Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Quand je te retrouvais à l’extérieur, je te questionnais du regard. Je voyais bien que tu avais mal, et que tu avais sans doute un mal de crâne impressionnant. Je grimaçais, je n’aimais pas te voir comme ça, et surtout pas quand tu me disais que t’allais me rappeler et commencer à partir. Comment ça, tu allais partir ? C’est une blague ? On vient de passer un moment ensemble, on vient de se dire qu’on s’aimait et tu pars comme ça ? Je fronce les sourcils en grognant, m’approchant de ta personne l’air de rien, ou plutôt si. J’enfonçais mes mains dans les poches en sifflotant, tournant mon regard en ta direction. « Alors, je vais pas te laisser tout seul, donc je viens avec toi que tu le veuilles ou non. Il est hors de question que je te laisse te balader jusqu’à l’hôpital dans cet état. » Mais que tu désires ou pas, je m’en cogne. J’allais prendre soin de toi et ça commençait d’ailleurs comme ça. Je venais prendre ta main dans la mienne, jetant le mégot parterre en l’écrasant du bout de ma chaussure. Je faisais en sorte que tu marches droit, et de temps en temps je passais ma paume contre ton front en laissant un sourire sur le coin de ma bouche. « Tu vas pas tomber dans le coma, si je peux te rassurer bébé. C’est juste que l’alcool commence à descendre, et les mauvais symptômes commencent eux, à apparaître. » C’est toujours comme ça quand on boit, sur le moment on est vraiment bien, on découvre de nouvelles sensations on peut même faire des choses que normalement on aurait jamais osé faire. Mais après, c’est la descente aux enfers. On commence à sentir la bouche pâle, on commence à avoir le tournis, à ce sentir vraiment mal, on voit les choses tournées. En bref, ton état était un état comme les autres, sauf que tu n’as pas l’habitude. Je tourne mon regard vers ce stand, il y a toujours des gens qui profitent de cet horaire pour vendre, l’air de rien mais quand on sort en discothèque, ou même d’un bar, on a toujours faim, de mon point de vu, je pouvais facilement me taper une pizza après une cuite monumentale. Je te demandais d’attendre, le temps de rejoindre le monsieur et de demander une bouteille d’eau, lui payant en espèces, je revenais auprès de toi en te tendant cette bouteille plutôt fraîche. « Il faut boire, doucement. Déjà, tu seras plus hydraté, et surtout tu auras moins cette sensation de tomber ou ces maux de crâne. » Je n’allais pas rire, parce que je sais que dans cet état, t’as clairement pas envie de voir le gars que t’aimes se foutre de notre gueule. Mais je devais bien avouer que c’était une petite leçon que tu venais d’apprendre, et même si au fond j’ai adoré ce moment, je supposais que tu n’allais plus le tenter, et c’était au fond, un peu dommage. « Tu sais, tu peux être dans cet état sans avoir autant consommé. Je veux dire, tu as enchaîné les verres, alors que vu le stade que tu étais, et que tu n’avais pas l’habitude, deux verres t’aurais simplement suffit. » Je hausse les épaules, même si tu étais médecin, je crois que je connaissais un peu mieux les bases à ce niveau, je ne parle même plus le nombres de fois où j’ai frôler le coma, vraiment et ça vient d’un seul coup, t’as pas le temps de réagir, t’as pas le temps de le réaliser que t’es déjà au sol. Reprenant ta main dans la mienne, je la serrais afin de te soutenir et si besoin t’appuyer sur ma personne. Je regardais les bars, on pouvait croiser plusieurs types de personnes. Les bourrées, des couples, des mecs et des femmes qui draguent, ou même deux hommes ou deux femmes, qu’importe. Des gens qui s’engueulent, même une certaine bagarre qui venait d’éclater derrière nous. Finalement c’est quelque chose d’habituelle. Je regardais à peine, puisqu’à quelques pas on pouvait déjà voir les lumières de l’hôpital. Je t’incitais à me suivre, alors que je sortais mon téléphone pour simplement vérifier l’heure. Je ne suis pas pressé, et d’ailleurs, je comptais bien rester auprès de toi jusqu’à la dernière minute. « Ne me demande pas de partir, je compte rester Paul. Je vais pas te lâcher, alors on va à l’hôpital, je reste avec toi, et après je te ramène chez toi pour dormir. » Parce que c’était une très bonne solution, dormir après une cuite. Et même si à l’occurrence t’allais rentrer plus sobre, une bonne sieste serait tout de même fortement conseillée. On rentre dans l’hôpital, c’est le silence, ou presque. Il y a toujours des urgences et je déteste cet endroit, et malgré que tu y travailles c’était loin d’être un moment de plaisir. Main dans la main, je regardais autour de nous avant de te reprendre la bouteille si tu voulais aller quelque part, j’observais autour de moi. Raclant ma gorge en passant mes doigts dans mes cheveux. « Première fois que je viens sobre, et première fois que j’accompagne quelqu’un de moins sobre que moi. Et bien, j’en fais des premières fois avec toi. » Je te fis un clin d’oeil avant d’aller me chercher de quoi manger, je te laissais seul pendant quelques minutes, histoire de prendre un sachet de chips, et une barre de chocolat. Putain, on dirait que j’ai pas mangé depuis des lustres, mais j’ai vraiment faim. Je prenais en même moment un redbull. Et je revenais vers toi, commençant à manger ma barre en venant poser ensuite mes lèvres sur les tiennes. « On va où alors ? Fin, tu connais mieux que moi, et tu veux pas t’asseoir avant ? Genre vous devez avoir une salle de repos non ? » Je commence à poser des questions, peut-être que c’est agaçant, alors je décide de me taire et de te laisser charger ce qu’il doit être fait. Mais je ne te quitte pas du regard, je prends même le temps de dévaler ton corps, de tes fesses qui sont sans doute marquées, de ta gorge où se situait ce fameux suçon plutôt bien rougeâtre tiré dans le violet. Quoi de mieux pour montrer aux gens que tu appartenais à quelqu’un ? Je mordillais ma lèvre inférieure en me rappelant des événements dans les toilettes de ce bar, décidément, nous étions fortement des adeptes des salles de bain, ce qui en soit était loin de me déplaire, puisqu’ils y en n’a partout.