| WRIZZIE • fight, flee or freeze |
| | (#)Lun 25 Nov 2019 - 17:43 | |
| Il est toujours bon se rattacher à un fil, à un support, à un objectif quand on ne sait pas quelle voie choisir. Quand le chemin parait trop sombre, que les bûches au sol sont trop lourdes pour être supportées, une détermination sans faille peut aider à mener à bien l’entreprise d’aller mieux. Même si son cerveau est sonné, même s’il est écroué d’une peine immense qui dépasse même son entendement, Elizabeth sait qu’elle ne sera pas seule. Sa route est déjà tracée, elle l’a déjà été depuis le soir où elle est tombée en panne et que l’ironie de l’histoire a voulu que ce soir le soir-même de la propre déchéance de Wren. Un raccord parfait pour deux êtres imparfaits, comme si les épreuves avaient sagement attendu qu’ils se réunissent pour se déclarer et leur sauter aux visages de façon inattendue. Lizzie ne prétend pas ne pas avoir vécu avant que Wren réapparaisse dans sa vie mais elle ne peut pas nier qu’il y a un avant et un après. Avant, elle voguait librement, ne s’attachait jamais, prenait soin des autres sans faire attention à elle. Après, elle a l’air d’avoir trouvé sa place, a l’impression que son cœur travaille bien plus, la sensation d’avoir quelqu’un qui la rattrapera quoiqu’il arrive. Wren a toujours été différent des autres à ses yeux et elle se rend un peu plus compte de cette place spéciale qu’il occupe alors qu’il se jette dans le lit à ses côtés avec son visage amusé, comme un gamin pleinement satisfait. Lizzie baisse la tête en souriant en direction de ses mains qu’elle torture entre elles. « On peut parler, alors. Le silence, ça laisse trop de place pour réfléchir. » Lizzie pourrait presque se liquéfier sur place devant une telle confession. Elle lâche un petit ‘aw’ affectif avant de lever les mains. « Je juges pas. Ton secret sera protégé avec moi, promis ça restera encore nous. » La jeune femme finit par s’allonger à son tour sur le côté, les bras repliés et serrés contre elle, tournée vers Wren. Est-ce que c’est vraiment ce qui est en train de se passer entre eux ? Après les tumultes des derniers temps, ils se retrouvent véritablement à partager une discussion au coin de l’oreiller ? Lizzie ne se voit pas ailleurs de toute façon pour l’instant. « Mais ça fait un peu creepy quand même, non ? » Absolument pas mais il a son air taquin placardé au visage et elle ne peut pas résister. La jeune femme passe sa lèvre sur l’autre pour l’humidifier tout en le scrutant avidement.
Lizzie n’a pas oublié sa question. Elle y réfléchit même intensément alors que ses yeux chocolat dessinent les traits du visage de Wren. Cette moue singulière qui le caractérise si bien, détendue et toujours doux envers elle. Les lèvres les plus tentatrices du monde dont elle se rétracte tant et si bien d’approcher. Ce regard clair mais ô combien perçant qui ne la quitte pas de son champ de vision – elle pourrait en mourir s’il le fait. « Je pensais parfois à toi en me demandant ce que tu devenais. Si t’étais heureux, si t’avais une famille. J’étais curieuse de savoir quel métier t’aurai pu faire. Je me demandais aussi si tu m’avais oublié, si j’avais bien été qu’une histoire parmi tant d’autres. » Lizzie s’interrompt un moment, son propre regard dérivant légèrement hors du sien. « Savoir que j’étais la seule à avoir encore mal de cette histoire, je t’ai vraiment détesté. Je t’ai tellement maudit, si tu savais, Wren. Parce que j’avançais pas, j’ai jamais réussi à le faire, j’avais trop peur, je voulais plus revivre ça. » La peine de cœur qu’elle a subi a été bien plus douloureuse que ce qu’elle vit en ce moment. Alors elle l’a gardé pour elle, son cœur, dans sa petite cage et elle a perdu la clé quelque part. A croire que la clé a un double et que c’est Wren qui la possède. « Maintenant… Maintenant, c’est le bordel. Je sais pas trop sur quel pied danser. Tout ce que je sais, c’est que je veux te faire confiance de nouveau. Peut-être que je le fais déjà. C’était plus simple de te haïr quand t’étais pas en face de moi. » Comment le peut-elle, maintenant, alors qu’il prend soin d’elle comme la prunelle de ses yeux ? Lizzie se sent à sa place, et pas seulement chez lui mais auprès de lui. « Et ça me fait flipper, Wren. Parce que je pense à toi de nouveau comme y a douze ans et… Je ne veux pas me tromper de nouveau. » Enfin, à supposer qu’elle se soit déjà trompée une fois. Puisque la rupture était basée sur un mensonge, elle l’a détesté pour les mauvaises raisons. Il y a juste tout à remettre en interrogation. Ou alors, se prélasser et s’enfoncer tendrement dans ce qu’elle peut ressentir depuis qu’ils se sont retrouvés. Mais ça serait bien trop simple si ça doit arriver. « J'ai toujours pensé à toi bien plus que je l’admettrai, je crois. Pour le meilleur comme pour le pire. » dit-elle à voix basse, comme une confession que lui seul peut et doit entendre. Un murmure confirmant qu’il n’a jamais quitté son être, qu’elle se l’ait toujours trimbalé avec elle malgré elle. Et que maintenant, tout est remis en question mais en même temps, tout semble d’une facilité déconcertante.
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| | | | (#)Jeu 28 Nov 2019 - 2:57 | |
| Parler n'était pas son fort habituellement, Wren était le genre d'hommes à se murer dans le silence et attendre que le temps passe. A ses yeux, aucun mot, aucun discours ne pouvait rendre justice à ce qui pouvait traîner à l'intérieur d'une âme, même la sienne. Lorsqu'il était question d'amour ou de désespoir, il n'y avait pas de phrases qui pouvaient imager ce qui menaçait d'imploser à l'intérieur. Alors, Doherty se taisait, depuis toujours. Cela avait été le cas avec Lizzie, il avait refusé de parler, autant des moments heureux comme de ce qu'il le tiraillait tout au long de leur relation. Il était tellement sombre à cette époque, toujours prêt à sauter à pieds joints dans le vide, à peine effrayé de se retrouver ratatiné en bas de la falaise. Il ne voulait pas faire subir ce genre de visions à la belle Potter alors le suédois se terrait derrière des faux semblants qui, finalement, avaient tourné vers le mensonge. Car, oui, il lui avait menti lors des dernières semaines avant la rupture, racontant que tout allait bien, s'éloignant d'elle de plus en plus, pas par manque d'amour, pas par tromperie, mais juste parce qu'il se sentait sombrer et qu'il n'avait pas désiré l'entraîner dans sa chute. Clairement, Wren avait été égoïste et il en avait conscience maintenant que la brune était de retour dans sa vie. Ce qui s'était passé la veille avait, de toute manière, tout changé parce qu'il avait eu la peur de sa vie en la voyant entre les griffes de ce monstre. Et là, maintenant, il ne souhaitait plus lui tourner le dos et lui mentir n'était même pas une possibilité. Non, Doherty était allongé face à elle, ses yeux dérivant sur les traits de son visage alors que Lizzie prenait place sans rien dire d'abord. Il savait que c'était compliqué comme situation, qu'ils marchaient tous deux sur des os parce que leur relation était plus qu'instable désormais mais Doherty n'avait pas peur de finir chamboulé par tout cela à nouveau. A la place, il resta parfaitement silencieux à écouter les paroles de la jeune femme, elle qui lui narrait tout ce qui se passait dans son coeur et dans sa tête. Wren ne montra aucune réaction particulière de prime abord, ce qui n'était pas un fait spécialement étonnant avec le nordique mais à l'intérieur, il essayait d'enregistrer toutes les informations, le fait que Lizzie l'ait haï mais qu'elle désirait lui offrir sa confiance de nouveau. Ne pas se tromper avec lui... Juste rester dans sa vie. Wren s'était attendu à beaucoup de discours différents de la part de la brune mais peut être qu'une telle révélation n'avait pas été anticipée pour une fois. Il resta pantois une seconde ou deux, ses yeux verts grands ouverts, puisqu'elle pensait à lui, constamment, sans le savoir et c'était le meilleur. Là, tout de suite, pour l'ancien pompier, c'était le meilleur. Délicatement, sa main vint frôler sa joue,tout doucement pour ne pas la brusquer et lui faire mal, il caressa du bout des doigts sa peau en lui faisant son plus joli sourire. Wren pouvait être naturel avec elle et désormais, il avait tous les droits de se dévoiler face à elle: de toute évidence, il n'avait plus rien à lui cacher. "J'ai pas vécu vraiment différemment, Lizzie. Tu t'étais pas vraiment trompée il y a douze ans, c'était plutôt moi et je pense que tu le sais très bien. C'est pas moi qui vais te dire de me faire confiance, c'est ta décision et moi-même, j'hésiterais parce que je sais ce que je suis et c'est pas toujours joli... Tu l'as vu." Oui, elle savait tout et le pouce de Wren naviguait sur sa joue, tendrement et elle lui manquait alors qu'elle était juste à côté de lui, c'était complètement fou. "On peut être d'accord sur le fait qu'on s'est jamais oubliés, alors?" Car il avait gardé Lizzie en lui également, même s'il avait toujours trop voulu jouer les durs à cuire pour l'accepter face à autrui. "Maintenant, je sais pas ce qu'on est censés faire vraiment, mais peut être qu'on peut se redécouvrir tout doucement... Jusqu'à ce qu'on aille mieux, toi et moi." Il ne lui ferait pas de mal cette fois, il panserait toutes ses plaies, d'une légère caresse du pouce jusqu'à ce qu'elle lui laisse le droit de faire revivre cette passion peu commune entre eux. En attendant, ils étaient là et aucune fuite ne les séparerait cette fois.
