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 en forme de huit

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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyLun 4 Mai - 22:32

Les confidences de Sebastian sont étonnantes. Autant elle se doutait qu'il n'avait eu quasiment personne dans sa vie, autant elle ne pensait pas qu'il ne connaissait et ne voulait rien du sexe. Elle ne le regarde pas vraiment, elle ne le juge pas non plus. Mais elle pose des questions qui lui trottent dans la tête, pas toutes les questions, mais certaines. "Ok je vois." Elle hoche la tête, personne ne lui demande de se forcer à faire quoi que ce soit. Elle fronce les sourcils, c'est de nouveau difficile à comprendre. Le fonctionnement de ce Fitzgerald est particulièrement complexe. Alors elle essaie de se concentrer sur ce qu'il lui disait en marchant vers un autre bassin. Elle rit un peu quand elle sent qu'il ne sait pas comment s'exprimer. C'est rare venant de lui. C'est rare qu'il essaie aussi de faire comprendre les choses aux gens, mais ce n'était pas la première fois qu'il le faisait avec Jill. "Et tu te sens pas seul ?"   Jill n'aurait pas pu vivre sans sexe, sans relations même celles sans lendemain. 

Et ils parlent des bébés, elle lui dit que ce sont des jumeaux. Elle n'a pas besoin de lui mentir maintenant qu'il l'a vu enceinte. "Oui des jumeaux, ça te choque tant que ça ?" elle regarde devant elle elle aussi. Elle marche et observe quelques fois les animaux qui les entoure. "Il va falloir en apprendre des tas de choses."   elle secoue la tête, elle parle autant pour elle que pour toutes les personnes qui vont entourer ses enfants. C'est terrifiant, mais elle aussi elle va devoir apprendre des tonnes de choses pour que ces bébés évoluent correctement. 

La conversation dérive, pourquoi la discussion dérive toujours à un moment donné ? Elle ne le déteste pas, il ne la déteste pas non plus alors qu'ils avaient promis qu'après la visite guidée ils se détestaient de nouveau. Mais ils n'ont jamais réussi, Jill a toujours essayé de comprendre, et Sebastian a toujours cherché à expliquer. Ils n'auraient peut-être pas dû, si ils se détestaient, tout aurait été bien plus simple. Elle tourne sa tête vers lui et répond du tac au tac "Je pourrais aussi"   elle peut l'être autant, voir plus que lui et il le sait très bien. "Mais j'en ai pas envie." pourquoi être détestable avec lui alors qu'il ne l'est pas et ne l'a jamais été avec elle ? "et je suis sûre que toi non plus." ils devaient se détester, ils avaient promis. 



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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 1:50

Je tente de mettre des mots sur mon approche au corps, ou ma non-approche, justement. Je n'ai jamais pris le temps de l'expliquer à personne, puisque je n'ai aucune raison de le faire. Mon orientation sexuelle ne regarde que moi, et je n'ai besoin ni de me justifier, ni de la faire comprendre. Si les gens ont un doute, ils peuvent aller sur Google. Bien sûr, avec Jill, c'est différent. J'ai toujours eu cette envie de lui faire comprendre ma façon de vivre, de voir le monde, de me comporter. Si elle s'était comportée autrement, si elle avait jugé - comme le font tous les autres, en l'espace d'une fraction de seconde, au détour d'une phrase que je prononce, ou d'un sourire que j'esquisse - plutôt que d'essayer d'aller au-delà, nous n'en serions pas là. Oui, fondamentalement, c'est sa faute. Je n'éprouve par ailleurs aucune culpabilité à apprécier sa compagnie ; seulement un doute, un malaise, comme un caillou dans une chaussure, car je suis habitué aux principes et aux règles, à la symétrie, à l'architecture classique, et je me retrouve face à un bâtiment de Gaudi tout de courbes, de baroque et de fantaisie. C'est ça de laisser entrer une tornade dans sa vie.

"Et tu te sens pas seul ?"

Mon regard fuit. Je pince les lèvres. C'est compliqué, comme question, et je ne mens jamais. "Pas par manque de sexe, en tout cas." Et le mot flotte là, entre nous, parce que je l'ai prononcé, mais maintenant elle sait que ça ne m'intéresse pas, que ça me rebute, donc ce n'est plus un tabou, en quelque sorte. "Je me sens seul parce que peu de gens font l'effort que tu fais." L'admettre me fait grimacer. La vulnérabilité, très peu pour moi. Je n'ai pas un lien aussi facile avec les autres que mon frère. Je n'ai pas mille passions et des étoiles dans les yeux quand j'en parle. Je ne suis pas doux, je ne prête pas à la confidence, je n'ai pas une empathie débordante qui me permet de deviner ce que l'autre personne ressent. Je suis quelqu'un que les autres aiment détester, le loup dans la bergerie, le grand méchant. Puis-je m'en plaindre ? C'est la vie que j'ai choisi. Mon intelligence dérange, mes méthodes choquent. Alors, je m'y suis fait, à la solitude, et elle ne me dérange vraiment que lorsque je vois un monde parallèle où j'aurais eu quelqu'un à mes côtés. En même temps, quand je vois Saül et Elise, je ne suis pas convaincu que ç'aurait été la clé du bonheur.

"C'est inhabituel, des jumeaux. Et génétique, d'habitude. Nous n'en avons pas de notre côté. Ca vient des McGrath ?" C'est effectivement surprenant d'un point de vue génétique, mais ça me permet surtout d'éviter de dévoiler mes peurs d'adolescent. Je fais confiance à Jill, mais n'exagérons rien, je ne suis pas un enfant face à son journal intime. Elle dit qu'il va falloir apprendre, et j'entends qu'elle parle d'elle-même, et je me retiens de lui dire que Bailey aussi a beaucoup à apprendre. Ca ne me regarde pas. Et je peux dire ce que je veux sur mon frère, mais il a été là quand Noah en avait besoin. Il l'est encore, inexplicablement. J'en déduis que les adultes s'attachent aux enfants qui ne sont pas les leurs ; peut-être, donc, que je m'attacherai aux deux créatures identiques qui vont naître bientôt. J'espère vraiment que ce seront des faux jumeaux. Ou que l'un mangera l'autre dans l'utérus.

