| | | (#)Dim 12 Avr 2020 - 16:20 | |
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Londres, 2014. Depuis trois ans, mon cher Bailey a épousé Ginny et sombré dans une lente dépression qu'il ne voit pas lui-même. Il avait été si insupportable avant qu'enfin, enfin, mon père l'avait coincé dans un mariage. Je suis étonné du choix, car les parents McGrath sont charmants, polis, éduqués, mais leurs enfants sont une tripotée de canailles décervelées. Peu importe. Une de mes nombreuses attributions est désormais de veiller au bon déroulement du mariage de Bailey et Ginny et de supprimer les obstacles qui se tiennent entre eux. C'est un travail de toute une vie, donc je prends mon temps. Et du temps, il en a fallu.
Car l'obstacle est de taille. Elle est mince, impulsive, brune, auto-destructrice, puérile, mais surtout elle est comme un aimant pour l'entrejambe de mon frère. Je suis sûr qu'il est convaincu d'avoir des sentiments pour elle, afin de justifier ses élans de roman pornographique, mais je les connais assez tous les deux, à force de les observer et de les surveiller, pour savoir qu'ils sont très loin d'un sentiment d'amour et de bienveillance l'un envers l'autre. Il fallait juste que j'attende une faille.
Et elle est arrivée, comme ça, un jour, magiquement. Bailey a commencé à s'attacher à l'enfant de Ginny, et celui-ci s'est senti mal dernièrement. Mon frère, voulant convaincre tout le monde qu'il est une personne morale, a décidé de passer plus de temps en famille et moins avec Jill. Elle se sent seule, furieuse, triste, confuse, et elle n'est pas au courant pour les dysfonctionnements physiques du rejeton australien. C'est si simple. Mes informateurs trouvent le bar dans lequel Jill est occupée à boire, et maintenant, c'est à moi de jouer.
J'y entre avec l'aisance d'un homme qui est chez lui partout, même sur un sol gluant et sous des projecteurs fébriles. Je vois tout de suite la McGrath accoudée au comptoir, et je m'installe à côté d'elle sans la regarder. Je sais qu'elle reconnaîtra ma voix. "Un gin Tanqueray." Le barman pose mon verre devant moi. "C'est pour ça que tes parents te disaient ne pas t'offrir avant le mariage. Les hommes finissent toujours par préférer leur épouse. Un peu par résignation, un peu par facilité. Bon, il faut dire que tu n'offres pas une compétition extraordinaire non plus. Mais je dois dire que mon frère n'a rien d'un prince charmant." Moi non plus, mais moi au moins, je ne fais pas semblant.
@Jill McGrath Fitzgerald
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| | | | (#)Dim 12 Avr 2020 - 16:53 | |
| Jill fait sa vie à Londres, elle s'enfonce dans tous les travers, tous les vices possibles et imaginables. Les soirées, la drogue, l'alcool, le sexe. Elle touche à tout pour se changer les idées, pour oublier à quel point elle déteste l'Angleterre et Londres. Elle n'aime pas cette ville, elle n'aime pas le climat, elle n'aime pas les gens qui y vivent, et elle n'aime pas être constamment avec sa famille et avec les Fitzgerald qui se sont greffés aux McGrath comme si leur vie en dépendait. C'est certainement pour que les parents puissent parler stratégie pour garder Ginny et Bailey mariés pour que tout paraisse beau et parfait. Alors que c'est bien loin d'être le cas. Jill voit régulièrement Bailey, ils couchent ensemble depuis des années déjà. C'est pour détruire Ginny, c'est parce que Bailey est la victoire personnelle de Jill, c'est quelque chose qu'elle a, qu'elle avait, en plus de sa sœur. Elle essaie de s'en convaincre, elle se dit ça depuis la première fois qu'elle l'a rencontré.
Elle est dans un bar ce soir, encore, et elle boit déjà. Et il faut qu'il débarque alors que Jill a juste envie de rester seule quelques minutes, de choisir la meilleure drogue et le mec le plus crédule de la pièce pour s'amuser un peu. Mais il faut que le grand Fitzgerald débarque et elle souffle bruyamment. « Vraiment une boisson de merde » il ne sait même pas choisir son alcool. Un vrai petit bourge qui vient dans ce genre d'endroit pour afficher son argent. Tu fais pitié Fitzgerald. Elle ne tourne pas le regard vers lui. Elle reconnaît sa voix, elle est énervée rien qu'en l'imaginant assis avec son sourire en coin sur le visage. Un sourire hautain parce que c'est un de ses traits de personnalité. C'est certainement le pire des Fitzgerald, même pire que le père. « Je compte pas me marier ça tombe bien. » Elle peut donc s'offrir à n'importe qui sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit, et certainement pas à lui. « Je vois pas de quoi tu parles. » Elle n'en parle pas, Bailey et Jill c'est secret, ça ne se divulgue pas, ils n'en parlent pas à voix haute. Et surtout pas avec l'ennemi. Elle fronce les sourcils, il est bien trop fort à ce jeu là Sebastian, il sait qu'elle n'est pas au top de sa forme, qu'elle boit pour oublier qu'une fois de plus Bailey a choisi Ginny, une fois de plus c'est elle qui est seule. « Aucun Fitzgerald ne me correspond désolée de te l'apprendre Seb. J'ai pas besoin d'un mari pour me sentir bien ou à ma place, donc vas te chercher une autre proie pour la soirée j'ai autre chose à foutre que t'écouter parler. »
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| | | | (#)Dim 12 Avr 2020 - 17:23 | |
| "C'est vrai qu'un Long Island Ice Tea, c'est beaucoup mieux. Tu savais qu'ils n'utilisent que les fonds de bouteilles dont personne ne veut ? Parfait pour toi." Ce serait tellement plus facile si je pouvais lui trouver une qualité, mais Jill était tout aussi ennuyeuse que sa soeur. Elles partagent le même défaut de constamment rejeter la faute de tout sur les autres. Jill pense qu'elle est libre et rebelle parce qu'elle s'autorise des écarts de comportements aussi basiques que la drogue, l'alcool, et le sexe, comme si elle n'avait jamais rien lu ou vu sur l'époque des années 1960. Elle se croit si originale, et elle en veut à la planète entière de ses erreurs de parcours. Cela fait d'elle un personnage des plus décevants et inintéressants, mais heureusement, c'est à moi de la faire couler suffisamment longtemps pour qu'elle ait du mal à reprendre son souffle.
