| Please let me dream, let me scream, let me die. ¤ Wrizzie |
| | (#)Mar 7 Jan 2020 - 21:25 | |
| Non, il n'avait pas envie de partir, d'y retourner. Wren savait où il se dirigeait, vers ce doux enfer dont il ne sortirait pas indemne. Il garderait sûrement les traces des méfaits qu'il avait réalisés ces derniers temps et il ne pouvait pas être parfaitement serein dans ce genre de circonstances. Il allait devoir vivre jusqu'à la fin de ses jours avec la réalité qu'il s'était créée, celle où il n'était qu'un drogué de plus dans un univers morbide. Pourtant, le suédois avait cru être plus fort que ces gens-là, que ceux qu'il croisait dans les ruelles à supplier pour un petit billet vert qui leur paierait un aller simple vers un bonheur sans possibilité de faire demi tour. Celui-ci ne durait pas, jamais et on était obligé d'en redemander, c'était la loi de l'offre et de la demande. Comment rapporter de la clientèle? En amorçant de la dépendance et c'était ce qu'ils étaient tous dès l'instant où ils présentaient leurs narines à de la poudre blanche ou leurs veines à un liquide transparent. Doherty n'avait pas échappé à la loi de la cruauté et maintenant, il devait se lever chaque matin avec cette sensation de manque qui lui tiraillait les veines car c'était son carburant ce fichu procédé chimique qui tuait la moindre pensée cohérente. Et encore, rien n'annihilait totalement ce qui le perturbait le plus, les images, les souvenirs, sa belle Lizzie. Le fait de la revoir encore et toujours, de la bercer contre lui, de toucher son coeur et le sentir battre sous sa paume délicate, c'était le seul fait réel qui comptait, le seul auquel se raccrocher quand reviendrait l'orage. Il était inévitable, oui, que cette terrible tempête l'emporte à nouveau et il n'était pas certain de pouvoir y survivre mais il avait au moins ce passé-là dans lequel vivre et Wren tenait absolument à le conserver aussi intact que possible. Alors, il ne bougeait pas, la regardant avec ses yeux si intenses, cette affection si palpable dans le moindre mouvement de son corps et il savait très bien quelle message elle voulait lui passer à ce moment-là, en lui répétant qu'elle n'était pas prête pour eux, même s'il était le seul à la faire vibrer de la sorte. C'était déjà une occasion de sourire pour le grand brun, lui qui n'en avait pas connu depuis des mois maintenant et c'était déjà cela, il prenait ce qu'on lui donnait, sans en demander une goutte de plus. "Tu apprendras de nouveau, rien n'est définitif. Je crois surtout que tout ça, c'est une question de confiance et là, t'as besoin de la retrouver avec toi-même avant de pouvoir me la donner... Après tout ce que je t'ai fait, c'est bien légitime, Lizzie." Il l'avait détruite, sans le vouloir certes mais le résultat avait tout de même été celui-là et c'était quelque chose que Wren vivait très mal depuis des semaines. Ne pas la voir durant douze ans, c'était sûrement ce qui l'avait empêché de sombrer car il n'avait pas vu les conséquences de son abandon, non, de cette trahison qu'il avait opérée pour la garder en vie. Elle en avait souffert et c'était désormais à son tour de le faire, un prêté pour un rendu. "Cette fois, ça va très bien se finir, je te promets. Je le mérite pas forcément mais ton coeur est toujours aussi pur. Je veux pas l'abîmer cette fois. Je peux tenir, Lizzie, enfin je crois mais il faut que tu me suives, je peux pas sans toi. Je vais être horrible à voir pourtant, mais Gabriel pourra faire tous les efforts du monde... Si t'es pas là, ça marchera pas parce que je me raccroche à toi. C'est tout ce que je sais." Il ne le comprenait pas nécessairement, lui qui était si indépendant mais c'était comme cela, la drogue ne s'évacuerait pas de son système si elle n'était pas remplacée par la perfection incarnée... Lizzie Potter, en chair et en os. Il attrapa sa main et vint la porter à ses lèvres, dans un geste tendre, de remerciement avant tout car si elle refusait, il n'en verrait aucun inconvénient. Wren comprenait. Wren vivait encore. |
| | | | (#)Mer 8 Jan 2020 - 19:01 | |
| Wren sourit et il y a comme un rayon de soleil qui vient illuminer leur bulle bien trop sombre au goût de la jolie brune. Elle passe un pouce léger sous sa lippe inférieure, comme pour tracer et marquer cette image. Voilà bien trop longtemps que Lizzie ne l’a pas vu sourire et c’est bien ça qui doit faire le plus mal. Non, dans le fond, il y a un soulagement certain car il ne se braque pas malgré tout, il la serre un peu plus contre elle et bon dieu qu’elle ne veut pas partir. « Depuis quand Wren Doherty est un expert en psychologie ? » Lizzie sourit alors que ses propres larmes s’apaisent enfin, son pouce déviant sur sa joue avec un œil presque émerveillé. Le fait que Wren puisse comprendre aussi facilement ce qui se trame dans sa tête, peut-être même mieux qu’elle, ça prouve finalement qu’il l’écoute. Malgré tout ce qu’il s’inflige, les mots de la brunette se faufilent dans ses oreilles et résonnent dans sa tête, donnant même un sens presque plus cohérent que le sien à ce qu’elle ressent.
