Les mains de Joanne s'agrippant à mon dos sont toujours terriblement envoûtantes. Et puis, elle plante soudainement ses ongles dans ma peau, m'arrachant un gémissement mêlant étrangement douleur et plaisir. En ce moment, mes sens sont corrompus par mon désir. La surprise de ces marques dans ma chair passée, j'en redemande presque. Il est non seulement plaisant de deviner l'intensité des sensations qu'elle éprouve à cet instant, par ses gestes, ses souffles, ses gémissements ; mais aussi elle me les transmette, ses doigts ainsi resserrés sur mes omoplates faisant passer chacun de ses frissons à travers mon propre corps qui les lui rend dans un nouveau coup de reins. Créant ainsi un cercle sans fin, un échange parfait, une symbiose. Au fil des minutes, nos deux corps brûlants, complètement consumés, perlent de sueur. L'effort est intense, mais, au fond, se ressent à peine tant la finalité est agréable. Chaque parcelle de mon corps, chaque morceau de mon esprit lui est dédié, et par sa tendresse mêlée à cette sensualité qu'elle s'ignore, elle me rend chaque attention au centuple et me pousse à continuer à la flatter par tous les moyens. Je goûte la peau de son cou, qu'importe qu'elle soit revenue sensiblement plus salée, et je ne me détache de ses lèvres que pour retrouver un semblant de souffle, ou lorsque je ne peux plus retenir un râle de plaisir. Au bout de plusieurs minutes, je n'essaye même plus de les contenir. Je sens mon coeur et mes poumons exploser à chaque tentative, pour finalement céder au moindre long frisson électrisant qui me traverse, la laissant venir à travers tous ces sons la force des sensations qu'elle me procure. Chaque regard me fait fondre, et je ne peux m'empêcher de répondre à ses demandes muettes avec un baiser, la laissant faire ce qu'elle veut de moi. Je passe un bras sous son échine recourbée, pouvant ainsi la serrer, la garder un peu plus contre moi alors même que nous ne pourrions pas être plus proches que cela. Qu'importe, j'ai simplement besoin de sentir son corps, sa peau porcelaine, avide du moindre contact brûlant. Je laisse malgré moi la cadence prendre un rythme de plus en plus rapide, perdant complètement pied dans cette dimension de toucher et de sons dans lequel ne compte plus que les sensations s'emmagasinant dans chacune de nos cellules, s'incrustant dans chaque de nos pensées, ces respirations devenues folles, plus courtes, plus rapides, ces gémissements devenus plus fréquents, plus longs, plus bruyants ; tous ces signes qui ouvrent la voie vers le paroxysme de cet instant, celui où le corps de Joanne se tend, se crispe, où son éclat de voix résonne près de mon oreille, sa respiration se coupe soudainement avant que l'air ne revienne emplir ses poumons et détendre d'un coup tous ses muscles ; où ses ongles laissent à nouveau leur marque dans ma chair sans même que je m'en rende compte, parce que son plaisir, contagieux, irrésistible, me guide jusqu'au point de non-retour où, à mon tour, mon être se laisse entièrement traverser par la dernière vague de volupté, me faisant perdre mes derniers moyens, m'arrachant un dernier long gémissement. Et puis, le calme après la tempête. Le visage au creux du coup de Joanne, je retrouve doucement une respiration longue et profonde alors que mon coeur continue de tambouriner, dansant sur mes tempes. Je reste ainsi en elle un instant, portant doucement une main sur son visage brûlant. Tendrement, je dépose un baiser sur ses lèvres dont la douceur et la timidité contrastent complètement avec l'acte venant de prendre fin. Je glisse quelques mots d'amour à son intention alors que je pose mon front contre le sien, yeux fermés. Quelques minutes passent ainsi avant que je me déporte sur le côté, lui laissant enfin de l'air -et en reprenant aussi. Mon regard dans le vague semble fixer le plafond. Un sourire vient prendre possession de mon visage, un rire m'échappe presque. « Je crois que tu m'a griffé. » dis-je, surpris de pouvoir associer ce genre de phrase à la jeune femme si douce et pudique que je connais. Une jeune femme qui change.
