Allongé sur le transat, l'esprit occupé par le doux son des vagues s'échouant sur la plage lointaine et les cris joyeux des enfants, les paupières closes, j'arbore un doux sourire sur le visage. Si le paradis était un lieu, alors ce serait ici, sur cette plage paradisiaque dans le sud de la Thaïlande.  Avec les marchands de glaces qui crient, les rires de gens partiellement inhibés, le magnifique son des animaux marins ou à plumes. Le soleil tape fort mais n'est pas désagréable et bruni ma peau blanche. Dans un soupire, je me dis que jamais je ne quitterais cet endroit.

Et puis tout à coup, une détonation. Le soleil disparaît, les animaux s'en volent, les cris joyeux se transforment en hurlement de terreur. On me secoue, on hurle mon nom mais lorsque je me réveille, il n'y a plus rien. Personne. Je suis seul sur cette plage, plongée dans une obscurité malsaine qui fait naître la terreur en moi. Me redressant, retirant mes lunettes de soleil, je regarde autour de moi mais l'instant d'après des tonnes d'eau me tombent dessus, m'arrachant de cette plage jusque là si merveilleuse. La vague m'entraîne au loin et je suis à la merci des remouds qui m'attirent vers le fond puis à nouveau vers le haut, me font me tourner sur moi-même, à tel point que j'oublie où est le bas et où est le haut. J'essaie, par reflex de faire quelque chose, de battre des bras et des jambes, mais les moulinets ne me servent à rien alors qu'une violent douleur me vrille le poignet. J'ouvre la bouche pour crier à l'aide mais l'eau s'infiltre dans ma gorge et mes poumons, accentuant ma panique, jusqu'à ce que je ne sois délivrer de cette horrible sensation par la branche d'un palmier qui l'assomme.

… et s'est en nage que je me réveille dans le lit. Assis sur le matelas, les mains agrippant ma gorge, bouche ouverte et yeux écarquillés, j'essaie de respirer mais n'y parvient pas. Suffoquant, paniquant, ma main gauche se referme sur le drap qui me recouvre et m'oppresse. Mais ce n'est que la truffe humide de Moana qui m'aide à revenir à la réalité. Ma chienne, ayant comprit que j'étais en détresse a sauté sur le lit et ne cesse de me pousser avec son museau et ses pattes, allant même jusqu'à me lécher le visage. Mes bras allant entourer le corps de l'animal, j'enfouis ma tête dans le cou de ma chienne et prends plusieurs profondes inspirations. La chaleur et la douceur de son pelage m'aide à m'encrer à nouveau dans la vraie réalité, loin de la Thaïlande et des noyades. Et c'est grâce à Moana que je parviens à me calmer totalement, retrouvant assez facilement une respiration plus ou moins normale.

Je finis par rouvrir les yeux et me recule, posant un regard reconnaissant sur ma chienne. Lui caressant la tête, l'embrassant sur le museau, je lance un coup d’œil vers le réveil qui indique qu'il n'est que 3h du matin. Et je sait déjà maintenant que je ne n'arriverais sans doute plus à me rendormir. Alors, écartant ma couverture, je m'assoie au bord du lit et me lève. Moana m'observe quelques instants et fini par sauter du lit pour me suivre tranquillement jusqu'à la cuisine. Sans un bruit, je fais chauffer de l'eau pour un thé et me pose, avec ma tasse fumante, sur le canapé, devant la télé. Je zappe un peu, puis met Netflix en route et décide de regarder une série tranquille, sans prise de tête, qui m'aidera à oublier mes cauchemars.

C'est à 8h que je passe les portes du théâtre. Ça fait deux semaines que je suis de retour à la Northlight et, afin de réellement me remettre dans le bain, j'ai accepté la demande de Charles de gérer le workshop de ce dimanche 2 juin ouvert au public. En vrai, si j'ai accepté, c'est surtout afin avoir une bonne excuse pour revoir Léo. Malgré la fin désastreuse de notre soirée, j'avais sincèrement envie de le retrouver. C'est sans aucune doute grâce à lui que je suis de retour au théâtre, car, avouons-le, sans cette rencontre inopinée autour de la scène de Slam, j'aurais sans aucun doute repoussé encore et encore le moment où je remettrais les pieds ici.

Assis sur la scène aux alentours de 9h45, le regard courant sur les personnes déjà présentes, je n'ai, pourtant, qu'une seule envie : retrouver mon lit. Et en même temps j'ai à nouveau cette peur de me coucher, me rendormir et retomber dans ces cauchemars qui m'avaient pourtant laissé tranquille pendant plusieurs mois d'affilés. Alors, je tourne au café, ne trouvant pas d'autre moyen pour me garder éveillés, même si mon estomac n'apprécie pas forcément ma cinquième tasse de café fort.

C'est, en entendant de nouvelles voix en dehors de la salle, que je me redresse  et  saute de la scène  «J'y vais » glissais-je à Mia, assise à côté de moi et traverse la salle, offrant des sourires d'encouragement à qui le souhaite. Poussant les portes de la salle, mon regard tombe bien rapidement sur la tignasse de Léo et mon sourire, jusque là forcé , se fait bien plus sincère et naturel alors que je m'avance vers le petit brun  «Léo !» l'interpellais-je  «C'est génial que tu ais pu venir ! » dis-je avec sincérité  «Sans toi je ne survivrais sans doute pas à cette journée » je rigole doucement puis désigne la porte du théâtre  «Tu viens ? On attend encore quelques personnes qui ne devraient pas tarder »

@Léo Ivywreath

Matin.

Les questions revenaient doucement. Des questions à propos de la relation qu'entretenaient Charlie et Clément. Elle qui ne m'avait rien caché sur ses aventures et sur le cours de sa vie, je doutais soudain du côté transparent de notre relation. Bien sûr, je ne l'avait jamais obligée à me raconter absolument tout ce qui se passait dans sa vie. Je prônais le jardin secret pour le bien être. Je le savais essentiel dans le développement d'une personne. Mais passer de l'impression de savoir tout d'une personne et apprendre une sorte de cachotterie partagée par deux partis à mon insu me faisait un drôle d'effet. Mon chat Socrate installé sur mes genoux, je parcourais un livre d'études à propos du stress. Un truc envoyé par ma mère à un des Noëls passés loin d'elle. Je n'avais pas compris le sous entendu. Je m'imaginais que c'était encore un truc à propos de la religion - du moins dans sa tête à elle. Elle devait imaginer que loin de Dieu, je devenais stressé. Ou que si je m'étais éloigné des lieux de cultes, c'était justement à cause du stress. Peu importait, de toute façon. Et ce livre était médiocre.

De toute manière, j'avais rendez-vous avec Clément, aujourd'hui. Je surveillais mon téléphone du coin de l’œil, mon sac déjà prêt depuis une heure. Je n'avais jamais été en retard de ma vie. Jamais, pas une seule fois. Ni trop en avance non plus, par ailleurs. J'avais calculé le temps qu'il allait me falloir pour filer du côté du théâtre et partais à l'heure que je m'étais fixée. J'avais enfilé cette chemise rose, entrouverte, comme une blague. C'était la chemise de la fois où Charlie était arrivée sans prévenir chez moi, alors que Clément et moi avions passé la soirée - et la nuit; ensemble. Jean retroussé aux chevilles, baskets blanches et lunettes de soleil sur le nez, je filais en direction du théâtre. J'avais emporté avec moi un livre que j'aimais beaucoup histoire de ne pas m'ennuyer dans les transports en commun. Livre que j'annotais en fonction de mes humeurs, comme tous les livres que je lisais. Très vite, j'arrivais au pied du théâtre. Sans hésiter, je venais me présenter à l'entrée, faisait glisser mes doigts sur l'écran de mon téléphone histoire d'envoyer un message à Clément pour le prévenir de mon arrivée. Je n'étais pas stressé, même si je n'avais absolument aucune idée de ce qui allait se dérouler, quand et comment. Je ne m'étais pas renseigné, me gardant la surprise d'un bon moment partagé et d'une activité que je n'avais jamais pratiqué. J'aimais tester de nouvelles choses, rencontrer de nouvelles personnes.

