Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Hadès&Paul
Lorsqu'il me dit qu'il m'aimait, que j'étais beau, et qu'il voulait que je ne bouge pas de ses bras, c'est encore sur mon petit nuage que je vins me poser contre lui, déposant ma tête sur sa clavicule et son torse. Je n'avais ni la force de parler, ni la force de bouger. Du moins pas plus que pour m'installer confortablement contre lui. Incapable de me sortir ce que nous venions de vivre de la tête. Ma main gauche vint se poser sur son ventre et c'est ainsi que je m'endormis contre lui. Faut dire aussi que c'était la toute première fois que quelqu'un dormait avec moi. Comme quoi, moi aussi j'en vivais des premières fois avec lui. La nuit se déroula globalement sans encombre, et faut dire qu'après ce qu'on avait vécu et l'intensité du moment, sans compter l'alcool que j'avais consommé dans la soirée, j'avais besoin d'une bonne nuit de sommeil réparateur.
Je fus le premier à ouvrir les yeux. La boule au ventre. L'une des pires sensations pour commencer une nouvelle journée. C'est d'ailleurs pourquoi je ne mis pas longtemps à émerger. Je redressai lentement mon visage, pour ne pas le réveiller et le regardai un instant. Puis, tout aussi délicatement, je me détachai de son étreinte, et me levai du lit. Je pris des vêtements propres, ma serviette et me rendis à la salle de bain. D'ailleurs c'est avec soulagement que j'accueillis le jet d'eau chaude, et que je me lavai plus doucement que d'habitude. D'ordinaire je détestais être sous l'eau chaude, alors en général en quelques minutes c'était expédié. Vite fait, bien fait. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui ça me détendait. Je me savonnais donc précautionneusement, puis sortis de la douche, me sécha toujours aussi sommairement et enfila mes vêtements. Puis, presque comme un zombie, je me rendis jusqu'au salon, récupéra ma manette de PS4 et la télécommande et m'assis sur le canapé. Quand j'avais pas le boulot, ma console c'était le seul moyen de déconnecter. Je baissai le son néanmoins pour ne pas réveiller Hadès et lançait le jeu qui était dans la console, c'est à dire The Witcher 3. Sur le moment je me mis à penser qu'Hadès ignorait tout de cette facette de moi, la facette geek. Et je me demandai bien quelle serait sa réaction lorsqu'il se lèverait et la découvrirait. Sans doute se moquerait-il gentiment. Et l'imaginer être juste lui, là, à se moquer, me réchauffait le coeur. Diminuait un peu cette tension qui me tordait l'estomac. Après tout, j'aimais Hadès pour ce qu'il était. Tout ce qu'il était. Y compris ce mec moqueur et hautain quand il s'y mettait. Ce barbare agressif au coeur tendre. Et même si là, tout de suite, après la nuit que nous avions passé, je voulais fuir, au plus loin, je m'efforçai de ne pas le faire. C'est d'ailleurs pourquoi mes yeux fixaient l'écran, me concentrant sur Geralt de Riv, le sorceleur blond platine que j'incarnais dans ce jeu. Je me retrouvai un peu en lui. Partout où il allait, la majorité des gens lui crachaient dessus, parce qu'il était un "mutant". Un différent. Tout comme moi. Et même si personne ne me jetais avec autant d'agressivité, les gens avaient régulièrement du mal avec ma différence. Quand j'entendis du bruit, je savais que c'était Hadès, qu'il s'était réveillé. Alors, prenant sur moi de lutter encore une fois contre mon envie de fuir. «Hadès ? Je n'ai jamais trouvé qu'aucune fille soit belle, mais je dois choisir entre les deux là, tu prendrais laquelle?» Oui, ni bonjour, ni rien, mais ça c'était tout moi, surtout quand j'étais nerveux comme ça. Je le laissai donc le loisir de se décider entre une brune aux yeux verts, très pulpeuse, vétue en permanence de noir, mais un air de vilaine fille sur le visage. Et une Rousse tout aussi pulpeuse, les yeux verts également. Vétue de façon plus colorée et la gentillesse et la douceur sur le visage. Et dans le fond je n'avais nul besoin qu'il décide à ma place, je prendrais la gentille. Je prenais toujours les gentils. Mais je voulais essayer de détruire le malaise qui allait s'installer de façon obligatoire. Comme à chaque fois qu'on était après. Après nos moments d'amour. Après l'explosion de la bulle.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
8 :11 Good morning.