L'autre solution, bien sûr, étant qu'on se déteste. Pas besoin de s'attacher à des jumeaux, à ce moment-là. On peut devenir odieux, comme on sait si bien le faire. "Bien sûr que je n'en ai pas envie", je réplique, plus sèchement que je ne l'aurais souhaité. "Je te posais la question par politesse." Pas exactement. Pas par politesse. Je lui posais la question parce que je la faisais passer avant moi. Et ça me rend distant, soudain. C'est un abîme de vouloir du bien à quelqu'un. Il y a très longtemps, je protégeais mon frère de notre père. Aujourd'hui, je tente de protéger Jill de moi. Serais-je devenu mon père ? C'était mon rêve, après tout, non ? Je sens le col de ma chemise se serrer, et je me dis que ce doit être l'humidité de l'aquarium. Je me tourne vers un stand pour acheter deux bouteilles d'eau, et en tends distraitement une à Jill. Cette femme est néfaste pour mon équilibre. Je me retrouve à me poser des questions aberrantes. Bien sûr que je veux être comme mon père.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 2:33

Elle pose des questions étonnantes, parce qu’elle cherche juste à comprendre. Elle n’a pas besoin de le juger, de le prendre avec des pincettes. Elle pose juste les questions comme elles viennent et c’est tout. Et il y répond Sébastian, il pourrait se braquer, il pourrait se lever et partir. Parce qu’elle ne sait toujours pas pourquoi il est là finalement. Ce n’est pas pour observer les hippocampes, ni les dauphins, ni les enfants qui crient. Non, il est juste là parce qu’il l’a cherché, et qu’il l’a trouvé parce qu’il trouve toujours ce qu’il veut Sébastian. Et elle aussi elle est restée, parce qu’elle dessinait, parce qu’elle avait aussi besoin de compagnie quand rien ne va plus ni avec Ginny ni avec Bailey. Elle hoche la tête, ça c’est une partie qu’elle ne pourra pas comprendre. Quand lui n’accorde aucune importance au sexe, elle, elle a mis ça au centre de sa vie pendant de nombreuses années. Peu de gens font l’effort qu’elle fait. “Parce que tu leur laisse pas l’occasion d’en avoir envie.” Parce qu’il sait être cruel Sébastian, il sait comment détruire les gens et il ne laisse jamais entrevoir aucune faille, aucune part d’humanité. Alors qu’il n’est pas si sans âme qu’il veut le montrer. Pas avec elle en tout cas.

Le sujet des bébés, il a l’air terrifié par l’idée que ce soit des jumeaux. Et ça pourrait presque la faire rire, qu’est ce qu’il y a de si étrange ? “Oui c’est de mon côté.” Elle pense à Levi. “C’est mon cousin qui a un jumeau.” elle hoche la tête Jill, elle savait qu’elle avait des chances d’avoir deux enfants d’un coup. Elle n’y a jamais réfléchi parce qu’elle n’avait jamais songé à avoir des enfants, mais elle le savait depuis toujours. “On connait pas encore le sexe.” Et ça aussi c’est quelque chose qu’elle a hâte de connaitre. Chaque parent censé à hâte non ? Jill ne veut pas garder le suspens, elle veut être au courant dès que ce sera possible. Elle se demande bien ce qui peut le faire froncer autant les sourcils, mais elle lève les yeux au ciel Jill. Et elle se concentre sur le nouveau bassin qui les attend. Tout un pan de poissons amazoniens. La décoration et les plantes changent. Ils doivent pousser une nouvelle porte après ce grand bassin.

Et il s’arrête à un stand pour acheter de l’eau le Fitzgerald. Et Jill attrape la bouteille, cette conversation est encore étrange, pourquoi ils essaieraient de se forcer à se détester après tant d’années. Il n’a pas besoin de le dire elle le sait qu’il n’a pas envie d’être affreux, elle ne sait pas pourquoi, elle ne saura peut-être jamais. Mais en attendant, personne n’a envie d’être affreux. Alors ça restera certainement comme ça. “Tu l’aurais fait si je t’avais demandé de le faire ?” Elle hausse un sourcil, est ce qu’il en aurait été réellement capable ? Elle est sûre que oui. Et ça aussi c’est terrifiant, aussi terrifiant qu’étrange. Etrange parce qu’il aurait dû être affreux avec elle depuis toujours. Et terrifiant parce qu’elle sait qu’il a toutes les armes dont il a besoin pour la détruire le jour où il le décidera.

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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 3:02

N'aurait-elle pas pu se réfugier dans un café en haut d'une tour ? Le portier aurait été le dragon, et sa table la chambre en haut de la tour d'ivoire. Ou un cinéma. Ou une librairie. Eventuellement un musée, même si ça n'aurait pas été pratique pour parler. Les odeurs et les sons de l'aquarium sont compliqués à gérer. Il y a l'eau des bassins, qui est propre mais à peine. Il y a les collégiens qui rient bêtement en regardant les loutres - il faut dire qu'ils n'ont pas tort : c'est ridicule. Il fait chaud. Il y a de l'humidité. Je ne suis pas dans mon élément, et je demande à être remboursé.

D'autant que la conversation nous entraîne sur des terrains glissants, et que mon visage se ferme immédiatement lorsque Jill sous-entend que ma solitude pourrait être ma faute. "Je ne t'en ai pas laissé l'occasion, et pourtant tu l'as fait", je remarque, et je sais que cet argument serait valable dans le tribunal imaginaire où nous plaidons. Les perruques des juges n'auraient pas meilleure odeur que ces lieux, ceci dit. "J'ai fait des efforts il y a longtemps", et ils n'ont rien donné, et certes, c'était il y a trois décennies, mais je ne pense pas que l'univers ait drastiquement changé depuis. Les gens sont tout aussi stupides qu'ils l'étaient alors. J'ai très vite compris que j'avais des choix : gamin enfermé dans le placard ou gamin qui faisait peur à la récréation. Je n'avais pas de muscles, et aucun désir d'en obtenir, donc j'ai choisi d'autres moyens d'intimidation. Ma formation s'est faite vite et tôt ; d'un autre côté, avec mon père pour mentor, ce n'était pas difficile.

