| | | (#)Mer 15 Avr 2020 - 0:11 | |
| Elle pose des questions Jill, il en pose aussi. Une conversation normale entre deux connaissances. Mais Sebastian et Jill sont bien loin d'être que de simples connaissances. Ils font partie de la même famille par l'alliance entre Bailey et Ginny. Et quand Jill ferait tout pour que ce mariage n'existe pas, Sebastian, lui voudrait certainement qu'il dure pour la vie. Ils sont différents, ils ne veulent pas les même choses, ne pensent pas les même choses non plus, mais ce soir, c'est comme si tout ça n'existait pas vraiment. Comme si ils avaient décidé de laisser leurs idées sur leurs familles dans un coin de leur tête pour les oublier juste le temps d'une soirée. L'extraordinaire attire son regard, regard qu'il braque sur Jill depuis de longues minutes maintenant. Un regard qui pourrait déstabiliser n'importe qui. Mais Jill n'est pas n'importe qui, elle est capable de lui renvoyer le même regard, parce qu'elle est difficilement impressionnable. « C'est vaste. » Beaucoup de choses peuvent être considérées comme extraordinaire, et c'est bien. Encore un mot assez vaste pour montrer qu'il s'intéresse à tout.
« Sebastian Fitzgerald sait jouer ? » Un sourire en coin qui reste en place sur ses lèvres. C'est un jeu bien différent ce que fait Jill habituellement, mais un jeu amusant. Elle continue de le suivre, elle suit ses indications et elle fait ce qu'il dit quand il lui demande de regarder sous sa chaise. Elle lit, et elle s'interroge encore sur les intentions du Fitzgerald. Mais après tout, peut-être que cette soirée était vraiment hors du temps, et un peu hors du commun. Elle se lève mais ne sait pas où aller, elle a besoin de son guide pour la soirée. Encore une question et à cet instant elle doit réfléchir un peu. Parce que la question est compliquée, et elle ne connait pas la réponse. Elle n'a l'impression de tenir à rien Jill, elle essaie toujours de se persuader qu'elle ne tient à rien de plus que Noah. « Noah je crois. » Elle va s'expliquer, elle cherche ses mots. « J'ai pas de bien matériel que je trouve important. Je vis bien seule, je n'ai besoin de personne pour être moi. Mais Noah, c'est juste comme un phare dans la nuit. La preuve que même si tout s'écroule partout il y a encore des chances de faire quelque chose de beau autour de lui. » Parce que, malgré tout ce qu'elle peut dire, sa famille reste vitale pour elle. Son frère, son cousin, sa sœur de temps à autre, et Noah sont des piliers dont elle ne pourrait pas se passer.
Ils entrent dans un taxi et Jill se tourne vers lui. « T'es pas le genre de mec à avoir une limousine à ta disposition qui te suit partout pour que tu ne sois pas obligé de prendre un taxi ? » Plus la soirée avançait plus elle était étonnée. Elle montrait une autre facette d'elle, il montrait une autre facette de lui, deux nouvelles choses qui resteront sûrement secrètes. Mais la nuit est encore longue. « T'aimes la musique ? » Bailey, lui, ne vit que pour ça. Leur père tient un label, un label dont l'un des deux héritera forcément un jour. La question est légitime non ?
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| | | | (#)Ven 17 Avr 2020 - 4:33 | |
| "Sebastian Fitzgerald sait jouer ?" J'ai un frisson presque imperceptible. Un de mes rares plaisirs est qu'on prononce mon nom en entier. D'aucuns diraient que c'est lié à mon égotisme et ma mégalomanie. Je ne m'enquiers pas des dessous psychologiques. "Sebastian, Alaric, Charles, Fitzgerald", je corrige, dans un faible effort de reprendre en contenance. A partir de maintenant, je ne peux plus me laisser aller. Jill est une joueuse, et elle a beau ne pas avoir les mêmes outils que moi, elle en a d'autres, et ils sont puissants. Je commence à comprendre ce que mon frère lui trouve.
Pour preuve : contre toute attente, elle décide de répondre à ma question. "Noah, je crois." Je fronce les sourcils, car je m'attendais à beaucoup de réponses, mais pas celle-ci. Noah ? L'enfant qu'élèvent sa soeur et mon frère ? L'enfant qui est la raison même pour laquelle Bailey l'ignore ? Etrange. Je ne comprendrai décidément jamais les humains. "La preuve que même si tout s'écroule partout il y a encore des chances de faire quelque chose de beau autour de lui." Elle voit la noirceur, mais veut un phare. Elle est assez lucide pour comprendre la misère, la douleur, et choisit de s'auto-détruire ; et pourtant, il lui reste un foyer, et les valeurs de la famille lui parlent bien plus qu'elle n'aimerait le faire croire. Si Ginny savait ça...
"T'es pas le genre de mec à avoir une limousine à ta disposition qui te suit partout pour que tu ne sois pas obligé de prendre un taxi ?" Je me tourne vers Jill et nos regards se rencontrent, nos corps à un mètre l'un de l'autre - distance de sécurité respectable, mais pas suffisante. "Je ne suis pas un chanteur de variété. Je dépense ce que je gagne avec soin." Je ne sais pas pourquoi je me justifie, alors que j'aurais pu tout simplement répondre non. Les préjugés ont la vie dure, et maintenant que j'ai commencé à montrer ma vérité à Jill, et qu'elle semble vouloir comprendre, je ne sais plus comment faire marche arrière. Je sais tout gérer, sauf les interactions honnêtes et vulnérables où mon adversaire me regarde droit dans les yeux sans ciller.