Elle crache sur l'institution du mariage - un des seuls sujets sur lesquels nous sommes d'accord - et nie son aventure avec Bailey. Je ne supporte pas le mensonge, et ça se voit sur mon visage qui se crispe immédiatement. "Epargne-moi ta pudeur mal placée. Tu couches non seulement avec un homme marié, mais qui plus est, le mari de ta soeur. Tu n'as pas besoin de jouer à la biche effarouchée." Pire encore. Elle m'appelle Seb. "Sebastian." Je me doute qu'elle ne prendra pas la peine de corriger, mais je le lui rappellerai constamment, car elle ne se lasse jamais de provoquer, et je ne me lasse jamais d'éduquer.
"C'est vrai que tu as trouvé la méthode parfaite pour te distraire de l'indifférence de mon frère. Tu devrais commencer à te faire payer, à ce rythme-là. Quoiqu'en général, ils sont tellement ivres lorsque tu vas chez eux qu'ils ne trouveraient pas leur portefeuille." Je m'exprime d'une voix calme, factuelle, douce presque. Je n'ai pas de haine, juste un ennui profond. J'aimerais qu'on puisse parler des vrais sujets qui nous amènent là, mais c'est tellement difficile avec quelqu'un qui vit constamment dans le déni. Je suis prêt à intercepter une main qui viendrait me gifler, sait-on jamais, et j'arbore le même sourire que depuis mon arrivée, poli, courtois.
"Est-ce que tu as des rêves, Jillian ? Une ambition quelconque ?" J'en doute fort, mais qui ne tente rien, n'a rien.
@Jill McGrath Fitzgerald |
| | | | (#)Dim 12 Avr 2020 - 18:51 | |
| « C'est bien, c'était pas prévisible du tout ça ! » Toujours les mêmes blagues, toujours les mêmes mots, toujours les mêmes centre d'intérêt. Ce qu'il pouvait être ennuyeux le grand frère Fitzgerald. Le fils à papa par excellence, qui se croit au dessus du monde entier parce que papa a de l'argent. Jill le hait, elle le déteste vraiment, certainement parce qu'il a beaucoup de gueule, il ne s'arrête jamais de parler et ça aussi c'est un trait insupportable de sa personnalité. Elle pourrait faire toute une liste de ce qu'elle n'aime pas chez lui. Et dire que son père a déjà essayé de la marier à cette raclure lui donne une légère nausée. Jamais elle ne les laissera faire, elle n'est pas aussi bête que Ginny. Ça y est elle serre les dents Jill, parce qu'il parle de choses dont il ne sait rien, de choses qui ne le regardent pas parce qu'il ne sait faire que ça. Envoyer ses larbins à la pêche aux infos en sirotant ses cocktails dans sa tour d'ivoire, le riche pourri gâté par excellence. Elle lui ment, bien sûr qu'elle lui ment et qu'elle continueras à le faire parce qu'elle n'en a absolument rien à foutre de ce qu'il peut bien penser d'elle ou de ce qu'elle fait. « Je ne couche pas avec un seul homme marié. » Elle reste calme, elle a appris à le faire dans cette famille de fous. Elle se tourne enfin vers lui pour planter son regard noir dans celui de Sebastian. « Ok Seb. » Oh tu n'aurais pas dû faire ça Seb, tu aurais dû la fermer, tu devrais arrêter de parler d'ailleurs. Elle répond à son faux sourire, elle ne lui fera pas le plaisir de s'énerver et il devrait le savoir ça le brun.
« Oh et tu crois être le premier à me dire ça ? » Essaies autre chose petit Fitz, c'est presque qu'elle pourrait s'ennuyer tant il ne cherche même pas à être original dans ses attaques. Elle baille et elle commande une ligne de shots, elle va avoir besoin d'être alcoolisé pour le supporter encore 5 minutes de plus. « Ooooh et t'es jaloux ? » Elle n'a jamais craqué face à ce Fitzgerald, parce qu'il la dégoûte autant qu'il l'énerve. Sa dernière question la prend de court, elle fronce les sourcils, on pourrait presque croire qu'il n'y a pas de piège et ça c'est étrange. Elle se méfie et se méfiera toujours de lui, c'est typiquement le genre de personne à qui on ne peut pas faire confiance. « à part quitter cette ville de merde, et sécher les cours ? Rien de spécial. » Elle est la ratée, celle qui finira certainement par mourir d'une overdose dans une ruelle pour tout le monde et ça lui va comme ça. Elle n'a besoin de l'intérêt de personne pour vivre la vie qu'elle veut comme elle l'entend. « toi je te retourne pas la question, on connait déjà la réponse. » la seule chose qui le fait frétiller c'est détruire le monde entier, et qui ça étonne ?
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| | | | (#)Dim 12 Avr 2020 - 20:03 | |
| Jill demande du divertissement, des répliques uniques au monde. C'est un nourrisson qui casse un jouet parce qu'il n'a pas assez de couleurs, parce qu'il ne brille pas assez. C'est une destructrice, Jill, qui ne voit pas plus loin que ses mains qui tapent du poing sur les comptoirs de tous les bars et boîtes de Londres. Ce serait adorable si ce n'en était pas aussi pathétique. Et elle pense se vanter en disant qu'elle couche avec plusieurs hommes mariés, la pauvre enfant.
En revanche, je suis très franchement surpris lorsqu'elle ne s'énerve pas de ma pique sur la prostitution. Elle ne tente pas une gifle. Elle bouge à peine. Elle garde ses forces, comme un animal dans la savane. Et, pour la première fois, j'ai un élan de curiosité, tiens. Il n'y a rien qui me plaise tant que l'honnêteté et le fait d'assumer ses erreurs et failles, et voilà que la McGrath décide de jouer. Très bien. Elle apprend vite.
Inutile de gâcher ma salive sur ses questions rhétoriques.