C'était donc du côté McGrath qu'il y avait une malédiction de gémellité. Cette pauvre famille cumulait tous les désastres naturels : la personnalité de Ginny, la maladie de Noah, et la gémellité. Si j'avais cru dans la réincarnation, j'aurais déduit qu'ils avaient un très, très mauvais karma ; peut-être que leurs ancêtres n'étaient pas du côté de Churchill. (Eh oui, même moi, je suis contre les nazis, c'est pour vous dire s'ils sont universellement détestés.) Quant à si ce serait des filles, des garçons, ou un exemplaire de chaque, ça me laissait particulièrement indifférent. J'étais consterné qu'il y en ait deux, mais après que ce soit vanille, chocolat, ou fraise, c'était du pareil ou même.

Heureusement qu'il y a les poissons amazoniens et la bouteille d'eau pour me ramener sur Terre, parce que je commence à divaguer dans cet aquarium. Ca doit être le manque d'habitude de contact avec les enfants. Ils crient si forts que ça en fait dérailler les neurones. Heureusement, Jill pose enfin une question facile. "Oui." J'aurais sorti les étendards et les blasons, et j'aurais fait de ta vie un champ de bataille dont nul ne serait sorti indemne, j'ajoute dans ma tête, et je souris, car je ne me savais pas si influencé par Goethe et Byron. Je suis soulagé qu'elle ne l'ait pas demandé, ceci dit, ç'aurait été douloureux. "L'entente, alors", et je soupire, puis je me tourne vers elle, et je me permets de rencontrer son regard, parce que je sais qu'elle ne le détournera pas. Je reste quelques secondes, figé dans ses yeux, puis c'est moi qui m'oriente vers les poissons, pour observer leurs formes et leurs couleurs. Assez, assez pour aujourd'hui.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 3:31

”Tout le monde n’est pas aussi parfait que moi” Elle hausse les épaules, comme si c’était la chose la plus évidente de tous les temps. Elle sourit aussi, parce que ça c’était fait naturellement. Parce que pendant une période elle le prenait pour un monstre aussi, mais il a pris le temps de parler, d’expliquer. Et elle est persuadée qu’il ne prendrait pas la peine de le faire pour tout le monde. Et c’est peut-être son erreur, c’est peut-être pour ça qu’il se sent seul et qu’il ne s’attache à personne. C’est sa volonté très certainement, mais elle trouvait ça triste Jill. “Avec qui ?” Avec qui Sébastian Fitzgerald avait-il pu faire des efforts ? Et c’était il y a combien de temps tout ça ? "C'était y'a vraiment très longtemps pas vrai ?"Elle pourrait encore l’harceler de questions mais il faut y aller doucement avec lui, mais il continue de répondre, à rester calme, alors pourquoi s’arrêter. Elle n’est pas du genre à faire attention Jill, et c’est lui qui est venu la chercher non ? Il savait à quoi s’attendre en la rejoignant du côté des hippocampes. "Personne t'oblige à faire des efforts pour ça"

Ils passent par tous les sujets, sans vraiment de problèmes. C’était fluide parce qu’elle était sincère et qu’il l’était aussi. Elle fronce un peu le nez quand il dit oui, il a les armes, il a le caractère pour réussir à détruire chaque personne qui l’entoure. Mais elle n’est apparemment pas dans ses plans parfaits qu’il aime voir s’exécuter, pas encore du moins. Et est ce qu’elle y sera un jour même si elle ne lui demande jamais d’être horrible avec elle ? Est ce qu’un jour il prendra la décision de la détester sans lui demander son avis poliment avant ? Tout est possible avec lui, alors autant être prête à toute éventualité. Son regard se fixe dans celui de Jill pendant de longues secondes, et elle ne lâche pas, elle ne lâche jamais. Et c’est lui qui se tourne. “L’entente.” Parce qu’ils devaient se rendre à l’évidence, ils ne se détestaient pas, et aucun des deux n’avait envie de détester l’autre.

Il y a du bruit, du monde et Jill soupire un peu en observant les poissons sur lesquels Sébastian se penche. “La salle des hippocampes était bien plus calme.” Ca crie autour d’eux, ça court, et ce n’est pas ce que Jill était venue chercher à la base. Elle comptait rester assise face aux petits aquariums jusqu’à la fermeture, et aller dans un bar pour continuer de dessiner jusqu’à ce qu’elle décide de rentrer chez elle. Et elle ferait certainement ça si il décidait de partir, il était imprévisible Sébastian, et il pouvait partir aussi vite qu’il était arrivé dans cet endroit. “Tu comptais faire le tour de l’aquarium quand t’es arrivé ici ?” Qu’est ce qu’il comptait faire en venant ici en réalité ? Jill ne le saurait sûrement jamais. Mais elle continuait de marcher le long de cette forêt amazonienne reconstituée.
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 19:28

"C'est malheureusement bien vrai", je confirme avec un hochement de tête. Si tout le monde pouvait être comme Jill, j'aurais sûrement des amis. Mais on pourrait refaire le monde avec des et si " et ne pas avancer d'un pouce. Je suis un tank, pas une colombe. "Avec Bailey, avec des camarades de classe, avec des cousins", je hausse les épaules, quelle importance finalement. "C'était il y a une éternité. J'apprends de mes erreurs pour ne pas les commettre plusieurs fois." Ma logique est imparable, et j'espère qu'elle saura l'apprécier. Elle prétend que personne ne m'oblige à faire des efforts, mais elle passe outre le fait que c'est moi qui m'en suis assuré. Si j'avais laissé de la marge aux autres pour avoir du pouvoir sur moi, ils s'en seraient emparés immédiatement ; la nature humaine est ainsi faite.

