Sa belle robe blanche qu’elle venait de voler était maintenant maculée de poussière et de sang. Fatalement, ça valait bien une petite insulte pour le chasseur qui était responsable de sa situation. Elle a la rage aussi parce qu’elle espérait vraiment s’enfuir et qu’elle avait échoué, il l’avait rattrapé. Sa faute à elle, elle avait tenu à garder son cheval alors qu’elle aurait pu en voler un bien plus fort, qu’elle aurait pu anticiper aussi qu’il aurait tout préparé et qu’elle aurait pu volé le siens. Mais non, Jennie s’était attachée à sa bestiole, faut croire. « Alors ma sœur, on oublie ses bonnes manières ? » Comme on disait, Jennie ne tuait pas par plaisir. Il faut croire que ce gars là allait lui donner envie de le faire quand même parce qu’il l’agaçait. Toujours allongée au sol, elle ne répond pas. Elle n’est pas armée, lui si. C’est à sa patience de lui trouver une porte de sortie. Toute témérité ne finirait pas bien. « J'te ramène à ton prêtre, ou tu préfères le shérif du coin ? Pour sûr que ce soir, ton prêtre, il te fait perdre ta vertu. Je crois que tu préféreras le shérif. » Elle ricane. S’il savait ce qu’elle était devenue sa vertu et là où elle avait été perdu il y’a des années, il pâlirait. Elle ne dit rien, comme à chaque fois, le silence est la meilleure des réponses. « T'as pas soif ? Cavaler ça donne soif. » Elle ne lui crache pas à la figure, parce qu’effectivement, elle a soif. Elle se contente de le toiser, elle ne veut rien de lui. Attachée, elle se relève. Les choses sérieuses semblent prête à commencer. « T'allais vers où, Jennie ? Alors t'étais copine avec Billy Jones ? Ce fils de pute est mort, maintenant. Pas moyen qu'on retourne là bas, ils ont repéré ma gueule, maintenant. » C’est intéressant s’il a peur d’être reconnu. Peut-être est-il recherché ? Les bandit du coin sûrement. Elle se contente de ricaner à l’idée possible qu’elle soit associée à Billy. « Je vois que nous n’avez pas additionné tous les morceaux détective. Quel dommage. » Parce qu’il en est hors de question, il trouvera tout seul qui elle est, elle ne dira rien.
Ici commençaient d'âpres négociations. En plus, le pourparler n'allait pas durer trop longtemps. Peut-être les autorités allaient-elles débarquer d'une seconde à l'autre. Alors, il faudrait cavaler. Avec, ou sans Jennie ? Son cheval s'était fait la malle dans le désert. Il était désormais impensable d'essayer de le rattraper. Et puis, avec le peu de repos qu'il avait eu, il était, de toute façon, plus un boulet qu'autre chose. Si au final il était encore bon à quelque chose, il était trop risqué de mettre Jennie dessus. Elle était capable de filer. Le petit brun avait bien compris à quel point elle était malicieuse, à quel point elle pouvait lui filer facilement entre les doigts. Il se méfiait d'elle comme de la peste. Une fois qu'elle fut attachée, elle n'arrêta pas de dévisager son geôlier d'un regard mauvais. La narguer serait idiot. Il valait mieux ne pas trop se mettre à dos ses prisonniers, Léo l'avait appris à ses dépens.
Il était cependant curieux de la manière dont s'était échappé Billy Jones. Et cette fille avait l'air de le connaître. « Je vois que nous n’avez pas additionné tous les morceaux détective. Quel dommage. » Léo lui décocha un regard mauvais, puis la poussa devant lui. Il vint attraper la bride de son cheval d'une main, alors qu'il gardait le revolver dans l'autre. Avec agilité, il se hissa sur le dos de sa monture. « Quoi, c'était ton petit copain ? Il ne sert à rien de le protéger. Il est mort. », lança-t-il en fixant son regard à l'horizon. De sa poche, il sortit de quoi trouver le nord, fixa un instant le soleil puis poussa un soupir. « On va faire un peu de marche. Une petite promenade dans le désert, ça te dit ? » D'un mouvement du pistolet, il s'assura que la jeune femme marchait juste un peu devant son cheval. Au pommeau de sa selle était attachée l'autre extrémité de la corde qui liait fermement les mains de Jennie. « Et si tu me parlais un peu de toi, Jennie ? On va faire du chemin ensemble, je crois que ça serait plus agréable si on apprenait à pas se détester. », railla-t-il, un léger sourire aux lèvres. Il ne s'attendait pas à grand chose de sa part. De toute façon, quelqu'un pourrait bien lui en dire plus sur l'identité de cette fille, lorsqu'ils seraient arrivés sur le prochain lieu de destination.