Lizzie lui en est tellement reconnaissante à ce moment-là qu’elle en oublie (presque) qu’il a voulu se noyer (volontairement) pour la simple idée de la retrouver (là où elle n’est vraiment pas). Si l’envie de ne plus rien ressentir et de finir comme l'ombre de sa propre personne a été plus tenace que n'importe quoi d'autres, jamais la brunette n'aurait songé à mettre proprement fin à ses jours. Même pour ça, elle est sûrement trop lâche aussi. Il y aura toujours une partie de Lizzie qui voudra vivre, qui voudra continuer à s’émerveiller de ce que la vie peut lui offrir. Il faut juste qu’elle retrouve cette partie, qu’elle l’amplifie, qu’elle la laisse l’envahir et c’est sûrement en voyant Wren frôler la fin de la sienne deux fois de trop qui lui rappelle ça de façon aussi agressive. L’australienne a des fourmillements de gamine qui lui picotent la main alors que le suédois la lui embrasse. Même geste à l’inverse qui avait provoqué un scandale entre eux quelques jours plus tôt mais Lizzie n’étant pas Wren, elle le laisse faire, elle se permet même de garder sa main dans la sienne et elle en a le cœur gros, d’autant que ce qu’il dit ne la laisse pas indifférente. Comment est-ce qu’elle pourrait alors qu’il lui dit littéralement qu’il a besoin d’elle ? Sa main libre parcourt sa joue avant de glisser dans ses cheveux mouillés, prise soudaine d’intérêt pour les mèches qu’elle ramène gentiment vers l’arrière. « J’espère , Wren, car je ne sais pas si je m’en remettrai de vivre tout ça une deuxième fois. » La solitude ne lui a jamais paru flagrant, elle qui s’est toujours trouvée entourée tout le temps. Mais depuis que Lizzie a retrouvé Wren, il y a ce désir certain de vouloir partager plus avec quelqu’un qu’une amitié platonique. Ils n’ont pas eu de situations d’un couple banal et pourtant, leur nuit ensemble a laissé des traces - positives, d’amour, de chaleur, de partage. Ce quelque chose que Lizzie n’a jamais vraiment cherché, et donc jamais vraiment manqué ni voulu, mais qu’au final, elle s’en retrouve à en souffrir du manque.
« Je suis sûre que si. Il faut que tu essaie par toi-même d’abord, Wren. Il faut que tu le fasses pour toi. » Lizzie lui embrasse le front doucement tout en souriant timidement. « Mais si tu te sens à bout de force, qu’il m’appelle. Je viendrai quoiqu’il arrive. Mais prouve-toi que tu peux être plus fort que tes démons, même si ce n’est que quelques jours. » Même si elle, elle fait sa propre thérapie pour lui, elle se rend compte à quel point elle est bénéfique pour elle - malgré le manque qui est toujours tapit dans l’ombre, prêt à ressurgir comme quelques minutes plus tôt. Elizabeth plonge sa tête dans le creux de son cou, emmêlée bras et jambes avec Wren sans pouvoir trouver la force de s’en déloger pour l’instant. « Il va falloir que t’y retournes. Je peux pas ne pas te laisser y retourner. » Elle l’accompagnera s’il le faut - s’il le veut bien.