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| | | | (#)Jeu 28 Nov 2019 - 8:05 | |
| Lizzie aurait normalement envie de se terrer plus bas que terre. Elle devrait partir d’ici, elle ne devrait pas pouvoir rester dans le lit avec un humain de type mâle. Elle frôle l’idée qu’il y a quelque chose qui ne doit pas tourner rond dans sa tête, qu’il y a quelque chose d’anormal dans ce comportement. Elle ne devrait pas ressentir l’envie de vouloir s’approcher de lui. Sûrement l’animosité aurait été une solution préférable, un sentiment plus compréhensible. Même elle, elle ne comprend pas. Mais c’est Wren. Il est différent de tous les autres, il n’est comme aucun de ceux avec qui elle a pu partager ses draps. Homme ou femme, le suédois au tempérament indomptable est une catégorie à part, unique en son genre. Comme elle vient de lui avouer à mi-mots, doucement, dans un faible murmure, elle a pensé à lui. Là aussi, elle pourrait dire passionnément, à la folie et pas du tout. Le tout mélangé, parce que c’est le cocktail qu’il provoque chez elle. Un vrai tumulte, un ouragan à la plus forte sa puissance. Il déboule absolument tout et Lizzie ne sait plus comment on gère tout ça, elle qui a tenté de s’éloigner de tout ça. Les sentiments les plus profonds, ceux qui touchent en plein fouet et en plein cœur, elle les a eus à chaque fois qu’elle repensait à lui. Et maintenant, l’australienne est dans son lit, son regard droit dans le sien, incapable de s’en détacher. Faible, elle pense qu’elle peut l’être. Même si ce n’est pas normal aussi. Mais encore une fois, ce n’est pas une situation normale dans un endroit normal. Lizzie se sent plus dans un cocon qu’ici que sa chambre à Spring Hill qui est complètement ouverte.
Et dans sa chambre, il n’y a pas Wren pour lui parler et encore moins pour lui frôler la joue. La jeune femme a une vaguelette qui la déferle tranquillement là où il touche, où il effleure tranquillement, le regard doux et les paroles assurées. Lizzie finit par poser sa propre main sur celle de Wren, un geste rassurant pour les mots qu’il peut lui soumettre. « T’as rompu sous des mauvaises raisons mais pour ce que tu pensais être des bonnes. Je ne peux pas dire que ça se réparera demain parce que ça serait mentir. Mais j’ai jamais cru que t’avais un mauvais fond. Ce n’est pas inscrit dans tes gènes d’être un monstre, Wren. C’est dans nos choix. » Elle serre ses doigts entre les siens. « Alors oui, t’as peut-être déconné ces derniers temps et aussi avant qu’on se retrouve. Mais t’as fait le choix de te rendre aux flics. T’as fait le choix d’accepter de te faire juger et d’être suivi. Ce n’est pas rien, Wren. » Sa main dérive vers son poignet où elle s’enroule, ses yeux ne quittant pas les siens. « On peut être d'accord sur le fait qu'on s'est jamais oubliés, alors? » Lizzie a un léger sourire tout en hochant faiblement la tête. « Jamais. » Et visiblement, il n’y a pas que dans la tête et dans leurs pensées qu’ils ne se sont pas oubliés. Elizabeth a la respiration qui ralentit doucement et elle se raccroche à Wren par le regard et par la main parce qu’elle ne veut pas sombrer dans le sommeil. Pas maintenant, pas tout de suite. Elle panique et elle s’emballe. Mais il la rattrape de justesse pour quelques minutes alors qu’il reprend la parole et qu’il la berce de mots qu’elle ne peut qu’accepter. Trop faible pour résister, et aucune volonté de le faire. « J’en sais pas rien non plus mais ça me semble être une bonne voie. On est bien partis pour guérir ensemble, non ? De toute façon, j’aurai pas pu m’éloigner. Je t’ai tenu à bout de vie, Wren et je veux plus ça. Je veux plus te sentir partir, je veux pas te savoir capable de ça de nouveau à tout instant. » Lizzie finit par lâcher un rire nerveux avant que des larmes surgissent et que ses joues soient le spectacle d’une inondation intempestive. « Je suis juste faible. Tu m’as toujours rendu comme ça. Y a que toi pour foutre mon cœur en vrac. » Elle enfouit une partie de son visage dans le creux de sa main où elle y embrasse la paume d’un doux baiser, à défaut de ne pas pouvoir l’embrasser là où elle aurait aimé. Se réparer ensemble et oublier le monde extérieur, voilà un plan qui lui convient totalement. Lizzie ne se voit pas ailleurs à cet instant de toute manière. Elle est exactement là où elle peut se sentir bien. Parce que tout respire Wren et que sa simple présence suffit à calmer les nuages noires de sa tête.
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| | | | (#)Jeu 28 Nov 2019 - 8:38 | |
| Il en avait vite oublié ces douze années loin d'elle. Effacé. Balayé. Wren ne pouvait pas croire qu'il avait fait ce choix à l'époque mais il était si jeune et si proche de la fin... Du moins, c'était ce qu'il pensait à ce moment-là. Avec du recul, le nordique devait abdiquer et confesser que c'était au présent qu'il souffrait et qu'il risquait le pire. Cela dit, pour cette fois, il ne rejetterait pas la belle brune à ses côtés. Bien au contraire, Doherty ferait en sorte de la garder étroitement proche de lui et même s'il ne pouvait pas tuer ses doutes et ses peines à l'heure actuelle, il y comptait bien pour l'avenir. En attendant, il pouvait jouer le rôle de ce suédois avenant et tendre, celui qui caressait sa joue alors qu'il sentait de nouvelles larmes glisser sur la peau diaphane de Lizzie. Il détestait cette eau qui s'éparpillait sur son doux visage et il aurait fait n'importe quoi pour que plus rien ne vienne faire mal au coeur à la jolie actrice mais Wren n'en avait pas le pouvoir. Seul le temps déciderait de ce qui pourrait guérir ou non et lui n'était qu'un témoin supplémentaire de la folie de ce monde par instants. Après sa décadence de ces dernières semaines, c'était au tour de Potter de se voir chanceler mais l'un comme l'autre se rattrapaient toujours. Wren la gardait là, sentant la manière dont sa main happa la sienne et il lui souriait, malgré tout. Le passé semblait si peu important désormais, maintenant qu'il l'avait retrouvée, le nordique ne désirait plus que la garder à ses côtés. Cette peine le troublait pour sûr mais ils étaient deux à devoir vivre avec elle, perdus qu'ils étaient dans leurs tourments respectifs. "Je peux encore choisir d'être meilleur alors si je suis pas un monstre par nature. Et toi, tu vas choisir de te relever, Lizzouille." Il l'implorait de prendre cette décision car lui n'avait pas la main là-dessus. Il n'y avait qu'elle qui pourrait panser cette plaie béante au coeur de sa poitrine, Wren ne pouvant même pas chérir contre lui son corps d'une étreinte précieuse pour la calmer. Il ne pouvait qu'attendre et puis, espérer, même si c'était complètement fou après tout ce qu'ils avaient traversé, l'un sans l'autre. "Comme moi je veux plus jamais te voir dans cet état. On a chacun nos souhaits, faisons en sorte de les réaliser en prenant soin de nous." Il effaçait ces larmes intempestives, d'un revers de la main alors qu'il sentait le visage de Lizzie se bercer contre sa paume et Wren respirait à nouveau. Oui, il était vivant de l'avoir à nouveau avec lui et cela valait toute la fatigue du monde, lui qui n'avait pas fermé l'oeil de la nuit et qui ne le ferait sûrement pas tant que Potter n'aurait pas un sommeil paisible de son côté. "C'est un honneur de faire ça à ton coeur, je dois te le dire... Et puis, tu te venges bien avec le mien de toute façon." Oui, c'était un prêté pour un rendu car ils s'aimaient de cette manière là. Sans limite. Sans logique. C'était spontané et incontrôlable, depuis treize longues années. "Ne pleure plus, je pars plus. Et toi non plus." Et sa main libre se déposa sur ses propres lèvres, y déposant un doux baiser qu'il fit voyager jusqu'aux lippes de la belle brune. S'il ne pouvait pas l'embrasser réellement, il pouvait au moins lui offrir ce doux présage, relâchant le contact avec un doux sourire qui l'habitait. Son pouce effaçait le reste de larmes ici ou là et d'un regard aiguisé, il lui montrait à quel point il la trouvait belle, Lizzie ne pouvait pas le traduire autrement. Pas quand ce vert d'eau là était si tendre.
