| | | (#)Sam 28 Déc 2019 - 23:19 | |
| C'était le plus grand casse-tête de l'histoire de l'humanité: pourquoi les gens qui s'aimaient n'étaient pas toujours ensemble? Les raisons étaient multiples, bien souvent incompréhensibles pour autrui et c'était clairement ce qui se passait dans la relation que partageait Lizzie et Wren. Ils avaient tout pour être heureux car, la base de tout, c'était l'amour et on ne pouvait pas dire qu'ils en manquaient l'un pour l'autre. L'inverse aurait été plutôt vrai même puisque chacun d'eux devenait fou à sa manière quand ils étaient éloignés. Doherty en était la preuve vivante ces derniers jours, lui qui avait toujours la tête en vrac et le coeur complètement mort parce qu'il avait vu le regard que Lizzie posait sur lui ces derniers temps. Il n'en aimait aucun d'eux, sachant trop bien ce qu'ils voulaient dire, il l'avait perdue tout simplement. Après treize ans, Wren avait réussi cet exploit et il était probable qu'elle ne lui revienne jamais. Pourtant, elle était là à ses côtés, encore à réparer ses bêtises et sauver sa main d'un drame morbide parce qu'il avait encore perdu le contrôle de lui-même. Le suédois n'était plus à un excès de folie près, de toute évidence, mais plus il se laissait vriller, plus la perspective de retrouver la brune un jour s'éloignait de son âme et le tout le rendait nauséeux. Il aurait tout abandonné pour elle et là, maintenant, il ne savait plus s'il devait l'aimer malgré tout ou la haïr, c'était sûrement un mélange des deux options qui ne lui permettaient pas de prendre de décisions responsables. De l'eau avait coulé sous les ponts cela dit et maintenant qu'ils avaient agi comme des gamins en se refusant l'un à l'autre avec une virulence des plus terribles, ils semblaient être plus enclins à se parler comme des adultes qu'ils étaient devenus par la force des choses. Wren n'avait pas spécialement envie de sourire, mais Lizzie arrivait toujours à opérer des miracles, c'était l'amour qui provoquait encore des remous au fond de son être si fragile. "Tu l'as pas vraiment connu, tu sais. Puisque j'ai pas eu une seule nana quand j'étais avec toi. T'as eu que des paroles, je suppose." A l'époque, les gens parlaient beaucoup et la réputation de Doherty le précédait, bien entendu. Il fallait protéger à tout prix Lizzie d'un homme aussi vicié que li car, qu'adviendrait-il d'elle une fois qu'elle serait tombée dans ses filets? Les lycéens s'étaient longtemps interrogés mais, au bout du compte, ils avaient été bien surpris qu'une véritable relation amoureuse s'était tissé et aucun d'eux n'en avait jamais démordu. Jusqu'à ce fameux mensonge. "Ah ouais, ça m'est arrivé ça? Je me rappelle plus." Il se battait fréquemment parce qu'il avait toujours eu le sang chaud, cette soirée en était un premier témoin mais à l'époque, les enjeux étaient bien différents puisque Wren le faisait pour protéger son business et au delà de simples deals, il s'agissait des revenus de sa famille. Il n'avait jamais été un vrai vilain, juste un type paumé qui avait dû faire ce qu'il pouvait pour préserver d'autres personnes à qui il tenait. "T'as plus de contacts avec ces gens-là?" Wren n'avait jamais demandé parce qu'ils ne parlaient pas beaucoup de la carrière déchue de Lizzie à l'époque, elle n'avait pas besoin de sentir le couteau se remuer dans la plaie mais c'était leur activité favorite dernièrement. Effectivement, ils en revenaient à parler de leur relation, Doherty restant le plus silencieux possible, une habitude, alors que Potter continuait sur sa lancée, sur le peu de regrets qu'elle avait, tout cela juste avant de baiser le creux de sa main. Et voilà pourquoi leur histoire ne menait à rien ces derniers temps et ce, malgré les souhaits les plus tendres de l'actrice. Vouloir être amis était honorable mais dans les faits, un acte complètement surréaliste. "Tu sais très bien pourquoi on peut pas. Tu m'embrasses la main et je sais que ton coeur bat plus vite et moi, j'ai juste envie de t'embrasser en retour. C'est pas comme ça que des amis se traitent, tu le sais aussi bien que moi. Il faut accepter qu'on puisse plus revenir en arrière, qu'on a eu notre histoire et que... Elle est terminée." Il ne l'acceptait pas outre mesure et son coeur se serrait en se relevant soudainement pour s'éloigner d'elle parce qu'il n'était pas capable de tenir le choc, Wren, il n'était plus en mesure de rien à dire vrai. |
| | | | (#)Dim 29 Déc 2019 - 11:21 | |
| « Des paroles et un mensonge qui m’ont assez aveuglé pour que j’y crois. » Parce que tu ne m’avais pas dit que tu m’aimais, que j’aurai dû m’en contenter, que j’aurai dû savoir qu’une histoire de huit mois n’est pas le genre dans laquelle on s’étend sur les sentiments. Pourtant Lizzie a aimé tellement fort, tellement vite, avant même de le savoir, avant même d’apprendre à l’embrasser. Elle lui a dit qu’il l’avait hypnotisé la première fois, et il a continué à le faire toutes les fois après. A chaque fois qu’elle avait son attention elle se considérait comme la fille la plus chanceuse du monde. Et il suffisait qu’il détourne son regard quelques secondes pour qu’elle se sente comme le pire déchet de l’humanité. Lizzie aurait dû se douter de ses sentiments dès le moment où ses yeux ont chevauché les siens, les mains moites et certainement le souffle coupé. Mais elle n’avait pas réalisé, elle n’avait pas pris conscience de l’ampleur que le suédois allait prendre dans sa vie. « Et puis, je l’ai quand même un peu connu. On a été amis avant qu’on sorte ensemble. » Même si ça parait tellement loin maintenant (ça l’est totalement) et que leur amitié a toujours eu quelque chose de spécial dès le début.
