Le deal à ne pas rater :
Smartphone Xiaomi 14 – 512 Go- 6,36″ 5G Double SIM à 599€
599 €
Voir le deal

Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant

 en forme de huit

Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyMar 28 Avr 2020 - 2:46

"Je me suis douté que tu serais là." Autant commencer par une plaisanterie, lorsqu'on n'a pas vu une femme depuis des années, et qu'on arrive, comme par hasard, à côté d'elle à l'aquarium, non ? Je ne sais pas. Je fais rarement dans l'humour. Mais j'ai remarqué que ça aide pour les interactions sociales. Jill et moi savons l'un comme l'autre que ce n'est pas l'intuition qui m'a amené là, comme ce n'est pas l'intuition qui m'avait fait entrer dans le bar où elle buvait à Londres en 2014. Je m'assois à côté d'elle, et ne regarde que les animaux, car j'ai vu qu'elle avait un carnet à la main, et elle ne me montrera ses dessins que si elle le souhaite. "Je t'aurais imaginée amatrice de baleines, plutôt." Je contemple, étonné, les hippocampes dans le bac face à nous. La lumière de la pièce est tamisée, et le bleu éclairé de l'eau est partout. Je ne me tourne pas vers Jill, et plus les secondes passent, plus c'est évident que c'est un choix.

"Je ne suis pas venu te saluer avant, car j'avais du travail." Je suis arrivé à Brisbane il y a des mois, et j'avais pensé aller voir Jill, mais pour quoi faire ? Mes affaires en Australie étaient uniquement liées à Bailey, le studio, et éventuellement Ginny. Bien sûr, les McGrath-Williams avaient été épouvantables, et mon frère se comportait comme l'imbécile qu'il était. Heureusement, le studio avançait bien. Je recrutais des artistes, je les faisais enregistrer à un rythme plus soutenu que d'habitude, et les équipes étaient assez terrifiées par moi pour travailler à un bon rythme sur nos campagnes marketing. La cerise sur le gâteau était la soirée que j'organisais avec Saül Williams, comme une alliance de nos maisons pour agrandir notre succès et fortune. Mon père était ravi de mes progrès, même si je ne lui avais pas encore dit la vérité sur le mariage de Bailey et Jill. J'étais au courant depuis leur retour de Bali, mais prévenir mes parents aurait voulu dire qu'ils auraient débarqué dans la semaine.

Ou peut-être que leur dire aurait voulu dire accepter que ce mariage avait eu lieu.

"Comment vas-tu ?" Je n'ai pas besoin de voir son visage pour sentir qu'elle n'est pas heureuse aujourd'hui. C'est dans sa posture. Et puis, les hippocampes, est-ce que ça n'était pas un signe de mal-être profond ? Il y avait des dauphins, des requins, des orques, mais elle avait choisi un animal insignifiant. "Je peux voir tes dessins ?" Et mes yeux restaient rivés sur les animaux, car tant qu'elle ne donnerait pas son accord, je ne me permettrais pas de regarder.

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyMar 28 Avr 2020 - 3:19

Jill a eu besoin de s'éloigner un peu de la maison. L'ambiance est tendue entre elle et Bailey depuis qu'ils se sont engueulés, et elle ne s'est pas décidée à faire le premier pas. Elle est encore trop blessée, il a pris le partie de Ginny, et Jill sait qu'elle ne parlera pas à sa sœur avant un bout de temps. Elle se retrouve un peu seule, et elle a envie de se poser dans un endroit calme. Un endroit qu'elle aime bien. Elle se retrouve à l'aquarium de Brisbane. Elle a fait le tour plusieurs fois, elle s'est arrêté devant des tas d'animaux différents, et elle finit par trouver un coin isolé, en face des hippocampes. 

Le temps passe rapidement, et elle est certainement dans cet endroit depuis des heures quand un homme se place à côté d'elle. Elle n'a pas besoin de tourner la tête pour savoir qui c'est. Elle le sait que c'est Sebastian. Comment est ce qu'il a bien pu savoir qu'elle était là ? Elle ne lève pas les yeux de ses dessins. "Comment tu pouvais t'en douter ?" elle ne sait pas pourquoi elle pose la question. Elle ne saura jamais beaucoup plus sur comment il se débrouille pour toujours savoir ce que fait tout le monde. Ils ne se sont pas vu depuis des années, et pourtant, il a toujours les même techniques pour le trouver. "Je préfère la forme originale des hippocampes." elle ne s'était pas assise là seulement pour les hippocampes. Elle était surtout là parce qu'il n'y avait pas de monde. Parce que les gens ne s'attardaient pas devant ces aquariums. 

Ils n'ont pas tourné la tête, et Jill fait comme si il n'était pas vraiment là même si elle lui parle. Elle continue de se concentrer sur les dessins. "Je vais parfaitement bien." elle ne peut pas jouer au jeu des confidences avec lui quand elle a des problèmes avec Bailey. Elle sait qu'il ne valide pas, elle le sait qu'il va vouloir détruire tout ce qu'ils ont parce qu'il est là pour que Bailey et Ginny se remettent ensemble. "Le climat de Brisbane est bien mieux que celui de Londres tu trouves pas ?"  qu'est-ce que tu fais dans les parages Sebastian ? Toi qui aimes tant Londres. Elle tourne la tête seulement quand il lui demande si il peut voir ses dessins. "Pourquoi tu demandes ?" il aurait pu détourner les yeux une dizaine de fois depuis qu'il est là. "J'ai juste dessiné ce que je voyais." elle tourne légèrement son carnet pour qu'il voit qu'elle ne dessine rien de très impressionnant. 


Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyMar 28 Avr 2020 - 16:23

"Comment tu pouvais t'en douter ?" J'hésite à dire que c'est mon sixième sens, mais mon envie de jouer la comédie à ses limites. Je me contente d'un silence qui en dit long. "Je préfère la forme originale des hippocampes." Il n'y a pas que moi qui aime l'extraordinaire, donc. Jill n'a pas changé là-dessus : elle est toujours à la recherche du différent. Je suis sûr qu'elle s'identifie à ces créatures étranges. Il n'y a personne qui passe dans cette salle dédiée aux plus petites créatures. J'entends des voix et des pas d'enfants plus loin, dans l'aquarium ; ils s'exclament joyeusement et applaudissent. Nous ne partageons pas leur euphorie.

