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 Lilium ~ Timothy Decastel

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyLun 22 Juil 2019 - 15:47


10 juillet 2019

Cher Timothy,

Surprise ! Heïana au bout de la plume. Si si, c'est vrai, j'utilise une véritable plume trempée dans de l'encre pour t'écrire ! A bout très fin bien sûr, au point que l'écriture ressemble à celle d'un stylo. Quelle utilité alors, tu me demanderas ? Eh bien, je ne sais pas trop. L'exercice, le challenge, mais aussi ce temps de concentration et presque de méditation, seule face à une page blanche. Ça a quelque chose d'apaisant. Le plus dur au final, c'est de bien penser à tracer chaque ligne de chaque lettre; c'est quelque chose que l'on oublie, avec nos crayons modernes. La plume oblige à prendre le temps de la réflexion, impose la rigueur comme la délicatesse. Bon, ça me prend des plombes, mais comme tu l'auras compris, j'aime bien m'exercer à la calligraphie de temps en temps. T'envoyer cette lettre est donc un parfait moyen de m'améliorer.

Tu ne t'attendais pas à recevoir un courrier, et encore moins de ma part, n'est-ce-pas ? D'ailleurs, peut-être que vos lettres sont filtrées à Kapooka ? Je n'ai aucune idée de comment ça se passe, dans un camp militaire. J'espère juste que tu vas bien, et qu'ils ne sont pas trop durs avec toi là-bas. Je ne sais pas si tu peux, mais si ça t'intéresse, j'ai découvert une musique sur internet: Lilium, du manga Elfen Lied. Elle est très douce, profonde et presque liturgique en fait. Je l'écoute en t'écrivant.

En fait, je ne sais même pas si tu me liras; tu as disparu sans laisser de traces après tout, peut-être ne veux-tu donc pas garder contact. Je ne t'en fais pas un reproche; je ne connais que trop bien le besoin irrépressible de tout quitter. Alors si tu ne me réponds pas, je ne t'en voudrais pas, sache-le. Quoi qu'il en soit, je prierai pour toi.

Ta présence réconfortante au cimetière comme à l'église me manque, doux Timothy.

Ta sincère amie,

Heïana
P.S. : Connais-tu le langage des fleurs ? Voici quelques anémones pour toi Lilium ~ Timothy Decastel 1949770018


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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyMar 23 Juil 2019 - 12:54


25 juillet 2019

Chère Heïana,

Je suis effectivement surpris d'avoir de tes nouvelles mais apparemment, nous recevons les lettres au camp, un petit soulagement de constater que tu ne m'en veux pas pour ce départ précipité. J'aurai aimé avoir le temps de passer à l'église le dimanche avant mon départ pour te l'annoncer de vive voix mais tout s'est enchaîné très vite.

Quelques nouvelles en avant première pour toi donc... Je suis arrivé ici il y a quelques jours déjà et je crois que j'ai découvert le moindre de mes muscles dans l'affaire. Au programme: maniement des armes, parcours du combattant, du sport, du sport, encore du sport, pas mal de ménage et quelques notions théoriques au milieu de tout cela. J'apprends beaucoup, que ce soit sur le monde ou sur moi-même, c'est en tout cas très enrichissant. Bien sûr, ce n'est pas sans angoisse que je me lance dans cette aventure et la vie tranquille du cimetière de Brisbane ne peut que me manquer.

Pour autant, je ne regrette pas d'avoir disparu de la circulation durant quelques temps afin de tester mes limites, voir ce que je suis en mesure de faire, tester mes limites... Enfin, découvrir qui je suis derrière cet extérieur timide de gardien de cimetière. Et toi, comment vas-tu? Quelles sont les nouvelles depuis mon départ? Sache que tu es dans mes pensées et j'espère que tu prends soin de toi. En tout cas, ta musique m'a apporté du réconfort ce soir: parfois, la solitude peut peser mais elle est bénéfique. Je pourrais t'en dire plus la prochaine fois puisque je commence un entraînement plus spécifique sur l'endurance et la prévention des blessures, je serai donc lancé pleinement dans la bataille du camp d'entraînement. Mille sourires timides de ton gardien de cimetière préféré.

Ton ami,

Tim
P.S. : Puisque tu connais les fleurs, je suppose que tu comprendras le message.


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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyMer 24 Juil 2019 - 9:47


27 juillet 2019

Cher Timothy,

Je ne peux te dire à quel point je suis soulagée que tu ailles bien. Plus encore que ta réponse en elle-même, et le fait que ça me fasse immensément plaisir que tu prennes le temps de m'accorder une pensée quotidienne, le fait de savoir que tu te ressources (même si c'est dans la douleur haha) et que tu te retrouves est rassurant. C'est tout ce qui doit compter à tes yeux pour l'instant: toi et toi seul. Comme on dit, l'égoïsme n'est pas chrétien, mais charité bien ordonnée commence par soi-même. Je suis contente que le titre que je t'ai transmis t'ai plu ! Down to the river to pray est très jolie aussi. D'ailleurs, avez-vous un aumônier dans ton camp ? Certes nous ne sommes pas dans un pays où Eglise et Etat sont liés, mais pour respecter la liberté de culte j'imagine qu'ils mettent des représentants des diverses religions à votre écoute... Si ce n'est pas le cas, je demanderai au Père Owen d'avoir une prière pour toi lorsqu'il se recueillera.  

Si je peux te donner une bonne astuce pour tes muscles, c'est le baume du tigre rouge. Je t'en envoie un petit échantillon avec cette lettre. Ça marche bien sûr les piqûres de moustiques aussi. Tu n'es pas trop dévoré d'ailleurs ? Cette pommade existe en blanc aussi, moins concentrée mais très bénéfique pour les maux de tête !

Ne t'en fais pas pour ton cimetière, @Freya Doherty s'en occupe très bien. Cette fille est très réservée, peut-être même plus que toi, ou dans un style différent du moins. Mais il y a un bon feeling entre nous: je l'ai rencontrée il y a un bon mois alors que je venais de me ramasser dans la rue, maladroite que je suis. Bon, un voleur à la sauvette a aidé cette péripétie, il faut le dire. Malgré son caractère introverti, elle a été la seule à réagir et à m'aider. Je ne savais pas que vous vous connaissiez ! Que le monde est petit.

Pour ma part, c'est la routine, le train-train quotidien.Je dois bien avouer que j'ai quelques hauts comme des bas depuis mon arrivée à Brisbane: la grande ville fourmille, tourne et vit à un rythme bien plus effréné que Tahiti. Ça nécessite un temps d'adaptation j'imagine !