Je palpais à mes côtés, rien, aucune présence. Ma conscience me hurlait que quelque chose de grave c’était produit, et que je devais absolument me réveiller. Mais c’était bien trop dur, bien trop compliqué d’ouvrir un œil. D’habitude, je dors. Littéralement, durant mes jours de congés je préfère dormir jusqu’à tard, profiter tard la nuit, comme si j’étais en décalé. Mais ce matin, je sentais bien que je devais me lever, parce que tu n’étais pas là, et que ça m’angoissais de dormir encore seul. Plissant des yeux, je cherchais un moyen à me rattacher à un souvenir, ou quelque chose qui pourrait me dire que tu étais bien plus proche. Putain, il est quelle heure ? Je tends mon bras, pas de téléphone, putain. Depuis quand je dors sans téléphone à côté de moi ? Je me redresse, les cheveux en bataille, la mine totalement fatiguée. Je pourrais dormir encore et encore, ou du moins, jusqu’à voir mon téléphone au sol, et de voir qu’il était à peine dans les huit heures. C’est une blague ? On a peine dormi quelques heures, même pas de quoi être en forme. Je grogne entre mes dents en me relevant, j’enfile mon boxer, je regarde partout autour de moi en observant mes habits un peu étalés partout. Je vais pas me rhabiller, pas maintenant, ciel, il est trop tôt pour ça. Je décide tant bien que mal de rejoindre la salle de bain et de me doucher en quelques minutes, juste le temps de me rafraichir après la nuit mouvementée que nous avions eu. C’était tellement incroyable, tellement magique. Je me souviens encore de ton odeur, de tes doigts parcourant mon épiderme, et ça me réchauffe de l’intérieur, même si je suis en flippe totale, et que j’ai juste envie de prendre mes affaires et de me barrer. Mais j’ai pas le courage de faire ça, j’ai pas envie de te le faire. Prenant un de tes boxers, tu m’en voudras pas. Parce qu’on fait quasiment la même taille, et je pense pas que ça soit très hygiénique de reprendre le même tissu. Je me demandais ce que tu faisais, et quand j’entendis les bruits de télévision, je me doutais que tu devais regarder un film ou même une petite série. Mon corps, comme un zombie, marchait jusqu’à ton salon, où dès mes pas retentissaient, tu me posais une question. « Hein ? » Ouais, bon, d’accord, je suis très lent quand c’est le matin. Je viens vers toi, je prends place même sur le canapé à tes côtés en passant un bras sur tes épaules. Regardant les filles en question. « La vilaine. Je trouve qu’elle est sacrément jolie. Et puis, l’autre fait trop gentille. Pourquoi la gentille serait gentille ? Et la méchante, et bien méchante ? Moi, je crois que la méchante est grave gentille dans le fond, faut lui laisser sa chance. » Est-ce que je pars dans une explication totalement dingue aussi tôt le matin ? Probablement. Est-ce que tout ce que je viens de dire est logique ? Absolument pas. Je racle ma gorge, en te regardant du coin de l’œil. Je me doutais que tu sois angoissé, et je me rapprochais de toi, ma main sur ta cuisse pour pouvoir déposer un baiser sur la carrure de ta mâchoire. « Je vais préparer un truc à manger, tu veux quelque chose ? » C’est même pas une question, parce qu’honnêtement, on devait manger. Mais je reste encore de bonne minute presque allongé sur le divan, caressant ta cuisse en regardant comment tu jouais. « Je comprends pourquoi tu es aussi doué avec tes doigts, vu comment tu joues. » Je te faisais un petit clin d’œil. C’était pour te taquiner un peu, faire en sorte que tu comprennes de quoi je parlais. Après quelques minutes à te regarder jouer, je me redressais péniblement en me rapprochant de la cuisine. « Si jamais, je t’ai piqué un boxer. » Bon, tu as du le voir, mais c’était pour te le dire. Je viens pénétrer cette pièce dont je suis que très peu à l’aise, vu mes compétences à ce niveau, je décide simplement de casser des œufs, de faire un œuf au plat, de découper quelques morceaux de fruits, et avec le tout, de bonnes tasses de café, ne sachant même pas si tu en prenais ou si tu étais plus jus de fruits le matin. Alors je faisais juste le minimum, de quoi manger et boire, et peut-être enlever cette gêne qui plane au-dessus de nous, bien que cela ne soit pas trop le cas pour moi. « Je me suis jamais levé aussi tôt de toute ma vie, durant mes jours de congé. » Haussant les épaules, d’un large sourire.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Hadès&Paul