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| | | | (#)Jeu 28 Nov 2019 - 23:26 | |
| Il y a des promesses non dites. Des espoirs partagés que l'on n'ose évoquer à voix haute, peut-être une peur que cela ne devienne trop réel trop brusquement. Repartir sur de nouvelles, faire table ras du passé, c'est ce que Lizzie lui a dit qu'elle ferait. Seulement, c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. Souvent Elizabeth émet des paroles qu'elle même aurait du mal à suivre. Mais à l'heure actuelle, dans ce lit où elle se sent se recroqueviller un peu plus en même temps que l'odeur familière de Wren apaise son être, la jeune femme n'a aucune force pour laisser traîner de quelconque défense. Pas quand elle sent son regard sur elle, pas quand elle peut y lire tellement et tout, des émotions qui la dépassent totalement. Pas quand le suédois a l'air plus transparent que jamais, qu'il souhaite tout lui montrer, tout lui offrir sans aucune retenue et concession. Et ça, ça la désarme totalement de le regarder faire ça. D'un simple regard, une paire d'yeux qui ne quitte pas la sienne. Aujourd'hui, Lizzie y plonge plus que jamais, comme si c'est la seule source rassurante de son existence entière. Peut-être que ça l'est. C'est en tout cas ce qui se martèle dans la cabosse de l'actrice. Que cette fois-ci, malgré ce qui le travaille lui, ses démons intérieurs et le remue ménage que doit être son existence, Wren ne veut pas la faire fuir. Il semble avoir compris qu'elle restera, qu'il accepte qu'il a autant besoin d'elle que d'elle de lui. Ils sont tellement différents mais cruellement complémentaires. Se retrouver après de si longues années avec la sensation de s'être jamais quittés, ce n'est pas quelque chose d'anodin. C’est déstabilisant et hautement inattendu. Et pourtant, Lizzie ne quitterait ce cocon pour rien au monde. Elle est faible, elle vient de le prouver pas plus tard que la veille. Elle a beau vouloir jouer les grandes filles, elle restera à jamais cette gamine gauche et timide qu’elle est dans le fond. Tout le reste, ce n’est que des apparences, que des faux semblants. Tout ce qu’elle a été éduqué à faire pendant des années, une période charnière de son évolution. Ne pas avoir grandie ni mûrie comme les autres, trop grande trop vite. Sourire même quand rien ne va est d’une facilité déconcertante. Prétendre que son univers tourne dans un rond parfait est une seconde nature. Elle se fourvoie autant qu’elle fourvoie son monde. La première des hypocrites qui pourtant n’a pas hésité à balancer à Wren la remarque du manque d'honnêteté dans ses paroles et dans ses actes.
Et maintenant, Lizzie aurait presque envie de s’enterrer sous la couverture par la franchise dont fait preuve le suédois. Il est sûr de ses mots, il n’a pas l’air de vouloir refouler tout ce qu’il ressent. Il lui donne tout dans ses paroles non dites, dans ses promesses non évoquées mais lourdement impliquées. Si la situation avait été différente, elle se serait peut-être encore braquée. Elle aurait encore fait ces deux pas en arrière - ou dix - et elle aurait tenté de mettre tout ça de côté. Mais dans son état actuel, c’est impossible. L’australienne n’a aucune force pour relever les boucliers et, pire encore, elle le laisse entrer. Même si ce n’est pas physique à part cette main qui voyage entre eux, c’est plus que ça. Il s’incruste de nouveau dans chaque pore de son être un peu plus à chaque fois qu’elle le voit - à supposer qu’il soit déjà parti un jour.
« Tu feras le bon choix, j’en suis sûre. Et si tu flanches un peu en cours de route, c’est normal. T’es humain, on a tous des faiblesses. » Wren ne sera jamais un monstre à ses yeux, même si elle l’a sûrement pensé en douze ans. Mais ce n’est rien comparé à l’autre type d’hier soir. Wren n’est pas comme ça, il le prouve à rester à côté d’elle, à veiller à ce qu’elle aille mieux. Et elle, elle n’a rien d’autre de mieux comme réaction que de se mettre à pleurer. Parce qu’il n’a pas tort à utiliser ses propres mots contre elle. « Je veux y croire que j’y arriverai. » C’est une sensation qu’elle ne souhaite plus ressentir. Elle seule peut se relever de cette épreuve, elle seule fera le choix de se laisser crever à petits feux ou remonter la pente doucement mais sûrement. Pour l’instant, tout ça lui semble bien trop compliqué, hors de sa portée alors que les traces bleutées traînent encore sur sa peau. Et elle seule sera décisionnaire pour savoir quand Wren pourra se rapprocher plus, quand elle l’autorisera à la soutenir physiquement comme elle a pu le faire avec lui - même s’il ne doit pas s’en rappeler. Lizzie passe un bras autour d’elle-même tout en chiffonnant sa main contre le tee-shirt trop grand pour elle. Croire que ça peut aller mieux, c’est quelque chose qu’elle tentera de se raccrocher pour les jours à venir. Une bataille qui durera peut-être à jamais mais dont elle veut quand même sortir victorieuse. « Mais je commencerai demain. Pour l’instant, j’ai pas le courage, Wren. » Lizzie a juste envie de choisir la solution de facilité et de se laisser choir, de s’enfoncer et de garder cette parenthèse ouverte à jamais.
Wren nettoie doucement son visage tout en lui affirmant qu’elle fait pareil avec son propre coeur et Lizzie flanche un peu plus. « Il y a eu que toi pour arriver à faire ça. » Le foutre en pagaille, en vrac, à l’affoler, à le faire défaillir. « Désolée, j’arrête pas de pleurer alors que t’essaie de me réconforter et j’ai l’impression que ça fonctionne pas et- » Mais elle s’interrompt net quand elle le voit embrasser sa main puis l’amener vers ses propres lèvres. Et ça ne calme rien du tout, au contraire, Elizabeth attrape cette main des deux siennes pour la maintenir près d’elle, enfouissant une partie de son visage dedans alors que ses yeux ne quittent pas ceux de Wren, porteur d’un message qui est bien trop flou pour la vision embuée qu’elle a. Je pars plus, il a affirmé. Crois-y, entends sa sincérité, il ne flanche pas, il est là, il ne s’enfuit pas. « Tu peux dormir, Wren. Je vois à ta tête que t’as dû veiller toute la nuit. T’es pas obligé. Faut que tu reprennes de l’énergie. » Je partirai pas non plus. Pour toi, je serai un peu courageuse. Ne pas avoir prendre, ne pas fuir. Typique Lizzie Potter ; se soucier des autres avant elle-même. Elle embrasse à son tour le creux de sa paume, se raccrochant à cette main chaude sur elle. Jamais elle n’aurait pensé qu’elle se retrouvera de nouveau happée par Wren Doherty.
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| | | | (#)Ven 29 Nov 2019 - 5:09 | |
| La savoir là, bel et bien vivante, valait toutes les promesses du monde. Wren n'avait jamais été très talentueux lorsqu'il était question de les tenir bien entendu, mais là encore, il y avait tellement de faits que le suédois ne maîtrisait pas. Cet instant en faisait définitivement partie: rien n'avait jamais été simple pour un paumé de la vie comme lui. L'ancien pompier avait toujours cru que ses affaires s'arrangeraient avec l'âge mais il s'était surtout bercé d'illusions sur ce qu'il serait en mesure d'accomplir. Misérable qu'il était la plupart du temps, loin de côtoyer le bonheur depuis l'incendie qui avait tout détruit autour de lui, Wren avait pensé durant un moment que la roue avait tourné parce qu'il avait rencontré Lizzie et que, contre toute attente, il l'avait laissé prendre une place prépondérante au sein de son existence. Finalement, c'était lui qui avait tout fichu en l'air parce qu'il ne s'était pas senti prêt à gérer un tel engagement, pas alors qu'il chancelait, qu'il sentait constamment la peur de déraper lui massacrer les entrailles. Non, il n'avait pas désiré faire de Potter un dommage collatéral de son mode de vie chaotique: elle ne devait pas être la compagne d'un dealer de drogue, elle qui avait un talent fou pour la comédie, hors de question de le gâcher pour un rail de coke à vendre dans la ruelle voisine. Wren s'en était longtemps voulu d'avoir offert un tel quotidien à Lizzie, même s'il ne l'avait jamais amenée avec lui au cours de ses multiples expéditions à travers la ville. Cela n'empêchait pas qu'elle savait parce que la brune était intelligente et elle l'aimait suffisamment pour ne pas commenter, ne rien lui dire et le laisser faire. Doherty n'avait jamais réellement cherché à s'expliquer sur le sujet: là encore, les mots lui faisaient défaut et de toute évidence, de l'au avait coulé sous les ponts depuis. Le nordique ne voulait plus ressasser ce triste passé mais avant tout, se concentrer sur le bel avenir qui pouvait éclore une fois les guérisons opérées. Ce ne serait ni pour aujourd'hui ni pour le lendemain mais la patience se devait d'être une vertu pour que les