« Je m’en rappelle très bien. Tu me disais que c’était rien, que t’avais connu pire mais j’ai réussi à te ramener chez moi pour te foutre un paquet de groseilles glacé sur le visage. Et je crois même qu’on avait décrété de ne pas aller en cours le jour suivant car t’étais ‘dans un cas critique dangereux vers une mort assurée et qu’il fallait que tu profites de tes derniers instants’. » Lizzie a un sourire amusé en finissant de panser ses plaies avant de faire une moue songeuse. « Même si je suis persuadée que personne nous a cru. » Mais ils s’en fichaient totalement. Comme Elizabeth s’en est foutue de sa mère qui a hurlé en le voyant dans son lit, comme elle a encore plus crié en la voyant rentrer à la maison le lendemain en plein milieu de la soirée après être sortie toute la journée avec Wren. « Nope. Ma mère a bien fait les choses. Elle était sûrement encore plus vexée que moi quand le scandale a éclaté et encore plus quand ils m’ont viré. » Lizzie hausse les épaules parce que dans le fond, ce n’est pas très important. Elle a une nouvelle famille, maintenant, constituée de personnes aussi différentes que remarquables. Et celle-là, elle est certaine que sa mère ne peut pas la lui arracher.
Quand Wren se relève brutalement pour s’éloigner d’elle comme si elle est la peste incarnée, Lizzie serre les dents en baissant les yeux. Encore une fois, elle a fait le geste de trop, celui qu’il ne faut pas et après, elle va venir se taper le bâton dans le dos parce qu’elle l’aura tenté d’une façon ou d’une autre. Parce que Wren ne peut pas s’y soumettre, il ne peut pas concevoir cette notion et elle a un pincement un peu partout quand il lui affirme qu’il veut l’embrasser et surtout, que l’histoire est finie, ‘terminée’. Ce fichu côté tactile qui a ce stade, ne l’aide pas, elle qui n’a réussi qu’à maladroitement esquiver le contact avec autrui, même ses propres amis. Mais pas avec Wren et elle se mord la langue furieusement parce qu’elle est juste idiote. « Donc tu préfères qu’on se raye définitivement de nos vies, c’est ça ? J’essaie de m’accrocher par n’importe quel fil mais si tu persistes à le couper, je ne pourrai plus, Wren. » Lizzie se lève pour aller jeter les morceaux dans la poubelle, cassant ainsi le silence de plomb qui vient les happer et les distordre complètement. Une nouvelle fois, cette pente qui vacille parce qu’elle a fait, elle a dit ce qu’il ne faut pas. Elle fait un nouvel aller-retour pour la lingette et elle se prend les pieds dans le petit chariot qui dégringole dans un fracas qui la fait sursauter. Lizzie soupire, frustrée contre elle-même, tout en s’accroupissant pour tout ramasser à la hâte. « Désolée pour la main, j’aurai pas dû. C’est comme ça que ça a commencé la dernière fois et que tous les problèmes ont découlé, j’ai tout foutu en l’air, comme d’habitude. » Elle blâmera son côté trop tactile qui ne revient que pour Wren, le seul à avoir réussi à briser la barrière de son esprit depuis son agression. Ses mains moites reposent un à un les objets sur le chariot alors que Lizzie continue à murmurer entre ses dents. « C’est un tel talent, dommage que ça ne peut pas être reconnu quelque part. Comme si c’est vraiment terminé, qu’un ‘adieu’ suffit pour te régler et faire en sorte que ça s’arrête. C’est n’importe quoi, ça ne s’arrêtera jamais, pas avec nous, jamais. » A ce point-là, difficile de savoir si elle parle vraiment à Wren ou juste à elle-même
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| | | | (#)Dim 29 Déc 2019 - 19:13 | |
| Wren ne se rappelait plus vraiment de cette époque. Pas dans les détails, en tout cas. On ne pouvait pas dire qu'il avait eu une adolescence exceptionnelle, toujours à repousser les limites du raisonnable, se laisser aller à agir n'importe comment mais sans jamais regretter quoique ce fut. Alors, quand Lizzie parlait du fait qu'ils avaient été amis avant, Doherty ne pouvait que hausser les épaules: ce fait n'avait pas duré très longtemps et ce n'était pas comme si les sentiments n'étaient pas déjà là, de toute manière. Evidemment, il avait essayé de trouver des distractions parce que le Wren de cette période n'était pas celui qui était en mesure d'accepter ses sentiments, ou ne serait-ce que ses troubles mais on ne pouvait pas dire que tout cela lui avait franchement réussi. Il n'avait, à vrai dire, absolument rien gagné dans l'affaire et c'était exactement la même histoire avec le mensonge qu'il avait dû lui annoncer lors de leur rupture. Potter y avait cru, c'était sûrement tout ce qui avait compté à ce moment-là parce que les conséquences avaient été terribles pour eux deux mais ils en étaient revenus, enfin en apparence. Rien ne changeait au bout du compte: ils étaient encore ces deux âmes qui se déchiraient dès que la proximité était trop forte. Cela arrivait bien trop fréquemment puisqu'ils n'avaient jamais su faire autrement: Lizzie le touchait, Wren allait encore plus loin et ils étaient obligés de se séparer avec fracas. Pendant un temps, au moins, on aurait