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Hadès&Paul
Lorsqu'il me rattrape et qu'il me dit qu'il ne va certainement pas me laisser y aller seul, dans le fond je me sens soulagé. Après tout ce n'est pas ça aimer ? Partager tous les instants, même les plus misérables ? Et franchement là, je me sens juste minable. Je le laissais prendre ma main, un soupire de soulagement m'échappant et je l'écoutais me parler, trop concentré sur le fait de ne pas vomir pour pouvoir lui répondre, surtout alors qu'il me faisait la leçon. Et en général quand on me disputait, je me taisais et je me renfermais. Mais bon, là c'était pas tellement ça, c'était surtout que je ne voulais vraiment, vraiment pas vomir. Je détestais ça au delà du raisonnable. « Ouais ben... L'alcool c'est sympa, mais après, ça donne juste envie de mourir.» Mon ton était acerbe, mais c'était pas contre lui, c'était parce que j'étais vraiment dégoûté d'être dans cet état. Je m'étais jamais senti comme ça, et ça devait être l'une des pires sensations que j'avais vécu. Je continuais de le suivre, mon regard ne quittant pas mes pieds, pour rester concentré sur quelque chose. Je l'attendis patiemment lorsqu'il alla chercher une bouteille, que je pris avec bonheur lorsqu'il me la tendit. Je l'ouvris et ne tarda pas à laisser quelques gorgées fraîches me couler dans la gorge, pour mon plus grand plaisir, je la refermai ensuite. Et reportai mon regard sur lui. Me sentant mal à l'aise avec la dispute qui avait éclaté derrière-nous. Toute marque de violence, cris ou autre me remémorait en permanence de très mauvais souvenirs. « Merci, Hadès. Mais je sais qu'il faut s'hydrater quand on est ivre.» Je me rapprochai doucement de lui, mes mots n'avaient rien d'agressif ou d'hautain, c'était juste moi, à dire les choses comme je les pense. « Que crois-tu qu'il y avait dans ta perfusion, quand on s'est rencontrés? De l'eau salée.» Lui dis-je d'une voix douce, tandis que mes lèvres vinrent se poser avec douceur contre les siennes. Comme si c'était important, non... Indispensable. Comme si je ne pouvais pas m'en passer. Nous reprîmes notre route, et je l'écoutais essayer de me convaincre de recommencer. Je n'étais pas dupe, je savais pertinemment où il voulait en venir. « Je n'y connais rien, Hadès. Le barman était sympa, j'ai fais ce qu'il m'a dit.» Et c'était ce que je faisais la plupart du temps, j'étais naïf dans le fond. Alors je me laissais facilement entraîner sur un terrain glissant lorsque j'entrais en territoire inconnu. « Mais c'était... Drôle. Peut-être qu'une autre fois, avec toi, et en plus faible quantité...» ajoutai-je. Dieu, Paul qui se décoince ? Mais c'est un miracle. Après tout je m'étais bien amusé ce soir. J'avais pu rire de bon coeur, et être une personne normale pour une fois. Et je voulais lui plaire, surtout. Je voulais faire des efforts pour comprendre comment il vivait. Je me disais que comme ça, peut-être que lui ferait des efforts pour aller dans mon sens aussi. Une fois devant l'hôpital, je ne répondis pas quand il me demanda de ne pas essayer de lui imposer de partir. Ce n'était pas mon intention, je savais juste qu'il détestait l'hôpital. Je ne voulais pas lui imposer ça. Nous rentrâmes dans la structure, et je souris en coin -décidément ce mec me faisait sourire plus que je n'avais jamais souris de toute ma vie- lorsqu'il me dit qu'il en faisait des premières fois avec moi. Je me mis immédiatement à me remémorer notre moment dans les toilettes du bar, et une vague de chaleur s'envahit de moi. C'est pas le moment, Paul. Ma conscience me remit rapidement à ma place. Tout comme ma migraine et mes nausées. Je le regardais partir chercher à manger, prenant quelques minutes pour essayer d'avoir l'air le plus normal du monde. Quant il revint, me posant tout un tas de questions, chose qui était gênante pour moi en temps normal, alors avec une sérieuse gueule de bois... Je me contentai d'accepter son baiser avec plaisir, puis de me rendre jusqu'à l'accueil des urgences. Essayant d'avoir l'air le plus normal possible, mais mon état d'ébriété se voyait à 10km. L'infirmière de garde me parla sans me regarder, le nez dans un dossier. «Bonsoir Mon...» Elle s'interrompit brusquement lorsqu'elle leva enfin les yeux et qu'elle me vit. « Docteur Ackerly ? Oh... C'est une vilaine cuite, ça. Allez au box 2.» Je me contentais de lui lancer un regard aimable et bienveillant auquel elle répondit par un sourire, et retournant vers Hadès, je me saisis de sa main, avant de me rendre dans le box, et de m'asseoir directement sur la table