Quitter Londres, c'était ça, son rêve ? "Tu irais où, si tu pouvais t'installer n'importe où ? Ou peut-être que tu aimerais être nomade, voyager de ville en ville ?" Je ne pose jamais de questions dont les réponses ne m'intéressent pas, et ça se voit dans la façon dont je me tourne vers elle. Cela ne change rien à l'animosité entre nous. C'est juste un répit. Quelque chose en elle a attiré mon attention, et je nous donne le temps d'explorer cette mince partie d'elle qui étonne.
"Pourquoi tu t'es lancée dans l'architecture ? Quel est le bâtiment qui t'a séduite au point de te lancer dans ces études ?" J'espère que ce n'était pas juste une énième provocation familiale. Je tente vraiment de trouver ce qui, en Jill, existe au-delà de ses instincts. Pour qu'elle arrête de fréquenter Bailey, il faudrait soit qu'elle aille très bien, soit qu'elle aille très mal. Et le principe de toute transaction efficace est de ne détruire que si nécessaire. Si je peux l'aider à s'en sortir, je le ferai. Si je ne le peux pas, j'emploierai les grands moyens.
"Tu présumes bien vite me connaître. Est-ce que tu as des questions ?" Il faut la guider, Jill, car elle ne connaît pas très bien l'art de la conversation, apparemment.
@Jill McGrath Fitzgerald |
| | | | (#)Dim 12 Avr 2020 - 22:14 | |
| Jill mord, Jill attaque parce que c'est ce qu'elle fait toujours avec tout le monde. Et surtout avec les gens qu'elle déteste. Et Sébastian est sûrement en tête de sa liste avec Auden. Elle essaie de ne pas se concentrer sur lui, mais rien ne le fait partir le parasite. Elle boit, elle enchaine les shots sans se soucier du regard du brun qui est peut-être sur elle. Mais la conversation prend une tournure inattendue. Il ne cherche pas de faille, pas encore, il ne cherche pas à détruire, à insulter. Il est capable d'entretenir une conversation normale ? Première nouvelle. Elle reste sur ses gardes, elle le restera jusqu'à la fin de cette entrevue, jusqu'à la fin de sa vie certainement. « Je retournerais chez moi. » Parce que c'est ce qu'elle veut depuis qu'elle est arrivée ici sans le faire. « J'ai déjà fait le tour de plusieurs pays, presque le tour du monde en fait. » Elle l'a joué nomade, à appeler ses parents quand elle avait besoin d'argent pour changer d'endroit ou faire des soirées un peu plus longues.
Pourquoi elle s'est lancée dans l'architecture ? Parce qu'elle ne l'a jamais avoué à son père parce que ça lui aurait fait bien trop plaisir mais elle aime dessiner, elle aime créer mais personne ne la sait. « Pourquoi un bâtiment en particulier m'aurait donné envie de faire ces études ? » Officiellement, c'est son père qui l'a obligé à faire ça, officieusement, tout le monde sait que personne ne l'oblige à faire quoi que ce soit. « Pourquoi tu fais ton métier toi ? » Il travaille dans quoi d'ailleurs ? Elle ne s'y est jamais vraiment intéressée. Mais elle fait la conversation, ça change des insultes qu'ils s'échangent habituellement.
Est ce qu'elle a des questions ? Pourquoi elle aurait des questions sur lui ? Pourquoi cette conversation est si bizarre ? Elle reste tournée vers lui, elle ne lâchera pas son regard. « Pourquoi cet intérêt soudain ? » Pourquoi il relève la tête de son petit nombril ? Elle fronce les sourcils, c'est une vraie question, et elle attend une vraie réponse. Il se vante d'être toujours sincère et de détester le mensonge pas vrai ? « Des questions sur quoi ? Sur toi ? » Il est surprenant l'aîné des Fitzgerald des fois. Seulement quelques fois par ans. « Qu'est ce que t'aime dans la vie ? Je veux dire, à part détruire les personnes qui ont le malheur de croiser ton chemin. »
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| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 1:28 | |
| "Je retournerais chez moi. J'ai déjà fait le tour de plusieurs pays, presque le tour du monde en fait." J'ai des questions, encore, comme une soif qui me prend, inexplicablement. Je ne sais pas si c'est l'odeur du bar, le gin, mon estomac vide, mais je vois soudain la tornade puérile comme une femme. Je n'ai pas fait exprès, et c'est très irritant. J'en perds bien sûr mes questions, sur ce qui lui manque chez elle, sur les pays qu'elle a visités, sur ce qu'elle fait là, en fait, tout simplement, si elle veut partir. Cette pensée me ramène à ma raison d'être là : ce serait idéal qu'elle s'en aille et ne revienne jamais. Bailey resterait enfin sagement auprès de la femme la plus ennuyeuse du monde, et on n'en parlerait plus.
("Sebastian, tout ce que je te demande, c'est d'y réfléchir." "Maman, on en a parlé mille fois. Je ne suis pas intéressé par le mariage. Je ne déshonorerai jamais la famille comme l'a fait Bailey, tu n'as pas à t'inquiéter. Mais je n'épouserai personne." "Tu sais bien que Bailey est inconstant, changeant, qu'il peut faire n'importe quoi demain. Il n'y a que sur toi que je peux compter, Sebastian. Et si tu épousais Jill, nos deux familles seraient unies, de façon pérenne.")
"Pourquoi un bâtiment en particulier m'aurait donné envie de faire ces études ?" La voix de Jill me ramène au moment présent. Heureusement, sa question n'a aucun sens, et ça me permet de redevenir l'homme insupportable et condescendant de d'habitude. "Souvent, les architectes aiment les bâtiments. Et il y a des bâtiments plus beaux que d'autres, ou plus marquants. Est-ce que tu as vu le travail de Gaudi à Barcelone ? Est-ce que tu as étudié la disposition du Louvre, de la Pyramide ? Est-ce que ça t'inspire ?" Je parle lentement, pour qu'elle comprenne bien, parce qu'elle avait l'air perdue sur un sujet qui était son lieu d'expertise, pas le mien.