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
(presque fini !)
L'intensité du plaisir était tel que Joanne perdait tout contrôle de ses gestes, laissant ses sensations s'extérioriser par les moments qu'elles avaient à leur disposition. Entendre son amant respirer ou s'exclamer près de son oreille ne faisait qu'accentuer le plaisir qu'il lui procurait déjà, la faisant ainsi perdre tous ses moyens. Elle ne se rendait pas compte que ses ongles, qui n'étaient finalement pas si longs que ça, s'étaient enfoncés dans la peau de son dos, comme si elle cherchait par là à lui transmettre toutes les émotions qui jaillissaient en elle. Son corps s'était recourbé, et Jamie en profita pour y mettre l'une de ses mains brûlantes afin de maximiser le contact entre leur deux corps. L'entendre d'abord retenir ses cris et gémissements, pour finalement céder à toute tentative, l'émoustillait davantage. En soi, elle était flattée d'être en mesure de lui faire vivre de telles sensations. Jamie accelérait de plus en plus la cadence de ses coups de rein, ne laissant aucun répit pour sa belle, qui commençait à sentir monter en elle l'apothéose de l'acte, jusqu'à ne plus pouvoir contenir quoi que ce soit, pour finalement tout laisser sortir par un cri, des muscles qui se crispaient, ses ongles qui s'enfonçaient à nouveau dans la peau de son dos, par un corps qui se cambrait encore plus. Sa tête s'était penchée en arrière alors que son souffle se coupait pendant quelques secondes après avoir laissé évacué la totalité de son plaisir. Enfin, chacun de ses muscles se détendait progressivement. Ses jambes se déplièrent un peu, ses doigts relâchait peu à peu sa peau avant de retrouver le délicatesse habituelle. Jamie finit par lui aussi exprimer un long râle de plaisir, pour ensuite enfouir sa tête dans son cou quelques instants, cherchant à retrouver une respiration convenable. Ce n'était toujours pas le cas pour sa belle, qui sentait son coeur battre à tout rompre, au point de les entendre retentir sur chaque parcelle de son corps. Il l'embrassa tendrement puis laissa son front collé contre le sien, lui partageant quelques mots d'amour qui la firent sourire. Elle avait gardé ses yeux fermés, encore concentrée sur l'air qui allait et venait de ses poumons. Il était encore en elle, et la jeune femme profitait du mieux qu'elle pouvait de ce contact, en caressant délicatement son dos ou son cuir chevelu, comme si cela n'allait pas se reproduire avant très longtemps. Enfin, Jamie se bascula sur le côté, allongé sur le dos. Il fallait quelques secondes à Joanne pour se rendre compte à quel point son corps était couvert de sueur, par une sensation de froid lors que les gouttelettes entraient en contact avec l'air ambiant. Elle passait une main dans ses cheveux, n'arrivant définitivement pas à retrouver une respiration convenable. Concentrée longuement sur cette dernière, en posant une de ses mains sur son propre front, Jamie lui dit une phrase qui fit virer son visage à la couleur rouge pivoine. Elle se tourna subitement en sa direction, l'air surpris et presque paniqué, l'incitant par une main sur son épaule, de se mettre sur son flan afin qu'elle puisse voir cela. Joanne se surprenait elle-même, ce n'était tellement pas habituel chez elle, pour ne pas dire, unique. Elle passait ses doigts où elle avait laissé ses marques. D'un côté, elle était terriblement embarassée et gênée, mais de l'autre, elle savait que ça traduisait l'intensité du plaisir qu'il venait de lui donner. "Oh mon D..." souffla-t-ellel alors que le bel homme revenait sur le dos. D'un air véritablement confus, presque honteux, elle essaya tant bien que mal de se justifier. "Je suis vraiment désolée...je...c'était pas...voulu." La Joanne qu'il connaissait bien revenait au grand galop. De plus, elle n'avait pas entièrement retrouvé sa respiration "C'est juste que...en fait...la première fois que...autant..." Autant Joanne n'avait pas