L’alcool, Tim, l’euphorie, la douceur – putain de tendresse inattendue et à laquelle elle s’est pourtant rattachée corps et âme – tout embrouille le cerveau de Freya, qui n’a plus aucune cohérence. Disjonctés ses câbles ont fait et elle n’a aucune volonté que celle de laisser son amant dans ses bras. Même quand le tsunami s’estompe, il recherche ses lèvres, ne la quittant pas de suite. Il reste, il est là, il ne s’enfuit pas. Pourquoi, elle ne sait pas. Elle n’essaie pas de comprendre. Pas état, pas envie, juste profites. Ce moment arrêté dans le temps, pour une fois où tu as la sensation que tu peux décrocher enfin cette putain d’étoile. Freya caresse manuellement et précautionneusement les cheveux de Tim tout répondant allègrement à son appel des lèvres sur les siennes.

Puis il faut qu’il se détache, qu’il finisse par s’éloigner, mais juste un peu. « Tu vas bien? Tu n'as pas eu froid? » Freya sourit, un air totalement béat placardé au visage. Il a l’air tellement concerné par cette question, comme s’il se soucie vraiment ou pire, qu’il doute. Comment il peut douter ? Franchement, c’est ridicule et elle a envie de le lui dire. Mais les mots justes ne lui viennent pas. Elle n’a jamais réussi à jouer avec les mots de toute façon et dans l’état qu’elle est, impossible de compléter une phrase correcte. « Meilleur plaid ever. » Doherty se mord la lèvre avant de sourire encore plus en levant les yeux vers lui.
Elle est encore complètement dans leur bulle. Elle ne souhaite pas que ça s’arrête maintenant, que la réalité revienne en pleine figure. Les conséquences, l’après, le futur, purée, mais faites taire tout ça. Freya se rattache à Tim, encerclant ses bras des siens, sa tête enfouie dans le creux de son cou. Il y a une odeur irrésistible et elle a l’impression qu’elle va la poursuivre pendant plusieurs jours encore. Doux rêve éphémère, il ne faut pas se réveiller, laissez moi un peu de temps, qu’il me berce encore dans ses bras parce que c’est confortable et que je ne veux pas que ça s’arrêter.

Et pourtant.
« Tu veux rentrer avec moi ou tu préfères retourner de ton côté? Rien ne me vexera, tu sais... » Non, Tim, pourquoi tu parles de ça ? Pourquoi tu parles de rentrer, de partir, de se quitter ? C’est comme s’il vient de toucher la bulle du bout des doigts et qu’elle est sur le point de se briser dans un ‘plop’ trop assourdissant pour ses oreilles qui bourdonnent. L’alcool n’a pas quitté ses sens et son esprit, bien trop vaporeux à ce stade, lui hurle que tout ça n’a été qu’une mauvaise idée. Mauvais choix, mauvais contact, mauvaise décision. Un enchaînement, un cercle, une spirale, qui commence et qui ne finit jamais.
Dans quelle merde ils se sont fichus, putain ?

Freya lui en veut de poser cette question. C’est comme un rappel à la réalité, la cloche de l’école qui sonne pour signaler que la récréation est finie. Qu’il faut revenir sur sa chaise, bien droit et bien consciencieux, pour écouter et faire ce qu’on nous demande. Après tout, c’est bien ce qu’il faut faire en société, non ? Se mettre dans le moule, se plonger dans une étiquette qu’on nous force malgré nous sur le front et jouer le citoyen modèle.
Mais Doherty ne veut pas que la récréation se finisse. Ce n’était pas assez long, elle a encore tellement de choses à faire. Elle a les doigts qui se crispent cependant sur la peau de Tim et elle lui en veut, putain qu’elle lui en veut. Elle sent la rougeur monter aux joues, pas d’humiliation ou de honte mais de gêne. Putain d’embarras parce qu’elle réalise que maintenant ce qu’ils viennent de faire. Comme si les dernières minutes n’avaient été qu’un doux rêve, le fruit d’une imagination bien trop réelle, et qu’elle allait se réveiller.