pu croire que tout allait bien se passer, qu'ils allaient pouvoir parler comme deux bons amis le feraient, Lizzie se confiant sur sa relation avec sa mère et les choix qui avaient été faits de sa part pour ne pas qu'elle garde de contact avec ses camarades de tournage. "Tout à fait mon genre de dire ça pour rester au lit avec toi, certes. Et pour ta mère, c'est dommage. Tu pourrais peut être essayer de reprendre contact, non, avec ces gens là?" Wren n'y connaissait rien. Il détestait Hollywood et toutes ces conneries, lui qui était plutôt du genre à faire profil bas et ne pas chercher le regard d'autrui. Quand on était dealer, c'était une qualité essentielle parce que la police guettait à chaque détour et il était hors de question de se faire choper avec quelques grammes de cocaïne dans les poches arrière. Doherty avait toujours été précautionneux mais il se doutait bien que le mode de vie de Potter avait dû être différent parce qu'on devait la voir, elle. Ils vivaient déjà dans un sacré paradoxe mais ce n'était absolument rien en comparaison de ce qui arrivait par la suite, le suédois s'éloignant bien vite vers la fenêtre de l'infirmerie car il sentait le danger les guetter de trop près. Il savait que Lizzie n'avait pas voulu à mal en baisant sa paume mais il savait tout aussi bien qu'il n'était pas quelqu'un en mesure de résister à ses pulsions et les conséquences en seraient forcément désastreuses à nouveau. Aucun d'eux ne voulait cela, Wren en était convaincu. "Je sais pas, Lizzie... Je sais juste que je peux pas te côtoyer en ayant envie de toi et d'être avec toi constamment, je peux pas faire semblant d'être ton ami quand on sait tous les deux ça. Alors, si on peut ni être ensemble ni être amis, je sais pas quel autre choix il nous reste, en réalité." Aucun, c'était ce qu'il essayait de dire mais cela ne lui faisait pas plus plaisir qu'à elle. Lui aussi aurait aimé que les événements demeurent plus simples, qu'ils restent dans leur cocon adolescent où rien ne semblait les déranger mais à cette époque, Wren avait choisi un autre chemin pour eux deux. Désormais, c'était la brune qui choisissait de les éloignait et ils devaient tous les deux deux vivre avec leurs décisions, même si elles étaient mauvaises. "Je sais. Crois moi je sais. Au bout de treize ans, j'ai compris ça." Il n'avait même pas réagi quand elle avait renversé le plateau d'instruments car Wren était focalisé sur ce fichu torrent intérieur, il n'y arrivait pas. Il n'y arrivait plus. "Dis moi ce qu'on est censés faire alors, je t'écoute." Lui n'avait plus d'idées. Lui était mort à l'intérieur. |
| | | | (#)Dim 29 Déc 2019 - 21:06 | |
| Lizzie hausse les épaules. « J’y ai jamais pensé. Je suppose. » Mais comme ça aussi, ça la tiraille en même temps que ça l’intimide, Lizzie n’est sûre de rien. Sa carrière est un peu à l’image de sa relation avec Wren ; au point mort, voire même presque enterrée parce qu’elle n’a pas le cran de faire et d’agir comme il faut pour pouvoir atteindre ce qu’elle veut. C’est un monde tellement à part, tellement difficile, tellement exigeant et plus le temps passe, moins elle se sent à la hauteur. Mais la jeune femme n’en dira pas plus, ses choix professionnels n’étant pas son sujet préféré. Et puis, ce n’est pas comme si Wren en est véritablement intéressé, lui qui se sauve et qui se carapate à la moindre opportunité d’approche. Cela ne lui viendrait pas à l’esprit que c’est lui qui ne veut pas souffrir, sûrement plus qu’il n’en souffre déjà. Lizzie a l’impression fictive de les protéger eux-mêmes parce qu’elle a ce petit grain pour l’instant qui lui bouffe son être tout entier. Et tant que ce grain reste, elle ne pourra jamais être complète pour lui. A la hauteur de ses attentes, à la même force que ce qu’il lui a fourni ce soir-là. Elle n’a pas menti quand elle a affirmé qu’elle n’était qu’à lui. Et c’est d’autant plus vrai maintenant qu’ils se sont retrouvés et qu’ils ont sûrement affronté plus d’épreuves ensembles en quelques mois que pendant la durée de leur relation. Dans le malheur ils se sont de nouveau apprivoisés, et c’est en caressant un bonheur imaginaire qu’ils se brisent encore une fois. On en vient à ne plus vraiment savoir la cause, la raison, l’effet voulu et l’effet récolté. Lizzie ne regarde pas l’ombre de Wren qui s’éloigne encore d’elle, plus loin, presque tapis dans son coin, se recroquevillant contre la fenêtre. Lui prouvant sans vraiment lui dire qu’il aurait envie d’être n’importe où qu’avec elle. Non, elle reste concentrée sur sa tâche mais ses oreilles, elles, restent grandes ouvertes. Et à défaut de n’entendre que la musique au loin, elles recueillent avec plus de précision les mots du suédois qui la font sentir encore pire qu’elle ne peut déjà se sentir. Elle ferme les yeux un moment alors qu’il poursuit. La jeune Potter ignore si elle réfléchit à une issue de secours à cette scène, à ses mots ou à leur relation. Wren se fissure mais il se referme devant elle, contre elle et évidemment à cause d’elle.