Avec toute mon amitié,



Heïana


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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyMer 24 Juil 2019 - 10:41


30 juillet 2019

Chère Heïana,

Ta réactivité me va droit au coeur, j'ai encore une fois été très heureux de recevoir du courrier de ta part. Je viens donc aux nouvelles à mon tour puisque j'ai deux petites minutes devant moi avant de retourner au casse-pipe. De quels bas parles-tu? Ce n'est pas trop grave, je l'espère. Je n'ai pas envie de rentrer à la maison et constater qu'il t'arrive des malheurs. En tout cas, tu sais que tu peux me parler librement, toujours.

Je te remercie d'ailleurs de tes conseils. Chaque dimanche, nous nous rendons dans l’aumônerie du camp, c'est notre seul petit moment de paix avant de retourner s'abîmer à l'entrainement. Ta pensée me touche toutefois. Cela dit, j'ai arrêté de prier depuis que je suis arrivé ici, je n'en ressens plus l'envie, peut-être que je vis sans Dieu désormais... Je ne sais pas, ma douleur ravivée m'a fait penser qu'il était probable qu'Il ne me suive plus, j'en suis attristé mais tant que tu veilles sur moi, tout ira bien. Je survis aux moustiques sans souci, c'est un de mes camarades de chambrée qui aurait bien besoin de ton baume, je vais de ce pas lui en donner un peu. En tout cas, c'est très gentil de ta part de penser à mes conditions de vie mais tu n'as pas énormément d'inquiétudes à avoir, je t'assure.

C'est ma deuxième semaine désormais et mes muscles endoloris ne ressentent plus grand chose, je dois te l'avouer. Au programme, la découverte du maniement des armes et de la radio. Autant dire que j'étais fébrile au début à toucher à cela mais il s'avère que ma capacité de concentration me permet d'être opérationnel au tir... Qui l'aurait cru? Pas moi, en tout cas. Mes compétences vont au delà de ce que j'aurai imaginé et mon supérieur a l'air de porter de bons espoirs me concernant, c'est bien étrange pour moi de ressentir cette confiance de la part de quelqu'un.

La vie au camp, en dehors de cela, reste solitaire malgré quelques conversations puériles que peuvent avoir mes camarades. J'ai encore un peu de mal à paraître irresponsable et stupide mais ça viendra sûrement. Je crois que c'est ce que l'armée provoque chez les gens, cette folie et ce besoin de régresser, peut-être l'ai-je aussi maintenant que je suis loin de la maison. Je t'en dirais plus lors de ma prochaine lettre sûrement.

En attendant, prends soin de toi et n'oublie pas de vivre, tu transmettras mes amitiés à Freya, j'ai toute confiance en elle pour garder le cimetière et promets lui que je ferai cette sortie avec elle dès mon retour. Je vous embrasse toutes les deux.

Ton cher voisin de prière,

P.S. : Merci pour ta glycine, je t'envoie une preuve que je suis en vie au camp.

Tim








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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyMer 24 Juil 2019 - 16:21


5 août 2019

Cher Timothy,

Merci de te préoccuper de mon état, c'est adorable. Mais ne t'en fais pas, l'autre jour j'avais juste une petite passade "blues", comme ça arrive à tout un chacun. Et bien heureusement, j'ai de vrais chevaliers servants prêts à m'aider en cas de problèmes, personnes aux coeurs nobles dont tu fais partie, même à mille-trois-cents kilomètres de Brisbane ! Je suis en tout cas très heureuse d'avoir de tes nouvelles, au moins je sais qu'ils ne t'ont pas abîmé au point que tu ne puisses même plus écrire.

Peut-être que ton détachement envers la religion te vient de ton besoin de tout quitter ? Ou bien la déception assombrit tes pensées et ne te donne plus envie de croire. Quelle qu'en soit la raison, fais selon ton coeur. Dieu, s'Il nous regarde, te pardonnera quoi qu'il arrive. J'ai une vision assez large de Dieu, de sa bonté et de la religion en général, assez décalée des puritains et de leurs promesses d'éternels tourments; la religion ne doit pas être effrayante à mon sens, mais juste amener chacun à se tourner vers son prochain. Ton âme est belle, tu as le souci de ton prochain (comme tu viens de me le prouver une fois de plus en proposant le baume que je t'ai envoyé à l'un de tes camarades) et c'est là le principal. Est-ce-que le remède a fait du bien à la pauvre victime de ces suceurs de sang miniatures ?

Je serai terrifiée à l'idée d'utiliser une arme; je ne pense pas être faite pour ça. L'objet le plus dangereux que j'aie jamais porté sur moi est un spray au poivre je crois. Quoi qu'une paire de talons peut être toute aussi dissuasive si elle est bien utilisée ! Je m'inquiète pour toi sur ce sujet. Je veux dire, c'est super que tu te sentes compétent en termes de précision de tir, de réflexes, de rapidité, et caetera... Mais si on t'ordonne de tirer sur quelqu'un un jour ? Et pire encore, si la personne est innocente du point de vue de la morale ? On sait toi comme moi que l'armée est aux ordres de l'Etat, et l'Etat met en place la légalité, mais pas toujours l'éthique. J'espère que mes questions ne t'embêtent pas, je suis simplement curieuse et un peu soucieuse. Sûrement mon côté "maman" qui s'exprime... Moana va encore me taper sur les doigts si elle l'apprend. En tout cas, je suis contente de te savoir rasséréné par la confiance de ton supérieur; se sentir à l'aise dans un milieu est super-efficace pour la confiance et l'estime de soi.

J'espère bien que tu ne vas pas laisser tes camarades t'abrutir voyons ! Te détendre, t'apprendre à lâcher prise, oui, carrément. Mais ne parle pas de stupidité, je t'en conjure. Le monde a besoin de personnes comme tu es, dans ton entièreté. Enfin, tu fais bien ce que tu veux; ta vie t'appartient, et ce ne sont que des conseils et des avis que je te donne.

Je vis autant que l'on peut chaque jour, comme je l'ai appris depuis bien longtemps déjà ! Je transmettrai tes amitiés, tes baisers et le renouvellement de ta promesse à Freya, pas de problèmes. Elle en sera heureuse, j'en suis certaine. Ta photo me fait chaud au coeur, et pourtant je suis étonnée: j'aurais cru qu'ils vous feraient raser les cheveux à votre entrée au camp. Mais tant mieux, j'aurais eu une sacrée surprise de te voir la "boule à zéro".

Plutôt qu'une image, je te propose une petite devinette aujourd'hui : Aux cartes, c'est un coup gagnant ; Le faux disparaît en repassant, Au risque de paraître irrespectueux, Assimilé à la ride, il est disgracieux. Qui est-il ?