"T'aimes la musique ?" "Pas vraiment. J'aime Mozart et Bach. J'aime quelques opéras. Mais pas dans le sens de vibrer au son des instruments. Ce qui me plaît, c'est la construction mathématique de la musique." Ce qui est bien moins romantique et idéaliste que l'approche de mon frère à la musique. Je me sens projeté dans une rivalité enfantine entre Bailey et moi, ramené des millions d'années en arrière, et je décide qu'il est temps de regagner du terrain. "Pourquoi tu n'as pas dit la vérité à Ginny ?" Avant le mariage, pendant le mariage, après le mariage ; il y avait eu tant d'occasions d'être sincère. Pourquoi ne pas avoir protégé tout le monde d'un secret qui pesait lourd ? Les rouages du cerveau de Jill ne sont pas encore clairs pour moi, mais d'ici quelques questions, ils seront limpides. |
| | | | (#)Ven 17 Avr 2020 - 5:14 | |
| Elle ne connaissait pas tous les prénoms de Sebastian. Et peut-être que lui ne connait pas ceux de Jill. Mais elle hoche la tête et ça l'étonne de le voir aussi perturbé. Il a l'air fébrile le Fitzgerald, est ce que c'est possible un un Sébastian fébrile. Elle fronce les sourcils mais elle ne dit rien, rien du tout. Elle hoche la tête et elle continue de le suivre où il l'emmène. Il a toute une soirée de prévue et elle elle n'a rien de mieux à faire. Alors elle marche, elle profite de l'air ambiant malgré le fait qu'elle ne soit quasiment pas alcoolisée. Pourquoi elle est là ? Pourquoi elle fait ça ? Elle continue de se méfier parce que ce Fitzgerald n'est pas quelqu'un de confiance, mais ce soir il est là, quand l'autre ne l'est pas.
Et ils sont dans la voiture, et tous les deux restent à une distance raisonnable de l'autre. Parce que tout est étrange ce soir. Des questions posées au comportement des deux protagonistes de l'histoire. « Et c'est quoi des dépenses justifiées pour toi ? »Parce que certains hommes aussi riche que lui achèteraient des jets privés, des tonnes de voitures... Mais lui il prend un taxi, et il passe sa soirée avec la sœur de la femme de son frère. Pourquoi rien ne se passait normalement dans la famille McGrath Fitzgerald ?
Elle pose des questions elle aussi, et c'est étonnant qu'il y réponde, comme c'est étonnant que Jill prenne du temps pour réfléchir et donner de vraies réponses. Il n'aime pas la musique et elle fronce les sourcils. Mais ses yeux ne lâchent pas les siens. Elle ne lâchera pas Jill, quoi qu'il puisse poser comme question. Parce que son ego ne supporterait pas de baisser les yeux devant Sebastian. « Je crois que je préfère Beethoven. » Et elle pourrait passer des nuits entières à jouer ses mélodies au piano. Chose que personne ne sait là non plus. « Y'a une construction mathématique ? Tu vois pas ça comme quelque chose de spontané ? » Pourquoi tout était si compliqué dans la tête de Seb ? Il fallait toujours qu'il complique tout, mais ce soir, elle essayait de comprendre. Mais la question du brun la prend de court mais elle ne s'énerve pas. Elle reste calme, et elle ne cille même pas. Elle ne lâche pas son regard, pas ce soir. « Pourquoi ça t'importe autant ? » Elle respire calmement en hochant les épaules. Il a choisit Ginny, comme il finit toujours par la choisir elle et ça sera toujours le cas. Et peut-être qu'un jour Jill ne choisira plus Bailey, et il se retrouvera seul dans son mariage chaotique. « Tu le sais, elle le sait aussi, elle l'a toujours su. » Elle hoche la tête Jill. Ginny a presque dit oui à Bailey en regardant Jill dans les yeux. « Et en quoi c'est important que j'ai déjà couché avec lui ? Pourquoi t'y accordes une telle importance alors que ce n'est que du sexe? » Elle essaie de s'en convaincre, et pour elle, elle dit la vérité.
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| | | | (#)Dim 19 Avr 2020 - 4:43 | |
| "Et c'est quoi des dépenses justifiées pour toi ?" Elle ne lâchera rien, ce soir ; ça se voit dans ses yeux, dans le contact direct et féroce qu'elle maintient, quoi que je dise, quoi que je demande. "Je n'aime pas les voitures", je soulève mon poignet pour qu'elle voie la montre que j'aime tant, "mais j'ai beaucoup d'appréciation pour les montres". Je souris : oui, c'était un trait d'humour, car ce n'est évidemment qu'un pas de côté. Je réfléchis à sa question : les dépenses justifiées. "Tout ce qui est un investissement est justifié. Réussir dans les affaires, ce n'est pas simplement une histoire de décisions, c'est aussi un statut, avoir l'air puissant. Et cela passe par avoir un appartement qui y corresponde, des vêtements, des montres. L'argent est cyclique, en quelque sorte : si tu le dépenses au bon endroit, il revient." Il va me falloir urgemment un verre, à force de déblatérer sur mes pensées, mes goûts, et ma vie. On dirait un collégien.
"Je crois que je préfère Beethoven." Evidemment. Je l'imagine écouter ça, avec Bailey, tous les deux ravis du sentimentalisme de ces mélodies dégoulinantes. Il n'y avait pas de subtilité, chez Beethoven, tout comme il n'y en avait pas chez mon frère. "Y'a une construction mathématique ? Tu vois pas ça comme quelque chose de spontané ?" Je perds mon sourire, tandis que je la regarde, effaré. Que pouvait-il y avoir de spontané dans la musique ? Tout était réfléchi, construit, réécrit un million de fois avant la partition finale. Il y avait une arithmétique du rythme, des thèmes et des variations. Rien n'était laissé au hasard. "Je te prêterai le livre de Jane Piper Clendinning et Elizabeth West Marvin sur la théorie de la musique à travers les siècles. C'est extraordinaire."