Quand il lui demande ce qu’ils sont censés faire, Lizzie reste un moment les jambes croisées au sol. Au pied du chariot, le regard perdu devant elle, l’impuissance s’engouffrant dans ses membres. « J’imagine qu’on va devoir faire ce que l’on a trop souvent fait. Se séparer le temps qu’on soit sur la même longueur d’onde. Enfin, le temps que je sois sur la même longueur d’onde avec toi. Parce que j’aurai été prête à faire des efforts, à faire taire moi aussi cette partie de moi qui refuse de te laisser partir encore si ça voulait dire faire encore partie de ta vie. Mais si c’est ce que tu veux vraiment, alors je respecterai ton choix. » Si l’air qu’on partage est trop étouffant pour toi, si les battements de ton cœur sont trop violents pour toi pour pouvoir les apaiser afin de me garder à tes côtés, je m’y ferais. Lizzie s’y est toujours faite, après tout. Un peu comme les ustensiles qu’elle finit ranger, les poudres de son cœur seront ramassées grain par grain. Elle a l’habitude. Et elle n’a pas l’habitude de créer de vagues. Peut-être plus avec Wren parce qu’elle est tellement débordante de passion le concernant qu’elle ne peut pas se retenir, n’être que guidée par ses instincts qui l’entrainent avec des résultats guère concluants. La jeune femme se relève, les bras le long du corps, regardant autour d’elle ; plus de sang, plus de verre, plus de matériels trainant par terre. Comme s’ils ne sont pas venus, aucune trace de leur passage, rien qui ne peut le laisser apercevoir. A part si on jette un coup d’œil à la poubelle. C’est presque une image désolante et larmoyante à souhait. Lizzie balaie sa propre larme qui s’échoue sans crier garde d’une main distraite avant de la joindre à l’autre, serrées l’une contre l’autre car c’est le seul contact physique qu’elle peut se permettre. Elle avec elle-même. Pour l’instant. « Est-ce que tu seras quand même prêt à m’attendre, Wren ? Le jour où je serai digne de toi prête pour tout ça, tu seras là ? » Parce que pour Lizzie, ce n’est qu’une certitude. Que ses pas l’amèneront toujours vers Wren, inlassablement, même si elle ne le veut pas.
Mais est-ce que le suédois sera du même avis ? Est-ce qu’il la voudra quand même après tout ça ? Est-ce qu’elle sera capable de récupérer la chaleur de ses bras comme le premier jour ? Ou est-ce qu’ils resteront glacés à jamais ?
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| | | | (#)Dim 29 Déc 2019 - 21:25 | |
| Que restait-il à dire et à faire désormais? Pas grand chose. Ces simples mots semblaient être le glas d'une relation qui avait duré si longtemps, qui avait été une part importante de sa vie sans qu'il ne le réalise. Treize années qu'il traînait les souvenirs dans sa caboche fatiguée, treize années qu'il pensait à elle dès qu'il était avec une autre, treize années qu'il l'avait cherchée du regard jusqu'à ce fameux jour et tout partait en fumée. Sa vie entière n'était plus que chaos désormais et il n'y avait même plus Lizzie pour le relever. Qu'avait-il, Wren? Rien. Personne. Tout le monde le méprisait pour ses choix hasardeux et il leur donnait raison. Cette fois, il avait commis le pire, il était devenu la pire version de lui-même et il ne voulait pas que Potter le découvre ainsi. Elle savait déjà qu'il avait un côté obscur, elle avait pu l'apercevoir en quelques occasions mais Doherty s'était toujours contrôlé suffisamment pour qu'elle n'ait jamais à en souffrir. C'était trop tard désormais car le suédois avait été une abomination avec elle à deux reprises déjà, dans cette ruelle et au cours de cette soirée, se complaisant à la traiter comme une moins que rien alors qu'elle était tout son univers jusqu'à ce jour. Tout cela pour quoi, une histoire de fierté? Wren n'aurait su le dire. Il n'avait aucune idée du lieu où il se se situait, de ce qu'il accomplirait le lendemain. Tout ce qui occupait son esprit désormais, c'était l'envie d'en finir, de quitter cette pièce et de trouver tous les moyens possibles pour effacer cette femme de son coeur, comme si c'était une possibilité désormais. Mensonge, bien sûr. Il n'y arriverait pas mais il pouvait peut être faire illusion parce que Lizzie respecterait son choix qu'ils ne deviennent plus rien et si cela lui faisait mal qu'elle ait l'air de baisser les bras aussi aisément, il savait pourtant qu'il ne pouvait en être autrement. C'était ainsi que les événements devaient se terminer, le géant suédois observant la petite brune se triturer les mains en lui demandant de l'attendre. Et qu'avait-il comme réponse? Encore rien à dire. Toujours rien à dire. Éternellement silencieux, parce qu'il ne savait plus ce qu'il était, encore moins ce qu'il allait devenir mais il y avait une flamme en lui qui lui suggérait que ce ne serait rien de bon, surtout pour Lizzie, la belle et douce Lizzie Potter. "J'aimerais te répondre oui, tu le sais, mais je fais jamais aucune promesse. Surtout pas dans mon état, Lizzie, parce que la personne que je deviendrai, je sais pas si toi, t'en voudras. On peut rien prévoir. Je suppose qu'on pet juste penser au fait qu'aujourd'hui, c'est définitivement fini et un jour, peut être, la vie nous fera une surprise, pas la peine de se bercer d'espoir ou d'illusions. Tu crois pas?" Il avait vu une larme couler sur la joue de la belle actrice et il avait envie de s'approcher d'elle, de l'effacer et ne plus jamais la voir revenir mais Wren n'avait plus le droit d'agir ainsi. Il devait conserver cette distance, la regarder avec ses grands yeux verts d'eau, une dernière fois, gravée cette image d'elle dans son esprit et passer à une nouvelle étape. Alors, il se dirigea doucement vers la porte, essayant de la quitter, là, comme il avait pu le faire par le passé mais le moment n'avait pas le même parfum. Il y avait un goût d'amertume qui vivait au fond de lui alors qu'il se retrouvait dans le couloir et qu'il s'arrêtait là parce qu'il avait envie de faire demi tour, espérant qu'elle l'aurait suivi, mais Wren ne voulait pas être déçu. A la place, il resta là, pantois, sur place, à lever les yeux au ciel, priant pour la seule et unique fois de sa vie pour qu'elle lui revienne un jour. |
