| Need the end to set me free ¤ Freya |
| | (#)Dim 17 Nov 2019 - 20:59 | |
| Son corps entier était en combustion et rien n'avait de sens. C'était toujours ainsi quand la crise le happait. Il souriait la seconde précédente et la suivante, il se sentait partir vers la pénombre. Tim n'avait jamais réussi à contrôler, il était resté l'enfant de cinq ans qui sentait les larmes rouler le long de ses joues alors que sa génitrice le tenait fermement par les poignets, coupant instantanément sa circulation sanguine. Il avait mal mais il ne disait rien. Timothy ne parlait jamais, question de principe. A quoi cela servait-il d'exprimer sa douleur? Personne n'écoutait, de toute manière. Ce monde était sûrement bien plus fou que sa mère au bout du compte et le jeune soldat ne pouvait décemment plus le supporter. Il sombrait, le souffle court, ses mains accrochées au comptoir de la cuisine, laissant le couteau tomber par terre, manquant de le blesser. Decastel n'avait pas l'air de s'en soucier, pas alors que sa respiration s'accélérait, prête à s'arrêter elle aussi et il savait que cela viendrait, qu'il tomberait et se relèverait, plus hagard encore. Il n'y avait pas de raison apparente à cette nouvelle crise, mais y en avait-il eu un jour? Tout était invivable. Absolument tout. Il y avait toutes ces images qui l'étreignaient, qui balançaient de milliers de coups de poignards dans son palpitant et Tim était incapable de se défendre, il n'avait jamais su le faire. Il revoyait le départ de son père, les violences répétées de sa mère, l'abandon de son frère. La famille, c'était habituel. Puis, il y avait la peur de voir Freya se noyer au fond de la baignoire, les mots cruels de Charlie à son encontre, les douleurs répétées, assénées sur un coeur qui n'arrivait plus à vivre. Tim ne sentit même pas les larmes couler sur sa joue, il ne vit rien en fait. Juste cette sensation de ne plus pouvoir respirer et son système qui s'arrêta, juste une seconde. Le temps du trou noir. Il tremblait en ouvrant les yeux, sans savoir où il était mais il constatait juste qu'une douleur effarante s'emparait de son arcade, certainement le choc avec le sol. Tim ne savait plus ce qu'il faisait là, il voulait partir, il voulait chasser les images. Disparaître, faites le disparaître. Si Dieu ne l'entendait pas, Decastel savait parfaitement comment réagir pour que les voix se taisent au fond de son crâne. Il courut jusqu'à sa chambre, observa quelques instants l'armoire et s'y inséra, là, dans un endroit bien trop petit pour le grand homme qu'il était devenu. Tim se recroquevilla comme il le put, ses mains fermement serrées autour de ses jambes, elles-mêmes collées à sa poitrine et il pleura. Il espérait que ce serait suffisant pour calmer son souffle mais il n'en était rien. Ce n'était jamais le cas: Timothy était encore et toujours ce gamin sans défense, celui qui souffrait de la cruauté d'un monde dont il n'avait jamais franchement désiré de faire partir. Et là, tout de suite, il ne voulait que cela, il voulait mourir.
@Freya Doherty |
| | | | (#)Dim 17 Nov 2019 - 21:52 | |
| Freya a un mauvais pressentiment depuis quelques temps. Torturant sa sucette entre ses dents d’une main, sa petite fiole trônant fièrement de l’autre, elle observe d’un œil aguerri les allés du cimetière. Début novembre, c’est la période propice des allées et retours incessants de ceux qui viennent se recueillir, nettoyer les tombes, rafraichir les fleurs. La jeune femme coince le bout rond de sa sucette avec sa langue alors qu’elle libère son autre main pour décapsuler sa bouteille. La journée est longue et ses regards sur son téléphone lui laissent dans le désarroi le plus total. Pourtant, elle ne devrait pas s’en faire. Ils n’ont pas besoin d’être collés cul et chemise toute la journée, n’est-ce pas ? Elle regarde en l’air pour apprécier le temps printanier quelques secondes avant de soupirer et de passer la main dans les cheveux. Ses doigts reprennent sa sucette, le goulot prend sa place rapidement, sa gorge envahie d’éthanol en moins de temps qu’il ne faut le dire. Personne n’est là pour la voir, elle, de toute façon. Elle fait maintenant partie du décor, on ne la remarque pas vraiment. Enfin, ils vont bientôt se rappeler qu’elle est là parce qu’une fois sa bouteille finie, Doherty se lève pour aller la foutre à la poubelle extérieure tout en refourrant son bonbon dans la bouche. Elle tient la jambe à ceux qui trainent encore la patte – elle ne comprendra jamais comment on peut trainer autant dans un cimetière. La suédoise songe deux minutes à l’appeler, ne serait-ce que pour être rassurée. Elle n’avait pas prévu de se rendre chez Tim ce soir. Cependant, quand elle voit l’immeuble de son copain à quelques pas du sien, elle ne peut s’empêcher d’avoir ce mauvais pressentiment qui revient. Elle regarde son téléphone puis un léger ‘fuck it’ sort de ses lèvres tout en déviant la trajectoire. Tobias peut se passer d’elle une soirée, il en serait même que plus ravi. Freya joue avec les clés machinalement alors qu’elle se dirige vers le troisième immeuble qu’elle commence à connaitre le mieux à Fortitude Valley. Et puis, Tim lui a confié les clés, depuis le temps, elle devrait savoir qu’elle peut y aller quand elle le veut, n’est-ce pas ? Oui mais il y a ce… mauvais pressentiment.
Quand Freya entre dans l’appartement, il y a un calme affligeant. Pourtant, le verrou n’est pas enclenché, signe que quelqu’un est présent. « Tim ? » Elle se débarrasse de sa veste et de son sac qu’elle laisse trainer sur la première chaise qu’elle croise, ses yeux bruns se posant sur la cuisine. Il y avait eu du mouvement de ce côté-là et elle fronce des sourcils tout en ramassant le couteau pour le poser dans le lavabo. Elle jette le cadavre de sa sucette dans la poubelle. « Y a quelqu’un ? » Peut-être qu’il y a son colocataire. Freya se mord la lèvre tout en se dirigeant naturellement vers la chambre de Tim. « J’espère qu’y a quelqu’un parce que la serrure ouverte, c’est pas très- » Mais elle s’interrompt brutalement, la fin de sa phrase se perdant dans son esprit alors que son regard, attiré par des sanglots, se pose irrémédiablement vers l’armoire. Et elle a le cœur qui semble tomber de plusieurs étages quand elle prend connaissance de Tim dans le meuble, bien trop grand mais en même temps, il a l’air d’avoir envie de se rétrécir un peu plus. « Tim, qu’est-ce que… » Freya déglutit et s’approche doucement, tentant de garder son calme le plus absolu. Qu’est-ce qu’elle est censée faire ? Comment on doit réagir dans ce genre de moments ? Et surtout, comment on tient bon quand on voit celui pour qui le cœur s’emballe se montrer aussi vulnérable ? La suédoise se met à genoux devant l’armoire pour se mettre à sa hauteur. « Hey, mon étoile bleue a besoin de plus de place que ça. » Tenter le ton léger avec un petit sourire alors qu’on a le palpitant qui manque de défaillir. Garder son calme le plus sincère. Il a été là pour elle, c’est à son tour d’être là pour lui. Elle espère juste faire de son mieux pour effacer ses larmes qui lui cisaillent son visage si doux.
Il est là, le mauvais pressentiment, juste devant ses yeux.