C'est alors que j'allais envoyer mon message qu'une voix m'interpella. Mon visage accueillit un sourire alors que mes yeux croisèrent ceux de Clément. Je rangeais mon téléphone, sans arrêter de sourire. « Chose promise... » ...chose due. Il m'indiquait ne pas pouvoir survivre à cette journée et je fronçais légèrement les sourcils, sans me départir d'un petit sourire. « Qu'est-ce qu'il se passe ? C'est le fait de reprendre le théâtre.. ? » Il me proposait de le suivre et je m'exécutais en hochant la tête. Nous passions les portes du théâtre et je perdais mon regard au plafond, détaillant la salle des yeux. « C'est un joli endroit. » L'acoustique ne devait pas y être mauvaise et j'entendais déjà les accords de mon violon s'éparpiller dans l'air de la salle. Je n'avais jamais donné de représentations publique. Pas comme j'avais pratiqué le piano. Je saluais les gens déjà présents dans la salle et reportais mon attention sur le brun. Je prenais une voix un peu plus basse, un ton à l'attention de lui seul, un peu joueur. « Alors, ça va depuis la dernière fois ? Pas très envie d'aller prendre un petit verre avec Charlie pour devenir son meilleur ami ? » J'adorais taquiner les gens, tester leurs limites. Il me fallait apprendre celles de Clément.

Lorsque mon regard se pose sur le visage de Léo, c'est un sourire rassuré qui s'affiche sur mes lèvres. Il m'avait promis qu'il viendrait, mais je ne le connais que très peu, je ne savais pas s'il était du genre à tenir ses promesses ou non. J'ai donc la sympathique surprise et confirmation qu'il est un homme de parole, du moins en ce qui concerne les activités. Je ne sais pas si ça concerne aussi d'autre promesses, mais je décide de me laisser le temps pour découvrir tout ça. Ainsi, sans me départir de mon sourire, j'hausse simplement les épaules lorsqu'il me demande si je ne vais pas survivre parce que j'ai repris le théâtre  «Entre autre, ouais. Mais c'est surtout parce que j'ai pas dormir cette nuit » ça n'aurait pas été le cas si t'avais été dans mon lit, me surprenais-je à ajouter mentalement avant d'inviter Léo à me suivre à l'intérieur.

Lorsque nous marchons dans l'allée, je le vois, du coin de l'oeil, entrain d'observer la pièce et hoche doucement la tête  « T'as vu ?» je regarde autour de moi, ne cessant d'être impressionné par cet endroit.  « En plus l’acoustique est magique ! Enfin tu vas le découvrir par toi-même très prochainement» j'agrémente mes paroles par un clin d'oeil avant de me diriger vers la scène m'y adossant à nouveau, Léo se plaçant non loin de moi, de manière à pouvoir me parler afin que moi seul ne puisse l'entendre. Je grimace légèrement à l'évocation du prénom de Charlie, ayant envie d'oublie cette mésaventure mais croise les bras et hausse les épaules  « Pas sûr qu'on deviendra un jour meilleurs amis elle est moi» dis-je  «Après tout ça … j'ai pas forcément envie de la revoir » ce n'est pas tant le fait qu'elle m'ait surprise en caleçon à la table de son meilleur ami qui me gêne, mais c'est surtout le fait qu'elle en connaisse bien plus sur moi que ce que la plupart des autres gens qui font parti de ma vie.  « Pas après ce qu'on s'est dit» n'en dis-je pas trop là ? J'entretiens bien trop le mystère et je suis persuadé que Léo voudra en savoir rapidement plus.

D'ailleurs, il est entrain d'ouvrir la bouche mais est rapidement coupé par l'arrivé sur scène de Charles. Après avoir saluer tout le monde, expliqué un peu de quoi il va en retourner aujourd'hui -les gens présent seront réparti en 3 groupes égaux avec chacun un comédien pour les chaperonner et disposeront de la matinée et une bonne parti de l'après midi pour inventer une pièce de 15 minutes avec un thème précis- il s'en va dans une pièce adjacente, précisant être disponible en cas de problème. Mia, Jodie et moi-même, nous nous retrouvons rapidement avec notre groupe -évidemment, j'ai insisté pour que Léo me rejoigne- et nous nous répartissons dans les différentes pièces dans lesquelles nous pouvons nous entraîner. Tandis que les filles s'en vont dans les loges et la salle de décors, elles m'autorisent à rester dans la salle de théâtre. De ce fait, je les laisse s'en aller avant de me pousser de la scène et récupérer une liasse de feuille que je distribue.  «On va découvrir ensemble notre thème du jour  » précisais-je avant de retourner m'asseoir sur la scène, mes yeux parcourant la feuille, avant qu'un sourire ne s'affiche sur mon visage  « Faire une scène et y inclure les mots 'caleçon' » j'avoue avoir lancé un rapide coup d'oeil à Léo en lisant les instructions à voix haute  «'chien' et 'feu'» j'hoche doucement la tête  «libre à vous et votre esprit artistique de décider comment les inclure, d'en faire une comédie ou une tragédie, comédie musicale ou non[i] » mon cerveau se met déjà en route  «[i]note aux comédiens de la northlight AH ça c'est pour moi » m'exclamais-je en me redressant  «vous avez la possibilité de vous inclure dans la pièce en tant qu'extra. Vous êtes surtout responsables du décors, des costumes et de la mise en scène. Amusez vous bien! » je souris doucement  «ça va être fun » je relève mon regard sur les 6 personnes présent. 2 garçons, 4 filles, avec une moyenne d'âge qui va de -je suppose- 16 à 30 ans.  « Si vous avez des idées, je propose qu'on fasse un brain storming» dit-je en me levant pour aller récupérer mon sac duquel je sors un cahier et un stylo avant de m'installer en tailleur sur la scène  « venez ici, ça sera plus simple» invitais-je les autres à me rejoindre, enjoué et super motivé par ce qui nous attend.

@Léo Ivywreath

J'avais toujours adoré les théâtres. Je leur trouvait une ambiance, une couleur, une sonorité particulière. Le théâtre avait pour moi un goût d'enfance, une odeur de plaisir partagé. Mon père adorait le théâtre. Il m'emmenait souvent à des représentations classiques et ce depuis très jeune. Je ne m'y ennuyais pas. A la manière d'un Leiris épris de scène, j'aimais aller observer les comédiens dans leur environnement. Je leur trouvait une magie, un pouvoir presque surnaturel, quelque chose qui relevait d'un monde qui n'était pas vraiment le notre. Et lorsque les trois coups appelaient le nouveau monde à apparaître devant les yeux des spectateurs, lorsque le rideau se levait, notre existence à tous se suspendaient. J'aimais ces moments en compagnie de mon père. J'aimais l'après représentation, lorsque nous discutions de ce que nous venions de voir, les yeux encore plein de jolies étoiles et d'idées farfelues. Je nous aimais, dans ces moments là. Dès que nous passions la porte de la maison, ils prenaient fin. Il arrêtaient d'exister, autant que le monde du rêve cesser d'être une fois le rideau tiré. Et nous recommencions inlassablement, comme les protagonistes d'un roman relu, lorsque la représentation suivante se déroulait sous nos yeux. Je n'aimais mon père que dans ces moment là, je n'avais l'impression d'être face à un homme que dans ces moments là. Le reste du temps, il n'était qu'un personnage de plus sur la scène monotone de sa propre vie.