Pour mettre un terme à ce badinage qui ne me ressemble pas, j'attaque. L'angle sera Ginny, et le sujet sous-jacent mon frère. "Pourquoi ça t'importe autant ? Tu le sais, elle le sait aussi, elle l'a toujours su. Et en quoi c'est important que j'ai déjà couché avec lui ? Pourquoi t'y accordes une telle importance alors que ce n'est que du sexe?" Je grimace très brièvement au dernier mot de Jill. Je me demande si elle sait que je suis asexuel, je me demande si elle s'est déjà posé la question. "Tout ce qui touche à mon frère m'intéresse. Il n'y a pas que sa réputation qui est en jeu." Il y a la mienne aussi, celle de nos parents. Elle l'a toujours su, ah, ce n'est pas seulement une soeur qui fait du mal à l'autre, c'est les deux, elles se griffent sans arrêt : cela nous fait un point commun avec Jill.
Le taxi s'arrête, je paye, et nous descendons. King's Cross. Je marche auprès de Jill à l'intérieur de la magnifique gare, jusqu'à quai 9. Sur l'une des colonnes, il y a une enveloppe noire scotchée. Je suis satisfait de voir que mon équipe a fait les choses vite et bien. A l'intérieur, le message indique : train n°493, wagon n°12.
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Mar 21 Avr 2020 - 5:23 | |
| Jill ne regarde pas par la fenêtre, elle ne se concentre pas sur la route. Il pourrait l'emmener dans un coin sombre de Londres pour la torturer elle ne s'en rendrait même pas compte. Cette conversation est trop étrange, ce moment est trop inhabituel pour qu'elle ne se concentre pas dessus. Cette soirée lui permet d'oublier quelques minutes, de penser à autre chose que Bailey qui vit sa petite vie de famille parfaite. "tu conduis quoi alors ?" Jill n'est pas non plus branchée belles voitures, et elle n'est pas vraiment fan des bijoux clinquants. "elle est sobre." et c'est jolie, mais elle le garde pour elle. Il n'est pas extravagant, et ça se voit dans le choix de ce qu'il fait ou ce qu'il porte. "l'argent génère l'argent, tout le monde sait ça" elle a déjà écouté son père parler de tout ca, et elle est intelligente Jill. Elle aurait pu aller loin, gérer des entreprises, marcher dans les pas de son père. Si ça n'avait pas été Jill. Ils parlent musique aussi, parce que Jill aime ça même si elle ne le dit pas. Il y a beaucoup de choses qu'elle garde pour elle, et qu'elle gardera encore un bout de temps seulement dans sa tête. Elle pensait que son penchant pour l'architecture resterait un secret pendant encore un long moment. Mais Sebastian était au courant, elle le regretterait sûrement un jour. Il veut lui prêter un livre et elle hoche la tête. Pourquoi est ce qu'il lui donnait de quoi comprendre son point de vue. "je le lirai."
Et il parle de Bailey, il avait presque réussi à lui faire oublier tout ça le temps de cette soirée mais il a dû avoir peur du reste de la conversation. Qui était intéressante pourtant. "c'est quelle partie de la conversation que t'as trouvé chiante pour revenir sur ca ? La musique, l'architecture ?" elle aussi elle essaie de changer de sujet. Elle ne parle pas de Bailey normalement, qui n'est censé être que son beau-frère. Mais apparemment beaucoup de monde est au courant. "qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Y'a rien à dire, tu sais déjà tout non ?." elle sait qu'il a ses informateurs, et qu'il est capable de déterrer des secrets dont tout le monde ignorait l'existence. C'est quelque chose de terrifiant chez lui. "t'as des problèmes avec ta réputation ?" parce que sortir pendant la nuit avec Jillian McGrath n'était pas ce qu'il y avait de mieux pour sa réputation.
Le taxi s'arrête, et ils se retrouvent devant la gare. Cette gare est magnifique alors Jill prend du temps pour regarder autour d'elle. Une nouvelle enveloppe, une nouvelle destination. Jusqu'où vont-ils aller comme ça ? Elle le cherche le train "elle est immense cette gare" elle regarde tout autour d'elle, et elle finit par trouver le bon train. Et elle se place devant le bon wagon. "encore une enveloppe ?" elle se tourne de nouveau vers Sebastian pour capter son regard.
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| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 8:05 | |
| "Tu conduis quoi alors ?" "Je ne conduis pas, je profite de mes trajets pour travailler." Et puis j'ai une sainte horreur de la conduite. Je ne parviens pas à me concentrer sur la route, les miroirs, les clignotants, les passants, les autres voitures, les bicyclettes, les feux de signalisation, en même temps. Malgré mon QI phénoménal, je n'y arrive tout simplement pas, donc j'ai renoncé. Ce détail, cependant, je préfère ne pas le préciser à Jill, car elle s'en servirait immédiatement comme sujet de plaisanterie. "Elle est sobre." J'acquiesce, avec un sourire. "Oui, la maison Breguet est d'un tel classicisme", ça y est, personne ne me retiendra, elle a émis le plus haut compliment sur ma montre, et c'est comme si j'avais huit ans, "ils mêlent l'histoire, la structure, avec des technologies de pointe, tout en restant dans la discrétion."
"L'argent génère l'argent, tout le monde sait ça." "C'est ça." On sent l'influence qu'ont eut les parents McGrath sur leur fille. Derrière ses allures d'éternelle rebelle, elle a enregistré les informations primordiales à la survie de nos clans. Et elle dira qu'elle lira la théorie musicale, donc elle est encore ouverte à apprendre. C'est un spécimen tout à fait différent des autres enfants McGrath.