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| | | | (#)Dim 17 Nov 2019 - 22:35 | |
| Personne ne viendrait le trouver là. En tout cas, sa mère n'avait jamais chercher à le retrouver dans un petit placard au fond de sa chambre, rose bien évidemment. Déjà, à cette époque, le jeune homme savait qu'il n'aurait jamais dû fouler cette terre et avec le temps, cette sensation avait pris de plus en plus d'ampleur. Tim avait lutté pourtant, autant que possible, pour chasser ces fichus démons mais rien n'y faisait. Il était possédé et il n'y avait aucun moyen pour que le tout cesse. Rien ne pourrait le sauver de lui-même. Alors, peut être que Decastel attendait juste de mourir de faim et de soif dans son armoire, ce serait une fin clémente pour un soldat déchu. Il donnait raison à sa mère, serrant fortement son poignet d'une main violente. Il se faisait mal mais il n'avait pas le choix, c'était le seul contact qui lui permettait de rester dans cette réalité. Il ne sentait d'ailleurs plus ses doigts déjà mais ce n'était pas ce qui semblait le tracasser. Il avait les yeux dans le vide, il ne voyait rien, Decastel était au fond de ses pires pensées, de tous ces mots affreux qu'on avait prononcés envers lui. La haine était constante envers lui et elle devait forcément venir de quelque part, non? Il fallait une raison pour qu'on le traite aussi mal et le brun ne pouvait que se considérer comme la pire personne de cette planète à ce moment-là. Timothy n'avait jamais rien accompli de bien, il faisait beaucoup trop de mal autour de lui, Freya, Charlie, Alex, son frère, il les blessait tous d'une manière ou d'une autre. Au moins, s'il restait au fond de son placard, jamais plus ils n'auraient mal à cause de lui et ce serait un soulagement pour lui. Il était perdu aux yeux de cet univers, oui, et ne fit que peu attention au fait que Freya était arrivée près de lui. Tim ne voulait pas qu'elle le voie ainsi, il avait tout fait pour éviter cela, de lui faire cette peine, se raccrochant encore plus vivement à son poignet. Sa main était déjà blanche parce qu'il serrait trop fort, que ses muscles étaient trop contractés pour qu'il n'arrive à bouger. Il allait rester dans cette position jusqu'à ce que la mort le libère. Immobile, ses larmes et ses sanglots comme seules attestations qu'il respirait encore. "Non, j'en prends encore trop." Il avait l'impression de peser dix tonnes, d'occuper tout l'espace du meuble et Freya pensait tout l'inverse. C'était normal parce qu'elle l'aimait. "Pourquoi tu m'aimes? Je suis horrible." Il fallait que les mots lui échappent sans raison. "C'est pour ça que ma mère me frappait, que mon père m'a abandonné et a fait d'autres enfants, qu'Ariane est aussi foutue que moi à cause de ça, que Charlie veut avorter du môme une fois sur deux. C'est pour ça qu'il faut me détester, je blesse tout ce que je touche. Même toi, t'as failli te noyer à cause de moi." Il était blessé de trop de moments, complètement hypnotisé par cette douleur qui martyrisait son âme, jusqu'à ne plus pouvoir respirer, sa tête tombant instinctivement entre ses genoux. Il allait serrer encore plus fort pour que le flot s'arrête. Qu'il ne respire plus du tout et s'endorme. A jamais, il l'espérait.
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| | | | (#)Dim 17 Nov 2019 - 23:47 | |
| Ses yeux flanchent de son mouvement autour de son poignet à ses lèvres qui s’expriment avant d’atterrir sur ses yeux bleutés qui se voilent derrière l’humidité des larmes qui ne cessent de couler sans interruption. Freya se retrouve devant ce qu’elle avait pu craindre, mais dont elle n’a jamais pensé à mesurer les dégâts. Déjà avec Jillian, elle l’a senti défaillir, ne pas être forcément au meilleur de sa forme. Les jours qui passaient et le moral du soldat semblait s’alourdir. Même s’il s’efforçait de sourire, les crispations de ses doigts ont toujours parlé pour lui. Freya n’a rien dit. Il n’aborde pas le sujet alors elle ne le fera pas non plus. C’est à lui de venir lui parler. Elle a déjà connaissances des traumatismes qu’il a connu, du traitement ignoble infligé par une génitrice visiblement sans instinct maternel. Sur ça, au moins, elle peut presque le comprendre. Mais Tim n’est pas Freya. Quand elle va tempêter, hurler, s’époumoner, faire un doigt d’honneur à l’univers entier, lui se renfermera, il s’affaissera, il restera dans son coin. Exactement comme maintenant, où il murmure qu’il en prend trop. Trop de place, trop d’oxygène, trop de vie. Et Freya aurait envie d’aller massacrer la personne principale responsable de ce genre de pensées dans la tête du beau brun. Pourtant, elle reste fermement en place, l’écoutant avec peine lui demander pourquoi elle l’aime, qu’il est horrible et… Et ensuite un déferlement de paroles qui s’enchainent et qui s’entrechoquent sans qu’elle s’y attende ou pire, sans qu’elle puisse les comprendre. La suédoise se prend cette vague dans la figure, face à Tim qui a l’air à bout de souffle. Les prénoms se font familiers dans sa tête – mais des Ariane et des Charlie, il doit y en avoir des centaines voire plus à Brisbane, n’est-ce pas ? Et la dernière note, celle la concernant, qu’elle se prend en plein fouet qui manquerait presque de la faire chanceler. Mais Freya s’en fiche de ce qu’elle peut penser ou ressentir à ce moment précis. Tim est au bord d’un gouffre dont elle ignore à quoi le fond ressemble. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle veut l’extirper de là, l’éloigner de tout ça, de ce qui se passe et s’immisce dans sa tête. Si elle se sent impuissante, c’est au moins la moindre des choses qu’elle peut faire.
Alors la suédoise prend une inspiration tout en se redressant. « Tu n’as jamais mérité tout ça, Tim. » Elle pose une main hésitante sur celle qui serre son poignet, comme si elle a peur de le brusquer. Freya ignore le manuel d’emploi pour ce genre de situations alors elle n’écoute que son instinct – et son cœur, aussi. Malgré le fait qu’il soit en train de se briser en mille morceaux devant ce portrait des plus tristes, il veut se raccrocher à celui pour lequel il vibre depuis des semaines. Sa main s’attelle à lui faire perdre la pression qu’il continue à avoir autour de son poignet alors que l’autre se pose doucement sur le haut de son dos, se rapprochant avec précaution du jeune homme qui n’a visiblement qu’une envie : disparaître. « T’as pas d’contrôle sur ce qu’il s’passe autour de toi. » Elle est sûrement maladroite, Freya, parce que d’habitude, elle n’est pas de ce côté-là. Mais pour Tim, elle essaiera de s’y prendre du mieux qu’elle peut, dans les capacités qui sont les siennes. Elle finit par réussir à passer ses doigts sur ceux de Tim qui s’agrippaient à son poignet pour les enrouler ensemble. « Tu sais que c’est pas à cause de toi ce qui m’est arrivé. Et tout ce qui est arrivé avec tes parents ou même… Charlie, c’est pas d’ta faute. » Doherty glisse ses doigts sur le bas de ses cheveux pour le masser doucement, tentant de se rappeler les gestes qui réussissent à l’apaiser elle-même. Elle penche la tête pour essayer de voir son visage mais il le tient fermement entre ses genoux. « Tu veux pas quitter l’armoire, mon étoile ? Tu risques rien, ici, y a personne d’autre que nous deux. » Même si elle ne le brusquera pas, qu’il ne sortira que s’il a envie. Qu’elle restera au pied de cette putain d’armoire aussi longtemps qu’il le faut, quitte à y passer des heures voire la nuit complète. Freya ne peut décemment pas le laisser tout seul dans un tourment pareil. Inimaginable.