| | | | (#)Dim 29 Déc 2019 - 23:45 | |
| Elle qui pensait avoir trouvé une sorte de terrain d’entente un peu bizarre, un peu flou, voilà qu’elle se rend compte une nouvelle fois que la vision de Wren est différente de la sienne. Lizzie ne peut pas continuer à vouloir tenir seule le navire, elle n’est pas assez forte, elle n’a pas la carrure pour ça. Il y a de nouveaux du remouds et la jeune femme est presque épuisée, lasse de marcher sur des chemins aussi fins. Croire une seconde qu’ils auraient pu construire quelque chose d’autre qu’une relation fusionnelle comme à l’époque n’aura été qu’un doux fantasme. Depuis le premier jour de leurs retrouvailles, Lizzie aurait dû se douter que la seule issue possible entre eux est dans les bras l’un de l’autre. Ou rien du tout. Wren le lui avait dit, il l’avait claironné qu’il l’attendrait. Mais aussi qu’elle ne le décevrait jamais - Wren Wren Wren, la preuve que si, tu n’as même pas besoin de la regarder pour qu’elle sente la déception sur ses épaules, dans son être, l’envahir et l’embarquer dans une houle sans fin. Elizabeth fixe ses mains parce qu’elles ont l’air d’être hyper intéressantes tout d’un coup alors qu’elle encaisse, difficilement. ‘C'est définitivement fini‘. Elle aurait préférée être sourde que d’entendre ça. Se boucher les oreilles, ignorer, ne pas les écouter. Faire comme s’il n’a pas prononcé ces mots parce qu’ils font mal, qu’ils sont douloureux et qu’elle les déteste, ces mots. Pourquoi tu me fais ça, Wren, pourquoi tu finis toujours par vouloir toujours plus, à faire le compliqué, le difficile, à être exigeant ? Pourquoi tu ne peux pas tout simplement être là, pourquoi t’es pas assez fort juste pour présent avec moi ? Lizzie n’en veut pas, de surprises. Elle n’a jamais aimé les surprises. A part dans la nature, dans les paysages, dans les clichés. Mais pas comme ça, pas avec Wren. Il y a eu bien trop de mauvaises surprises dernièrement alors le cadeau empoisonné, elle n’en veut pas. « Et si je préfère me bercer d’espoir ? » Sa voix est presque basse alors que Wren est déjà sur le seuil. Il la regarde mais elle n’a pas ce courage. Parce qu’elle est en train de le perdre. ‘Définitivement’ ? Lizzie ne peut pas s’y résoudre. Qu’importe son état, elle le réclamera toujours, constamment, brillamment, douloureusement. Parce que c’est Wren et qu’elle a cette tendance visiblement inédite de vouloir ce qu’elle se refuse.
Il y a un crépitement dans sa cage thoracique alors que l’ombre du suédois disparait de la pièce. Lizzie a les yeux embués, de fines larmes se joignant à la solitaire pour tomber sur ses mains, s’écraser au sol dans un silence de plomb mais avec une résonnance folle dans sa tête - et certainement dans son cœur. Elle se rappelle pourquoi elle apprécie l’apaisement de ses cachets et putain qu’elle en veut, là, maintenant, tout de suite. Elle crèvera pour juste une gélule, juste un simple bonbon pour lui donner l’illusion que tout va bien. Que son cœur n’est pas en train de saigner, à l’image de la main de Wren, où les bouts de verre sont chaque mot prononcé par le suédois. Lizzie se dit que c’est ce qui la rend humaine, que c’est naturel d’avoir mal. Un rappel constant qu’il est là, que même s’il veut tirer un trait sur elle, même un trait au crayon à papier prêt à être effacé, la jeune femme le ressent. Elle passe ses deux mains sur ses joues en reprenant cette respiration qu’elle a oublié d’avoir pendant toutes ces minutes - secondes ? La brune sort à son tour de l’infirmerie et elle s’arrête presque net en voyant son apparence toujours dans le couloir. Elle dévie le regard alors que des rires de quelques personnes passent à côté avant qu’ils soient engloutis par le gymnase. Lizzie s’approche doucement de Wren, se pinçant la lèvre. « C’est la réunion des anciens élèves. Est-ce que tu peux encore m’enlacer comme tu le faisais avant ? Une dernière fois ? » Une dernière fois avant qu’on se quitte, d’apparence en accord commun mais on sait que je ne le suis pas. Et comme elle lui accorde la séparation, la jeune femme n’attend pas sa réponse pour passer ses bras autour de son cou et poser sa tête contre son torse. Il peut bien lui accorder ça alors que la musique de l’autre côté se fait plus douce et que la brune se met à les faire tourner doucement de surcroit. Profiter de lui une dernière fois, même amoché, même drogué, même alcoolisé. Qu’importe sous quel masque Wren se présentera à elle, Lizzie l’acceptera. Elle l’aimera et elle le guérira.
Parce que si elle n’a pas l’espoir, il ne lui reste absolument plus rien auquel se raccrocher.