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| | | | (#)Mer 8 Jan 2020 - 21:25 | |
| Non, cette fois, il n'y aurait aucun hurlement, aucun déchirement qui les mettrait dans un état incroyable pour des jours entiers. La priorité était ailleurs, dans leur guérison respective pour pouvoir envisager plus grand, ou en tout cas, pour pouvoir s'envisager à deux. C'était un fait presque improbable quand on regardait Wren Doherty, l'homme indépendant par excellence, qui ne se donnait à rien ni personne, toujours convaincu d'être bien plus à l'aise en étant seul. Il n'avait jamais désiré s'imposer auprès de quelqu'un, surtout pas avec ses pensées morbides et son mode de vie si dangereux mais le tout était arrivé sans crier gare le jour où il avait embrassé Lizzie Potter pour la première fois. Après cela, il n'avait jamais pu revenir au garçon qu'il était avant, celui qui se fichait de tout et tout le monde, uniquement bercé par ses propres désirs et l'appel de ses envies les plus idiotes. La présence de la brune avait tout changé en lui, même s'il avait essayé de jouer un double jeu en s'en allant et la laissant derrière lui. Le suédois en était revenu au final et c'était peut être la seule chose qui avait réellement de l'importance parce que, désormais, il voyait plus clair que jamais, ne pouvant pas franchement concevoir sa vie sans elle. Wren ne pensait plus pour lui seul, il pensait également pour elle, pour qu'elle aille mieux et c'était ce qu'il tâchait de laisser entrevoir entre quelques mots. Elle comprit le message et Doherty ne put que sourire parce que, non, il ne se sentait pas plus psychologue que la veille mais il avait surtout eu beaucoup de temps pour réfléchir sur ce qu'elle représentait à ses yeux et la manière dont elle se comportait. Oui, l'ancien pompier la connaissait par coeur et même si les années l'avaient fait évoluer, les fondements de la personne qu'était Lizzie Potter n'avait pas changé le moins du monde, elle ne pouvait pas lui échapper, plus maintenant. Ils ne pourraient pas rester là, l'un contre l'autre, bercés par le bruit des vagues, les lèvres de Wren se promenant sur la paume de Lizzie après qu'il ait joué avec son coeur, de toute les manières qui lui étaient propres. Le temps avait l'air d'avoir cessé mais le suédois savait que c'était un leurre et que tout allait s'arrêter à nouveau car le monde était trop cruel pour eux deux. Trop cruel pour qu'ils ne se séparent pas de nouveau, même si cette rupture était beaucoup moins définitive que les précédentes. Le glas sonnait au dessus de leur tête au moment où Lizzie parla à nouveau, envisageant la fin de cette rencontre parce qu'il devait y retourner, il devait guérir pour eux deux. Wren la regarda en silence, sentant sa main dans ses cheveux, cette envie palpitante de l'enlacer jusqu'à ce qu'il arrête de respirer mais il savait qu'il ne pouvait pas se mettre en danger plus qu'il ne l'avait déjà fait. "Je sais. Je dois y aller avant que Gab' ne se réveille et émette un avis de recherche. Je serai de retour, tu le sais." C'était tout ce qu'il pouvait lui dire en se relevant, encore définitivement trempé de cette baignade inopinée mais ce n'était pas ce qui gênait plus le jeune Doherty. C'était la laisser encore une fois, la perdre quelque part le temps qu'il aille mieux. Son coeur était déchiré mais peut être que, cette fois, elle allait finir par le lui réparer. |
| | | | (#)Mer 8 Jan 2020 - 22:08 | |
| Pourquoi il faut que tout s’arrête d’une minute à l’autre ? Quand ils se criaient dessus, quand le venin sortait froidement, au moins, Lizzie n’avait que cette envie, que ça s’arrête. Même si ça n’en était pas moins douloureux à chaque fois, c’est peut-être encore pire maintenant. Pourquoi est-ce que leurs séparations sont de plus en plus douces en même temps d’être de plus en plus pénibles ? Elizabeth le regarde se relever mais elle ne se sent pas abandonner pour autant. La tête levée vers Wren, elle recueille ses propos avec un tendre sourire tout en hochant la tête. « Je sais. » J’espère. « Moi aussi. » Je serai courageuse. « Je serai là. » Je t’attendrai. Elle aura fait des efforts, elle continuera à débloquer tout ce qu’il ne va pas et même si tout ne se fait pas en un jour, la brunette a foi qu’elle saura le rencontrer à la moitié du chemin quand il faudra. Quand leur moment sera venu et qu’ils pourront enfin essayer de se bâtir ensemble. Une idée qui la terrifie autant qu’elle la comble.