Mais non. Claque dans la gueule, t’es déjà réveillée.
Et Freya a mal, soudainement. Pourtant Tim a été le plus doux des amants. Non, elle n’est pas blessée physiquement. C’est là haut, dans cette tête qui finit par reprendre la tempête malgré le brouillard et la brume qui s’y mélangent. Météo à la con, il ne peut pas faire un peu de soleil pour changer ? Non, il fait noir, il fait gris, et Tim vient de rajouter un éclair qui allume tous ses sens – mais pas ceux qu’elle aurait aimé garder.

Tim, Tim, Tim, pourquoi tu me forces à te briser le coeur en même temps que le mien ? C’est injuste et c’est cruel. Et pourtant, c’est la seule réaction qui lui vient à l’esprit. Rien ne me vexera. Comment il peut dire ça comme ça ? Aussi désinvolte, aussi détaché, aussi légèrement ? Freya ne le croit pas, parce que c’est impossible de ne pas être vexé alors qu’elle détache doucement son emprise autour d’elle. Impossible de ne pas être vexé alors qu’elle se redresse, qu’elle cherche des yeux ses vêtements pour les remettre un par un sur elle.
Bordel, ce n’est pas possible de ne pas être vexé alors qu’elle finit par fuir son regard.

Parce qu’elle ne veut pas voir ce qu’elle y lira. Même s’il dit des choses, souvent les gestes en disent d’autres. L’esprit de contradiction, que voulez-vous.

« J’ai b’soin de marcher. » Dis plutôt que tu as l’envie pressante de fuir. D’échapper à ses mains, à ses yeux avant qu’il ne réussisse à l’emprisonner une nouvelle fois. Parce que c’était une mauvaise idée, bordel. « Je… Ouais, marcher, seule, j’ai besoin. » Freya finit par se lever entièrement, ses jambes la retenant maladroitement sur ses pieds chancelants. Non, ne m’aide pas. Ne me convainc pas de rester. Laisses moi partir, j’ai besoin de me vider l’esprit. Encore et toujours.
« C’est moi qui regrette au final. » Parce que s’il ne se vexe pas, elle espère au moins qu’il la détestera. Il faut bien au moins ça pour le tenir à bout de bras, hors de sa portée, le protéger d’elle et de tout ce qu’elle peut apporter de mauvais à son entourage.

On n’aurait pas dû, c’était une erreur de parcours. Des mots qu’elle pense sans qu’ils franchissent ses lèvres parce que ça rendrait cet épisode encore plus sordide qu’il ne l’est déjà. Doherty finit de remettre ses affaires sur elle, persistant à ne pas vouloir tourner la tête.

Si elle fait ça, elle sait qu’elle pourrait atteindre un point de non retour.
Comme si ce point n’a pas encore été posé.