d'auscultation. Et il ne fallut pas moins de 5 minutes montre en main pour qu'une tête connue passe la porte, portant fièrement sa blouse, comme chacun d'entre nous. Son regard était hilare. « Paul! J'y crois pas, t'es bourré ?» Je grimaçais pour seule réponse. C'était un interne, l'un de ceux dont je m'occupais. J'étais du genre, sympa avec mes internes, ne voyant pas l'intérêt de les prendre de haut et jouer au petit chef, c'est pourquoi ils me tutoyaient. On travaillait comme ça. « Tu veux une perf?» Je levai les yeux vers lui et dit, les dents serrées. «Oui, s'il te plaît Lucas.» Lorsqu'il sortit de la pièce en riant, je levais deux grands yeux honteux vers Hadès. Des hauts le coeur me soulevant régulièrement l'estomac. Plus jamais. Lucas ne tarda pas à revenir avec une perf dans la main, une compresse, du scotch et du désinfectant. Il commença à s'approcher de mon bras gauche. Je le reculai vivement. Il était hors de question qui que ce soit d'autre que moi-même me pique, du moins tant que j'étais conscient. J'avais vécu une mauvaise expérience, lorsque mes "copains" en médecine m'avait entraîné à être leur cobaye pour s'entraîner aux prises de sang. Et moi crédule, et par peur qu'on s'en prenne physiquement à moi, je m'étais laissé faire. Je lui tendis ma main pour qu'il me donne la compresse humidifiée avec le désinfectant. « Mais Paul..» Je lui lançai un regard agacé en soupirant, il le savait très bien en plus, on en avait déjà discuté.Et l'alcool ne me rendait pas spécialement de bonne humeur. Je me désinfectai le bras, et tendit une nouvelle fois la main pour qu'il récupère la compresse et me donne le cathéter. J'attendis qu'il me pose le garrot, et puis je me penchai vers mon bras, pour glisser le cathéter dans ma veine. L'interne se dépêcha de déposer la perf en hauteur une fois que j'eus fini et de mettre du scotch pour maintenant le cathéter en place. « Paul.. J'ai fais tes post-op, et Madame Grey s'est réveillée de son ablation de la tumeur que tu lui as fait cette après-midi. Mais je suis inquiet, sa pression intra-crânienne me semble élevée.. Elle a les pupilles dilatées.» Lucas, sérieusement, dégage, j'suis ivre. J'ai envie de gerber sur tes chaussures. Et j'ai mal à la tête.Et j'ai au moins un confrère de garde. Voilà ce que j'aurais dû répondre, mais j'étais trop gentil et trop médecin. Je me mis à me masser ma tempe droite de ma main qui n'était pas entravée par l'intraveineuse. Et je levai mes yeux vers lui. « Vérifie ses pupilles dans une heure, si elles sont toujours dilatées, tu l'amènes au scan et tu cherches un caillot. Ou une embolie gazeuse. Et tu la fais passer en priorité. Parce que si tu vois un caillot, dans moins de 4h00 elle est morte.» Lucas me lança un regard paniqué et se recula légèrement en me remerciant.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Je haussais les épaules quand tu vins me dire que tu étais conscient qu’il fallait beaucoup boire, en attendant c’est quand même moi qui a pris la bouteille pour te l’a donner, et je crois qu’un petit merci aurait été plus chaleureux. Mais je sais, je sais que tu ne comprends pas ça, et honnêtement c’est même pas un truc grave, je m’en fiche, tant que tu comprends les autres choses. Quand on arrive à l’hôpital, il y a plusieurs souvenirs qui reviennent, sans doute mon père qui foutait la main à la gorge de ma main au point de devoir aller à l’hôpital, ou même moi, mes nombreuses fois en étant en état d’alcoolisme élevé. Je ne dis rien quand la réceptionniste parle, mais je n’en pense pas moins, tu es médecin, et je trouve quand même que c’est un manque de respect de dire pourquoi tu es là, surtout à voix haute. Je soupire, je te suis jusqu’à la petite salle en te laissant te placer, moi, je me fais tout petit. Je préfère être discret, et c’est la chose que je fais. Voyant l’internes, je grimace. Je sais que quand tu es bourré, on t’emmène pas vraiment le premier médecin, mais honnêtement, je détestais les internes. Je fais mine de rien, je regarde quelques fois mon téléphone mais quand il commence à trop s’incruster, quand je vois réellement qu’il commence à t’agacer, ça m’énerve. Je grogne entre mes dents, je détourne le regard comme pour me calmer, pour ne pas faire un scandale ici, c’est pas le moment Hadès, respire putain. Je peux pas te voir comme ça, je déteste ça, et tu le réalises sans doute pas, mais moi, si. Je le sais et je le sens, je sens que je vais criser parce qu’il préfère te poser des questions, plutôt que d’aller te soigner, merde, c’est pas normal. En grinçant des dents, je passe mes doigts sur mon visage, et j’interviens, seulement quand tu termines ta phrase. « Tu commences réellement à me briser les couilles gamin, tu vois pas qu’il est saoul, et qu’il s’emmerde à répondre à tes putains de questions, il y a un autre médecin, c’est pas le moment de venir lui poser des questions sur une patiente, là, c’est lui ton patient. » Je hurle pas, bizarrement je tiens plutôt bien ma langue. Je le fusille du regard en serrant la mâchoire. C’est un comble quand même, putain, tu viens à l’hôpital pour te faire soigner, et à la place on t’emmerde, c’est quand même le luxe. « Pis reste pas planter là comme un idiot, bouge, va voir la patiente en question et fais signe à celui qui est plus haut que toi. » Et je tourne mon regard vers