Alors, nous formons un pacte, puisqu'il n'y a que nous, que seule elle veut me comprendre, et que seule à elle je veux bien expliquer. Nous choisissons l'entente, quelles qu'en soient les conséquences, et c'est non pas dans des mains qui se serrent mais dans des yeux qui se regardent que nous scellons l'alliance. Je ne l'attaquerai pas, et elle ne m'attaquera pas. Je soupire, et je ne savais pas que j'aurais éprouvé un tel soulagement. J'ai peu d'ennemis qui m'inquiètent dans cette ville, et Jill aurait pu en faire partie.

Je vois ses yeux qui parcourent les environs, et elle commente le niveau sonore. "Je pensais que les hormones t'auraient amenée à apprécier ces cris d'humains miniatures", et je hausse un sourcil, parce que je n'y comprends vraiment rien. Mes opinions datent probablement de livres sexistes de la vieille Angleterre. "Le tour de l'aquarium ?" je répète, et ma moue dégoûtée vient répondre à sa question sans que j'ai besoin de le faire. "Ca m'arrangerait que tu dessines des entrées gastronomiques, la prochaine fois. On aurait pu dîner au restaurant plutôt que de discuter parmi...", et je regarde la reconstitution amazonienne autour de moi avec un agacement évident, "... la piètre imitation humaine de la nature." Nous traversons le reste de l'Amazonie et arrivons dans un nouvel espace, dédié aux tortues, et elles nagent tout autour de nous, et je sais que Jill va être émerveillée, et j'essaye, vraiment j'essaye de trouver cela beau ou émouvant, mais ce sont des créatures à carapaces qui se déplacent très lentement dans l'eau, il n'y a rien d'époustouflant. "C'est le moment où tu vas me dire que c'est ton animal préféré ?"

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 21:40

Elle le regarde, il vient vraiment d’insinuer qu’elle était parfaite là ? Non, elle a dû mal entendre. C’est pas le genre de chose que Sébastian Fitzgerald pourrait dire. Alors elle ne fait que chercher dans son regard si il rit ou non. Mais c’est rare Sébastian qui joue, ou qui rit d’ailleurs. Mais elle ne dit rien, elle pince les lèvres en souriant légèrement avant de jouer avec la couverture de son carnet. Elle hoche la tête, il a peut-être vraiment essayé. Ou pas vraiment, elle ne le saura pas en réalité. “Peut-être qu’un jour tu changeras d’avis.” Et peut-être qu’il s’ouvrira à une autre personne qu’elle, peut-être qu’elle ne sera plus la seule à chercher à comprendre, et la seule à qui il essaie d’expliquer. Mais c’est lui qui décide après tout, et elle n’a pas la force de se battre avec lui sur ce sujet. Elle essaie de comprendre, elle comprend son point de vu, mais elle n’a jamais dit qu’elle était d’accord avec lui sur tout. 


Elle fronce le nez, qui apprécie réellement les cris incessants des enfants ? Surtout quand ils sont aussi nombreux. Les cris sont stridents, bien trop aigus et même Jill se met à grimacer. "Non pas vraiment." et elle souffle un peu quand ils avancent vers un endroit qui a l'air plus calme. Il a un air dégoûté quand il parle de faire le tour de l'aquarium. "C'est pas ce qu'on est en train de faire ?" non pas du tout. Ils ont juste déjà passé au moins la moitié des animaux du parc. Elle pouffe de rire Jill, et si il n'y avait pas autant de monde, cet endroit serait apaisant. Il n'a pas l'air d'aimer l'endroit, et Jill secoue la tête. Ca la fait plus rire qu'autre chose. Et là c'est elle qui grimace, quelle idée de dessiner de la nourriture ? "Ouais passionnant."  son ton et son visage sont le plus dégoûté possible. "J'irai peut-être au parc la prochaine fois, ou à Kangaroo point." c'est vraiment des endroits qu'elle aime beaucoup, elle ne lui a pas menti. "C'est sûr que c'est bien mieux en vrai." l'imitation est bien loin de la réalité, et elle le sait Jill, elle qui a parcouru un grand nombre de pays après avoir eu son diplôme. 


Et ils arrivent au niveau des tortues. C'est un peu plus sombre, mais bien moins bruyant. "Pourquoi les tortues seraient mes animaux préférés ?"  elle fronce les sourcils. D'où peut bien lui venir cette idée étrange. "Je trouve que leurs mouvements sont apaisants." et elle les observe nager sans s'arrêter Jill. "Mais je dessine pas les tortues."  elle tourne, elle ne s'arrête pas de marcher et d'observer chaque recoin de la salle. "Je dessine rarement les animaux en général." elle ne fait que peu de copies, elle préfère inventer, créer, c'est ça qui lui plaît à Jill. "T'as l'air d'aimer autant les tortues que les dauphins et que les loutres." et il n'a toujours pas l'air emballé par cette visite improvisée. 

 






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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMar 5 Mai - 23:23

Bien sûr, car il m'arrive souvent de changer d'avis, c'est bien connu. Je lève les yeux au ciel, et espère surtout qu'elle ne se lassera pas de mes manières impolies et violentes avec les autres. J'ai bien conscience de ne pas correspondre aux idéaux éthiques et moraux de la société bien-pensante, mais Jill est différente, elle va au-delà des apparences, et tant qu'elle continuera à le faire, nous pourrons maintenir cette entente. Chaque fois qu'elle rit, je me sens rassuré : c'est la preuve, chez la plupart des humains, qu'ils passent un bon moment. "Je ne fais pas le tour de l'aquarium, je parle avec toi." Et mon ton est légèrement étonné, car qui pourrait sérieusement croire que je visiterais un aquarium pour le plaisir ? Je suis curieux de presque tout, il faut croire, car les créatures aquatiques ne font pas partie de mes sujets d'intérêt.