réellement de soucis pour exprimer ses sentiments, si ce n'était sa timidité par moment, autant parler de ce qu'il venait juste de se passer la gênait beaucoup. Elle espérait juste qu'il comprenne ce qu'elle disait. Joanne ne souvenait pas avoir ressenti ce plaisir aussi intensément. Les traces que Jamie avaient sur son dos en étaient la preuve. Ils savaient très bien tous les deux ce qu'il y avait eu, ce qu'il s'était passé. Et ce n'était pas comme si c'était la première fois, loin de là, il n'est pas forcément nécessaire de parler de leur activité de ce côté là. Elle cacha un moment son visgae à l'aide de ses deux mains, embarrassée. Joanne restait quelques secondes ainsi, jusqu'à ce qu'elle commence à avoir un peu froid. Elle avait une idée en tête, et se mordilla la lèvre, se demandant si cela était raisonnable. La belle blonde ressentait aussi à nouveau le besoin d'être en contact avec lui. Doucement et timidement, elle se mit à califourchon par dessus lui et l'embrassa doucement. D'un regard malicieux et un peu gêné, elle lui chuchota. "C'est de ta faute." Jamie avait pris ce réflexe de déposer ses mains sur ses cuisses lorsqu'elle se trouvait dans cette position. Elle prit doucement l'une des siennes pour la replacer timidement à l'endroit où elle l'avait mis quand ils étaient encore dans la baignoire. Son coeur battait encore intensément dans sa poitrine. Malgré elle, les souvenirs tristes et oppressants de Kelya revenaient dans sa tête. "Je t'aime." Elle vint coller son front au sien, en fermant les yeux. "Et je ne suis qu'à toi, tout à toi." Une de ses mains se glissa dans ses cheveux alors que l'autre venait de se déposer sur sn visage. La belle blonde, aussi douce et délicate pouvait-elle être, ressentait en elle une certaine possessivité, peut-être même de la jalousie à savoir qu'il y avait une autre femme qui voulait à tout prix revenir dans sa vie, et qui le connaissait beaucoup mieux qu'elle. Joanne l'aimait éperdument. "Et je veux que tu ne sois qu'à moi, rien qu'à moi." Pour une fois, pas de conditionnel. Mais bien une affirmation. "Pour toujours." On pourrait croire à l'un de ses romans à l'eau de rose, mais Joanne pensait chacun de ses mots. Ce n'était pas la plus courageuse, la plus audacieuse, la plus battante qui soit. Mais elle savait qu'elle l'aimait au delà de la raison, et qu'elle se voyait passer le reste de sa vie avec lui.
La chambre semble terriblement fraîche, l'air ambiant est particulièrement agréable après ces longues minutes de chaleur. Je reste ainsi sur le dos, une jambe repliée, passant une main sur mon visage et par mes cheveux trempés par l'effort. En réalité, il me faudrait une douche. Un comble. Je souris à cette idée. A vrai dire, je ne peux pas m'empêcher de sourire, m'accordant cette vague pure et simple de bonheur. Ma remarque choque Joanne, et d'un rapide coup d'oeil, je me plais à voir ses jours s'empourprer. La belle perd dans la second le surplus d'assurance dont elle avait pu faire preuve jusque là, trouvant toute sa timidité. Je me tourne quelques secondes afin qu'elle puisse voir les marques. Je n'ai aucune idée des dégâts qu'elle a pu causer sur mon dos, et je pense que j'aurais du mal même devant un miroir. Le mystère restera entier. Mais les légers picotements me laissent deviner quelques traces qui prendront quelques jours avant de disparaître. La jeune femme, confuse, en perd ses moyens. Pour ma part, j'éclate de rire, je ne peux plus m'arrêter. La voir ainsi me fait fondre. Elle est adorable. Entre deux éclats de voix, je parviens à articuler ; « Te mets pas dans cet état, c'est rien du tout. Ca ne fait même pas mal. » Mais elle continue de bredouiller, la respiration encore courte, sûrement à cause de la gêne qui s'est emparée d'elle. Je me mords la lèvre pour m'empêcher de continuer à rire, ne voulant pas qu'elle pense que je me moque d'elle. C'est toute la situation qui est comique. Ma si douce compagne capable de