Paul, soupirant comme si j’étais blasé. « Et pas Paul, j’espère que t’as compris quand même. » Je séparais mes mains l’une contre l’autre, en espérant qu’il comprenne qu’il commence à remuer ma colère. « Je comprends, excuse-moi Paul. » Je secoue la tête de gauche à droite en me disant qu’il avait absolument pas compris. Je le vois disparaître derrière la porte, et je me lève assez rapidement. Sans doute frustré, angoissé, et nerveux de voir que c’était trop familier avec toi, qu’ils prenaient bien trop leur aise. « Tu devrais les encadrer un peu plus, tu dois pas te laisser faire comme ça, t’es pas au boulot, t’as pas à être là, surtout dans ton état. » Je parlais surtout du fait de pas devoir répondre aux questions. En venant à toi, je portais mes mains sur tes joues. Je savais que quand tu seras moins ivre ça ira et puis ce n’était qu’une petite cuite, rien de très grave dans le fond. Je venais doucement me saisir de ta bouche, je t’embrassais, laissant les miennes s’animer, faisant en sorte de faufiler le bout de ma langue contre sa jumelle. C’était pas ma faute, j’ai toujours besoin de t’embrasser, j’ai toujours ce besoin de te toucher. Ca s’explique pas, et j’ai pas envie de devoir me justifier. En me reculant, je passe mes doigts dans tes cheveux pour les remettre en place, comme tu as toujours. Je te souris, m’adossant contre le comptoir en observant les objets qui nous entourent. « Quand je pense qu’on s’est rencontré ici et.. » Ma parole se coupe quand je revois l’interne arriver. Il est paniqué, en sueur. J’arque un sourcil en passant mon index et mon pouce sur le sommet de mon nez. « Je.. J’aimerais juste savoir, demain tu vas pas me mettre chez les patients chiants hein ? » Les quoi ? Je fronce les sourcils, comme si j’avais pas compris. C’était quoi les patients chiants ? C’étaient les patients qui n’avaient pas vraiment de cas dangereux donc ils étaient chiants ? Je passe le bout de ma langue entre mes lippes. Mes pupilles se dilatent, je te regarde longuement. « Les patients chiants, c’est les patients saoules ? Ou d’autres patients ? » Je vois l’internet pâlir, c’est pas ça, pas vrai ? Je veux dire, comment on peut traiter des gens qui viennent en urgence de chiant ? Comment on arrive à ce dire qu’ils ont que ça à faire. « Bon gamin, Paul veut se reposer. Et j’ai clairement pas envie de m’énerver davantage et t’en coller une et devoir aller chez les flics. Mais je le ferais si tu arrêtes pas de venir ici toute les deux minutes pour savoir si tu vas t’occuper de nettoyer le vomis, ou si tu vas laisser mourir une patiente. » J’ai même envie de ricaner, mais tu sais, pas le genre de rire qui donne envie, pas le genre de rire en qui on a confiance. Je sors mon téléphone, comme pour m’empêcher de rentrer dans une colère. J’avais l’impression d’être dans un film, ou une mauvaise série où on arrive pas à prendre soin du patient, ou pire, une mauvaise blague. Je revenais poser mon cul sur la chaise près du lit, je redressais mon bras, pour poser ma main sur ta cuisse. De manière assez possessive, certainement. Mais je relevais bien le regard insistant de ton putain d’internet. « Il y a un problème ? » Je lui demande, on sait jamais s’il va avoir les couilles de me répondre. Je vais pas enlever ma main, je vais pas m’excuser d’être tactile avec toi, et je savais que tu étais capable de me dire de pas te toucher, alors je m’en faisais pas. Quoiqu’il puisse arriver, là, il bouge pas, il ne fait que de te regarder comme s’il voulait des réponses. Mais mon gars, tu vas en avoir des réponses, tu vas juste partir d’ici sans jambes et sans bras. Je baisse la tête sur mon téléphone, répondant à des messages, regarder mes réseaux, rien de très intéressant. Est-ce que je dois prévenir Carter ? Je crois pas, je le sais que je dois faire silence. Mais cette situation est plutôt gênante, parce que j’aime pas te voir ainsi, et j’aime pas quand on s’occupe de toi. Alors je dis rien, je fais mine que cet abruti ne soit plus ici, bien qu’il regarde un dossier en nous observant de temps en temps. On doit être vachement intéressants pour que les gens s’attardent aussi facilement sur nous. Quoique, parlez. Ca ne peut que m’amuser davantage.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Hadès&Paul
C'est quoi.. ça? J'étais profondément choqué des paroles d'Hadès. Chose qui bien évidemment était incapable à décrypter sur mon visage. Pour le coup, c'était lui qui m'agaçait. Néanmoins, sous le choc, je restai un long moment silencieux. Ebahis. Mon regard se déplaçait d'Hadès que j'avais du mal à regarder parce qu'il était en train d'empirer la situation, alors que je me sentais déjà mal d'être ici, ivre, mais là, c'était juste le summum du mal-à-l'aise. Il était littéralement en train de traiter mon interne aussi mal que ce qu'il m'avait traité, moi, la première fois qu'on s'était vu. Non, il le traitait encore plus mal, en fait. Lorsque Lucas sortit de la pièce, je n'avais toujours pas prononcé un seul mot, les mains tremblantes et le regard subitement fixé sur le plafond dont il refusait de se détacher, alors que mes lèvres tremblaient légèrement. C'était nerveux, je ne le contrôlais pas. Là, franchement, j'étais vraiment mal. Lorsqu'il vint m'embrasser je ne réagis qu'à peine, complètement sous le choc qui avait beaucoup de mal à passer.
