablement déçue chaque fois qu'il confessait avoir un petit crush pour une autre. À sa place se tient une jeune femme passionnée, pleine d'une force qui n'a d'égale que sa fragilité face à lui et ses mots. Elle sent son cœur palpiter dans une chamade ahurissante qui menace à chaque instant de la faire imploser. « Wow. » murmure-t-elle, incapable de mettre bout à bout deux pensées cohérentes alors que leur baiser s'achève. Trop impatiente, trop abrutie par la puissance de ce qu'elle ressent et en dépit de ce que la bienséance veut dans ce genre de situation, Ryleigh resserre son emprise autour de la nuque de Charlie et l'entraîne dans un second baiser, plus chaste mais infiniment plus intime, auquel elle met fin après seulement quelques secondes. Il faut qu'elle lui dise ce qu'elle ressent, qu'elle verbalise cette explosion tout au fond de son cœur. Ce n'est que lorsqu'elle s'entend dire : « Je vais pas dire que ça valait le coup d'attendre neuf ans, parce que ça serait mentir. » que Ryleigh se rend compte d'à quel point elle est complètement perturbée. Pas que ces quelques mots ne soient pas représentatif de la vérité de ses sentiments, mais ce n'est pas ce qu'elle essayait de dire. Qu'importe, autant assumer. Aussi révolutionnaire pour sa vie que ce baiser soit, et même s'il est aussi intense en raison de leurs neuf ans d'éloignement, Ryleigh l'aurait probablement échangé contre une opportunité de l'embrasser une décennie plus tôt. Elle a envie de boire, la gorge soudainement asséchée par la chaleur qui s'est emparée de son corps et qui se répand dans sa nuque à cause de la main de Charlie qui est posée contre sa carotide. « C'est trop tard pour faire marche arrière maintenant. T'es coincé avec moi. » dit-elle dans un sourire alors que sa tête vient reposer contre son torse. Ça se veut être une réponse à sa question -rhétorique mais qu'importe-, ça n'en est pas vraiment une. Les yeux fermés, Ryleigh savoure l'instant, inspire et expire lentement, tentant de calmer son cœur fébrile. Ce qui n'est pas gagné parce que Charlie sent... bon ? En dépit de l'odeur de cigarette, d'alcool, de la prison, il sent bon. Sous ses fragrances, elle peut sentir son odeur. Cette odeur qu'elle était capable de sentir sur sa peau à elle après avoir passé une après-midi sur son lit à écouter de la musique, cette odeur qui a valu au hoodie Oxford d'être son préféré même après qu'elle ait été remplacée par l'odeur du parfum de Ryleigh. Sa main droite vient se poser contre son cœur, parce qu'elle a besoin de vérifier qu'il bat aussi vite que le sien, question de survie de son ego, Ryleigh veut confirmation qu'elle lui fait de l'effet. Le rythme de son palpitant est une musique apaisante, une batterie insonore mais à l'écho sourd, une source de confort dans un monde tout nouveau. Le monde post-premier baiser. « T'as conscience que tu n'as plus le droit de t'énerver contre moi sans raison maintenant hein ? C'est pour ça que tu signes en m'embrassant. » murmure-t-elle contre son coeur, un sourire enfantin aux lèvres parce qu'elle le connaît comme si elle l'avait fait et que ce sans raison est fait pour le taquiner. C'est plus fort qu'elle, elle aime lui chercher des poux, surtout maintenant qu'elle peut tester les limites et l'embrasser s'il est vraiment ennuyé par une remarque.