"Je vais parfaitement bien." Je fais une grimace, car je connais suffisamment Jill pour savoir qu'elle ment. Elle le fait sans hésiter, et c'est donc que le problème ne vient pas d'une sphère professionnelle ou familiale - elle a déjà partagé avec moi ses différents avec Ginny. Si elle saute sur la dénégation, c'est que le problème vient de Bailey. Un très mince sourire se dessine sur mes lèvres. Une brèche. Ca faisait longtemps.

"Le climat de Brisbane est bien mieux que celui de Londres tu trouves pas ?" "Si seulement les promenades pouvaient mener à d'aussi beaux monuments." C'est épuisant de constamment me faire dire que l'Australie est plaisante. Il n'y a même pas comparaison entre les deux pays, que ce soit en termes de culture, d'architecture. "Pourquoi tu demandes ?" Je fronce les sourcils. Je demande parce que ça m'intéresse. Cette question est étrange. Il ne s'agit pas de plans nucléaires, après tout. "J'ai juste dessiné ce que je voyais." Et elle tourne le carnet vers moi.

Deux hippocampes nagent sur la page. Les proportions sont correctes et la composition est bien choisie. "Bailey sait que tu dessines ?" Je suis énervé. Elle a choisi mon frère. Je sais que je devrais l'accepter, mais ça me hérisse. Bailey gagne toujours tout. Je me tourne enfin vers elle, et je remarque que ses proportions à elle ont changé, de façon trop significative pour que ce soit un hasard, et je pince les lèvres. "Ah." Je ne croise toujours pas son regard, me tourne vers le bac. "C'est pour ça que vous vous êtes disputés ?"

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyMar 28 Avr 2020 - 17:24

Il s'est assis à côté d'elle. Il n'a pas encore vraiment beaucoup parlé. Ca pourrait être étonnant pour les personnes qui le connaissent, qui savent à quel point il aime parler quand il a des secrets sous le coude. Mais ils étaient que tous les deux là, et il arrivait qu'ils restent un long moment silencieux quand ils étaient ensemble. Et ça ne la dérange pas Jill, parce qu'elle continue de tourner son carnet dans tous les sens pour finir son dessin. Dessin qu'elle finit par ne pas trouver à son goût d'ailleurs. Elle va l'arracher quand elle aura fini ses quelques traits qui continuent d'alourdir la feuille. Elle n'aime pas ce dessin, elle est trop tendue pour dessiner quelque chose de jolie et de cohérent. Il ne répond pas Sebastian, et ça ne l'étonne pas. Elle continue de parler dans le vide ou de ne rien dire selon les moments. 

Il lui demande si ça va, et il la connaît déjà la réponse même si Jill ment avec une facilité déconcertante. Elle ne tourne pas la tête et fait encore mine de se concentrer sur les ombrages qui tente d'arranger tout ce qu'elle a dessiné. Elle ne le voit pas le léger sourire de Sébastian quand il sent que quelque chose cloche. 

Elle tente de changer de sujet de discussion, en sachant totalement qu'il finirait par reparler de son état, elle sait qu'elle n'y échappera pas et pourtant elle repousse l'échéance. "Tu marques un point."  elle ne relève pas qu'il parle de balade entre les monuments de Londres. Parce que cette soirée n'a jamais existé pas vrai ? Mais elle doit l'accorder, les monuments de Londres étaient bien plus beaux que ceux de Brisbane. Elle tourne son cahier, mais ça ne lui plaît pas. Elle arrache la page et ca laisse apparaitre un autre dessin. Qui n'a aucun rapport avec l'aquarium. Des dessins de maisons et de jardin. Des choses qu'elle a créé à 100%. 

"Je t'ai déjà dit que j'en parlais jamais." Ginny l'avait découvert sans que Jill ne puisse vraiment donner son avis. Et elle n'avait jamais eu besoin d'en parler à Bailey. C'est juste un passe-temps comme un autre, un secret de plus qu'elle a toujours gardé pour elle. Elle l'entend aussi son Ah. Le Ah qui veut dire qu'il vient de voir son ventre arrondi. Et elle soupire parce qu'elle sait que le sujet va revenir sur le tapis. Mais elle ne se tourne toujours pas vers lui. "Non."  pas cette fois en tout cas. Tu as quelques mois de retard Sebastian. Elle soupire et continue de jouer avec son stylo. "Qu'est-ce que tu fais ici ?" elle tourne la tête pour arrêter de fixer le bassin. Qu'est-ce qu'il fait à Brisbane ? Elle le sait très bien mais peut-être qu'il aura le courage de le dire. Qu'est-ce qu'il fait dans cet aquarium ? Là elle ne connait pas la réponse par contre. 



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyMar 28 Avr 2020 - 17:48

Parfois, la nuit, je rêve que je suis à Londres, que je vois la ville à travers la fenêtre du taxi qui m'emmène de mon domicile au bureau. Quand ça arrive, je me réveille de mauvaise humeur, car le contraste est insoutenable. "Tu marques un point." Je sens mon corps se détendre, car d'habitude tout le monde contredit mes éloges de Londres sans fondement ni argument. Jill reconnaît la vérité, et c'est tellement plus simple.

Elle arrache le dessin des hippocampes, et un autre apparaît. C'est un lieu que je ne connais pas, mais il faut dire que je ne suis pas ici depuis longtemps. "C'est où ?" C'est beau. J'aimerais visiter un tel endroit, s'il est à Brisbane.

"Je t'ai déjà dit que j'en parlais jamais." Mon sourire s'élargit, devient franc. Pourtant, mes yeux restent fuyants. Je dois me concentrer, et je ne tiens pas à ce que nos jeux de celui-qui-regardera-l'autre-le-plus-longtemps fasse distraction. Bailey n'est donc pas au courant qu'elle aime dessiner. Elle l'a choisi, certes, mais il y a une passion de Jill qu'elle a partagé avec moi et pas avec lui ; et ce sera suffisant pour aujourd'hui.