Un moment de rêve, un instant suspendu dans l'éternité au milieu d'un ciel étoilé. La fraîcheur revenait bien vite happer leurs deux corps mais Tim tâchait de ne pas le voir venir. Non, il ne s'y intéressait pas le moins du monde car ses yeux restaient ancrés dans ceux de Freya, emplis de douceur, de cette envie de faire durer les minutes à venir, de ne pas avoir à tout briser soudainement. Il avait tant envie de la voir encore sourire, heureuse et protégée plutôt qu'apeurée de ce qu'elle avait dans la tête. C'était quelque chose que Decastel sentait au fond d'elle, cette peur de s'accepter, de blesser autrui involontairement et le jeune soldat avait juste envie de la rassurer, de lui murmurait à l'oreille que tout irait bien en déposant un baiser si doux sur ses lèvres. Non, il la regardait simplement, un léger sourire naissant sur ses lèvres lorsqu'elle l'assimila au meilleur plaid qu'elle ait jamais connu. Il en était heureux parce qu'elle lui confessait à demi mots qu'elle avait apprécié l'intensité de l'instant, qu'il avait su lui faire oublier l'environnement pourtant si beau autour d'eux. Les vignobles étaient encore là cela dit et ils étaient toujours les indésirables mais l'ambiance n'était pas tout à fait le même Tim n'avait pas envie de tout arrêter mais ses mots lui échappèrent bien malgré lui et il sentit bien vite Freya se tendre à ses côtés. Elle allait partir, c'était inévitable, presque prévisible. Effectivement, il la vit se relever à la hâte en commençant à s'habiller sans faire spécialement attention à ce qu'elle faisait. Ses mots n'étaient pas dans l'ordre, elle avait l'air totalement bouleversée et Timothy resta là, pantois, quelques instants. Après tout, il lui avait dit qu'il ne se vexerait pas si elle choisissait de partir de son côté mais il gardait toutefois cette inquiétude au fond de ses entrailles parce qu'elle avait l'air de souffrir, sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Tout ce qu'il avait voulu ce soir, c'était l'apaiser, lui montrer qu'elle était une personne de valeur, qu'elle n'avait pas à avoir peur d'elle même ou des intentions qu'il pouvait avoir envers elle. Tim n'était pas si doué que cela, certainement que l'alcool encore présent dans son système le rendait incapable d'agir. Du moins, il voulait le croire parce que les derniers mots de Freya agirent comme un électrochoc sur lui: elle regrettait. Et voilà que tout recommençait à nouveau, qu'on le laissait être doux et tendre avant de mieux le jeter sur le bord de la route. Tim, dans un instant de lucidité se releva et s'habilla tout aussi hâtivement, plus ou moins n'importe comment lui même avant qu'il ne se poste face à Freya. Non, elle ne s'était pas encore détournée et Timothy n'était pas tout à fait prêt à la laisser faire. "J'ai jamais regretté d'avoir couché avec toi. Du coup, tu vas devoir boire cul sec, Freya, si tu dis la vérité." Ils n'avaient plus d'alcool à portée de main de toute manière mais ainsi, il lui signifiait qu'il n'allait pas boire, lui parce qu'il ne regrettait pas cet instant doux sous les étoiles. D'ailleurs, il n'avait pas tout à fait fini de parler, s'approchant d'elle et lui frôlant la main. "Pourquoi tu te mets à penser maintenant, Freya? Tu devais attendre demain pour ça, pour laisser ton cerveau se réveiller... Efface tes pensées, efface ce que tu crois, fais ce que t'as envie de faire ce soir. Ne fuis pas, n'aie pas peur. Parce que je sais que c'est ça, je sais que t'as peur de ce que t'as dans le crâne et tu crois que personne peut apprécier qui tu es, absolument tout ce que tu es, même ce que tu essayes de cacher, et tu penses que tu mérites pas la tendresse à cause de ça et en conséquence, tu dois te punir constamment. J'ai été comme ça. Peut être que je le suis encore mais crois moi, tu mérites le monde. Ne pars pas. Pas comme ça. De toute façon, je te retrouverai, sois en sûre." Peut être pas ce soir, peut être pas le lendemain mais un jour, il viendrait la chercher pour lui demander d'arrêter de fuir et il trouverait les arguments parce que Tim était ce qu'il était, il était doux, il était fort et il était celui qui vint déposer un doux baiser au bord de ses lèvres après l'avoir regardé avec des yeux bleus si intenses. Elle avait le droit de lui résister, elle avait le droit de partir, de lui dire qu'elle regrettait mais Decastel, lui, ne serait pas celui qu'il la croirait. Pas ce soir là.