Ton objectrice de conscience,

Heïana

P.S. : Je t'envoie avec cette lettre un gros paquet de cookies maison, j'imagine que vous n'avez pas de ça à Kapooka. Partage-les avec tes camarades si tu veux, je crois que j'en ai fait pour un régiment !


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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyMer 24 Juil 2019 - 19:50


9 août 2019

Chère Heïana,

Encore une fois, je suis enchanté d'avoir une lettre de ta part en rentrant d'une longue journée d'entraînement. Je suis par ailleurs ravi de voir que ton moral est revenu au beau fixe, je m'inquiétais pour toi. Encore une fois, j'espère que tout le monde va bien à la maison.

De mon côté, j'ai commencé les entraînements pour améliorer la cohésion d'équipe et le fameux parcours du combattant. Cette fois, je ne peux pas t'assurer que mon corps est resté totalement stoïque face à tout cela. Après une chute de quelques mètres, j'ai terminé à l'infirmerie avec quelques points de suture sur le front mais rien de très grave, je te rassure. Dès le lendemain, j'étais de retour dans la forêt pour affronter des conditions extrêmes. Là, je commence à comprendre ce que veut dire difficile, mes nerfs sont mis à rude épreuve et je tremble parfois. De peur. De froid. Je ne saurais plus te dire mais je ne pense plus à rien et j'en suis heureux.

J'ai bien donné ton baume à un de mes amis ici, Oliver et il t'en remercie. Il voudrait bien te voir en photo mais je suppose que c'est une piètre technique de drague de sa part. Ne t'en fais pas,  je l'ai vite remis à sa place, comme tu le vois, ils ne m'ont pas encore totalement abruti. Quant à tes remarques sur la religion et les armes, je ne sais pas trop où sont mes principes et mes valeurs d'antan. Je sais que j'ai abandonné Dieu récemment mais peut être lui ai-je trop donné, on verra si je ressens encore la même chose à la fin de la formation. Les armes ne me sont plus étrangères mais je ne sais pas quelle sera la sensation si, un jour, je dois être amené à tirer sur une autre âme humaine... Je ne peux pas te dire que ce que je ressens est bon ou mauvais, pour le moment, je suis juste satisfait de me sentir utile quelque part, avant tout.

J'espère me sentir de nouveau chez moi à Brisbane lorsque je reviendrai. En attendant, je pense à vous tous, bien souvent et je me dois de retenir mes larmes aussi. Vous me manquez, c'est évident mais je sais que c'est pour la bonne cause, que ces changements me seront bénéfiques à l'avenir et ce, même sans boule à zéro comme tu le dis si bien. N'hésite pas à me raconter d'autres de tes aventures, j'en souris toujours comme avec ton "pli" de devinette... Je te dis à très bientôt et t'implorer de rester comme tu es, maman ou infirmière, ce que tu préfères, c'est ainsi qu'on t'aime.

Ton cher soldat en presque un seul morceau,

P.S. : Voici une petite photo d'un lever de soleil près du camp, les moments de silence matinaux sont toujours les plus beaux, à Brisbane ou ailleurs.

Tim

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyMer 24 Juil 2019 - 20:55


13 août 2019

Cher Timothy,

Tout d'abord, merci pour cette jolie photo que tu as joins à ta lettre. L'aube est vraiment un magnifique phénomène que nous offre la nature. Tu sais qu'à Tahiti, le soleil se couche très tôt ? Aujourd'hui par exemple, il faisait nuit noire à 17:45 ! Autant te dire qu'on a tendance à se coucher plus tôt, mais également à se réveiller à l'heure pour voir notre étoile se lever.

Quel entraînement de dingues tu sembles subir ! Je t'envoie toutes mes ondes positives, en espérant qu'elles te portent chance et que tu ne te blesses pas de nouveau. Connais-tu le manga "Fullmetal Alchemist" ? Je l'ai lu quand j'étais adolescente, et vu en version dessin animé également. Il est très beau, un peu empreint de philosophie, et une citation m'avait particulièrement marquée: "Les enseignements qui se font sans douleur n'ont pas de réelle valeur. Ainsi on ne peut rien obtenir sans sacrifice". Tes mots me font beaucoup penser à cette manière de voir les choses; peut-être le ressens-tu ainsi actuellement. Quelle joie de savoir que tu vois un but à ce que tu entreprends, que tu t'épanouis dans ce camp, bien que ce soit à la dure ! Tu crois que tu pourras me donner des cours de self-défense quand tu seras rentré ? Plus le temps passe et plus je pense à en prendre, ça ne ferait pas de mal.

Je comprends que tu aies envie de pleurer parfois. J'imagine qu'en plus de moi, tu as d'autres amis encore plus proches à Brisbane. Ça a dur être un déchirement pour toi de partir, et tu es très courageux de l'avoir fait. Je ne connais pas tes raisons, mais je sais qu'il a fallu un chamboulement pour que tu en arrives à une décision si radicale: il en a été de même pour moi, il y a quelques années. Si je peux te donner un conseil, le voici : n'enfouis pas tout au fond de toi, tu risques d'exploser un jour. Pleure si tu en ressens le besoin; les larmes sont la délivrance de l'âme, et les retenir n'est pas du réflexe le plus sage, même si on est souvent tenté de se refréner pour plein de raisons différentes.

Aujourd'hui, j'ai accouché mes premiers triplés ! Ça a été un moment délicat car la petite fille était plus fragile que ses frères, mais finalement tout s'est bien passé. Je suis sur un petit nuage. Moana rentre à la fac de droit en septembre, j'ai confiance en ses capacités.

...

Je te donne des conseils mais je ne les applique pas moi-même. Allez Heïana, un peu de courage.

L'autre jour, je n'étais pas dans mon assiette pour un amas de petites raisons qui s'étaient entassées. Mais ce qui a fait déborder le vase est que je me suis rendue à une audience, au tribunal. La vérité, c'est qu'en mai, j'ai été agressée par un homme dans une soirée. Rien de grave, je te rassure, mais il a manqué de m'étouffer, j'ai gardé la marque quelques semaines... Et j'ai surtout eu très peur. Au début, je ne l'ai pas trop réalisé; mais plus les semaines passaient, et moins je me sentais bien. Je crois que c'était ça qui me tourmentait. En juin, je l'ai croisé par hasard à la fac de Brisbane, alors que j'accompagnais Moana: il s'agissait d'un étudiant ! Par chance, j'avais retrouvé un ami, qui s'est chargé de lui refaire le portrait, et il a été arrêté par les flics. Mais tout est remonté à partir de ce moment-là... Désolée, je crois que j'ai mouillé le papier en pleurant. Mais j'avais raison. Ça fait du bien, parfois, de se laisser aller.