"Pourquoi tu fais ton métier toi ?" Ah, tout de même. La réponse est complexe, donc je prends le temps de réfléchir pour la déconstruire. "Je n'ai pas vraiment de passion particulière. J'aime la façon dont le pouvoir et l'argent sont des monnaies courantes dans notre monde, et cela, je peux l'observer quoi que je fasse. Prendre la relève de mon père était arrangeant pour la famille, et comme je suis le seul à pouvoir le faire, j'ai accepté."
"Pourquoi cet intérêt soudain ? Des questions sur quoi ? Sur toi ?" J'acquiesce, amusé qu'elle trouve tout ce que je fais si exotique. "Qu'est ce que t'aimes dans la vie ? Je veux dire, à part détruire les personnes qui ont le malheur de croiser ton chemin." Pour la première fois depuis quelques jours, je ris. L'humour n'est pas quelque chose qui m'intéresse, mais j'aime quand il vient ainsi, imprévu, direct, à la limite de l'insultant. Je finis mon verre et commande un deuxième pour moi, et un deuxième de ce que boit Jill pour elle. "J'aime apprendre, par-dessus tout. Je suis curieux d'absolument n'importe quel domaine. J'aime comprendre comment les choses fonctionnent. Plutôt à une grande échelle, d'ailleurs, comment les groupes interagissent, comment le système solaire marche."
J'ai un sourire en coin tandis que le barman nous apporte nos verres. Je trinque. "A dépasser ses préjugés." Je bois, et je jette un regard à la foule sur la piste de danse. Je ne peux rien imaginer de pire que de secouer mes bras dans cette masse ambiante de sueur et de couinements. "Tu sais, ce n'est pas détruire les personnes que j'aime, c'est voir un plan avancer, comme des dominos qui tombent l'un après l'autre, tu comprends ? Je sais que la plupart des gens entendent ça et concluent tout de suite que je suis un monstre, mais c'est tellement plus compliqué que ça." Je m'interromps, car je déteste plus que tout le discours de l'homme incompris qui se morfond en sirotant un verre. "Tu voudrais qu'on aille se promener ?" A la fin de notre verre, j'entends. Je ne voudrais pas gâcher du si bon gin. "Il fait bon, dehors."
@Jill McGrath Fitzgerald |
| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 2:27 | |
| L'ambiance change, elle ne saurait pas expliquer comment ni pourquoi. Mais elle ne connait pas cette facette de Sebastian, ils ne se sont jamais retrouvés seuls tous les deux. Ils auraient peut-être dû s'en tenir aux rencontres familiales, ne jamais passer le cap de se retrouver dans un bar. Même si Jill ne l'a pas choisi, elle se retrouve seule avec lui à parler de ses passions dans un bar encore assez vide. « C'est pas les bâtiments que je trouve aussi intéressants. Mais la possibilité dans dessiner des nouveaux, de créer des choses inattendues et originales. » Pourquoi elle lui parle des études qu'elle est censée détester ? « Il fait partie des personnes les plus talentueuses avec O.Gehry et Zaha Hadid selon moi, mais y'en a qui les trouvent trop excentriques. La pyramide, le musée Guggenheim, le Taj Mahal, tu veux que je te copie mes cours ? » Il a l'air étonnement intéressé par le sujet mais elle continue de se méfier. Il avait peut-être simplement envoyé un de ses larbins pour savoir ce que faisait Jill. Pour essayer de la distraire en faisant tout autre chose en réalité, mais elle ne se laissera pas avoir aussi facilement Jill.
Elle retourne la question, le Fitzgerald est le genre de personne qui aime beaucoup parlé de lui. « Donc ta passion c'est l'argent ? » Jill fronce les sourcils, pourquoi ça ne l'étonne pas ? Parce que le Fitz ne pense et n'agit qu'en pensant à l'argent et à ce qu'il peut s'offrir avec. « C'est facile d'être comme ça quand papa est déjà riche. » et ils étaient dans le même cas. Jill n'avait jamais eu à travailler l'été pour se payer un voyage, pour faire des études. Mais c'était bien plus amusant de le reprocher au Fitzgerald qui pensait tout connaître du monde alors qu'il avait juste la chance d'être né dans la bonne -ou la mauvaise selon le point de vue- famille.
Et il explique ce qu'il aime dans la vie. C'est étonnant, et elle le comprendrait presque. Presque. « D'où les connaissances sur l'architecture. T'as pas un domaine de prédilection ? » Faire chier le monde était un domaine de prédilection ? Elle garde la remarque pour elle tant que Sebastian n'est pas encore trop difficile à supporter. « Quels préjugés ? » Elle sentait qu'il la visait, elle n'avait pas de préjugés. Elle ne faisait que faire des observations sur comment elle voyait l'homme qu'elle avait déjà rencontré à de nombreuses reprises. Il essaie de lui expliquer pourquoi il est comme il est. Et si Jill n'avait pas un minimum d'humanité elle aurait pu comprendre. Mais cette vision des gens était trop étrange, même pour elle. « Tu pourrais presque me faire avoir pitié, mais tu pourrais autre chose que des gens pour faire avancer tes plans. » Elle hausse un sourcil, elle n'a toujours pas lâcher son regard, et ce n'est pas encore près d'arriver. Il veut qu'ils aillent se promener, et elle fronce les sourcils, qu'est ce qu'il cache derrière tout ça ? « Y'a une camionnette noire qui m'attend à l'extérieur et tes hommes qui sont prêts à m'enlever si je fais pas ce que tu dis ? » Il en est capable, vraiment. Et c'est bien trop étrange qu'il propose ça, aussi étrange que le fait que Jill envisage vraiment de le suivre à l'extérieur de ce bar. « Il fait jamais bon en Angleterre. » Elle déteste le climat, elle déteste la pluie et le froid, elle ne connaissait pas ça en Australie.
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| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 13:42 | |
| "C'est pas les bâtiments que je trouve aussi intéressants. Mais la possibilité d'en dessiner des nouveaux, de créer des choses inattendues et originales. Il fait partie des personnes les plus talentueuses avec O.Gehry et Zaha Hadid selon moi, mais y'en a qui les trouvent trop excentriques. La pyramide, le musée Guggenheim, le Taj Mahal, tu veux que je te copie mes cours ?"