Non, ils ne se sont pas disputés sur la grossesse. Etonnant. J'imagine mon frère dans tous ses états : il n'a jamais été très doué pour les responsabilités, et un enfant est un engagement sur le très long terme. L'institution du mariage ne veut clairement rien dire pour lui ; est-ce que ce sera différent pour la paternité ? Est-ce que Jill s'inquiète de cela ? Est-ce qu'elle a seulement conscience du caractère si volatile de mon frère ?

"Qu'est-ce que tu fais ici ?" Le double sens du ici me fait pencher la tête. Je prends le temps de réfléchir. "Mon père m'a envoyé remettre de l'ordre dans les affaires familiales. Il espérait que Bailey et Ginny se remettent ensemble, mais j'ai récemment perdu tout espoir que cela se fasse. Il m'a donné le studio, alors je me concentre là-dessus. Bailey est bon dans le domaine artistique, mais il fait des choix commerciaux qui ont ralenti le succès de la maison. Je viens rectifier cela." Comme d'habitude, je me retrouve à beaucoup trop en dire à Jill. J'aurais pu résumer mes raisons en une phrase, mais j'explique. J'ai toujours autant envie qu'elle comprenne, et j'ai l'espoir qu'elle ne jugera pas aussi vite que d'autres.

"Je suis venu ici", à l'aquarium cette fois, "pour comprendre ta décision. Je sais que ça ne me regarde pas, etcetera, je connais le refrain, mais si on pouvait admettre que les affaires familiales me regardent, on irait beaucoup plus vite." Et il y a de la frustration dans ma voix, car j'en ai plus qu'assez qu'on me traite d'interventionniste alors que je cherche simplement à réparer les erreurs des autres. "Pourquoi ce mariage ?" Est-ce qu'il y avait une raison qui m'avait échappé ? Est-ce que ça pouvait être pour quelque chose d'autre que c'était lui, c'était moi ?

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyMar 28 Avr 2020 - 18:47

Il a continué de regarder les dessins quand elle a arraché la page. Et elle n'avait pas calculé ce qu'il pouvait y avoir derrière cette page. Et il y des tonnes de bâtiments qu'elle a inventé dans ce carnet. "C'est nul part." elle secoue la tête avant de tourner de nouvelles pages jusqu'à trouver une feuille blanche."Ça existe pas" parce que ça sort de sa tête. Et ça il le comprendra certainement. Et il ne fera peut-être pas de remarques. Il se contentera peut-être seulement de hocher la tête avant de se perdre dans son observation des hippocampes. 

Il a compris qu'elle ne parlerait pas de cette dispute. Elle ne peut pas lui en parler quand elle sait qu'elle ne lui fait pas confiance. Certainement pas quand il s'agit de Bailey. Et elle ne lui offrira aucune information qu'il pourrait utiliser contre son frère ou contre leur couple. Elle ne sait pas vraiment de quoi il est capable pour arriver à ses fins. Elle ne sait pas si Bailey fait partie des personnes qu'il veut détruire. Elle ne sait pas non plus si la détruire elle fait partie de ses objectifs. Elle ose espérer que non, elle ose s'imaginer qu'il n'en est pas capable. Mais il n'a peut-être aucune limite Sébastian, et c'est ce qui est terrifiant chez lui. 

Elle lui pose une question à double sens, elle connaît la réponse d'une mais pas de l'autre. Il parle, il explique et elle écoutent. Elle essaie de comprendre comme elle a toujours essayé de le faire au fond. Même si les plans de leurs parents respectifs ont pour seul et unique but de détruire la vie qu'elle était en train de construire. "Donc tu t'occuperas uniquement du label maintenant ?"   ou est ce qu'il essaiera de remettre Ginny et Bailey ensemble coûte que coûte ? Elle a tourné sa tête, même si il ne regarde pas, même si il garde ses yeux braqués sur l'eau. "Je connais pas grand chose à vos histoires de boulot. Et ça ne me regarde pas d'ailleurs. Mais Bailey a tout donné pour cet entreprise, ses artistes, c'est important pour lui." Elle essaie tant qu'elle peut d'expliquer elle aussi à Sebastian ce qu'elle pense. Elle ne met pas de pincettes, elle est franche et il est habitué. "La partie anglaise de l'entreprise avait pas besoin de toi ?"

Le deuxième ici est bien plus personnel, la reponse, comme la question qui suit, est directement liée à elle et à ses ressentis."J'ai jamais dit que ça te regardait pas. Mais tu as le don pour prendre ce genre d'informations et les retourner à ton avantage." c'est pour ça qu'elle devrait garder tout ça pour elle. Qu'elle ne devrait même pas essayer de lui faire comprendre ses choix et ses décisions. Mais elle essaie quand même. "Pourquoi cette question ?"  si il tourne la tête, même un quart de seconde, il captera son regard. "Parce qu'on a décidé, parce qu'on en avait envie…" il y en a beaucoup des raisons qui expliquent ce choix, mais rien qui ne concerne d'autres personnes que Jill et Bailey. 



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyMar 28 Avr 2020 - 22:31

"C'est nulle part. Ça existe pas." Oh. Je suis étonné, une fois de plus. Je devrais renoncer à toute attente quand je fréquente la McGrath, mais je n'ai pas l'habitude que les autres puissent me devancer ou faire des pas de côté comme elle. Dans le même carnet, faire des croquis d'observation et des dessins d'invention ? C'est insensé, chaotique. Pourtant, ces lieux, ils ont beau être dans son esprit seulement, ils sont beaux, ils me donnent envie de les visiter, et peut-être qu'ils pourraient devenir réalité. "L'architecture continue de t'importer, alors ? Tu aimerais que ce soit quelque part, un jour, ces lieux ?" Je ne lui proposerai pas mon aide, car je sais qu'elle n'en veut pas, alors je demande par simple curiosité.

Jill refuse de me parler de ses problèmes de couple, car elle protège Bailey. Elle doit savoir, au fond, à quel point il est faible, si elle prend la peine de dissimuler les failles de leur couple. Tout pour que je n'ai pas d'armes contre lui. Bon, c'est vrai qu'ils sont... mariés, après tout.