L'heure n'était pas au souvenir. Clément répondait à ma petite allusion à sa reprise du théâtre. Je fronçais légèrement les sourcils. Je croyais dur comme fer que c'était lié à la reprise de ses activités. Mal dormir n'était pas lié à la lune - n'en déplaise à tous les croyants acharnés de ces histoires de magnétismes; et pouvait être lié à tout un tas de choses... dont à l'anxiété. Si Clément n'était pas revenu sur les planches depuis un moment, il était à mon sens logique que sa nuit précédent son retour ait été agitée. Je gardais pour moi mes brèves observations, me retenant de lui déballer mes cours sur la psychologie du sommeil.

Nous nous avancions dans la salle, dont j'observais la beauté et l'acoustique. Clément récompensait mes interrogations par une affirmation à propos de cette dernière caractéristiques, piquant ma curiosité. « Ne dis pas ça, j'ai envie de courir chez moi pour aller chercher mon violon ! », soufflais-je sans cesser d'admirer l'endroit. Après avoir salué les personnes présentes dans la pièce, j'allais me placer près de Clément pour lui évoquer la rencontre assez inattendue qui avait eu lieu avec Charlie, l'autre matin. Le brun n'avait pas l'air d'en avoir un souvenir très heureux, ce qui m'arracha un petit sourire amusé. Après tout, ce n'était qu'une rencontre un peu gênante... non ? Peut-être pas pour le comédien, ni pour ma meilleure amie. J'avais dès lors bien remarqué que c'était quelque chose de plus... subtil. De différent. Étrangeté confirmée par les mots de Clément, m'affirmant qu'il n'avait pas très envie de rencontrer à nouveau la jeune femme. La remarque me fit perdre un peu de mon amusement et je haussais les épaules. Je ne pouvais pas les forcer à s'aimer, de toute façon. Et rien de tout cela n'avait d'importance. « Si c'est à propos de ses mots, je t'ai déjà dit qu'ils n'étaient pas contre toi. » Non, plutôt pour ce que tu pouvais représenter. « Et si c'est juste à cause de la rencontre... C'était pas si pire. Charlie a déjà croisé des filles ou des gars avec qui j'ai couché. » Ce qui marquait encore plus l'incongru et l'improbabilité de sa surprise. Clément rajoutait une petite phrase qui me piqua au vif, réveillant en moi la curiosité que j'aimais plutôt cacher au monde. « Et... Qu'est-ce qu'il s'est dit ? Je- »

Mais j'étais interrompu par l'entrée d'un homme qui nous expliqua le déroulement de l'atelier. J'écoutais déjà, adossé à la scène aux côtés de Clément. Entre temps, j'avais déposé mon sac dans un coin. Nous nous retrouvions ensuite en groupes. Bien évidemment, je ne lâchais pas Clément d'une semelle, attendant toujours ses explications quant à la discussion avec Charlie. Les explications n'allaient sans doute pas venir tout de suite, mais je savais être patient - faux, j'avais peu de patience; et je savais me montrer persuasif, quand il s'agissait de soutirer des informations. Je remarquais le coup d’œil de Clément à l'évocation de la consigne et lui renvoyait un sourire complice. Je me massais la mâchoire, déjà plongé dans le thème. Clément filait chercher de quoi note et je faisais de même, le suivant un instant encore. « Je dessine pour réfléchir. C'est... Mémoire visuelle. », expliquais-je en tirant mon carnet de mon sac, posé à côté de celui du brun. Exécutant les consignes du comédien, je venais m'installer à ses côtés, un genoux contre le sien. Mon crayon trouvait déjà le papier, d'une écriture aérienne en boucles serrées. J'écrivais les mots donnés dans la consigne, posais ensuite mon regard sur les autres jeunes gens. « J'ai bien une idée, mais elle est salace. Du coup je vais m'abstenir. » Caleçon. Feu. Il m'en fallait peu. Ma remarque attira les rires de nos camarades. Je plantais mon coude sur mon genoux, mon menton atterrissait sur la paume de ma main. « 'Chien' ça me fait penser à un bouquin. Chiens de Sang, de Giebel. C'est un truc horrible avec deux traques, une chasse à courre humaine. Des types traqués par des tarés dans une forêt. Du coup vu que c'est glauque comme thème, je sais pas comment on pourrait y caler 'caleçon'. » Je rayais le titre du livre de mon carnet. « Mais j'imagine qu'il faut déjà définir notre registre. Personnellement je préfère la tragédie. Mais j'imagine que c'est à notre expert de nous aiguiller ? » Je coulais un regard de séducteur à Clément, accompagné d'un petit sourire exagérément charmeur. « Sinon on jette tout dans un registre fantastique, avec des chiens de feu qui portent des caleçons. », disais-je, le ton léger. Je nous imaginais déjà maîtres des chiens-caleçons en feu, et m'attelais à un bref croquis, sourire au coin des lèvres.

En vrai, je ne pense pas que Léo ait réellement tort lorsqu'il suppose que mes insomnies ont quelque chose à voir avec la reprise du théâtre. Car si j'y réfléchit bien, mes cauchemars sont plus fréquent depuis une semaine, donc depuis mon retour sur scène. Je pense que c'est normal, que chaque reprise est difficile, mais ça reste quand même horrible : ma plus grande passion qui m'a toujours permis de m'évader m'enferme maintenant dans cette spirale de l'angoisse.

Enfin. Mettant de côté ces questionnements, j'évite ceux de Léo grâce à Charles qui arrive dans la salle, nous donne des explications puis nous laisse seul avec nos groupes. Mon groupe est essentiellement féminin, mais je n'en suis pas mécontent -d'autant plus que Léo y est aussi ! Je m'empresse, donc, de distribuer notre thème puis le lit à haute voix, alors que mon cerveau se met tout de suite en route, réfléchissant d'ors et déjà à ce que je compte mettre en scène.

Léo est le premier à prendre la parole pour dire quelque chose qui ne m'étonne pas : il a une idée, mais c'est salace. Non pas que ça ne m'étonne pas venant de Léo, mais je m'attendais fermement à ce qu'un d'eux ne disent quelque chose dans ce sens. J'accueil les paroles par un simple sourire puis me lève pour aller m'installer sur scène, très vite suivi par tous les autres, mon amant de la dernière fois prenant place à côté de moi, genou touchant le mien.

Il parle ensuite du livre Chien de sang que j'ai lu et qui, comme il l'explique est un livre pas mal gore mais qu'il n'a aucune idée comment on pourrait inclure le 'caleçon'  « Facile» dis-je  « On dit que les humains sont traqués alors qu'ils ne portent qu'un caleçon» j'hausse les épaule puis reportent mon attention sur la petite assemblé  « Nous ne sommes pas obligé de faire des métaphore avec ces trois mots, nous pouvons aussi les inclure en tant qu'accessoire, ou juste évoquer le mot » expliquais-je, avant que Léo ne dise qu'il faille surtout définir notre registre  « Exactement» lui donnais-je raison  «La tragédie c'est une bonne idée, oui » j'hoche doucement la tête avant de rigoler doucement lorsque Léo parle de partir sur un registre totalement fantastique et inclure des chiens de feu en caleçon  « C'est une bonne idée en vrai !» approuvais-je  «Mais un peu trop difficile à mettre en place en si peu de temps » je grimace, m'en voulant un peu de réfuter ses idées.

 «Tu avais parlé d'une comédie musicale, non ? » lance la jeune adolescente de 16 ans sur qui je pose mon regard  « Effectivement » je souris  « Il y a moyen d'inclure du chant et de la danse, mais du coup je devrais piocher dans les autre pièces que j'ai déjà jouée car inventer des textes et des danse en si peu d'heure c'est assez difficile» je me passe la main sur le menton.