Allez, terminons sur une note plus drôle, tu veux ? Je vais te raconter une petite mésaventure récente. J'ai voulu envoyer un MMS à une amie médecin, car j'ai une vieille cicatrice sur le haut de la cuisse qui bizarrement, était irritée sans raison apparente. J'ai pris la photo à la va-vite, j'étais en paréo à la plage. J'ai écris son numéro de mémoire, ait envoyé le message... Et c'est un inconnu qui l'a reçu ! Or sans contexte, la photo était vraiment super indécente... Je ne savais plus où me mettre. Quelle gourde quand même ! haha

C'est sur ces mots que je te laisse !

Ton éternelle étourdie,

Heïana
P.S. : Ton ami et ses tentatives de drague ne me font pas peur, alors je t'envoie quand même une photo de moi, au-cas-où tu retomberais sur la tête !
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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyDim 28 Juil 2019 - 13:29


15 août 2019

Chère Heïana,

Lire ta lettre m'a fait de la peine. S'il y a bien une personne qui ne mérite pas ce genre de traitements, c'est bien toi. Cette histoire m'a l'air terrible, j'espère que tu t'en remets toutefois et compte sur moi pour te rafistoler si besoin. En effet, je suis passé par la violence physique moi aussi, pas d'un quelconque étranger en boîte de nuit mais avant de partir pour le camp, ma mère a essayé de m'étrangler, j'en ai gardé les traces pendant des semaines. Alors, je te comprends et j'espère que ta peur se tarira sous peu. En attendant, prends soin de toi, s'il te plaît. Je m'en voudrais de ne pas être présent pour toi s'il t'arrivait quelque chose de ce genre là, à nouveau.

Au moins, ton récit sur la photo m'a fait rire ensuite. Il n'y a que toi pour faire une telle erreur et redonner le sourire au monde entier. Merci, Heïana. Pour ma part, je n'ai pas de récits très drôles à raconter. Ici, les jours passent et se ressemblent: en ce moment, c'est la course et les parcours qui nous mettent dans un état de fatigue incomparable. Je dors parfois début lors de l'appel du matin mais je tiens le coup, pour vous. Pour moi. Comme tu l'as dit avec cet exemple de manga, la vie vaut la peine d'être vécue si on la dépasse et c'est ce que je tente par dessus tout. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas effrayé comme un gamin, ce serait mentir. Je le suis. J'ai peur, surtout de l'avenir.

En tout cas, mon camarade de chambrée m'a jalousé en voyant ta photo, il est persuadé que tu es ma petite amie et il te trouve très belle. Voilà pourquoi il m'estime chanceux, il m'a même demandé pourquoi j'avais osé abandonner une telle beauté. Je n'ai pas su quoi lui répondre, peut être que tu pourras lui apporter une réponse parce que je cherche encore pourquoi j'ai abandonné certaines personnes. Ces gens là me manquent. Terriblement. Mais c'est trop tard. Il faut passer à un nouveau chapitre, même si c'est difficile. Atroce même.

Je continuerai de te tenir au courant de mes aventures: la semaine prochaine, je débute l'entraînement avec une nouvelle arme et j'aurai le droit à un petit jour de repos, ouf, enfin! Bien sûr, je compte sur toi pour me donner les nouvelles du pays en attendant.

Ton grand dadais d'ami,

P.S. : Me voilà après le dur cross qu'on a fait entre forêt et désert. J'ai l'air encore vivant mais en vérité, mon corps criait au secours.

Tim

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyDim 28 Juil 2019 - 17:42


19 août 2019

Ta lettre m'a sûrement attristée autant que la mienne t'avait peiné. Je ne me permettrai pas de juger car je ne connais pas ton histoire familiale, mais je trouve ça si triste que tu aies vécu cela avec ta propre mère... La mienne me manque. Je te souhaite tout le courage possible pour surmonter cette épreuve, qui n'est probablement pas totalement étrangère à ton départ pour Kapooka, même si mon petit doigt me dit que tu n'es pas parti que pour ça. Alors je t'en prie, prends soin de toi au moins autant que tu me le demandes pour moi-même. Rien ne me fera plus plaisir de savoir que tu panses les plaies physiques infligées par l'armée, que tes blessures émotionnelles arrivées par le passé, proche ou lointain. Essaye juste de ne pas tomber de haut, si jamais tu t'endors encore debout pendant l'appel ! Ce sera déjà ça.

Ton camarade d'armée est très drôle, c'est dingue comme les gens peuvent se persuader de bien des choses avec très peu d'éléments à la base. Tu pourras le remercier de ma part sur le compliment qu'il m'a fait, c'est gentil de sa part. Je n'ai en revanche pas de réponse précise à lui donner sur ton départ, après tout je ne sais pas ce qu'il t'est arrivé, et je ne suis pas dans ta tête. Tout ce que je peux faire pour toi, mon doux Timothy, c'est t'assurer de mon soutien dans ces moments difficiles. Tu doutes, et c'est bien normal: qui ne chancellerait pas, en quittant tout ce et tous ceux qu'il a connu, pour partir à l'aventure ? Une pas des plus simples en plus, on ne parle pas de vacances dans un hôtel cinq étoiles. Je pense à toi, et je te réitère tout mon concours: si je peux faire quoi que ce soit, n'hésite pas. Même si pour cela, je dois contacter ou aller voir quelqu'un qui pour moi, serai un total inconnu. Aucun soucis; je le ferai, pour toi.

La photo que tu m'as envoyé me rend toute mitigée, je te vois dessus à la fois vaillant et exténué ! Drôle d'impression. Je t'envoie une autre photo de moi, tu vas trouver que je me suis bizarrement habillée : il s'agit juste d'un costume de danse tahitienne. On a des danses très guerrières d'ailleurs dans notre culture, dites O'tea, parallèlement à d'autres bien plus douces et lascives, dites Aparima ! Mais je ne peux pas dire que l'entraînement pour ces danses est si intense que ton camp militaire haha.

A bientôt, mon doux soldat.

Ton amie quoi qu'il arrive,

Heïana

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyDim 28 Juil 2019 - 19:58


22 août 2019

Chère Heïana,

C'est toujours un plaisir de découvrir ta bouille en ouvrant l'enveloppe. Oliver a encore bavé un bon quart d'heure quand la photo a glissé... T'as un succès fou, apparemment. Je suis, dans tous les cas, bien content d'avoir de tes nouvelles savoir que tu vas mieux me fait sourire. Pour ma part, je vis quelques moments compliqués: hier, mon corps m'a lâché et j'ai été pris d'une crise d'angoisse terrible. On a dû me rapatrier au campement en plein milieu d'un entraînement et j'ai dû envisager de tout abandonner. Pourtant, je suis incapable de rentrer maintenant. Je veux vraiment aller au bout de ce camp, même si je souffre terriblement. Y a t-il un remède miracle contre les coeurs brisés, Heïana? C'est sûrement de ça dont j'aurais besoin à l'heure actuelle.

