| I find my soul in forests ¤ Birdie (FB) |
| | (#)Ven 28 Fév 2020 - 22:46 | |
| « Non. Qu'est-ce que ça veut dire plus ? » Birdie se mord la lèvre, songeuse, ne sachant pas vraiment si elle le sait elle-même. Elle aime bien Ezechiel mais il lui demande des explications pour des choses qu’elle n’est même pas encore capable de comprendre. Pourquoi est-ce qu’elle a parlé de ça en premier lieu ? Parce qu’il est différent donc forcément, chaque question, chaque conversation avec Zeke est différente. Elle gratte sa tête, un air peu assuré au visage parce qu’elle n’est qu’une gamine qui doit avoir la réponse d’un adulte. « Je sais pas, moi… Avoir une famille à toi, courir les filles, avoir envie d’un autre métier, faire la fête… Enfin, tu vois, quoi… Nan ? » Elle est sûre qu’il va lui répondre non. Non à chacune de ses idées et non parce qu’il ne verra pas. Elle s’exprime mal parce qu’elle non plus ne sait pas trop et c’est un terrain trop inconnu pour elle pour y comprendre quelque chose. « Enfin bref, retiens juste que t’es pas comme les autres garçons et ça, c’est cool. » C’est le plus important. Et si Zeke se sent bien ici, il n’y a pas de raison de vouloir le déloger. Pas comme il tente de le faire avec elle, en tout cas. « C'est que t'as pas bien regardé, ça. » Birdie plisse le nez, un sourire presque gêné aux lèvres. « Je marche pas, je cours donc je vois rien. Enfin, c’est ce que ma fratrie dit souvent, en tout cas. » Ce n’est pas étonnant qu’elle a des écorchures aux doigts et aux jambes. A force de ne rien voir, on finit par tomber. Et du coup, elle n’a pas dû voir Zeke avec d’autres. « Donc t’es pas si solitaire que ça, c’est presque rassurant, dis donc ! » Cadburry lui tape gentiment dans l’épaule en tenant ses propos, son visage rieur.
« Je suis cap' de beaucoup, tu sais. » Pour le coup, Birdie éclate de rire tout en secouant la tête. « Nope, on est dans un pays libre, Zeze. Tu me forceras pas à partir si je veux pas. Il arrive quoi si je change ? Si le monde me bouffe ? S’il a raison de moi ? Je suis peut-être pas faite non plus pour ça. Regarde, j’ai déjà du mal à survivre l’école, comment je peux survivre au reste ? » Elle fait de grands gestes animés avec ses bras, la gamine, pour prouver son point de vue qui est indéniable. La jolie blonde a connu une enfance heureuse et son adolescence ne commence pas si mal que ça, si on oublie les soucis d’étudiant. Pourquoi est-ce qu’elle voudrait que cela change ? C’est complètement ridicule. « Décorer la cabane ? » Birdie claque des doigts. « Exactement ! Et j’ai besoin de fleurs aussi. Et il faut que je trouve un nom pour cette cabane. Et de la peinture. Et des coussins. Et j’ai plein d’animaux qui m’attendent dans ma chambre. Et puis merde, si je pense à plus tard, ça veut dire que je serai toute vieille et toute ridée. Ne m’y fais pas penseeeeer, Zeke, s’il te plaaait. » Et elle fait une moue suppliante comme si au final, c’est lui qui décidera de son destin futur. Chose qui n’est évidemment pas le cas puisque personne n’a la destinée de personne entre ses mains à part soi-même.
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| | | | (#)Ven 28 Fév 2020 - 23:12 | |
| Elle était si pétillante, la petite blonde mais c'était tout à fait de ce genre d'éclats dont Zeke devait se nourrir parce qu'il n'était pas très loquace de son côté, qu'il fallait toujours faire la conversation à sa place et essayer de deviner ce qu'il voulait dire entre deux regards des plus opaques. Il n'était pas le plus joyeux de la région, pas le plus fréquentable aux yeux des parents des adolescents de son âge non plus parce qu'il avait toujours cet air sérieux, qu'il était trop grand, trop à se protéger pour éviter les maux issus de l'extérieur. Au final, on arrivait quand même à le blesser, quoiqu'il tâche de faire pour l'éviter. Blythe en avait conclu qu'il était mieux seul, qu'il devait simplement éviter tout contact humain pour s'empêcher de trop souffrir. Il était peur être le plus sensible de tous au bout du compte, mais cela, les gens n'étaient pas en mesure de le voir. C'était même plutôt l'inverse, on le considérait comme le monstre de la région, toujours enfermé dans l'enclos des animaux à ne rien dire. Trop de silence tuait le silence, un problème que ne devait pas avoir la petite Cadburry. "Pas vraiment. J'aurai jamais rien de tout ça." Il en était déjà convaincu malgré son jeune âge parce qu'il n'avait pas beaucoup d'amis, que les filles ne lui couraient pas vraiment après, elles avaient même plutôt tendance à le fuir dans les grandes lignes et Blythe n'essayait pas en conséquence, il n'avait pas envie de passer pour un pervers alors qu'il était tout l'inverse. Il était seul, et