 « J'aime bien la comédie moi» lance la femme qui, je suppose, doit être la plus âgée du groupe  « on a tous besoin de rire un peu dans la vie ...» je lui adresse un sourire forcé en me demandant ce que j'ai fait pour hérité de la déprimée de service.  « Tu n'as pas tort» dis-je  « Est-ce que tu as des idées ?» je la vois qui commence à réfléchir mais qui fini par baisser le regard.  « on peut partir sur un truc avec des scientifique qui teste les effets du feu sur les chiens !» lance un des garçons, fière de son idée  « Bien sur, et après on a tous les vegan sur le dos, hein ?» rayais-je.

Tandis que mes paroles sont accueillent par des rire communs, je me lève et commence à marcher de long en large sur la scène, le mouvement m'aidant à réfléchir  «Hm ...déjà, quelles sont vos qualités ? Qu'est-ce que vous savez faire ? Danse ? Chante ? Instruments ? » mon regard se pose sur Léo  « Je sais que Léo ici joue du violon et qu'il est vraiment bon. Ça peut être un super atout pour créer genre une BO pour notre pièce » j'observe les gens  « Alors ?» Ils se regardent tous, hésitant et je commence à me dire que ce sera, en vrai, beaucoup plus dur que ce que je n'aurais imaginé.

@Léo Ivywreath

Clément n'avait pas l'air trop mal à l'aise, de parler devant ce petit monde. J'avais plaisir à le voir nous expliquer les consignes, autant de plaisir à le regarder nous diriger. Le brun avait l'air dans son élément et ne semblait même pas se rendre compte de son aisance à diriger les événements. Je gardais mes remarques pour moi, ne laissais glisser qu'un sourire satisfait sur mes lèvres. Il développait mon idée et je hochais la tête, notant certains de ses mots sur un coin de ma feuille. Clément confirmait mes envies de tragédie et je lui lançais un regard amical. J'aimais la tragédie. Elles étaient mes pièces favorites. Les tragédies grecques, autant que celles revisitées par les auteurs plus contemporains. J'appréciais également la comédie, mais lui trouvait un air plus grotesque. J'appréciais beaucoup plus l'études de toutes les strates de la tragédie, avec ses chaînes passionnelles, ses histoires de guerriers et de familles maudites. Je trouvais à la comédie plus de difficulté, cependant. Un truc plus complexe, parfois. Quelque chose qui ne s'écrivait pas seul, car les bonnes comédies se comptaient sur le bout des doigts. Je haïssais le vaudeville pour son manque de profondeur. Le genre m'était presque insupportable tant il me mettait mal à l'aise. A la rigueur, si je voulais rire sans me poser de question, j'allais regarder des vidéos sur YouTube. Un de nos camarades proposait la comédie musicale, et j'étais de l'avis de Clément: la danse et le chant demandaient trop de temps.

La jeune adolescente mâchait son chewing-gum beaucoup trop fort. Je lui lançais des regard en coin alors qu'elle s'affairait maintenant à détailler la pointe de ses cheveux de ses yeux. J'avais un léger soupir. Cette fille était juste à côté de moi et m'exaspérait déjà. Je me décalais un peu vers Clément, sans me coller contre lui non plus, moue contrariée sur le visage. Une dame, plus âgée, désirait un peu de comédie. « C'est difficile à écrire, la comédie. », disais-je doucement. Clément lui demandait ses idées et je l'observais baisser la tête, l'air vaincue. « Le truc avec la comédie c'est que y'a de l'idée dans la tête des personnages, du coup faut leur construire une psychologie et tout, je ne suis pas sûr qu'on ait le temps... » Un garçon proposait une idée, bien vite rayée par Clément. Ses mots m'arrachèrent un petit sourire alors que notre groupe s'exclamait. Le garçon avait l'air un peu vexé. Clément quittait sa place, je me retrouvais à côté de cette fille insupportable. Elle m'envoyait un sourire auquel je répondais d'une manière un peu forcée. Le compliment de Clément me faisait monter le rouge aux joues. « Non c'est pas... enfin, c'est juste un peu de musique... », disais en souriant doucement. « Moi je sais chanter. », lançais la jeune adolescente, un air fier sur le visage. « J'ai fait un stage d'opéra. », ajoutait-elle, comme pour se justifier -ou pour ajouter un peu à son palmarès personnel connu de l'assemblée. « J'ai fait de la danse jazz pendant un moment, mais j'ai arrêté y'a deux ans, alors je ne sais pas si c'est encore très... » J'encourageais le garçon qui venait de prendre la parole. « Je suppose que c'est comme le vélo, on ne dés-apprend jamais ! » Là dessus, je lançais un coup d’œil complice à Clément. La plus âgée de notre groupe se lançait à son tour. « Moi j'ai fait de la gym, je suis un peu cascadeuse à temps perdu. Enfin, surtout quand il s'agit d'éviter les mecs lourds en soirées, les voitures sur la route... Je suis souple ! » Son rapprochement entre 'mecs lourds' et 'voitures' pouvant potentiellement tuer m'arracha un rire et un petit « Pratique. » amusé. Une fille n'avait pas encore pris la parole et n'hésita pas longtemps à le faire sur un ton qui me mettait mal à l'aise. « Pour la pièce, j'imaginais plutôt un truc un peu politique. J'adore le huit-clos, je trouve que ça donne un côté oppressant qui est tout de suite captivant. Et puis, j'imaginais bien le mot 'chien' comme une métaphore de la société actuelle. Après tout, nous ne sommes que des limiers courants après un but qui de toute façon, nous échappe. » Je fronçais légèrement les sourcils, reportait mon attention sur mon carnet pour m'éviter une crise de rire imminente.

Le garçon vexé de tout à l'heure ne semblait pas vouloir reprendre la parole. Il me semblait un peu timide et je l'encourageais du regard. « Moi je fais des maths, mais je crois pas qu'ce soit très utile pour heu... La pièce. Mais sinon je, heu... Joue de la trompette... » La fille qui se tripotait les cheveux piétinait presque les mots du jeune homme de sa voix nasillarde. « Ah ouais, moi je fais du violoncelle. » Elle me lançait un regard, comme cherchant une approbation et je me contentais de replonger mon nez sur le papier devant moi. « On est pas là pour faire un concert. Peut-être que l'idée de la comédie ce n'est pas mal, mais sans développer trop nos personnages. On peut imaginer un personnage qui a perdu son chien et qui le cherche absolument partout. Il peut rencontrer des personnages différents qui lui font faire tout un tas de trucs en lui faisant croire qu'ils lui donneront des indices sur son chien, mais en fait non. Et puis y'a moyen de dire qu'un des personnages porte un caleçon et qu'un autre... a besoin d'aide pour éteindre ou pour allumer un feu ? » Je cherchais les regards approbateurs de l'assistance. Ma voisine haussait les épaules, le timide hochait la tête, notre doyenne affichait un grand sourire - un peu triste. L'autre fille, qui causait histoire torturée et huit-clos, faisait tourner un stylo entre ses doigts et je n'arrivais définitivement pas à déchiffrer son regard. Le danseur de jazz, quant à lui, ne lâchait pas Clément des yeux.

J'ai tellement de respect pour les scénaristes et les metteurs en scène. J'en avais déjà beaucoup avant, mais là je me rends compte que c'est encore plus difficile que ce que j'imaginais. Gérer un groupe de comédien avérés, ça peut passer encore, mais gérer un groupe de gens lambda qui n'ont jamais mis les pieds sur une scène, c'est bien plus compliquer. Je sais que je ne peux pas attendre une superbe qualité de jeu ni même une pièce digne de broadway, mais je sens que mon côté perfectionniste commence tout doucement à ressortir. Alors que j'arpente la scène, je me dis qu'il faut vraiment que je me calme, sinon le côté fun de la chose sera bien trop vite remplacé par un gros paquet de stress. Et ce n'est pas le but de la journée !