Lucas revint, et me posa une simple question, et là la tempête Hadès recommença à s'abattre sur lui une nouvelle fois, me rendant encore plus mal à l'aise. Si bien que les larmes commençaient à me monter aux yeux. C'était mon lieu de travail putain. L'endroit le plus important de mon petit monde, celui où je me sentais le mieux. Encore mieux que chez moi. Et je remarquai bien rapidement le regard de Lucas, qui semblait au plus mal. Je me racla la gorge, il allait falloir que je parle maintenant. Je savais très bien pourquoi il restait là depuis tout ce temps malgré les menaces d'Hadès. Il était encore là parce qu'il commençait à assez bien me connaître pour savoir que là, j'étais pas bien. Et il pensait peut-être même que j'étais en danger. « Hum... Lucas. Je ne travaille pas demain. Mais lorsque je reviendrais, dans trois jours, tu seras avec moi en neuro.» Je déglutis péniblement, essayant de faire en sorte que ma voix ne tremble pas malgré toutes ces foutues larmes que je luttais pour retenir. L'interne me regardait d'un air inquiet, ce qui signifiait que je ne l'avais pas convaincu. « Tu veux bien aller vérifier les constantes de Madame Grey, s'il te plait? Et vas voir le docteur Hanson si quelque chose ne va pas, d'accord ? Je ne suis pas en état d'aider la patiente...» Lucas se contenta de me faire un signe positif de tête, en m'adressant un petit sourire réconfortant, et il sortit de la pièce, non sans me lancer un dernier regard avant de sortir, refermant la porte derrière lui. Je crois qu'il avait clairement compris que là, j'avais besoin d'être seul avec Hadès.
Je pris une profonde inspiration pour me donner du courage et m'appuya sur mon bras droit pour me redresser, m'adossant correctement au dossier relevé de la table d'auscultation. Puis je tournai mon regard vers Hadès, les yeux brillants de larmes. En quelques phrases il m'avait mit la honte, humilié, sans compter qu'il s'était permis de juger ma façon d'enseigner. «Hadès... Tu ne peux pas parler comme ça à mes étudiants. Ni à aucun médecin d'ailleurs.» Parce que certes plus modérément, mais c'était presque comme ça qu'il m'avait parlé, à moi. Ma voix bien qu'un peu tremblante, parce que je menaçais de faire juste une crise d'angoisse, était linéaire et calme. Je n'avais pas l'intention de lui crier dessus. « Et tu n'as rien à dire sur ma façon d'enseigner.» Mes lèvres se mirent à trembler plus abruptement, alors que je n'y tenais plus et que quelques larmes se mirent à dévaler mes joues rougies par l'alcool. « S'il vient me voir moi, c'est parce que je leur enseigne sans être hautain. Tu n'imagines pas le nombre de médecins qui ont été hautains au lieu de m'enseigner.» Mon poing se resserra, tout ça ravivait encore une multitude de souvenirs douloureux que j'avais bien du mal à occulter dans la vie de tous les jours. « Et les patients "chiants", c'est les drainages de pustules et autres joyeuseries.» Ma voix tremblait toujours. « Ici, c'est un hôpital universitaire. Alors oui, y'a ces internes que tu détestes tant et dont la moitié abandonnent leurs études parce que de mauvais médecins les traitent mal et ne leur apprennent rien. Et parce que des patients comme toi les traînent dans la boue.» Et crois moi, Hadès, je sais ce que ça fait de se faire rabaisser plus bas que terre. La perfusion faisait doucement son effet, et l'alcool redescendait dans mon organisme, je commençais d'ailleurs à me sentir un peu mieux et soulagé que les nausées fussent les premières à disparaître. A contre coeur, j'attrapai sa main pour la retirer de ma cuisse, la relâchant presque instantanément. J'aimais qu'il me touche, alors faire ça c'était pas facile. Mais là j'étais profondément outré et franchement je l'avais en travers de la gorge. Je savais qu'il allait mal le prendre et se vexer parce que dans le fond il avait un côté gamin capricieux que j'avais rapidement cerné chez lui. Et peut-être que ça dégénérerait. Aussi je rajoutais. « Tu as raison. Il n'a pas à me demander de conseils médicaux alors que je suis en repos, et que de plus, je suis ivre. Mais tu n'avais pas à lui parler comme ça, Hadès.»