Jill oscille, fluctue. Elle a donc senti le changement de courant électrique qui a eu lieu. Nous n'étions que rejet et nous devons possibilité. C'est fascinant comme ça s'est opéré sans effort particulier, dans le calme, presque. Elle parle de créativité, elle dévoile ses influences, et bien sûr, elle ponctue le tout d'une plaisanterie, car elle ne me fait pas assez confiance encore, elle me met à distance, et elle a bien raison. "Ah, Hadid. Ca ne m'étonne pas qu'elle te plaise. Elle fait des bâtiments très... évocateurs." Je souris en me remémorant les formes sensuelles, tantôt féminines, tantôt masculines, des créations de l'architecture anglo-irakienne.
"Donc ta passion c'est l'argent ? C'est facile d'être comme ça quand papa est déjà riche." Je secoue la tête, lentement. Encore raté. Ce n'est pas grave ; j'ai l'habitude. L'argent ne m'intéresse pas en tant que tel. Il me fascine comme symbole, comme objet de transaction, comme source d'attrait et de fascination par les foules. C'est la valeur qu'il a acquise qui est obsédante : le papier et les chiffres sur un écran d'ordinateur sont devenus puissants parce que l'humanité leur a accordé cette emprise. L'espèce a créé une divinité et ne sait plus comment s'en dépêtrer. Elle vit constamment dans la crainte qu'elle ne disparaisse, et lui rend hommage dans des rituels et cérémonies élaborées. Je ne réponds rien, ceci dit. Ce serait si long, il faudrait reprendre l'éducation de Jill depuis le début, lui faire lire les philosophes et les historiens qui ont bouleversé ma vie.
"D'où les connaissances sur l'architecture. T'as pas un domaine de prédilection ?" "Non." Monosyllabique, mais doux, car elle essaye, je le vois, elle fait un effort. Je ne m'intéresse à rien en particulier car je m'intéresse à tout en permanence.
"Quels préjugés ?" "Je ne te voyais comme le revers de la médaille de ta soeur. L'une qui est morte dans sa vie, l'autre qui vit tant qu'elle peut en mourir à chaque instant. Tu es en réalité peut-être plus intéressante que je ne l'ai cru au premier abord." L'honnêteté sans tact, ma marque de fabrique. Je ne veux pas être insultant ; je dis juste les choses comme elles sont. A elle de voir ce qu'elle en fait.
"Tu pourrais presque me faire avoir pitié, mais tu pourrais utiliser autre chose que des gens pour faire avancer tes plans." "Je n'utilise pas que les gens. Il y a les lieux, les circonstances, les statuts, les comptes en banque, les secrets, l'information. Mais les êtres humains investissent toutes ces choses-là comme si elles les définissaient, et sont donc heurtés quoi que je fasse." C'est tout ce que je dirai sur mes méthodes. Elle n'avait pas besoin d'en savoir plus, même si de toute façon, elle serait incapable de faire ce que je fais. Je ne lui en tiens pas rigueur ; presque personne n'a la lucidité et le courage froid qu'il faut pour mener à bien des plans préparés des années à l'avance. Il y avait toujours cette lâcheté qui arrivait, lorsqu'on plongeait les yeux dans ceux fragiles de l'obstacle à forme humaine.
"Y'a une camionnette noire qui m'attend à l'extérieur et tes hommes qui sont prêts à m'enlever si je fais pas ce que tu dis ?" Je ris, de nouveau. Je me rends compte que je passe un moment agréable, et c'est si rare que je ne m'étonne même pas de vouloir le prolonger, mais ailleurs que dans cette ambiance de fin du monde avant l'heure. Les êtres humains qui titubent manquent de dignité, et ça me frustre au plus haut point. "Il fait jamais bon en Angleterre." Je hausse les épaules face à sa radicalité et à sa nostalgie d'un ailleurs qui est si loin. Ce sont des partis pris qui ne lui servent à rien, mais dont elle s'emmitoufle pour sentir qu'elle a une raison d'être. Ca ne me dérange pas. Je finis mon verre, le repose sur le comptoir, et me lève. "Verdict ?" La porte est là, à quelques pas, et si elle me suit, je l'emmènerai découvrir des beautés architecturales tout en continuant à parler de notre vie. Ce sera une parenthèse dans le temps, qu'on niera probablement l'un comme l'autre, car s'il y a bien deux personnes qui ne sont pas faites pour se rapprocher, c'est elle et c'est moi.
@Jill McGrath Fitzgerald |
| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 14:38 | |
| Elle parle Jill, d'architecture. Ça n'était certainement jamais arrivé parce qu'elle n'avait pas prévu que quelqu'un sache que ces études peuvent vraiment l'intéresser. Personne d'autre ne saura, jamais, et elle aurait peut-être dû se taire ce soir. Mais elle est déjà alcoolisée, elle se retrouve seule et étonnement Sebastian se retrouve au bon endroit au bon moment, sans être aussi hostile que d'habitude. Mais qui aurait pu imaginer qu'ils pouvaient passer plus de cinq minutes ensemble sans se sauter à la gorge ? Certainement pas Jill. C'est pour ça qu'elle reste sur ses gardes, qu'elle cherche constamment en quoi il peut être gagnant en apprenant toutes ces choses. Rien n'est jamais gratuit avec les Fitzgerald. Jill y laisse à chaque fois son cœur ou des secrets selon à quel Fitzgerald elle a à faire. « Elle fait des bâtiments très originaux. » Ce n'est pas droit, c'est tout en courbe et c'est ce qui plaît le plus à Jill. « Elle dessine des choses qui paraissent impossible à mettre sur pied et pourtant elle le fait. »
Il n'a pas de domaine de prédilection et Jill hoche la tête en finissant son verre avant de commencer le deuxième. Il a des préjugés sur elle, comme tout le monde, il ne s'arrête qu'à ce que Jill veut bien montrer d'elle et ça lui va en temps normal. Elle hausse un sourcil, seulement le revers de médaille de sa sœur. Elle n'aime pas être constamment comparée à elle. « J'ai toujours été intéressante, c'est toi qui qui ne t'arrête qu'à ce que je veux bien montrer. » comme toutes les personnes de cette famille à part Bailey. Mais elle n'a pas envie de penser à lui ce soir, de l'imaginer encore et toujours dans les bras de la deuxième sœur McGrath, il a choisi cette fois, vraiment choisi et Jill rajoutera ça à la liste des choses qu'elle ne pourra jamais leur pardonner.