"Donc tu t'occuperas uniquement du label maintenant ?" Je hausse les épaules. "C'est plus compliqué que ça. L'image familiale fait partie du label." Je sais qu'elle détestera cette réponse, mais c'est la vérité, et elle mérite de le savoir. A elle de voir si elle l'accepte ou non. "Je connais pas grand chose à vos histoires de boulot. Et ça ne me regarde pas d'ailleurs. Mais Bailey a tout donné pour cet entreprise, ses artistes, c'est important pour lui." J'acquiesce. "C'est bien là le drame, Bailey vit le travail comme si c'était de l'ordre du personnel. C'est difficile d'avoir des conversations rationnelles avec lui à ce sujet." Je balaye ce sujet d'un geste de la main, car ce n'est certainement pas à Jill de régler nos mésententes fraternelles.

"La partie anglaise de l'entreprise avait pas besoin de toi ?" Je souris et secoue la tête. "On a tablé sur une valeur sûre en Angleterre : les DJs qui se produisent en festivals, ce que j'essaye d'ajouter ici. Ils sont faciles à gérer, manager, et vendre. Londres m'attend, mais tout y est stable." C'est l'avantage de privilégier le mainstream à l'indie : les voies sont tracées et faciles à suivre.

"J'ai jamais dit que ça te regardait pas. Mais tu as le don pour prendre ce genre d'informations et les retourner à ton avantage." "Touché."

"Pourquoi cette question ?" Et mon erreur est d'enfin tourner la tête et de rencontrer son regard. "Parce qu'on a décidé, parce qu'on en avait envie…" Je cligne des yeux en silence, comme un imbécile qu'on aurait assommé, et ma mâchoire se crispe, tandis que je soutiens ses yeux décidés. "Je ne compte pas te féliciter", je dis, sans méchanceté mais avec amertume. J'en oublie les autres questions que j'ai. Je me lève et me rapproche des hippocampes. Jill ne dessine plus. "Faisons un tour de l'aquarium ? Je ne suis jamais venu encore." Il me faut des distractions extérieures pour remettre ma façade en place et continuer mon interrogatoire.

Dès que nous sortons à l'air libre, près des dauphins, je me sens mieux, malgré la présence d'enfants de tous les côtés. Je suis assez fort pour ignorer les réalités qui me dérangent, alors je les entends à peine. "Félicitations, en revanche, pour...", et je fais un signe de tête vers son ventre, "es-tu heureuse de devenir mère ?"

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyVen 1 Mai 2020 - 17:30

Elle est encore assise même si elle ne dessine plus depuis qu'elle a arraché la page des hippocampes. C'est calme cet endroit, elle entend quelques rires au loin, mais personne ne s'attarde réellement dans la pièce. Ce sont de petits aquariums, des animaux que les gens ne trouvent pas impressionnants, et ça l'arrange Jill. Meme si Sebastian se retrouve à côté d'elle. Elle ne sait pas comment il l'a trouvé, mais il est là. Ce n'est pas la première fois qu'il la surprend et débarque à un moment où elle voulait être seule. "Je sais pas, peut-être bien." elle commençait à se dire de plus en plus qu'elle allait peut-être utiliser son diplôme finalement. "y'a pleins de défauts, ils sont pas réalisables." 

Elle parle de son boulot, du label Fitzgerald. Un label qui fait partie intégrante de sa vie maintenant qu'elle est mariée à un des deux Fitzgerald. "et l'image de l'entreprise est mauvaise en ce moment ?" elle essaie d'éviter le conflit, elle ne va pas lui hurler dessus. Elle est trop fatiguée pour ça de toute manière. Elle ne dit rien de plus, elle ne peut pas s'immiscer réellement dans ces histoires. Elle ne s'y connaît pas assez, et elle ne veut pas mettre Bailey en mauvaise posture. Alors elle pince les lèvres, serre un peu les dents et joue avec le crayon qu'elle tient encore entre ses doigts. Il lui parle de DJ, du travail qu'il a fait en Angleterre et Jill soupire un peu. "Je trouve ça dommage de miser sur ca. Y'a tellement de gens talentueux qui mériteraient d'être signé. Les DJ y'en a tellement qui font toujours la même chose." elle ne sait pas si elle peut donner son avis et pourtant elle le fait quand même. Ils pourraient faire tellement plus que ça, mais elle ne le changera pas. Elle ne changera personne. Elle donne juste son avis comme elle l'a toujours fait et comme elle le fera toujours. 

Il peut se vanter de connaître quelques facettes de Jill, mais elle connaît certaines des siennes aussi. "Personne t'a demandé de le faire." elle n'a jamais eu besoin de l'approbation de qui que ce soit, et elle ne s'attendait pas à ce que Sebastian accepte leur décision. Son ton est étrange mais elle décide de ne pas relever, elle a arrêté d'essayer d'analyser chacune des tournures de phrase de l'homme à côté d'elle. Elle se lève avant d'avancer pour trouver d'autres pièces. "T'es toujours aussi lent." et elle pousse la porte qui les sépare d'un nouvel aquarium. 

Les dauphins, l'air libre. Elle respire et observe les animaux qui nagent. Il la félicite et elle se tourne en haussant un sourcil. Ca a l'air sincère. "Merci… je crois."  elle se méfie toujours un peu. Elle sait de quoi il est capable, elle sait qu'un jour il voudra trouver un moyen d'arriver à ses fins pour impressionner son père. "Je commence à m'habituer à l'idée."  même si elle n'arrive toujours pas à vraiment réaliser. Et qu'elle est incapable de savoir ce qu'elle ressent pour ces deux petits êtres. 




Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptySam 2 Mai 2020 - 21:55

"Tu me préviendras le jour où ton premier immeuble sera construit ? Je viendrai le voir." La vérité, c'est que je n'ai pas du tout besoin qu'elle me le dise ; je le saurai avant qu'elle compose mon numéro de téléphone. J'ai juste envie de lui dire que ça m'intéresse, que je serai là. C'est au fond inutile. Tout ce que je fais autour de Jill est inutile. Une perte de temps. Pourtant, je suis encore là.