"C'est quelle partie de la conversation que t'as trouvé chiante pour revenir sur ca ? La musique, l'architecture ?" Je fronce du nez à la tournure vulgaire, mais passe outre. Déjà, elle ne m'a pas appelé Seb de nouveau, donc il y a eu du progrès. "Aucune. Je ne m'ennuie pas." Ce qui est vrai. Je n'ai aucun besoin de parler de Bailey, si ce n'est que lorsque je me sens en danger, je réagis par les moyens que je connais : l'intimidation, la manipulation. "Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Y'a rien à dire, tu sais déjà tout non ?" "Est-ce que tu es amoureuse de lui ? Je sais déjà tous les faits, mais je ne sais pas ce que tu éprouves. Est-ce que c'est seulement de la provocation envers ta soeur ? Un désir de prouver que tu es la meilleure des deux ? Ou est-ce que tu espères qu'il la quittera ?"
"T'as des problèmes avec ta réputation ?" Je souris et secoue la tête lentement. Je n'en ai jamais eu et je n'en aurai jamais. Je bois peu, je ne fume pas, je n'ai pas d'aventures, et je passe le plus clair de mon temps à travailler. Les tabloïds s'ennuient.
King's Cross me semble aussi majestueux qu'à chaque fois. Tout y est millimétré. Les horloges partout me font sentir en sécurité. Le temps définit tout et nous rend humbles. "Elle est immense cette gare." Je suis Jill jusqu'au train, comme si je ne savais pas où nous allions. Elle finit par le trouver. "Encore une enveloppe ?" Je hausse les épaules - qui sait ? - et fais signe pour elle d'ouvrir la porte. J'entre et reste debout à l'entrée du wagon. A l'intérieur, elle va découvrir une table, avec deux assiettes, une bouteille du meilleur vin rouge de la région bordelaise, et un tourne-disques avec des vinyles exclusivement de Mozart et Bach (on ne se refait pas). Si elle veut dîner avec moi, nous resterons. Sinon, je suis déjà à un pas du quai, prêt à repartir.
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 9:10 | |
| Le temps passe bien plus vite que ce qu'elle aurait pu imaginer. Et elle observe vraiment Londres pour la première fois. Elle aurait pu regarder les monuments à travers la fenêtre du taxi. Mais à la place elle est plongée dans le regard de Sebastian. Elle regarde la montre, et elle se concentre sur leur conversation. Il parle beaucoup quand c'est des sujets qui l'intéressent. Elle sent qu'il pourrait parler montre pendant des heures. "je suis pas calée en montre, ni sur Breguet. Mais je note." peut-être qu'elle voudra une montre sobre un jour. Elle peut suivre ses conseils pour ca non ? Et il a l'air étonné que Jill puisse avoir retenu des choses aussi simples que l'argent génère l'argent. Elle a été obligé d'assister à certaines réunions de famille, et en s'ennuyant elle prenait toujours quelques minutes pour écouter. Et il parlait toujours argent et business le père McGrath. Elle avait quelques bases, quelques idées, qu'elle n'utiliserait sûrement jamais. "T'as l'air étonné" il ne devait certainement pas s'attendre à ce que Jill puisse entretenir ce genre de conversations.
"Oh tu t'ennuies pas ?" elle hausse un sourcil et elle sourit un peu, amusée. Mais il ne se détourne pas de la conversation, elle continue de se demander pourquoi il s'intéresse autant. Et elle s'apprête à répondre, la Jill de ces années là qui ne croit pas en l'amour, qui n'est jamais tombée amoureuse et qui préférerait mourir que de s'engager dans une relation. C'est cette Jill qui répond. "Ecoute Sebastian." elle s'avance légèrement, le regarde encore un peu plus intensément dans les yeux. "je ne tombe pas amoureuse. J'ai pas besoin de provoquer ma soeur, ni de prouver à qui que ce soit que je suis meilleure qu'elle, je suis meilleure qu'elle. Je pense juste à moi et à mon plaisir, il la quittera pas, elle le quittera pas, ils ont bien trop peur pour faire ça." son visage reste de marbre, sa voix ne tremble pas et son sourire en coin ne bouge pas. Elle était vraiment convaincu de tout ça à cette époque.
Elle pose des questions Jill, elle avance et elle trouve le bon wagon. Elle entre, s'attendant à trouver une nouvelle enveloppe. "Oh" elle s'arrête une seconde et elle observe. Une table, deux assiettes, du vin… elle ne se tourne pas vers lui mais son sourire s'agrandit un peu. Elle s'avance vers le tourne disque pour choisir un des vinyle. Elle en attrape un de Bach, une mélodie qu'elle sait jouer, un nom imprononçable. Elle le pose et laisse tourner la musique. "t'as un rencard ?" elle pouffe légèrement de rire avant de faire le tour du wagon. "tu comptes rester là-bas longtemps ?" parce que, elle, elle ne compte pas descendre de ce wagon avant d'avoir manger quelque chose.
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| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 9:46 | |
| "Je suis pas calée en montre, ni sur Breguet. Mais je note." Je serre mes mâchoires afin de ne pas prononcer les mots : si tu veux, je t'en achète une. Nous ne sommes pas dans une série B américaine où je couvre de diamants la femme qui couche avec mon frère. Si elle veut une montre, elle se la procurera elle-même. Je ne sais même pas pourquoi je m'agite autant. "T'as l'air étonné." Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Je n'avais pas prévu de passer plus d'une heure avec la McGrath, ni de me plaire en sa compagnie. Je méprise 99% des êtres humains que je croise, et il fallait évidemment qu'elle tombe dans le 1%, la brèche. Même si elle pose des questions rhétoriques d'un air amusé.