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Je fronçais les sourcils, quand je te voyais me parler de la sorte. Je restais silencieux, afin de ne pas mettre de l’essence dans le feu, et éviter qu’on se prenne encore la tête, parce que j’ai bien l’impression qu’à chaque fois qu’on se voit, on se dispute et on arrive pas à être ensemble sans ça. Je dévie mon regard, sur l’interne qui vient de disparaître. Je voyais bien qu’il pensait que tu étais en danger, et ça me blesse. Ca me blesse de juste imaginer que les gens qui t’entourent pensent que je te veux du mal. Ca me blesse de voir, que tu ne tentes même pas de contredire ce regard. Je fais mine de rien, je mâche tes mots et je me dois de les avaler, histoire d’arrêter d’être un con, et d’être méchant envers les personnes que j’apprécie. Des patients comme moi. Je ne fais que t’aider, et peut-être dans un mauvais sens, peut-être que j’ai été maladroit. Je l’admets. Peut-être que je n’ai été qu’un idiot. Alors, je regarde face à moi. Et je sens mon cœur se torde, je sens cette boule naître dans ma gorge. Tu venais de me blesser. Tu venais de prendre mon cœur pour le piétiner, tu venais de me rendre nerveux, et complètement paniqué. Alors, je ne te dis pas, quand tu prends ma main pour la rejeter, je laisse ma main suspendu dans le vide quelques instants, quelques vastes secondes. J’arrive pas à croire. Parce qu’encore les mots, je pouvais gérer. Mais le fait de me rejeter, encore. Me faisait bien trop mal, bien trop mal pour que je trouve le courage de le dire. Je reste immobile. Je regarde un peu partout, comme si je voulais trouver une sortie, que je puisse me casser, que tu n’entendes plus jamais parler de moi. Et pour une fois, dans toute mon existence. Je me lève. Je ne hurle pas, je ne suis pas violent, je suis juste un mec qui a voulu aider, qui a voulu qu’on te laisse en paix. Mais, j’ai été un mec qui t’a rabaissé, qui t’a blessé, et humilié devant un gamin. J’enfonce mes mains dans mes poches, je ne te regarde pas, parce que je sais que tu es au bord des larmes et que je ne pourrais pas tolérer ceci, mais pendant deux minutes, les plus longues de ma vie, je hausse les épaules. Passant le bout de ma langue entre mes lèvres. « J’ai jamais voulu te blesser. Ni t’humilier comme les autres personnes. Parce qu’au contraire d’elles, moi, je t’aime. Et c’est ça, la différence. Je voulais qu’il te laisse en paix. Et c’est ça, l’amour. Faire en sorte d’aider l’autre même si c’est maladroit. Et peut-être que ce n’est pas la manière dont tu veux qu’on t’aime. » Et je ne peux rien y faire, je ne peux pas changer l’être que je suis, je ne peux pas calmer mes nerfs d’un seul coup, je ne peux pas mettre un masque, ce masque que je porte toute la journée afin que personne ne puisse me blesser. Je hausse les épaules. Comme si j’étais un gamin perdu, et je me tourne vers toi. Mes traits neutres, mes lèvres alignées. « Je suis désolé d’être trop brisé pour toi. Mais je ne peux rien faire. Je ne peux pas t’aimer autrement. » Je lève mes bras en l’air, comme si j’étais essoufflé, et je l’étais. Je prends mon paquet de cigarettes pour jouer avec, avant de regarder la porte. Il fallait que je sorte fumer. Il le fallait, il me fallait un truc pour me calmer. « Tu demanderas pardon à ton interne, et tu pourras lui dire que tu n’étais pas en danger, parce que je l’ai vu, dans son regard. J’ai vu qu’il pensait que tu étais en danger, et c’est la pire chose que j’ai pu voir de toute ma vie. » Ce n’est pas de ta faute, je sais que ce n’est pas de ta faute de comment il m’a regardé. Comment il t’a regardé. Mais, je peux pas rester comme ça, je peux simplement pas regarder le type que j’aime être en danger pour son entourage. Je soupire, je passe mes doigts dans mes cheveux. « Je vais fumer, je reviens. » Ou peut-être que je ne vais pas revenir. Peut-être que je n’ai plus le courage d’être ici dans cette pièce. Je te tourne le dos, et j’ouvre la porte sans aucune hésitation. Je la renferme, afin que tu puisses y rester, et je traverse ce couloir froid, croisant le regard de la réceptionniste. Je crois qu’elle a compris, elle est sans doute venue te voir ensuite, mais mon regard ne disait rien de bon, il disait juste à quel point je venais d’être blessé. Je sors, je m’adosse contre le mur de l’hôpital en calant une clope entre mes lippes, l’allumant. J’observais tout autour de moi, cette nuit, me demandant quel était réellement mon problème. Je me laissais retomber doucement. Posant mes coudes sur mes genoux, fumant d’une extrême lenteur. Est-ce que je dois revenir ou partir ? C’est ma conscience qui se bat contre mes deux pensées. Parce que si je reviens, tu seras mal, je serais mal, mais ça le sera tout autant si je décide de partir. C’est juste la merde, une grosse merde, et j’arrive toujours pas à m’habituer. Ô, qu’est-ce que j’aimerais que cette douleur s’estompe. Qu’est-ce que je donnerais pas pour ne plus ressentir tout ça. J’aimerais aller bien, juste une fois. J’aimerais ne plus être considéré comme un homme mauvais. Parce que dans le fond, je ne le suis pas. Je suis juste un mec abîmé, et c’est la merde. Parce que personne ne prend le temps de me comprendre. T’es peut-être comme les autres aussi, mais dans ce cas, pourquoi tu m’aimes ? Pourquoi tu aimes ceux qui te traite mal ? C’est insensé.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Hadès&Paul