Ainsi donc, je laisse la parole aux autres, leur demandant leur qualités. Nous avons donc une fille qui se dit chanteuse parce qu'elle a fait un stage d'opéra, un garçon assez timide qui a fait de la danse, une ancienne gymnaste cascadeuse, un trompettiste et une qui semble vouloir combattre la société. J'avoue que je ne sais pas trop ce que je peux faire avec tout ça, mais fort heureusement je peux compter sur Léo pour nous filer des idées ! Et son idée me semble bonne et totalement réalisable.

 « Super ! Oui, oui c'est excellent ça !» dis-je en hochant vigoureusement la tête  « ça peut être super fun à jouer et c'est facilement réalisable » je reviens à ma place et regarde les gens  « ça vous tente ? On part sur cette idée générale ?» leur demandais-je. Après quelques instants de flottement et d'hésitation, ils finissent par hocher la tête.  «Ok, parfais. Du coup, prenez tous un stylo  » je pose ma trousse dans le centre du cercle, puis me redresse  «et imaginer chacun personnage. Peu importe quoi, vous avez carte totalement blanche » je pose mon regard sur chacun d'entre eux  « Moi je vais faire celui qui a perdu son chien, je pense que c'est le rôle qui est le moins important et ça vous permettra à vous de laisser votre créativité s'exprimer» je souris doucement  « vous avez donc ...je dirais 30 minutes pour vous inventer votre personnage. Que ce soit un elf scientifique, un gobelin chanteur d'opéra ou un wookie danseur, vous faites ce que vous voulez»

Très vite, tout le monde se plonge dans l'écriture de leur personnage et j'en profite pour me tourner vers Léo  «Dit, tu accepterais de rentrer chez toi et allez récupérer ton violon ? » lui demandais-je à voix basse  «ça peut être vraiment un super atout  » j'hoche la tête, sincère  « pas obligé d'y aller maintenant, mais genre pendant la pause de midi» je lui souris doucement, encourageant et espérant qu'il accepte.

@Léo Ivywreath

Mes propositions avaient l'air d'être plutôt bien accueillies, même par notre chef des opérations qui hochait la tête à mes paroles. La jeune fille à mes côtés fit claquer sa bulle de chewing-gum. Je la détestais d'être aussi clichée et caricaturale. Sur ma feuille, les chiens de feu en caleçon prenaient de plus en plus de gueule. J'étais satisfait du résultat. Clément venait se rasseoir à mes côtés et je posais doucement mon carnet au sol pour l'écouter jeter des fleurs à mon idée. Pour faire un peu le clown - contre mon grès, j'avais l'habitude de ne rien prendre au sérieux; je lui faisais quelques révérences un peu caricaturales. Tout le monde acceptait mon idée et je les remerciait d'un timide sourire. La fille à côté de moi se penchait sur mon épaule pour observer mon dessin alors que Clément se lançait dans des explications de consigne. Sa curiosité - je sentais de là qu'elle était du genre curieuse trop invasive, au delà même de la simple envie de comprendre et de découvrir, un truc qui me mettait hors de moi; la poussa même à avancer la main vers mon dessin et je m'empressais de refermer mon carnet. On ne touchait pas à mes affaires sans autorisation, encore moins à mon carnet de dessin. Je lui jetais un mauvais regard avant de revenir écouter Clément qui enjoignait nos camarades à prendre un stylo pour se créer un personnage. Ces derniers se lancent donc dans l'écriture et voilà que le brun se tournait vers moi pour me faire une demande, à voix basse.

Sa demande à propos du violon me donna à sourire, un brin flatté. « Je peux. Tu me rembourseras bien l'aller retour en bus ? », disais-je, le ton mielleux, avant de secouer doucement la tête. « Je déconne. J'irai tout à l'heure. En fait si tu m'as fait venir c'était dans le seul but de m'entendre jouer, pas vrai ? », ricanais-je, un brin moqueur. A mon tour, je rouvrais mon carnet et attrapais mon crayon pour commencer à inventer mon personnage.

La matinée était passée ainsi. Je n'avais pas vraiment réussi à m'inventer un personnage adéquat. J'étais trop distrait, je n'arrivais pas à contenir mon énergie. Ma jambe ne cessait de tressauter parce que je n'arrêtais pas de penser à la musique que j'allais pouvoir jouer tout à l'heure. Je n'étais pas vraiment stressé, mais jouer hors du cadre privé, je ne l'avais fait qu'au piano. C'était un peu comme retrouver des souvenirs lointains. Laissés de côté. Je repensais à mon père, aussi, me demandais ce qu'il faisait de sa vie, désormais. Certainement pas grand chose de plus qu'avant. Je ne voulais pas de nouvelles de lui par l'intermédiaire de ma mère, c'était hors de question. Et je ne voulais pas de nouvelles de lui tout court. Toutes ces interrogations et ces souvenirs m'avaient empêché de me concentrer plus de dix secondes. En plus, l'hyperactivité m'obligeait à parcourir le théâtre de long en large. Je ne pouvais pas rester assis trop longtemps, j'avais besoin de bouger histoire d'essayer de distraire mes pensées parasites. Je jouais à me tromper moi-même... et je perdais. Même si les autres avaient terminé depuis longtemps, puisque Clément ne nous avait donné que trente minutes, moi je continuais de réfléchir en les écoutant débattre, écrire ensemble, donnant mon avis par moment. Midi sonnait alors que je retournais près de Clément en soupirant doucement. « Je vais aller chercher mon violon. Tu gardes mes affaires ? », disais-je tout bas. « Je te donne ça. Protège le de... bulle de chewing-gum. », enchaînais-je plus bas encore. Je plaçais mon carnet entre ses mains, enfilait ma veste. « J'suis pas arrivé à m'inventer un personnage. Donc si tu veux je jouerai juste du violon. Ou alors, j'ai une idée, je peux être le ménestrel qui accompagne le type qui a perdu son chien, ça permet d'inclure la musique en transition entre les scènes. Je file, tu me diras après ce que tu veux que je fasse. » Et je quittais le théâtre, non sans avoir lancé un clin d’œil au brun.

Il y avait longtemps que je n'avais pas rangé mon précieux instrument dans sa housse. Je fredonnais un air en rangeant quelques unes des partitions des musiques transcrites par mes soins. Bientôt, j'étais de nouveau dans le théâtre. Je rejoignais Clément en souriant, ouvrais la housse de mon violon et la pochette pleine à craquer de partitions. « Voilà. J'ai amené des partitions qui collent à nos aventures. Si le personnage voyage pour retrouver son chein, je lui imagine bien... ça. » Je sortais les partitions de The Lily, les mettais de côté. « Et puis, j'ai toutes les musiques de Daughter, aussi... Qu'est-ce que j'ai d'autres... » Je tombais sur les partitions de la musique que je lui avait joué. « ...celle de l'autre soir. Enfin bref, tu me dis ce que tu veux, y'a pleins de titres connus que j'ai pas apporté, aussi. J'en connais pas mal par cœur, donc tu me dis et on fait une sélection ! » Je lui adressais un grand sourire. Nos camarades étaient tous occupés à modifier leurs textes. Bulle de chewing-gum et le mathématicien étaient en grand conflit pour savoir qui allait-on voir en scène en premier. La gymnaste blaguait avec la révoltée et notre danseur avait l'air de réfléchir à quelques mouvements, sans arrêter de lancer des regards dans notre direction. « Je crois que t'as une touche. », lançais-je à Clément en souriant, posant mes yeux sur le danseur qui venait de détourner les yeux. « Tu t'en sors, ça va ? Pas trop chiant de tous nous gérer ? » Tête légèrement inclinée sur le côté, j'avais repris mon classement des partitions, les rangeant par paquets.