Mais elle veut parler du label, et mes mâchoires se crispent, car ça ne la concerne pas. Elle est mariée à mon frère, certes, mais elle ne travaille pas dans l'entreprise. Ceci dit, c'est la future mère du futur légataire, donc peut-être que lui expliquer ma vision de l'empire fait sens. On se raisonne comme on peut. "Elle peut le devenir très rapidement, oui." J'hésite avant de continuer, puis je décide d'être honnête. "Certaines décisions de Bailey mettent la maison en danger." J'ai une carte à jouer, je le sais, et pourtant je ne la joue pas. Je la garde. Je ne suis pas un requin lorsqu'elle est là, et ça m'inquiète.

"Nous ne pouvons signer des chanteurs indépendants que si nous gagnons suffisamment d'argent par ailleurs. Je ne m'occupe pas de la partie artistique, comme tu sais, seulement de la bonne marche financière du groupe. Bailey sait qu'il a le droit de ramener des artistes qu'il trouve intéressants. Mes équipes à Londres aussi." Le monde n'est pas blanc ou noir, artistique ou commercial ; il y a mille nuances, et l'équilibre doit être maintenu. Je suis le garant, la balance, et on peut me décrier autant qu'on veut, mais sans moi, les chanteurs indépendants se retrouveraient sans contrat et sans le sou également.

Jill se fait joueuse à nouveau, et elle fait des plaisanteries - quelle drôle d'idée - tandis que nous sortons à l'air libre. Je ne réponds rien à ses propos sur la maternité. Je doute qu'elle soit aussi sereine qu'elle le prétend, et en même temps je n'ai aucune connaissance de ce domaine de la vie. Les émotions sont déjà mystérieuses, mais alors l'enfantement... "La tradition veut que je sois le parrain, comme tu le sais", je dis, tout en regardant les dauphins s'agiter dans l'eau. Il y en a des conditions qui viennent avec le nom de famille Fitzgerald.

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptySam 2 Mai 2020 - 23:10

Jill sourit un peu malgré elle quand il lui dit qu’il aimerait visiter quelque chose qu’elle aurait créé. C’est si loin, si inimaginable. Est ce qu’elle pourrait vraiment faire ça ? Partir à la recherche d’une nouvelle carrière, trouver un vrai métier qui lui offrirait une carrière. “J’y suis pas encore.” Elle n’a même pas d’idée de par où commencer. Parce qu’il est hors de question de demander de l’aide à son père, ou d’utiliser son nom de famille pour réussir à “J’ai rien de réalisable pour le moment.” Rien qui est faisable, et elle ne pourrait pas fabriquer des bâtiments pareils seule. Il faudrait qu’elle se lance. Mais elle ne peut pas faire ça pendant la grossesse, peut-être après. Elle soupire un peu en regardant des dessins. “Y’a tellement de défauts.” Et elle secoue la tête avant de refermer le carnet. Il en a vu bien assez, et elle ne sait toujours pas vraiment pourquoi il est là, mais leur rencontre se fait calmement, comme ça l’a toujours été quand ils étaient seuls tous les deux.

Elle ne veut pas parler de l’entreprise Fitzgerald, tout ça prend encore bien trop de place dans sa vie et dans son monde. Alors elle regarde l’eau et essaie de s’impliquer le moins possible même si c’est difficile. “Je suis une décision qui la met en danger.” Parce qu’il tourne autour du pot le Fitzgerald mais ce n’est pas difficile pour Jill de lire entre les lignes. Et pourtant, Bailey et Jill étaient encore ensemble, et à son plus grand étonnement, Sébastian n’avait encore rien fait pour les détruire. Elle ne va pas parler de ça, elle n’a pas la force de se battre contre lui. Elle hoche la tête Jill, se rappelant que la musique n’a jamais intéressé Sébastian. “Et tu comptes y retourner à Londres ?” Est ce que ce passage à Brisbane n’est que temporaire ?

Ils sortent alors que Jill essaie d’être plus conviviale. Elle garde son carnet entre ses mains en essayant de ne pas le perdre. Elle se rapproche du bassin, les dauphins étant bien proche d’elle, elle peut observer leur forme et sourire un peu. Il parle d’être le parrain, et Jill soupire. “Et depuis quand je respecte les traditions ?” Elle tourne ses yeux vers lui, il le sait. Pourquoi il tente de jouer avec cet argument, c’était vraiment le pire qu’il pouvait trouver. “Qu’est ce que ça peut bien te faire d’être le parrain ou non ?” Il est vraiment compliqué à comprendre celui là des fois.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyDim 3 Mai 2020 - 22:48

"J’y suis pas encore." "Tu trouveras le chemin." Je n'en ai aucun doute. Elle a un talent certain, Jill : quand elle a un objectif, elle l'atteint. "J’ai rien de réalisable pour le moment. Y’a tellement de défauts." "Il y a des qualités aussi." C'est facile de repousser ses rêves lorsqu'on s'accroche à tout ce qui pourrait mal se passer. Je ne laisserai pas ce luxe à la McGrath.

Elle s'aventurer sur des terrains houleux, elle aussi, lorsqu'elle lance la conversation sur le label. "Je suis une décision qui la met en danger." Je soupire. Non, pas du tout. Il peut épouser qui il veut, ça le regarde ; tant que c'est sous l'institution du mariage, il peut avoir une maison, un enfant, une voiture, ça m'indiffère. Mais en revanche, il y a certaines limites qu'il ne peut pas dépasser et qu'il s'obstine à dépasser, justement. "Je ne parlais pas de toi", et déjà je m'avance trop, le but était de ne rien lui dire, je m'embourbe dans cette conversation comme des bottes dans la boue, et ça m'irrite. Je pince les lèvres.

"Et tu comptes y retourner à Londres ?" "Je ne rêve que de ça, tu t'en doutes", et mes yeux se tournent vers elle plus facilement lorsqu'il s'agit de l'Angleterre, car il y a un wagon de train là-bas où nous sommes les seuls du monde à avoir dîné, "mais l'heure n'est pas encore venue." Et par ça, j'entends que mon père ne m'a pas encore rappelé, mais si je disais cela, les moqueries de Jill n'en finiraient plus, et je ne tiens pas spécialement à devenir féroce pour l'arrêter.