c'était sûrement mieux ainsi alors qu'il souriait à Birdie sans arrière pensée parce qu'il était vraiment encore trop innocente pour son propre bien. Il n'y avait qu'à elle que toutes ces aventures arrivaient mais quelque part, Zeke la jalousait un peu puisqu'elle avait l'air si libre, jamais honteuse, toujours prête à tenter l'impossible de son côté. "T'es assez forte pour, je t'assure." Plus qu'il ne l'était lui alors Blythe considérait qu'elle se stressait pour rien. La jeune blonde avait toutes les ressources pour s'en sortir: la preuve, elle était déjà partie dans des plans sur la comète pour décorer la cabane, pensant à mille détails à la fois alors que Zeke n'avait rien dans le crâne. Juste envie de s'allonger là, ce qu'il fit sans plus attendre, pour observer la petite lucarne qu'il avait laissé pour pouvoir observer le joli ciel bleu au dessus de la campagne et entendre les oiseaux à n'importe quelle heure où il pouvait venir s'y réfugier. "Chut, Birdie. Allonge toi et profite de la vue. Plus tard ça. Demain. L'avenir, c'est rien." Non, ce n'était qu'un concept illusoire qui n'aidait en rien du point de vue de Blythe qui lui tendait la main le plus simplement du monde pour qu'elle arrête de faire turbiner son cerveau à plus de mille à l'heure. Ce n'était pas de cela dont elle avait besoin, et lui non plus, nécessairement. |
| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 0:37 | |
| « Pas vraiment. J'aurai jamais rien de tout ça. » C’est une conclusion qui la peine grandement, la petite Cadburry. Elle se pince les lèvres, elle songe, elle réfléchit. Pour une fois, elle pèse le pour et le contre pour savoir si oui ou non elle doit réenchérir, essayer de le faire changer d’avis, lui démontrer par A + B que si, il peut avoir tout ce qu’il veut Mais s’il ne le veut pas ? Zeke a cette mine déjà tellement lourde, tellement peinée qu’elle doit se retenir de ne pas l’enlacer de nouveau. De lui faire au moins comprendre qu’il n’est pas seul. Qu’il aura toujours sa voisine casse pied et trop bavarde pour venir combler ses silences, pour contre balancer le ying de son yong. Un équilibre presque parfait entre eux, entre celui qui ne parle pas et celle qui parle définitivement trop. Mais après tout, elle n’est qu’une gamine, qu’est-ce qu’elle y connait de tout ça, dans le fond ? Comment l’adolescente peut se permettre de donner des leçons à quelqu’un alors qu’elle est plus jeune et clairement sans expérience ? C’est un débat sans fin. Alors du coup, Birdie se rappelle des mots du brun qu’il a dit quelques minutes plus tôt et elle hausse les épaules. « Pour le moment. Ça changera. Rien n’est gravé dans le bois, Zeke. » En tout cas, elle espère, la gamine.
Cadburry serre un peu plus son pansement de fortune alors qu’Ezechiel lui affirme « T'es assez forte pour, je t'assure. » Elle lève ses perles bleutées sur lui, guère convaincue par l’argument. « Mouais. Si tu le dis. » Elle, elle n’a pas l’impression d’être forte. Elle qui court dans sa chambre en rentrant de l’école parce que c’est son cocon protecteur. Elle qui veut toujours essayer de faire la forte, justement, mais qui ne l’est pas vraiment. « Si tu dis ça, c’est que tu regardes pas assez non plus. » Il faut dire que Birdie cache tout, elle dégage une énergie folle mais le sentiment qu’elle n’est pas du même monde que ses camarades est bien là, niché quelque part en elle. Mais la jeune blondinette finit par sourire vaguement parce qu’elle ne veut pas non plus l’inquiéter. Et puis, s’il la pense forte, c’est plutôt un complètement en plus d’être un bon signe, n’est-ce pas ?
En tout cas, il semblerait que le remue-ménage de la tête de Birdie commence à prendre de la place dans la cabane et Ezechiel finit par s’allonger de tout son long - l’adolescente protestant à moitié alors qu’elle doit se pousser sur le côté pour le laisser faire. « Chut, Birdie. Allonge toi et profite de la vue. Plus tard ça. Demain. L'avenir, c'est rien. » Cadburry regarde sa main tendue et elle en devient presque gênée de nouveau avant de secouer la tête. « Parfait, cool, demain l’avenir, aujourd’hui le présent. Ça me va très bien. Tant que t’arrêtes de me dire que je dois partir. Car c’est presque vexant sinon. » Elle glisse sa main dans la sienne tout en s’allongeant à côté de lui, ses doigts fermement accrochés aux siens. Le regard sur le ciel, Birdie ne peut s’empêcher de penser à des détails futiles. Aux couleurs à choisir. Savoir ce qu’elle va manger ce soir. A demain. Elle soupire avant de tourner la tête vers Blythe. « C’est pour ça qu’il faut que je parte, hein. Je fais trop de bruit. Comment tu réussis à me supporter, dis ? » La question a un million de dollars australien, il faut croire.