Je mis quelques instants avant de me décider à le regarder, lorsqu'il vint s'asseoir à côté de moi, et posa son bras sur mes épaules. Néanmoins, je lui adressai un petit sourire timide. Le genre que font les enfants quand ils sont mal-à-l'aise. Puis je l'écoutai répondre à ma question. Partir dans des débats à cette heure là ne me dérangeait pas, parce que je me levai rarement après 6h. « Parce que la gentille a rencontré le héros pendant qu'il avait perdu la mémoire et oublié la méchante.» Commençais-je. « Et que contrairement à la méchante, elle ne prend personne de haut, et ne se prend pas pour la reine de l'univers. Elles sont mages toutes les deux, et de la même puissance, et pourtant l'une se croit au dessus de l'autre. L'autre se contente patiemment que celui qu'elle aime prenne une décision, et la respectera. Pendant que l'autre lui crie dessus à longueur de temps. Et parce que la méchante, elle a obtenu l'amour du héros uniquement en faisant appel à une créature du néant pour le relier à elle.» Allait-il encore me dire que Yennefer de Vengerberg était gentille après ça ? Après tout plus rien ne m'étonnait avec Hadès. Et c'est en grande partie ce que j'aimais avec lui, nos divergences d'opinions, qui créaient des débats sur un truc aussi futile qu'un jeu vidéo. Je sentis ensuite sa main se poser sur ma cuisse et ses lèvres venir se déposer sur la forme de mâchoire. Un frisson me parcourut alors. Et je me penchai à mon tour vers lui pour déposer un instant ma tête sur son épaule, humant son odeur. Bizarrement les choses se passaient beaucoup mieux que ce que j'avais imaginé, et c'était juste divinement bon. Je m'en serais presque senti euphorique si je ne me forçai pas à un peu de retenue. Et faut avouer que c'était quand même merveilleux, de se rendre compte qu'on était capable de faire autre chose que simplement s'aimer puis se déchirer. Faut dire aussi qu'en cet instant, je me sentais presque comme un gars normal, au petit matin, avec l'homme qu'il aime. Envolé l'Asperger. Envolé les problèmes quotidiens. Et pour une fois, je me sentais même presque heureux de ne pas travailler, aujourd'hui. Je me dis alors que cette journée risquait d'être belle, et douce. Et je me demandai ce qu'elle nous réservait. Des millions d'envies me parcouraient. J'avais envie de faire des choses de la vie de tous les jours, mais de les faire avec lui. « Je n'ai pas très faim.» Mais il était déjà partit, et mon regard le suivit un instant, regardant son dos nu et musclé, puis ses fesses, et mon boxer. Alors voilà, Monsieur était partit, en me faisant une remarque salace à peine voilée, me laissant là, rouge comme une vierge effarouchée. Et en m'annonçant qu'il s'était servit dans mes vêtements. Chose que j'aurais détestée avant, ou si ça avait été n'importe qui d'autre, en fait. Mais là, je crois qu'on était devenus bien trop intimes pour que ça me dérange. Aussi, je ne répondis donc pas, signifiant par mon silence mon assentiment et mon accord. Je lui laissai quelques minutes pour préparer ce qu'il avait prévu, et mis mon jeu sur pause, pour ne pas me faire aggro sans être devant l'écran. Puis je me levai du canapé, et me rendit devant le comptoir qui séparait le salon de la cuisine. Je posai mes coudes