Il était malin, mais pas au point de deviner sans aide ce qui lui était arrivée à elle, ainsi qu’à Billy Jones pour que tout ce p’tit monde en vienne à se retrouver dans la petite bourgade qu’ils ont quitté. Jennie n’allait pas lui dire, s’il voulait savoir, il n’avait qu’à s’en remettre à cet instinct qui l’avait automatiquement amené à douter d’elle. Elle notait en tous les cas qu’il n’était pas tendre, qu’être une femme ne voulait rien dire et qu’elle devrait veiller à ne pas être trop confiante. Ça, elle pouvait le faire. « Quoi, c'était ton petit copain ? Il ne sert à rien de le protéger. Il est mort. » Elle lui rit au nez alors que dans les faits, elle devrait surtout se vexer de sa supposition comme s’il était plausible qu’elle et ce gros porc soient autre chose que de future compagnon de potence. « Vous m’avez regardé ? » Qu’elle lâche, se rendant compte que s’il cherchait à la vexer pour la faire parler, il allait y arriver. « On va faire un peu de marche. Une petite promenade dans le désert, ça te dit ? » « Parce que j’ai le choix ? » rétorque t-elle avant de commencer à marcher les mains liées derrière elle. C’est reparti pour un tour et cette fois-ci à pieds encore. Il ne fallait pas oublié que malgré sa fuite, elle n’était pas d’une forme exceptionnelle et elle avait déjà manqué d’être tuée par le désert deux jours plus tôt. Elle ne proteste cependant pas, trop occupée à maudire son canasson qui s’est enfuit. « Et si tu me parlais un peu de toi, Jennie ? On va faire du chemin ensemble, je crois que ça serait plus agréable si on apprenait à pas se détester. » Elle lui répond d’un sourire totalement faux. Elle le déteste déjà, c’est évident. Il vient de la priver de sa liberté. Il sait qu’elle est hors la loi, elle gardera son avantage en continuant de le laissant ignorer à combien sa tête est mise à prix. « Et pourquoi toi tu ne parlerais pas un peu de toi ? J’ai jamais été très bonne pour ce qui est de faire le premier pas. »
C'était décidé : si les autorités débarquaient, Léo prendrait la poudre d'escampette. Voilà pourquoi il laissait Jennie marcher à côté de son cheval, plutôt que de la prendre avec lui. C'était en fait aussi pour tenter d'économiser sa monture, qui se remettait tout juste de l'intense course qu'elle venait de faire. Et puis, l'eau et le repos, cela se méritait. Jennie, pour l'instant, ne méritait que de marcher à côté de Léo et de sa jument à la robe de jais. La journée n'était pas bien avancée. Aussi fallait-il s'économiser pour le périple à venir, qui menaçait d'être rude. A l'évidence, Jennie n'était pas la petite amie du macchabée, vu comment elle se fichait éperdument de l'observation de Léo. « Vous m’avez regardé ? » Le chasseur de prime haussa les épaules. Elle était plutôt jolie, vraiment. Son physique n'était pas vraiment digne de la grosse brute épaisse qu'était Billy Jones. Elle n'avait pas non plus la mine d'une prostituée. Mais peut-être que c'était pour ça, qu'elle était recherchée. Ce n'était pas rare, les prostituée qui tuait leurs clients, de rage. Ça arrivait tout le temps. Peut-être était-ce aussi pour cela que Billy l'avait reconnue. Aucune des suppositions du bouclé ne semblaient mener à rien, pour le moment.
Et puis le voilà qui blaguait à propos de la promenade dans le désert qu'ils allaient effectuer tous les deux. « Parce que j’ai le choix ? » « Mais bien sûr, que tu as le choix. On a toujours le choix. Je te détache, tu cours et on verra si je mérite ma bonne réputation de tireur. Mais l'autre option, c'est aussi qu'on continue la route ensemble. » Un petit sourire goguenard se dessina tranquillement au bord des lèvres du brun. Le sarcasme était une arme qu'il aimait manier sans aucune modération. Elle lui jouait parfois des tours.
