Elle hocha doucement la tête et répondit de manière assez évasive : « Mh…Je verrai bien ce que je peux faire. » Être créative n’était pas sa priorité actuellement. Pourtant c’était un trait important de sa personnalité et quelque chose dont elle faisait preuve régulièrement fut un temps. Un temps révolu apparemment. Il lui était difficile de trouver ne serait-ce qu’une once de créativité quand ses idées noires prenaient toute la place dans son esprit. Difficile de relativiser, difficile d’y voir clair, difficile d’avancer. Heureusement pour elle, Wren avait encore ce pouvoir, cette emprise sur elle qui faisait qu’elle parvenait malgré tout à faire abstraction de certaines choses pour vivre dans le moment présent. Il représentait une véritable bouffée d’air à ses yeux aujourd’hui. La britannique aurait grandement apprécié que plusieurs personnes de son entourage disposent de ce même pouvoir sur elle, mais cela ne fonctionnait pas ainsi. C’était Wren. Et lui seul. C’était grâce à lui qu’elle parvenait encore à afficher un sourire alors qu’il évoquait son incroyable capacité à créer des catastrophes. « Je vais même pas te contredire là-dessus, je pense que ce serait effectivement ma chance d’enfin figurer au Guinness Book ». Et tant qu’à marquer le coup, elle se débrouillerait pour réaliser cet exploit au moment de Noël, à l’aide d’une ou deux bougies et de guirlandes bien placées. Avec son obsession pour cette période de l’année et pour les décorations qui allaient avec, c’en était véritablement à se demander comment elle avait survécu seule jusqu’à présent sans qu’aucune illumination ne prenne feu ou ne grille de manière dramatique. C’en était presque dommage, elle voyait déjà les gros titres : La magie de Noël, un feu d’artifice signé Maze Crawley.
Elle jeta un regard en biais à Wren, amusé par sa réaction. « Le fils de Satan, carrément ? Franchement, c’est assez classe, il a plutôt bonne réputation ces derniers temps. Très à la mode. J’ai entendu dire qu’il faisait des abdos tous les matins pour s’entretenir, et à ce qui paraît il a même un petit accent britannique et il joue du piano comme personne. Ha et je te ferai savoir qu’il préfère qu’on l’appelle Morningstar. » Comme pour appuyer un peu plus ses propos, elle exagéra son propre accent anglais en prononçant ces mots. S’il y avait bien une chose que son traumatisme n’avait pas changé, c’était le nombre de séries et d’épisodes qu’elle bingewatchait en un temps record. Encore plus qu’à l’accoutumé d’ailleurs. Après tout, que lui restait-il d’autre à faire quand elle tournait en rond dans sa chambre d’hôtel ? Elle aurait clairement pu postuler chez Netflix avec sa connaissance quasi-parfaite de leur catalogue. Mais niveau métier utile qui lui permettrait d’aider les gens et de s’accomplir, elle pouvait repasser avec ce genre de plans. Elle avait beau en rire, ces personnages de séries étaient devenus ses plus fidèles alliés ces derniers mois. Ils étaient là quand elle était sur le point de craquer seule chez elle, là quand elle avait un besoin impérieux de penser à autre chose rapidement, là pour l’accompagner durant ses nuits d’insomnie, toujours là pour la rendre apathique sur son canapé. Un état qu’elle préférait mille fois à la douleur qu’il lui arrivait de ressentir à certains moments. En songeant à tout cela, elle se demandait sincèrement de quelle manière elle pouvait reprendre sa vie en main. Cela lui paraissait tout bonnement impossible et elle ne savait même pas par où commencer. « Provoquer le destin…Ça me plait bien. Et je regrette rien si c’était ce qu’il fallait pour t’attirer dans ma vie. » Les démons de Wren et sa propre propension à être une incroyable catastrophe ambulante s’étaient bien trouvés ce jour-là. Et les choses arrivent toujours pour une bonne raison, n’est-ce pas ?