Elle fronce de nouveau les sourcils en l'écoutant, il essaie vraiment d'expliquer ce qu'il aime, et ça a l'air d'être un effort pour lui d'en parler. Alors elle écoute, et elle réfléchit. Il aime avoir le contrôle sur beaucoup de choses, et ça ne concerne pas que les gens de sa famille. « Et comment tu te définis toi si pour toi tout ça n'a aucune importance vitale ? Tu peux pas déposséder quelqu'un de tous ses secrets, son argent, tout ce qui fait que c'est une personne à part entière sans qu'il essaie de lutter. » leur vision des choses étaient bien différente, mais cette fois Jill avait une ouverture pour comprendre pour le Fitzgerald est comme il est. Il ne se considère pas comme un monstre alors qu'une grande partie de la population le définit comme ça.
Il lui propose de sortir, elle, elle cherche le piège en le regardant droit dans les yeux. Et elle a bien l'impression qu'il n'y en a pas. Elle soupire, boit son verre cul sec et se lève en s'avançant rapidement vers la porte. Tout a été certainement trop rapide pour qu'il la suive. « Bon tu te dépêche ? » Et les voilà parti dans les rue de Londres.
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| | | | (#)Lun 13 Avr 2020 - 18:57 | |
| "Elle fait des bâtiments très originaux. Elle dessine des choses qui paraissent impossible à mettre sur pied et pourtant elle le fait." Alors, elle aime l'impossible, Jill. Bien sûr. Le grandiose, l'inouï, le rêve devenu réalité. Je serais prêt à parier qu'elle est beaucoup plus romantique et idéaliste qu'elle n'aime le montrer. Son plus grand rêve est d'être libre mais elle ne se le permet pas, comme le reste de sa famille ; tous à se débattre dans des cocons imaginaires.
"J'ai toujours été intéressante, c'est toi qui qui ne t'arrête qu'à ce que je veux bien montrer." "C'est la définition de préjugé, en effet." Elle met un peu de temps à me rattraper, mais elle y parvient. J'ai envie de lui donner un autocollant pour prouver sa réussite ; elle a l'air si jeune, et je me sens si vieux. Pourtant, notre différence d'âge n'est pas si colossale.
"Et comment tu te définis toi si pour toi tout ça n'a aucune importance vitale ? Tu peux pas déposséder quelqu'un de tous ses secrets, son argent, tout ce qui fait que c'est une personne à part entière sans qu'il essaie de lutter." Je penche la tête, étonné qu'elle retombe aussi facilement dans le processus normatif d'identité par l'avoir plutôt que l'être. C'est comme si elle fermait elle-même le verrou de la prison et allait s'asseoir sagement contre le mur. Je me demande si c'est reposant de vivre ainsi, en suivant les principes sociaux établis. De toute façon, je n'en serai jamais capable, donc c'est un débat qui ne mène nulle part.
"Je suis un être humain. J'ai une personnalité qui évolue avec le temps, un QI, un QE, des préférences, des failles, des brèches. Je fais des rêves et des cauchemars. Je réfléchis et j'éprouve des émotions, des sensations. C'est ça qui me définit. Pas les circonstances extérieures, pas ce que j'ai fait dans le passé ou ce que je possède dans le présent. Si les personnes comprenaient cela, elles ne se mettraient pas sur mon chemin, ou alors elles accepteraient tranquillement de se faire déposséder de parties d'elles qu'elles ont mises en jeu. Elles ne peuvent pas à la fois prétendre participer de la danse sociale et réclamer que tout est inexorablement à eux lorsque vient le moment de payer l'addition."
J'avais dit que je ne parlerais pas plus de ma façon de penser. Mais c'était mal connaître le regard perçant de Jill lorsque vraiment elle s'intéressait. J'éprouve, pour une fois, une de ces si rares fois dans mon existence, la perte de contrôle. Je me demande si c'était une bonne idée de venir, finalement, si la tornade n'est pas une araignée tout aussi respectable que moi. Il me faut l'écarter du chemin de mon frère, mais ne pas être pris dans sa toile à mon tour. Je réfléchirai à tout cela, plus tard, cependant, car pour le moment, j'ai simplement envie de prolonger notre conversation.
Elle se lève et joue de nouveau, lorsqu'elle arrive à la porte avant moi et me dit de me dépêcher. Elle me provoque, ses yeux brillent, et elle irradie une émotion que je ne déchiffre pas. Ce n'est pas exactement de la joie. Ce n'est pas que de la curiosité détachée. Je ne sais pas ce qu'elle ressent, mais ça la rend intrigante, impressionnante, même, tellement elle est vraie tout en étant loin. Je dépose sur le comptoir ce qu'on doit, et je la suis à l'extérieur.
Il pleut.
Protégés par un balcon au-dessus de nous, nous sommes encore secs, mais pas pour longtemps, si on s'aventure dans les rues. Et là, coïncidence parfaite et étrange, il cesse de pleuvoir.
Je souris. "Tu vois, il fait bon." On dirait que je... joue ? Ma capacité à imiter le comportement des autres se déclenche parfois sans que je le veuille. Nous partons dans une rue. Je sais où je vais. Elle me suit. Un silence s'installe, habité par les bruits de la nuit - une voiture au loin, un éclat de rire depuis une fenêtre. Je nous emmène à Saint Bride's Church. Je lève les yeux pour regarder l'église, belle de nuit. "Elle aurait été construite au VIIe siècle, mais bien sûr, ce ne sont pas ces pierres-là que tu vois. Au XVIIe siècle, pendant la peste, des centaines de gens ont été contaminés ici. Et l'année d'après, elle a entièrement brûlé. Ils l'ont reconstruite, ont ajouté sa flèche - qui a été détruite peu après par un éclair. Pendant la deuxième Guerre Mondiale, elle a été bombardée. Puis refaite, encore une fois, inlassablement." Je vois les images tandis que je les décris, comme un panorama d'époque en époque.