A part cela, rien à signaler. Le maniement d'armes reste ma spécialité, moi qui était un pacifiste né, je crois que je me suis fourvoyé. Est-ce que ça fait de moi un tueur? Je n'en sais rien. Je ne suis pas mauvais pour le parcours extrême non plus. En fait, dès qu'il s'agit de dépasser les limites de l'Homme, je suis au rendez-vous, je crois que mon expérience de la vie m'a renforcé là dessus. C'est vrai que je ne t'avais jamais parlé de ma mère mais elle est totalement folle et me prend pour quelqu'un que je ne suis pas. Quand je lui rappelle qui je suis, c'est là où elle devient violente et où je le regrette ensuite. C'est une sensation atroce mais on vit avec, comme toi tu as dû le faire après ton agression. Espérons que plus rien de mal ne nous arrivera jamais.

J'ai bien envie que tu m'apprennes cette danse et promis, en retour, je te ferai un entraînement sportif de haut niveau. Sois prête Brooks parce que tu vas regretter de m'avoir proposé un tel challenge. Au fait, je veux bien que tu contactes Lullaby Watson pour moi, juste pour lui dire que je vais bien, je sais qu'elle s'inquiète sûrement et ça la rassurerait probablement que tu lui annonces ce genre de nouvelles. Précise lui que je ne peux pas la contacter pour le moment car j'ai besoin de temps pour me retrouver, surtout au milieu de cette jungle. C'est bien gentil de ta part d'avoir proposé en tout cas et si je peux faire quoique ce soit en retour, n'hésite pas à me le dire, je suis ton soldat.

Ah, on m'appelle pour l'endurance du jour. Deux heures sous le cagnard, souhaite moi bien du courage. Je te quitte là dessus car je n'aurai probablement pas la force de reprendre cet écrit en revenant de cette journée. Je t'embrasse.

Ton soldat qui dépérit,

P.S. : Si tu voulais une petite image de l'endroit où on va tous les dimanches... C'est pas l'église de chez nous, mais ça a le mérite d'exister.

Tim

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyLun 29 Juil 2019 - 12:28


24 août 2019

Cher Timothy,

Tu vas trouver étonnant de recevoir un courrier aussi tôt de ma part, n'est-ce-pas? Après tout, il faut toujours au moins un jour pour que les lettres soient envoyées de Kapooka jusqu'à Brisbane, donc tu devrais recevoir celle-ci le 25 août, au mieux. Et pourtant, tu vas l'avoir entre tes mains le jour même de son écriture.

La vérité est que je suis en-dehors du camp. Lorsque j'ai reçu ta dernière lettre, une sourde inquiétude s'est emparée de moi, et j'ai décidé d'accourir pour te voir. Tes supérieurs sont d'accord, quand tu auras cette lettre entre les mains, j'ai déjà vu ça avec eux. Ils portent de grands espoirs en toi, et espèrent que tu resteras; pour ce faire, ils préfèrent t'accorder une journée de permission que te perdre pour de bon; malins n'est-ce-pas ? Et humains aussi je trouve.  Tu as ta journée, pour la passer avec moi, si tu le souhaites. Je ne peux pas entrer dans l'enceinte même du camp, je ne suis qu'une civile; alors je suis à l'accueil.Mais même si tu ne viens pas, sache que je ne t'en voudrais pas. Je t'attends.

Ton amie à la sortie du camp,


Heïana

P.S.: Une petite photo de l'entrée du camp, au cas-où tu penserais que c'est une farce !





Lilium
 
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Heïana soupira, inquiète, alors que le lieutenant qui l'avait accueillie et avait eu la patience qu'elle termine de rédiger sa lettre entrait dans l'enceinte militaire pour porter son courrier à son doux ami. La secrétaire de l'accueil lui enjoignit de la joindre dans une petite salle d'attente, et lui proposa un café, ce que la jeune femme accepta avec joie. Ça ne ferait que rajouter de la caféine sur son stress, sa hâte et multiplierait d'autant plus les papillons qui tourbillonnaient dans son ventre, mais tant pis. Porter quelque chose à ses lèvres lui ferait le plus grand bien. Elle avait reçu la lettre de Timothy la veille, et tourmentée par ses mots, notamment sa signature, elle n'avait pas hésité bien longtemps avant de sauter dans le premier vol disponible. Anthony avait accepté de switcher ses jours de travail avec elle, ce pour quoi la Tahitienne lui avait promis de lui ramener un gros crumble aux fruits rouges maison, son dessert préféré. Ni une ni deux, Heïana s'était assurée que tout irait bien pour sa cadette, et hop ! C'était parti pour une virée de deux heures dans les airs. Suite à ça, elle avait directement pris un taxi et était venue jusqu'au camp militaire. Habillée d'une jolie robe en satin, toute en fluidité, aux manches longues et au décolleté plongeant et pourtant pas provocant, la demoiselle détonnait par ses couleurs vives au sein de ce bâtiment voué à la Défense de l'Australie. La jeune femme remercia avec un sourire la secrétaire lorsqu'elle lui amena son café, et le porta à ses lèvres, alors que son genou droit tremblait dans un tic nerveux. Viendra, viendra pas ? Elle le saurait bien vite, le lieutenant ne manquerait pas de venir la trouver si jamais ce n'était pas Timothy lui-même qui venait la retrouver. Son coeur battait de manière irrégulière, son estomac se serrait, puis se relâchait, en d'espèces de contractions presque désagréables, mais qui marquaient en même temps son espoir et sa hâte de revoir le jeune homme. Une gorgée, deux gorgées de café. Un peu plus d'adrénaline dans ce coktail détonnant. La Tahitienne était inquiète: dans quel état réel allait-elle retrouver son ami, s'il venait la voir ? Avait-il été honnête à 100% dans ses lettres, ou avait-il atténué longtemps la réalité pour ne pas l'inquiéter ? Tant de questions qui s'amassaient dans la tête de la jolie demoiselle, et qui ne trouveraient réponse que selon la volonté du soldat à l'âme blessée qu'elle attendait avec patience.