événements s'enchaînent d'une manière convenable... Pour qu'enfin, les deux âmes perdues qu'ils étaient puissent être amenées à se retrouver de la bonne façon, et ne plus jamais revenir en arrière, ne plus rien regretter. Le moment présent n'était pas fait pour tout cela, pour s'imposer autant de pression et de dialogues sérieux alors Wren se contenta de hocher la tête face aux paroles de la belle actrice: oui, il était convaincu qu'ils se sortiraient tous les deux de leurs impasses respectives, peu importe le temps qu'il faudrait pour cela. Certes, ils trébucheraient: parfois, Wren aurait envie de s'armer d'un briquet et Lizzie d'échapper à tout contact masculin mais ils finiraient par gérer ces difficultés parce que leur vie en valait la peine. Quand ils étaient ainsi, tous les deux allongés l'un en face de l'autre, en tout cas, Wren le pensait plus que jamais. "Pas ce soir, non. Demain, Lizzie." Il lui laisserait le temps du repos, son regard ne fléchissant pas face au sien parce que Doherty avait toujours eu cette capacité à étonner, surprendre et puis, happer l'intérêt. Avec Lizzie, il faisait tout à la fois, cherchant à la faire retrouver la terre ferme plutôt que ce torrent de larmes dans lequel elle allait finir par se noyer. Pour elle, les actes du suédois n'avaient pas d'impact mais lui en pensait autrement, elle ne le voyait simplement pas pour le moment mais cela viendrait. "Je préfère que tu pleures plutôt que tu réagisses pas. J'ai toujours préféré que tu me montres tes émotions alors, te prive pas, pas avec moi." Elle n'avait pas à se cacher, non, parce que le jeune homme la voyait. Il lisait en elle, déposant ce baiser de sa main vers ses lèvres, voyant qu'elle s'émouvait d'un tel acte. Il ne le regrettait pas, observant la manière dont Potter refusa à ses doigts de la quitter. Il la laissa faire, un petit sourire à la commissure de ses lèvres en sentant les siennes bercer ses phalanges tout doucement. C'était un geste des plus intimes, une autre preuve que le lien qu'ils partageaient avait tout d'exceptionnel. "Non, je dormirai pas, pas tant que je te verrai tranquille de ton côté. Je t'abandonne pas alors que tu pleures, Potter, je suis pas sans coeur avec toi, je peux pas me permettre de te lâcher maintenant." Ni à un autre moment parce que ses doigts voguaient sur sa peau douce, que son autre main était attachée par les poignets de l'actrice et qu'il ne voulait plus rien arrêter, pas même pour retrouver le sommeil le temps de quelques heures. Il allait rester là, fier de sa capacité à rester éveillé, la seule bribe restante de sa carrière de pompier. "C'est mon tour de garde et on s'endort pas si jamais il y a une intervention d'urgence... C'est ça, ma nouvelle mission, prendre soin de ma Potter." Il lui fit un clin d'oeil, espiègle et même si son coeur avait encore mal de tout ce qui leur arrivait ces derniers temps, Wren avait encore l'espoir que tout s'éclairerait. Cette connexion entre eux en était la clé, de cela, il était convaincu, plus que jamais. |
| | | | (#)Ven 29 Nov 2019 - 7:35 | |
| « Pas ce soir, non. Demain, Lizzie. » Comme une autorisation dont elle a retenu son souffle jusqu’à l’entendre. La sensation qu’un poids se libère, que le fardeau sera pour demain. Lizzie aura toute sa vie pour contempler le degré de sa force, toute son existence pour essayer de réparer ce qui s’est indéniablement brisée en elle. Elle n’en a pas encore forcément conscience mais il est inconcevable qu’on se sorte de ce genre d’épreuves complètement indemne. Jamais la guérison n’est totale, c’est un test sur une vie entière, chaque jour (sur)vécu est une victoire en soi. Elle qui a déjà eu du mal à naviguer dans son existence avec la pression et l’emprise contenues sur elle par sa mère, qui s’est dépatouillée du mieux qu’elle a pu depuis son indépendance à ses dix-neuf ans, pour qui déjà la vie n’est pas un fleuve si tranquille que ça, la voilà qui risque de sombrer de nouveau dans les tourments d’un cerveau qui n’a qu’une thérapie : l’oubli, l’extinction, foutre dans une boite et la perdre dans les méandres de sa tête. Lizzie a appris à le faire, à se détacher d’elle-même pour enfouir tout son mal être quelque part et ne pas y penser. Parce qu’il y a tellement pire qu’elle, il y a toujours plus malheureux que soi qu’elle ne peut pas se laisser submerger par sa simple existence, elle qui n’a jamais vraiment eu de quoi se plaindre. Alors oui, dans sa quête de perdre pieds avec la réalité, Lizzie s’est amenée sur des chemins de traverse, des trajectoires tortueuses, des allées sombres. Wren avait été sa lanterne, il a été sa lumière alors qu’il l’entrainait avec lui, parce qu’elle l’avait voulu. Peut-être trop aveuglée dans quoi il l’emmenait, Wren a toujours eu cette capacité de mettre son monde sans dessus dessous. Alors elle a testé, elle a joué, elle a aimé aussi. Follement et intensément. Jusqu’au crash. Lizzie aurait pu accentuer cette quête en se fourvoyant un peu plus, en se foutant la tête encore plus à l’envers, en finissant dans les tréfonds même de l’existence. Mais il suffit parfois d’un bon choix pour changer une destinée. Et quand elle a claqué la porte de la maison familiale, cette fois en quête de nouvelles aventures, Lizzie savait qu’elle avait fait le bon choix. En partant, en se détachant physiquement de tout ce qui lui a fait mal. Ne pas y penser, mettre le côté et voguer, voyager, se perdre dans des lieux aussi magnifiques qu’improbables.
Et tout ça pour que quelques années après, une décennie plus tard, Lizzie se retrouve dans le lit de Wren, ses deux mains sur elle, qu’elle laisse voguer sur son visage parce qu’au final, c’est ça qui l’empêche de sombrer totalement. Elle se retient à lui comme l’âme désespérée qu’elle est parce qu’elle a toujours peur, de tout et constamment, jamais un arrêt. Et ce matin, c’est multiplié par dix, par cent même. La peur de devoir affronter des problèmes, de devoir faire face au monde, à la foule, à des gens qui vont la frôler. Seul Wren a ce droit à cet instant précis, seul lui semble être accepté par le corps de la jeune femme sans qu’il ne se mette à trembler de tous ses muscles. Mais non, il lui a autorisé d’être faible aujourd’hui. Alors Lizzie continue à laisser les larmes déferler sur son visage parce qu’elle a le droit et qu’elle sait que Doherty ne cillera pas devant tout ça. Il accepte tout venant d’elle et ça aussi, ça l’air terrifiant. Sa tête s’enfonce un peu plus dans l’oreiller, ses genoux remontant un peu plus contre elle. « Je veux les tuer, les émotions. Elles me pourrissent la vie, encore et encore. Elles me fatiguent, aussi, et elles me paniquent. J’aurai préféré n’avoir aucune réaction que ce tumulte dans ma tête… Et partout ailleurs. » Le dégoût de soi revient en force et c’est presque avec énervement à travers ses larmes qu’elle s’exprime. Si elle aurait pu tordre le cou à chacune de ses émotions, bien trop vives, bien trop négatives, bien trop cruelles, Lizzie l’aurait fait. Avec plaisir, acharnement et vigueur.
Alors que ses doigts au suédois, ces mains apaisants, Elizabeth s’en délecte. Elle s’en rassure une nouvelle fois que personne ne bronche à l’intérieur de ses entrailles. On frémit, on frétille, on n’ose pas trop. C’est sûrement le plus intime qu’elle pourra faire pour l’instant et Wren, dans cette bienveillance que lui-même ne voit pas, a l’air de s’en contenter amplement. Il a fallu attendre ce genre d’épreuves pour que la jeune femme finisse par devenir vulnérable avec lui, de le laisser entrer, d’arrêter de le repousser. Peut-être qu’elle le fera de nouveau plus tard, quand elle sera d’aplomb. Ou au contraire, Lizzie sera trop fatiguée et elle l’accueillera, dévotion et affection la tiraillant de toute part pour pouvoir y résister. Rien ne peut se prévoir, mais tout reste à construire. La jeune femme eut un léger hoquet de rire, un exploit, alors que Wren évoque l’idée qu’elle est sa nouvelle mission. « Je suis sûre que tu serais en alerte même endormi, Wren. » réplique-t-elle avec un faible sourire, persuadée d’avoir raison. « Tu me lâches pas, t’es là, regarde, au contraire. Je m’accroche à toi parce que t’es la seule chose qui me retient pour ne pas devenir tarée. Et puis, les larmes peuvent être thérapeutiques. » Lizzie passe sa main autour d’un de ses poignets, caressant doucement la peau qu’il y a dessous. Toujours lui répéter son importance dans son histoire, lui faire comprendre par toutes les directions possibles qu’il a toujours cette place spéciale. Même si elle peut le regretter plus tard. Mais maintenant, Lizzie souhaite juste se perdre dans la contemplation de celui qui représente absolument tout dans sa petite existence sans importance.
