There's nothing else to do here but sit under the stars. I'll make something up, about how you have to fall apart to really be someone. Et je m’étais assoupie, dans le jardin. Et j’avais succombé à Morphée et aux étoiles et à l’espoir que tout irait bien, que sa vie reprendrait son cours, que la mienne aurait peut-être l’impudeur, l’audace d’aider dans le processus. Statuer que ma nuit s’était déroulée à ses côtés me semble tout droit sortir d’un autre monde, d’un autre univers, et je tente de toutes mes forces de ne pas céder aux interrogations qui remontent, et avec elles les remises en question existentielles, les commentaires désobligeants sur mon étourderie, la réalisation d’une pudeur qui m’a manquée alors que je me targuais dans mes gestes comme dans mes mots d’être à même de garder une distance pieuse en tout et pour tout. Une brève pensée s’envole vers toutes ces années où Edward partageait mon lit mais pas mon coeur, où il avait appris à connaître mes limites, à ne jamais poser une main, un souffle, rien qui soit déplacé, rien qui brusque. L’étrangeté de la chose est bien vite chassée par ma panique d’avoir contrecarré les plans d’Isaac, et de le mettre au pied du mur sans possibilité de fuir mon courroux. Mon esprit tourne et mes idées s’emmêlent, mes pas se multiplient et mon regard se perd sur le cadeau, sur l’assiette si puérile, si enfantine, si typique que je pose la seconde suivante sous ses yeux et à son attention. Toutes les couleurs se donnent le ton, la tranche de pain décorée à mal, et mes talents d’artiste desquels je doute lorsque je fais le portrait de ce qui fera office de petit-déjeuner d’anniversaire de secours pour l’infirmier. «
Ça t’étonne? J’ai même tenté d’écrire ton nom, mais oh well. » et je laisse un rire fendre le silence tout en reprenant place sur mon siège. Doutait-il vraiment que j’ai pensé à alléger l’ambiance d’un reste de soirée encore si intense de sens sur nos esprits? Que j’avais tenté d’apporter un peu plus de facilité à une matinée où les non-dits supplantaient presque les malaises? Et pourtant, les mots me viennent facilement, les blagues aussi, les coups d’oeil complices et l’impression qu’aujourd’hui, il a raison.
Ça va aller. «
Promis, j’essaie de peaufiner ma technique de calligraphie d’ici la prochaine occasion spéciale. » la paume solennelle en l’air, je jure une seconde fois avec autant de fougue et de bonnes intentions, que lorsque je lui avais supplié l'honnêteté contre tout le reste.
Ses plans du jour l'amènent à me demander poliment si le marché faisait partie de la routine McGrath hebdomadaire. Laissant le temps à ma gorgée de café de réchauffer avec amertume mes lèvres, je poursuis presque plus excitée que mon fils à l’idée du plan de match déjà décidé. «
Oui! Et on a même prévu faire le labyrinthe de maïs pour gamins, celui qu’ils montent à chaque année. » si Isaac avait pu assister à des dizaines de moments entre Noah et moi où il était devenu difficile de savoir qui était l’enfant et qui était l’adulte, l’exemple ne fait que s’ajouter à la longue liste de tout ce qui flirte avec mon coeur de gamine, la fillette qui s’émerveille de si peu. «
C’est aujourd’hui right? On est déjà dimanche? » l’information prend du temps à être captée, à faire le lien entre ses demandes, entre ses mots, et ma réflexion, mon coup d’oeil précipité sur le calendrier de travers qui siège sur le réfrigérateur, qui suggère qu’en effet, c’est jour du Seigneur. L’air niais qui fait office d’habitude, et j’en profite même pour l’accompagner en prenant une bouchée du
fairy bread qu’il a si gentiment partagé, ignorant les vermicelles qui doivent barbouiller mes joues sous mon éternelle maladresse. «
Je suis intéressée seulement si ça veut dire que vous allez m’apprendre votre poignée de main secrète. J’ai toujours été persuadée qu’il y en avait une. » l’innocence de la chose me fait rire, les manigances que je leur prête qui me gardent de craindre qu’il demande simplement pour bien faire, simplement pour s’accuser une porte de sortie en croisant les doigts pour que je refuse. Je me surprends à observer son regard, me perdre une seconde de trop dans ses iris, à en sourire, à y voir un pacte de plus, une promesse nouvelle. Une drôle d’impression de ne pas vouloir qu’il parte, additionnée au ressenti qu’il a tout autant envie de rester, et je préfère balayer le tout du revers, continuer d’entamer ma portion de pain d’anniversaire, arroser le tout d’un café bouillant qui fait office de solution à tout. S'il a deux places à sa suite aujourd'hui, nous suivront. Sinon, je ne serai jamais assez horrible pour lui en tenir rigueur.
«
Maman! » la voix perçante de Noah brise le silence confortable dans lequel la cuisine était plongée quelques temps plus tôt. Le bruit de la voiture d’Ezra qui fait marche inverse sans qu'il passe dire bonjour me confirme fort probablement et avant même de voir la tête que tire Noah qu’ils ont fait un mauvais coup. «
Je suis pas en retard parce qu’on est arrêtés me chercher une crème glacée pour le petit-déjeuner, je l’avais avant qu’on soit pris dans les embouteillages. » qu’il chantonne le bonhomme, déboulant dans la salle à manger la bouche tartinée de glace au chocolat matinale, le sourire farceur qui complète le tableau. Sans rien demander et avant même que je craigne qu’il tienne à préciser pourquoi Isy est là, pourquoi tout court, le blondinet vient me trouver, grimpe sur mes genoux, salue le brun d’un
high five traditionnel, et tourne la tête vers la baie vitrée donnant sur la cours arrière. «
Pourquoi y’a un lit dans le jardin? » n’attendant pas d’autorisation parce qu'il sait qu'il n'en a tout simplement pas besoin, Noah pique une bouchée dans mon assiette, balance innocemment des jambes d'un rythme aléatoire. «
On a tenté de trouver le meilleur endroit pour regarder les étoiles filantes. » mes prunelles s’accrochent à celles d’Isy. C’était ça, au final, qu’on avait tenté de faire.
Trouver l’espoir le temps qu’il passe, trouver de quoi se raccrocher, la petite lueur, l’éphémère, celle qui promet tellement. «
Y’en avaient? Vous en avez vues? » il hausse les sourcils, il a les yeux ronds, il s’enflamme et joue de son attention d’un côté à l’autre de la table, impatient, enthousiaste. «
Hum-hm. » presque mystérieuse, je laisse planer un silence de secrets, hochant de la tête de la positive, gobant une énième rasade de café qui bordait ma tasse. «
Et vous avez fait des voeux? » mon sourire se dédie à Noah, mon coup d’oeil à Isy. «
Hum-hm. » oui, on a chacun fait un voeu. Et oui, ils allaient se réaliser, j’y croyais plus que tout. Parce qu'ils étaient enregistrés, parce qu'ils étaient notés, immuables. Parce que c'était ainsi fait, et parce qu'hier, parce qu'aujourd'hui, ils avaient tout le sens du monde, tout le sens qu'on voulait leur donner, tout le sens dont on avait besoin.