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| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 12:10 | |
| Il ne pouvait écouter que d'une oreille distraite parce qu'il voulait faire le vide, Zeke, arrêter de se torturer les méninges pour tout ce que le monde leur faisait subir, à tous. Birdie en souffrait, c'était un évidence et lui était passé par là. Il avait fini par s'isoler, aller se cacher dans une cabane ou dans un champ de bovins pour ne plus avoir à sentir le malaise constant de faire partie de ce monde. Il constatait pourtant que la petite blonde ne penserait pas toujours de la sorte: elle était encore un adolescente et c'était la période où l'on se cherchait plus ou moins, où on essayait de comprendre l'environnement autour de nous sans trouver de véritables réponses mais tout cela changerait, un jour ou l'autre. Cadburry finirait par comprendre que le monde n'était pas son ennemi, qu'il suffisait de se laisser aller à le maîtriser parce qu'elle le pouvait avec son débit de paroles. Elle pouvait le terrasser, le faire sien et Zeke était convaincu qu'elle finirait par partir de là, même s'il ne prononça plus le moindre mot durant de longues minutes. A la place, il se coucha, son regard brun vers le ciel, apercevant quelques nuages qui passaient alors que Birdie finissait par le rejoindre, sans trouver le moyen de faire taire le flot de ses pensées. Blythe les entendait d'ici parce qu'elle était insatiable, la petite, que c'était son caractère et que jamais personne n'arriverait à la faire taire mais c'était une bonne chose. Il était hors de question qu'on lui vole sa voix, pas même celle qu'elle avait à l'intérieur et qui la rendait si unique aux yeux d'Ezchiel et de tous les gens de cette région qui appréciaient sa compagnie. "Je fais trop de silence, moi, ça compense." Là dessus, ils devaient au moins s'équilibrer pour sûr, le regard de Zeke se portant vers elle pour qu'il puisse lui sourire inopinément, s'osant même lui faire un clin d'oeil avant de reprendre sa contemplation de l'infini. "Faudrait échanger les rôles." Qu'il parle, qu'elle se taise, qu'ils arrivent à un juste milieu avant de se blesser au contact du reste de l'univers mais était-ce possible? Pas sûr. |
| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 12:29 | |
| L’ironie est que Birdie aime son coin parce qu’il est apaisant, il est calme, il est ressourçant. Elle ne pourrait voir sa vie autrement pour l’instant, parce qu’elle aime trop sa famille pour ça, elle apprécie pouvoir se balader sans danger apparent dans ces lieux qu’elle connait que trop bien. Tout lui est familier, elle qui a grandi ici, qui a évolué ici, comme le petit pokémon qu’on voit changer et se modifier au fil des étapes qu’il franchit. Déjà en couche culotte, elle dévalait la route calme en riant, certainement poursuivi par un membre de sa fratrie ou bien elle-même poursuivant un escargot ou un scarabée qui aurait happé son attention de bambin. Ses pieds connaissent chaque recoin, chaque danger, chaque endroit, ayant moulé ses voutes plantaires un peu partout sur le territoire. Et puis il y a la ferme, endroit que Birdie peut observer de sa chambre, et les entendre aussi. Avoir une bouffée d’oxygène de la sorte pas si loin de la ville, c’est presque une bénédiction en soi.
« Je fais trop de silence, moi, ça compense. » Cadburry imite son sourire parce qu’elle ne peut s’en empêcher en le voyant faire, accompagné d’un clin d’œil qui l’émerveillerait presque. Provoquer ce genre de réactions et de gestes chez Ezechiel, c’est presque un exploit et elle se sent satisfaite qu’il puisse se sentir assez à l’aise pour lui offrir ce genre de choses. « Faudrait échanger les rôles. » Il a repris la contemplation du ciel et Birdie finit par se détacher de sa contemplation du jeune homme pour suivre son regard vers les cieux. « Ca serait drôle, tiens. C'est pas très compliqué, ceci dit. A quoi tu penses, là, maintenant, tout de suite ? » Est-ce qu’elle-même serait capable de se taire ? Même si on le lui demande, chassez le naturel et il reviendra forcément au galop. « J’espère qu’un jour on pourra sauter sur les nuages. Ça doit être fun la vue d’en haut. » Qui n’aimerait pas s’envoler vers l’au-delà ? En tout cas, Birdie aimera ça plus que de raison. La liberté des oiseaux n’a pas de prix et les envie presque de pouvoir voguer où ils veulent quand ils veulent.