Bien sûr, tenter d'obtenir des informations à propos de la jeune femme sembla peine perdue. « Et pourquoi toi tu ne parlerais pas un peu de toi ? J’ai jamais été très bonne pour ce qui est de faire le premier pas. » Léo réprima un rire. « Alors, on se tutoie ? Parfait, le voyage n'en sera que plus agréable. » Il marqua une petite pause, observa l'horizon derrière lui l'espace d'un instant. Toujours aucune trace de potentiels suiveurs. Les deux jeunes gens semblaient tranquilles, pour le moment. « Y'a pas grand chose à dire. Mes parents sont pas riches, la plupart des gens que je connais sont morts ou en prison. Ah, et j'ai pas de femme. » Il haussa les épaules. « Le type de tout à l'heure. Billy Jones. Est-ce que tu le fuyais parce qu'il connaissait ta gueule ou parce qu'il voulait te rattraper ? Ou les deux à la fois ? »
« Mais bien sûr, que tu as le choix. On a toujours le choix. Je te détache, tu cours et on verra si je mérite ma bonne réputation de tireur. Mais l'autre option, c'est aussi qu'on continue la route ensemble. » Dieu qu’elle s’imaginait déjà en train de le tuer. Jennie avait mauvais caractère en toute situation, mais elle arrivait à trouver un stade supérieur que personne ne soupçonnait quand quelqu’un se prenait d’envie de la provoquer. C’était de tout façon ce qui lui avait toujours causer des ennuis : elle répondait à la provocation et c’est parce qu’elle avait pris assez de coup dans la gueule qu’elle avait trouvé la technique du silence. Elle ne parlait pas, ce qui laissait à loisir à ses interlocuteurs de languir une réponse, sauf quand ceux-ci étaient tout aussi capable de lui foutre sur la gueule parce qu’ils avaient décidé de le faire quoi qu’elle fasse. Léo avait raison sur un point, elle était coincée et tant qu’elle serait dans cette situation, elle la fermerait. « Alors, on se tutoie ? Parfait, le voyage n'en sera que plus agréable. » Elle se retint de lui dire que c’est lui qui avait commencé à le faire et qu’elle n’avait fait que suivre. De toute façon, elle n’avait jamais été une adepte des bonnes manières et lui n’avait rien du gentleman bien éduqué. Pourquoi s’embarrasser de faux semblant ? « Y'a pas grand chose à dire. Mes parents sont pas riches, la plupart des gens que je connais sont morts ou en prison. Ah, et j'ai pas de femme. » Ce point là, elle s’en doutait. « Le type de tout à l'heure. Billy Jones. Est-ce que tu le fuyais parce qu'il connaissait ta gueule ou parce qu'il voulait te rattraper ? Ou les deux à la fois ? » « Je ne le fuyais pas. » Et c’était la vérité. Bien qu’elle haïssait cet homme, il ne lui faisait pas peur et il n’était pas prévu au programme qu’elle le retrouve. « Je devais juste fuir avant les informations me concernant n’arrivent en ville. Tu m’en empêchais, il a été assez bête pour venir te provoquer, j’ai saisi ma chance et je me suis enfuie. La suite de l’histoire » Et bien, elle se déroule là.
Ses yeux assassins ne trompaient personne. Léo était en train de se la mettre complètement à dos. Enfin, pas que la situations jouait, de toute manière, en la faveur d'une belle et longue amitié teintée de joie. Léo avait appris à user de sarcasme avec son père, qui s'amusait à répondre avec véhémence aux autorités qui passaient lui réclamer des dettes. Son père, il devait être mort, depuis le temps. Il n'avait plus eu de nouvelles depuis des lustres. De toute manière, Léo n'avait jamais eu d'adresse fixe. Et quand bien même, il ne voulait pas vraiment des nouvelles de son paternel, éternel ivrogne qui cognait sur sa mère - lorsque cette dernière était encore en vie. Et si son paternel n'était pas mort, peut-être avait-il refait sa vie, loin des bordels qu'il fréquentait jour et nuit. Loin des bouteilles vides qu'il jetait sur son fils lorsque ce dernier manquait - encore - de faire une connerie. La sœur de Léo était morte, depuis longtemps aussi. De maladie. C'est ce qu'avait dit la mère de Léo. Tout le monde savait qu'elle était morte de soif. Il n'y avait pas d'eau, du côté de chez le petit brun. Les plantes, les bêtes, tout crevait sur ces terres là. Seuls les riches pouvaient se payer une vie autre que celle de paysan.
A la question à propos de Billy, la jeune femme répondait. Le chasseur de prime en fut surpris. « Je ne le fuyais pas. » La réponse semblait honnête, sortie du cœur. Peut-être bien était-ce la vérité. L'interlocutrice du bouclé n'avait l'air de rien fuir. Elle semblait fière. « Je devais juste fuir avant les informations me concernant n’arrivent en ville. Tu m’en empêchais, il a été assez bête pour venir te provoquer, j’ai saisi ma chance et je me suis enfuie. La suite de l’histoire » « Mmh. », lâcha le chasseur de prime, pensif. « Je suis content que ce type soit mort. C'était un enfoiré de première. Tu savais qu'il avait abusé de sa sœur ? » Le bouclé arrêta un instant son cheval. Au loin, on entendit soudain une clameur. « Bon ma grande, je crois qu'on va devoir se serrer un peu les coudes, toi et moi. », soupira Léo. Puisque le boucan venait de derrière eux, cela venait forcément de la ville. Il tendit la main vers la brunette. « J'espère que tu tiens bien sur un cheval au galop. », lança-t-il, alors que les bruits de sabots se rapprochaient, étouffés par la poussière environnante.