Dehors, je lui demande d'être parrain de son enfant, et elle n'a pas l'air emballée par l'idée. "Et depuis quand je respecte les traditions ?" "Depuis que je te le demande gentiment ?" Et ma voix est à la fois douce et froide, car elle sait bien, au fond, que quand j'ai pris une décision, je trouverai mille façons de l'implémenter. C'est une nécessité familiale que je sois parrain ; je préférerais juste le faire avec sa bénédiction. "Qu’est ce que ça peut bien te faire d’être le parrain ou non ?"

En voilà, une bonne question. C'est né comme un caprice, quand j'ai appris pour le mariage, comme les vilaines sorcières qui viennent séquestrer l'enfant du couple heureux. C'est devenu une idée rationnelle, ou peut-être que j'ai intellectualisé l'impulsion, tout simplement, et c'est devenu une histoire d'empire, d'héritier, d'arbre généalogique, et de valeurs à transmettre. "Je n'aurai pas d'enfants, donc le tien sera l'héritier Fitzgerald. Je sais que tu détestes ces termes-là, mais il y aura une entreprise, un capital financier, des responsabilités, que tu le veuilles ou non, et il vaut mieux être préparé à savoir les gérer, sinon on coule." Je ne veux que du bien à cet enfant, ça, je le jure.

Un dauphin saute devant nos yeux et des enfants applaudissent. Mon visage ne pourrait pas être plus exaspéré. "En revanche, je ne l'emmènerai pas à l'aquarium. Ce n'est pas tout à fait mon genre d'environnement."

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyLun 4 Mai 2020 - 1:12

Jill observe un peu ses dessins, un peu comme Sebastian est en train de le faire. Elle n'a pas l'habitude de regarder ses dessins avec une autre personne. Pas l'habitude qu'on en fasse des compliments non plus. Elle, elle ne voit que les défauts, les largeurs pas aux normes, les traits pas assez droits, les proportions pas parfaites. Et elle est étonnée que ce ne soit pas la première chose que Sebastian remarque. Étonnée qu'il puisse essayer de la pousser. Elle fronce les sourcils en se tournant vers lui. "Vraiment ?" est ce qu'il viendrait vraiment si un jour elle faisait construire quelque chose. Elle sait qu’il ne ment pas, mais elle ne peut s’empêcher de se méfier.

Il ne parlait pas d’elle, de quoi pouvait-il parler alors ? Elle ne comprend vraiment pas grand chose à toutes leurs histoires de label. Alors elle se contente de soupirer fortement avant de poser son dos contre le mur froid derrière elle. Elle ne demandera pas plus de détails parce que ça le tend autant que ça la tend. “Si tu le dis.” Et elle ne cherche vraiment pas plus loin, ni avec ses mots, ni en captant son regard. Elle se demande bien quel peut être le fond du problème si ce n’est ni le divorce, ni le mariage. Mais il ne parle pas beaucoup le Fitzgerald, et c’est assez frustrant.

Londres, est ce que c’était réellement une bonne idée rien que d’évoquer la ville. Juste la ville c’est trop, juste les souvenirs c’est trop à gérer. Elle s’en doute, elle le sait qu’il adore sa ville, il lui avait montré à plusieurs reprises. “Pourtant c’est pas mal ici aussi.” Et si il essayait de voir le bon côté de l’Australie au lieu de toujours traîner cet air triste et renfrogné. Leurs regards se croisent parce qu’ils pensent à la même chose mais il n’en ont pas reparlé depuis la visite guidée. Ils ont promis vous vous rappelez ? “Tu vas finir par plus vouloir partir d’ici.” Et Jill sourit en riant un peu comme une enfant. Peut-être qu’un jour ça finirait par s’arranger entre les frères, peut-être qu’un jour tout ça sera plus simple.

Ils se retrouvent dehors, le bassin est beau mais tout est bien moins calme que si ils étaient restés devant les hippocampes. “Moi qui croyais que t’aimais les endroits calmes.” Elle taquine, elle essaie de faire que ce moment se passe bien. Elle n’a pas besoin de s’engueuler avec autant de monde en si peu de temps. Et, contre toute attente, il lui demande à être le parrain d’un des deux bébés. Oui parce que, fun fact, il ne sait pas encore qu’ils sont deux. “Oh tu la joues comme ça.” Elle hausse un sourcil, il y a une époque où il avait demandé gentiment, quelque chose qu’il n’aurait pas dû demander. Elle aurait pu dire elle aussi il y a quelques temps qu’elle n’aurait pas d’enfants. Et pourtant elle est enceinte. “Pourquoi t’aurais pas d’enfants ?” Elle a écouté la suite mais elle prend quelques minutes pour assimiler. “Si tu veux être parrain ce serait cool que tu vois pas l’enfant comme juste un futur Fitzgerald.” Oui parce qu’il a plutôt intérêt à vouloir être le meilleur parrain de tous les temps si il veut qu’elle envisage l’idée. “Et je suis pas la seule à décider.” Elle ne peut pas vraiment lui dire ce qu’elle en pense, elle ne sait pas elle-même. Elle rit quand elle l’entend parler d’aquarium. “Tu peux être sûr que je vais les rendre accro aux poissons dès leur naissance.” Elle hoche la tête, oui, elle arrivait à rire en présence de Sébastian et ce n’était pas le cas de tout le monde. “Si tu veux que l’idée soit envisageable t’as intérêt à promettre de lui faire des tas et des tas de cadeaux.”

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyLun 4 Mai 2020 - 1:53

"Vraiment", je confirme, et je m'étonne qu'elle soit si surprise. C'est la première fois que je vois ses dessins, et pourtant je savais qu'elle serait douée. Pourquoi semble-t-elle en douter autant ? Peut-être parce qu'au fond, il y a et il y aura toujours de la méfiance envers moi, comme celle qu'elle exprime dès qu'il s'agit du label. Elle pense que c'est de sa faute, et je la contredis, mais elle ne pousse pas plus loin. Heureusement, car en venir à discuter d'Amélia n'est pas dans mes objectifs. Ce serait si simple, pourtant, d'instiller le doute, surtout chez une femme qui a le sang-chaud toujours, d'autant plus avec les hormones de la grossesse, et d'autant plus lorsqu'il s'agit de jalousie. Mais je m'y refuse.