"Ecoute Sebastian." J'essaye de me concentrer, mais : 1) elle m'a appelé Sebastian, et pas Seb, par choix ; 2) elle s'est approchée et ses yeux sont beaucoup plus intéressants que je ne l'avais cru au premier abord... d'un point de vue esthétique, bien sûr ; 3) elle a l'air farouche et sérieuse, ce qui ne lui ressemble pas. J'entends vaguement des dénégations successives et la promesse que Bailey et Ginny resteront mariés. Parfait. Si elle ne compte pas détruire leur union sacrée, elle ne me pose pas tant problème que ça. Heureusement, car sinon ce serait une bien drôle de punition que de lui proposer un dîner gratuit dans un wagon de train à King's Cross. "Oh." J'attends son verdict. Elle pose un vinyle de Bach.
"T'as un rencard ?" Elle rit. Je souris. "Peut-être." Je me sens calme, de nouveau. Je ne laisserai plus rien transparaître, quoi qu'il arrive. Cette soirée est presque finie. Elle a fait une plaisanterie. On rentre chacun chez soi. "Tu comptes rester là-bas longtemps ?" Mes yeux se ferment. Bon. Je referme la porte du wagon et la rejoins à table. Je soulève la nappe d'un côté, et ouvre un compartiment en-dessous, où nos plats attendent : des crevettes au curry et lait de coco, et du riz gluant. J'ouvre la bouteille de vin et nous sers, puis lève mon verre. "A une soirée inattendue."
"Dis-moi quelque chose que je ne sais pas déjà sur toi." Je la regarde, sérieux de nouveau, puis commence à manger. Elle sait combien d'informations j'ai sur sa vie, et pourtant elle est toujours là. Pourquoi ?
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 10:24 | |
| Peut-être qu'il a écouté, peut-être pas. Mais il n'a pas lâché le regard de Jill. Elle a été claire sur sa relation avec Bailey, c'est tout ce qu'elle pense à cette époque là. Elle n'a pas bougé de tout le reste du trajet. Il n'a pas bougé non plus avant que la porte du taxi ne s'ouvre pour les laisser sortir devant la gare. Elle ne pense pas à Bailey, ni à Ginny. Elle ne pense qu'à trouver une nouvelle enveloppe, un nouveau monument à visiter et des nouvelles questions à poser. C'était la dynamique de cette soirée, dynamique qu'il appréciait bien plus qu'elle n'osera jamais l'avouer.
La gare est immense, et il y a des tonnes de wagon. Il ne l'aide pas à trouver le bon. Il se tient silencieux, derrière elle. Est ce que c'est normal ça ? Impossible de le savoir quand elle ne se préoccupe que du wagon. Elle trouve, et elle est face à un paysage inattendu. Est ce qu'il avait vraiment prévu ça depuis le début ? Mais elle s'avance Jill, elle met de la musique, elle observe et elle se retourne vers lui. Attendant qu'il entre dans le wagon. Elle s'assoit et il finit par la suivre. Il sort deux assiettes remplies. Jill adore la cuisine chinoise et elle sourit en voyant les plats. C'est possible qu'elle ait vraiment faim. Elle blague sur le rencard et il répond aussi sur le ton de la blague, Sebastian pouvait donc vraiment avoir de l'humour ? "tu m'emmènes là pour me la présenter donc ? Ou me le présenter d'ailleurs !" elle joue Jill, elle le taquine. Il est tard, elle ne sait plus vraiment ce qu'elle fait pas vrai ?
Elle lève son verre rempli et le fait tinter contre celui du Fitzgerald. "ouais inattendu" il n'y avait pas vraiment de mot plus approprié. Parce que personne ne savait comme les deux s'étaient retrouvés dans cet endroit après avoir visité une partie de cette grande ville. Elle mange, et c'est silencieux pendant quelques minutes. Jusqu'à ce qu'il pose une question. Pourquoi cette question ? Est ce qu'il s'intéresse ou est ce qu'il ne fait que chercher à avoir des choses contre elle. Elle réfléchit pendant un moment, c'est difficile de savoir ce qu'il sait déjà ou non. Mais elle sait qu'il y a quelques trucs qu'il ne sait pas sur elle, parce que personne ne l'a jamais su. "je dessine" elle n'y a presque pas réfléchit. Mais ce n'est qu'un demi aveu, elle est obligée de dessiner pour ses études. "tu fais quelque chose que tu ne dis à personne toi ?" il ne répondra certainement pas. Mais il ose les question alors elle ose les retour. Et puis, ils sont seuls et si elle finit par savoir des choses sur lui il en saura tout autant sur elle.
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| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 11:14 | |
| Tous les matins, au réveil, je déverrouille mon téléphone, lis mon agenda de la journée, puis passe quelques minutes au lit à visualiser les rendez-vous les uns après les autres jusqu'au moment où je serai de retour dans ma chambre. C'est une technique très répandue parmi les grands dirigeants d'entreprise, et elle me réussit. J'ai donc vu l'entrevue à la banque pour faire un point sur nos comptes, la rencontre avec un organisateur allemand de festival de musique, le déjeuner avec mon père, le rapport de mes informateurs, le détour par le service de communication sur nos nouvelles sorties, et un passage au studio pour écouter un nouvel artiste. Je laisse mes soirées libres, pour les imprévus que mes informateurs m'apportent - comme le fait que Jill et Bailey se soient moins vus dernièrement, et qu'elle allait probablement se trouver dans un bar qu'elle fréquentait dernièrement.
Tout ça pour dire que ce matin, je n'aurais jamais pu m'imaginer en train de dîner dans un wagon de train avec Jill McGrath.