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| | | | (#)Sam 30 Nov 2019 - 5:03 | |
| Des années à être sur ses gardes balayées en une fraction de seconde, en un simple regard, des retrouvailles. Les yeux de Lizzie l'envoûtaient à nouveau et quand il l'avait croisée sur le bord de la route, Wren avait senti son coeur palpiter de nouveau, lui qui avait cessé de battre depuis bien trop longtemps. Elle avait toujours eu cet effet un peu fou sur lui, même si le suédois tâchait de le faire taire face à autrui. Il n'aimait pas mettre en avant sa vie intime et tout ce qu'il pouvait ressentir, pas même devant la principale intéressée. Les sentiments ne lui venaient pas aisément et pour cause, avec l'environnement qu'il avait dû subir depuis son enfance. Pour lui, l'amour était ce qu'il avait vu de ses parents et on ne pouvait pas dire que cet exemple marquait l'équilibre et l'affection pure et dure. Le couple avait réussi à cacher durant longtemps que rien ne fonctionnait entre eux mais l'incendie n'avait pas pu être enterré, bien au contraire. Ainsi, c'était le monde entier qui comprenait que les Doherty n'avaient rien de normal. Les enfants avaient été jugés bien vite à l'école et pas mal de personnes s'étaient détournés d'eux. Alors, Wren avait appris à se défendre, à jouer l'homme de fer, celui qui se fichait bien qu'on puisse le mépriser ou le prendre pour un fou. Une sacrée façade dont il avait bien du mal à se défaire, désormais. Puis, Lizzie se retrouvait de nouveau propulsée au beau milieu de sa piètre existence et ce cher suédois lâchait tout pour retrouver la pureté de ce qu'il avait toujours ressenti envers elle, sans jamais lui dire réellement. Non, il n'avait jamais prononcé ce fameux "je t'aime" qui faisait peur à tant d'individus et lui-même n'avait jamais pu le laisser s'échapper de ses cordes vocales. Il y avait mille façons détournées avec le nordique et Lizzie aurait dû comprendre que ses stratagèmes ne cachaient pas réellement la vérité mais, à cette époque là, ils n'étaient que des mômes tous les deux et les mots avaient bien plus d'importance que ceux qu'on pouvait dire à l'âge adulte. Ce n'était plus si important si le discours n'était pas présent: ce qui comptait vraiment, c'était les actes et ceux-ci étaient bel et bien présents. Wren ne fuyait pas cette fois, il ne relâchait pas le regard de la belle brune, même quand elle étalait son désespoir face à lui. Il était désemparé bien évidemment mais il n'allait pas la quitter maintenant, pas parce qu'il n'avait pas la réponse idéale à lui apporter pour la sauver de ses maux. "Les émotions sont pas toujours négatives. Aujourd'hui, elles le sont mais ça changera, je t'assure." Il était clairement un expert en la matière: Wren et la frustration, Wren et la rage, Wren et la peine, le regret aussi, tout un paquet infernal dont il ne se débarrassait jamais totalement. Cela dit, il avait aussi conscience qu'il s'améliorait peu à peur, c'était en tout cas ce qu'il avait montré en se rendant au poste de police pour confesser ses pêchés, quelque chose que l'ancien Doherty n'aurait jamais pensé faire. Alors, Lizzie souffrait à ce moment précis mais elle se relèverait de cette affaire, elle en sortirait bien plus forte et l'ancien pompier serait là pour l'accompagner sur ce chemin tortueux, quoi qu'il en coûte. Il arrêterait de dormir s'il le fallait et c'était d'ores et déjà ce qu'il comptait mettre en oeuvre, même si la belle Potter émettait des réserves sur cette action. Wren souriait en réponse, sentant encore son toucher sur lui et cela ne l'aidait franchement pas à envisager le sommeil. Ni aujourd'hui,ni le lendemain. "Pas autant alerte que réveillé tout de même. Tu vas pas devenir tarée, pas comme moi en tout cas donc tu peux pleurer, oui, mais je t'assure que Morphée m'attrapera avant toi, j'y tiens. Et si tu veux manger, jouer à un truc débile, parler ou que sais-je d'autre, t'as qu'à me demander." Il ferait n'importe quoi, son petit sourire angélique aux lippes à la dévorer du regard parce que Lizzie Potter avait cette importance là, elle avait cet effet sur lui. Bon sang qu'elle était unique. |
| | | | (#)Sam 30 Nov 2019 - 18:39 | |
| « Les émotions sont pas toujours négatives. Aujourd'hui, elles le sont mais ça changera, je t'assure. » Jamais elle n’aurait cru que ça serait Wren Doherty qui lui dirait des phrases pleines d’optimisme et de bon sens. Normalement, c’est le rôle de Lizzie de faire ça, d’essayer d’illuminer la route sombre d’autrui par des propos doux et encourageants. Un changement de table, un retournement de situation inattendu alors qu’elle sourit faiblement à son encontre, ne pouvant cependant lui rendre la pareille de son état d’esprit. « Je sais pas gérer la négativité. C’est pour ça que je fume de l’herbe, tu sais ? J’ai toujours la peur, la culpabilité, l’échec qui me collent constamment. J’aime pas penser à tout ça alors je fume pour me calmer. » Entre autres petits cachets qu’elle peut prendre au-delà des doses prescrites. Elle s’interrompt un moment avant de rajouter. « Et ça, c’est pas de ta faute. C’est pas toi qui m’a foutu là-dedans. J’y ai sauté à deux pieds toute seule comme une grande. » Il lui a déjà fait la réflexion que c’est lui qui a dû l’avoir entrainé là-dedans alors que non, c’est complètement faux. Avec Wren, elle a connu pire, elle a connu pour extasiant qu’une simple fumette de cannabis. Quand elle était avec lui, elle a eu des trous de mémoire, elle a été euphorique au possible, elle avait eu aussi plein d’amis. Elle avait été aveuglée, par tellement et tout, mais elle restait toujours avec lui. La jeune femme a toujours su qu’il veillera sur elle, même défoncé, même à côté de ses pompes. Et même si elle ne voyait pas forcément, on le craignait bien trop si jamais la simple pensée de lui faire du mal traversait l’esprit de quelqu’un. Wren a été une étape intéressante de sa vie, il a été le déclencheur de tellement de choses. Même si Lizzie prétendra le contraire, pour rien au monde elle n’aurait changé quoique ce soit. Pire encore, elle aurait dû s’accrocher un peu plus, ne pas le laisser partir aussi facilement. Enfin, c’est tellement plus simple de dire ça quand on connait la vérité.
« Pas autant alerte que réveillé tout de même. Tu vas pas devenir tarée, pas comme moi en tout cas donc tu peux pleurer, oui, mais je t'assure que Morphée m'attrapera avant toi, j'y tiens. Et si tu veux manger, jouer à un truc débile, parler ou que sais-je d'autre, t'as qu'à me demander. » La jeune femme finit par passer une de ses mains sur son propre visage et enfoncer ses doigts dans ses yeux pour forcer les larmes à arrêter de sortir. « T’es pas taré, arrête de dire ça. » Constamment lui rappeler qu’il n’est qu’humain, qu’il a fait des erreurs mais qu’il essaie de réparer tout ça. Lizzie se redresse légèrement pour effectivement ne pas sombrer dans les bras de Morphée alors qu’elle tente de faire fonctionner son cerveau. « On a qu’à, je sais pas, évoquer des trucs comme ça qui se sont passés dans nos vies. On a des années à rattraper après tout. » Elle s’adosse aux oreillers tout en ramenant ses genoux contre elle avant de regarder Wren en souriant légèrement. « Par exemple… J’ai déjà été en terrain de guerre. » Okay, elle ne commence pas forcément avec un souvenir joyeux mais ce n’est qu’une pure vérité. Lizzie reprend une des mains de Wren pour la tenir entre les siennes, faisant de légers dessins dessus machinalement. « J’ai même une cicatrice pour le prouver. » rajoute-t-elle fièrement en posant ses yeux sur lui. Elle ne la lui montrera certainement pas aujourd’hui mais elle est là. Et ça, c’est quelque chose qu’elle porte avec plus d’honneur que ces fichus bleus qui ornent sa peau blanche. Enlacer les doigts de Wren en serrant sa main un peu plus contre elle pour ne pas y penser. Comme si ses doigts à lui sont capables d’apaiser le moindre mal qui envahit son être.