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| | | | (#)Lun 18 Nov 2019 - 0:47 | |
| Dans ces moments là, Tim ne pouvait que se faire plus de mal, masochiste à l'état pur. Il fallait qu'il se punisse encore et toujours de ne pas avoir été l'enfant prodigue que sa mère aurait désiré. Au final, l'éducation créait ce genre de rapports avec soi-même, il fallait répéter les schémas familiaux et surtout, ne jamais s'en défaire, question de principe. Tim avait cru qu'il était débarrassé de tout cela, qu'il vivait avec ses traumatismes sans en être totalement perturbé mais il n'avait fait que reculer l'échéance. Il savait pertinemment ce qui était en train de lui arriver à l'heure actuelle: c'était la goutte d'eau, un moment de trop qui l'avait fait déraper mais pas de manière instantanée, non, bien des jours après. Après tout, Timothy avait assez de force pour tout garder ancré profondément au fond de lui jusqu'à ce que la soupape explose. C'était aujourd'hui, c'était maintenant. Malheureusement, Freya était celle qui devait gérer ce désespoir totalement incompréhensible comme lui avait dû la sauver d'elle même quelques semaines auparavant. Il n'y avait clairement pas de justice dans ce monde car c'était un sacré fardeau pour deux petites personnes de se sauver l'un l'autre de ces angoisses persistantes. Ils avaient l'air d'avoir assez de folie pour tenir le choc cela dit, ce qui relevait d'un instant extraordinaire. Tim, en tout cas, ne bougeait plus pendant que Freya parlait. Il essayait de se rattacher à son discours, à n'importe quoi pour se sentir mieux mais même si sa main était sur la sienne pour qu'il desserre l'emprise de son poignet, rien n'y faisait, il n'était pas prêt. Le serait-il un jour? En fait, Tim se sentait juste emprisonné dans un corps qui n'était plus le sien et il avait beau essayer de gratter à la surface, rien n'y faisait, l'enfer le gardait en captivité. "Non, il faut que je reste là. Je vais tomber sinon. Encore." Elle ne le voyait pas mais son arcade soignait du malaise qu'il avait eu tantôt alors, il préférait dissimuler cela aussi en gardant sa tête bien coincée entre ses jambes, tremblant comme jamais. Elle avait sûrement raison pourtant, il ne l'avait pas mérité mais le destin lui faisait comprendre l'inverse, constamment et Timothy ne savait plus qui croire, encore moins qui écouter. "Tu devrais pas être avec moi, Freya, je te fais du mal à toi aussi. Je te fais du mal parce que je vais peut être avoir un bébé si Charlie avorte pas et je sais que ça te fait du mal, ça. Je suis le pire petit ami du monde." Il était le pire homme du monde, voilà ce qu'il pensait et il n'avait pas envie de changer d'avis à ce sujet. Non, Decastel avait besoin de se complaire dans son mal être parce que c'était la seule chose qui semblait avoir du sens au fond de son coeur. "Ce serait mieux si je disparaissais. Ma maman a essayé de me tuer, elle aurait dû réussir et mon papa, il a fondé une nouvelle famille, on était que les essais ratés avec Ariane. Et Charlie, elle est avec Kane et ils élèveront le bébé tous les deux. Et toi, tu vas plus m'aimer, c'est sûr et t'auras raison." Il ne pouvait plus être cohérent car son angoisse le hantait tout entier, il n'était que douleur. C'était profond et ses doigts se refermaient sur sa peau, il se blessait un peu plus encore et rien n'était prêt de s'arrêter. Il aurait simplement voulu cela pourtant, que tout cesse. Qu'il puisse s'apprécier un jour, une quête bien vaine si on constatait son état actuel.
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| | | | (#)Lun 18 Nov 2019 - 7:50 | |
| La suédoise tente quand même. Elle essaie de l’apaiser par la présence de ses mains sur lui. Elle essaie de faire preuve de sang froid même si elle n’aurait que d’envie d’une chose : appeler sa meilleure amie ou même son frère pour savoir comment on fait. Mais Freya ne veut pas le lâcher, ni du regard, ni de sa proximité. Comme si ça suffit à l’apaiser. Visiblement non puisqu’il se renferme un peu plus sur lui-même, il a l’air de se punir pour des choses qui dépassent la compréhension de la jeune femme. « Okay, okay, tu peux rester alors. Mais tu sais que j’suis là pour te rattraper, Tim. La galaxie ne laisse pas tomber une étoile aussi facilement. » Sa voix est douce, quoiqu’un peu tremblante. Freya ignore si elle peut s’approcher plus, si elle peut lui embrasser les cheveux comme elle le fait si souvent. Elle aimerait qu’il lève son visage vers elle, qu’il se replie sur elle, qu’il lui laisse porter une partie de son fardeau. Pourtant, les signes ont été là. Au fur et à mesure des jours, elle l’a vu perdre de sa prestance plus d’une fois. Il n’avait rien dit, il a tout gardé pour lui. Peut-être que Doherty s’en veut, parce qu’elle s’est montrée elle-même mal au point au début de leur relation. Si elle avait été dans un meilleur état d’esprit, Tim aurait pu se reposer sur elle, il aurait pu se confier avant, il n’aurait pas eu à tout emmagasiner sans rien dire. Mais non, les choses ne sont pas passées comme ça et leurs fichus psychiques leur jouent des tours à tour de rôle, comme une ironie macabre d’un univers qui veut vraiment se foutre de leurs tronches.
Le sujet ‘Charlie’ revient dans ses paroles et Freya se rappelle brutalement des messages échangés avec sa Charlie. Incapable de venir en soirée parce qu’enceinte. Un et un font deux, c’est bien connu. L’équation à faire est donc Tim et Charlie font un bébé. C’est juste absolument irréaliste. Cette histoire de bébé est un sujet qui a été peu abordé. Parce que la première échographie a été le jour où Freya a déconné avec Jillian. Qu’elle préfère oublier que son copain attend un marmot avec une autre. Charlie. Il attend un marmot avec Charlie, fourre-toi ça dans le crâne. Okay. De toute façon, qu’est-ce qu’elle peut en faire, de cette information ? La seule chose qui lui fait bouillonner le sang, c’est que Charlie joue avec les nerfs de Tim avec cette histoire d’avortement et que c’est cruel en plus d’être injuste. La mâchoire de Doherty se crispe un peu plus alors que Tim continue, qu’il se dirige de nouveau vers la pente de ses parents, et Ariane, et de nouveau Charlie. Et elle, dont il est persuadé qu’elle finira par le quitter. Et ça lui brise le cœur parce que rien n’est sûr, rien n’est gravé mais rien ne veut l’éloigner de lui. Encore moins maintenant et tout de suite. « Ne parle pas de demain, Tim. Pour l’instant, c’est toi que j’aime, mon étoile, avec tout ce que tu trimbales comme bagages. J’ai signé pour ça, tu t’rappelles ? J’ai accepté les conditions, moi aussi. » Les traumatismes, l’enfance, la femme enceinte, les cauchemars, le manque d’assurance, Freya a coché toutes les cases quand elle s’est mise avec lui. « Personne ne veut que tu disparaisses, mon ange. J’suis sûre que même Charlie, ou Ariane ne le voudraient pas non plus. Et ton bébé, il a besoin de son papa. De son vrai papa. C’est toi, Tim. Si tu veux être dans sa vie, personne peut te retirer ce droit. Ni moi, ni Charlie. » Elle ne peut vraiment pas lui dire de faire comme son père et d’ignorer ce gamin. Freya n’est pas cruelle à ce point. Et même si elle continue à trembler sous le stress de la situation, elle prend une inspiration forte. Ce mélange avec la colère contre le monde entier s’amplifie un peu plus alors qu’elle pose son menton sur son genou, à côté de sa tête, sa main glissant jusqu’à ses mèches de cheveux pour les caresser doucement. « Laisse-moi te porter à mon tour, Timothy. J’veux être là pour toi comme tu l’as été pour moi. Ne t’cache pas d’moi, s’te plait. » chuchote-t-elle faiblement. Elle aurait envie de hurler contre ces parents qui n’ont pas été fichu de prendre leurs responsabilités. Elle aurait envie de crier contre Charlie, pour ne jamais savoir ce qu’elle veut, de le tourmenter comme ça, de jouer visiblement sur deux tableaux en même temps. Elle aurait envie aussi de tordre le cou à toutes ces personnes ayant pu traverser sa route et le faire sentir plus faible qui ne l’est réellement. Parce que c’est eux qui sont la cause d’un Tim complètement défaillant et à bout, enfermé dans un putain de placard. Freya fera du mieux qu’elle peut pour lui montrer la route de la sortie. Avec son cœur gonflé, prête à l’accueillir quand il lèvera au moins le visage vers elle. Elle pourra s’en contenter pour l’instant.