"Tu m'emmènes là pour me la présenter donc ? Ou me le présenter d'ailleurs !" "Non, je parlais de toi." Je fais rarement des plaisanteries, donc mon peut-être n'était pas une boutade, simplement l'expression du fait que j'attendais sa réponse. Ca n'avait probablement aucun sens d'appeler notre soirée un rencard, et pourtant, si je décrivais à qui que ce soit ce qu'on avait fait, ils seraient arrivés à ce mot-là d'eux-mêmes. Dans un coin de ma tête, je sais qu'un jour peut-être je le dirai à Bailey, mais l'idée se fait minuscule en présence de Jill, car elle occupe tout l'espace. Charismatique : c'est ça, le mot qui la décrit le mieux.
On trinque à la surprise de ce moment passé ensemble, et je mange les crevettes cuites à la perfection, en ramenant du riz gluant dans le lait de coco pour qu'il s'imprègne de saveur. Tout ça avec des mouvements lents, calculés. Je me maîtrise de nouveau, je le sens, et le vin rouge fait du bien. "Je dessine." "Tu dessines quoi ?" A chaque réponse qu'elle me donnera, elle trouvera une dizaine de questions pour prendre le relais.
"Tu fais quelque chose que tu ne dis à personne toi ?" Je maintiens le silence longuement, les yeux posés sur le visage de Jill, scrutant si elle demande par curiosité ou par intérêt. Je ne me révèle jamais. Toute la force que j'ai, c'est de tout savoir sans rien donner. Les moindres mots que je peux dire maintenant peuvent être utilisés contre moi de mille façons différentes. La musique de Bach est le seul bruit dans le compartiment tandis que je continue de dévisager mon interlocutrice, hésitant sur la réponse à donner. "Je démonte et remonte des horloges. Lorsque j'ai trop d'informations dans le cerveau, ça m'apaise. A Londres, j'ai un horloger qui m'ouvre toujours sa porte et m'enseigne ce qu'il sait." Le fait d'avoir un hobby est terriblement gênant, et chaque fois je me dis que je n'y retournerai pas, mais j'y retourne, inlassablement. "Je sais que ça ne sert à rien", j'ajoute, au cas où elle comptait me le dire.
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Mer 22 Avr 2020 - 12:30 | |
| Jill l'observe. Prise au dépourvu. Est ce qu'il était sérieux ? Et elle se retrouve sans voix pour la première fois de la soirée et tente de capter son regard pour y trouver une quelconque touche d'humour. Le problème - est ce que c'est un problème ? - est qu'il n'a pas l'air de rire. Son menton se pose sur ses mains et elle papillonne des yeux. Elle s'amuse un peu, elle tente de savoir encore. Et il s'assoie devant elle. "avec moi donc." c'est pas un oui direct, mais ce n'est pas du tout un non. Elle n'avait pas mieux à faire, et elle était plutôt bien là. Le repas était appétissant et le vin était bon. Vraiment bon. D'où est ce qu'il sort ca ?
Elle mange, le curry est délicieux, elle mange quasiment de la même manière que lui. Même si elle se retrouve avec de la sauce sur les doigts à cause des crevettes. Il s'intéresse ? On dirait vraiment qu'il ne fait pas ça uniquement pour avoir un peu plus d'informations. "des bâtiments, pour les cours. Et un peu tout en dehors. Je peux dessiner avec un stylo bille comme tenter de faire une huile sur toile. C'est varié." elle donne des détails, et elle le regrettera peut-être un jour. En attendant il la regarde alors qu'il sait qu'elle ne baissera jamais les yeux devant lui. Et elle est presque en train de manger à l'aveugle.
Elle lui retourne la question, sans imaginer une seule seconde qu'il allait répondre. C'est bien pour ça qu'elle l'écoute sans l'interrompre. "t'as souvent trop de trucs qui tournent dans ta tête ?" il a l'air complexe Sebastian, et c'est très peu probable qu'elle puisse s'imaginer tout ce qu'il peut se passer dans son cerveau. Mais elle en a des tonnes de questions, qu'elle garde pour elle. Elle attend de trouver la bonne à poser. "c'est aussi pour ca que t'aimes autant les montres ?" il n'y a pas de jugement dans sa voix, aucune moquerie. "ca a pas besoin de servir à quelque chose." elle secoue la tête. C'est pour lui, et s'il continue c'est sûrement que c'est utile. "le dessin ne sert à rien non plus. Et personne ne sait" vraiment personne. Alors tiens ta langue Sebastian."tu l'as déjà démonté et remonté celle la ?" elle bouge légèrement la tête pour que son menton pointe le poignet du brun. Elle est sobre cette montre.
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| | | | (#)Sam 25 Avr 2020 - 0:57 | |
| "Avec moi donc." J'acquiesce. Avec elle, donc.
"Des bâtiments, pour les cours. Et un peu tout en dehors. Je peux dessiner avec un stylo bille comme tenter de faire une huile sur toile. C'est varié." Je cherche sur son visage des indices supplémentaires. Elle a l'air de dessiner pour le plaisir. Alors que l'art n'est pour moi qu'un moyen de plus de construire notre réputation familiale, pour elle c'est un lieu où elle se plaît, où elle se retrouve. J'aimerais la regarder dessiner, car je suis sûr qu'elle devient l'apaisement même dans ces moments-là. "Pourquoi tu n'en fais pas quelque chose ? Tu pourrais illustrer des livres, ou faire des expositions, ou si l'architecture te plaît, entrer dans un cabinet. Je connais des gens qui peuvent t'aider."
"T'as souvent trop de trucs qui tournent dans ta tête ?" Je souris. "A ton avis?" J'ai toujours eu beaucoup de responsabilités, depuis la petite enfance : mon père m'a formé à être ce que je suis devenu. A son image, je prends au sérieux les notions d'honneur et devoir, et je considère n'avoir bien fait mon travail que si je sais tout ce qu'il se passe dans notre entreprise, au niveau des décisions, chiffres, et employés. J'ai toujours un million d'informations dans mon cerveau. "C'est aussi pour ca que t'aimes autant les montres ?" "Oui, ce sont des systèmes parfaits."