Elle avait fini par répondre. C’était facile avec elle parce qu’il suffisait de titiller son égo pour obtenir des réponses qu’elle ne souhaiterait pas donner et le fait qu’il puisse supposer qu’elle soit de mèche avec Billy Jones, c’était trop fort. Elle détestait cet homme et aussi mal que ça pouvait lui faire, Léo avait gagné des points en causant son décès parce que là, le monde est une meilleure place. « Mmh. » dit-il en toute réponse à son histoire ; Bien qu’il ne pose pas trop de question. « Je suis content que ce type soit mort. C'était un enfoiré de première. Tu savais qu'il avait abusé de sa sœur ? » Elle ricane, c’estp lus fort qu’elle. Devrait-elle le haïr plus maintenant qu’elle était au courant de ce fait ? Léo est-il aussi stupide pour penser la choquer avec ce type d’information ? Pour Jennie, tous les hommes sont des violeurs, point barre. Ne reste qu’à savoir quand ils passeront à l’acte. « Pointe moi un homme du doigts qui n’a pas abusé d’une femme. » Qu’elle répond, le ton neutre. L’ironie de la chose, c’est qu’il devait sûrement plaindre la sœur Jones alors que si elle avait tué son frère pour se défendre, comme Jennie l’avait fait, elle serait là aussi, ligotée, à entendre des reproches sur le fratricide commis. Elle n’ajoute rien de plus et broies du noir, jusqu’à ce que des bruits de sabots se fassent entendre ; « Bon ma grande, je crois qu'on va devoir se serrer un peu les coudes, toi et moi. » dit-il, elle n’a encore envie de se serrer les coudes avec lui ; A vrai dire, elle hésitait encore à jouer les femmes faibles. Mais sa tête restait mise à prix. Rester avec Léo lui offrirait de meilleures chances de fuite. « J'espère que tu tiens bien sur un cheval au galop. » « Oui, mais détache mes poignets d’abord. » Et elle fera chier avec ça, mais les liens sont serrés trop fort et c’est à voir lequel des deux ne veut pas se faire attrapé. Un cas comme dans l’autre pour elle, ça ne change rien alors que lui …
« Pointe moi un homme du doigts qui n’a pas abusé d’une femme. » Léo haussa les épaules. C'est ce qu'il faisait un peu trop souvent, hausser les épaules. Comme s'il n'en avait rien à foutre. Lui n'avait jamais abusé d'aucune femme. Il n'en avait pas le temps, de toute manière. Il était sur les routes depuis bien trop longtemps. Les femmes, c'était de la distraction. Ça égarait du but, de l'objectif fixé. Oui mais, après quel objectif courait-il, au juste ? Un peu de repos, c'était déjà ça. On entendit alors à l'horizon un affreux remue-ménage. On les avait rattrapé. La troupe ne devait pas être bien nombreuse, mais elle méritait tout de même une attention toute particulière. Aussi, le brun proposa-t-il à la jeune femme de le rejoindre à cheval. C'était ça, ou la mort. Le choix était vite fait. « Oui, mais détache mes poignets d’abord. » Léo jeta à nouveau un regard sur l'horizon.
Un coup de couteau dans les cordes plus tard, Léo tira la jeune femme en amazone, devant lui. Par intermittence, il surveillait les mains de la jeune femme. Il craignait que cette dernière n'attrape l'un de ses revolvers, pour ensuite prendre la poudre d'escampette. De toute manière, si la brune choisissait de sauter, c'en était fini pour elle. Le cheval filait comme le vent, mais le petit groupe les rattrapait. Le chasseur de prime siffla une insulte entre ses dents et continua d'éperonner la jument, qui ne bronchait pas. Elle avait l'habitude des grande embardées et des courses folles. Bientôt, les balles sifflèrent aux oreilles des fuyards. Pourtant, Léo sentait qu'il n'était pas directement visé. On voulait l'avoir vif. Sa jument n'était pas encore touchée, et fort heureusement, les armes des tireurs n'avaient pas l'air assez rapide à recharger pour représenter une menace inquiétante. Mais lorsqu'une balle siffla tout prêt de l'oreille de Léo, ce dernier se résolut à faire ce qu'il craignait depuis le début. « Tu sais te servir d'un flingue ? » Il n'attendit pas la réponse. Une balle venait de transpercer le cuir de sa selle. « Bien sûr que tu sais t'en servir. Met les derrière nous. Et je laisserai tes poignets détachés pour le reste du voyage. » Même si, d'avance, le trajet avec la jeune femme ne lui disait rien.