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| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 12:53 | |
| Ezechiel était bien trop terre à terre pour comprendre tous les propos de la jeune femme. Elle était toujours perdue, la tête dans les nuages, quand lui foulait le sol avec une certaine fermeté. Il n'avait jamais été un rêveur et son ambition était quasi nulle. Le seul attrait de la situation, c'était certainement qu'il ne pouvait pas être déçu de ne pas atteindre ses idéaux. Quand on n'en avait pas, c'était tout de même bien plus facile d'être heureux. Enfin, si Blythe l'avait été un jour parce qu'il avait tout supporté à l'école: les quolibets, les insultes que ce fut sur son incapacité à avoir des bonnes ou sur son physique étrange. Il n'avait juste pas été fait dans le même moule que les autres mais cela, les gens avaient eu bien du mal à le comprendre et lui avait dû vivre avec les conséquences, même s'il avait eu mal à en crever. Alors, quelque part, il enviait Birdie d'être si joviale, de pouvoir parler à n'importe qui en se donnant l'air de ne souffrir de rien. Ce n'était qu'un leurre, pour sûr, mais elle était tout de même une bonne actrice. Plus que lui, en tout cas parce qu'il n'avait rien à dire, jamais rien à dire et il savait que ce n'était pas normal. On ne l'accepterait jamais pour cette raison et sans qu'il ne le veuille, il en avait mal au coeur, inévitablement. "Rien. Je suis pas normal, Birdie." C'était la seule pensée à peu près cohérente qu'il avait parce que tout le monde lui avait répété une centaine de fois, dans les couloirs de l'école, entre deux trajets de la ferme au centre ville, il n'y avait jamais rien de normal avec Ezechiel Blythe. "J'espère que tu pourras. Je préfère la terre, moi." Il ne fantasmait pas sur un ailleurs, il n'avait même plus le moindre rêve. "Je suis trop morne pour toi, Bird'. Vraiment." Il avait tourné les yeux et même s'il souriait, il y avait une ombre derrière ses prunelles, une ombre qui ne disparaîtrait probablement jamais. |
| | | | (#)Sam 29 Fév 2020 - 22:57 | |
| « Rien. Je suis pas normal, Birdie. » Cette dernière tique avec sa langue tout en souriant au ciel. « Ne penser à rien, c’est déjà penser à quelque chose. » Elle est fière de sa répartie, Birdie. Rien peut signifier beaucoup, au final. Peut-être qu’Ezechiel ne veut pas creuser dans sa tête pour savoir ce qu’il y a dedans, qu’il se contente de ce que la surface a à lui offrir. Chose qu’au final, Birdie finira par respecter même si elle ne comprend pas. Ce n’est pas possible un cerveau qui ne réfléchit pas, qui ne fonctionne pas. « La normalité, c’est surfait. On sera pas normaux ensemble. » Elle serre un peu plus sa main dans la sienne pour lui montrer son soutien indéfectible. Qu’il n’est pas seul dans cet état d’esprit même s’il a des années d’avance sur elle. De toute façon, c’est un concept abstrait ce qu’il évoque là. « Et puis, qui nous dit que ce sont pas les autres qui sont pas normaux, hein ? » Tout est une question de point de vue, il n’y a pas à en douter. Il suffit qu’on déplace son champ de vision et tout de suite, le changement s’opère.
Son autre main sur son ventre qui suit les mouvements de sa respiration, Birdie vague sur l’hypothèse des cieux qui dépassent la frontière du monde réelle. « J'espère que tu pourras. Je préfère la terre, moi. » Son sourire ne quitte pas ses lèvres parce que c’est une réponse presque prévisible. « Je serai sûrement une pie et toi, un castor alors. Je passerai mon temps à parler et tu feras ton nid à coup de dents dans les troncs. » C’est une image qui la fait rire, la gamine, parce que ça leur correspond tellement bien. « Je suis trop morne pour toi, Bird'. Vraiment. » Par contre, ça, ça lui fait froncer les sourcils, à Birdie. Elle tourne de nouveau la tête vers lui et observe le sourire que Zeke lui offre sans pour autant y croire. « Qu’est-ce que tu me racontes ? » Cadburry dévisse son corps du sol pour le mettre sur le flanc, abandonnant l’idée de contempler plus longtemps le ciel au profit de son voisin et ses propos plus figue que raisin. « Je serai toujours là pour essayer de mettre un peu de couleurs, Zeze. T’es pas morne. T’es juste toi, c’est tout. » Normalement, ça devrait suffire mais quand on nous fait comprendre à longueur de journée que non, vous n’êtes pas suffisant, que vous êtes trop différents pour être acceptés, forcément, cela se répercute quelque part dans le cerveau. Birdie n’y connait rien en psychologie humaine, trop jeune, trop naïve, trop inexpérimentée, mais en tout cas, elle ressent ce que la pression sociale peut faire avoir comme pensées. « Tu penses quoi de ta cabane ? » Parce que si lui ne creuse pas, elle ne perd pas espoir.