dessus, me penchant légèrement dans sa direction, prêt à l'aider à tout emmener sur la table basse. « Je ne dors qu'une nuit sur deux. Le reste du temps c'est par tranches de deux heures, enfin, quand j'ai le temps. Alors je me lève rarement après 6h.» Une façon détournée de dire Va falloir t'habituer à te lever tôt, avec moi. Je ressentais bien que sa présence dans ma vie m'aidait beaucoup. Pour la communication non-verbale tout du moins. Les choses commençaient à me venir un peu plus naturellement. Même si je resterai toujours moi. A ignorer les conventions sociales sans même le vouloir. A ne pas parler pour ne rien dire. « Par contre, je déteste le café.» Conclus-je, même si je ne voulais pas le blesser. Il se donnait du mal pour moi. Mais je ne pouvais m'empêcher de dire les choses comme ça me venait et je crois qu'il avait finit par s'en rendre compte. Je tendis mes mains dans sa direction, pour qu'il me donne des choses à emmener, le détaillant du regard de façon aussi discrète que possible. Oui, on allait pas me changer du jour au lendemain. Dès qu'on était en dehors du feu de l'action, je redevenais ce gars qui ne montre pas ses attirances et qui ne dit plus rien de vulgaire ou d'osé. Je profitais néanmoins d'un moment où il passait près de moi, pour attraper son bras au vol, et porter sa main à mes lèvres, pour en embrasser le dos, avant de la libérer. « Tu sais quand...» Mon regard fixait le vide, pensant à comment j'allais formuler mes mots. « Quand j'avais 15 ans, j'ai eut une période où je me suis intéressé à l'amour. Où je me suis posé des questions. Et je m'imaginais toujours aller au restaurant avec la personne que j'aimerais et qui m'aimerait. Alors... Ca me ferait plaisir qu'on fasse ça, ce soir. Enfin.. Si t'es libre et si.. Si t'en as envie.» Ca c'était tout moi, devenir un vrai moulin à paroles, dès lors que j'étais nerveux. Car oui, là je me sentais comme un ado qui annonce à la fille qu'il aime qu'il l'aime, avec la peur de se manger un râteau monumental.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
On pouvait parler de tout, sans doute parce que nous étions des adultes et non des enfants, même si quelques fois, voir souvent on arrivait pas à gérer nos émotions et nos sentiments, d’où le fait que ça explose très souvent. Je venais à réfléchir sur tes premiers mots, concernant les deux personnages de ton jeu. Je grimaçais, peut-être que ouais, c’était une grande salope, et qu’elle ne méritait pas tout ceci. Mais, je ne voyais pas les choses comme ça. « Et bien, la plupart des gens quand il font du mal, c’est à cause d’un passé. Je dis pas qu’elle mérite tout ça, je vais pas dire non plus que c’est une connasse. » J’inclinais mon visage en bas, comme pour insister sur mes mots. « Cependant, je crois qu’elle a bien plus souffert que la gentille. Qui te dit que la gentille quand elle aurait pas ce qu’elle veut, ne va pas venir une connasse à son tour ? Alors que peut-être qu’au fond, la méchante veut simplement être considérée à sa juste valeur. » Si on m’avait dit que j’allais parler de ça, à une heure si tôt. Je crois que j’aurais vivement envoyé chier la personne d’en face. Mais avec toi, c’est juste pas possible, parce que c’est ça, que j’aime. Qu’on puisse être assez à l’aise pour entamer une quelconque conversation. Je te regardais, mon sourire amusé sur les lèvres. « Pas de café alors, tu prends quoi ? » J’allais pas me vexer, surtout que je commence à te connaître et que je sais que la plupart du temps tu ne mesures pas vraiment tes dires, si c’est bon de l’avouer ou non, et puis ça change, je préfère connaître les choses que tu aimes plutôt que de me dire quelque chose de faux simplement pour ne pas me blesser. J’avais un peu passé outre le fait que tu te lèves aussi tôt, parce que de mon côté, je savais