Son coup de pression avait fonctionné. Il avait accepté de lui détaché les poignets de sorte à ce qu’elle puisse être un peu plus libre de ses mouvements. LA suite n’était qu’une cavalcale à cheval à laquelle elle était totalement passive. Qui étaient ces gens ? Que voulait-il ? Quelque chose lui disait que ce cher Léo n’avait pas l’âme clair non plus et qu’il avait commis du tort à beaucoup de monde. Dommage qu’elle ne connaissait pas le fin mot de l’histoire et qu’elle ne savait pas si leur poursuivant était pire que lui, autrement, elle aurait arrêté ce cheval pour le vendre de la même façon qu’il s’apprêtait à le faire. Seulement, les gars galopaient trop vite et rapidement, le cheval de Léo était distancé. A terre, il posa une question simple. « Tu sais te servir d'un flingue ? » Son visage entier lui criait la réponse, elle ne s’était pas retrouvée avec son visage placardée sur des avis de recherche par la grace du saint esprit. Evidemment qu’elle savait s’en servir. « Bien sûr que tu sais t'en servir. Met les derrière nous. Et je laisserai tes poignets détachés pour le reste du voyage. » Il s’était auto-répondu. Elle commençait à bien aimé cette situation où elle n’avait même plus besoin de répondre aux questions pour qu’ils sachent la réponse. « ça marche ! Mais tu me dis d’abord qui ils sont parce que là, maintenant, c’est ton cul qu’ils veulent et je peux être très très bête, donc montre moi que j’ai raison de t’aider ? » Elle appuie son regard. Un homme pour un autre, ce sont tous les mêmes et elle sait qu’elle court vers le même traitement. Quoique, s’ils sont des bandits, elle peut tirer son épingle du jeu. Il y’a de la solidarité chez les gens dont la tête est mise à prix. La même solidarité qui l’a empêché de tuer Billy Jones elle-même .
La jeune femme tentait de négocier et putain, ça le faisait chier. Ils n'avaient pas le temps de négocier. Les balles filaient à toute allure près de leurs oreilles. Léo jouait un jeu dangereux, à lui confier son arme. C'était quitte ou double. Mais si le groupe continuait de suivre les fuyards, ces derniers allaient finir par être touchés. Le chasseur de prime comptait sur Jennie, à son grand regret. Sa monture, alourdie par les affaires qu'elle portait mais également par les deux cavaliers, ne distançait pas les poursuivants. Et même s'ils n'étaient pas très nombreux, il représentaient une menace. « ça marche ! Mais tu me dis d’abord qui ils sont parce que là, maintenant, c’est ton cul qu’ils veulent et je peux être très très bête, donc montre moi que j’ai raison de t’aider ? » Le petit brun leva les yeux au ciel. « Les gars de Billy Jones. Il leur a peut-être dit de venir me trouver en ville, je l'ai attrapé il n'y a pas longtemps mais s'il est sorti tout de suite, il aura eu le temps de les prévenir. Des bandits de seconde zone. » Le genre à se refiler le flingue quand il falait abattre un homme les yeux dans les yeux.
Léo enfonça un peu mieux son chapeau sur sa tête brune. « Ou les autorités. Après tout, j'ai tué un type sur la place publique. Et j'ai enlevé une nonne. », railla-t-il. « Dans les deux cas, ça pue pour toi. Les gars de Billy Jones, ils te vendront au plus offrant. Les autorités et bien... tu connais le système. » Il haussa les épaules. Ces deux là étaient bons pour cavaler ensemble. « Tu vois, là encore t'as le choix ! Les hommes de Billy, les autorités. Dans les deux cas, c'est la merde. » Si elle décidait de rester avec Léo aussi, c'était la merde. Mais la merde à retardement, la merde plus tard si la prime était à la hauteur de ses attentes. « T'en tue un, je laisse tes mains détachées. T'en tue deux, je te file à boire. Trois, à toi le poisson séché. » Dans ces moment là, il fallait toujours faire preuve d'humour, non ?