Lizzie se lève à son tour tout en essorant au moins son haut trempé. Heureusement que l’Australie est connue pour les températures chaudes, autant profiter d’un séchage naturel. En attendant, elle va devoir se contenter de vêtements qui doivent peser trois fois son poids. « Tu veux que je te raccompagne ? » Pour être sûre qu’il ne va pas prendre la tangente. Quand bien même elle ne sait pas où il fait son sevrage et que Wren peut l’emmener (vraiment) où il veut, Lizzie souhaite encore être là quelques instants. Sa veine piquée, la drogue encore dans ses veines, hors de question de prendre le risque de ne pas le surveiller. Garder un œil sur lui malgré tout, ce regard qui cherche la moindre défaillance technique dans le système, le moindre geste qui peut déclencher un vinaigre qui tourne court. Et c’est en le regardant tout en songeant à là où il doit aller qu’elle a une illumination tout en tapant ses mains l’une dans l’autre. « Qui s’occupe de Crousti, Wren ? T’as tes clés sur toi ? Dis-moi que tu ne les as pas perdus dans l’eau et qu’elles sont là où tu dors en ce moment. » Le pauvre Croustibat, sans personne pour veiller sur lui.
Tel maitre, tel chat, il faut croire. Même si Lizzie est soulagée de savoir qu’il y a quelqu’un pour veiller sur Wren. Quelqu’un de plus fort qu’elle, de plus patient qu’elle et sûrement de plus courageux qu’elle. Qui que ce soit, elle est cruellement reconnaissante de cette personne qui s’occupe à l’être le plus précieux de sa vie. Même si ça lui brise le cœur de ne pas pouvoir l’être. (Mais elle le sera, un jour, elle le sera. Elle se l’est promis.)
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| | | | (#)Mer 8 Jan 2020 - 22:34 | |
| Il n'avait pas spécialement envie que tout s'arrête là, dans ces circonstances mais Wren avait compris qu'il ne pouvait pas être maître de tout, même pas celui de son destin. A l'heure actuelle, cette séparation était nécessaire puisqu'ils avaient tant à vivre chacun de leur côté, des plaies béantes à refermer pour être prêts le temps venu. Ce ne serait pas aisé pour autant de lui tourner le dos une fois de plus, surtout pas alors qu'elle était si belle à la lumière du jour qui s'était levé, ses vêtements mouillés lui donnant l'air d'une déesse en plein milieu de l'océan. La drogue qu'il avait ingéré devait aider à avoir cette image précise d'elle, à moins que ce ne fut simplement son coeur qui tenait à lui faire passer un message, celui qu'elle était parfaite à ses yeux et qu'il avait toujours envie de l'avoir dans son champ de vision. Il n'y avait pas réalité plus idéale que celle où Lizzie se retrouvait en plein centre de son paysage, à l'émerveiller par sa simple présence, sans n'être quoi que ce fut de plus que d'habitude. Elle était juste là, à lui redire qu'elle l'attendrait, qu'elle comprenait parfaitement le chemin qu'il était en train d'emprunter et qu'ils finiraient par se retrouver quelque part au bout de cette route. Wren en sourit, même si c'était un petit instant uniquement, sentant déjà le manque s'éparpiller dans ses veines mais pas de drogue pour cette fois, non