"Tu marches sur les traces de la reine elle-même, qui est venue rendre hommage à ce lieu." Je me tourne vers Jill, qui a tout d'une reine, en effet, mais encore en formation, encore dans son cocon. Et puis, je m'engage avec elle dans les minuscules allées qui bordent l'église, pour en faire le tour, habiter là encore un peu : Saint Bride's Avenue, Bride Lane. Nous remontons l'A201 pour avancer vers la Tamise et la Blackfriars Bridge.
@Jill McGrath Fitzgerald |
| | | | (#)Mar 14 Avr 2020 - 1:48 | |
| Elle ne regarde pas autour d'elle Jill, elle ne s'intéresse pas à autre chose que le Fitzgerald assis devant elle. Elle n'est pas habituée à se retrouver avec lui, mais c'est comme ça pour ce soir. Et elle pourrait presque considérer ça comme une soirée normale, une soirée plaisante avec quelqu'un de pas trop désagréable. Ils discutent, vraiment. Sans s'envoyer 5 piques à la seconde, sans qu'il ne fasse allusion au couple Bailinny toutes les 5 minutes. C'était étrange, et intéressant. Il avait de la conversation, il avait vraiment l'air de s'intéresser à Jill alors que ça n'était jamais arrivé avant. Elle ne lui avait jamais accordé plus d'une minute d'attention elle non plus. Mais ce soir c'était différent, comme une parenthèse dont ils essaieraient sûrement d'oublier l'existence le lendemain matin. Mais elle se laisse prendre au jeu Jill, qui l'aurait cru ?
Il parle toujours beaucoup Sebastian, il aime certainement entendre le son de sa voix. Mais Jill l'écoute vraiment pour une fois, parce que la conversation était étrange mais distrayante. « Donc rien ne peut définir un être humain en extérieur, les seules choses qui comptent c'est ce qu'il se passe dans sa tête ? » Elle essaie de comprendre, et elle comprend. Parce que ce qu'il dit est fondé, réfléchit, mais elle ne pourra jamais penser réellement pareil que lui. « et personne te dépossède de rien toi ? » Il ne se laisserait certainement pas faire. Mais peut-être qu'il ne s'attache à rien d'autre que lui et sa personnalité, ça ne l'étonnerait pas ça non plus Jill.
Elle sort et elle attend qu'il la rejoigne, « Il pleut. » Elle lève les yeux au ciel. Au moins il ne neige pas essayons de rester positif. Elle grogne, elle lève les yeux au ciel mais elle emboîte le pas à Sebastian qui a l'air de savoir où il va. Il fait froid, il fait nuit, et Jill ne parle pas pendant qu'ils marchent. Mais il s'arrête Sebastian et Jill suit son regard. Les yeux de la jeune femme se posent sur la Saint Bride's Church. Elle en a parlé en cours de cette structure, mais elle n'a jamais pris le temps de la regarder depuis les rues de Londres. Et Sebastian se remet à parler quand Jill regarde absolument tout, c'est magnifique et elle tourne autour du bâtiment en le suivant dans les ruelles. « Tu t'improvises guide touristique ? » Et elle sourit Jill, peut-être un peu trop. « Ils font bien de toujours la refaire. » C'est impressionnant, et c'est beau. « Tu connais l'histoire de tous les monuments de Londres ? ». Elle s'éloigne un peu pour observer, elle ne regarde quasiment plus le Fitzgerald. Elle pouffe de rire en l'entendant parler de la reine et elle mime une révérence. « Tu vas me faire visiter la ville de nuit ? » Parce qu'ils avaient toute la nuit devant eux, et toute une ville endormie.
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| | | | (#)Mar 14 Avr 2020 - 2:21 | |
| "C'est ça." Je ne tente pas de réfréner mon sourire, qui se dessine nettement maintenant. Elle fait l'effort, et le résultat suit. C'est satisfaisant, comme de colorier entre les lignes. "Je ne peux pas être dépossédé, car je me nourris d'informations. Une fois qu'elles sont là", je mets l'index sur ma tempe, "plus personne ne peut me les retirer." Je me demande ce sans quoi elle ne se sentirait plus elle-même. Bailey ? D'après la façon dont elle me regarde, j'en doute fort.
"Il pleut." L'intempérie cesse dès qu'elle prononce ces mots. J'aimerais croire en une divinité qui se moquerait de nos observations futiles en les contrecarrant immédiatement. Mais quel est l'intérêt de se tourner vers une force supérieure silencieuse et invisible ? L'oxygène et les électrons sont bien plus utiles que ce garde-fou de la création qui nous regarderait depuis le ciel.
Je savoure chaque pas que nous faisons, chaque seconde où elle me suit. Elle n'a pas peur de se promener avec le grand méchant loup, de nuit, dans un Londres qu'elle connaît encore si mal. Elle se sent sûrement invincible, bercée par l'illusion que rien ni personne ne lui pourra la faire souffrir plus qu'elle-même.
"Tu t'improvises guide touristique ?" "Je n'improvise jamais." J'avais tout simplement fait des recherches sur le quartier où Jill prenait un verre pendant le trajet en taxi qui m'avait mené jusqu'à elle. L'information est à portée de main quand on prend la peine de la saisir. "Ils font bien de toujours la refaire. Tu connais l'histoire de tous les monuments de Londres ?" Je l'observe tandis qu'elle contemple l'église, et je réponds, très sérieusement, "Uniquement ceux qui attirent mon regard."
Elle rit à mes plaisanteries, fait la révérence, et je me surprends à sourire, encore. A force, ma mâchoire, qui n'en a tout de même pas l'habitude, va finir par se déformer. Je devrais faire attention. "Tu vas me faire visiter la ville de nuit ?" Mais à quoi bon faire attention quand on peut aller de bijou en bijou dans une chasse au trésor londonienne ? J'acquiesce et prends mon portable pour envoyer un message - operation Easter is a go.