Elle savait choisir ses moments pour mettre des coups de pression. Jennie n’était pas femme à perdre le nord et tout en sachant que sa situation n’évoluerait pas vraiment en passant d’un geôlier à un autre, elle a tout intérêt à négocier de nouvelles conditions de détention alors qu’il est en train de demander son aide. S’il en venait à lui tendre une arme, c’est qu’il craignait sérieusement pour son matricule et ça, la peur, Jennie était capable de l’exploiter comme une chef. « Les gars de Billy Jones. Il leur a peut-être dit de venir me trouver en ville, je l'ai attrapé il n'y a pas longtemps mais s'il est sorti tout de suite, il aura eu le temps de les prévenir. Des bandits de seconde zone. » Elle doit retenir le sourire qui fend ses lèvres parce que les gars de Billy Jones, ils ne sont pas venus le sauver pendant qu’ils allaient jusqu’au lieu de potence, ils n’ont pas levé un doigt et y’avait fort à parier qu’ils ne venaient pas venger sa mort. Après, ils pouvaient toujours avoir un train de retard et venger son arrestation. Elle ne dit rien. « Ou les autorités. Après tout, j'ai tué un type sur la place publique. Et j'ai enlevé une nonne. » C’est vrai que, de ce point de vue-là, Léo n’était pas tout blanc. Elle avait eu tort de penser quelques secondes qu’il ait eu une sorte de grade au niveau des autorités. Finalement, il n’était pas mieux qu’elle ça commençait à lui plaire. « Dans les deux cas, ça pue pour toi. Les gars de Billy Jones, ils te vendront au plus offrant. Les autorités et bien... tu connais le système. » Elle le connaissait et quelque part, elle sait qu’elle aurait plus de plaisir à se faire livrer par des gens qui ne toucheront pas de prime parce que c’est leurs jobs, que par Léo. Elle devait vite arbitrer sa décision parce qu’elle n’était pas sûre non plus que ces hommes n’allaient pas toucher leur prime à leur façon et de ce point d’vue là, elle préfèrait rester avec l’ptit bouclé qui lui semblait bien plus droit. Elle prend sa décision en saisissant l’arme avant d’ajouter. « Et de trois, je garde le pistolet, tu n’auras qu’à espérer que j’ai utilisé toutes les balles sinon faudra me faire confiance. » ajoute t’elle avant de changer tant bien que mal de position pour pouvoir tirer plus facilement derrière eux. Ce n’était pas stratégique qu’elle tire alors qu’elle était devant mais ça lui avait fait gagné un pistolet, donc. Le premier coup d’feu parti sans qu’elle ait l’assurance d’avoir touché sa cible. Le second sembla marquer son coup et alors qu’elle comptait plus que deux hommes à leur poursuite, elle ajouta. « Ils ne sont que deux, si tu ralentis et que tu les laisses nous avoir, on pourra les avoir plus facilement. Ils te veulent en vie de toute façon. » ça, ça coulait de source parce qu’ils seraient déjà tous les deux morts autrement.
Jennie attrapa l'arme de Léo. Le chasseur de prime la dévisagea un instant. « Et de trois, je garde le pistolet, tu n’auras qu’à espérer que j’ai utilisé toutes les balles sinon faudra me faire confiance. » Un grognement s'échappa de ses lèvres, mais il concéda volontiers que de toute manière, ils semblaient coincés ensemble. Sauf s'il la poussait du cheval, bien sûr, ce qui augmenterait probablement sa vitesse de fuite. Cependant, Léo tenait à sa prime. Et les gars qui les suivaient n'avaient pas l'air très coriaces. C'était faisable. Il savait combien de balles étaient chargées dans le revolver. « D'accord pour le pistolet. Mais je le déchargerai et je te filerai de quoi le charger quand on en auras besoin. », marmonna-t-il, juste assez fort pour être mieux entendu que le galop de sa jument.
On entendait moins de raffut, derrière. Un coup d’œil suffit au petit brun pour se rendre compte qu'ils n'étaient plus suivis que de deux gaillards. Ces derniers avaient ralenti le galop, moins certains d'eux. Un petit sourire passa sur les lèvres du bouclé. « Ils ne sont que deux, si tu ralentis et que tu les laisses nous avoir, on pourra les avoir plus facilement. Ils te veulent en vie de toute façon. » « Oh mais crois moi, ils te prendront aussi. » Et Dieu seul savait de quelle manière. Léo pesa un instant le pour et le contre. Cette fille était maligne. Mais elle voyait aussi peut-être un intérêt à faire neutraliser Léo. Pourtant, le chasseur de prime laissa sa monture ralentir doucement. « Si tu pouvais nous les cueillir avant qu'il ne nous attrape, ça m'arrangerait. J'ai pas envie de perdre mon temps avec ces connards là. » Il inspira un grand coup, attrapa le second revolver à sa ceinture. Derrière eux, leurs adversaires étaient si proches qu'ils pouvaient les entendre enclencher le chien de leurs armes. « Si on est baisés à cause de toi je te jure que je... » Il brandit son arme derrière lui, le souffle court. La jument ralentissait de plus en plus. Et les quatre cavaliers étaient désormais à égalité, armes brandies devant eux.