Il est incroyable. Tim est unique dans son genre et ça la déstabilise totalement. Freya ne veut pas lui faire mal. Elle avait promis de le protéger de tout ça, d'elle et toute la négation qu'elle porte derrière elle. Et voilà que c'est la première chose qu'elle fait. Elle l'entend au son de sa voix. Parce qu'elle entend toujours ce qui fait mal. C'est son côté destructeur qui doit sûrement refaire surface. Elle ne peut pas s'en empêcher, c'est plus fort qu'elle. Elle tire sur ses manches pour ne pas avoir à le confronter mais quand il frôle sa main, Tim réussit à recapturer son attention. « J'ai jamais regretté d'avoir couché avec toi. Du coup, tu vas devoir boire cul sec, Freya, si tu dis la vérité. » Freya donnerait tout pour un verre, une gorgée, une bouteille entière à ce moment là. Même si elle est pleine comme un coucou, il y a toujours de la place pour plus d’excès, plus d’ivresse, plus de possibilités d’oublier.
Elle ne regrette pas, bordel. Elle n’en boirait rien du tout parce que non, Tim, ce n’est pas vrai et le pire, c’est que tu le sais. Il le devine, on ne sait par quel moyen, un super pouvoir qu’elle ignore ou alors il lit très bien les gens. Et ça, ça fait peur. Elle n’aime pas qu’on vienne la lire, Doherty. Parce que ses pages sont noires, noircies par une vie misérable, gribouillées de dessins qui n’ont aucun sens (à part pour elle-même) et surtout qu’elles transpirent de rêves et d’espoir éphémères et inatteignables. Il n’y a pas de happy ends prévus au programme, l’histoire s’écrivant au gré de ses humeurs (et de sa maladie) changeantes et déconcertantes.

Pourquoi il se sent obligé de dire tout ça ? Est-ce qu’il se sent coupable de quelque chose ? Tim, tu n’es responsable en rien de mon état ni des blessures du passé qui a causé la personne qui se tient devant toi aujourd’hui. Tu n’as pas à chercher à me remettre en place, parce que tu mérites mieux, parce que tu perds ton temps et parce qu’une fois recollée, je me briserai de nouveau dès que tu auras le dos tourné. Freya ne comprend toujours pas, elle ne capte rien, les signaux étant juste en rouge pour lui dire de tourner les talons, de courir, de s’enfuir. Laisser ton cerveau se réveiller. Justement, il ne peut pas se réveiller si tu l’observes comme ça, à tenter d’y déchiffrer une signification quelconque du secret de ses yeux bruns.
Freya n’eut pas le temps de réagir, de tempêter, de riposter que Tim s’est approché d’elle pour l’embrasser légèrement. Un clé pour clôturer ses lèvres, une promesse pour un futur plus ensoleillé, une envie de dernière minute de marquer son empreinte sur elle ? La jeune femme finit par fermer les yeux, sa mâchoire se crispant.

Ce n’est pas ce qu’elle veut. Tu dois te punir constamment. Il met le doigt où ça fait mal. Il vise le bon trou, coche la bonne case. Comment il fait pour faire un touchdown à chaque tour ? Freya inspire puis expire doucement pour tenter de calmer. Son sang, ses membres, sa tête, un peu tout qui vibre et qui tangue en même temps. Elle a vraiment envie d’aller marcher, même si elle ne marche pas droit, même si la nuit est bien sombre et même si elle n’a pas les idées claires. Elle a l’habitude, elle le fait souvent.
Elle rouvre ses yeux pour les poser d’une façon qui se veut droite et froide (peine perdue mais c’est l’attention qui compte). « J’ai justement b’soin d’aller marcher pour réveiller mon cerveau. Je peux- Je peux pas rester av-, soupir et frustration en voyant que les mots ne s’enchainent pas, ne viennent pas comme elle le souhaite. Laisse moi partir, big fella. J’t’ai dit que j’veux pas faire du mal là, elle pointe son cœur d’un doigt tremblant, ni même là, son doigt tapote la tempe du jeune homme. T’as raison, j’me punis. Et là j’nous punis tous les deux parce que c’est une décision raisonnable. »
Et le plus tu restes avec moi, le plus tu t’en mordras les doigts.

Freya passe une main hésitante dans les cheveux du jeune homme. « T’es soûle. J’sais que tu vas m’dire que ça a rien avoir mais n’empêche. On s’est laissé emporter et… Ça peut pas se reproduire, okay ? » Elle finit par reprendre sa main, fourrer les deux dans les poches de sa veste pour éviter de nouveau contact. Elle se pince la lèvre tout en reculant de quelques pas, les pensées défilant trop vite pour qu’elle puisse les laisser prendre forme dans sa tête. « J’peux laisser les clés du cimetière dans la boite aux lettres, s’tu veux, quand tu rentreras. »
La Freya alcoolisée ne peut pas abandonner la part où il reviendra vers elle. Il lui a dit qu'il saura où la trouver et lui mieux que quiconque trouvera le chemin. Elle n'a pas le cœur de réfuté ça, et ce n'est pas comme si Tim va visiblement l'écouter. A savoir si ce n'est pas Tim alcoolisé qui dit tous ces jolis mots.