Heïana:

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyLun 29 Juil 2019 - 16:09

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Il lut la note avec des yeux ronds. Au bout d'un mois, Tim avait pris l'habitude de recevoir la feuille parfaitement calligraphiée qu'Heïana lui envoyait mais celle-là le laissa totalement désemparé. Elle était ici, au campement? Tout cela lui semblait complètement surréaliste: pour quelles raisons Heïana s'autoriserait-elle à faire mille trois cent kilomètres juste pour le voir? Instantanément, le jeune Decastel sentit l'angoisse le faire vriller et il dût se retenir de tomber en se tenant au mur. Oliver vint vérifier qu'il allait bien mais la réalité était toute autre, forcément. Cela faisait plus de vingt quatre heures que Tim avait du mal à tenir sur ses jambes, les médecins avaient parlé d'une fatigue extrême, Timothy, lui, savait qu'il s'agissait plutôt d'un coeur brisé. Il n'y avait pas de remède contre cela, pas de guerre à gagner contre lui-même pour s'en relever et finir premier de son unité... Non, il suffisait d'attendre. Le souffle encore coupé, Tim tâcha de reprendre forme humaine pour se remettre d'aplomb, hors de question de fuir la jeune Brook maintenant qu'elle était à l'entrée de son camp. Il avait peur, évidemment qu'il avait peur en vue de la tête qu'il avait, des bleus qui marquaient son visage parce que la chute de la veille avait été terrible. Le coquart proche de son oeil ne laissait pas de chance au hasard: il avait sombré et il sombrait encore. La veille, il avait bu à outrance en compagnie d'Oliver, se refusant de relâcher les vannes alors il avait suivi les conseils de ses camarades de chambrée, se prenant la première cuite de son existence, oui, à trente deux ans. La matinée avait été longue mais lorsqu'il avait passé les moments douloureux du réveil, il s'avérait qu'il était encore plus ou moins productif... Jusqu'à cette lettre. Jusqu'à ce qu'il remette son uniforme correctement pour rejoindre Heïana à l'accueil. Il n'eut pas besoin de ses lunettes pour la remarquer, nerveuse, au bout du couloir. Timothy s'avança lentement et s'arrêta finalement devant elle, au bord de la déroute. "Heïana, t'es vraiment là... T'as vraiment fait tous ces kilomètres mais... Pourquoi?" Peut être pour être témoin de cela. De cette tragédie qui était marquée sur tout le corps de Timothy. Il n'était plus que douleur, rien d'autre ne perlait dans ses yeux azur et les larmes, elles, menaçaient de couler parce qu'il était fatigué, usé à l'extrême et il n'avait plus aucune porte de sortie. Plus rien qui en vaille la peine.

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyLun 29 Juil 2019 - 16:50

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Les secondes parurent des minutes, et les minutes, des heures. Heïana avait rarement été si nerveuse; pourquoi se faisait-elle un tel mouron ? Bien sûr, elle ne pouvait pas nier qu'elle avait pris le doux garçon - quoi qu'il soit sept ans plus vieux qu'elle - en affection, mais ils ne se connaissaient pas tant que ça, au final. Deux connaissances qui avaient tissé un lien agréable, au détour des messes dominicales et des visites d'Heïana au moins mensuelles, si ce n'est hebdomadaires, à la tombe de ses parents. Des discussions simples, portant autant sur la pluie que sur le beau temps; parfois, des échanges un peu plus philosophiques, ou alors des conversations plus anodines, sur la vie de chacun mais sans jamais trop creuser en profondeur. La preuve, Heïana n'avait jamais su que Timothy connaissait Lullaby, jusqu'à-ce-que celui-ci lui demande de rassurer cette-dernière sur son absence ! Puis, leur correspondance épistolaire avait pris le relais, peu après le départ du jeune homme à l'armée. Les lettres arrivaient, environ deux par semaine si l'on s'amusait à faire des statistiques. Pas de quoi avoir des échanges approfondis à l'extrême là non plus, d'autant plus qu'ils ne se parlaient ainsi que depuis un gros mois, et non des années. Pourtant... Heïana se sentait pleine d'appréhension. Par rapport à quoi ? Elle n'aurait trop su le dire elle-même. Par rapport au fait que son ami ne vienne pas, trop fatigué, blessé ou craintif pour se présenter devant elle. Ou alors, sur l'état dans lequel elle le trouverait, s'il se présentait devant elle. Pleine d'inquiétude, la Tahitienne but son café en un temps record, et tant mieux: elle venait de lever les yeux vers une fenêtre qu'elle entendit des bruits de pas sur sa droite. La jeune femme tourna la tête vers la source du bruit, et même de loin, malgré l'uniforme et son air radicalement, elle le reconnut. Timothy. Lentement, comme dans le ralenti d'un film, la métisse se releva, quittant l'assise confortable de sa chaise pour se mettre à hauteur, ou presque, du soldat qui s'approchait d'elle dans une espèce de démarche bien typique du monde de l'armée, droite et forte... Pourtant, il chancelait. Il avait beau se tenir du mieux possible, il ne pouvait pas le cacher. Le doux gardien des peines des gens était en lambeaux, de corps comme d'esprit. Ce n'est que grâce à son expérience en médecine et aux urgences que la Tahitienne retint un hoquet de stupeur lorsqu'elle vit son coquard, et les différents bleus qu'il arborait.

La fluidité de la robe d'Heïana, qui voletait autour d'elle à cause d'un courant d'air passant par une fenêtre entre-ouverte, tranchait avec la rigidité de l'uniforme que son ami portait. Les couleurs pastels et vives contre des teintes plus mornes. La douceur contre l'arme. La civile face au soldat. La santé devant le mal-être. Le teint caramel face à la peau pâle. Celle qui avait fait mille-trois-cents kilomètres pour retrouver son ami, celui qui avait fait le même parcours pour quitter les siens. L'orpheline de parents, l'enfant tourmenté par sa propre mère. La sérénité face à la perdition. Le corps nu de toutes cicatrices récentes présenté à son alter ego enkylosé. La femme face à l'homme. Mais une même émotion, indéfinissable et seulement perceptible dans les quelques dizaines de centimètres les séparant.