que ça allait être impossible. « Et bien, tu me laisseras dormir parce que tu m’aimes, au moins jusqu’à 10h00 du matin, et non 8h00. » Surtout si on se couche autant tard, moi, si je commence à avoir un rythme pareil, je vais pas assumer au boulot. Quand tu apportais les choses, je finissais de préparer les quelques petits tucs. Les fruits, et mon café que je posais sur la table, et dès que je me redressais pour retourner chercher le reste, tu m’attrapais, tu embrassais le dos de ma phalange, et je t’écoutais attentivement parler. Le visage incliné, je comprenais cette importance, je savais que ce n’était juste pas pour manger, mais que ça te tenais à cœur. Je restais planté là, quelques fractions de secondes avant de me placer face à ton être, glissant mes mains sur tes joues pour embrasser tes lèvres. « Avec plaisir. Je connais un très bon restaurant où on peut aller souper. C’est relativement pas loin d’ici, et c’est délicieux. Qu’est-que tu aimes manger ? » Parce que le plus important c’était ce que tu voulais, et comment tu voyais les choses. Dois-je préciser le fait que je n’ai jamais été au restaurant avec la personne que j’apprécie ? Surtout que tu étais la première après ma rupture. Alors, je pense que c’était bon de le dire, de simplement t’informer que moi aussi, c’était important. « Tu seras mon premier restaurant amoureux. Comme quoi, faut marquer le coup. » Haussant les épaules, je venais happer ta phalange pour nous rendre en direction de la table à manger. Je te laissais prendre place, tandis que je m’installais face à toi, commençant par boire une gorgée de mon café chaud. « Ton jeu, on peut jouer à deux où c’est chacun une partie ? » Quoi ? Je m’intéresse, c’est tout. Je te souris longuement, en croquant dans les fruits, mangeant tout en jonglant avec toi. « On a tout le matin pour jouer, alors je crois que tu dois me montrer comment faire. Après je dois juste téléphoner pour un dossier pour le boulot. » Je savais que c’était important le boulot, je peux pas négliger ça, surtout que ces temps j’arrivais toujours en retard et qu’ils vont commencer fortement à ne pas aimer ça. Tendant mon bras, pour prendre ta main, j’observais les muscles, les veines qui ressortaient, et tes doigts. Je regardais tout, tout bonnement. « Faudra que je rentre pour me changer, je garderais ton boxer, on sait jamais non ? Ah, et je te laisse mon t-shirt. Je crois que hier, tu l’as bien aimé. » J’ai envie de laisser des affaires ici, enfin, t’affole pas. C’est juste que j’ai envie d’y laisser un t-shirt pour que tu gardes mon odeur auprès de toi, et que tu évites d’oublier que je t’aime. Je continue à manger, jouant avec le bout de tes doigts, les pinçant, frottant doucement. Et ce, en jonglant avec ma nourriture et le café. Dès que j’avais terminé, je levais les yeux vers toi, me redressant pour débarrasser la table. « Je peux fumer dehors ? Je vais chercher mon paquet. » Dès que mes mots s’étaient envolés, je m’empressais de rejoindre ta chambre pour revenir auprès de toi, je sais pas si tu m’autorises à fumer, alors je préfère m’avancer vers la porte coulissante et de m’installer sur la chaise à l’extérieur. Ouais, je fume déjà. Et normalement je fume ma clope avec mon café, alors que là, j’avais déjà pris le temps de boire et de manger. Comme quoi, c’est loin de me déranger cette habitude. M’adossant contre l’encadrement de la porte, je croisais mes bras l’un contre l’autre. La fraîcheur de la nuit glissait sur ma peau, me faisant quelques fois frissonner. J’observais les alentours, le voisinage, tout en fait. Surtout que chez moi, j’ai juste une terrasse, et pas d’herbe, qu’à cette heure il y a déjà énormément de bruit à l’extérieur. Alors ouais, ça change énormément, et j’apprécie ce calme, cette paix qui s’installe durant ce laps de temps.
