| (#)Mer 3 Juin 2020 - 19:43 | |
| Je n’ai jamais rien fait comme les autres. Etant d’un naturel timide, je devrais avoir du mal avec le contact. Mais c’était tout l’inverse. Je recherchai tout le temps la chaleur d’une peau humaine. car je savais que j’avais tendance à m’évader, à rêver vers d’autres horizons et la chaleur d’un être humain pouvait m’ancrer dans la réalité. J’ai créé mes fantasmes les plus délurés à la suite de mon isolement à l’orphelinat. Alors que j’étais seule, que je demeurai sur le rebord de cette fenêtre à dessiner, à crayonner de vastes étendues vertes avec de la musique dans les oreilles. Je me plaisais à parcourir le monde. Car je voulais être exploratrice lorsque j’étais enfant. mais la chose ne s’est pas faite. Enceinte durant mes études de mon premier enfant, enceinte du second à peine débarquée dans un pays que je ne connaissais pas. J’ai refermé la porte de ma cage et j’ai jeté la clé. Je suis demeurée seule, extrêmement seule alors que les autres avançaient à une vitesse folle. Alors que je perdais la notion du temps. Un an, deux ans, deux ans et demi et puis j’ai ouvert les yeux. Grâce à Kieran. Même si j’ai tenté de voler si haut que je m’en suis brûlée les ailes. la chute n’en fut que douloureuse mais j’ai décidé de suivre les conseils de mon nouvel ami : bats-toi. Je devais donc choisir mon arme et battre le fer avec cette vie qui s’imposait à moi. Essayer d’éloigner mes ombres, de les chasser pour réapprendre à vivre petit à petit. Déjà en quittant cette ville, en quittant Brisbane. Un nouveau départ. Certes à une heure de cette dernière mais le grand air me ferait sans doute le plus grand bien. A avoir un projet sur le long terme. Retaper une vieille grange, une ferme délabrée pour y vivre avec les enfants. Cette ville me manquerait sans doute. Cette cage dans laquelle je me suis emprisonnée toute seule. Cette tour d’ivoire. Et peut-être que j’aurai la force pour faire battre mon cœur à nouveau. Qui sait ? Alors que mes lèvres glissent maladroitement sur la joue de mon nouvel ami, je ne peux me retenir de rougir. "Vingt heures, ça me va, madame l'européenne." Je ris à sa remarque avant de perdre l’équilibre pour terminer au sol, encore. Après tout, ma maladresse n’était plus à démontrer. Elle était avérée. "C'est comme ça qu'on se rencontre, c'est comme ça qu'on se quitte. Rien de honteux dans cet hommage, t'en fais pas." Je viens saisir sa main si grande avant de me redresser en sautillant sur mon pied valide. « Espérons quand même que cela ne devienne pas une habitude, rétorquai-je en riant. » Je garde sa main un peu dans la mienne car la douceur de l’australien me fait du bien. « A ce soir donc. » Puis, je lui soufflai un baiser avant de quitter l’espace clos, le petit chien sur les talons. Finir cette journée qui s’annoncerait longue avant de l’accueillir chez moi. Et pour la première fois depuis longtemps : j’étais prise d’impatience. rp terminé |
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