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| | | | (#)Lun 18 Nov 2019 - 22:48 | |
| Aucun mot ne semblait être assez fort pour le soulager. Tim avait compris depuis bien longtemps déjà qu'ils étaient futiles dans ce genre de situations: à l'inverse, le jeune semblait se murer toujours plus dans son désespoir, cherchant par là à perdre toute place qu'il avait pu avoir jusque là dans cette fichue société. Il avait tort, bien évidemment, mais en proie à de tels tourments, Decastel n'était plus franchement capable de prendre des décisions rationnelles. A l'heure actuelle, en tout cas, il n'avait absolument rien de cela, recroquevillé contre ses genoux à pleurer toutes les larmes de son corps, luttant contre les plus viles crampes, plutôt vainement à vrai dire. Timothy ne comprenait plus ce qu'il faisait ici, encore moins vers où se diriger maintenant que son existence toute entière était sans dessus dessous. Même son nom de famille n'avait plus aucune valeur depuis qu'Ariane était venue le quérir. Sans identité qui lui était propre, sans porte de sortie, Tim ne pouvait que se laisser aller à cette petite mort qui le tiraillait de plus en plus chaque jour, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus s'en défaire. Il aurait aimé pouvoir tenir plus longtemps, être encore debout malgré tout mais le brun ne faisait qu'enchaîner les déceptions le concernant récemment. Il n'était plus certain de grand chose, sauf du fait qu'il était un fardeau pour tout son entourage, c'était ce qu'il pensait en tout cas, même s'il n'était question que de vulgaires idées noires engendrées par les tracas qui s'étaient accumulés ces derniers temps. Néanmoins, Freya restait à ses côtés, sûrement tout aussi perdue que lui. Les rôles s'inversaient: elle devenait impuissante face aux troubles de Tim et le jeune homme n'avait pas l'air enclin à vouloir l'aiguiller. En fait, il en était proprement incapable, totalement aveugle du décor qui l'entourait, se sentant encore en vie juste parce que sa main serrait si fort son poignet qu'il allait bientôt devoir envisager une rééducation. Le pauvre soldat n'avait plus l'air d'être une personne glorieuse en uniforme mais sa suédoise ne voulait pas le laisser ainsi. Cela, Timothy l'entendit, même s'il ne put rien répondre, serrant un peu plus ses genoux l'un contre l'autre. Il parlait mais rien n'avait de sens, rien n'aurait pu en avoir vu le peu de vérité qu'il y avait dans ces mots si cruels envers lui-même. Il ne s'agissait que de haine, pas envers les autres, jamais, mais contre lui-même parce qu'il n'avait jamais été quelqu'un de commun et qu'il n'avait jamais su gérer les codes sociaux. Aujourd'hui, il le payait le prix fort. "T'as accepté d'être avec un fantôme?" C'était ce qu'il était depuis que sa famille l'avait bousillé et Tim n'arrivait pas à reprendre le dessus, pas maintenant en tout cas. "J'ai pas de droits, tu le sais bien. C'est elle qui va décider, c'est son corps, pas le mien..." Il n'était que le dindon de la farce, celui qui ne savait plus où se placer parce qu'il avait beau être le père sur le papier, dans la réalité, il n'était pas le plus apte à assumer la tâche. Il n'y avait qu'à voir sa position à l'heure actuelle, son regard fuyant entre ses jambes, sa respiration peu aisée, Tim était encore un gamin et il ne pourrait jamais guérir de cette innocence qu'on lui avait volé. "Pourquoi tu veux ça, Freya? Je vais te faire du mal si tu me vois comme ça. Tu vas croire que c'est ta faute alors que non, je suis juste comme ça... Je suis bien plus fou que ce que tu pouvais penser de toi parce que moi, je le cache. Et regarde le résultat." C'était pire, oui, parce qu'on ne voyait pas ce qui le tourmentait au quotidien et ce, jusqu'à ce qu'il explose. Cela dit, le brun finit par relever des yeux rougis vers la suédoise, incapable de bouger, ses muscles ne lui répondant toujours pas, forcément. "J'ai mal. Ça serre partout, je peux pas bouger, tu pourras pas me porter, je suis trop lourd." Ou trop mort, au choix.
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| | | | (#)Mar 19 Nov 2019 - 22:16 | |
| Freya peut essayer de le comprendre, même si déjà elle-même ne se comprend pas quand elle n’est pas bien. Des vagues à répétition, qui viennent, qui partent, qui foutent leur houle et leur tempête, leur grande marée et leur tsunami mais on sait que ça finira par s’arrêter. Parce que c’est comme ça que ça fonctionne. Ça revient et ça repart, on finit par ne plus vraiment s’en inquiéter et c’est sûrement pour ça que parfois, très rarement, mais trop souvent pour ses proches, elle frôle l’impensable, l’injustifiable, le plus cruel des actes. Mais Tim n’est pas Freya, il n’a pas la même chose, il n’a pas la psychologie tournée de la même façon. Il emmagasine toujours, constamment et il ne lui parle pas. Il ne lui a rien dit pendant des semaines, il a voulu sûrement la protéger en agissant comme ça. Bien sûr qu’il a pu se réfugier auprès d’elle quand il était en crise. Evidemment qu’elle le couvrira de tous les baisers esquimaux du monde pour revoir au moins la commissure de ses lèvres se courber dans ce qui pourrait ressembler à un sourire. Elle a voulu lui prouver qu’elle serait là pour lui, parce qu’il l’a été pour elle. Et pourtant, il y a toujours cette impression que quelque chose manquait, qu’une pièce du puzzle manquait, qu’il lui parlait mais qui ne lui disait rien. Freya n’est pas du genre à se poser trop de questions en général mais quand ça concerne son entourage proche, évidemment qu’elle va se torturer l’esprit. De la banalité à savoir où il est jusqu’au moment le plus tortueux où elle le voit se crisper, elle le sent se perdre mais qu’il se raccroche juste à elle sans lui parler.
En tout cas, pas comme il est en train de le faire en ce moment. La suédoise doit ravaler les nouvelles informations qu’elle vient d’avoir, qui tombent comme des mines en plein champ de bataille. Timothy lui parle de fantôme, il insiste sur le fait qu’il n’a aucun droit sur le devenir de l’enfant. Et pour ça, Freya ne peut rien faire d’autres que d’essayer de lui masser les cheveux un peu plus fort. Elle n’y connait rien quand ça concerne les enfants. Elle ne les supporte pas. Sauf à quelques rares exceptions. Mais sa mâchoire ne peut s’empêcher de se crisper. De colère envers Charlie et certainement un peu envers elle-même d’avoir cette boule qui se tort dans son estomac sous l’effet d’une jalousie qu’elle ne peut éloigner malgré elle. « C’est pour ça qu’tu hantes toutes mes nuits, alors. » lâche-t-elle doucement, son fin sourire s’entendant dans ses paroles. Doherty secoue la tête ; elle doit s’y prendre mal certainement. Mais elle fait du mieux qu’elle peut et c’est déjà pas mal à ses yeux. Et l’humour, ou au moins la tentative, c’est toujours une solution profitable. Tim n’a pas choisi la personne la plus responsable pour sa future progéniture, Freya est bien placée pour le savoir. Que la rousse joue sur le froid et le chaud ne la surprend malheureusement pas mais ça l’agace, ça tiraille ses nerfs un peu plus à chaque fois qu’elle voit et entend Tim dans cet état. Evidemment que c’est le corps de Charlie, évidemment qu’elle décide. Mais… « C’est pas d’ta faute si elle sait pas ce qu’elle veut. T’es un dommage, pas la cause, Tim, j’en suis sûre. » Et puis franchement, Charlie, mère ? Elle serait presque d’avis à ce qu’elle laisse le gamin à des mains plus sûres une fois sorti de son ventre.