Elle se moque de mon idée de restaurant, et propose d'autres lieux. Je note son la prochaine fois avec un sourire ; toutes les victoires sont bonnes à prendre. "Puis-je en déduire que si j'apprends que tu es à Kangaroo Point, je peux te rejoindre ?" Je pourrais, comme toute personne normale, l'appeler ou lui écrire pour la revoir, mais ça ne me viendrait pas à l'idée. Et puis, il est important de garder de bonnes habitudes. "Tu es allé en Amazonie ?" Je ne suis qu'à moitié étonné, car elle y survivrait très bien ; les moustiques s'enfuiraient en la voyant de peur d'être tués.

"Ce ne sont pas les animaux préférés des artistes ?" Je la regarde comme si c'était une évidence. Je sais qu'elle ne se définit pas comme artiste, mais il faut se rendre à l'évidence : d'après ce que j'ai vu dans son carnet, il serait temps de le faire. "Je trouve leurs mouvements frustrants. J'aimerais les pousser pour qu'elles aillent plus vite." Chacun sa façon de voir le monde. J'aime l'honnêteté avec laquelle nos opinions divergentes s'affrontent. "Pourquoi tu dessinais des animaux aujourd'hui, alors ?" Je sens que la conversation va dévier vers Bailey, et je sais que je ne le supporterais pas, alors j'ajoute : "Je veux dire, au-delà de la dispute. Pourquoi l'aquarium plutôt qu'ailleurs ?" Est-ce que c'était sa version à elle de mon horloger londonien ?

Et elle voit juste, lorsqu'elle lit mon mécontentement de tous ces animaux en général. Je fais la moue, et confirme : "Je trouve les humains plus intéressants. Et déjà que je trouve la plupart des humains stupides, tu imagines un peu pour les animaux..." C'est relaxant d'être candide sans voir du dégoût sur le visage de l'interlocuteur. On devrait se voir plus souvent. Ailleurs qu'ici, si possible. "En parlant d'humains stupides", et mon regard dévie vers elle avec une expression d'excuse, car personne n'aime qu'on insulte sa famille et pourtant je m'apprête à critiquer la sienne, "j'ai vu Auden et Ginny." Et j'ai l'air sur le point de vomir, ce qui résume assez bien mon opinion. "J'ai entendu dire que tu t'étais réconciliée avec eux, et je ne comprends vraiment pas pourquoi. Je me demandais si tu pouvais m'expliquer, peut-être."

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMer 6 Mai - 1:20

Elle marche, ils marchent sans vraiment s’arrêter. Et elle va certainement finir par se fatiguer et devoir s’asseoir pendant de longues minutes. Mais elle attrape la bouteille d’eau qu’il lui tend, elle n’avait même pas penser à en prendre une. Certains diront qu’elle ne boit pas assez, et ils auront sûrement raison. Les médecins lui disent de boire, de manger correctement et de se reposer. On peut dire qu’elle ne suit pas toujours tous les conseils. Elle ne croise pas son regard mais elle l’écoute. Ils parlent ensemble, c’est vrai. Mais pourtant c’est lui qui lui a proposé de bouger de devant les hippocampes. “Pourquoi t’as voulu partir du premier aquarium alors ?” Elle pose des tas de questions mais il y répond. Et ils peuvent tenir un bout de temps comme ça.

Il aurait préféré un restaurant, et ça ne l’étonne pas du tout Jill. Parce qu’il n’est pas du genre à se balader dans ces endroits. Jill non plus en temps normal. Lui aussi il pose des tas de questions, des questions qui la désarçonne souvent. Parce que là elle tourne de nouveau sa tête vers lui, comme par réflexe. Elle le sait qu’il ne plaisante jamais vraiment, mais elle préfère s’en assurer en croisant son regard quelque fois. “Depuis quand tu demandes l’autorisation ?” Encore aujourd’hui il l’a retrouvé sans qu’elle ne puisse savoir comment ni pourquoi. Il ne demande pas l’autorisation, et si un jour elle est à Kangaroo point et qu’il veut la rejoindre il le fera. Elle hoche la tête, oui elle a beaucoup voyagé, et il n’est certainement pas au courant. “Oui, j’y suis allée quelques semaines il y a longtemps maintenant.” Une dizaine d’année. “C’était avant qu’on vienne à Londres.” Avant que sa vie ne change du tout au tout.

“Tu demanderas le jour où tu croiseras un artiste.” Et elle continue d’observer les tortue qui tournent sans arrêt. Elle secoue la tête quand il parle, ça ne l’étonne pas. Il est toujours un peu pressé Sébastian. “Justement, je trouve que ça calme. C’est comme si le temps ralentissait un peu.” Et ça fait du bien quand tout va trop vite comme dans la vie de Jill. C’est certainement pour ça qu’elle s’est retrouvée ici, parce que c’est calme, et parce que le temps s’arrête un peu. Elle fronce les sourcils en écoutant la question. “J’avais besoin de prendre l’air.” De s’éloigner de tout, et de trouver un endroit dans lequel personne ne pouvait la trouver. Normalement. “Je viens jamais ici, donc normalement j’aurais dû rester seule pendant un bout de temps pour dessiner tout et rien.” Mais c’est ce jour là qu’il a choisit pour la trouver.

Sa vision des êtres humains et toujours aussi perturbante, mais elle s'est habituée Jill. Alors ça ne l’étonne pas, ce n’est pas la première fois qu’il dit des choses comme ça. Et il va aborder un nouveau sujet sensible. Elle le sent à son ton, aux blancs qu’il laisse entre ses mots et elle se tourne vers lui cette fois. Elle attend qu’il parle. Auden et Ginny, c’était vraiment le sujet qu’elle n’avait pas envie d’aborder aujourd’hui. Elle a perdu sa soeur, elle s’est engueulée avec Bailey, alors elle fronce le nez rien qu’en entendant leurs prénoms. “Personne est réconcilié avec personne là.” Elle répond certainement un peu trop vite, et le changement de ton est sûrement significatif. “Je ne me suis jamais réconciliée avec Auden, et Ginny ça allait mieux mais c’est compliqué.” Lui aussi il cherche à comprendre, et elle se demande pourquoi. Pourquoi ce sujet là au milieu des tortues.