L'avantage de faire ce genre workshop c'est de bosser avec pleins de gens différents. Le désavantage c'est de bosser avec pleins de gens différents. Autant j'adore rencontrer de nouvelles personnes et partager ma passion pour le théâtre avec elles, autant j'avoue que c'est pas mal éreintant, d'autant plus que je n'ai que très peu dormi cette nuit. C'est pour ça que je décide de leur laisser 30 minutes pour faire leur personnage. Ça me laisse 30 minutes de répit que je décide de passer dans les loges. Allongé sur le canapé, seul, je tente de dormir, mais rien n'y fait. C'est sans doute le trop plein de caféine ingurgité ce matin qui fait tout juste assez effet pour m'empêcher de dormir mais qui ne me tient pas éveillé.

J'abandonne au bout de 15 minutes et retourne dans la salle pour m'installer sur la scène, jambes pendantes dans le vide, et observe les gens concentrer sur leur écriture. Mon regard est très vite capté par Léo qui marche de long en large avant qu'il ne vienne me rejoindre, m'informe qu'il va aller chercher son violon et me donne son carnet que je dois protéger de l'adolescente qui  semble avoir flashé sur lui.  «Quoi ? » j'arque un sourcil  «Tu veux pas révéler tes plus profonds secrets à Anna ? » demandais-je, avant de rigolé doucement et serrer le carnet contre moi  «T'inquiète, j'y veillerais personnellement » Je reprend mon sérieux lorsque Léo m'avoue ne pas avoir trouvé d'idée de personnage mais qu'il peut être le ménestrel de celui qui a perdu son chien, ce qui fera une bonne excuse d'inclure la musique  « Je vais y réfléchir» assurais-je en hochant la tête avec un sourire alors que Léo quitte la salle. Soupirant, je fini par frapper dans mes mains, annonçant la pause de midi qui durera à peu près 1h avant de disparaître à nouveau dans les loges. Et cette fois-ci j'arrive enfin à dormir !

Je grogne légèrement lorsque, 45 minutes plus tard, mon réveil sonne, m'extirpant d'un sommeil profond. Mais, alors que je me réveil en pleine forme, le coup de barre revient à la charge même pas 20 minutes plus tard et j'ai l'impression qu'il est pire qu'avant. Toutefois, je n'ai pas le temps de me plaindre, car je vois Léo revenir avec son violon sur le dos. Me rejoignant sur scène, il me montre les différentes partitions, m'explique ce à quoi il avait pensé. Je l'écoute d'une oreille distraite et observe le tout, hochant la tête  « va falloir que tu me le joue tout ça, étant donné que j'ai absolument aucune idée à quoi ça ressemble» dis-je avec un sourire fatigué  « mais je te fait confiance » assurais-je en hochant la tête, portant mon attention sur les autres personnes mais décide de les laisser interagir entre elles.

Le jeune bouclé fini par me demander si ça va, si ce n'est pas trop difficile de gérer tout le monde. J'hausse les épaules  ça va, ils sont pas chiant » dis-je en souriant alors que j'observe celui qui, d'après Léo, est 'ma touche'  «Mais ce mec ne m'intéresse pas » soufflais-je alors que je laisse doucement glisser mes doigts sur l'épaule du bouclé.  «On irait pas dans les loges ? Pour que que tu me joues quelques morceau» mon ton est plein de sous entendu car malgré ma fatigue, mon envie de redécouvrir le corps du plus âgé est intacte.

@Léo Ivywreath

Clément blaguait sur cette fille, Anna, que je surnommais bulle de chewin-gum. Non, je n'avais pas envie qu'elle fouille dans mon carnet. Il contenait un peu de ma vie. Chaque carnet que je terminais était classé, numéroté, rangé dans un endroit bien spécifique. Chacun d'entre eux contenait une portion de ma vie, dessinée, écrite. Je n'en détachais que rarement les pages. Elles m'étaient toutes très précieuses. Les dessins que j'offrais - et ils étaient rares; n'étaient pas faits sur le même support. Ceux que je ne donnais pas, les dessins que je destinais au mur de mon salon, ils étaient faits dans d'autres dimensions. Bref, le dessin était très important pour moi. Très personnel, aussi. Et puis, j'annotais parfois mes croquis d'une histoire, de quelques mots pour en situer le contexte de création. Je ne voulais pas que n'importe quels yeux tombent sur ces dessins. Étrangement, j'avais confiance en Clément. Je comptais un peu sur lui pour ne pas le fouiller sans mon autorisation. « T'as tout compris, je cache des trucs secrets dedans, du coup je veux pas que cette fille tombe dessus par inadvertance, surtout parce que j'y ai notamment consigné les codes nucléaires et le numéro de la fille d'un de mes profs. », ricanais-je en lui laissant le carnet entre les mains. Bien sûr, rien de tout ça n'était vrai. Tout au mieux, il allait y trouver des croquis en vrac, des dessins de mes chats, un portrait non terminé de lui, des phrases de poésie agrémentées de dessins et quelques petites annotations. Rien de bien intéressant, pour lui, sauf s'il était un amateur de journaux intimes. En fait, c'était ça. Mes carnets étaient comme des journaux intimes illustrés. Je filais alors qu'il m'assurait veiller sur mon bien.

A peine revenu, je retrouvais Clément pour lui exposer mes idées de musique. Le brun avait l'air un peu éreinté. « Je te ferai écouter tout ça, t'en fais pas. », répondais-je en souriant doucement. Je m'amusais à lui indiquer que le danseur avait l'air de s'intéresser à sa personne, mais le brun ne semblait pas sensible aux regards de notre camarade. « C'est dommage, il a l'air gentil.. », fis-je en continuant de trier mes papiers. Les doigts de Clément, sur mon épaules, me firent ralentir mon occupation de l'instant. Les mots qui franchirent ensuite ses lèvres me donnèrent à sourire, je baissais d'un ton. « Oh, t'es sûr que tu ne veux pas que les autres entendent la musique aussi ? C'est dommage, j'en ai prévu des sympas... », minaudais-je. Je me penchais en avant vers lui sans le lâcher des yeux, tendais la main à sa gauche pour attraper une partition posée sur une table et revenais à ma position initiale. Ça ne devait pas être trop difficile, de jouer avec ses nerfs. Sourire au coin des lèvres, je lui exposait des partitions. « Ça je le voyais bien en ouverture, quand le mec a perdu son chien. C'est All I Wanted, de Daughter. Une de mes musiques favorites. Puis le type parle de son chien perdu. Vient ensuite The Lily quand le mec part à l'aventure. J'imagine qu'on peut mettre de la musique quand il rencontre des personnages différents et je crois avoir entendu que la gymnaste veut jouer une guerrière. Du coup, j'ai pensé à Breath of Life. Si y'a un moment de désespoir j'ai... I found de Amber Run. Il nous reste donc des musiques à caler pour la chanteuse d'opéra, la révolutionnaire, le matheux et... » Je me penchais en avant pour lui souffler à l'oreille en souriant. « ...ton danseur. »

Le jeune homme se rapprochait des autres, la tête haute. Il devait avoir remarqué que je parlais de lui. Une main appuyée sur la table à côté de Clément, j'observais le visage du brun en souriant. « Alors les loges, hein ? Tu veux garder la musique pour toi tout seul, être le premier à l'écouter ? Ou c'est une autre musique que tu veux entendre ? Non parce que j'ai amené pas mal de partitions quand même, toutes les écouter, ça risque d'être compliqué. », fis-je, le ton lourd de sous-entendus. S'il croyait que je n'avais pas vu clair dans son jeu...