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| | | | (#)Lun 30 Déc 2019 - 0:05 | |
| Il ne pouvait rien lui répondre et pourtant, Wren avait envie de lui dire que c'était la meilleure chose à faire, conserver cet espoir d'un eux futur, même si, en cet instant, cela semblait vain. Il fallait qu'elle y croie pour deux puisque lui était trop désespéré pour envisager un retour en arrière. La blessure était gigantesque au coeur de son âme et Wren ne savait pas s'il réussirait à en revenir mais si Lizzie revenait vers lui avec ce fichu espoir collé à la peau, il ne pourrait certainement rien lui refuser. Il n'avait, de toute manière, jamais pu vraiment lui résister, n'est-ce pas? Quand elle était apparue pour la première fois sous ses yeux, il avait déjà flanché et les fois suivantes avaient été de même augure. Elle avait peuplé sa vie en devenant bien vite l'évidence de Doherty: lorsqu'elle était là, le suédois trouvait un sens à son existence et c'était certainement pour cette raison qu'il sombrait si ardemment ces derniers temps car il avait beau creuser partout, il n'y avait la belle Potter nulle part. C'était nécessaire néanmoins, ce temps séparé pour se retrouver, reprendre la main sur des coeurs meurtris, essayer de voir l'avenir plus sereinement mais c'était si difficile pour Wren. Il n'avait jamais voulu envisager le futur et pourtant, idiot qu'il était, il l'avait fait instinctivement avec Lizzie et c'était ce qui le blessait le plus à l'heure actuelle parce qu'il s'était vu avec elle. Elle et lui, une famille, une union qui ne saurait s'effondrer, deux personnes égales avec des aspirations différentes mais qui se soutenaient ardemment, sans jamais ciller. Accepter la décision de la brune était un des choix les plus ardus qu'il eut à prendre, comme la quitter il y avait de cela douze ans et recommencer maintenant, sans lui répondre qu'elle pouvait se bercer de tout ce qu'elle voudrait parce qu'il n'était jamais très loin d'elle. Il le faisait pourtant, silencieux, se laissant happer par l'appel du bruit extérieur, dans ce couloir miteux qu'il avait fréquenté des milliards de fois. Ils en avaient eu des souvenirs à cet endroit, à chaque fois que Doherty se libérait d'une guérison factice auprès de l'infirmière, voyant Lizzie de l'autre côté du couloir courir dans ses bras. Cette fois, il passait la porte seul et son coeur hurlait à la mort... Jusqu'à ce qu'il l'entende à nouveau, qu'elle s'approche finalement et qu'il la sente contre lui avant même qu'il n'ait eu le temps de réagir, encore moins parler. Il la laissa les bercer, mais de toute autre chose que d'illusions en cet instant, juste d'un flot d'amour, certainement plus puissant que la musique derrière eux. Instinctivement, les mains de Wren vinrent se poser sur les hanches de Lizzie, sa tête se posant au dessus de la sienne alors qu'il faisait ce qu'elle lui demander. L'enlacer, la serrer contre lui, ses mains voyageant jusqu'à son dos pour que leurs deux corps ne deviennent plus qu'un, si étroitement liés qu'ils étaient. Au bout du compte, Wren détacha sa tête de ce cocon si chaud pour observer le visage de Lizzie tout contre lui. Elle était si jolie et son coeur battait si fort, comment pouvait-il la quitter sans un adieu qui en valait vraiment la peine. Alors, une de ses mains voyagea jusqu'à son menton et il la força à le regarder, un court instant, oui, juste une minute suspendue dans le temps où l'ambré rencontrait le vert électrique. Tout s'arrêtait et Wren ne pouvait que lui crier qu'il était fou d'elle dans ce simple regard, ne se rendant même pas compte que son visage s'était rapproché au fur et à mesure, jusqu'à ce que ses lèvres rencontrent les siennes, ses doigts quittant son menton pour attraper sa joue, la garder fermement contre lui. Ne plus la lâcher, lui transmettre tout son amour dans un baiser unique et fiévreux, en espérant qu'elle le garderait en mémoire toute sa vie, même si elle choisissait quelqu'un d'autre à un moment donné, même si son amour pour lui ne finisse qu'en terne souvenir. Au moins, ils auraient ce moment là, cette danse de leurs corps et de leurs lippes, cet adieu que Wren ne contrôlait pas, tentant de ravaler son émotion pour tout donner à cette femme contre lui. Cette femme qu'il n'oublierait ni dans les jours à venir, ni dans les années probablement mais il devait tenir l'illusion, seulement une fois qu'il l'aurait lâchée, ce qu'il se refusait à faire. Tant pis s'il ne respirait plus, il tenait à ce qu'elle sache. Qu'elle ait en tête tout ce qu'il était, tout ce qu'il pourrait lui offrir dans ce fameux espoir qu'elle garderait au fond d'elle. Doherty n'était pas un menteur, pas là, pas quand son coeur parlait et il n'aurait pas être plus éloquent que cela. Il ne le serait jamais plus. |
| | | | (#)Lun 30 Déc 2019 - 0:45 | |
| Il ne la repousse pas, il ne lui dit pas de déguerpir, il la garde contre lui, il lui offre encore quelques moments, de brèves, petites, tortueuses secondes pour respirer de nouveau son odeur, ressentir sa chaleur, admirer la perfection de son corps, s’apaiser à son souffle bien vivant qui lui frôle les cheveux. Le seul être à pouvoir la toucher, à pouvoir l’enlacer, le seul contre qui son corps est guéri mais pas son cœur, son cœur est inondé, il est envahi d’eau qui gonfle. Lizzie ne s’est pas attendue à ce que la soirée tourne comme ça, elle n’était pas préparée à le voir. Si elle l’avait été, est-ce qu’elle n’aurait pas résisté à l’envie de siffler une boite entière ? A ne pas venir ? Non, elle veut se faire croire que non, qu’elle aurait été plus courageuse et qu’elle aurait fait la même chose que là. Mais ça, cette séparation, ça sonne comme le début de la fin de quelque chose et elle en pleure, Lizzie, elle en perd pied totalement parce qu’elle ne veut pas qu’il l’abandonne. Wren n’a jamais été aussi protégé que dans ses bras parce qu’il n’y a qu’elle qui sait comment le couvrir, comment faire bouclier face au monde extérieur. Mais si elle savait si bien le faire, il ne serait pas comme ça. Il n’aurait pas des seringues sur lui, il n’aurait pas les yeux rougis par l’alcool, il ne serait pas au dédain de tout et surtout d’elle.