Il est déjà dans tes veines, il ira jusqu'à ton cœur. Il y récoltera les émotions que tu y as cultivées avec tant de précautions. Puis il te pourrira d'espoirs. La conquête amoureuse est la plus égoïste des croisades.
Hadès&Paul
J'écoutai ses arguments concernant Triss et Yen, dont l'une était mon amour virtuel depuis déjà longtemps. Néanmoins je trouvais ses arguments cohérents. Même si évidemment, il ignorait encore tout un morceau de l'histoire. «C'est pas car on a souffert qu'on est obligé de faire souffrir les autres. Sinon... Je devrais être un horrible monstre. Enfin je crois. Néanmoins, ton point de vue est compréhensible et acceptable. Mais tu dois savoir que la seule chose dont Yennefer puisse souffrir, c'est qu'elle ne supporte pas qu'on ne fasse pas ce qu'elle veut.» Ben oui, fallait bien que je lui donne les éléments manquants, quand-même. Et grand Dieu, je ne donnerais jamais mon Geralt à une femme de ce genre. « Du chocolat chaud, normalement. Et du jus d'ananas.» Pour répondre à sa question. Et c'était d'ailleurs en général tout ce que j'avalais le matin, et encore, quand je n'avais pas la flemme de faire chauffer le lait. Je l'aidais donc ensuite à tout emmener sur la table et attendis qu'il revienne. « Je ne te réveillerai pas. Tu sais, en général, je me lève, et je lis. Parce que personne n'est jamais réveillé aussi tôt que moi.» Et puis je me doutais bien qu'on allait pas dormir ensemble toutes les nuits. Même si j'étais sur la bonne voie pour accepter cette relation en construction, je n'avais néanmoins aucune envie de brûler les étapes. Parce que j'étais au moins autant amoureux de mon indépendance durement acquise que de lui.