Et pour l’instant, pas à celles de Tim qui s’acharnent, qui s’agrippent, qui se torturent mutuellement. Et quand il lève la tête vers elle, Freya eut un léger mouvement de surprise. Il pleure, il est complètement effondré, il a mal, et putain que ça lui fait mal en retour parce qu’elle sait ce qu’il doit ressentir. Sa détresse est tellement palpable que tout en elle tangue. Ses doigts se dirigent naturellement vers l’arcade qu’elle caresse doucement. « Timothy… » Doherty aurait envie de lui dire qu’il aurait dû l’appeler. Il n’ignore pas qu’elle aurait tout laissé en plan pour le rejoindre. Elle finit par s’approcher un peu plus de lui, sa main toujours autour des siennes. Elle se redresse sur ses cuisses pour venir le prendre contre elle, le visage du jeune homme contre sa poitrine, son bras autour de lui. Elle s’en fout si elle saute les frontières, qu’elle ne fait pas preuve de délicatesse. Freya veut juste le serrer contre elle, lui assurer qu’elle est là. « J’serai assez forte pour toi, mon ange. » Elle plonge ses lèvres dans ses cheveux pour l’y embrasser. « Personne est fou. T’as juste trop pris de chocs sans rien dire ces derniers temps. » Et ça, c’est sûrement de sa faute à elle. « Autant d’informations d’un seul coup ferait flancher n’importe quel humain. » Elle déglutit légèrement, son menton se posant sur son crâne tout en le berçant doucement. « Ça aurait été de ne pas t’voir comme ça qui m’aurait fait du mal, Tim. J’veux pas que tu te caches de moi. J’serai pas les autres. Je t’abandonnerai pas. J’te lâcherai pas. Je resterai parce qu’on s’est promis une Freya totale pour un Tim entier. Et que je t’aime trop pour faillir à ma promesse. Alors repose toi sur moi, mon étoile. » Et elle persistera. Tim pourra dire tout et n’importe quoi, Freya ne flanchera pas. Parce que quand Doherty aime, c’est contre vents, marées, tornades, tempêtes et tremblements de terre. Un point c’est tout.
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| | | | (#)Mer 20 Nov 2019 - 20:39 | |
| Ce n'était un secret pour personne que Tim n'aimait pas spécialement parler de lui, de ce qui le tourmentait. Les raisons devaient être liées à son enfance, au fait qu'il était le gamin parfaitement invisible aux yeux de tous, celui qui pouvait se cacher dans un placard une journée entière sans qu'on ne cherche à venir l'y cueillir. Ce traumatisme là ne s'effaçait pas, même s'il était arrivé à l'âge adulte parce que Decastel ne s'était pas attendu à ce qu'on vienne le trouver là, entre deux cartons de vieux vêtements. Pourtant, Freya n'était pas une figure de son enfance, elle ne faisait pas partie de ceux qui l'avaient molesté ou abandonné, bien au contraire, elle s'était montrée présente ces derniers temps, le soutenant en silence parce qu'elle n'osait pas réellement demander ce qui lui passait par la tête. De son côté, le brun ne se sentait pas spécialement prêt à en parler de lui-même puisqu'il ne savait pas par où commencer: tout ce dont il avait conscience, c'était que sa vie était sans dessus dessous, qu'il n'avait plus aucune certitude et qu'il ne savait décemment pas comment se sortir de là. Tim pensait bien trop à son géniteur ces derniers temps, alors qu'il avait cru l'avoir définitivement oublié peut être dix ans auparavant mais avoir vécu dans ce mensonge ne l'aidait pas à se sentir fort à l'hure actuelle. Même son nom de famille était faux, rien n'était sien et il ne savait pas comment surmonter tout cela. On ne lui avait jamais demandé son avis pour rien, il avait subi et ces derniers temps, pourtant, le brun avait retourné la tendance, tout cela pour quoi? Il se prenait un retour de bâtons des plus spectaculaires parce que son existence toute entière n'était qu'une mascarade, qu'il n'avait aucun droit sur rien et l'avenir n'avait pas l'air plus serein que le passé. Timothy tremblait encore de ce fait et il attendait la mort, il ne pouvait faire que cela quand sa crise s'étirait en longueur et qu'il n'avait aucune capacité d'action. Pour le moment, seulement la douleur physique qu'il s'infligeait lui laissait penser qu'il était encore vivant, tout le reste était perdu à ses yeux. Decastel n'avait plus qu'à se concentrer sur les mots de Freya, sans pouvoir prononcer quoique ce fut car sa gorge avait fini par se nouer elle aussi. Son noeud à l'estomac était toujours présent lui aussi et il n'avait plus rien à vivre, plus rien à espérer. Jusqu'à ce qu'il sente le bras de Freya l'entourer et qu'il finisse dans ses bras. Là, dans un alcôve réconfortant où aucun mal ne pouvait venir le pêcher. Il pouvait pleurer en l'entendant dire qu'elle était là pour lui, qu'elle l'aimait et qu'il avait toujours eu de l'importance à ses yeux. La jeune suédoise ne le jugeait pas pour cette faiblesse des plus flagrantes, non, elle désirait juste le porter pour qu'il se sorte de cette cachette vicieuse. Tim finit par relâcher son poignet, totalement bleui par la pression qu'il y avait mis mais, même si les fourmis étaient présentes dans ses doigts, il ne sembla pas y prendre garde. Non, il était surtout concentré sur Freya, sur sa main qu'il vint poser sur son bras pour qu'elle continue de le presser contre lui, sa tête dans ses cheveux et son odeur le ramenant peu à peu à la vie. "Je suis désolé, ma galaxie." C'était tout ce qu'il pouvait lui murmurer, encore tremblant mais tâchant de s'extirper de l'armoire pour faire quelques mètres, avant de s'écrouler dans le lit et de ne plus bouger, prostré comme un môme, fermant les yeux et cherchant à retrouver le contrôle de son corps. "Depuis que je sais que mon père a engendré plein de gosses, j'arrive pas à respirer. Même mon nom est faux, il y a rien de vrai dans mon histoire. Je sais pas qui je suis et ça me fait peur... Je me sens pas bien dans ce monde et je vais pas être un bon père, je le sens. Et je suis un petit ami encore plus médiocre avec toi." Il étalait ses réalités entre deux respirations, complètement largué mais sanglotant un peu moins, gérant sa douleur intérieure du mieux qu'il pouvait, sa tête au fond de son coussin. Le manège s'arrêterait-il un jour? Il ne pouvait plus qu'en rêver, tout cela resterait certainement un simple fantasme.
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| | | | (#)Jeu 21 Nov 2019 - 7:36 | |
| « T’excuses pas d’être un putain d’humain, Tim. » Et s'il faut que pour cela, il se torture lui-même, il défaille complètement, il perde totalement pieds, alors ainsi soit-il. Elle sera là pour le réceptionner. Même s'il est trop lourd pour elle, elle tiendra bon. Freya est bien placée pour savoir que l’on est souvent bien trop à la merci des réactions de la tête et du corps. Qu’il est impossible de contrôler ce genre de réactions, qu’elles sont souvent plus fortes que la volonté même. La suédoise aurait envie qu’il se sente mieux, elle aimerait pouvoir prétendre qu’elle a ce pouvoir sur lui. Mais c’est un mal profond, c’est un truc qui est récurrent et qui peut stagner longtemps sans qu’on puisse y faire quoique ce soit. Les mots ne sont pas forcément suffisants, elle aurait même tendance à croire qu’ils ne servent à rien. C’est comme pisser dans un violon et l’unique symphonie qu’elle en retire, ce sont les sanglots de Tim, ses spams et ses tremblements entre ses bras, sous ses mains qui se veulent fermes contre lui mais qui agissent totalement à l’aveugle. Elles tentent quand même le tout pour le tout et elles réussissent quand même à quelque chose puisque Tim finit par s’extirper de l’armoire.