Jin ne répond pas à tes questions mais au moins tu peux voir son visage qu’il a arrêté de cacher. C’est déjà un bon début tu te dis. Il prend ta main dans la sienne, geste que tu trouves extrêmement intime mais tu le laisses faire. Si c’est ce dont il a besoin, soit. Sauf que visiblement ta présence, tes gestes, tes baisers, ne font pas trop d’effet, ou du moins, pas le bon. Jin se met à pleurer. Oh non. T’es pas vraiment le meilleur mec pour consoler les gens. Généralement tu fuis ce genre de situation. Là t’es venu à lui, tu ne peux pas reculer. Tu ne peux clairement pas le laisser tout seul maintenant qu’il s’est mis à pleurer. Tu fais un peu comme si tu ne t’en étais pas rendu compte, ou comme si ça ne t’avais pas dérangé, et tu continues d’embrasser son visage ici et là. Tu te dis que tes lèvres peuvent faire des miracles parfois et t’espères que ce sera le cas maintenant aussi. Sauf que Jin se met à pleurer de plus belle. Oh fuck. Tu te détaches de son visage pour le regarder. Tu serres un peu sa main dans la tienne, comme pour lui redonner de la force. Il commence à s’expliquer. Tu l’écoutes et il te balance que c’est de la faute de ton sex appeal et tu peux pas retenir un petit sourire amusé. Ton égo est flatté. Tu reprends ton sérieux rapidement, tu ne veux pas qu’il pense que tu te fou de sa gueule. Il est assez mal comme ça. Il reprend un peu contenance, il s’excuse. Il traite son pote de con, tu te dis qu’effectivement il a fait une belle bourde le mec. Enfin tu comprends que Jin galère avec sa sexualité. En tout cas il a un truc avec ta main parce qu’il se détache pas un instant, alors tu le laisses kiffer. Il va caler son visage dans ton cou et toi tu commences à avoir mal aux genoux d’être accroupis comme ça. Tu laisses un silence s’installer entre vous, mais c’est pas gênant. T’as juste l’impression que Jin a besoin de calme encore un peu. Au bout d’un moment tu reprends la parole.
« Ne te cache pas dans des regrets. Aime toi simplement et c’est réglé. Moi je suis sur la bonne voie. Je suis né comme ça. »
Il se peut que tu aies plus toute ta tête mais sur le moment ça t’a semblé être une bonne chose à dire.
« Tu devrais écouter ta libido et oublier les commentaires de Tad. »
Ou comment proposer en toute subtilité - ou pas - que t’es toujours prêt pour reprendre où vous en étiez.
« Et je dis pas juste ça parce que j’ai envie de te filer ce putain d’orgasme. »
Tu marques une pause.
« Juste ce serait une bien meilleure soirée si on se fait du bien. »
Ta main qui n’est pas emprisonné dans la sienne va se poser sur sa cuisse que tu caresses doucement.
« Tad. » Et c’est la voix autoritaire d’Ariane qui le fait redescendre sur Terre, qui tait son rire face à la cocassité de la situation et qui le fait prendre à moitié conscience que la situation ne se prête pas à la marrade. Dommage. « T’aurais vu comme ça chauffait entre les deux dans la cellule. » balance Charlie, en taquinant à son tour ce brave Seung. « Charles. » Ariane intervient à nouveau, coupant toue possibilité pour les deux d’entrer dans cette conversation, de balancer leurs vannes bien graveleuses parce que bon, c’est ce qu’ils font entre pote, ils se taillent, ils se moquent, mais c’est juste pour pas dramatiser. Un regard à Ariane et Tad comprend qu’il est allé trop loin, alors il passe à autre chose, propose de jouer les héros. Après tout un serpent, après presque trente ans de vie en Australie, c’est pas si pire qu’une tarentule. « Au moins autant que celle dans le pantalon d’Andy. » répond Charlie à sa question, ce qui n’indique rien vu que Charlie n’a pas vu la bête (celle dans la salle de bain) et qu’il n’a probablement même jamais approché un serpent de sa vie. « Il est pas énorme nan. » ajoute Andy, avant de préciser, par peur de passer pour un modeste probablement « Le serpent. » « Mais vas-y, montre