Tout arrive à point à qui sait attendre. C’est le crédo de Jennie qui est toujours assez patiente pour attendre que les évènements tournent en sa faveur, là où d’autres individus ressentent l’envie irrépressible de provoquer le destin. Ces gars qui arrivaient derrière elle, c’était l’occasion de négocier de meilleures conditions de détention et peut-être même une porte de sortie s’ils s’avéraient qu’ils étaient plus sympathiques que Léo. « D'accord pour le pistolet. Mais je le déchargerai et je te filerai de quoi le charger quand on en aura besoin. » Elle lève les yeux au ciel, son ton lui indique très légèrement que ses conditions l’emmerdent mais entre eux deux, ce n’est pas elle qui risque gros et il fallait bien qu’elle en tire un avantage. Alors que le galop de la jument se poursuit – bien moins rapidement parce que la bête fatigue – elle parvient à en descendre un et par finalement proposer un plan d’attaque. Elle a eu de la chance avec un tir, le mieux était encore de faire le reste au sol. Ils sont deux de chaque côté, Jennie savait viser, elle imagine que Léo n’en serait pas là si ça n’était pas son cas aussi. Elle a confiance. « Oh mais crois moi, ils te prendront aussi. » Elle n’en doute pas, mais sa condition fait d’elle le genre d’otage que l’on cherche à garder plus longtemps pour des raisons d’aisance. « Si tu pouvais nous les cueillir avant qu'il ne nous attrape, ça m'arrangerait. J'ai pas envie de perdre mon temps avec ces connards là. » Seulement, elle ne peut pas et elle le sait. Il râle mais elle sent qu’ils vont moins vite et qu’il est en train de suivre son idée. Elle soulignerait presque à haute voix qu’il sait être intelligent quand il veut. « Si on est baisés à cause de toi je te jure que je... » « Ne jure pas, c’est pas beau. » Qu’elle répond du tac au tac alors qu’ils sont rejoint, cette configuration améliorant nettement sa visée bien qu’elle les mette dans une position dangereuse. Chacun des quatre personnages a eu une arme pointé sur lui et alors que les chevaux sont à l’arrêt, la question est de savoir qui aura le dernier mot. « On est perdus messieur ? » Qu’elle demande, non sans lâcher l’homme qu’elle tient dans le viseur : un inconnu.
Et ils étaient dans une sacré merde. Pas moyen de filer dans le désert à pied, c'était carrément du suicide. Et pourtant, la monture fatiguait déjà. Et puisqu'ils n'avaient pas réussi à stopper leurs assaillants, le chasseur de prime et sa drôle de compagne - de fortune - étaient désormais obligés de les affronter en face. Le mot d'ordre était "sang-froid", malgré la chaleur de plomb et la tension générée par cette situation qui semblait absolument désespérée. « Ne jure pas, c’est pas beau. » Le chasseur de prime ne trouva rien à redire, alors que lui et sa comparse étaient désormais forcés de s'arrêter en face des deux autres protagonistes. Tout ce beau monde transpirait, non pas tant à cause de la chaleur mais plutôt à cause de la tension qui rendait l'air lourd plus lourd qu'un âne mort.
« On est perdus messieur ? » « Vous allez descendre de cheval. Et nous suivre sagement. » Un cliquetis retentit dans l'air. Léo abaissa également le chien de son arme d'un coup de pouce, l'index fermement campé dans le pontet de métal qui entourait la queue de détente de son arme. « Je ne crois pas. » « Personne n'aura d'ennuis si vous descendez de cheval. » Le petit brun serra les dents. Le sang battait furieusement à ses oreilles, donnant une cadence folle à ses pensées. « On ne veut pas d'ennuis. » « C'est pour ça que vous avez abattu mes gars ? » « Vous étiez ceux qui nous galopaient après, si je dois l'ra'ppler. » L'acolyte de leur adversaire - visiblement jeune et maladroit - abaissa également le chien de son arme. D'un bref coup d’œil, Léo pu remarquer toute la panique qui sortait littéralement de ses orbites. Celui là avait eu chaud aux fesses et ne voulait pas passer à la casserole. « Mais vous savez quoi, je suis dans un bon jour. Tout l'monde va garder son calme et puis personne d'autre ne passera l'arme à gauche aujourd'hui. »
Avec lenteur, Léo descendit de cheval et tira sa comparse au sol avec lui. Leurs adversaires se battaient déjà avec une corde qu'ils projetaient probablement de serrer autour des mains de leurs prisonniers. Ou plutôt, de ceux qu'ils pensaient être leurs prisonniers. « Envoyez la corde. Je veux attacher ses mains moi même. C'est ma femme, vous comprenez. J'aime pas trop qu'on tourne autour. » Même s'ils ricanèrent, et après avoir noué les mains du chasseur de prime - qui avait abandonné son arme - ils lui envoyèrent l'autre morceau de la corde. Planté devant son acolyte de fortune et de dos à ses assaillants, Léo chercha à capter le regard de cette dernière, à qui il envoyait de grandes œillades du côté du flanc de sa monture; laquelle transportait une arme de plus, cachée juste derrière le troussequin de la selle posée sur le cheval duquel ils venaient de descendre. En un mouvement, elle pouvait l'atteindre. En un mouvement, elle pouvait les sauver de ceux qui avaient déjà relâché leur attention des deux protagonistes qu'ils croyaient piégés. La tête pensante hésitait entre leur lancer des regards, ou gronder son acolyte qui ne parvenait pas à remonter en selle et qui se noyait dans une avalanches d'excuses trop pitoyables pour être celles de véritables brigands.