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| | | | (#)Dim 1 Déc 2019 - 6:43 | |
| Non, Wren n'était pas responsable de tous les fléaux de la Terre, même s'il en restait convaincu malgré tout. Au cours de sa vie, il avait toujours été celui qui entraînait des camarades dans des plans foireux et au final, il avait certainement dû créer une bonne dizaine de junkies au lycée. Est-ce qu'il l'avait regretté? Pas à cette époque là, en tout cas parce qu'il devait bien penser à l'argent, à ce qu'il devait avoir dans le porte monnaie à la fin de chaque mois pour que sa petite famille reste en un seul morceau et sans crever de faim. Aujourd'hui, le fond de sa pensée était peut être un peu différente: il aurait sûrement préféré ne pas avoir à aller jusque là, à jouer le mauvais rôle de l'histoire et porter cette culpabilité sur ses épaules. Voilà où en était le suédois, oui, à mépriser plus ou moins tout ce qu'il avait accompli jusque là et même ce qu'il avait pu faire vivre à Lizzie lors de leur relation. La jeune femme avait beau lui répéter qu'il n'y était pour rien si elle avait commencé à consommer de la drogue, Doherty avait encore beaucoup de mal à y croire. Il savait fort bien que c'était lui qui lui proposait un fagot les trois quarts du temps parce qu'il avait ce manque ancré au fond des entrailles. Certes, il n'avait pas été là durant les douze années qui avaient suivi et Lizzie avait continué, semblait-il mais il avait été présent au commencement. "J'y ai un peu contribué, il faut l'avouer. Et pour ce qui est de la négativité, je suis pas franchement meilleur que toi, pourquoi j'ai consommé de la coke si longtemps, hein? Mais on est adultes maintenant alors peut être qu'on peut trouver d'autres moyens de gérer notre mal-être. Tu penses que c'est possible ça?" Il ne savait pas comment exactement mais en tout cas, après la soirée de la veille, Doherty était plus que persuadé qu'il était temps qu'ils fassent mieux, qu'ils pensent à l'avenir au lieu de se perdre dans le passé. C'était facile à dire bien sûr puisque Lizzie allait devoir porter son traumatisme comme Wren avait dû porter le sien depuis l'adolescence mais ils avaient mûri. Du moins, ils avaient fait des erreurs et en portaient les traces désormais, alors pourquoi pas remonter la pente ensemble? Le suédois se tut, observant Lizzie parce qu'elle était belle et courageuse. Il ne doutait pas une minute qu'elle reverrait le jour et qu'elle arborerait haut et fier son statut de survivante. Il ne chercherait pas les lauriers dans cette affaire, il se contenterait d'être heureux pour elle. C'était ce que Wren choisissait toujours de toute manière, elle avant lui, proposant de multiples options pour le reste de la journée alors que la belle brune désirait explorer le passé qu'ils n'avaient pas pu vivre en commun. Elle ne lâchait pas sa main pour autant et le nordique n'essaya pas de la lui usurper. Il la contempla juste alors qu'il apprenait un pan de vérité sur Lizzie Potter, ce qu'il avait pu rater le tuait parce que c'était sa faute. Tout était de sa faute et bon sang, qu'il aurait aimé effacer cette minute où il lui avait tourné le dos mais il ne pouvait pas alors, Doherty se contenta de participer à cette conversation, espérant encore qu'il pourrait récupérer tout ce fichu temps perdu. "En terrain de guerre? Tu m'expliques? J'ai du mal à imaginer ça comme ça, sans contexte, Potter..." Il lui fit un clin d'oeil, s'attendant au pire puisqu'elle avait mentionné une cicatrice. Qu'elle fut blessée, c'était toujours le pire pour Wren, il abhorrait l'idée. "J'ai pas grand chose à te dire de mon côté, Lizzie. J'ai rien vécu de fantastique. J'ai pas sauvé mes cadets, ni ma mère, même si j'ai essayé... J'ai été lâche parce que j'ai fini par les abandonner et maintenant, je risque de me retrouver en prison dans la cellule voisine de mon paternel." Le pire qui puisse arriver pour l'ancien pompier, son âme hurlait d'ailleurs alors que son visage tâchait de rester stoïque, un exercice de force que Wren avait développé avec aisance, mais les blessures restaient béantes, loin de cicatriser de son côté. |
| | | | (#)Lun 2 Déc 2019 - 9:40 | |
| Est-ce que Lizzie arrivera à lui faire comprendre un jour que même si elle n’avait été qu’adolescente, elle avait fait tous les choix qu’elle a fait ? Bien sûr, être portée par son cœur a forcément eu un impact de ce côté-là. Mais elle ne veut pas qu’il cherche de nouveau à rejeter la faute sur lui. Encore et toujours, sans cesse un bâton pour se casser le dos lui-même. Elle secoue la tête, elle passe une main dans ses cheveux, elle soupire, elle regarde devant elle. Dire qu’il se sent coupable dans les faits, c’est comme si lui coupe dans un sens sa propre liberté de faire ses propres décisions. Et Lizzie n’aime pas qu’on lui coupe les ailes. Même s’ils sont repliés, même s’ils sont presque morts et atteint d’une des plus grandes maladies du monde, elle y tient. Elle les nourrit, elle en prend soin et tout ça pour mieux repartir après. Même si là, pour l’instant, le petit oiseau est terré dans le nid et qu’elle ignore superbement comment elle va bien pouvoir se remettre de cette épreuve. De cette crasse qui est en elle, qui la démange, qui la ronge, qui la salit. Elizabeth aura beau prendre toutes les douches du monde, certainement qu’elle n’arrivera pas à se débarrasser de tout ça. Elle restera cloitrée dans son monde d’incertitude, la frayeur permanente de le croiser de nouveau. Son agresseur au visage flou mais dont pourtant, elle est persuadée qu’elle pourrait le reconnaitre si jamais elle le voit. Rien que la perspective d’aller au contact de la foule la terrifie. Une véritable gamine et elle s’en désespère, elle en pleure, elle en crie à l’intérieur.
Mais il y a Wren pour la soutenir, Wren pour veiller sur elle, Wren pour la couver de son regard vert sans qu’elle ne s’en lasse, comblant ce manque qu’elle a eu, mais qu’elle ignorait totalement, pendant des années. Il est le premier à qui elle a pensé alors qu’elle commençait à perdre la tête et Lizzie n’est même pas surprise. Elle hausse les épaules face à ses propos, incertaine (encore et éternellement). « Je sais pas. On verra. » Elle n’aurait aucune idée de comment faire et surtout, elle n’aurait pas très envie d’arrêter ses joints, véritable thérapie en plus de quelques bonbons qu’elle prend depuis quelques semaines. Elizabeth fourre son visage dans la main de Wren. « Je veux pas gérer mon mal-être, de toute façon. Je veux l’éteindre, l’écrabouiller, le réduire en miette, l’oublier. Je veux – peux pas vivre avec ça toute ma vie, Wren, c’est pas possible. » Elle n’est pas une adulte, elle en a juste l’apparence. Lizzie reste l’éternelle gamine qui jouait avec ses peluches au thé et qui refusait de sortir au parc mais dont sa mère la trainait de gré et souvent de force. Et la négativité, elle n’en veut tout bonnement pas. Ni dans sa vie, ni dans ceux de ses proches ni dans le monde entier. Oui, ça ne devrait même pas exister, tout simplement.
Lizzie sourit légèrement en relevant sa tête devant les interrogations de Wren avant de le perdre devant les paroles qui suivent. Elle ne réfléchit même pas quand elle dirige sa main vers sa joue et ce n’est qu’une fois le contact de la joue sur jeune homme sous ses doigts qu’elle réalise son geste. Un acte naturel pour tenter d’effacer ses doutes, de nettoyer sa peine, de partager une parcelle de son fardeau. Ce n’est pas grande chose mais c’est mieux que rien. Et vu la situation, ce geste est d’autant plus important qu’elle est presque émerveillée de pouvoir lui caresser le visage sans que le ventre ne la tiraille ou que son cerveau ne hurle de se replier. Pour une fois, c’est elle l’initiatrice et Lizzie a le cœur qui s’emballe un peu plus, forcément, alors que chacune de ses phalanges s’écartent pour prolonger leur séjour sur la joue de Wren. « T’as fait de ton mieux, Wren, j’en suis sûre. Tu peux pas aider ou sauver des gens qu’ils le veulent pas. C’est plus de ta responsabilité… ça n’aurait jamais dû l’être, même. » Prendre en charge une famille à l’âge de 16 ans, ce n’est pas tout le monde qui le ferait. Wren a été bien plus courageux que n’importe qui d’autre et elle laisse son pouce le caresser gentiment et tendrement pour tenter un quelconque apaisement. « La population locale avait besoin d’aide et il était censé y avoir un cesser le feu. Un bâtiment du quartier où j’étais a explosé et j’ai reçu un coup à l’épaule. Une blessure banale pour des médecins de terrain. T’y verrais presque que du feu. » dit-elle en souriant de nouveau de quelques centimètres de lèvres. Une prochaine fois, Lizzie pourra lui montrer la jolie fine cicatrice blanche qui orne son épaule. Mais pas ce matin. Aujourd’hui, la jeune femme se contentera de s’appuyer sur l’image de Wren en ce moment même, de s’abreuver de sa vision et de sa présence. La seule chose qui ne l’a fait pas défaillir complètement.