Je termine mon curry et laisse une pause avant de sortir les desserts. "Ca a pas besoin de servir à quelque chose." Bien sûr qu'elle pense cela. Le loisir fait partie de ses possibilités, de ses droits, mais pas des miens. "Le dessin ne sert à rien non plus. Et personne ne sait." Je ne cille pas, pourtant à l'intérieur c'est étrange, c'est questionnant. D'habitude, les gens ne m'offrent pas des secrets ; je dois les obtenir par mille efforts et manipulations. D'en recevoir un comme cadeau change les règles du jeu, peut-être. Peut-être que ce n'est pas une information à utiliser, peut-être que c'est un élément à part, en-dehors de la guerre que je mène chaque jour. Ou peut-être pas.
"Tu l'as déjà démontée et remontée, celle-là ?" Je secoue la tête, et ouvre le compartiment pour en sortir deux mousses au chocolat. "Non, je ne me permettrais pas. Les montres que j'achète sont sacrées, en quelque sorte. Si j'étais superstitieux, je dirais que ce sont des porte-bonheurs." Mais je ne suis pas superstitieux, même si je ne vais jamais à un rendez-vous important sans cette montre précisément. Je goûte la mousse au chocolat, et elle est encore onctueuse, légère et fraîche ; je suis rassuré. "Cette soirée est bientôt terminée, et chacun rentrera chez soi", j'affirme tranquillement, "est-ce qu'avant cela il y a un lieu de Londres que tu aimerais voir la nuit ? Je peux nous faire entrer où tu le souhaites."
Un dernier arrêt avant l'au revoir.
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Lun 27 Avr 2020 - 23:19 | |
| Ils sont isolés dans ce train. Seuls, personne ne peut les voir. Ils seront les seuls à savoir, à avoir écouté cette conversation. Et ça pourra rester secret pendant des années. Aucun des deux ne s'attendait à ça. Jill ne s'imaginait pas un jour partager un rencard avec le plus grand des Fitzgerald. Elle cherchait encore à quel moment ils avaient merdé, à quel moment ça avait tourné. "Ginny fait déjà très bien tout ça." elle ne veut pas être encore en concurrence avec sa sœur, et elle n'est pas prête à afficher ça. À montrer au monde entier ce qui lui permet de s'évader un peu de temps à autre. "Je veux dépendre de personne. Ni de mes parents, ni de toi. Et si je veux de cette vie un jour, je me débrouillerai seule." Elle aura du mérite, elle n'a jamais voulu que personne ne lui mâche le boulot.
Bien sûr qu'il a toujours des tonnes de choses qui lui tournent dans la tête. D'une certaine manière ils ne sont pas si différents. Elle ne le dira pas, lui non plus, mais ils le savent. Il s'est ouvert autant qu'elle l'a fait. Et c'est peut-être pour ça que cette soirée restera seulement dans leurs mémoires. Il a vraiment l'air passionné par les montres, c'est original comme hobby mais pas étonnant. "Et tu n'aimes que les choses parfaites c'est ça ?" Elle hausse un sourcil. Elle le sait. Il a organisé cette soirée à la perfection. Chaque chose était calculé, de chaque lieu visité au repas dans ce train. Repas qu'elle adore d'ailleurs, elle n'en laisse pas une seule miette. Elle lui fait comprendre que personne ne sait qu'elle dessine. Elle a pris un risque, mais lui aussi. Elle sait quelque chose sur lui, il sait quelque chose sur elle. C'est certainement ce qui la laisse espérer qu'il ne dira rien.
"Je vois." Elle pourrait presque être attendrie par la façon dont il voit les montres. Il a aussi ses petites habitudes, des détails que personne ne doit voir, mais, maintenant, Jill le saura. "Comme si cette soirée n'avait jamais existé ?" elle le regarde des plus sérieusement sans les yeux. Elle attend juste de voir si ils voient les choses de la même manière. "Surprends moi encore une fois." Elle hausse un sourcil, elle connait que très peu la ville. Et, de nuit, elle a déjà vu une grande partie des ruelles sombres. Qu'est-ce qu'il pouvait bien y avoir à visiter de plus ? Mais au fond, Jill n'a pas envie que cette soirée s'arrête tout de suite. Il y a encore un peu de temps avant que le soleil ne se lève. "L'endroit que tu préfères dans cette ville ?"
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| | | | (#)Mar 28 Avr 2020 - 8:52 | |
| "Ginny fait déjà très bien tout ça." Je ne parviens pas à retenir un sourire à la hargne que j'entends dans la voix de Jill. Elle ne supporte pas d'être comparée à sa soeur, ou mesurée à elle, et je demande si elle a conscience du blind spot que ça en devient dans sa vie. "Je veux dépendre de personne. Ni de mes parents, ni de toi. Et si je veux de cette vie un jour, je me débrouillerai seule." "Entendu." Mon sourire s'élargit, car elle se proclame indépendante, et elle m'a prouvé ce soir qu'elle l'est bien plus que je ne le pensais. Elle a un esprit critique, un sens de l'humour, et un courage à toute épreuve. Peu de gens seraient venus dans ce wagon avec moi. Peu, surtout, m'auraient donné des secrets comme elle l'a fait ce soir.
"Et tu n'aimes que les choses parfaites c'est ça ?" Ce n'est pas exactement ça. Je mesure mes mots. "Je n'admire que les choses parfaites. Je peux respecter des choses imparfaites. Je n'aime pas grand-chose."