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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMer 6 Mai - 1:49

Pourquoi je suis parti du premier aquarium ? Oh, Jill. Pourquoi tiens-tu à me poser des questions délicates, aujourd'hui ? "Parce que j'espérais que tu te sois mariée pour une autre raison que on en avait envie." Et je regarde fixement devant moi. On ne va pas quand même pas débattre de ce sujet pendant quarante ans. Elle a choisi mon frère, et ils ont choisi de se marier. J'aurais préféré toute autre raison : que l'un d'entre eux ait besoin d'un visa ; qu'ils aient été menacés de mort par des gangsters en cagoule s'ils ne le faisaient pas ; que ce soit un moyen d'économiser de l'argent pour les impôts ; que Ginny ait tellement voulu revenir avec Bailey qu'il avait décidé de l'éloigner une fois pour toutes ; que Noah ait besoin d'un rein et que Jill ne puisse le lui donner qu'une fois mariée à Bailey (j'arrive à bout des théories probables).

"Depuis quand tu demandes l'autorisation ?" Je ris. "Justement, je me disais que j'essaierais, pour une fois, mais ça n'a pas l'air de te plaire, donc je ne recommencerai pas." C'est donc ça, une conversation fluide entre deux êtres humains ? C'est étrange, mais j'aime bien. Ne pas avoir à calculer mes phrases à la syllabe près : ça doit être ça que les autres cherchent dans des pratiques aussi saugrenues que la méditation et le yoga. Je me demande si Jill va faire du yoga prénatal (il y avait un article dessus dans ma newsletter matinale, je me suis désabonné de la newsletter suite à cette incongruité) et ça me fait grimacer rien que d'y penser. Il ne manquerait plus que des cristaux et de l'horoscope pour que je sois obligé de la renier. Heureusement, elle me distrait avec l'évocation d'un voyage en Amazonie avant Londres. "Tu es partie avec qui ?" Je ne suis pas jaloux, je suis curieux.

Elle balaye le titre d'artiste, et j'aurais pu m'y attendre, mais je refuse ses enfantillages. "Arrête." Elle peut faire semblant d'être une bartender enceinte avec Bailey, mais qu'elle n'essaye pas devant moi : je sais qu'elle a du talent et des ambitions. Pour les réaliser, il va falloir commencer par l'assumer. "Pourquoi vouloir ralentir ?" Je ne comprends pas cette notion. Tout le monde a l'air de trouver que l'existence va trop vite, mais elle me semble aller si lentement : mes contemporains mettent des semaines à comprendre des situations limpides ; ils ruminent les mêmes pensées pendant des mois avant de prendre une décision ; et en général, c'est la mauvaise, donc ils sont obligés de tout recommencer. Franchement, on s'ennuie. Je demande plutôt la raison de sa présence, ici, et son besoin de prendre l'air, comme elle dit, me fait sourire. Mon frère n'arriverait-il plus à apaiser sa femme ? Il faut dire qu'il est si émotif. En revanche, le normalement pique, et je me tourne vers elle. "Je peux partir, si tu le souhaites." Je ne suis pas vexé ; je souhaiterais simplement ne pas la déranger plus longtemps, si elle préférerait être seule. Et une fois de plus, je me surprends à dériver vers une attitude que certains appelleraient de l'empathie (mais quiconque oserait le dire à voix haute risquerait de recevoir la visite de mercenaires efficaces).

J'ose mentionner Ginny et Auden à Jill, parce que j'ai besoin d'explications. Qu'une femme comme elle fasse des efforts pour des gens comme eux, ça me dépasse. Elle me répond de façon énigmatique, comme si je n'allais pas poser de questions après. Je ne souris pas : je réfléchis. "Il y a eu une nouvelle dispute." Ca ne cadre pas avec mes sources. Je n'aime pas ces décalages d'informations. On les disait réconciliés, elle confirme que ça se passait mieux. Mais il y a eu un incident, et personne ne m'a informé. (Note mentale : virer John.) Pourquoi aurait-elle cherché le conflit ? Non, il avait dû venir d'ailleurs. Ginny n'avait aucun intérêt à réveiller la bête. C'était donc Auden (c'est toujours la faute d'Auden, de toute façon). Mais pourquoi l'italien aurait-il provoqué la guerre ? Ca n'avait aucun sens. A moins qu'il ait été sur les nerfs. Mais pourquoi ? Oh. Je l'ai. "Parce qu'elle est enceinte ?"

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMer 6 Mai - 2:27

Non elle ne peut pas entendre des choses comme ça. Il ne peut pas dire des trucs pareils. Il le sait pourtant, depuis toujours. Bailey est dans sa vie depuis qu’elle est à Londres, et il le savait déjà il y a 10 ans. Est ce qu’elle doit répondre ? Elle n’a pas à se justifier, elle ne saurait pas quoi dire de plus de toute manière. “Je vais pas te mentir.” Parce qu’ils ne se mentent pas entre eux, ils l’ont dit. Et c’est la vérité, ils se sont mariés parce qu’ils en avaient envie au moment où ils en ont parlé à Bali. Elle ne sait pas pourquoi ça a l’air de le toucher, et là elle ne cherche pas à comprendre plus non plus. Elle n’a pas envie de parler de tout ça.

Il rit aussi, et ça c’est assez rare pour le souligner. Il arrive même à plaisanter et ça aussi c’est étonnant. Alors Jill profite de l’ambiance légère tant qu’il n’y a pas d’autre sujet important sur le feu. “Je sais que si un jour tu décides de me rejoindre tu le feras.” Et elle ne saura pas quel jour ça tombera, ni où. Mais ça risque sûrement d’arriver de nouveau. Et il lui parle de ses voyages. Et là Jill sourit à l’évocation de ces souvenirs, elle en parle rarement. Elle a gardé beaucoup de choses pour elle. “Je suis partie seule.” Un an à faire le tour du monde sans personne pour lui indiquer la route ou lui proposer des activités. “J’ai presque fait le tour du monde.” Elle n’a pas fait les pays trop froids dans le nord. Mais elle a fait le tour de tous les continents. Pour la fête, pour la culture, et pour s’évader seule pour la première fois.