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| | | | (#)Lun 2 Déc 2019 - 15:59 | |
| Elle avait encore le choix de s'en aller, de faire demi tour et ne plus jamais faire face au grand Doherty. Wren ne lui en aurait pas vraiment voulu si elle avait pris cette décision, pas après tout ce qu'il lui avait fait subir mais il s'avérait que la belle Potter avait besoin de lui et cela, le brun ne l'avait pas vu venir. Toute son existence, il avait cru être le fardeau de l'humanité, un chevalier du chaos, celui entrait dans une pièce et qui détruisait toute joie instantanément. C'était ce qu'il avait été dans le temps en tout cas, à ramener ses petits sachets de poudre dans la moindre soirée, créant sur son passage de multiples bad trips, des guerres entre vieux amis ou couples jusque là soudés. Wren avait désiré protégé Lizzie de tout cela mais il s'avérait que l'échec avait été cuisant. Même en la quittant, il n'avait pas empêché le désastre d'arriver. Elle n'avait pas l'air d'avoir été spécialement heureuse, ou en tout cas, même si elle l'avait été, elle n'avait jamais arrêté de consommer des substances qui n'aidaient personne. Aucune d'entre elles ne l'avait aidé, lui, à vrai dire. Wren avait vraiment cru que la cocaïne l'aiderait à oublier le fardeau de ses responsabilités familiales et ferait en sorte d'assumer sa vie décadente mais à part les remords et la culpabilité, le jeune homme n'avait pas vu d'effets réels et durables. Il avait gâché sa vie, c'était le seul fait qui persistait et désormais, il devait faire face à une Lizzie qui souffrait de ce que le destin avait décidé pour elle. La soirée de la veille était en train de la changer en profondeur et Doherty ne savait pas vraiment comment faire pour gérer la situation. Ils avaient passé tant de temps loin l'un de l'autre: pouvaient-ils encore réparer ce lien qui paraissait détruit jusque là? Tout laissait croire que c'était déjà fait. Ils étaient plus proches que jamais désormais, puisqu'il n'y avait plus aucun mensonge qui les séparait. La brune savait tout et le nordique avait été présent la veille pour la sortir des griffes du malin. Tout allait changer désormais, absolument tout. Lizzie connaissait cette vérité là, celle que Wren avait omis pour la protéger vainement. Elle savait qu'il l'avait quittée pour de mauvaises raisons et en retour, il savait que sa belle actrice était plus fragile que jamais. Il faisait donc attention au moindre de ses états d'âme, ne pas la brusquer, se contenter de sa main sur son visage, de la sensation qu'elle se raccrochait à lui alors qu'ils parlaient et c'était déjà plus que tout ce qu'il avait eu en douze ans. Son coeur gonflait rien qu'en y pensant. Il la retrouvait et les sentiments jaillissaient sans honte dans ce genre de moments, ses yeux verts d'eau pétillants du manque qu'il avait eu d'elle, de sa peau sur la sienne, du ton de sa voix qui arrivait toujours à le faire sourire malgré lui. "Tu verras que c'est possible, Lizzie. Et tu seras heureuse, ça viendra, t'oublieras le mauvais." A cet instant précis, il li était fatal et ses larmes roulaient encore de manière distincte sur ses joues mais Doherty ne doutait pas une seule seconde qu'elle se remettrait de ses peines. La veille avait été une épreuve, autant pour elle que pour lui mais Wren ne voulait pas avoir à penser à ce qu'il avait fait, ou ce qu'il aurait pu faire si les événements avaient dérapé plus encore. Ce qui comptait à ses yeux, ce fut la main de Lizzie qui vint bercer sa joue, un geste parfaitement inattendu après tous les efforts qu'elle avait mis à éviter le moindre contact masculin. Wren tressaillit, d'une bonne façon, ne disant rien, ne rejetant pas le geste bien sûr. A la place, il lui sourit: même en pleine tourmente, la belle Potter trouvait la parade pour le rassurer, quelle chance il pouvait avoir de la retrouver. Il n'en revenait pas et il mettrait sûrement plusieurs semaines à réaliser tout cela. "J'en suis pas aussi persuadé que toi, tu sais, mais c'est pas grave, j'ai fini par accepter que j'avais failli. Il y a plus que ça à faire de toute manière, hein?" Oui, il expiait ses fautes désormais, en témoignait son passage chez les flics pour tout leur balancer. Son sac était vidé, presque en entier puisque Lizzie ne savait certainement pas encore tout ce qui happait son coeur mais le tout viendrait en temps voulu. Là, tout de suite, le nordique écoutait son récit et il imaginait sa belle brune en pleine zone de combat à sauver le monde. C'était la femme qu'elle avait toujours été, droite dans ses bottes et généreuse au possible, il n'en revenait pas qu'il avait osé l'abandonner. N'importe qui, mais pas elle. "J'aurais jamais pensé que ma Lizzie Potter deviendrait une blessée de guerre mais en même temps, quand est-ce que tu cesseras de m'étonner?" Jamais, parce qu'il l'aimait et quand Wren aimait, tout devenait complètement fou. "J'ai des centaines de voyage à rattraper avec toi, on dirait. Peut être qu'un jour, tu en feras un avec moi, qui sait?" Est-ce qu'un jour elle oserait tout lui offrir à nouveau? Doherty ne pouvait pas le savoir, tout ce qu'il pensait n'avait pas la moindre importance de toute manière. Ses doigts se posèrent à nouveau sur le coin de la joue de Lizzie, il ne pouvait qu'espérer qu'elle guérirait. De tout, oui, mais pas de lui. Jamais. |
| | | | (#)Mar 3 Déc 2019 - 6:56 | |
| Elle veut le croire, Lizzie. Ce sont des mots mais ils sont formulés pour l’apaiser, pour lui donner cette petite lumière qu’elle peine à trouver pour l’instant. A part si elle regarde dans les iris vertes devant elle, qui se prélassent, qui se délectent, qui sont intenses à la parcourir. Ne pas pouvoir la toucher mais capter son regard, l’autoriser à épier son visage de tout son soûl. Lizzie en serait presque flattée mais elle n’en a pas le cœur. Non, son petit membre est sens dessus dessous, incapable de gérer la noirceur dans laquelle elle plonge irrémédiablement malgré elle et la luminosité qu’il lui apporte, le sentiment d’avoir encore un bout de vie quelque part. Se réveiller sous ses doigts qui la touchent alors qu’elle aurait pu vouloir en mourir si c’était d’autres. Mais parce que c’est Wren, c’est différent. Il est venu, il a entendu son appel, il l’a secouru, elle lui doit tout. Et en plus, il joue son rôle, celui de rassurer et de trouver les bons mots pour être cette lueur d’espoir. « Tu m’accompagneras ? A être heureuse ? » Tu me laisseras toute seule sur cette pente vertigineuse, Wren ? Est-ce que tu seras toi aussi capable d’abandonner ces fardeaux, ces culpabilités cumulées avec le temps, cette noirceur permanente que tu portes comme des boulets de canon, réalisant que ta vie n’étant finalement qu’une prison ? Lizzie se refusera à ça s’il ne vient pas. « Je veux pas être heureuse toute seule. » murmure-t-elle presque à voix basse, resserrant son étreinte autour de sa main.
« Wren… » L’australienne a le regard tendre tourné vers lui. Trop lasse et fatiguée pour cacher quoique ce soit, Lizzie aimerait qu’il comprenne et qu’il voit à quel point il mérite bien mieux que toute cette pagaille familiale et ces lanières dont il se lacère le dos constamment. Evidemment qu’il n’est pas un ange, bien sûr qu’il a ses défauts mais aux yeux épuisés d’émotions de la jeune femme, il est juste parfait dans son imperfection. Il est d’une dévotion encore plus grande que lui et il n’a même pas l’air de croire que c’était suffisant. « Tu me failleras pas. » Et elle sourit à ses propres mots parce qu’elle lui donne un semblant de feu vert pour rester auprès d’elle, une sorte d’autorisation à continuer à la voir et à prendre soin d’elle. Parce que dans le fond, elle apprécie et elle aime ça – même si elle aurait aimé que ce soit pour une simple maladie et non… Ce qui aurait pu se passer.
Ne pas y penser. Elle aurait bien l’occasion de le faire une fois seule. (Et ça la terrifie.)
Lizzie étire ses lèvres presque dans un trait satisfait et fière d’elle-même avant de hausser les épaules. « Il n’y avait rien d’extraordinaire. Je voulais juste aider. Et c’est le genre d’expériences qui aide à relativiser. Normalement. » Mais pas ce matin. A la lueur du soleil australien qui pointe déjà haut dans le ciel, Elizabeth n’a aucune volonté de penser que son malheur n’est rien. Parce que ce n’est pas rien, ce n’est pas anodin ce qu’il lui est arrivé. Elle ne l’a pas mérité et pourtant, elle a comme une vague de remords qui lui monte à la tête. Elle va sûrement essayer de savoir ce qu’elle a pu faire pour mériter un tel châtiment, tenter de se rappeler de ses gestes qui auraient pu donner de mauvais signaux. Pourtant, Lizzie n’est pas du genre chaste. A croire que cette période est un peu mise entre parenthèses, ayant déjà peur de sa propre réaction si Wren tentait de la prendre dans ses bras. Alors pendant quelques heures, Lizzie s’apitoiera sur son sort pour mieux se maudire après. Elle se trouvera faible, elle pensera qu’elle n’est qu’une gamine capricieuse qui pleure toujours quand ça ne va pas. Et pourtant, elle a toutes les raisons du monde pour craquer – non, c’est faux. Et elle le sait, elle l’a vu, elle a été témoin de la véritable douleur humaine.
La jeune femme passe son pouce sur sa joue, sous son œil, frôlant ensuite son nez et la courbe supérieure au-dessus de ses lèvres. Lizzie serait presque hypnotisée et, à défaut de ne pas pouvoir s’approcher plus, elle aurait aimé avoir son appareil sous la main. Mais elle n’a rien à part ses yeux pour le mémoriser une nouvelle fois, pour l’apprendre et le connaitre de nouveau. Elizabeth se mord gentiment la joue intérieure avant d’esquisser un doux sourire, sa tête se coinçant contre l’oreille et ses cheveux s’y éparpillant à chaque coin. « Tu m’as promis la Suède, je te l’ai réservé. J’irai pas là-bas sans toi. » Ses doigts finissent par remonter pour aller enrouler l’index autour d’une mèche de cheveux. « On peut aller où on veut. Le monde est tellement vaste. Tu réussirais peut-être à trouver le réconfort si tu voyais autre chose. » Sortir de la routine, voir de nouvelles frontières, aller ailleurs, plus loin mais pas d’elle, jamais. Ne pas le laisser s’éloigner d’elle sans rien faire, sans rien dire. Lizzie ne le lui permettrait pas cette fois-ci.