m'abîmer le dos, et ses joues rosies quand elle s'en rend compte. Elle tente de se justifier, ses phrases incomplètes laissant deviner assez facilement ce qu'elle essaye de dire. La regardant toujours, je lui souris -non sans être très satisfait par ce que j'entends, il est toujours flatteur de savoir que le moment a été aussi plaisant pour soi que pour sa partenaire. « Oh, tu veux dire que ce n'était pas assez bien jusqu'à présent ? » je demande pour la taquiner, me doutant que la gêne décuplant sa naïveté pourrait lui faire prendre cette question au premier degré. J'ai follement envie de la voir essayer de se rattraper, dire que non, les autres fois étaient aussi bien, et ne jamais finir sa phrase. Je serre les dents pour ne pas rire à nouveau, attendri par Joanne se cachant entre ses mains. Son embarras la rend terriblement attachante. Et puis, elle reprend soudainement du poil de la bête et vient passer une jambe au dessus de moi pour se placer à califourchon. J'essaye tant bien que mal de ne rien laisser transparaître de l'effet que me fait l'idée de la savoir ainsi sur moi. Il ne faut pas plus que son regard malicieux et son corps dénudé au contact du mien pour m'émoustiller. Je sens un peu de chaleur au niveau de mes pommettes, que je devine rougir. C'est de ma faute, dit-elle. La position de Joanne et ce semblant d'envie qu'elle fait si rapidement renaître me laissant quelque peu nerveux, je me contente d'un rire qui trahit complètement mes pensées. Prenant quelques longues inspirations, elles se calment quelque peu et se glissent en arrière-plan. Je lui réponds que je l'aime aussi. Je l'écoute dire qu'elle est mienne. Sa main entre mes cheveux me force à fermer les yeux pour profiter de ce contact. La mienne reste posée à côté de son coeur qui bat terriblement fort. L'autre caresse doucement son visage. Elle me veut pour toujours. Je ne crois pas vraiment qu'elle puisse penser ses mots, mettant cela sur l'ivresse, la magie du moment. Mais elle parvient quand même à me toucher. « C'est vraiment très long « pour toujours ». Ca demande réflexion. » dis-je avec un sourire en coin. Je fais mine de réfléchir à la question pendant quelques secondes, puis glisse jusqu'à ses lèvres pour l'embrasser longuement. Lorsque nos visages se séparent, je demande à voix basse ; « ...où est-ce que je signe ? »
I believe in the lost possibilities you can see. And I believe that the darkness reminds us where light can be. I know that your heart is still beating, beating darling. I believe that you fell so you can land next to me. ‘Cause I have been where you are before. And I have felt the pain of losing who you are. And I have died so many times, but I am still alive
Jamie se moquait ouvertement d'elle, c'était sûr. Cela n'aidait pas la jeune femme et ses joues bien rouges, n'accentuant que son sentiment. Malgré tout, il tentait de la rassurer en disant que ça ne lui faisait pas mal, que ce n'était rien. Elle n'en était pas si certaine et le regarda brièvement d'un air concerné. La jeune femme avait tenté de se rattrapa comme elle le pouvait mais elle voyait bien qu'il continuait à se retenir de rire. Il finit par lui sourire, lui demandant si les fois suivantes n'étaient pas suffisamment bien pour elles. Elle le fixait avec des yeux ronds, ne sachant s'il était véritablement sérieux et ou s'il voulait la faire marcher. La belle blonde bredouilla, terriblement gênée. "Non, je n'ai... je n'ai pas dit ça... c'est juste..." Là elle voyait dans le regard de Jamie qu'elle réagissait exactement de la même manière à laquelle il s'attendait. Ses yeux pétillaient de malice, et elle le voyait bien jubiler à l'idée d'avoir effectué cette réussite. Elle fit la moue, avec tout de même un léger sourire aux lèvres. "C'est bon, tu m'as eue." La timidité et la gêne étaient encore bien là, et il savait exactement comment en profiter. C'en était déroutant pour elle, de la manipuler de par sa simple naïveté.