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| | | | (#)Dim 8 Mar 2020 - 20:17 | |
| Il ne savait pas où il finirait, Zeke, sûrement tout seul dans un fossé quelque part et même s'il ne l'avouerait jamais, il avait peur de subir un sort aussi funeste. Cela dit, comment l'éviter quand on était si peu commun que lui? Blythe avait bien essayé de faire comme les autres, de tenter d'entrer dans des clubs au lycée mais on finissait toujours par lui montrer gentiment la porte de la sortie parce qu'il était trop nul pour réussir à quoique ce fut. C'était vrai partout, dans le moindre domaine, sauf dans ceux où on avait besoin de sa minutie et son amour de la matière. Alors, lorsqu'il passait le plus clair de son temps à l'atelier pour construire des objets divers, le tout se mua d'un simple hobby pour se cacher du reste du monde à une réelle passion qui l'avait entraîné le plus naturellement du monde vers le bois. Cet amour là ne l'avait jamais quitté et c'était certainement la dernière chose qui lui restait avant qu'il ne devienne totalement fou mais Ezechiel ne savait pas combien de temps il allait pouvoir tenir en se posant en reclus de la société. Il aimait penser qu'il n'y avait pas la moindre date d'expiration en la matière, qu'il était un expert de la solitude et s'en sortait fort bien mais à son âge, ce simple constat ne pouvait que le tuer à petit feu. Ni plus ni moins. "J'sais pas." Il avait le mérite d'être honnête: Zeke n'était pas un fin philosophe, toujours trop terre à terre pour envisager que d'autres personnes puissent être la source du problème au lieu de lui. Ce n'était pas si grave dans le fond puisque Birdie s'était déjà lancée dans une autre diatribe qui n'avait de sens pour personne d'autre qu'elle et Blythe souriait en essayant de se mettre l'image dans la tête mais il avait bien du mal à constater un résultat probant. "Plus sexy que moi, la pie." Avec des grandes dents de castor, pas de quoi faire rêver la ménagère mais cela fit rire Zeke distinctement, jusqu'à ce qu'il se retrouve à confesser la profondeur de son mal être, voyant bien Birdie se tourner plus rapidement vers lui parce qu'elle ne comprenait sûrement pas où il voulait en venir, ce qui pouvait motiver autant de mauvaises pensées envers lui-même, il restait précieux malgré tout. "Je suis le noir. T'es l'arc en ciel. OK." Il ne voyait pas spécialement toutes les couleurs de ce monde, c'était un fait mais la petite Cadburry le teintait toujours de mille manières avec sa bonne humeur communicative. Elle le questionnait finalement sur le résultat de sa construction et Blythe reprit une grande inspiration en observant le décor. "J'suis content. Fier. C'est beau, ça tient la route. J'aime faire ça. C'est le seul truc cool à faire ici. Avec la ferme." Ses deux passions et c'était pour cela qu'il ne partirait jamais et c'était exactement ce que son regard communiqua à Birdie à ce moment-là. Elle trouverait ce qui la transportait un jour ou l'autre, loin d'ici, même si le tout lui faisait peur pour le moment. |
| | | | (#)Lun 9 Mar 2020 - 7:52 | |
| Sa réponse vole dans l’air. « J'sais pas. » Et pour une fois, Birdie ne trouve rien à redire. Elle est coincée sur ses propres convictions parce que malgré les moments durs, les coups de moue et les moqueries, il faut toujours essayer de voir la lumière. Même si elle est toute petite, toute fine, toute faible. C’est important pour ne pas sombrer totalement et Birdie a l’impression qu’Ezechiel n’a pas vu la lumière depuis longtemps. Peut-être que ça lui plait. Il n’a pas l’air de vouloir en changer. Il doit être résigné à vouloir vivre comme ça. Il a accepté son sort et peut-être que ça, ce n’est pas une si mauvaise chose. Même si elle est un peu mélancolique pour lui, l’oiseau.
« Plus sexy que moi, la pie. » Et il rigole. Birdie sourit parce que c’est une petite fierté en soi. De le voir rire. Chose qui n’a pas dû arriver beaucoup, à en juger par ses traits toujours las, à sa démarche où il semble trainer un boulet (ou plusieurs) à ses chevilles. Elle est contente de pouvoir lui détendre l’esprit, et les muscles. Plein de muscles faciaux qui se sont apaisés pendant une minute au moins parce qu’elle parle toujours sans réfléchir et que ses images ont le mérite d’être originales. Elle hausse les épaules. « Mais c’est plus utile, le castor. Les barrages qu’ils font sont hyper importants. Alors que moi, je ferai que voler et piailler. On peut pas dire que ça aide à quoique ce soit. » De toute façon, Birdie ne prétend pas aider un quelconque but planétaire. La planète est bien trop grande, bien trop vaste pour elle.
Elle s’y perdra un jour, c’est sûr.
« Je suis le noir. T'es l'arc en ciel. OK. » Petite moue satisfaite, son nez qui se tortille alors que son sourire s’accentue. Birdie hoche la tête tout en levant sa main libre vers les cheveux de Zeke. « Je me teindrai les cheveux en arc-en-ciel, alors. Histoire que ça ait du sens. » Voilà une idée qui n’est pas à négliger. A noter dans un coin de sa tête et à faire immédiatement dès qu’elle en aura l’occasion. Elle en est déjà toute excitée d’avance. Sa sœur va sûrement la tuer, on va encore plus se moquer d’elle à l’école mais tant pis.
Elle n’est plus à ça près, qu’elle se dit alors que ses doigts abandonnant la chevelure sauvage de son voisin.
« J'suis content. Fier. C'est beau, ça tient la route. J'aime faire ça. C'est le seul truc cool à faire ici. Avec la ferme. » Cadburry lève leurs mains jointes pour les poser à côté de sa joue, soufflant sur celle de Zeke dans un geste enfantin qui la caractérise que trop bien. « Tu as en faire d’autres ? Faudrait leur donner des noms. Et faire une carte juste pour nous. Même si je suis sûre que t’en as pas besoin. » Mais elle, peut-être que si malgré tout. « J’arrive pas à comprendre comment toi et Yele pouvez être de la même famille. Vous êtes hyper différents. Enfin heureusement que c’est le plus gentil des deux qu’est resté. » Le cadet Blythe n’a jamais rien compris à tout ça, malheureusement pour lui. Et pour Birdie, qui doit quand même le croiser pendant les vacances. A son grand désarroi. « En tout cas, t’as de quoi être fier. Je sais où je vais pouvoir aller me planquer, maintenant. » Pour oublier le monde, le refaire et cacher peut-être ses larmes aussi.