:
Comme dit à Paris, toutes mes excuses pour ce retard immense. J'espère que ça convient, n'hésites pas à me dire si ce n'est pas le cas ! Tu sais où me trouver.
Depuis qu’il avait mis la main sur elle, elle se parait à toutes les éventualités concernant son sort et si elle n’a toujours aucune envie de se balancer au bout d’une corde, elle évalue en permanence les mouvements à avoir si elle veut s’assurer d’être écartée définitivement de la potence. Elle sait qu’ils n’arriveront pas à prendre la fuite. Le cheval de Léo fatiguera avant et surtout, alors qu’ils sont déjà entré dans le désert sans les provisions assurant une survie correcte, elle sait pertinemment que même s’ils arrivent à échapper à leurs poursuivants, le soleil finira le travail. Pointant le fait qu’ils auraient tout deux plus de valeur en vie, elle l’amène à stopper le cheval. « Vous allez descendre de cheval. Et nous suivre sagement. » Indique l’un des hommes, celui qui est tout droit pointé par Jenny. Elle ne répond pas. Elle laisse ces messieurs s’entretenir. « Je ne crois pas. » « Personne n'aura d'ennuis si vous descendez de cheval. » Elle en doute, mais ce qu’elle sait c’est que si Léo s’entête, rien n’empêche leurs nouveaux copains de tirer dans la jument et la faire s’écrouler ce qui, à priori, n’aidera pas leur situation. « On ne veut pas d'ennuis. » « C'est pour ça que vous avez abattu mes gars ? » « Vous étiez ceux qui nous galopaient après, si je dois l'ra'ppler. » Les armes continuent à se dégainer et Jennie ne bouge pas la sienne d’un pouce. Elle garde le moyen de pression tandis que Léo fait la parlote. « Mais vous savez quoi, je suis dans un bon jour. Tout l'monde va garder son calme et puis personne d'autre ne passera l'arme à gauche aujourd'hui. » Elle ne sourcille pas à ses propos mais le pense intérieurement que ce soit lui, soit eux, a une épée au-dessus de la tête car elle ne compte pas rester en captivité très longtemps. Ce sera le moins pire qui aura la vie sauve. Mais pour l’heure, elle consent à baisser son arme. Plus elle parait docile, moins elle éveille l’attention. Cela dit, c’est pas pour autant qu’elle aime ce qui se joue. « Envoyez la corde. Je veux attacher ses mains moi même. C'est ma femme, vous comprenez. J'aime pas trop qu'on tourne autour. » Là encore, elle étouffe un rire et doit se pincer les lèvres pour s’empêcher de balancer un sarcasme qui bien que très drôle, pourrait faire tomber cette couverture. « Et donc messieurs, quels sont vos projets maintenant que mon mari et moi-même sommes à votre merci ? » Elle joue le jeu, même si comme il l’a pointé plus tôt, ils sont sûrement des hommes de Billy Jones. Est-ce que c’est le fait d’avoir quitté ses vêtements de nonne qui font qu’ils ne la reconnaissent pas ? Elle l’ignore. En tout cas, avant de saisir l’arme que Léo lui pointe des yeux, elle tient toujours à avoir confirmation des identités des personnes qui se tiennent dans le coin. « Si c’est une arrestation, j’aimerais connaitre le chef d’inculpation. Bien évidemment, de tels gentlemen tel que vous ne peuvent qu’être au service de la loi ? » demande t-elle, alors que ses mains se font ligoté, que l’attention n’est plus tournée vers eux et que le comportement de leurs assaillants montrent que l’électricité – qui n’existe pas encore – n’est pas à tous les étages. Alors que les gars ne regardent pas vers eux, elle se saisit de la fameuse arme que Léo pointe pour la ranger à l’intérieur de son veston à lui. D’abord, elle veut avoir une idée de ce qui est à leur poursuite.
:
Y'a pas de soucis mon chaton, je reviens d'ailleurs vers toi dès que je rattrape mon retard