Lorsqu'il posa ses deux mains sur mes joues, et m'embrassa, mes deux mains se glissèrent d'instinct sur ses hanches, et je répondis à son baiser avec douceur. C'était bizarre pour moi, de me dire que maintenant j'aurais probablement cette douceur au quotidien. Ces gestes d'affection, ces regards, ces caresses, ces baisers et... le reste. Mais ça me semblait pourtant naturel. Je ne savais pas exactement ce que nous étions, mais j'aimais ça. « J'aime la nourriture italienne, indienne et marocaine.» En bref, j'étais compliqué niveau nourriture, et ça c'était juste pas compatible avec les leçons de morale que j'étais obligé de donner aux patients sur leur alimentation. Mais bon. Je n'étais pas du genre à me forcer. Lorsqu'il me dit que lui aussi, ça allait être son premier restaurant en amoureux, je déposai un instant mon front contre le sien, pour plonger mon regard dans le sien. Puis je me laissais entraîner jusqu'à la table, où je commençais à mon tour à manger quelques fruits. « Non, c'est un jeu solo. Mais tu peux faire une partie, si tu veux. L'histoire en vaut la peine.» Dis-je calmement, bien qu'intérieur j'étais juste hyper heureux qu'il s'intéresse comme ça à l'une de mes passions. Plus jeune, j'avais gaspillé un nombre incalculable d'heures sur mes diverses consoles. « Tu travailles même quand tu es en repos, toi?» Dis-je taquin. Surtout que c'était vraiment l'hôpital qui se foutait de la charité pour le coup. J'étais le premier à être plus ou moins tout le temps en train de travailler. Et là je comptais bien profiter de mes 3 jours de liberté. Lorsqu'il me tendit sa main, je la pris sans même y penser. Venant entremêler mes doigts aux siens. « Tu peux m'emprunter des vêtements, sinon.» Oui, je n'avais vraiment pas envie qu'il parte. Est-ce que c'était mal ? Sans doute. Mais là, je voulais juste que ce soit notre journée. Je voulais la passer à faire des trucs sans intérêt, comme regarder un film, jouer à la console, discuter, faire des câlins,... Les quelques fruits que j'avais ingurgité plus tôt m'avaient suffit, aussi je me contentais de le regarder manger, tout en lui rendant chacune de ses caresses sur ses doigts. Puis, je me levai pour l'aider à tout ramener dans la cuisine. Lorsqu'il me demanda s'il pouvait fumer, je n'eus le temps de répondre qu'il était déjà partit chercher son paquet, puis dehors pour fumer. Alors, je vidai correctement les tasses et les contenants, jetant ce qu'on avait pas mangé. Puis je mis la vaisselle dans le lave-vaisselle. Ensuite, je me rendis à sa rencontre, sur la terrasse. Après un long moment d'hésitation, je me décidai à aller m'asseoir... Sur ses genoux, collant mon dos contre son torse. « Tu ne trouves pas ça agréable, l'air frais du matin ? Et le silence?» C'était toujours très silencieux aussi tôt le matin, et moi j'adorais ça. Je me mis de côté, collant ainsi mon dos contre l'accoudoir de la chaise, pour pouvoir le regarder. Je posai l'une de mes mains dans sa nuque et vint déposer ma tête sur son épaule, fermant les yeux pour mieux profiter de cet instant. Mes doigts remontèrent dans sa nuque, que je commençai à effleurer du bout de mes ongles, avec une extrême douceur. J'étais juste bien, là, collé à lui comme s'il était mon frère siamois. Puis, assez brutalement, mes deux bras vinrent s'enrouler autour de son cou, pour le serrer fermement contre moi. Comme pour le supplier silencieusement de ne pas me laisser. Je vins frotter le bout de mon nez froid contre la peau de son cou, avant de venir le coincer contre sa mâchoire. « Je t'aime.» Murmurais-je alors simplement, tout près de son oreille.
Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux le pays des larmes.