Et elle tente de défendre Brisbane, comme si c'était comparable, comme s'il y avait quelque chose à sauver ici - hormis elle, mais elle pouvait vivre partout, loin de l'Australie, loin de lui. "Cite-moi une qualité de cette ville. Ou un lieu magique. Un endroit qui te coupe le souffle de beauté. Un bâtiment qui ait une histoire aussi riche que l'église que je t'ai montrée." Si elle veut me convaincre, elle devra faire mieux que des abstractions. Elle devra donner des exemples, prouver qu'elle y croit.

"Moi qui croyais que t’aimais les endroits calmes." Et elle sourit, et je souris aussi, amusé de l'avoir retrouvée, entre tous les endroits possibles, dans un aquarium, le genre d'endroits qui attirent des familles et des bus scolaires. On aurait été mieux dans un café peu fréquenté, ou même dans les rayons d'une bibliothèque, quoique je doute qu'elle les fréquente beaucoup. "Je ne joue pas", je précise, car elle devrait le savoir depuis le temps, rien n'est un jeu pour moi, contrairement à elle. Elle pose la question des enfants, et je me fige soudain. Plus que son alliance, plus que son ventre rond, le plus grand obstacle à ce qui aurait pu exister était bien dans les mots que je m'apprête à prononcer. "Je suis...", c'est ridicule, je l'ai dit mille fois dans ma vie et ça ne me ressemble pas d'être gêné pour si peu, "... je suis asexuel. Je n'éprouve pas de désir de cet ordre-là." Contrairement à elle. Contrairement à Bailey. Je ne comprends rien aux émotions ni au sexe. J'ai beau être brillant et érudit et stratégique et pragmatique, il y a des domaines qui ne me seront jamais accessibles. J'ai fait ma paix avec ça il y a longtemps, mais c'est étrange d'en parler avec Jill, justement. Un acte de confiance, sans doute.

Et la conversation dérive sur son enfant, et c'est plus simple. "Je peux essayer, mais je ne promets rien", car ce n'est pas un futur Fitzgerald pour moi, c'est d'ores et déjà un Fitzgerald, et rien ne changera cela. Mais peut-être que je pourrais apprendre à apprécier d'autres parties de sa personnalité. J'espère qu'il sera intelligent, au moins, ça aidera. Qu'elle ne soit pas la seule à décider, ça, malheureusement, c'est bien vrai. "Je parlerai à Bailey", je réponds, cherchant dans mon cerveau comment je pourrais approcher le sujet pour que ce ne soit pas un refus retentissant et infranchissable. Mais Jill rit, et ça me détend immédiatement. Elle ne veut pas se disputer. Elle ne veut pas de mésentente. C'est rare.

"Les poissons sont une addiction acceptable", et j'approuve d'un hochement de tête, comme si elle demandait mon autorisation. "Je lui achèterai les plus belles montres", et elle sait que ça veut tout dire pour moi, parce que c'est un domaine sacré sur lequel je ne plaisante pas. "Je suis content que tu ne rejettes pas immédiatement l'idée", et je soupire, car beaucoup d'autres l'auraient fait. Mais pas elle, jamais. "Ce serait plus simple que tu me détestes, dans le fond", et je ne souris pas en la regardant, et je détourne les yeux vers les dauphins, puis continue notre promenade vers les loutres, qui paressent sur des rochers. Les animaux ne servaient décidément à rien.

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyLun 4 Mai 2020 - 16:37

Il confirme du regard, et elle hoche la tête. Il sera peut-être là si un jour ces dessins deviennent des monuments. "J'y ai pensé… à utiliser mon diplôme après tout ça." après sa grossesse. Et elle y pense de plus en plus souvent. Elle n'a jamais voulu marcher dans les traces de sa famille, mais elle aime ce métier. Depuis toujours, et peut-être qu'elle est enfin prête pour essayer. Mais si elle se lance Jill, elle fera tout pour y arriver. Et comme toujours il finit par parler de Londres et elle elle défend Brisbane. Et elle fronce les sourcils en écoutant sa question. Elle réfléchit, il y a tant d'endroits qu'elle trouve magique dans cette ville. "Kangaroo point, ca c'est magique comme endroit. C'est calme, et tu vois tout Brisbane. De nuit c'est encore plus beau." elle hoche la tête en continuant de réfléchir. "la plage la nuit aussi, je connais pas meilleur endroit. Et le city Botanic garden."   elle pourrait lui faire la liste des endroits qu'elle aime le plus dans cette ville. Des endroits que lui aussi adorerait à coup sûr. Mais elle n'a pas d'exemple pour les monuments, parce qu'elle connaît bien ceux de Londres, elle connaît bien moins ceux de sa ville natale. 


"Je sais"  et elle est bien là leur plus grande différence. Elle écoute ses mots, il est asexuel. Et elle fronce les sourcils. "Oh…" elle regarde le bassin des dauphins. Alors pourquoi il l'a embrassé dans ce parc à Londres si ce n'est pas un domaine qui l'intéresse ? "Y'en a qui te diraient que t'as pas besoin d'aimer ça pour avoir des enfants." elle ne le juge pas, chacun est comme il est. Mais la question qu'elle ne posera pas tourne dans sa tête. "Donc t'as jamais eu d'histoire avec personne ?" cette question fera l'affaire. 


Il veut être le parrain d'un des bébés. Et elle se demande si ils est sérieux, et même si c'est juste une histoire de tradition ou si il en a vraiment envie. "Tu sais gérer des enfants au moins ?"   elle reste sur le ton de la rigolade, elle ne peut pas prendre de décision trop hâtive, elle ne peut pas prendre la décision sans Bailey alors autant le prendre à la rigolade. Il parlera à Bailey, et elle hoche la tête. "Essayez de pas vous entretuer."  ca aussi il vaut mieux le prendre à la rigolade non ? 