Freya eut un regard vers le haut du meuble, furtif et sans intérêt avant de le poser sur Tim qui s’est trainé jusqu’au lit, renfermé de nouveau et débitant des paroles qui rendent Freya impuissante pendant un moment. Toujours assise à genoux au sol, ses yeux bruns l’observent reformer cette coquille autour de lui, la protection qu’elle a pensé avoir un peu fissurer. « T’es réel, Tim. Il t’a abandonné, il a abandonné Ariane, et alors ? On s’en fiche, t’as pas besoin d’un père pour savoir qui t’es. C'est pas lui qui va débarquer comme une fleur pour t'apprendre c'que tu vaux. C’est pas toi l’fantôme, c’est lui. T'as sûrement gagné au change, qui sait? Crois-moi, mieux vaut ne pas avoir de père qu’un père qui t’veut du mal. » Freya a le ventre qui se tort légèrement alors qu’elle se lève pour le rejoindre, ne pouvant décemment pas le laisser comme ça tout seul. Encore une fois, Tim arrive à se rendre plus petit qu’il ne l’est réellement. Elle n’aime pas ses paroles, ni celles sur son mal être dans ce monde, ni celles sur sa capacité à être père et encore plus celles sur son rôle de petit-ami. La suédoise s’assoit sur le bord du lit, encore une fois hésitante et prudente. « On te demande pas d’être parfait, mon ange. T'as juste à faire de ton mieux. T’as un fond doux et bienveillant, évidemment que tu seras un bon père. Laisses-pas les doutes te cisailler comme ça. Il faut que tu croies à ton instinct et en toi-même. » Doherty se mord la lèvre tout regardant ce poignet à la lumière de la pièce, coloré sous la pression qu’il s’est infligé. Elle aurait peur, exactement la même peur que quand elle passe par-là. Elle se penche vers lui et pose sa main sur sa joue.
« T’es pas une mauvaise personne. Au contraire, t’es une bonne personne à qui il arrive de mauvaises choses et qu'essaie de faire du mieux qu’il peut avec ce qu’il a. T’es encore vivant, Tim, et ça, c’est une preuve de courage et de force indiscutable. » Freya lui embrasse le front et le haut des cheveux, espérant peut-être que ça fera office d’un baiser magique quelconque. Elle se sent tellement désarmé face à son mal être, comme si rien ne peut sortir Tim de sa transe. Pas même elle et ça fait quand même mal.
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| | | | (#)Jeu 21 Nov 2019 - 21:36 | |
| Tim avait toujours eu cet idéal de perfection, ce sommet inatteignable qui l'avait détruit au fil du temps. Il n'avait jamais été assez au sein de sa famille, toujours le vilain petit canard qui n'avait même pas su répondre aux souhaits de sa génitrice alors, il avait passé le plus clair de sa vie à rattraper une erreur qui n'était pas la sienne. Timothy n'avait pas demandé à naître masculin, il n'avait pas plus demandé à supporter les crises de paranoïa de sa mère ou l'abandon de son père mais il avait quand même dû vivre avec. Alors, le brun s'entêtait à vouloir être parfait en tous points, ne jamais faillir, se mettre une pression folle pour satisfaire les besoins et envies de tous les gens autour de lui. Il ne pouvait pas réussir dans cette mission, c'était trop ardu de répondre à tous comme il l'aurait voulu et récemment, il avait surtout cette sensation de se noyer entre toutes les requêtes qu'il recevait à droite à gauche. Ariane voulait être sa soeur mais Decastel, lui, ne savait pas vraiment qui il était, alors comment gérer cela? Il voulait être présent pour gérer la grossesse de Charlie mais comme il ne pouvait pas répondre favorablement à ses faveurs, il se sentait noyé et puis, il voulait être à l'image du petit ami idéal, celui qui ne tremblait jamais mais là encore, Tim devait avouer cet échec cuisant face à une Freya qui ne lui en voulait pas le moins du monde d'avoir des défauts. Il était humain, comme elle lui disait mais Timothy n'arrivait pas à rentrer le message dans sa petite caboche, se relevant tant bien que mal avant de s'échouer au fond de son lit, incapable de faire autre chose que de finir prostré pour tenter de maîtriser cette angoisse latente, celle qui lancinait son esprit et faisait battre son coeur à un rythme effréné. Freya s'asseyait à ses côtés et Timothy essayait de se raccrocher à ses mots, il avait envie d'y croire, de ne pas se perdre dans ce tourbillon de douleur qu'il connaissait pourtant si bien. Au bout de trente ans, il était vite devenu coutumier qu'il se retrouve au fond d'un placard à attendre que les heures passent en priant n'importe quel Dieu de le libérer du fardeau de la vie. Rien n'y faisait pour autant et désormais, il se retrouvait là, à espérer que sa petite amie resterait malgré tout cela. Il avait peur de la perdre, qu'elle lui tourne le dos parce qu'il n'arrivait pas à se remettre instantanément, encore cette fichue obsession de la perfection. "Mais j'avais essayé de l'oublier... J'pensais qu'il était mort et là... Il a une famille parfaite en tous points. Pourquoi il a pas voulu de nous? Parce que j'étais pas une fille, encore?" C'était le pire trouble de son existence, avec sa mère qui lui rabâchait son insuffisance à cause d'une histoire d'hormones qu'il n'avait pas pu décider. Au final, le soldat ne savait pas pourquoi son père l'avait quitté, il avait cru pendant longtemps que c'était la folie de sa mère qui l'avait éloigné mais désormais, il n'arrivait plus à en être totalement convaincu. Encore une fois, Tim était perdu et il attrapa la main de Freya pour rester proche d'elle, ne pas s'envoler vers les limbes comme il le faisait fréquemment dans un tel moment de panique. "J'ai jamais su faire ça. J'ai jamais pu parce que maman m'aimait pas comme ça. J'aurais dû être quelqu'un d'autre pour elle et je peux pas réparer ça. Je peux plus rien faire." Il avait toujours été impuissant et ce fait empirait de jour en jour. Plus la paranoïa de sa mère grandissait, plus Tim avait la sensation de perdre tout contrôle sur lui même. Et s'il était comme elle, comment ferait-il? "Je veux juste oublier tout ça. Je veux que ça s'arrête. Fais en sorte que ça cesse, Freya." Effectivement, Tim avait senti le baiser de la jeune femme dans ses cheveux et son bras vint l'entourer pour qu'il termine dans ses bras, essayant de compter les secondes entre chaque respiration. Maîtriser cette angoissa, s'accrocher au corps de Freya et prier pour qu'elle ne parte pas. "Tu peux me serrer fort?" C'était la seule chose qu'il avait toujours demandé mais qu'il n'avait jamais pu obtenir. Alors, pour cette fois, Decastel le demandait, il s'autorisait cette faiblesse là avec Doherty.
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| | | | (#)Ven 22 Nov 2019 - 7:47 | |
| « Parce que j'étais pas une fille, encore ? » Jamais Freya n’aurait pu penser que ce genre de traumatismes existe réellement. Qu’une mère prenne son gamin pour une fille au point de lui laisser une marque indélébile sur son existence toute entière. Dans d’autres circonstances, beaucoup moins dramatiques, elle aurait presque pu en rire. Parce que c’est absurde, c’est complètement fou, carrément inimaginable. Mais Tim en parle avec une telle souffrance, l’honnêteté de sa douleur est tellement palpable que ça ne donne qu’envie de pleurer ou de hurler. La suédoise a ce palpitant qui s’emballe, et ce n’est ni pour de l’envie et encore pour de l’amour. De la colère, de la rage profonde de voir l’être qu’elle aime réduit à cet état pour des choses qui sont hors de sa portée, complètement hors de son contrôle. Et cette raison, aussi absurde qu’elle soit, fait mal à Freya parce qu’elle fait mal à Timothy. Combien d’enfants sont victimes de la folie pure de leurs parents ? Elle doit déjà vivre constamment le schéma dans sa famille et maintenant, voilà que Tim en est un nouvel exemple flagrant. Evidemment qu’elle ne le repousse pas quand il lui prend la main. D’une poigne plutôt surprenante pour quelqu’un à bout de force mais Freya a ses doigts qui s’agrippent fermement à lui, prenant ça comme un signe qu’elle peut se rapprocher, qu’elle ne lui fait pas peur, elle.