Joanne se trouvait désormais par dessus Jamie, en lui disant des mots qu'elle pensait réellement. Il y avait certainement encore l'effervescence de leurs ébats, mais elle pensait chaque mot qu'elle disait. Une fois de plus, il ne la prenait pas au sérieux, utilisant toujours l'humour pour faire rebondir leur conversation sur quelque chose de plus léger. Après qu'il l'ait longuement embrassé, il lui demandait où est-ce qu'il devait signer. Son visage était très proche du sien. Joanne esquissa un sourire timide avant de lui chuchoter "Juste là." en approchant délicatement ses lèvres des siennes, et reprendre le baiser qu'il avait commencé. La belle blonde avait l'impression qu'en étant dans cet position, elle pouvait faire de lui ce qu'elle voulait. Cette idée de possession et de supériorité était peu commune pour elle, et la perturbait un peu. Mais ce n'était pas désagréable, elle y trouvait une certaine flatterie et une satisfaction qui lui était inconnue jusque là. Elle avait bien vu ses joues rougir, son regard parfois fuyant, entendu ses rires nerveux. Il tentait d'apaiser ses pulsions par de longues respirations. Pendant qu'il parlait, il semblait plus apaisé, mais Joanne n'allait certainement pas oublier ces images qu'elle avait de lui. Elle arrivait peu à peu à cerner les gestes qu'il appréciait tout particulièrement, c'était pour cela qu'elle tâchait d'avoir une main dans ses cheveux. Retrouvant enfin son calme, Joanne commençait à ressentir la fatigue de leurs efforts. Elle préférait tout de même rester de longues minutes ainsi, à l'embrasser et caresser l'ensemble de son torse du bout des doigts. Elle essuya ensuite les dernières gouttes de sueur qui perlait sur le front de Jamie. Un peu rieuse, elle lui dit. "Il faut qu'on reprenne un bain. Regarde-toi." Oui, elle se sentait prête à renouveler l'expérience, mais peut-être plus pour le soir là. Ca ne signifiait en rien qu'elle s'était complètement débarassée de sa pudeur, loin de là. La route était encore longue, et elle faisait des efforts autant qu'elle pouvait en faire. Mais elle savait qu'un jour, elle n'aurait plus d'idée pour progresser, et que tout pourrait refaire machine arrière. De sa position, la belle blonde l'observa longuement, se plongeant dans ce regard vert où elle aimait tellement se baigner. Souvent, elle se demandait ce qui lui passait par la tête. Ce qu'il pensait de tout cela, de leurs ébats, d'elle, de leur futur. Ils n'en avaient jamais parlé, et se demandait si Jamie se posait des questions à ce sujet. Peut-être se marier, pourquoi pas avoir des enfants. S'il avait encore des voyages en tête ou d'autres choses qu'il adorerait faire avec elle. Faire du forcing ne lui servait strictement à rien, il ne faisait que se renfermer davantage. Et bien sûr, elle se demandait s'il pensait à Kelya. Cette fichue pensée. De savoir qu'ils aient eu des relations sexuelles la perturbait, même si selon lui, c'en était terminé lentement. Joanne commençait à baliser en se demander s'il pensait à elle en couchant avec sa compagne actuelle, s'il comptait réellement se charger de tout ça alors qu'il se trouvait au centre du problème. Et s'il avait un choix faire, qui prendrait-il ? Dans la tête de la belle, le choix était déjà tout fait, et ça n'allait pas dans son sens. Autant de questions et de pensées horribles que Kelya ait pu lui greffer en quelques minutes de conversation. Elle sortait subitement de ses pensées. "Nous devrions peut-être dormir." Autant faire comme si de rien n'était. Elle lui vola un baiser en lui chuchotant, s'apprêtant à se redresser. "Je vais me rhabiller, j'ai un peu froid."