son manque d'elle. Il ne la touchait plus, ne la regardait plus d'assez près et le jeune suédois se sentait sombrer. "Si tu veux." Il savait bien pourquoi elle désirait le raccompagner, elle devait avoir peur qu'il aille s'acheter une dernière dose, se perdant quelque part dans une ruelle miteuse et n'allant jamais au bout de son fichu sevrage. Lizzie n'avait pas tort de se méfier: c'était bien indiqué qu'il ne fallait jamais faire confiance à un junkie, celui-ci ferait tout et n'importe quoi pour son vice. Wren n'était pas différent ces derniers temps et il savait que si elle ne le suivait pas un minimum, il tiendrait deux rues à peine. "Crousti? Euhhh, personne. Et mes clés, elles doivent être chez Gabriel avec tout le reste de mes affaires. J'en sais rien, j'ai pas tellement réfléchi avant de me retrouver là. Pourquoi? Tu veux t'occuper de Crousti? Ce serait pas de refus." C'était le moins que l'on pouvait dire car son chat avait besoin d'un minimum de présence, même s'il était tout aussi solitaire que son patron. Wren ne pouvait pas l'abandonner, pas lui non plus. "Plus qu'à aller jusqu'à la librairie. Tu connais Gaby?" Il l'aida à se relever en lui tendant une main tremblante. La drogue provoquait cela sur un corps et Doherty tâchait de l'ignorer, se contentant surtout de regarder Potter avant de se mettre à avancer vers la route qui n'était qu'à quelques pas alors que l'humanité se réveillait autour d'eux. Ils ne seraient bientôt plus seuls et Wren abhorrait déjà le concept. |
| | | | (#)Jeu 9 Jan 2020 - 7:47 | |
| Jamais Lizzie n’aurait espéré connaitre ça de nouveau un jour. Autant de déferlements d’émotions en si peu de temps, elle ne s’en savait plus capable, surtout après son agression qui lui a coûté trop, beaucoup trop. Un mal-être profond dont elle a fait pâtir Wren parce que même s’il a été le seul à pouvoir la toucher, il a été aussi le seul qui a vu, absolument tout et qui a subi. Au final, l’australienne ne sait plus vraiment si elle consommait ses cachets dans le but de ne plus penser à son agression ou bien véritablement pour apaiser ce cœur meurtri et déchiré dont elle ignore totalement comment prendre soin. Lizzie prend soin des autres mais pas vraiment d’elle-même, c’est bien connu. Le cœur sur la main, mais jamais sa main sur le cœur pour se ressentir elle-même, pour avoir conscience qu’elle aussi possède un organe qui est capable d’aimer. Il n’est juste pas à aimer n’importe qui. Il n’est juste pas à aimer le premier venu. Il n’aime que Wren Doherty et c’est sûrement pour ça que la brunette a été prise de court devant une telle intensité. Des sentiments qui se sont amplifiés sans qu’elle ne s’en rende compte, marqués et incrustés dans sa peau par les baisers du suédois qui a réussi malgré tout à l’emporter plus loin qu’elle ne l’avait désiré. Une situation qu’Elizabeth a eu du mal à accepter, se braquant complètement, se renfermant comme une huitre qui sent le couteau venir. Penser qu’elle va être blessée est la première chose qui lui a traversé l’esprit et le temps, il ne faut que le temps pour réussir à apaiser tout ça.