"Comme si cette soirée n'avait jamais eu lieu, oui", je confirme, et je finis un deuxième verre de vin calmement, tandis qu'elle me demande de la surprendre. C'est moi qui suis étonné, à vrai dire. Elle pourrait utiliser mes contacts pour aller où elle le souhaite, saisir cette opportunité pour réaliser un rêve. Ce qu'elle propose n'est pas égoïste. A travers un lieu de mon choix, elle cherche, encore une fois, à mieux me connaître. Je fronce les sourcils, mais accepte l'idée. "Mon horloger dort, donc je vais t'emmener dans mon deuxième endroit préféré."
Nous sortons du wagon, et je n'ai pas besoin de préciser que quelqu'un viendra ranger. Je referme la porte derrière nous, et marche aux côtés de Jill vers la sortie. Nous entrons dans un taxi comme si nous avions toute notre vie voyagé ensemble. "Quinze minutes", je préviens Jill, "Hill Garden and Pergola", j'ajoute pour le chauffeur. Je n'avais aucune idée que nous finirions là-bas, donc je sors mon portable et passe un appel. "James, can you get the gardens open? Thank you. Have a good night."
Lorsque le taxi s'arrête, je lui demande de nous attendre, et je vais ouvrir la portière de Jill. La porte des jardins est ouverte. Nous entrons dans un des lieux les plus calmes et magiques de Londres. De nuit, ça prend des airs mystérieux. Il n'y a que le vent dans les feuilles et le hululement lointain d'une chouette. Nous marchons entre les arbres et arrivons sur une passerelle d'où j'observe les lieux. Jill me rejoint. Sans me tourner vers elle, je demande : "Est-ce que je peux ?" Ai-je vraiment besoin de dire : t'embrasser ?
@Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Mar 28 Avr 2020 - 9:32 | |
| Le repas est délicieux, Jill profite de chaque bouchée sans rien dire de tout ce qu'elle en pense. Ils n'ont pas parlé de la nourriture. Et ils auraient peut-être dû, parce que c'est moins personnel la nourriture. Là, ils dévoilent des secrets, ils se parlent vraiment. Ils disent des choses qu'ils n'ont jamais dit à personne, et c'est peut-être pas une bonne idée. Mais si Jill devait recommencer cette soirée, elle voudrait qu'elle soit exactement pareil. Ils parlent même boulots hypothétiques. Sébastien ne sait rien de si Jill a du talent en dessin, et pourtant, il lui propose de l'aider à trouver un travail en moins de 5 minutes. Elle hausse un sourcil, mais elle n'a jamais eu envie de ça. Contrairement à lui elle n'a jamais voulu marcher dans les traces de son père. Elle se débrouillera seule, comme elle a toujours voulu le faire.
"J'ai compris que tu n'aimais pas vraiment les gens, et tu n'apprécies pas non plus les choses matériels. Donc c'est vrai qu'à part les montres parfaitement réglées, et les plans qui se déroulent à la perfection, tu n'as pas l'air d'aimer beaucoup de choses." elle a enregistré les informations Jill. Elle a retenu ce qu'il lui a dit, et elle le gardera dans un coin de sa mémoire pour un très long moment. "Très bien." cette soirée n'aura jamais existé. Ca les arrange autant l'un que l'autre, et c'est bien mieux comme ça. Ce n'est qu'une soirée un peu particulière, une soirée pendant laquelle ils se sont égarés sans savoir comment ni pourquoi. Juste une nuit hors de leurs habitudes.
Le trajet entre le wagon et le taxi se fait en silence. Ils marchent l'un à côté de l'autre. Elle attend de savoir ce qu'il va décider. Elle lui a encore laissé les rennes de la situation, et ça l'étonne elle-même encore un peu. Elle hoche la tête quand elle s'assoit dans le taxi et qu'il la rejoint. Et c'est la première fois qu'il appelle quelqu'un. Elle l'a pris au depourvu et ça la fait sourire un peu plus. "Tu l'avais pas prévu cet arrêt là ?" elle hausse un sourcil en captant de nouveau le regard du Fitzgerald pour ne pas le lâcher. 15 minutes qui passeront comme quelques secondes si ils continuent de parler comme ils le font depuis le début de cette soirée. "J'ai jamais entendu parlé de cet endroit."
L'endroit est calme, il est magnifique. Et ils sont seuls. Pourquoi elle n'a jamais su qu'un tel parc existait ? Elle regarde autour d'elle et elle profite de chaque instant un restant un peu en arrière. Ils arrivent sur une passerelle et elle le rejoint alors qu'il s'arrête. Elle ne le regarde pas encore mais elle entend ses mots. Elle se demande si elle a bien entendu, et si elle a bien compris surtout. Il lui demande l'autorisation de l'embrasser ? Et elle se tourne pour capter son regard, pour savoir si il plaisante ou non. Et il n'a vraiment pas l'air de plaisanter. Et elle le sent que l'ambiance change, que tout est étrange ce soir. Et c'est peut-être le lieu, ou le fait que cette soirée était parfaite en tout point. Mais elle se rapproche de lui, une distance qui n'a rien de raisonnable désormais. "Tu me demandes vraiment si tu peux le faire ?" elle s'inquiéterait presque pour l'état du brun Jill. "T'es pas censé demander…" son sourire s'agrandit un peu plus alors qu'elle est encore dangereusement proche du Fitzgerald. "Tu le fais, et t'attends de voir si ça passe ou si ça casse" si elle avance sa tête de quelques centimètres c'est elle qui l'embrasse en première, mais elle a besoin d'attendre sa réaction. De savoir si il le veut vraiment ou si c'était juste une connerie. Parce qu'elle attend Jill, et elle n'a pas dit non.
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