Sauf maintenant. Lizzie semble le retrouver pendant un instant alors qu’elle le sent la maintenir contre lui, la presser à ne pas la lâcher, à sentir et entendre sa respiration. Elle se laisse bercer par les battements de son cœur, qu’elle écoute comme une des symphonies des plus mélodieuses parce que ça l’est. Se rappeler que ce même cœur a failli s’arrêter sous ses yeux lui fait resserrer un peu plus ses bras autour de lui, comme s’ils ne peuvent pas être plus proches. Lizzie est coupée de cette musique alors qu’on lui lève le menton. Elle voit d’abord la bouche en cœur de Wren, son espèce de stupide mais attirante moustache négligée puis ses yeux. Des yeux qui sont injectés de plein de substance qu’elle ne préférait pas voir mais de quelque chose d’encore plus fou qui s’y transmet. Son vert est profond, il est magnifique, il parle et il l’attire, toujours, alors que Lizzie est happée par la force de son regard malgré tout. Clouée sur place, ils ne bougent pas et pourtant, Wren plonge pour une autre danse, toute aussi fusionnelle, toute aussi intense, toute aussi amoureuse. Lèvres qui n’ont pas le temps de se frôler qu’ils s’embrassent avec chaleur et avec douceur. Lizzie le laisse mener cette danse-là, trop peureuse de le faire fuir au moindre geste de sa part. Ce baiser remplace celui de haine, celui de douleur qu’il avait ancré sur ses lèvres. Ce baiser de rage, d’une bataille entre eux absolument absurde parce qu’au final, ils s’en sortent tous les deux perdants. Meurtris, à genoux, et n’attendant sûrement que la grenade qu’ils serrent si précieusement contre eux exploser pour mettre fin à tout ça. La brune finit par glisser sa main sur sa joue, tout simplement. Ils retardent l’échéance, sûrement de la plus horrible des façons. Si Wren voit ça comme un adieu, Lizzie garde toujours son goût d’espoir. Même si c’est surtout un goût salé qui se faufile entre leurs lèvres parce qu’elle pleure, évidemment qu’elle pleure, comment elle ne pourrait pleurer devant l’intensité de ce que le suédois lui donne, de tout ce qu’elle ressent, de tout ce qu’ils perdent ? Elle pleure sûrement plus que quand il l’a quitté, plus quand il a claqué la porte de chez elle, plus quand il l’a laissé seule dans cette foutue ruelle. Parce que là, il n’y a pas de haine, il n’y pas de mauvais ressenti. Il n’y a pas de mauvaises notes, il y a juste de l’amertume, un goût de regret puissant qui la fait se perdre un peu plus contre ses lèvres. Lizzie ne veut pas que ça s’arrête et pourtant, il faudra bien repartir car la musique s’arrête toujours.
Sauf celles de leurs cœurs.
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| | | | (#)Lun 30 Déc 2019 - 1:01 | |
| C'était un ressenti qui le transportait vers un autre univers dès lors qu'il se laissait aller à aimer Lizzie Potter. Il n'y avait plus aucune pensée, aucune réflexion, juste le mouvement de ses lèvres contre les siennes, respirant son souffle à elle car il était mille fois plus beau que le sien, mille fois plus irrésistible aussi. Il ne voulait pas partir, ni la lâcher et pourtant Wren avait prononcé ces mots, il savait que la séparation était inévitable, ce qui ressentait ce moment encore plus sublime encore parce que c'était deux êtres qui s'aimaient à la folie et qui se refusaient à être ensemble. Même si c'était un échec au présent, cela ne voulait pas dire qu'il se conjuguerait de la même manière au futur, Doherty tâchait de ne pas voir plus loin que ce qu'il vivait à l'heure actuelle. Dieu ce que son coeur battait fort alors que sa main caressait la peau si douce de sa bien aimée. C'était ce qu'il avait fait de meilleur dans sa piètre existence: aimer Lizzie Potter, lui offrir son âme sur un plateau et ne jamais la lui reprendre avant ce soir-là et clairement, il ne pouvait pas regretter une seule ligne de leur chapitre si somptueux. Elle pleurait, il le sentait et ses doigts vinrent ramasser au fur et à mesure les gouttelettes que la brune laissait tomber sur ses joues. C'était une vision que Wren détestait, la voir mal, la voir pleurer et c'était sa faute si elle ressentait toutes ces émotions négatives parce qu'il la quittait une fois de plus, même si c'était beaucoup moins abrupt que les dernières fois. Se détacher d'elle lui donna un goût amer mais il devait reprendre son souffle, la regardant comme si elle était la huitième merveille du monde mais dans le sien, elle était juste la première. Il n'y en avait jamais eu aucune autre et dans ce baiser, il avait osé lui dire qu'il n'y en aurait jamais d'ailleurs. Si Lizzie avait compris le message, cela étant. Wren avait le coeur qui menaçait de rompre, de s'arrêter à ce moment là alors qu'il se força à cligner des yeux, juste pour couper ce lien profond entre eux sinon il ne partirait jamais. Il finit par relâcher le visage de sa brune et tenta un faible sourire envers elle alors qu'à l'intérieur, il n'y avait que des pleurs, que cette chaleur qui lui échappait parce qu'il ne la sentait plus contre elle et c'était pourtant la seule chose qu'il désirait si fortement. Tant pis pour lui après tout, tant pis pour lui d'avoir refusé le contrat proposé par Potter mais il n'en avait pas la force, de l'aimer à distance, de la soutenir en tant qu'ami alors qu'il bouillonnait d'affection pour elle. Ce n'était pas possible à ses yeux, encore moins à son coeur et celui-ci, souffrant, ne pouvait que reculer, la regarder encore quelques secondes, observer tout ce qu'il y avait de magnifique en elle, c'est à dire tout, avant qu'il ne détale, sachant déjà qu'il s'offrirait au diable dès qu'il aurait passé la porte du gymnase. Il ne pleurerait pas cette fois parce qu'il avait laissé son âme avec elle, il n'était plus qu'un corps et cette douleur infâme qu'il avait ressenti n'était plus. La drogue l'appelait, la quête de la paix intérieure même si c'était illusoire maintenant qu'il n'avait plus le droit d'aimer Lizzie Potter. Maintenant qu'il était l'homme le plus malheureux de cet univers. |