nous quel véritable australien tu fais. » défie Charlie, challenge relevé dans la seconde, quand Tad se lève du canapé, frotte ses mains prêt à partir. Bon, il attendre pas la réponse pour le bac et les gants. Il trouvera bien de quoi sur le moment. « SJ? » interrompt Ariane, alors que la discussion est au serpent, plus vraiment à l’entrée fracassante des deux garçons. Seung ne répond pas, il s’enfuit, ce termine de faire réaliser à Tad qu’il n’a pas bien réagit. L’hésitation d’aller à sa poursuite est là, mais il sait pertinemment qu’ils ne sont pas assez amis pour parler là. « Andy. » A l’entendre réciter les noms de chaque personne dans la pièce, on en croirait presque qu’elle fait l’appel. Des fois que le serpent chope tout l’monde par surprise. Mais Ariane fait bien d’envoyer Andy à sa poursuite. Et, dans la foulée, ce sont les britanniques qui décident de mettre les voiles. « Désolée mais on va vous fausser compagnie. » Tad ne dit rien, il n’en a pas le temps. Charlie s’envole très loin avec Ryleigh. Seule réaction, un regard à Ariane : maintenant, on fait quoi ? « Viens, on y va. » Qu’elle anticipe avant qu’il ne pose la question, avant de demander une fois qu’ils sont seuls. « Tu savais pas? » Il hausse les épaules, hoche la tête. « Baaaah non, j’ai pas mené une étude pour savoir ce qu’il met dans son pieu. C’est juste que là, j’ai la tête de ses parents en tête et crois moi, ça va barder ! » Et il aurait probablement tort d’ajouter que c’est ça qui le fait rire ? D’avoir été le vilain canard du quartier pendant des années, alors que Monsieur et Madame Parfait ont élevé un enfant qui va contre tous ses principes. Décidément, Tad adore le principe d’ironie du sort. « Puis bon, faut dire que le gars, je le connais depuis vingt-cinq ans, faut admettre que c’est cocasse de découvrir ça comme ça. » Qu’il explique vainement, tout en sachant pertinemment que ça n’excusera pas son comportement. « C’est aussi clair que pour Charles dans ma tête... » Il incline la tête, l’air de lui souligner sa propre erreur, parce qu’elle n’avait été aussi douée à cerner Charlie que lui ne l’avait été avec Seung. « …. m’enfin, était. » « Oui, j’aime mieux ça. » dit-il, après sa correction. « Parce qu’à moins que Ryleigh soit un dude, ce que sa lingerie n’a pas laissé présager. Tu t’es autant trompée que moi. » Ouais, donc doucement avec le regard du « je le savais » mais si on doit bien avouer que les manières de Charlie sont fortement désopilante et induisent en erreur. « Tu chasses ou c’est moi? » Qu’elle demande alors qu’ils s’apprêtent à entrer dans la salle de bain. Tad bombe le torse, décidé à jouer aux héros. « J’y vais ! » Qu’il annonce en poussant la porte de la salle de bain, les yeux qui observent partout pour chercher la bête. Et elle est là, et Tad regrette un peu de ne pas avoir pensé à prendre un balai avant d’entrer. C’était un peu stupide. Parce que là, maintenant que la bête est là, face à lui, il oublie totalement les couilles qu’il pensait avoir il y’a plusieurs minutes pour presque appeler sa maman à l’aide, mais Ariane est là et elle regarde. « Okay, ferme la porte, monte sur le chiotte. » Qu’il ordonne, alors qu’un peu plus loin se trouve ce qui fait office de corbeille à linge et qu’il l’attrape, y’a moyen que la bête finisse sa journée dedans. « Haha, le bébé python. » Il rigole, pour se donner du courage parce que vraiment, il a dit qu’il le ferait et que son honneur est en jeu, mais s’il pouvait filer. Après, Andy n’avait pas tort. L’animal n’est pas grand. Probablement un bébé, ce qui n’a rien de rassurant. « Je crois que Ryleigh va devoir déménager. » Et Tad tourne dans la pièce, lentement pour que l’animal ne se jette pas dessus, pour pas le brusquer tandis qu’il attrape la panière, la vide de son contenu et commence à tendre vers l’animal pour le chasser à l’intérieur.