Le temps et Wren qui est toujours, qui maintient qu’il ne l’abimera pas de nouveau, qu’il reviendra. Signifiant qu’il va faire un effort de son côté pour se débarrasser de ce poison qui colle actuellement dans ses veines. Pire que les médicaments, pire qu’un manque d’adrénaline. La jolie brune a déjà mal pour lui, elle a les boyaux qui se tordent d’avance en s’imaginant dans quel état il va pouvoir être dans quelques jours - un bazar ambulant certainement. Si elle se plaint à l’intérieur, Lizzie voit cependant la main tremblotante de Wren qui se tend vers elle et qu’elle prend pour se relever. Elle la voit mais elle fait mine que ses yeux n’ont rien remarqué, ces derniers préférant s’attarder sur son visage. « Il faut que quelqu’un s’occupe de Crousti. Je ne veux pas qu’il meurt de faim. » A défaut de ne pas pouvoir m’occuper de toi. Wren se met en route et, après avoir récupéré ses affaires, Lizzie suit son pas, les mains dans ses poches. Elle a une expression de surprise quand il lui parle d’un ‘Gaby’ associé à une ‘librairie’. « Je connais un Gabriel propriétaire d’une librairie, oui. » Pour le connaitre, elle le connait même très bien. « Brun, bouclé, yeux bleus, un chat, un chien, une voix douce ? » Même si la dernière fois qu’elle l’a vu, Gabriel n’avait rien de doux. « Le monde serait si petit que ça ? » Il faut croire que oui. La ville se réveille tranquillement autour d’elle et Lizzie soupire parce que la bulle a définitivement éclaté et le monde réel reprend ses droits. C’est presque étrange d’être en pleine ville avec Wren, eux qui se sont toujours retrouvés isolés du monde extérieur, dans leur propre univers - pour le meilleur comme pour le pire. « En tout cas, si c’est lui, tu es entre de bonnes mains. » Mieux que les miennes en tout cas. Elizabeth passe un regard rapide sur Wren avant de plonger sa main dans la sienne. « Tu m’avais dit quand on s’est retrouvés que tu n’étais pas allé à la plage car ça ramenait trop de souvenirs. On s’en créera d’autres, Wren. Tu y penses et tu tiendras le coup, pas vrai ? » Sur la plage, dans la ville, chez lui, qu’importe. L’espoir se nourrit, contentant ses propres craintes. Sa main fait pression sur la sienne et bordel que Lizzie se sent prise d’un courage certain. Elle pourrait presque aller voir sa thérapeute en lui affirmant que tout va bien, aujourd’hui, parce qu’elle a au moins l’espoir. L’espoir d’être un jour de nouveau heureuse. Que son propre sevrage ne serve pas à rien, qu’il est nécessaire autant que les séances. Ouvrir ses problèmes relationnels, mettre sur la table son incapacité à se donner en amour, réparer avec du fil magique la plaie de son cœur et de son âme. « On peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres. Il suffit juste d’allumer la lumière pour s’en souvenir. » Qu’elle cite doucement, son minois levé vers le suédois qu’elle ne lâche pas de ses doigts.
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| | | | (#)Jeu 9 Jan 2020 - 16:30 | |
| Comme d'habitude, Wren n'avait pensé à rien et il se sentait encore plus mal de devoir laisser derrière lui le chaton qu'il avait recueilli en pleine rue bien des années auparavant. Encore un individu à mettre sur la longue liste des gens qu'il avait maltraités, d'une manière ou d'une autre. Doherty n'avait aucune excuse: au contraire, il devait assumer complètement ses failles, tout ce qu'il avait raté ces derniers temps et qu'il ne pourrait jamais récupérer. Il avait choisi de devenir un junkie, de son plein gré puisque personne ne l'avait forcé à s'enfoncer cette seringue dans les veines la première fois, encore moins les fois suivantes. A cette époque déjà, le suédois savait quelles pouvaient être les conséquences d'un tel acte désespéré parce qu'il était pompier auparavant et qu'il en avait récupéré des drogués sur les trottoirs en pleine overdose. C'était sûrement ce qu'il désirait être, un de ces hommes perdus qu'on retrouvait à côté d'un caniveau sans plus aucune identité, étiqueté simplement comme un junkie de plus qui avait péri sous le poids de son petit désespoir. Wren n'avait pas cherché à s'en échapper, ne taisant plus ses faiblesses et il aurait pu regretter ces dernières semaines mais il ne le pouvait même pas car il aurait fait exactement la même chose, en sachant néanmoins ce qui l'attendait à la fin de cette route. Bientôt, Lizzie