The last song I'm wasting on you. Je crois que le plus surprenant c'était de constater qu'il ne s'énervait pas. J'en fus le premier étonné, je m'attendais à ce qu'il me fasse une scène. A ce qu'il balance tout dans la chambre. A ce qu'il réagisse en fait. Et c'est là que je compris que je l'avais blessé. Je l'écoutai prononcer ces mots, comme l'âme en peine qu'il devait probablement être en cet instant. Et je me sens peiné, qu'il se sente comme ça. Je voulais juste lui faire comprendre que ce n'était pas une façon correcte d'agir, tout simplement. Je ne voulais aucunement le blesser ou qu'il se sente rejeté. A aucun moment. « Hadès je sais que tu m'aimes... C'est juste... T'es pas obligé d'être toujours si agressif et blessant.» Ses derniers mots m'avaient piqué à vif alors je préférai ne rien ajouter là-dessus. Parce que de base, je m'étais habitué à l'idée d'avoir une vie entière sans être aimé. Alors je n'avais aucune idée de la façon dont je voulais qu'on m'aime. Mais j'avais l'impression qu'il n'écoutait pas mes mots. Il ne me regardait même pas. Lorsqu'il prononça ses mots suivants, je voyais bien que derrière son air vide et froid il était blessé. Et ce n'était pas ce que j'avais voulu. Vraiment pas. J'avais juste voulu lui apprendre une règle de bienséance, surtout sur mon lieu de travail. «Hadès, tu... Pourquoi tu prends tout aussi à coeur ? Je n'ai jamais dis que ta façon de m'aimer était un problème.» Mais je savais qu'encore une fois il ne m'écoutait pas, il était comme vide. D'ailleurs je ne cherchais même pas à l'empêcher de partir. Il avait besoin de fumer là, et je le savais. Je commençai doucement à le connaître. Et comme la porte était ouverte, Lucas choisit ce moment pour faire son entrée. « Ca va, Paul? » Je levai les yeux vers lui. « Il ne me fait pas de mal, Lucas. Il est... Il est comme ça. Il essayait de me protéger. Même si c'était maladroit. Ne le juge pas trop durement, d'accord?» Mon interne me fit un sourire soulagé. « Je suis heureux pour toi, Paul tu sais.» Je ne répondis rien, à part. « Retire moi ça s'il te plait.» L'interne s'approche de moi pour me retirer ma perfusion qui de toute façon était vide. Ca faisait bien assez de temps qu'Hadès était partit, et je devais le rejoindre. Je me levai donc et sortis du box, puis de l'hôpital. Je ne mis pas longtemps à le trouver, et je me rendis discrètement derrière lui, puisqu'il était de dos. Je refusais qu'il m'entende arriver. Une fois à son niveau, je glissa mes deux bras autour de ses hanches, venant coller mon torse à son dos. Mes lèvres vinrent déposer un léger baiser dans sa nuque, avant de poser mon menton sur son épaule. Les yeux clos afin de profiter de ce moment, et de son odeur que j'aimais tant. « Tu sais.. Je n'y connais pas grand chose à l'amour, Hadès. On en a jamais parlé, mais je veux que tu saches que tu étais le premier. Alors je ne sais pas de quelle façon j'ai envie d'être aimé. Mais j'aime ta volonté de me protéger. Et je t'aime, toi. Essaye juste de ne plus crier sur mes internes, d'accord?» J'essayai juste de me réconcilier avec lui. Et de le soulager de la douleur qu'il ressentait en cet instant sans nul doute. J'enfouis mon nez dans ses cheveux pour humer son odeur, ma main droite glissant discrètement sous son t'shirt pour caresser la peau de son ventre. « T'as pas choisis le gars le plus facile à aimer, pas vrai?» Lui soufflais-je dans le cou.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Pourquoi je tenais autant à cœur ? Sans doute parce que j’ai passé ma vie à écouter des reproches, des jugements sans l’ombre d’une hésitation, parce que les gens préfèrent juger plutôt que d’apprendre à connaître, et c’était épuisant de devoir se faire engloutir par cette colère que je ne connais que trop bien. Mais, je ne dis rien, je préfère passer outre, et j’assume le fait d’avoir gueuler sur ton interne, le seul truc qui m’empêche encore d’avaler, c’est le fait que ce dernier a pu te regarder comme si tu étais en danger. Comme si j’avais pu te blesser, physiquement. Ciel, juste à penser ça, je commence même à ricaner dans mon coin comme un imbécile. J’écarquille des yeux en secouant la tête de gauche à droite en pouffant de rire. Les gens sont idiots. Je fumais tranquillement ma cigarette, sachant pertinemment que j’allais revenir, parce que quand je dis que je vais rester jusqu’au bout, je fais en sorte de tenir cette promesse, comme toutes les autres promesses d’ailleurs. Je regarde mon téléphone de temps en temps, je réponds à quelques messages, surtout ceux de Carter, je jongle sur les réseaux, et lentement. Je sens cette présence derrière moi, ces bras que je reconnais, cette odeur qui vient chatouiller mes narines. Je me sentais brutalement propagé dans cette sensation d’être apaisé. Je savais que c’était toi, et je n’ai même pas sursauté de peur, non, j’ai simplement fermé les yeux, laissant ton corps chaud s’accoler au mien, de ta voix, de tes lèvres. Mon épiderme frissonnait, je me sentais bien, à tes côtés, je me sentais unique, et c’est comme si la voix des démons dans ma tête finissaient par s’en aller. « Je vais essayer de ne plus hurler sur tes internes. Promis. » Chose très compliquée, mais que je devais me résoudre de faire. Je tournais mon regard vers toi, j’observais ton profil rapidement. Ton joli petit nez retroussé, ton menton, tes yeux d’un bleu océanique. Je savais que dans le fond j’avais de la chance de t’avoir, et que je ne voulais pas qu’on se mette en danger plus que ça. « T’as un caractère de merde, et j’ai aussi mon caractère. On va dire que c’était pas le choix le plus