Dernière édition par Tad Cooper le Mer 21 Fév 2018 - 16:41, édité 1 fois
Le temps s’était comme arrêté l’instant d'un baiser qui était bien plus que ça. C'était la réunion de deux êtres voués à finir côte-à-côte, après des années de séparation, dont les destins semblaient avoir été tracés bien avant leur naissance. Si les lèvres de Ryleigh contre les miennes n'avaient pas réduit à l’état dysfonctionnel toutes mes connexions synaptiques, je savais que je douterais réellement de la véracité de ce moment que j’avais l'impression d'avoir attendu toute ma vie. « Wow. » soufflait-elle alors que nos visages se séparaient enfin - sans réellement s’éloigner pour autant - et ce simple murmure me tirait un léger sourire en coin, pas encore assez remis de mes émotions pour m'exprimer avec plus de conviction. C’était comme si nous étions aimantés l'un par l'autre, incapables de réellement se quitter désormais que nous étions vraisemblablement réunis. Et comme insatiables, nous étions revenus nous embrasser un instant plus bref, comme pour être certains qu'aucun de nous deux n'avait rêvé cet instant. Et quand bien même ce baiser était moins intense que le précédent, le choc de la première fois presque dépassé, il ne manquait pas d’embarquer à nouveau mon cœur pour une nouvelle course dans ma poitrine. Finalement, nos lèvres se quittaient enfin, me laissant le souffle coupé et les pensées confuses. « Je vais pas dire que ça valait le coup d'attendre neuf ans parce que ça serait mentir. » finissait-elle par avouer une fois ses lèvres libérées de la pression des miennes. Et sans pouvoir me retenir, bien incapable de revêtir ce masque d’impassibilité qui me caractérisait pourtant à l'accoutumée (surtout pas maintenant que je venais juste de me livrer à elle de cette façon) mes sourcils se fronçaient aussitôt. Était-ce la piqûre de l'ego que je sentais là ? Très certainement. Parce que ce baiser venait de remettre en question toute mon existence, envoyant valser d’un revers de la main, cinq années passées loin d'elle. Néanmoins, encore sous l’émoi de l'instant, le cerveau embrumé par son parfum enivrant - entêtant même - je ne parvenais pas à me saisir d'une quelconque réplique cinglante pour lui faire payer son affront. A la place, ma main toujours fermement ancrée sur sa nuque, mon bras la maintenant encore contre mon torse, je la fixais d'un regard chargé d'incompréhension et d'une certaine angoisse que je ne parvenais pas à exprimer. Sans savoir si c’était mon drôle d'air qui la poussait à poursuivre ou simplement le cours de ses pensées qu'elle continuait de m’exposer, je l’écoutais reprendre la parole : « C’est trop tard pour faire marche arrière maintenant. T'es coincé avec moi. » Et aussitôt mon regard s'adoucissait de nouveau, mes inquiétudes bien vite tuées dans l'œuf par la source même de celles-ci. Elle était venue poser sa tête sur mon torse, mon cœur continuant de battre à tout rompre à l’intérieur de ma poitrine, réservant à ses oreilles sa meilleure mélodie. Et avec une tendresse infinie, j’étais venu embrasser le sommet de son crâne, mes doigts se perdant un instant dans ses boucles brunes, alors que je murmurais tout contre sa tête : « Depuis toujours. » Parce que si j’avais espéré un temps pouvoir échapper à Ryleigh, aujourd'hui était la preuve tangible que même en y mettant toute la volonté du monde, je ne pourrais jamais la rayer de mon existence. « T'as conscience que tu n'as plus le droit de t'énerver contre moi sans raison maintenant hein ? C'est pour ça que tu signes en m'embrassant. » l’entendais-je souffler contre ma poitrine. J’avais ri doucement, contre le sommet de son crâne. « Tu sais bien que tu rêves, n’est-ce pas ? » la taquinais-je, avouant pourtant une part de vérité là-dedans. Je pouvais consentir à faire des efforts, mais je restais conscient que je ne parviendrais pas à tenir éloigné mon sale caractère bien longtemps. Cependant, je ne lui laissais pas véritablement le temps de protester, ma main quittant sa nuque pour venir se loger sous ses fesses. Je la soulevais d’un coup, mes mains sous ses cuisses, avant d’aller m’installer sur le divan qui trônait au milieu de ce dressing. Je prenais place sur l’assise, déposant Ryleigh à califourchon sur mes genoux, mes yeux se plantant dans les siens sans plus tarder. Mes doigts étaient venus se glisser dans le dos de l’anglaise, courant le long de sa colonne, effleurant à peine sa peau de pêche, tandis que mon nez était venu se nicher dans son cou. J’avais besoin de