Il lui dit d’arrêter alors qu’elle ne s’est jamais considérée comme une artiste et elle pince les lèvres. “Peut-être que dans quelques mois j’en serais une” Mais ce n’est pas fait. C’est bien loin d’être fait d’ailleurs, pour le moment, elle n’a rien à part quelques dessins sur son carnet qui est toujours entre ses mains. “ça fait du bien des fois.” Quand elle a besoin de respirer un peu plus que d’habitude. Quand les voix tournent un peu trop dans sa tête, quand le monde entier avance et qu’elle elle a l’impression de stagner dans sa vie. Juste un peu de tranquillité, de solitude. Ca fait du bien à n’importe qui. “J’aurais pu ne pas te suivre.” Elle aurait pu se taire, ne pas répondre et juste passer son temps à dessiner des poissons sur son carnet en attendant qu’il se lasse. Mais non, elle avait parlé, et elle s’était mise à poser des questions. Et maintenant elle n’était plus devant les hippocampes, elle ne dessinait plus et elle regardait les tortues nager dans ce grand bassin. “Mais toi aussi tu peux partir si l’aquarium c’est pas ton truc.” Elle a autant le droit de partir que lui.

Et ça, c’est exactement le genre de sujet qu’elle aurait voulu éviter. C’est pour oublier tout ça qu’elle est là, alors elle se braque un peu et répond bien trop vite. Elle ne réfléchit pas vraiment à ce qu’elle dit, mais la réconciliation avec sa soeur n’est qu’un lointain souvenir. “Y’a toujours de nouvelles disputes.” C’était monnaie courante chez les McGrath. Il y a toujours une nouvelle dispute, de nouveaux problèmes. Ils n’ont jamais une seconde de répit. Elle tourne la tête bien trop lentement quand Sébastian prononce ses derniers mots. Ginny est enceinte. Non… C’est pas possible. Et là elle le fixe, elle ne lâchera pas ses yeux. “Pardon ?” Comme si toute cette histoire n’avait pas déjà détruit une partie de tout ce qu’elles avaient reconstruit. “T’es sûr ?" Question idiote, elle connait déjà la réponse. Mais elle réfléchit trop vite, pourquoi Ginny ne lui avait rien dit ?


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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMer 6 Mai - 2:58

"Je vais pas te mentir."
J'acquiesce. Le sujet est clos.

Si un jour je décide de la rejoindre. C'est drôle. Si ce n'était qu'une question de décisions, je pourrais faire semblant d'être au même endroit qu'elle par coïncidence bien plus souvent. Mais je me contiens, je suis décent. Quand elle plaisante, pourtant, j'ai envie de renoncer à toute politesse et de l'embrasser pour la première fois en six ans. Heureusement que je ne suis pas impulsif. Heureusement que je planifie mes actions des heures à l'avance. Heureusement qu'on parle de voyages en Amazonie qui datent d'une décennie. Dès qu'elle me confirme qu'elle est partie seule, ma curiosité augmente. "Tu as pris un guide ? C'est une zone dangereuse. Tu parles espagnol ?" Je retiens les trente questions suivantes parce que j'ai appris l'art de la conversation quand j'étais petit. Le tour du monde ? "Trois pays préférés ?" On se croirait dans une émission télévisée américaine bas-de-gamme.

Jill utilise le futur et peut-être, mais elle accepte enfin la possibilité d'être une artiste, et c'est suffisamment une victoire pour que je laisse passer. Son explication sur l'intérêt de ralentir le temps est plus qu'insatisfaisante, ceci dit. "Oui, mais pourquoi ? Je trouve que tout va si lentement." Je lui propose de partir, et elle dévie à droite, et elle dévie à gauche, sans vraiment répondre, mais en me renvoyant la pareille. "Je t'ai déjà dit que je ne suis pas ici pour l'aquarium", je réponds simplement. Et puis s'il y a une personne qui ne reste pas là où il ne veut pas être, c'est bien moi ; quoiqu'elle n'est pas mal dans son genre, aussi.

Les McGrath étaient un nid à disputes, tout comme les Fitzgerald ; rien de nouveau sous le soleil, mais le fait que je doive l'apprendre par Jill m'agace au plus haut point. C'est pour cela que je perds la main, que je mets mon cerveau entier à réfléchir à l'équation, à comment ça s'est produit, à ce qui a créé le conflit - jusqu'à trouver. Je ne sais pas qui de Jill ou moi est le plus surpris qu'elle n'ait pas été mis au courant. "Ah, je suppose que votre dispute n'était pas à cause de ça, alors." Et je fais une moue, car je pensais avoir trouvé la solution à l'énigme. Je reprends depuis le début. Ginny, Auden et Jill se sont disputés. Il se trouve que Ginny et Jill sont enceintes, mais Ginny est au courant pour Jill et Jill n'est pas au courant pour Ginny (n'était, je corrige ; oups). Qu'est-ce qui pousserait Jill à éprouver de la colère si ce n'est la grossesse de sa soeur ? Le mariage de Ginny et Auden. Mais elle était au courant, pourtant, elle devait l'être. "Bon, je renonce, je n'y comprends rien."