Nous nous retrouvons sur le pont Blackfriars. Je la laisse observer les reflets des lampadaires sur l'eau. Il règne une ambiance douce, avec des passants qui se promènent, de rares voitures qui circulent. Nous atteignons le milieu du pont, où un banc circulaire sur le côté permet de s'asseoir et profiter de la vue. Je prends place, et la laisse s'installer en face de moi. "Regarde sous ton siège." Je sais qu'elle y trouvera une enveloppe noire, à l'intérieur de laquelle se trouve l'énigme : rendez vous sur la tombe légendaire de la reine celte Boadicée.
@Jill McGrath Fitzgerald |
| | | | (#)Mar 14 Avr 2020 - 3:08 | |
| Le temps est affreux, c'est Londres, alors qui ça étonne ? Mais Jill passe outre, elle le suit, elle attend qu'il fasse ce qu'il a prévu. Il a forcément prévu quelque chose, elle le connait peu, mais elle connait une partie de lui quand même. Seulement ce qu'il montre apparemment, un peu comme Jill en réalité. Mais elle continuera de se persuader qu'ils n'ont aucun point commun. Et ils se retrouvent devant une église, qu'elle connait via ses cours mais qu'elle n'a jamais pris le temps de visiter. Elle fronce les sourcils. « T'avais déjà tout un plan de la ville et tu comptais faire une visite à la première personne que t'allais croiser dans ce bar. » Elle hausse un sourcil en se tournant vers lui. Ça devait être ennuyeux de ne jamais improviser, de toujours savoir ce qui l'attendait. Jill n'était pas comme ça, elle vivait au jour le jour, elle ne savait jamais de quoi le lendemain serait fait. « Et quelle genre de choses attirent ton regard ? » est ce qu'il ne voyait que les plus beaux monuments de Londres ? Elle pose des questions Jill, et elle ne sait pas ce qu'elle même elle pourrait répondre. Des questions étranges, ouvertes, mais des questions auxquelles Sebastian répondait à chaque fois depuis les premières minutes de cette soirée.
Elle est sûre un pont maintenant, qu'elle connait. Elle s'arrête une seconde pour regarder les mouvement des lumières qui se reflètent sur l'eau de la Tamise. C'est calme et paisible, bien loin des soirées qu'elle avait l'habitude de passer depuis qu'elle était arrivée dans cette ville. Elle pouvait regarder, analyser les monuments qu'elle trouvait beau sans avoir peur que quelqu'un s'imagine que l'architecture l'intéresse. La brise fait voler ses cheveux, et elle s'assoit en face de lui. Elle regarde encore un peu autour avant qu'il ne récupère son attention. Elle penche légèrement la tête sur le côté, elle fronce les sourcils, elle laisse trainer le moment. Qu'est ce qu'elle pourrait bien trouver sous son siège. Une enveloppe noire. Elle ouvre une peu la bouche, elle ne comprend pas tout mais elle ouvre. Rendez vous sur la tombe légendaire de la reine celte Boadicée. Elle sourit. « C'est une chasse au trésor ? » elle capte son regard de nouveau, elle cherche à le cerner. Qu'est ce qu'il cherche ? Qu'est ce qu'il gagne ? « Ou tu cherches juste à tester ma culture générale ? » Elle en a n'en déplaise à certains. Elle fait partie des meilleurs élèves de sa promotion et ça non plus personne ne le sait. « C'est par où King's Cross ? » Et elle continue de se prendre au jeu, elle le suit, et il la guide à travers les ruelles de la ville de Londres. Ville qu'elle voit avec de nouveaux yeux ce soir.
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| | | | (#)Mar 14 Avr 2020 - 15:27 | |
| "T'avais déjà tout un plan de la ville et tu comptais faire une visite à la première personne que t'allais croiser dans ce bar." Du tout. Je savais où la trouver et, au cas où la soirée se passait bien, j'avais lancé des sbires sur la mise en place d'une des nombreuses chasses au trésor que j'avais imaginée dans Londres. C'est un des rares passe-temps que je m'autorise, car il inclue de l'apprentissage historique, géographique et architectural, malgré sa forme ludique. "Et quel genre de choses attire ton regard ?" Je ne souris pas, mais je ne la quitte pas des yeux. J'aimerais tant ne pas avoir à détruire cet être humain, car elle s'illumine entièrement lorsqu'on braque les projecteurs sur elle. J'espère qu'elle cessera complètement de voir mon frère. J'espère qu'elle partira loin de nous. Mais l'espoir n'a d'utilité qu'un temps, et ensuite vient l'action. Je sais déjà exactement ce que j'aurai à faire si elle ne recule pas. "L'extraordinaire." Mon visage est sérieux.
Sur le pont, Jill est une silhouette au-dessus de l'eau. Assise là, je l'imagine en statue, sculptée avec soin dans ses moindres détails, y compris les mèches qui s'envolent. Ce serait un bel ajout à ce pont hors du commun. "C'est une chasse au trésor ? Ou tu cherches juste à tester ma culture générale ?" Il est sage de sa part de s'enquérir de mes intentions. Mon unique but est de la distraire, de lui rappeler qu'il existe un monde entier en-dehors de l'artiste torturé auquel elle a décidé de s'attacher. Elle aime l'impossible, et quoi de plus impossible que l'époux de sa soeur ? "C'est un jeu." Peut-être que moi aussi j'aime l'impossible, puisque je m'apprête à passer la nuit avec la maîtresse de mon frère. Quelles drôles de familles nous formons.
"C'est par où King's Cross ?" Nous nous levons et repartons déjà. J'indique la direction d'un mouvement de tête. Et je ne retiens plus la question qui m'habite depuis tout à l'heure. "Qu'est-ce qui, si on t'en dépossédait, te ferait sentir que tu n'es plus toi ? Qu'on a retiré une partie de ton identité ?" J'ai hésité à demander, car je ne vois pas pourquoi elle me dirait la vérité. Me connaissant, elle a tout intérêt à garder des informations comme celles-ci pour elle. Qui ne tente rien, n'a rien, ceci dit, donc je la laisserai décider.
Dès que nous quittons le pont, je lève la main et un taxi s'arrête. "King's Cross." Une musique de jazz traîne dans la voiture comme un appel aux confidences. Nous en avons pour dix minutes de trajet.
@Jill McGrath Fitzgerald |
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