Je suis crevé, j'ai envie de retrouver mon lit, mais la proximité avec Léo me donne bien d'autres envies. J'ai envie de profiter de sa présence pour remettre le couvert à nouveau. Dans les loges. Et je le lui fait bien comprendre. Mais le jeune homme, bien que semblant réceptif à mes paroles, est bien trop plonger dans ses partitions et commence à mes parler d'un éventuel ordre. Je pince les lèvres et soupire doucement, roulant des yeux  « Oui,oui whatever» soufflais-je, essayant de le presser pour lui faire comprendre qu'on a bien le temps plus tard de trouver les différentes musiques pour les scènes.

Au final, le jeune bouclé décide de m'accorder un peu plus d'attention, me demandant, malicieux, si je veux réellement écouter les différentes musiques ou si je préfère entendre une autre musique.  « A ton avis» grognais-je en arquant les sourcils avant de me redresser. J'attrape les différentes partitions posées devant nous puis le poignet de Léo et le tire sur ses pieds. Lançant un coup d'oeil au-dessus de mon épaule, je fais en sorte d'être le plus discret possible et le tire derrière moi. J'ignore l'autre danseur et me dirige vers l'arrière de la scène.

Une fois au niveau des loges, je pousse Léo à l'intérieur et referme la porte à clef derrière nous. Posant les partitions sur la table à ma gauche, je m'avance vers le jeune homme et, l'attrapant par le t-shirt, l'attire vers moi pour lier nos lèvres en un baiser passionné. Sans rompre le contact avec ses lèvres, je lui retire sa veste et la laisse tomber au sol avant de m'attaquer à son pantalon.  «Je ne veux pas partager ta musique avec qui que ce soit » soufflais-je alors que j'ouvre la braguette de son jeans et que je passe mes mains sous son t-shirt  « Et je t'ai invité juste pour pouvoir l'écouter à nouveau» reprenais-je en me reculant légèrement, souriant avec malice, alors que je caresse la peau de son dos avec mes doigts.

@Léo Ivywreath

J'avais déjà appris à aimer l'embêter. Il fallait voir là le fait que je prenais rapidement mes marques, avec le brun. Testant ses limites, m'éternisant dans mes partitions alors que je voyais que son regard sous entendait tout autre chose... Je m'amusais de ses réactions d'impatience, sourire au bord des lèvres. Et le voilà qui craquait, m'attirant derrière lui. Je le suivais, docile, hilare. C'était facile, de lui faire perdre patience. Pour moi, c'était une petite victoire. Le genre qui flattait mon ego. Je n'avais pas pour habitude de revoir longtemps mes conquêtes, parce que je m'en lassais vite. Mais il y avait là quelque chose d'un peu différent. Je ne m'étais pas encore lassé de Clément, mais peut-être était-ce aussi parce que je n'en avait pas eu le temps. Ma conscience me donnait le tic-tac, un rythme soupirant qui me chuchotait doucement des « bientôt, encore une semaine, peut-être deux ». Dans tous les cas, je n'avais jamais été pris par l'envie de précipiter la fins de nos entrevues, encore peu nombreuses. C'était un point positif.

Nous passions à côté du danseur, dont je vis le regard se poser sur la main de Clément, autour de mon poignet. Je lançais un regard presque désolé à notre camarade, haussant les épaules pour le narguer un peu. Clément m'emmenait je ne savais où. Je m'émerveillais des différents endroits que nous traversions, content de passer de la scène au ventre du théâtre. Mon guide, les bras chargés de partitions, fit alors son choix. Non pas de musique - pour ça, il avait déjà choisi; mais de loge. Je continuais d'observer les lieux, sourire aux lèvres en notant l'empressement de Clément qui refermait la porte derrière nous. Je gloussais contre ses lèvres, passais une main dans son dos. Avec plaisir, je le laissait me retirer ma veste. Je chuchotais un « Quel gentleman.. » dans un sourire, alors qu'il rompait le baiser. Déjà, ses mains s'agitaient dans le but certain de me retirer une partie de mes vêtements. Et alors que je continuais de m'amuser de son empressement, les mots qui franchirent ses lèvres firent rater à mon cœur un battement. De quelle musique parlait-il ? De quel côté se situaient les sous-entendus ? Le contact de ses mains me fit doucement frissonner. Alors qu'il me parlait musique, je tendais la main vers son visage, remettais en place une mèche qui lui tombait sur les yeux. « T'es sûr, Clément ? J'ai pas envie que t'ai des problèmes à cause de moi. », dis-je. Je ne lui voulait pas d'embrouilles. Si quelqu'un se mettait à le chercher, et qu'on nous surprenait ? Habituellement, je me fichais éperdument de toutes ces problématiques. Mais je ne voulais pas que le brun soit emmerdé, après tout j'avais cru comprendre qu'il reprenait tout juste le théâtre.

Tirant sur le col de son tee-shirt, je l'attirais contre moi jusqu'à ce que mon dos ne trouve un mur, sans détacher ses lèvres des miennes. Et puis merde. Cette porte était fermée, personne n'allait nous déranger. Mes mains se glissèrent sous son tee-shirt, mes hanches se collèrent instinctivement aux siennes. Ma main droite attrapa la boucle de sa ceinture. « C'est pas gentil, de ne pas partager. Y'a des musiques qui se partagent. », ronronnais-je dans un soupir. Le ton était léger, mais les mots lourds de sens. Au fond de mon esprit, le tic-tac de ma conscience nous rappelaient, à moi et mes principes, qu'il allait peut-être falloir avoir une petite discussion avec Clément. Mais en attendant, c'est avides que mes lèvres retrouvèrent les siennes. Mes mains, quant à elles, s'occupaient de tenter de résoudre le casse-tête de sa ceinture.

Depuis que j'ai envoyé ce message à Léo, l'invitant officiellement à se joindre à ce workshop, je ne cessais de repensé à cette nuit que nous avons passé ensemble. Et lorsque mes pensée se perdaient dans les cheveux de Léo, je ressentais à nouveau les mêmes sensations. La plénitude, l'allégresse, le septième ciel sur lequel je me suis réveillé lorsque j'ai passé la nuit dans les bras du jeune homme. Et depuis qu'il m'a répondu qu'il viendrait, l'envie d'entremêler à nouveau nos corps n'a fait que grandir jusqu'à ce que je ne puisse plus y résister et que je l'entraîne dans les loges, ignorant le regard envieux du danseur.

Une fois dans la pièce et après avoir refermer la porte à clef derrière moi, je dépose les partitions sur la table et parcourt les quelques centimètres qui me séparent de Léo pour l'embrasser avec passion. Entre deux baisers et après lui avoir retirer sa veste, je lui dis que je ne veux partager sa musique avec personne d'autre, ce qui le fait marrer. Alors que j'ouvre son pantalon, il me dit qu'il y a des musiques qu'il faut savoir partager.  «Pas celle-ci » assurais-je, rompant le baiser pour lui retirer son t-shirt  «Et je veux bien prendre le risque qu'on se fasse chopper » soufflais-je contre sa peau alors que mes lèvres rencontrent à nouveau son cou et que je pars à l'exploration de ses épaules, sa clavicule et sa poitrine. Mes mains, elles, sont rapidement plongées dans le pantalon du jeune homme.

La suite est aussi rapide que merveilleuse, aussi intense que sucrée et aussi parfaite que passionnée. Nous n'avons pas beaucoup de temps, du coup avons ignoré les préliminaires et sommes passés directement au cœur de la chose. Deux fois. Chacun son tour à fait jouir l'autre. C'était agréable, c'était l'allégresse et la délivrance. Sentant encore les relents de l'orgasme dans mon corps, je me relève du canapé -je pense que 'le canapé' va définitivement être notre endroit de prédilection- et me rhabille rapidement.  « va falloir y retourner» pressais-je Léo en boutonnant ma chemise  « On va dire que l'ordre des musiques dont tu m'as parlé juste avant me convient parfaitement» je me penche légèrement en avant pour remettre de l'ordre dans mes cheveux  «Et ...voilà. De toute manière je te fais parfaitement confiance en ce qui concerne la musique, c'est ta spécialité » ajoutais-je en me tournant à nouveau vers Léo, sourire amusé et reconnaissant sur les lèvres. J'ai, bizarrement, totalement oublié à quel point j'étais fatigué il y a encore une petite dizaine minutes de ça.