Oui, une structure qui accueillera sans problème l’adolescente et toutes ses fantaisies.
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| | | | (#)Lun 16 Mar 2020 - 14:03 | |
| Est-ce qu'il avait encore quelque chose à dire à ce monde? Zeke avait tout le loisir d'en douter parce qu'il n'avait jamais été fait pour y vivre réellement, pas au milieu des autres en tout cas. Il était trop imposant et pourtant trop silencieux, on le voyait sans l'entendre et cela posait tout un tas de problèmes aux bavards de ce monde. Blythe n'avait jamais réellement compris le fond du problème mais là encore, il n'avait jamais réellement pris le temps de saisir les mystères de l'humanité. Ce n'était pas son affaire, lui ne vivait que pour la nature, s'insurgeant fréquemment de ne pas être né comme une plante verte plutôt qu'un être humain parce qu'il était en train de rater ce rôle comme personne. Qu'attendait-on de lui exactement? C'était la question qui le taraudait depuis qu'il était môme mais Ezechiel n'avait jamais réussi à résoudre l'énigme puisque tout était si compliqué, tout était si noir alors qu'il n'y avait pas vraiment de raisons pour cela. Il s'y faisait en tout cas, se doutant bien que ce n'était pas quelque chose d'aussi aisé pour une personne rayonnante comme Birdie. Il la lisait cette pointe de tristesse au fond de ses yeux parce qu'elle avait envie d'être aimée à sa juste valeur mais ne trouvait pas le trésor tant attendu. On ne la comprenait pas plus que lui alors qu'elle était tout son opposé, comme quoi, dans ce monde, tout était une histoire d'équilibre et aucun d'eux n'en avait un. Zeke, en tout cas, essayait de rester positif, pas pour lui mais pour elle parce qu'elle était encore jeune et que sa vie était en train de se faire sans qu'elle ne se rende compte. Lui était déjà passé à côté mais la petite Cadburry avait encore une chance, autant ne pas la rater. "Les oiseaux sont hyper utiles à leur écosystème, tu sais." Et il parlait en connaissance de cause parce qu'il en savait une tonne à leur sujet. C'était dans sa manière de les observer interagir, lui qui ne pouvait pas avoir d'autres sources d'informations car il ne savait pas lire et n'avait pas assez de patience pour rester coincé devant un télévision. Il avait besoin de l'extérieur, d'utiliser ses yeux et voir vraiment ce que la planète avait à offrir. Du merveilleux, mais de l'incompris surtout. "Comme tu voudras." Elle était excentrique, il le savait et Birdie le ferait sûrement. Lui resterait là sans rien dire, sans juger parce qu'il n'attendait qu'une chose, qu'elle devienne heureuse. Cela en ferait au moins une et c'était important pour le type cassé qu'il était devenu au fil du temps. "J'aime plutôt l'idée qu'elle soit unique, en fait." Une cabane, une seule à l'épreuve du temps. A partir du moment où on en rajoutait, l'exceptionnel disparaissait et c'était ce qui faisait vivre Blythe malgré tout. "Il est gentil, Yele." Plus que lui, à ses yeux. Il savait y faire avec les gens, en tout cas. "Fais toi plaisir." Lui n'y manquerait pas, fermant les yeux à nouveau, sans rien dire. Il n'aimait pas gâcher le silence de toute façon. |
| | | | (#)Mar 17 Mar 2020 - 23:59 | |
| Il lui dit « Les oiseaux sont hyper utiles à leur écosystème, tu sais. » et elle répond « Peut-être mais pas moi. » en haussant les épaules. A part se faire harcelée pour son excentricité, Birdie ne sert pas à grand-chose. Elle picore dans les ressources de la nature, aidant un peu plus cette dernière à être détruite par l’homme. Birdie n’est un oiseau que dans leurs têtes, que dans des fantasmes qui n’aboutiront jamais. Alors il est gentil, Zeke, à la rassurer mais ça ne sert à rien. Elle doute toujours, et elle doute encore parce qu’elle n’est pas sereine.
C’est sûrement pour ça qu’elle aime virevolter autant, bouger énormément, s’occuper à outrance. Ne pas penser, ne pas réfléchir, ni à hier et surtout pas à demain. Une façon de vivre épuisante parfois mais terriblement nécessaire pour la petite boule d’énergie qu’est la cadette Cadburry. Elle ne se lasse pas, elle court partout et elle tire sur la ficelle pour savoir ce que ça peut donner.
Elle a beau douter, elle est prête à subir le pire comme le meilleur des conséquences. Il parait que ce sont les erreurs qui font avancer, après tout.
« J'aime plutôt l'idée qu'elle soit unique, en fait. » Birdie réfléchit deux minutes avant d’approuver avec une moue convaincue sur le visage. « Pas faux. Mais je te mets au défi de faire un bateau la prochaine fois. » Histoire de varier un peu l’intérêt. « Pas obligé qu’il puisse naviguer mais juste de quoi pouvoir se prétendre capitaine qui s’en va en voyager à l’autre bout de la terre. » Birdie lâche sa main tout comme elle lâche son regard, redressant son tronc. Ses mains tiennent ses pieds et elle regarde droit devant elle. Elle grimace, la gamine, quand il lui dit que Yele est gentil. Associé ce prénom avec ce mot, ça ne lui convient pas. « Il est peut-être gentil mais je l’aime pas. » C’est aussi simple que ça.