"Heïana, t'es vraiment là... T'as vraiment fait tous ces kilomètres mais... Pourquoi?" La jeune femme eut bien du mal à froncer les sourcils face à cette question, tant elle empêchait ses propres larmes de couler en voyant le déplorable état physique - et sans aucun doute mental - de Timothy. La demoiselle toute vêtue de fleurs franchit les derniers centimètres qui la séparaient du jeune homme, sans plus d'hésitation, et doucement, elle le prit dans ses bras. Pas comme l'aurait fait une amie. Il y avait quelque chose en plus, mais quoi? Ce n'était pas possible de l'expliquer avec des mots. Elle avait l'impression de retrouver un grand frère, ou pas. Non vraiment, ce n'était pas un sentiment que l'on pouvait raisonner. Mais pour toi, mon grand bêta. Sa voix mélodieuse était d'une douceur infinie, comportant toute la tendresse que ce monde pouvait bien accorder à un être humain. Son toucher était délicat, car elle ne voulait surtout pas infliger plus de souffrance à Timothy. La sage-femme glissa son visage contre la gorge du brun, alors qu'elle l'enlaçait, ne priant pour une seule chose: qu'il se laisse aller à elle, pour aller mieux. Elle était prête à être l'épaule sur laquelle il pleurerait, tant que ça lui permettait de remonter la pente. Son doux soldat, aussi pur qu'une fleur de Lys.

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyLun 29 Juil 2019 - 17:16

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Alors, c'était donc cela souffrir, réellement souffrir, sans n'avoir plus une once de bonheur terré quelque part à l'intérieur. Il avait fallu un bon mois pour que le corps de Tim tombe sous le joug de ce chagrin mortel, poison qui circulait dans ses artères. Il avait tenu aussi longtemps qu'il avait pu, se refusant à sombrer parce qu'il avait toujours été beaucoup plus fort que cela. Après tout, il était le gamin qui avait vu ses parents le quitter, le meurtrir, le blesser et le tuer, encore et encore. Pourquoi maintenant était-ce plus douloureux? Pourquoi la vie ne lui laissait-il pas un peu de répit? Tim avait beau se poser mille questions sur les raisons de son combat perpétuel, il n'y avait jamais aucune réponse qui suffisait. Peut être que tout cela n'avait aucune importance au final parce qu'il avait fait ses choix et que, désormais, une toute nouvelle vie s'offrait à lui s'il avait suffisamment de courage pour la saisir. Pour cela, il avait clairement besoin de dire adieu à l'ancienne, de laisser tout ce qui lui était arrivé dans un sas et ne plus jamais y toucher. Si seulement c'était aussi simple qu'une compartimentation, il aurait été heureux depuis bien longtemps, ou tout du moins épanouie. Cela n'avait jamais été le cas: Tim était passé du garçon un peu gauche et réservé à un homme impulsif qui ne comprenait pas très bien ce qu'il faisait. Dans tous les cas, il avait mal. C'était la seule réalité qu'il connaissait, depuis qu'il était môme et les quelques minutes de joie qu'il avait pu voler ici et là n'avaient pas suffi à le garder debout à l'heure actuelle. Regarder Heïana dans les yeux devenait un effort surhumain parce qu'il avait tellement honte d'en être arrivé là, d'être cet homme qui s'était envolé à plus de mille kilomètres pour craquer à peine un mois plus tard. Que faisait-il? Dans quel but? Le savait-il vraiment? Timothy fuyait, c'était la seule chose qui se révélait maintenant que la jeune tahitienne était sous ses yeux, en chair et en os. Il tâcha de tenir le coup, de ne pas se retenir au mur et de rester droit dans ses bottes, fort comme on le lui avait appris au cours des quatre dernières semaines. Désormais, il était un soldat et ces gens là n'avaient pas le droit d'être faibles ou vulnérables, ils étaient de la chair à canon, sans émotion, sans peur, sans coeur. Il était devenu ce cliché là, lui aussi. Seulement, Heïana était là. Pour lui. Il soutint son regard et la sentit s'approcher avant de venir l'enlacer, doucement, comme s'il était un objet en porcelaine. C'était peut être le cas en vue des contusions qui l'ornaient à cause des divers entraînements, de sa chute de la veille et du peu de repos qu'il s'offrait. Timothy la serra contre lui tout aussi délicatement et soudainement, il éclata en sanglots. Sans pouvoir le contenir. Sans pouvoir le contrôler. Il laissait juste échapper une peine incommensurable, qui n'avait pas commencé dans ce camp mais qui en était une des conséquences toutefois. Il était si seul désormais, si malheureux et son avenir si sombre. Tim ne savait pas quoi faire et clairement, il n'avait aucun mot disponible pour s'exprimer alors, il laissa les larmes couler le long de ses joues, le corps d'Heïana berçant le sien jusqu'à ce qu'il en meure parce que c'était bel et bien ce qu'il semblait désirer ces derniers jours. "Je crois que... Je suis cassé, Heï." Il l'avait toujours été et il avait pu le bégayer à ce moment là, se rendant compte que rien n'avait été normal durant ses trente deux années de vie. Timothy n'avait jamais vu autre chose que ce mal à l'âme, que cette peur insidieuse, que ce craquement de coeur et de corps. Lutte mortelle. Combat impossible à gagner. "Je sais pas... Comment guérir... De ça." Non, d'elle. D'eux. De sa mère. De Charlie. De tous ces instants de joie qu'il aurait pu obtenir mais qu'il n'avait pas gagné au bout du compte. De toute cette haine qu'il recevait pour quelque chose qu'il n'avait pas saisi. Alors, il en était là, à se laisser aller contre Heïana, si seulement le chagrin pouvait s'évaporer dans quelques larmes. Si seulement il pouvait tout recommencer, aussi. Si seulement il pouvait vivre, à nouveau.

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Message(#)Lilium ~ Timothy Decastel EmptyLun 29 Juil 2019 - 18:08