Tim est totalement paumé, il se sent aussi impuissant face à ce qu’il lui arrive qu’elle face à lui. Mais la suédoise tient bon parce qu’il a été à sa place pendant des jours. Qu’elle ne se voit pas le laisser tout seul comme ça. Qu’elle n’est pas une lâche qui s’enfuit quand quelqu’un ne va pas bien. Bien au contraire, même. Elle a beaucoup de défauts mais celui d’abandonner ses proches dans des moments critiques n’est pas celui-là. Même si elle ne s’y prend pas très bien, qu’elle est gauchère et maladroite. C’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? Alors Doherty l’écoute. Elle ne bouge pas, elle passe même sa main libre dans ses cheveux. Tim passe un bras autour d’elle et elle a la sensation d’être une espèce d’ancre en pleine tempête. Ainsi soit-il. Il lui demande même si elle peut le serrer dans ses bras. « J’suis là, Tim. J’te lâche pas tant que tu m’lâches pas non plus, ok ? » Parce qu’elle aussi elle a besoin de le sentir près d’elle, vivant même si mal au point, respirant même si difficilement. La jeune femme lâche sa main pour entourer ses bras autour de lui, se retournant aussi complètement pour l’emprisonner avec ses jambes. Elle tient sa tête contre elle, espérant peut-être que les battements de son propre cœur finiraient par l’apaiser ou au moins lui donner matière à respirer. « Ton histoire, c’est c’qui fait c’que t’es aujourd’hui. T’es parfait comme t’es, mon étoile. T’as pas besoin d’être quelqu’un d’autre. Je t’aime comme ça, moi. » Freya le berce doucement, son menton puis ses lèvres au-dessus du crâne de Tim, une main caressant doucement sa joue et l’autre son dos. Si elle pouvait serrer plus fort pour faire éclater toutes les bulles de mal-être de son copain, la suédoise le ferait avec plaisir. « Tu vas apprendre, alors. Il est jamais trop tard. T’es pas une cause perdue, Timothy. Le monde est pas si dégueulasse qu’on l’croit. Et toi, t’es bien plus fort que tu l’penses. » Doherty finit par pencher son visage pour l’embrasser sur le front avant de le poser sur sa tête. Le protéger du monde extérieur est quelque chose qu’elle peut s’entêter de faire. Et elle a peut-être une idée sur la question. « Partir de Brisbane quelque temps, ça t’plairait ? » Loin de tout ça, du tumulte, de la vie étouffante de la ville, de ses problèmes quotidiens. « Changer d’air nous ferait du bien à tous les deux, tu crois pas ? »
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| | | | (#)Sam 23 Nov 2019 - 22:18 | |
| Tim cherchait un relâchement qui ne venait jamais. Il avait écouté, pourtant, les recommandations de tous les spécialistes de l'angoisse mais, même en respirant de tout son saoul en vidant son esprit, il n'y avait rien qui le calmait pour autant. Dans ces moments là, rien ne semblait être efficace pour le ramener parmi les vivants et Decastel se sentait sombrer inexorablement vers les abysses. Il avait envie de remonter, néanmoins, s'accrochant à Freya parce qu'elle ne le lâchait pas dans ces circonstances des plus douloureuses pour lui. Le soldat voulait lui faire honneur et il espérait que la jeune femme serait assez patiente pour le tenir à flot jusqu'à ce qu'il réussisse l'impossible, sinon il serait définitivement perdu. C'était ce qu'il y avait de plus difficile à faire pour Timothy, apaiser les battements de son coeur, reprendre du poil de la bête alors que des centaines d'idées noires traversaient sa boîte crânienne pour le faire chuter encore plus abruptement. Non, il devait faire fuir cette onde de négativité, se concentrer sur l'appui de Freya, la manière dont elle lui parlait tout en le calant délicatement entre ses bras. Tim s'y perdit, sa tête se relâchant contre la peau de son cou. Tant pis pour son rythme cardiaque fou et ses pertes de connaissance qui pouvaient venir à tout instant, à ce moment précis, il se concentrait de tout son coeur sur la sensation de Freya contre lui. C'était elle qui serait la solution à tous ses maux, elle qui le sauverait de lui-même comme lui avait pu le faire avec elle quelques semaines auparavant. Ils étaient toujours là l'un pour l'antre, cocon rassurant qui les aidait à devenir plus forts peu à peu. C'était un travail de longue haleine mais ils réussiraient, c'était une certitude puisque Tim réussit à contrôler son souffle une fois sur deux, il allait se calmer, ce n'était qu'une question de temps et il avait l'expérience. Il y arriverait une fois de plus. Mais jusqu'à quand? C'était l'interrogation qui faisait le plus mal, assurément. "Je te lâche pas. Il faut que tu m'aimes pour deux alors." C'était dur à entendre mais lorsqu'il était dans cet état, Decastel finissait toujours par exposer cette espèce de mépris envers sa propre personne. Il n'y pouvait rien, ce n'était que le résultat de décennies à attendre qu'on l'aime, une quête bien vaine. Pourtant, maintenant, il avait tout un tas de personnes qui assumaient cette mission alors, pourquoi n'arrivait-il pas à changer d'optique le concernant? Timothy aurait aimé connaître la réponse mais elle ne venait pas, ses doigts s'accrochant à ceux de Freya un peu plus forts, le courage lui revenant tout doucement. "T'es sûr? Regarde moi, Freya... Je suis plus tellement vivant, si. Et le monde... Je suis pas certain qu'il soit aussi sympa que ça." Il n'en avait eu que peu l'expérience, en tout cas. Lui, l'habitué des moments douloureux et des bonnes claques. Aujourd'hui, il voulait être heureux, juste cela, son seul et unique voeu. "J'irai où tu voudras, avec toi." Il allait mieux là, ses doigts se décrochant de ceux de Freya pour qu'ils fassent glisser ses bras autour d'elle, l'enlaçant étroitement. Elle était réelle, elle était avec lui et c'était le seul fait qui pouvait l'aider à respirer à ce moment-là. "Je veux juste être bien pour toi. Je ferais n'importe quoi..." Il se blesserait assurément pour la sauver, elle et c'était cette réalité qui le poussa à relever un regard bleuté vers elle, ses muscles tremblant encore légèrement. Il ne l'oublierait pas, elle et ses bras, ce regard si doux, sa galaxie suédoise.