Birdie masse ses chevilles d’un air absent avant d’entendre le léger « Fais toi plaisir. » de Zeke. « Je le ferai. Avant qu’une porte soit construite pour que je ne puisse plus y accéder parce que le vrai monde m’attend. » Un ton ironique perce dans sa voix parce que Cadburry n’y croit toujours pas à cette histoire, et elle n’y croira jamais. Il serait capable de faire même la serrure, le Blythe, elle en est persuadée.
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| | | | (#)Sam 21 Mar 2020 - 16:00 | |
| Il ne pensait pas à ce genre de discours, pas le grand Blythe. Il avait beau être loin des considérations humaine, Zeke avait encore suffisamment de jugeote pour se dire que tout le monde avait sa place quelque part, il suffisait de la trouver ou bien de s'en creuser un discrètement quelque part. Sa spécialité. La cabane d'abord, mais s'en suivrait sûrement tant d'autres constructions toutes plus uniques que les autres car le grand brun était un créatif en besoin d'expression. L'univers ne l'avait jamais écouté, alors il avait trouvé d'autres remèdes, l'alternative parfaite pour se sentir en symbiose au beau milieu de cet environnement qui le rendait nauséeux les trois quarts du temps. Être seul, se perdre dans le dessin de plans en tous genres, taper sur des planches de bois, les scier, les peindre, les vernir, constater que les heures passaient à une vitesse folle quand il y mettait tant de courage à l'oeuvre, c'était ce que Zeke était dans le fond et c'était aussi ce qu'il regrettait de ne pas voir chez Birdie... Cette assurance de savoir la personne qu'elle était. Bien sûr, la petite blonde était encore jeune et avait du temps devant elle mais les quelques mots qu'elle prononça par rapport à sa place au sein de ce monde fit mal au coeur du grand brun, même s'il n'en dit rien. Il n'aimait pas parler et il ne se considérait pas comme talentueux dans l'exercice d'opposer des arguments pour réconforter autrui. Ezechiel était juste à la ramasse dans tout ce qui avait attrait aux relations humaines et cela n'irait pas en s'arrangeant avec l'âge et sa manière de vivre de plus en plus solitaire, mais c'était son choix. "Je saurais pas faire ça. J'aime pas la mer. C'est pas stable." Il ne savait rien faire d'autre que ce qu'il côtoyait au quotidien et les bateaux, très peu pour lui au beau milieu de sa ferme. Il les voyait de temps en temps aux abords de Brisbane mais ce n'était pas un rêve qui le gardait éveillé, soyons honnêtes. Zeke était trop terre à terre pour ce genre de choses. "Pourtant, t'aimes le monde entier, toi." Tout le monde aimait Yele: il était le Blythe souriant, celui qui se faisait courir après constamment, tout l'inverse de l'aîné mais apparemment, Birdie n'était pas dans cette équipe là. "Je mets jamais de serrure. Tu choisiras d'arrêter de venir de toi même. Quand t'auras trouvé ton chemin. Tu m'oublieras. T'oublieras tout ça." Et c'était bien. Du moins, dans le cerveau de Zeke, il n'y avait pas de plus belle perspective, à part peut être de garder ces yeux clos en parlant nonchalamment parce qu'il ne voulait pas que d'autres départs l'atteignent. Plus rien ne le ferait désormais. |
| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 19:40 | |
| Birdie est un électron libre, bien trop libre pour l’humanité. Et pourtant, elle ne veut pas quitter ses racines parce que ça fait parti intégrante de ce qu’elle est. Son réconfort, sa vitalité, son refuge, son enfance, son berceau. Pour rien au monde elle ne changera sa façon d’avoir été élevée, ni sa famille, ni les rares amis qu’elle possède à ce jour. Birdie sourit à la phrase d’Ezechiel. « Je suis pas très fan de la mer non plus. J’ai toujours peur d’aller prendre une douche, tu sais. » Foutue phobie qui lui fait avoir presque des crises d’hystérie au moment d’aller se laver. Même à son âge, elle n’est même pas fichue de se rincer sous la douche toute seule. Elle a besoin d’un contact pour la rassurer, pour l’empêcher de croire que l’eau va finir par s’engloutir dans sa bouche et lui provoquer une noyade surprise dans les poumons.
Birdie éclate de rire. « Tu me connais pas alors. » La blondinette n’est même pas sûre de se connaitre elle-même. Mais aimer tout le monde ? Certainement pas. « J’ai pas le cœur aussi tendre que ça. » Il peut même être de pierre, comme elle le prouve en parlant de Yele. Elle n’aime pas non plus ceux qui se moquent d’elle et ceux qui font du mal aux animaux - souvent les mêmes personnes à ses yeux bleutés. Les gens méchants la rebutent et ceux qui ne cherchent pas à comprendre le pourquoi du comment encore plus.