lui lâcherait la main et il grimperait de nouveau par la fenêtre de l'appartement de Gabriel, assuré dans ses choix. Il ne bougerait pas durant des jours, hurlant à la mort dans la plus intense des solitudes mais c'était la seule solution qui lui restait... Cela ou la mort. Autant profiter donc de ce dernier instant d'épiphanie où Lizzie acceptait ses doigts contre les siens, son regard aussi triste que le sien parce que les journées à venir seraient d'une longueur effroyable. "Il l'est, oui. On parle du même. Qu'est-ce qu'il a fait pour toi?" En tout cas, de son côté, ce cher Carnahan allait participer activement à cette activé de sevrage, même s'il allait sûrement détester chaque minute en présence du grand nordique. Wren n'était déjà pas un cadeau quand il était sobre mais maintenant qu'il devait se purger de toutes les substances maléfiques au fond de son coeur meurtri, il n'en deviendrait que plus âpre à supporter. "D'autres souvenirs... J'y penserai." Il ne savait pas s'il avait réellement envie d'y penser tout de suite parce qu'il était impatient, forcément, et cela n'aidait pas son cas alors que les rues passaient les unes après les autres, Wren apercevant l'ombre de celle où résidait son ami. "Allume la lumière pour moi alors, Lizzouille. Je compte sur toi." Il lui fit un léger sourire avant de prendre une grande inspiration et s'engager dans la ruelle, s'arrêtant sous la fenêtre où il avait sauté un temps plus tôt. "J'suppose que c'est là qu'on se quitte. Je monte et je t'envoie les clés, t'enverras tout mon amour à Crousti." Wren était gêné, presque nauséeux de savoir que tout cela pouvait être un adieu car il n'avait aucune idée de ce qui adviendrait de lui dans les jours à venir. |
| | | | (#)Jeu 9 Jan 2020 - 18:13 | |
| “Aussi ironique soit-il, presque la même chose que pour toi.” Comme si son instinct avait su où la guider, n’ayant pas réfléchi qu’avant de se retrouver dans la paisible librairie en se demandant ce qu’elle y faisait. Un simple appel à l’aide et évidemment que Gabriel l’a entendu. Lizzie se note dans un coin de la tête d’envoyer un petit message au libraire pour le rassurer, aussi bien sur l’absence de Wren (enfin, s’il ne l’a pas remarqué, est-ce que ce n’est pas un risque qu’il le découvre? pas sûre que l’idée soit brillante du coup) mais surtout pour lui confirmer qu’il peut l’appeler si besoin. Les yeux bruns de Lizzie se perdent devant elle alors que Wren a l’air presque abattu alors qu’elle essaie simplement de lui faire voir ce qu’il peut arriver plus tard. Elle a l’impression de ne pas savoir quoi dire, que chaque mot qu’elle prononcera ne sera pas perçu comme elle le veut. Alors elle se contente de s’accrocher à sa main, parce que c’est la seule chose concrète qu’Elizabeth pense pouvoir lui fournir à l’heure actuelle. La brune s'est toujours contentée de pouvoir assouvir la peine de ses amis mais celle de Wren lui échappe totalement, et ça la frustre énormément. S'inquiéter, tout le temps, mais ne pas avoir l'impression d'en faire assez. Le voir presque se renfermer en arrivant au pied de l'immeuble.
Le suédois a beau essayer de sourire, ça ne fonctionne pas à l'apaiser et encore moins à la rassurer. Wren n'est pas serein et pour une fois, Lizzie parvient à le lire sur ses traits. Cette angoisse, cette appréhension, la crispation d'avance de savoir qu'il va falloir lutter. Comme un soldat s'en allant au combat, et le plus compliqué, le combat avec lui-même. Alors la brunette pose sa main sur son visage pour qu'il le tourne vers elle. "Ça va aller, Wren. Je lui transmets le message mais je suis sûre qu'il attend le retour de son maître avec impatience." Elle passe son pouce sur la petite cicatrice sur sa joue tout en souriant légèrement. "S'échapper par la fenêtre, ça te ressemble bien" Ou se faufiler dedans aussi, ça fonctionne des deux sens. Lizzie recule d’un pas pour le laisser retourner chez le libraire, un ange gardien sur eux qu’elle remercie autant qu’elle se pardonne. La jeune femme attrape les clés que Wren lui fait glisser, sa main gardant le contact un peu plus longtemps que nécessaire. “J’ai foi en toi, Wren.” Plus qu’en elle-même en tout cas.
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| | | | | | | | Please let me dream, let me scream, let me die. ¤ Wrizzie |
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