| | | | (#)Lun 30 Déc 2019 - 12:40 | |
| Laisser la forme de ses lèvres sur les siennes, l’empreinte de leurs mains sur leurs visages, l’entente parfaite de deux organes au bord du précipice que pourtant ils déchirent et s’entêtent à bousculer, à les arracher vivant l’un à l’autre. Lizzie ne veut pas du goût salé de ses fichues larmes, elle qui ne souhaite que s’imbiber totalement de l’odeur de Wren, même s’il porte le goût de fin de son âme, de son être, de la preuve de sa décadence et de ce gouffre dans lequel il s’entête à plonger. Elle veut le respirer en entier, lui promettre que son souffle est le sien, qu’il n’est pas perdu, pas encore, qu’il ne sera jamais trop tard même s’il pense le contraire. Wren l’aime, il l’aime à s’en foutre des seringues dans le bras, il l’aime à se foutre le nez dans de la farine, il l’aime à trainer dans des ruelles malsaines et dangereuses. Ce n’est pas ce qu’elle a voulu pour lui, ce n’est pas comme ça que c’est censé se passer. Et pourtant, malgré son cœur lourd, le suédois lui déballe très clairement l’étendu de ses sentiments, juste en la tenant près de lui, juste en caressant sa joue, sa langue, ses lèvres. Et elle frissonne, Lizzie, toujours en pleurant, son autre main restant sur sa nuque. Elle ne les aime pas, ces conditions qu’il lui impose, et elle va lui en vouloir de ne pas pouvoir accepter les siennes. Mais pour l’instant, elle l’aime, bordel qu’elle l’aime avec ses larmes chaudes, ses doigts tentant de se marquer sur sa joue, son corps réclamant cette fusion avec le sien. Elle l’aime avec tous ses regrets, avec tout le mal qu’ils s’infligent, avec toute la beauté de leur relation malgré tout. Parce que tout est si fort, si intense, si soudain, une claque à la figure qu’elle n’avait pas vu venir. Wren a toujours été une (bonne) surprise dans sa vie, toujours à apparaitre quand elle s’y attend le moins, toujours à réussir à happer son attention d’un simple regard. Elle l’aime avec tous ses démons, avec toute cette souffrance tapis en eux mais qu’ils se crient sans jamais pouvoir l’entendre. Parce qu’elle va devoir l’aimer de loin, encore une fois. Même si là, il n’y aura pas de colère pour venir équilibrer le tout, il n’y aura juste qu’un amour, qu’une tendresse infinie qu’elle ne pourra pas retourner, qu’elle ne pourra pas prodiguer. Tout ça parce qu’elle ne se sent pas prête. Et qu’il ne peut pas l’aimer en toute amitié. Une situation bancale à l’ultime porte de sortie. Ou est-ce une porte de secours ?
Lizzie a mal, putain qu’elle a mal alors qu’il finit par éloigner ses lippes des siennes. Elle préfère crever de ne plus pouvoir respirer si ça lui permet de prolonger encore l’instant, quitte à s’effondrer à jamais dans ses bras. Elle garde les yeux fermés un moment parce qu’ils sont engloutis par de l’eau et que ce n’est pas la vision qu’elle veut lui donner mais elle n’a pas le choix, elle n’a pas non plus envie de ne pas le voir. Le regard de Wren est porteur d’un message tellement beau et Lizzie ne bouge pas, le menton toujours levé vers lui, à observer ses traits si parfaits, si beaux. Le suédois cligne des yeux et la relâche, même son sourire ne suffit pas à relever le cœur qui s’effondre de Lizzie encore un peu plus. Il va partir, il va lui tourner le dos, il va la laisser, il va s’éloigner d’elle, quand est-ce qu’elle le reverra ? Une question à l’interrogation bien trop longue, une réponse que seul le temps pourra dire. Elle ne bouge toujours pas alors qu’il recule et même si elle lâche une respiration bien trop longue, Lizzie a l’impression de manquer d’air. « Wren… » Mais ce dernier s’est déjà reculé encore une fois et elle a froid parce qu’il n’est plus là pour la réchauffer. « Wren, s’il te plait, ne vas pas vendre ton âme au diable. Pas ce soir, ni demain, ni les jours d’après. Rentre chez toi, reprends-toi en main, ne me laisse pas te détruire comme ça. » Sa voix est suppliante et elle pourrait presque se mettre à ses pieds pour qu’il l’entende et qu’il comprenne ce qu’elle lui demande. « Je garderai l’espoir et les illusions pour deux. Parce que je reviendrai, Wren. Cette fois, il n'y a pas de mensonge pour entraver la vérité. Je ne te laisserai pas disparaître définitivement. Ce n’est pas un adieu, c’est juste un au revoir. » Même s’il préfère se murer à la définitive parce que ça lui ferait moins mal, Lizzie s’y refuse. Pas cette fois, pas alors qu’il vient de lui prouver qu’il l’aime toujours, ardemment et avec passion. Cette fois, elle ne le laissera pas partir douze années supplémentaires de sa vie. Pas quand la vérité est aussi criante que ça. Ce que l’adolescente n’avait pas fait, l’adulte le fera. Et même Wren Doherty ne pourra rien dire et faire pour changer ça. Parce que Lizzie Potter est destinée à être faite pour lui, aussi simplement que cela.
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