Cadburry finit par souffler dans un grand soupir bien perceptible tout en tournant son visage vers Zeke. « Pourquoi tu me répète encore ça ? C’est chiant, Ezechiel. J’ai l’impression qu’on me rejette même jusqu’ici. Tu vas vraiment t’y mettre toi aussi ? » Elle se détourne de lui pour se lever. « T’inquiètes pas, tu finiras aussi par ne plus m’entendre et tu m’oublieras aussi. Désolée d’avoir interrompu ton calme et d’être aussi chiante. » Est-ce que ce genre de discours commence à blesser l’adolescente ? Peut-être. Sa réaction la surprend elle-même alors qu’elle serre son bandage de fortune autour de son doigt avant de sortir de la cabine.
Il n’y a rien de pire que d’avoir l’impression d’être trahie par ses semblables, il faut croire.
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| | | | (#)Dim 22 Mar 2020 - 20:04 | |
| Il n'y avait rien de plus préférable que la solitude, que cet air frais qui venait vous caresser le visage quand le chant des oiseaux était le seul bruit qui venait tout briser alentour. Zeke se levait chaque matin seulement pour obtenir ces quelques sensations car il perdait peu à peu toute sa philanthropie en observant les gens interagir entre eux au quotidien. Il n'avait jamais été de ces êtres vils qu cherchaient avant tout à blesser, ou diviser pour mieux régner, lui qui était seul roi dans son royaume de vide. Il aimait cela, ne pas avoir d'autres prérogatives que celles qu'il se donnait au jour le jour, ne s'inquiéter de rien en dehors du bien être des animaux mais c'était de plus en plus compliqué lorsqu'on commençait à tisser des liens avec autrui. Avec de vraies personnes, pas quelques moutons qui bêlaient de ci de là lorsqu'on oubliait de les brosser une journée de temps en temps. Ezechiel n'avait sûrement pas réfléchi à tout cela avant de montrer la cabane à Birdie parce qu'il ne s'imaginait pas vraiment gagné la confiance et l'amitié d'autres âmes errantes en dehors de la sienne. Après tout, les gens de son âge lui avaient toujours répété qu'il n'était qu'un fardeau pour l'univers et qu'il n'avait d'intérêt qu'à nourrir les bêtes... Pourtant, Cadburry restait présente, du moins, jusqu'à ce qu'elle ne se relève vaillamment pour le fuir parce qu'elle n'acceptait pas son discours. Blythe pensait bien faire, comme toujours, comme toutes les fois où il avait poussé son frère vers la ville pour poursuivre la carrière qu'il désirait. Le brun voulait juste le bonheur de tous les autres, mais pas du sien, jamais le sien parce que c'était une quête totalement vaine à ses yeux sombres. "Je rejette jamais personne. Je te rejetterai jamais." Il avait prononcé ces mots plus fort parce qu'elle était sûrement encore devant la cabane, à attendre une raison pour reculer d'un pas. Voire deux. Ou plus encore. "Je veux juste te faire rêver." Elle semblait avoir perdu ce privilège, la petite Birdie, alors qu'elle s'amusait de tout et de rien habituellement. A croire que grandir était un fléau qui blessait plus qu'il ne curait l'âme. |
| | | | (#)Lun 23 Mar 2020 - 13:40 | |
| Birdie tapote les feuilles avec son pied, elle balance des brindilles avec le bout de ses doigts de pied et elle torture son doigt. Tout ça en faisant les cents pas devant la cabane parce qu’au final, elle n’avait pas forcément envie de partir. Elle l’aime déjà, cette cabane, et elle voit déjà toutes ces après-midis de perdues à la rendre plus confortable, plus accueillante, plus colorée aussi. Parce qu’un monde noir et blanc, elle n’en veut pas. Et le gris ne lui convient pas. Mais le discours d’Ezechiel commence à lui foutre le bourdon, elle ne comprend pas pourquoi il ne cesse de lui marteler ça. La frustration de ne pas être prise au sérieux la mine quelque peu et ce n’est pas pour rien qu’elle se met à grommeler dans sa barbe avant de se prendre d’admiration pour un escargot sur le toit de la cabane. Birdie le regarde avec insistance, trainant sa coquille avec lenteur mais vigueur. Porter sa maison sur son dos, voilà un concept bien singulier. Elle aurait elle aimerait pouvoir se recroqueviller dans son trou comme cet escargot ou autre tortue dès que la situation devient critique. Elle n’aurait qu’à attendre que le temps passe et que le calme se fasse. Une bonne perspective mais ça aussi, c’est comme voler, ça ne reste qu’une utopie. Ezechiel lui répond malgré tout et Birdie pose son menton sur le rebord du toit en soupirant, stoppant l’escargot dans sa progression. Birdie lève un doigt vers lui et caresse doucement la coquille avant de passer la tête par ce qui semble être une fenêtre sans vitre. « J’ai pas besoin de rêver. J’ai pas besoin qu’on me rappelle que je suis presque une adulte. J’ai pas envie de grandir, j’ai pas envie de partir. Tout ça, ça me terrifie plus que ça me fait rêver, Zeze. Tu peux comprendre, ça ? » L’éternelle gamine, syndrome de Peter Pan alors qu’elle aurait préféré avoir la malédiction de Benjamin Button certainement. |
| | | | | | | | I find my soul in forests ¤ Birdie (FB) |
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