@Léo Ivywreath

Un truc me plaisait, chez ce garçon. Un truc de plus que ses mains agiles, ou sa cute face. Je n'avais pas encore mis le doigt sur ce qui me plaisait exactement. Est-ce que c'était la confiance que je lui accordais si vite ? Sa manière d'osciller entre timidité et audace ? Dans tous les cas, j'aimais passer du temps en sa compagnie. Nous nous entendions bien. Et ce sur plusieurs plans. Enfin, probablement pas tous. Les paroles de Clément à propos d'une musique qu'il ne voulait pas partager me faisait relever que nous allions probablement devoir discuter un petit peu des moments que nous partagions, au moins sur la nature de ces moments. Mon haut toucha le sol, son souffle dans mon cou m'arracha un petit rire. Je passais un bras derrière sa nuque, laissais à ses baisers toute la place dont ils avaient besoin, la tête légèrement rejetée en arrière et les yeux mis-clos. « On aura qu'à dire que tu voulais me faire visiter les lieux. », ricanais-je doucement.

La suite était prévisible. Un canapé - encore; comme médium de notre plaisir, nos soupirs accordés et certainement un peu trop de temps passé pour que nous ne fûmes pas louches, une fois retournés avec les autres. Pauvre petit danseur de jazz qui attendait probablement que Clément lui accorde un regard. Mes doigts pianotaient sur son torse nu et mon souffle se régulait tout juste lorsque le brun décida de se lever pour se rhabiller. Je faisais la moue, le regardais s'habiller, accoudé au canapé. « Le plus drôle c'est que j'ai laissé mon violon là-bas, dans la salle. Ils vont jamais croire qu'on est venu pour que je te donne un aperçu des musiques. », disais-je avant de me lever pour m'étirer. Je passais mes vêtements en fredonnant, alors qu'il terminait de boutonner sa chemise. « De quelle musique tu parles, quand tu dis que c'est ma spécialité ? », raillais-je en me plantant devant lui. J'abandonnais l'idée de remettre de l'ordre dans mes cheveux. De toute façon, aujourd'hui, ils n'avaient pas l'air décidés à être sages et bien rangés. J'attrapais les partitions sur la table, faisais signe à Clément de passer devant moi. Le danseur de jazz nous dévisagea un instant. « Quelqu'un est jaloux. Tu lui donneras ton numéro de téléphone ? J'aimerai pas qu'il vienne me menacer pour l'avoir. », soufflais-je, amusé, à l'oreille de Clément avant de rejoindre l'endroit où j'avais laissé mon violon.

Je remettais de l'ordre dans les partitions, rangeais celles dont je n'avais pas besoin pour ne garder que celles qui étaient nécessaires à notre petite pièce. Je me calais ensuite dans un coin pour m'échauffer les poignet. Bulle-de-chewin-gum venait me rejoindre un instant pour me parler de violon et de combien elle adorait la musique. Je réussissais à m'éloigner d'elle pour rejoindre Clément, mon instrument en main. « Dis moi quand tu veux qu'on essaye le texte avec la musique et la mise en scène. Je suis prêt. » Je lui offrais un de mes sourire taquin. « Et par pitié, sauve moi de bulle-de-chewin-gum. Je peux pas supporter de l'entendre s'auto jeter des fleurs. »

J'avoue que j'ai du mal à me reconnaître moi-même lorsque je fait à nouveau l'amour avec Léo. Pendant presque un an je ne me suis plus laissé aller au plaisir charnel et maintenant, en l'espace de même pas 15 jours je me retrouve à coucher trois fois avec le même homme. Pourquoi ? Qu'est-ce qui a changé ? Mon avis sur la question ? Mon avis sur le sex ? Je ne pense pas. Toujours est-il que retrouver les sensations de mon corps nu contre celui de Léo me plaît énormément et je comprend totalement pourquoi je le voulais à nouveau savoir contre moi : ses baisers, son souffle, ses faits et ses gestes sont aussi addictifs qu'une drogue. Une drogue qu'on n'a pas envie de consumé en hâte mais qu'on préfère aimer et apprécier. Toutefois, nous n'avons pas forcément le temps de faire quoique ce soit de plus, nous ne passons pas par les préliminaires mais allons directement dans le vif du sujet (après que j'ai choppé un préservatif dans le casier de Jonathan).

Une dizaines de minutes plus tard, je me relève du canapé et me rhabille tandis que Léo précise qu'il ait laissé son violon dans la salle et que du coup ce ne sera sans doute pas très crédible de dire que je voulais l'écouter jouer de la musique. Je grimace un peu puis hausse les épaules alors qu'il s'approche de moi, me demande de quelle musique je parlais quand je disais que c'était sa spécialité. Ricanant doucement, je pose une main sur son torse et m'approche de lui  «Celle qui tu m'as fait découvrir il y a même pas 15 jours et de laquelle je ne peux déjà plus me passer » soufflais-je alors que je retourne lier nos lèvres en un doux baiser.

Je me détache finalement et me recule avant d'ouvrir à nouveau les loges et repartir vers la scène. Lorsque nous sortons de derrière le rideau, Léo ne met pas longtemps avant de préciser que le danseur est jaloux et que je devrais lui donner mon numéro car il a peur que l'inconnu ne le menace.  « S'il te menace tu l'envoies chier, tout simplement» haussais-je les épaules, roulant des yeux  « j'vais pas lui donner mon numéro, y a pas moyen» reprenais-je en m'avançant vers mon sac  «C'est un coup à se faire harceler » je rigole doucement puis me redresse et regarde Léo s'éloigner pour aller récupérer son violon.

Il ne met pas longtemps avant de revenir avec son instrument, me disant être prêt pour tenter le musique avec le texte et que je devais le sauver de 'bulle-de-chewing-gum'. Je rigole doucement et lui tapote l'épaule. I got this dude avant de taper dans mes mains  « venez me rejoindre !» interpellais-je les gens.  « Vous allez, chacun son tour, me donner les informations de vos personnages. On commence par toi»

Ainsi donc nous avons une elf guerrière (la trentenaire dépressive), une humaine tout ce qu'il y a de plus banal (celle qui trouvait ça amusant de parler de politique), un scientifique fou (le mathématicien), une fée qui envoûte tout le monde avec sa voix (bulle-de-chewing-gum) et un ancien contorsionniste qui s'est enfuit d'un cirque (le mec qui jalouse Léo).  « C'est intéressant tout ça» dis-je doucement, hochant la tête. Et je suis sincère.  « Alors voilà ce qu'on va faire ..» et je leur explique mes idées. Celui du gars qui a perdu son chien et ses vêtements, se retrouvant donc en caleçon, et qui est suivi par son pote pour essayer de le retrouver. Ce pote (Léo, donc) est un musicien qui a vendu son âme au diable pour être le nouveau Mozart et ça lui a réussi. Le problème c'est qu'il meurt s'il s'arrête de jouer plus d'une minute. (ce qui explique donc le côté musical de la pièce).  « Voilà. Du coup, à vous maintenant de trouver chacun une ou maximum deux épreuves que cet homme doit réaliser s'il veut retrouver son chien.»

Je les laisse ensuite repartir dans leur coin, leur donner 30 minutes pour trouver une idée. Pendant ce temps, je me tourne vers Léo et observe son violon  «vas-y, joue moi les quelques musiques que tu as prévues » l'encourageais-je en désignant son violon d'un coup de tête.

@Léo Ivywreath