Lilium
 
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Oh, Dieu ! Quel monde cruel que celui dans lequel tu as laissé tes agneaux. Que de tentations et d'épreuves ils doivent subir avant de trouver la voie. Heïana sentit son coeur battre deux fois plus fort lorsqu'elle sentit le corps de son ami être secoué de spasmes violents, alors qu'il éclatait en sanglots dans ses bras. Un peu plus fermement, juste assez pour qu'il sente qu'elle serait toujours là, présente pour lui, qu'il se montre fort ou qu'il dévoile ses faiblesses, la croyante le garda tout près d'elle. Plusieurs minutes durant, les larmes du soldat mouillèrent la robe de la civile, qui ne s'en formalisa pas, loin de là. Si elle pouvait être le réceptacle de sa tristesse, elle acceptait sa Mission avec joie. Si elle devait être le berger qui lui montrerait le chemin, et ce sans être certaine elle-même de la voie à suivre, elle ferait de son mieux pour le guider vers l'apaisement. Après tout, elle n'y était pas trop mal parvenue pour elle-même, non ? Bien sûr, la douleur resurgissait parfois, et restait toujours en toile de fond; on ne guérit pas de ses plus profondes blessures de coeur, mais on peut se soigner, et apprendre à voir le Beau et le Bien. Pour l'instant, le seul objectif que devait se fixer Timothy, c'était celui d'étancher sa peine, comme on le ferait pour la soif. Au point où en était rendu le jeune homme, soigner son âme devenait un besoin essentiel, vital, autant que boire, manger ou dormir pouvaient l'être. Le petit coeur d'Heïana eut l'impression qu'un pieu s'enfonçait en lui lorsque la voix chevrotante du garçon aux cheveux bouclés lui dit qu'il se pensait cassé. C'était un appel à l'aide qu'il lui faisait; elle ne devait pas le laisser là, dans ce camp, en considérant que les manoeuvres physiques découvriraient en lui l'homme qu'il voulait devenir, qu'il espérait être, et que les entraînements et les coups créeraient autour de lui une carapace invincible. Non. Sa carapace, il l'avait déjà construire, il y a déjà des années de cela; et là, elle s'effritait sous les yeux d'Heïana. Non. Ce dont avait besoin Timothy, c'est que l'on s'occupe de lui comme lui-même avait toujours pris soin d'autrui, à son propre détriment, pour oublier la douleur qui était sienne. La Tahitienne prit son courage à deux mains, et se promit de faire tout ce qui était en son pouvoir pour sortir l'agneau de l'Enfer dans lequel il était plongé. La demoiselle recula alors un chouilla, quittant l'étreinte du soldat, mais seulement pour prendre entre ses mains le tracé du visage qui lui faisait face, ses poignets se rejoignant en coeur sous le menton de Timothy, alors que ses doigts remontaient vers ses oreilles, au bas de ses joues. Tu me fais confiance ? Demanda la sage-femme, dans une question aussi profonde que rhétorique, un double-sens dans lequel aucune confirmation n'était attendue, mais où l'assentiment de l'homme de trente-deux ans était indispensable pour qu'Heïana soit libre de ses décisions, pour qu'elle puisse aider le blessé qu'elle était venue retrouver. Un regard échangé, intense et plein de mots qui n'avaient pas besoin d'être dits. Une décision fut prise. La brune se décala, et prit la main de son ami dans la sienne, l'entraînant avec elle à un rythme à la fois rapide, voulant quitter cet endroit ayant plus endommagé le doux garçon qu'autre chose, mais ne pressant pas le pas au point de faire mal à Timothy. Nous partons, déclara simplement Heïana à la secrétaire, le départ pour la journée - au moins - de la recrue ayant été convenu et acté dès son arrivée.

La Tahitienne fit monter son ami dans le taxi, et demanda au conducteur de les amener à un hôtel bien connu, de la firme Lindström. L'homme n'eut aucun souci à les y amener, en moins de dix minutes à vrai dire, et Heïana le paya en liquide, se fichant bien de la monnaie. Sa seule préoccupation était le brun, encore et toujours lui. Pendant toute la durée du trajet d'ailleurs, elle avait gardé sa main posée sur celle du soldat en herbe, dans un soutien aussi discret que fort. Finalement, ils descendirent de voiture et la maïeuticienne mena son ami dans les couloirs, ayant passé la réservation plus tôt dans la journée, alors qu'elle sortait de l'aéroport. Ainsi, sans avoir besoin de parler bien longtemps à qui que ce soit -sachant qu'elle restait la fille d'anciens hauts-gradés de cette firme multinationale, donc les passe-droits étaient simples à obtenir- la Polynésienne obtint la clef de leur chambre et les y mena d'un pas souple mais relativement lent, restant toujours aux côtés de son ami. Une fois qu'ils furent entraîner, Heïana alla fermer d'un coup sec les lourds rideaux, créant une pénombre juste assez opaque pour qu'ils se voient l'un et l'autre, mais pour ne pas être agressés par la lumière du soleil australien. Assieds-toi sur le bord du lit, s'il-te-plaît, demanda la demoiselle, avant de disparaître dans la salle de bain attenante. Quand elle revint, elle avait une bassine pleine d'eau chaude, un peu de savon, mais surtout des baumes et huiles de massage. Elle voulait que Timothy sente qu'il était spécial, unique, comme n'importe qui en ce monde; qu'il méritait la considération et l'amour de lui-même. Et pour cela, quoi de mieux que quelqu'un prêt à panser ses plaies plus correctement que le bidouillage de l'armée, une amie prête à passer une heure s'il le fallait à dénouer ses muscles endoloris à coup de massages, une infirmière personnelle pour soigner les maux du corps et de l'âme ? L'eau, purificateur le plus doux au monde, serait la première étape; non pas que Timothy était particulièrement sale, mais laver son enveloppe charnelle permet un premier décrassage de l'esprit, selon Heïana. Oui, elle mélange science, médecines parallèles, ésotérisme et croyances bibliques, et alors ? Chacun sa manière de voir les choses, et elle ferait au mieux avec la sienne pour aider son ami. Elle prendrait soin de lui physiquement, mentalement, et lui accorderait le repos qu'il mérite.

Heïana se posta devant son ami, qui s'était assis conformément à ses instructions. Elle se posta entre ses jambes, le forçant sans vraiment l'obliger à les écarter pour qu'elle puisse s'y glisser. Elle ancra alors ses yeux vert émeraude, vert forêt, vert espoir dans les yeux bleu saphir, bleu océan, bleu innocence de Timothy. Elle murmura, dans un souffle chaud et délicat: Je vais prendre soin de toi. Et sur ces mots, elle vint lui faire un bisou sur la joue, lent, léger et profond à la fois. Pourtant, aucune volonté sensuelle, sexuelle ou autre ne transparaissait. Juste un désir d'être utile, et d'aider. Lentement, la Tahitienne déboutonna la veste militaire de son ami, et la fit tomber sur le lit. Elle lui retira doucement son tee-shirt, restant vigilante tout de même aux ressentis de Timothy. Même si elle lui avait demandé de s'abandonner à elle, implicitement, elle ne souhaitait pas le forcer à franchir certaines limites. La jeune femme irait là où il le lui permettrait. Elle lui retira ses chaussures également, et ses chaussettes. Effarée devant la masse bleuie qui se présentait devant elle, la jeune adulte ne fit pourtant pas de commentaire, l'homme à l'âme meurtrie n'en avait pas besoin. La Tahitienne se mit à genoux, entre ceux de l'esprit en peine qui lui faisait face, et mouilla un gant dans l'eau dont la température oscillait entre le simple tiède et une chaleur plus prononcée. Et comme le Christ s'était fait humble en nettoyant les pieds de ses apôtres, Heïana passa le tissu doux, spongieux et humide sur la peau de Timothy, tête baissée, se concentrant sur sa tâche, tout en étant attentive à la moindre réaction de son ami.
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