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| | | | (#)Mar 3 Déc 2019 - 7:39 | |
| Il voulait être cette alcôve dans laquelle elle pourrait toujours se réfugier mais jusqu'ici, Wren avait été très loin d'être cette image d'idéal qu'il désirait tant véhiculer. C'était lui qui avait le plus blessé Lizzie dans toutes ces histoires car c'était lui qui était parti au moment où elle avait eu certainement le plus besoin de lui. Encore lycéenne, c'était l'époque où Lizzie se construisait, essayant de se détacher de ce que sa mère souhaitait pour elle. Wren avait joué la carte de l'exil puisqu'il l'avait éloigné de plus en plus chaque jour de son ancienne vie, mais pour y gagner quoi en contrepartie? Des témoignages glaçants d'un monde auquel Potter n'aurait jamais dû participer. Le vice n'avait jamais été fait pour elle, sa douceur si belle et si singulière. Wren aurait dû choisir une autre stratégie, changer son univers pour le calquer sur le sien, tout aurait été tellement mieux dans ce genre de circonstances. Néanmoins, il ne pouvait plus déjouer le passé, simplement subir son présent et regretter tout ce qu'il avait fait endurer la jolie brune qui n'était plus que l'ombre d'elle même à l'heure actuelle. La vie semblait s'acharner sur elle à cet instant précis et son corps marquait le fardeau qu'elle portait désormais sur ses épaules: celui d'être une victime, un nom parmi des milliers, des femmes qui se taisaient face à l'oppression masculine et qui voyait leur vie éclatée à jamais. Elle ne serait plus totalement la même désormais et cela, Wren le savait mieux que quiconque. Lui même n'avait plus vraiment été le même adolescent quand son père avait mis le feu à la demeure familiale. Il avait changé, c'était peut être furtif au moment où ses iris verts d'eau se posaient sur l'empire des flammes qui s'exposaient face à lui mais l'étincelle s'était tout de même allumée sans qu'il ne puisse la contrôler, sans qu'il ne puisse l'éteindre. Maintenant, il devait vivre avec les conséquences d'un simple choix que son géniteur avait fait et qui avait engendré l'enfer sur la misérable planète Doherty. Lizzie, elle, allait devoir vivre avec l'acte de son agresseur, elle qui n'avait rien demandé, qui n'avait rien fait pour subir autant de haine de la part d'un étranger mais le monde était clairement cruel, l'ancien pompier en était convaincu depuis très longtemps maintenant. Il n'allait pas le répéter une nouvelle fois à la brune, simplement la regarder et faire en sorte qu'elle oublie pour quelques secondes si possible la douleur qui trouait son coeur de part en part. Wren voulait être le pansement désormais, puisqu'il ne pouvait pas espérer l'alcôve à l'heure actuelle, il pouvait au moins croire au rôle qu'il pouvait jouer dans la guérison de cette femme qu'il aimait tant. "Je t'accompagnerai dans n'importe quel bonheur, Lizzie." Il savait que ce ne serait pas facile, ni pour elle ni pour lui, pas avec leur histoire personnelle mais à deux, on était plus forts, paraissait-il, alors pourquoi pas tenter cette aventure un peu folle ensemble? Wren, en tout cas, lui souriait en guise d'approbation parce qu'elle avait besoin de ce nouvel espoir, de retrouver les fondations puissantes qu'ils avaient toujours eu quand ils s'étaient connus la première fois. Rien n'avait changé au final, rien ne changerait jamais quand on aimait une personne de la manière dont ils pouvaient s'aimer, eux, sans rien dire, sans en faire trop, juste en étant là l'un pour l'autre dans les moments qui comptaient le plus. Elle était si sûre de ce qu'il valait et lui le caressait la joue en retour, son fin sourire si heureux naissant sur ses lèvres. Il l'arborait rarement celui-là, peut être juste avec sa petite soeur dans les vrais moments de oie partagés entre eux. Il y avait Freya et puis, il y avait Lizzie, les autres ne voyaient que ce que Doherty désirait montrer, jamais rien de plus. "Je crois au contraire que t'es une personne extraordinaire, moi, tu vois." Il l'avait toujours su, il ne l'avait peut être pas assez dit cependant. Wren n'était pas de ce genre là, à parler à tort et à travers jusqu'à ce que plus aucun de ses mots ne fassent franchement sens. Au contraire, il les conservait précieusement pour les sortir lors de rares occasions, comme à cet instant là où il sentait les doigts de Lizzie se promener délicatement sur son visage et il la laissa faire, sans la retenir. Il ne s'y oserait plus jamais, évidemment. "Tu savais qu'on se retrouverait alors si tu n'as pas essayé la Suède jusque là? J'y suis pas allé depuis tellement longtemps mais ça me ferait plaisir, c'est sûr..." Il aimait sa famille, même si sa mère n'avait plus les moyens psychologiques d'aller la voir. Les enfants Doherty, eux, étaient encore maîtres de leur tête, plus ou moins et Wren savait qu'il y retournerait quand il pourrait. "Je pourrais voyager n'importe où sur cette planète que ça vaudrait pas grand chose parce que toi et moi, on sait très bien que mon réconfort, ça a toujours été toi." Elle l'avait gardé sain d'esprit douze années auparavant quand sa vie partait en vrille et elle le tenait à bout de bras encore ces dernières semaines. Si précieuse Lizzie Potter. Il la regardait d'ailleurs avec tout l'amour du monde parce qu'il n'était peut être que le pansement à l'heure actuelle mais elle, elle avait toujours réussi à être l'alcôve du grand brun, à n'importe quel instant de sa piètre existence. |
| | | | (#)Mar 3 Déc 2019 - 17:51 | |
| Je t'accompagnerai dans n'importe quel bonheur, Lizzie. Voilà qui lui suffit amplement. C’est suffisant à la satisfaire pour l’instant, rassurée de voir qu’il ne lâchera pas sa main et même mieux, il viendra avec toi. « Il faut que tu le sois aussi. » Je ne pourrai pas l’être si tu ne l’es pas non plus. Les liens entre eux se resserrent et Lizzie sent que sa résistance actuelle n’est pas là, qu’elle se mouve de plus en plus dans cette gadoue de sentiments. Elle retombe, elle replonge, elle a de nouveau ses yeux d’adolescente, émerveillés et épatés, même s’il reste cette petite maturité qu’elle a prise, les voyages qu’elle porte dans ses paupières, les échecs et la souffrance qui ornent le contour de ses orbites. Elle a mûri, elle a grandi, elle a évolué mais son cœur ne peut reconnaitre l’appel de son jumeau. S’être perdue un peu en cours de route pour revenir auprès de lui, quelle douce ironie du sort. Lizzie ne veut pas porter son esprit sur le mot avec un grand A ce matin mais il rôde, il est au-dessus d’eux comme un voile, comme un malin qui n’attend que la première faille pour s’engouffrer et les envahir (de nouveau). Peut-être que c’est déjà fait, quand on considère la façon dont Wren lui sourit, magistralement, magnifiquement, visiblement heureux. Elizabeth trace le contour de ce sourire d’un doigt léger et il n’y a pas de doute, le malin a sûrement déjà frappé et fait sa place dans ses côtes, dans sa cage thoracique, dans sa tête et dans chaque veine sanguine. Elle le ressent et elle le transpire dans sa façon de le regarder de nouveau.
Lizzie hausse les épaules, la moue ne croyant guère à ses propos. « Tu disais quoi aux gens que tu sauvais quand ils disaient que t’étais un héros ? C’est la même chose pour moi. J’ai juste occupé mon temps le plus utilement possible. » Et de toute façon, ce n’est pas le moment pour elle de se sentir extraordinaire. Elle a juste cette boule de noirceur au fond du ventre qu’elle va avoir du mal à exorciser. Un travail sur elle-même majoritairement mais dont le soutien de ses proches sera le plus précieux. Même si elle ne compte pas le crier sur tous les toits et que pour l’instant, seul celui de Wren lui importe. « Dans un coin de ma tête, j’ai peut-être pensé qu’on allait se revoir un jour. Inconsciemment. Je sais pas. J’attendais le guide parfait pour ce pays-là. » Elizabeth se mord la lèvre tout en glissant ses doigts dans la chevelure du jeune homme, s’appliquant à caresser doucement chaque mèche. Il est curieux de constater qu’elle s’est involontairement un peu rapprochée dans l’entreprise sans qu’elle ne tressaille. Wren la distrait par des paroles et elle finit par déglutir sévèrement face à leur portée, le palpitant s’affolant plus qu’elle n’aurait souhaité. « Pour l’instant, c’est plutôt toi mon réconfort que l’inverse. » Comme hier et sûrement aussi comme demain. Lizzie sourit faiblement alors qu’un félin vient se faufiler entre eux, s’étalant de tout son long juste devant leurs nez. Elle a un léger rire en ôtant sa main de Wren pour la mettre sur Croustibat qui ronronne indécemment. Comme une protection de l’univers, ou un putain de barrage qu’il fout encore entre eux de la plus délicieuse des manières. « Décidément, Crousti sait comment attirer l’attention sur lui. » dit-elle en lui flattant la tête et les oreilles avant de le caresser doucement, son regard se portant de nouveau sur son propriétaire. « Tel chat tel maître je suppose. » rajoute-t-elle avant de fourrer son nez dans le pelage de l’animal qui la sent deux minutes avant de ronronner de plus belle. Avec une telle garde avec elle, Lizzie pourrait se rendormir et oser espérer ne pas avoir de cauchemars venir la troubler.
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| | | | | | | | WRIZZIE • fight, flee or freeze |
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