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| | | | (#)Dim 24 Nov 2019 - 0:06 | |
| Il respire, il réussit à peu près à se contrôler et Freya voit là comme une petite victoire. S’il essaie de se contrôler, c’est qu’il a encore envie de s’accrocher, n’est-ce pas ? Et pas qu’à la vie, à en juger de la façon dont son maintien contre elle le presse. La suédoise ne serait pas surprise s’il arrête de respirer parce qu’elle l’étouffe sérieusement, jugeant que le meilleur endroit sur terre à ce moment précis pour son étoile, c’est que la galaxie le tienne tout entier et tout vivant. « J’t’aimerai pour deux, pour cinq, pour dix s’il le faut. » qu’elle lui murmure doucement. Il ne faut pas que Tim pense le contraire, et il ne faut pas qu’il sous-estime sa capacité à aimer. Freya est toujours entière quand elle aime, elle donne sûrement toujours trop que ce qu’elle recevra. Mais elle ne voit pas, elle s’y jette corps et âme sans réfléchir à deux fois. Et Tim a tellement réussi à tout faire fondre, à tout faire plier. Elle déborde un peu plus pour lui tous les jours, et il faut qu’il le sache, qu’il le sente, qu’il n’en doute pas, bordel. Après, qu’est-ce qu’elle est, face aux traumatismes du passé ? Elle n’est qu’une figure qu’il ne fréquente depuis à peine deux mois. Comment elle peut être à la hauteur face à une demi-sœur découverte, à une femme enceinte de son gamin ou à ses parents ? Elle n’est rien, Doherty, absolument rien à part celle qui essaie vainement de le soutenir dans ce passage délicat. Freya n’y connait pas grand-chose en psychologie, elle-même évitant soigneusement les sujets car too close to home. Mais le vent avait tourné depuis quelques jours déjà et elle pourrait presque le maudire de s’être clos d’elle à chaque fois. La jeune femme ne peut pas s’empêcher d’avoir cette sensation qu’elle n’est pas la première personne vers qui il se tourne quand ça ne va pas, qu’aujourd’hui est un jour exceptionnel parce qu’elle l’a trouvé comme ça. Encore l’instinct qui lui murmurait à l’oreille, et qui n’avait pas tort depuis des jours. Alors qu’elle continue à le bercer doucement, elle se dit que ce n’est vraiment pas le moment pour penser à avoir ne serait-ce qu’une once de voile de jalousie.
Alors Freya se concentre sur les mots de Tim, même s’ils font mal, même s’il ne raconte que des conneries et qu’elle a juste envie de les détruire à coup d’aiguille comme dans des ballons pour les faire exploser. « Okay, le monde peut être un peu pourri de temps en temps, j’te l’accorde. » Après tout, ce n’est pas elle qui va dire le contraire. Est-ce que ça fonctionne, d’aller dans la même direction ? Elle n’en sait rien mais elle le fait quand même. « J’te vois très bien, j’te sens très bien. J’sens même ton cœur qui bat, Tim, ça prouve bien que t’es vivant. J’t’ai déjà dit que j’te détesterai si jamais t’arrives dans mon cimetière les deux pieds devant, t’as pas oublié ? » Alors ne me fais pas ça, ne me brises pas le cœur comme ça, mon ange. Freya n’aime pas quand quelqu’un parle comme ça. Et encore moins quand c’est Tim, parce qu’elle l’aime et qu’elle ressent chaque fibre de son corps qui se sent mal et en détresse avec lui. « Alors on va s’faire une escapade. J’te promets qu’on va aller mieux ensemble. Tu m’fais confiance ? » Son cerveau est déjà en train de turbiner parce qu’elle va devoir planifier tout ça. Mais pour son copain, elle fera tout ce qu’il faut. Exactement comme Tim est en train de lui murmurer en levant son visage vers elle. Freya a le cœur qui gonfle alors qu’elle caresse doucement son arcade blessée avant de se pencher en avant pour l’embrasser doucement. Elle relève de quelques centimètres, ses cheveux tombant comme un voile autour d’eux. « Moi aussi, mon étoile. Absolument tout et n’importe quoi. » Parce qu’elle est ce qu’elle est, incapable de faire de demi-mesure. Tout ou rien. Un deal à prendre ou à laisser. La jeune femme caresse sa joue tout en embrassant de nouveau ses lèvres puis son nez, entre ses yeux et enfin le front, où elle s’y prélasse un moment. « J’ai besoin d’toi, moi. Est-ce que j’peux suffire comme raison pour que tu restes sur terre ? » Si les autres ne veulent pas de lui, Freya le prendra tout entier et rien que pour elle. Au diable le monde, elle saura prendre mieux soin de lui que n’importe qui avant. Parce qu’ils s’aiment et que ça devrait suffire pour tout surmonter. Lui faire comprendre la définition et le sens, lui qui ne l’a jamais vraiment connu.
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| | | | (#)Dim 24 Nov 2019 - 0:50 | |
| Il retrouvait une contenance, même si elle était instable, c'était déjà mieux que rien. Tim s'était senti périr à peine une heure auparavant, mais peut être que ce n'était pas pour aujourd'hui finalement et le jeune homme s'avouait qu'il en était soulagé. Il n'avait jamais vraiment désiré mourir mais cette fatalité n'était jamais très loin de lui car il n'était jamais totalement aux commandes de son existence, encore moins de ses angoisses. Timothy devait toujours subir le monde autour de lui, le laisser régir le peu d'estime qu'il avait de lui-même et s'attendre à n'importe quel moment qu'on vienne en finir avec sa petite personne. C'était certainement trop pour un seul homme et le jeune soldat avait bien du mal à survivre avec tout cela dans la tête mais là, maintenant, il souhaitait juste mettre cette douleur de côté, se concentrer simplement sur les mots de Freya. Sa Freya. Elle qui était présente envers et contre tout, qui l'aimait pour le monde entier puisqu'il n'était pas capable de gérer cette mission lui-même. Il lui en était tellement reconnaissant et il aurait pu pleurer s'il n'était pas encore happé par le stress. Non, Tim devait tenir un peu le coup, relever des yeux doux vers elle et s'attende à ce qu'elle disparaisse à tout moment mais ce ne fut pas le cas, pas même une seconde. La jeune suédoise restait fidèle au poste, envers et contre tout et cela, Tim ne pourrait jamais l'oublier non plus. "Je demande pas autant. Je mérite pas autant de toute manière. Juste deux." Lui et elle. Rien de plus. Tim n'était pas présomptueux, jamais il n'oserait demander pour plus que ce qu'il considérait nécessaire et Doherty avait besoin de garder de la force pour s'aimer elle-même, ce qui n'était pas toujours aisé non plus pour elle. Le brun savait qu'elle avait ses propres démons à gérer, ses traumatismes encore plus immondes que les siens, même si elle en parlait très peu. Timothy ne voulait pas réveiller toutes ces plaies chez elle, alors il ne dirait rien. Non, il ne comparerait pas leur expérience, se contentant de hocher la tête à la référence de cruauté du monde que la jeune femme osait prononcer. Au moins, ils étaient d'accord là dessus mais cette fois, c'était elle qui jouait le rôle de l'optimiste et non le brun, une première. A croire que tout pouvait changer, un jour ou l'autre. "Non, j'ai pas oublié ça. Je sais juste pas comment empêcher tout ça... Mais je me laisserai pas retourner au cimetière comme ça, promis." Il pouvait au moins suggérer cela à défaut du reste parce que Decastel n'avait plus aucune certitude, sauf celle de sentir son coeur battre à nouveau au moment de croiser le regard de Freya, de sentir ses mains se poser sur lui et enfin ses lèvres. Il ne tremblait plus beaucoup maintenant et il réapprenait peu à peu à respirer normalement, cette femme créait le miracle. Elle était clairement capable de tout et Tim paraissait si faible à ses côtés, en cet instant. "Plus que jamais." C'était une évidence, Freya lui avait tout offert malgré son parcours, les déceptions et les peurs qu'elle lui avait montrées. Elle n'avait pas flanché en le retrouvant dans cet état alors, c'était au tour de Tim de lui rendre la pareille. Il lui rendit son délicat baiser, plus vivant à chaque seconde qui défilait et c'était une aubaine. La magie d'un amour qu'il n'avait pas spécialement vu venir. "Tu suffis largement, n'en doute jamais. Bien sûr que je vais rester là, je vais guérir. On va s'aider, on va aller mieux... Ma galaxie, on va rester ensemble, on va voyager et on va s'aimer en haut de tous les arbres loin de l'univers qu'on trouvera." C'était le plan parfait en tous points et Tim enlaça Freya à nouveau, prenant une grande inspiration. Elle l'avait calmé, il s'en sortirait et il ne la décevrait plus de la sorte car, non, il n'y survivrait pas.
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| | | | | | | | Need the end to set me free ¤ Freya |
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