sentir son parfum, de m’en imprégner. C’était ma madeleine de Proust et en même temps, la promesse de nouvelles aventures à deux. Alors que je respirais son odeur, venant embrasser par instants son cou, je prenais conscience que même si j’avais envie de dire quelque chose en retour à Ryleigh, d’exprimer à voix haute ce que je ressentais au fond de moi, je ne parvenais pas à trouver les mots. Je n’avais jamais été particulièrement doué pour verbaliser mes sentiments, encore moins lorsqu’il s’agissait de les livrer à la brune. J’essayais alors de lui faire comprendre ce que cela signifiait pour moi de l’avoir là, sur mes genoux, dans la tendresse de chacune de mes caresses sur sa peau, dans la délicatesse de chaque baiser que je déposais dans sa nuque. Quand soudainement je venais murmurer au creux de son oreille : « Au fait, merci pour la montre. » C’était là un moyen de lui prouver que moi aussi, je voulais croire que nous puissions être capables de coexister à nouveau, l’un avec l’autre. J’avais quitté le creux de son cou pour la regarder, me plongeant un instant dans ses yeux bleus. « Je ne te connaissais pas l’âme aussi rebelle. » la taquinais-je, continuant de faire courir mes doigts le long de son dos nu tout en faisant référence à notre soirée commune en cellule de dégrisement. Ça avait été une soirée et une nuit pleines de rebondissements et pour sûr, le jeu en avait largement valu la chandelle, désormais que j’avais goûté aux lèvres de Ryleigh. « Ni aussi exhibitionniste cela dit. » M’habituant peu à peu à son contact, acceptant doucement la réalité pour ce qu’elle était, je reprenais mes habitudes de la taquiner. « Tu t’encanailles au contact de l’air australien. Je dois avouer que ça me plait. » Notamment parce que la vue qu'elle m'offrait n'était pas des plus déplaisantes et que pouvoir embrasser la peau de sa nuque, faire courir mes lèvres sur sa clavicule jusqu'à son épaule, était désormais un luxe que je pouvais bel et bien me permettre.
Je m'accrochai à sa main comme on s'accroche à une branche sur le point de casser. Ma migraine était violente, mes émotions tout autant. Je passais mes doigts sur les lignes de sa main, avec une application étrange, visiblement ailleurs. Le silence planait entre nous, maintenant que j'avais parlé. Je laissais ce silence calmer les agitations de mon esprit. Le visage caché contre lui, je n'avais plus rien à penser. Andy finit par reprendre la parole, mon soutien dans cette épreuve. Ses mots résonnaient avec des accents de vérités que je n'arrivais toujours pas à maitriser. J'aurai aimé que ce soit si simple. Que d'un claquement de doigt, tout mes doutes et dégout de moi-même s'envolent. Ce n'était pas la réalité. M'aimer, c'était toute une épreuve que je n'arrivai pas encore à franchir.
Le reste de ses paroles se tournèrent vers le sexe. Je l'écoutais, étonné qu'il pense à ça alors que je venais à peine de me montrer dans mon pire état, et pourtant je continuais d'apprécier l'accent chantant de sa voix. Je sens le contact de ses doigts tièdes sur ma cuisse. Je fus entièrement perturbé avant qu'un rire vienne franchir mes lèvres. Je me redressais un peu rapidement et lui foutu dans le mouvement un coup de tête sous son menton. Putain, comme si j'avais pas assez mal à la tête comme ça. J'échappai un grognement de douleur et affichai un air piteux en me frottant le sommet du crâne. Je passais mes doigts sur son menton et soufflai dessus avant de déposer un baiser.
"Désolé, un bisou magique pour me faire pardonner...
Je soupirai un peu après et retirai sa main de ma cuisse, ne voulant pas plus. J'étais pas encore vraiment là. La tête qui cognait aussi fort qu'un tambour un jour de carnaval, avec autant d'alcool dans le sang qu'une danseuse brésilienne, ne m'encourageait pas dans cette voie. Je tapotais sur ses joues, glissant sur la ligne de sa mâchoire carrée, du bout de mes doigts, étrangement tactile et très franchement épuisé. Tout tournait autour de moi, à part son visage attirant.
"C'est correct, si on fait rien? Je veux juste aller dormir ... "
Je penchai un peu la tête, me frottant l'oeil valide. Oui, je ne rêvais que de draps pour me cacher dedans et de ne pas avoir à affronter le monde extérieur ni même mes amis ici. Je glissais ma main sur sa clavicule, glissant sur son torse musclé, esquissant un très léger sourire incertain.
" Puis je comprends pas trop pourquoi tu veux, alors que je viens d'être passablement ridicule avec mes yeux et mon nez qui coulent... Tu es bien bizarre ..."