Je ne voulais rien dire concernant encore les personnages, parce que dans ma tête, je crois qu’on est tous bons, c’est juste que nous avons des passes et c’est bien plus compliqué. Et surtout c’est plus simple de gérer avec la colère que de pardonner. Attention, je ne donne pas d’excuse aux meurtriers, aux sociopathes. C’est juste que ouais, j’aimais pas qu’on impose des étiquettes aux gens, soi mauvais, soi bon, alors qu’on est tout au milieu et qu’on peut tout basculer sur le mauvais côté, et ce bien plus facilement. C’est tellement simple d’en vouloir aux gens, de dire qu’ils sont cons, qu’ils sont égoïstes, mais je crois surtout que les gens qui font ça, qui disent ça, ils nettoient pas assez devant leur porte. Retenant tant bien que mal le fait que tu aimais une certaine cuisine, je faisais la mine, ne retrouvant pas la cuisine japonaise ou chinoise. Parce que ouais, je pourrais réellement manger de ça, toute la journée et toute la semaine, tellement que c’était bon. Raclant ma gorge, j’avais levé les yeux au ciel pour tes habits. Je sais que tu ne veux pas que je parte, mais il fallait que je me change que je me douche, histoire d’être propre pour notre premier rendez-vous. C’était ça, non ? Finalement c’était notre premier rendez-vous, nous avons brûlé quelques étapes, mais j’en suis fier. Parce que quand tu te postes sur mes genoux, que je viens envelopper ta taille de mes bras, t’invitant à t’adosser et à prendre tes aises. Je fermais les yeux pour ressentir ce vent qui effleurait nos anatomies, cette sensation de paix qui plainait, à quel point c’était agréable finalement de ne pas habiter dans un immeuble. « Ca fait du bien, tu me fais presque douter. Acheté une maison, je me dis que ça peut être une bonne idée, que je m’éloigne du centre. » On était pas très loin, tu allais à pied jusqu’à l’hôpital, et même si au fond ça me gênais pas, je suis pas quelqu’un qui aime marcher. C’est con, mais j’ai une préférence pour polluer la planète. C’est brutalement que je sentis tes bras encercler ma nuque, j’écarquillais des yeux, presque inquiet, j’allais te demander si quelque chose n’allait pas. Et tes mots, tes mots résonnaient dans ma tête, ma conscience trouvait une lumière dans ma noirceur. Je te fis reculer un peu, que ton regard se plante dans le mien. « Je t’aime, Paul. Je t’aime plus que tout au monde, et je ferais le nécessaire pour que tu sois heureux, et jamais je vais m’en aller. » Même si j’ai peur, même juste le sensation d’être ainsi me faisait flipper, de même de le dire de cette manière. Mais je n’avais pas envie de partir, je n’avais pas envie de te laisser, de laisser cette liaison aussi étrange soit-elle. Tu comptais pour moi, comme jamais personne n’avait compté. « J’ai besoin de toi dans ma vie, et je ferais en sorte de te garantir toujours ma présence. » J’étais sérieux quand je disais ceci, même si tout semblait rapide ou autre, je m’en tapais. Je te souris doucement, venant embrasser en délicatesse tes lèvres, faisant attention à ne pas te brûler. Et lentement, je t’aidais à te lever. Je devais m’habiller et rejoindre mon appartement. « Je vais me changer, et je reviens, enfin je vais me doucher et tout, ranger un peu mon appartement, et je reviens et tu m’apprendras à jouer. » D’un mouvement je te laisse une petite fessée, avant de te faire un clin d’œil et de rejoindre ta chambre en écrasant ma cigarette au sol. J’enfilais mes habits, passant mes doigts dans mes cheveux pour ensuite mettre mes baskets et revenir sur mes pas pour te retrouver au salon. Enveloppant ta taille, me postant derrière toi, plongeant mon visage dans le creux de ta nuque pour humer doucement ton parfum. « Pas de bêtise. Ah et ce soir, tu dors chez moi. Pas de discussion. » Peut-être que j’ai envie d’être un peu tranquille et de me dire qu’on pourrait le faire dans toutes les pièces sans penser aux colocataires. Enfin, c’est là que je réalise que ouais, depuis peu, moi aussi j’ai une colocataire. Je fronçais les sourcils en embrassant ta joue. « Enfin, je vais dire à ma coloc de pas rentrer pour ce soir. Et on aura l’appartement complet. » Pas que ça me dérange, mais je sais que dans le fond ça va pas lui déranger, qu’elle s’en cogne même. En embrassant une dernière fois tes lèvres, je venais prendre mes clés et ma veste que je plaçais sur mes épaules, pour rejoindre la porte, tout en te jetant un dernier coup d’œil. « Ah et, t’es beau bébé le matin. »
C’est dans ces mots que je disparais, rejoindre mon appartement pour me doucher et me changer, prendre un peu de temps pour moi. Et te rejoindre juste après quelques heures.