"c'est des jumeaux. Et je les rendrai accros à Sea World juste pour que tu sois obligé de les emmener." elle le sait qu'il ne cherchera pas à détruire les enfants, il y tient à sa famille. Tout comme Jill. Elle sourit quand il parle de montre, elle le sait à quel point il aime les montres et c'est amusant de l'entendre parler de cette manière. "Attends au moins qu'il sache lire l'heure."    et elle pouffe de rire Jill. "Tu sais que je l'aurais pas fait." elle continue d'observer le bassin, son carnet toujours entre ses mains. Pour la dernière phrase c'est elle qui soupire en passant la main sur son visage. Elle est certainement la seule à savoir que Sebastian n'a pas toujours un mauvais fond. "tu préférerais que je te déteste ?" oui, ce serait certainement plus simple. "Si tu me détestais aussi ce serait plus simple."   



Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit EmptyLun 4 Mai 2020 - 21:21

Devenir architecte juste après une grossesse : il n'y a que Jill pour être ambitieuse à ce point-là. Je ne retiens pas un sourire ravi qui se forme sur mon visage. J'ai hâte de voir de quoi elle est capable. Je suis frustré à l'idée que ses constructions seront australiennes et non londoniennes, mais l'important est qu'elle aille au bout de son projet ; je me déplacerai pour voir le résultat. Mon dégoût de cette ville est évident, et pourtant elle me liste des lieux magiques ici pour tenter de me convaincre que ce n'est pas si mal. Tout le monde veut que je parte dès demain, dès ce soir, dès maintenant, et elle me donne des arguments pour rester. Parfois, je me demande ce qu'aurait été ma vie si je n'était pas entré dans ce bar, le soir où elle y était. Avec personne de mon côté, je serais devenu encore plus féroce. J'aurais évincé Bailey avec plus de rage, j'aurais refusé tous ses apports artistiques, et plutôt que de sauver sa réputation, j'aurais moi-même donné aux tabloïds les preuves de ses ébats avec Auden, de sa collaboration avec Jack, et de ses entrevues avec Amélia. J'aurais été plus efficace et plus sournois. A la place, j'avais une liste de lieux à visiter à Brisbane. Drôle d'échange.

C'est sans doute parce que l'avis de Jill m'importe plus que les autres que j'ai du mal à lui dire mon orientation sexuelle ; ça, et le fait que ça nous rend plus incompatibles que tout le reste, finalement. Une partie de moi espère qu'elle aura une réaction dégoûtée, pour qu'on puisse en finir de plaisanteries et de gentillesse, qu'on puisse se mener la guerre qu'on s'était promise, se haïr comme il l'aurait fallu. A la place, elle est surprise, mais très douce. "Ils auraient raison, mais je ne peux pas me forcer à... ça." Ca me hérisse rien que d'y penser. Je ne juge pas ceux qui y prennent du plaisir. C'est un sentiment très personnel de rejet immédiat lorsque j'imagine deux corps nus. Bien sûr, je vois l'éléphant dans la pièce comme elle, car nous avons tous les deux une très bonne mémoire malgré le tabou de la soirée londonienne. "Je n'ai pas de problèmes avec les gestes... simples", ça ne veut rien dire ce que je raconte, et c'est bien la première fois de ma vie que ça m'arrive d'être maladroit dans mon langage. "Je veux dire, il y a des... actes, qui ne sont pas désagréables." Bon, c'est ridicule. Passons. "Non, je n'ai jamais eu de relation. Il faut dire que ça n'a jamais été un sujet de recherche pour moi. Pendant que mes camarades cherchaient désespérément un partenaire, j'étudiais le cours de la bourse, l'astrophysique et le chinois." Je hausse les épaules. C'est peut-être bizarre, mais c'est comme ça.

Malgré ces confessions, Jill n'est pas le moins du monde contre l'idée que je sois parrain. Elle demande cependant des confirmations sur mes capacités à m'en occuper, et je ris en même temps qu'elle. "Pas du tout. Mais j'apprends vite." Elle m'encourage à avoir une conversation avec Bailey sans qu'on s'entretue, et j'acquiesce en silence, rembruni. Oui, ce sera bien la partie la plus compliquée de l'équation. "Des jumeaux ?" J'ai une peur irrationnelle des jumeaux - sans doute à cause de l'incertitude qui plane constamment sur qui est qui, et d'un ou deux films d'horreurs vus dans mon adolescence qui m'ont marqué plus que je ne l'aurais souhaité. "Des jumeaux", je répète, sous le choc. Elle sera liée à Bailey non pas par un, mais par deux enfants. Ma mauvaise humeur revient au galop, et ce n'est que grâce à l'évocation des montres que je parviens à maintenir un air pas tout à fait catastrophé. Quoiqu'à observer les loutres se pavaner, il y a de quoi être irrité.

"Si tu me détestais aussi, ce serait plus simple."

Un silence se fait. Je me doute que les êtres humains et animaux de l'aquarium continuent à faire du bruit, mais je ne les entends plus. Je me tourne une seconde seulement vers Jill, puis me tourne vers les loutres pour les fixer. Ces créatures n'ont aucun intérêt. Si tu me détestais aussi, ce serait plus simple. Je ne suis pas un homme d'émotions. Ce n'est pas une émotion. Ce n'est pas une métaphore comme un ouragan ou une tempête ou quelconque autre phénomène naturel utilisé de façon ridicule dans un poème français. Ce n'est rien. Ca n'existe pas. "Je peux me rendre détestable, si tu veux." Pour d'autres, ç'aurait constitué une plaisanterie, mais elle saura que je suis sérieux. Je peux le faire. C'est facile. Je peux lui dire des horreurs. Je peux en dire à Bailey. Je peux nous éloigner de façon irrémédiable. Ou alors je peux lui rendre visite à l'aquarium lorsqu'elle dessine et devenir le parrain des enfants qu'elle aura avec mon frère.

@Jill McGrath-Fitzgerald
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

en forme de huit Empty
Message(#)en forme de huit Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

en forme de huit

Aller à la page : 1, 2, 3  Suivant