simple. » Je haussais les épaules. Parce que dans le fond, c’est la vérité. Tu es compliqué, complexe. Je suis colérique, et impulsif. Mais ça ne fait pas de moi une mauvaise personne, et je sais que dans le fond tu le sais, comme je sais que tu n’es pas si compliqué que ça. En me tournant, je viens prendre ton visage entre mes paumes, je viens accoler nos bouches durant de vastes secondes, avant de descendre mes mains sur tes hanches, puis sur la rondeur parfaite de ton fessier. Geste automatique, parce qu’à l’évidence, je déteste ne pas te toucher de cette manière. « T’es plus bourré ? Tu crois qu’on peut rentrer ? Histoire de partir d’ici, et je t’attends, parce que j’ai pas trop envie de retourner à l’hôpital, je pense qu’ils ont assez de ma marque. » Entre mes venues et tout le bordel. Je supposais qu’ils devaient avoir un gros dossier de ma personne. Compressant ton fessier entre mes doigts, je plongeais mon visage dans le creux de ta nuque pour humer en profondeur ton parfum. Titillant cette zone à travers plusieurs baisers, remontant jusqu’à ton oreille pour mordiller ton lobe. « Et si tu es sage, on pourra même faire des folies dans ton lit. » Enfin, si tu me laissais dormir avec toi, puisque la dernière fois je me suis barré, et là, c’est clairement pas le cas, j’ai pas envie de me casser. Je place mon visage face à toi, je te regarde longuement avant d’afficher un faible rictus. Si je devais t’attendre, je prenais le temps de m’installer sur un banc, sortant mon paquet de cigarettes pour m’en fumer une. J’avais qu’une hâte, c’était de m’en aller, j’avais clairement plus envie d’être dehors, mais juste dans ton lit, toi, dans mes bras, oubliant à quel point le monde est sale et pervers. Tout en s’embrassant, évidemment.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Hadès&Paul
Je vois des anges depuis que Satan me tape sur les nerfs.
Je me serrais fermement contre lui, m'enivrant de son odeur que j'aimais tant. « Tu sens encore le sexe.» Répondis-je simplement lorsqu'il dit qu'il ne hurlerait plus sur mes internes. En fait, je n'écoutais déjà plus ce qu'il me disait, depuis quelques secondes déjà. J'étais obnubilé par lui, et son odeur. Puis j'étais fatigué. Et je n'avais aucunement la force mentale de rentrer dans un débat sur qui avait le caractère le plus merdique de nous deux. Je ne pensais pas avoir un caractère de merde. J'étais juste... Sans filtre. Je ne jugeais jamais, j'exposais des faits, en permanence. Tel que je les observais de façon cartésienne. Lorsqu'il se tourne et prends mon visage entre ses mains pour m'embrasser, je réponds à son baiser, avec bien plus de conviction que tout à l'heure, me laissant encore une fois envahir par cette vague de sentiments intarissables. Comment était-il possible de ressentir autant de sentiments, et ce avec une telle puissance ? Je n'en savais rien, et encore une fois, j'étais bien trop fatigué pour m'interroger sur la question. Aussi, lorsque ses mains glissèrent sur mes fesses je déglutis, un frisson m'envahissant, néanmoins une de mes mains se porta à mes lèvres tandis que je baillais. « Je suis sobre, oui. J'ai pas besoin d'y retourner, Lucas signera mon dossier de sortie.» L'avantage d'être médecin, et de n'avoir rien de grave. Oui parce qu'en cas de trauma ou autre ça aurait été différent, mais en l'occurrence mon interne avait bien vu que j'allais mieux, il s'en chargerait donc. Je penchai légèrement la tête sur le côté, pour mieux profiter des baisers qu'il y déposait, me laissant envahir par une nouvelle vague de frissons. D'autant plus lorsqu'il me murmura ça dans le creux de l'oreille. Bizarrement, l'idée de faire l'amour sagement dans un lit me séduisait moins que les endroits plus osés que nous avions connu jusque là. Je crois que le fait de pouvoir me faire surprendre m'excitait. C'est vrai, même à la maison, il y avait quand même plus de chance de nous faire surprendre dans la salle de bain que dans ma chambre où personne n'entrait jamais. Décidément, le monde et la vie étaient remplis de choses que j'ignorais, même sur moi-même jusqu'à présent. Et Hadès m'aidait à en découvrir un certain nombre. « Mon lit ne me sert qu'à dormir.» Murmurais-je simplement au creux de son oreille, avant de me décoller de lui comme si de rien était, attrapant sa main et commençant à marcher en direction de chez moi.
Le chemin fut plutôt court et je connaissais les raccourcis, surtout que j'habitais dans le même quartier que l'hôpital. Une fois devant, j'ouvris la porte de la maison, qui était vide et silencieuse en cette heure très matinale. J'entrai et attendis qu'Hadès en fasse autant de refermer derrière nous. Et je savais qu'il fallait que je dorme, sinon mon cas ne risquait pas spécialement de s'arranger. Aussi, sans lâcher sa main, je pris la direction de ma chambre, dont je refermais la porte derrière nous une fois de plus. Je retirai mes chaussures, les rangeant bien à leur place, comme toujours. « Je suis embêté Hadès.» Dis-je d'une voix solennelle. « Je sais pas ce que je dois choisir entre mon besoin de dormir, et toi.» Je levai mon regard sur lui, un regard sans doute un peu lubrique. Après tout c'était la deuxième fois qu'il venait dans ma chambre. Et cette fois-ci, je comptais bien m'endormir dans ses bras, quoi qu'on ai fait ou pas fait avant. Je retirai donc mon jeans, ma veste et mon t'shirt, pour me retrouver en boxer, et grimpai sur mon lit, pour me glisser sous le drap.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.