Il est bientôt deux heures du matin. C'est ce qu'indique le réveil sur la table de chevet. Je n'ai pas particulièrement envie de dormir, non. Toujours pas. Seul, je serais allé me balader sur l'esplanade, traîner, ou bien j'aurais inauguré une nouvelle toile. J'aurais aussi pu enfiler une veste, prendre la voiture et aller dans le centre-ville pour animer ma soirée comme j'en ait le secret. Depuis l'emménagement de Joanne, pas une seule fois cette pensée ne m'a traversé l'esprit. Je suis toujours occupé à passer du bon temps avec elle, ou chacun de notre côté, à être seuls ensemble. Doucement, l'impatience qu'il m'arrivait de ressentir à l'idée de retrouve le goût du sang dans ma bouche s'efface au profit de mes envies d'avoir les lèvres de la belle contre les miennes. Je sais que je pourrais rester ainsi des heures, veiller toute la nuit. La garder dans mes bras, contre moi, l'embrasser, et laisser les heures passer sans rien de plus constructif que simplement l'aimer. Mais si l'esprit est toujours plus avide de la moindre minute éveillé à ses côtés, le corps réclame de longues heures de sommeil tout contre elle. Un programme qui n'est pas moins attrayant, au final. Après quelques minutes passées dans le silence, Joanne est la première à faire remarquer qu'il est largement venu l'heure de dormir. J'acquiesce d'un signe de tête. La belle se redresse, souhaitant aller chercher de quoi se couvrir. Sur le moment, j'ai envie de la retenir et de lui demander de rester ainsi, nue, cette nuit. Ma bouche s'ouvre dans cette intention, ma main se lève pour attraper son bras. Trop lentement. Elle a déjà rejoins le dressing pour piocher une de ses nuisettes, l'enfiler et revenir vêtue de soie. Je souris, malgré la déception de ne pas l'avoir retenu -elle reste ravissante, et je ne peux m'empêcher de l'observer quelques secondes, silencieux. Elle se glisse sous la couverture, n'attendant plus que je la rejoigne. Dans un élan de parfaite fainéantise, je reste dans le plus simple appareil et m'installe à mon tour sous la couette. Comme aimantée, Joanne ne tarde pas à retrouver le contact avec moi. Sur le flanc, face à face, son visage vient se caler entre mon torse. D'une main sur ses cheveux, je caresse l'arrière de sa tête. Je dépose un baiser sur le haut de son crâne avant de lui souhaiter une bonne nuit. Elle ne tarde pas à s'endormir. Le sommeil prend bien plus de temps à m'emporter. Je peux voir les minutes défiler par dizaines. Mon regard reste fixé sur les ombres des rideaux de la chambre traversés par les rayons de la lune, la danse de l'ondulation du tissus sur le mur. Je m'autorise enfin à songer à Kelya, essayant de me rassurer en pensant qu'il est plus acceptable d'y réfléchir maintenant que Joanne est endormie. Toutes mes questions reviennent, mes doutes à son sujet, la peine, la déception. Je me souviens précisément des moments où nous nous voyions à Londres, les heures passées à parler. Je censure les images des autres moments, je ne les veux pas dans mon esprit. Je continue d'essayer de comprendre, mais je ne peux pas. Je revois la peur, la panique de Joanne, lorsqu'elle me racontait la confrontation qu'elle avait eu avec son aînée. Je revois Kelya complètement perdue sur le pas de ma porte, endormie dans la chambre d'amis. Je l'entends me dire qu'elle peut accepter que je ne l'aimerais jamais, tant que nous ne nous quittions pas. Et Joanne me dire qu'elle m'aime, planifiant l'avenir sous sa chevelure blonde. Et je l'aime, à n'en pas douter. J'ai la chance de tenir dans mes bras la femme de ma vie -parce qu'elle l'est, je n'ai pas de doutes à avoir à ce sujet. Je ne peux pas laisser qui que ce soit m'arracher cela. A cette pensée, mon étreinte se resserre sensiblement autour de la jeune femme. Mon regard glisse sur son visage endormi, angélique, ses paupières closes. Enfin le sommeil m'emporte
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