Encore une personne qu'il avait l'impression de briser, quelqu'un qui ne désirait pas passer une minute supplémentaire avec lui, quelle qu'en fut la cause. Au fond, Tim la connaissait fort bien la cause: la peur. Freya souffrait de tant de traumatismes, certainement liées à un passé tortueux mais ce n'était pas lui qui allait l'interroger, pas maintenant en tout cas. Tout ce qu'il désirait, c'était son bonheur, qu'elle puisse sourire à nouveau et arrêter de se flageller pour tout ce qui devait mal tourner dans sa vie. Elle ne pouvait pas tout contrôler et Timothy en savait quelque chose, lui qui avait vécu de sales moments ces dernières semaines. Parfois, la vie était tragique, elle brisait des coeurs mais justement, la belle Doherty ne pourrait pas faire cela avec le sien. Quelqu'un s'en était déjà chargé avant elle et peut être que le soldat ne cherchait qu'à se reconstruire. Elle semblait être la personne tout indiquée pour cela parce qu'elle lui résistait, qu'elle lui prouvait qu'elle pensait à son bien être en le rejetant avant qu'elle ne le blesse, pas comme Charlie l'avait fait. D'une certaine façon, les deux jeunes femmes effectuaient le même mode opératoire pourtant: à le laisser en plan après avoir volé des instants intimes en sa compagnie mais les excuses de Doherty étaient bien différentes de celles de Charlie. Le rejet avait été plus brutal avec cette dernière parce qu'elle ne voulait plus le revoir, juste l'oublier, l'effacer de sa mémoire, ne plus penser au fait qu'il l'avait aimée, elle. Freya ne désirait que le préserver de sa folie, du moins ce qu'elle pensait relever de sa folie parce que Tim n'y croyait pas un traître mot. Elle s'acharnait pourtant, elle lui expliquait encore et toujours qu'elle était mauvaise pour lui et que de ce fait, elle ne pouvait pas le suivre, pas ce soir. Et Tim, lui, restait doux en déposant un doux baiser au coin de ses lèvres, la sentant se tendre pour d'autres raisons qu'un peu plus tôt. Elle ne voulait pas lui faire de mal et même dans cet instant où l'abandon était le maître mot, Decastel ne se sentait pas blessé. Au contraire, il ne désirait que son bien, que la libérer du fardeau qu'elle ressentait à ce moment là alors, il la laisserait s'en aller, il ne la retiendrait pas mais la rejoindrait plus tôt, dans un avenir plus ou moins proche. "D'accord... Tu m'envoies un message pour me dire que t'es quand même bien rentrée? Que je ne m'inquiète pas trop de t'avoir laissé partir seule..." L'instinct protecteur encore et toujours, parce qu'il n'avait plus que cela pour se sentir vivant, plus que ce trait de sa personnalité qui n'était pas aux abonnés absents, maintenant qu'il avait vendu son innocence et tout ce qui allait avec au diable, ou une notion qui s'en approchait. Il n'était plus cet homme là, plus cet enfant pour rester au plus proche de la vérité et cela, Freya le comprendrait quand il reviendrait vers elle, il le jurait là, à cet instant. "Ça peut pas, ou tu veux pas? C'est pas la même chose, Freya. J'ai beau avoir bu, je t'assure que tu pourras pas me fuir éternellement." Il prononça ces mots d'un air assuré en la regardant avec un sourire avant de hocher la tête en signe de dénégation. "Non, tu gardes les clés du cimetière Freya. Evidemment que tu les gardes." C'était son travail désormais, c'était sa vie et Timothy ne lui retirerait aucune once de bonheur, il lui en apporterait certainement quand elle serait prête pour cela. En tout cas, c'était ce qu'il lui dit dans un dernier sourire, dans un dernier regard océan. Elle ne lui échapperait pas.