Je me tourne vers Jill, réalisant qu'elle est probablement moins intéressée par mes cheminements cérébraux que par la nouvelle que Ginny est enceinte (quoique je ne vois vraiment pas en quoi ça la regarde ou l'affecte, ceci dit). "C'est une bonne nouvelle ? Une mauvaise nouvelle ?" J'essaye de lire sur son visage, mais il y a beaucoup d'émotions, donc je ne suis pas du tout sûr de ce qu'elle éprouve. Je n'en ai même aucune idée.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyMer 6 Mai - 19:57

Il finira par la retrouver un jour, dans un autre endroit, comme il l’a fait aujourd’hui. Sans avoir besoin de l’autorisation de quoi que ce soit. Elle le sait, elle l’a compris au fil des années et elle ne s’en plaint pas au fond. Mais le sujet change et c’est mieux comme ça, elle parle de ses voyages. Ce qu’il ne sait pas Sébastian, c’est qu’elle pourrait parler de ses destinations pendant des heures et des heures. Il n’est pas près de sortir de cet aquarium si il continue à vouloir la faire parler. “Oui j’ai pris un guide c’est obligatoire. J’ai passé quelques jours dans la forêt avec un groupe. On a beaucoup marché, et on a vu beaucoup de choses. J’ai de bonnes bases en espagnol. Mais à partir du moment où tu parles anglais tu peux t’en sortir un peu partout.” La faune et la flore sont extraordinaires dans cet endroit. Mais elle n’y est jamais retourné, et peut-être qu’elle le regrettera un jour. Elle a que de bon souvenir de ses voyages, alors, quand elle doit choisir ses 3 pays préférés, elle prend quelques minutes pour réfléchir. “La Thaïlande” c’est magnifique, et la culture est magique. “Le Brésil.” C’était un des pays les plus festif. “Et le Canada.” 3 pays bien différents, mais qu’elle a vraiment adoré. “T’as voyagé ?” Bien sûr qu’il a dû voyager, pour le travail au moins. “Pas pour le boulot. Est ce que t’as déjà voyagé pour le plaisir ?”

Elle fronce les sourcils Jill, comment peut-il trouver que le temps passe trop lentement. “Pourquoi tu veux que tout arrive plus vite ?” Trop vite, il ne prend certainement pas le temps de profiter de l’instant. Contrairement à Jill. Elle qui voudrait que tout se calme, que la grossesse passe moins vite, que les événements ne s’enchaînent pas à une telle vitesse. “Ca permet de prendre du temps pour réfléchir calmement je trouve, j’aime bien me retrouver seule dans des endroits où le temps s’arrête un peu, juste pour me poser.” Parce qu’elle a toujours eu l’impression que le temps allait trop vite. Et c’est le cas de la plupart des gens, mais pas de Sébastian. Il n’est pas là pour l’aquarium, et Jill pince légèrement les lèvres. C’est qu’il se répète en plus, et elle l’entend bien évidemment. “T’aurais pu attendre et surgir à l’improviste dans un autre endroit que j’aurais fréquenté alors.” Elle rit légèrement. Mais elle commence à apprécier l’aquarium, elle aime bien cet endroit quand ils trouvent un endroit calme.

Ginny est enceinte. Sébastian le sait, Jill ne s’en doutait même pas. Est ce qu’elle en a parlé autour d’elle Ginny ? Est ce qu’elle a juste voulu éloigner Jill de sa vie alors que Ginny était présente à chaque étape de sa grossesse à elle ? Elles ont vraiment fait un retour en arrière et c’est peut-être là qu’elle le réalise le plus. Et ça lui brise le coeur, bien entendu. Elle croise les bras, elle s’éloigne un peu parce qu’elle réfléchit trop, parce que c’est exactement à ce moment là qu’elle voudrait débarquer en furie chez sa soeur pour lui poser des questions. Mais non, elle a dit qu’elle s’éloignerait, qu’elle arrêterait de se prendre la tête avec ces histoires de famille mais c’est toujours aussi difficile. “Non j’étais même pas au courant.” Et les dossiers compliqués, les reproches, continuent de s’accumuler. Il abandonne, et elle tourne la tête vers lui, ça c’est étonnant. “Y’a rien à comprendre Sébastian, elle m’a rien dit, et je ne sais rien de cette grossesse.” Elle est piquante, amère la voix de Jill quand elle fait les 100 pas au milieu du bassin en posant ce qu’elle tenait dans ses mains sur le banc. Une bonne nouvelle ou une mauvaise nouvelle ? Elle n’en sait rien. “C’est pas à moi de décider de ça.” Elle a peur que tout recommence Jill, et elle ne veut pas que sa soeur souffre malgré le fait qu’elle ne compte pas la revoir de sitôt. “Tu le sais depuis combien de temps ?” Et depuis combien de temps elle cache tout ça à Jill ?

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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyJeu 7 Mai - 1:37

Il y avait donc un guide et un groupe. Je m'imagine Jill en tenue de camouflage (ce qui n'a aucun sens, mais je ne suis jamais parti en forêt) et ça me fait sourire. Elle dit "on a vu beaucoup de choses" et mes lèvres se retroussent en une moue désapprobatrice. Pourquoi rester vague ? "Tu as vu quoi ?" Des tribus ? Des serpents ? Des crocodiles ? Tarzan ? Le Marsupilami ? Quoi ? Si elle pouvait sortir un album photo avec des notes scientifiques prises au fur et à mesure de chaque journée, ce serait encore mieux, mais la rigueur n'a jamais été de mise (encore une fois : elle a ses dessins d'observation et ses dessins d'invention dans le même carnet). Ses trois pays préférés ne pourraient pas être plus lointains et distincts. "T'as voyagé ?" J'ouvre la bouche, mais elle m'arrête, et précise "pour le plaisir". J'ai un grognement-rire qui m'échappe, tellement c'est incongru de m'imaginer, moi, en tenue de camouflage. "Non, je ne voyage que par obligation. Mais j'ai vu des monuments très appréciables à Berlin, Athènes et Madrid. En revanche, j'ai détesté Amsterdam." Je secoue la tête en pensant à la capitale des Pays-Bas, la puanteur de ses rues, la graisse des frites et gaufres, l'air intoxiqué de ses touristes et la vulgarité de son Quartier Rouge. Quel endroit ridicule.

"Disons que je perçois la réalité différemment. Mes pensées vont très, très vite, donc le temps que les autres arrivent aux mêmes conclusions que moi, j'ai eu le temps de beaucoup m'ennuyer." Je ne sais pas si elle comprendra. Ca lui semblera peut-être abstrait. Elle suggère que j'aurais pu la rejoindre ailleurs, et je secoue la tête : "Tu n'es pas aussi souvent seule que tu le crois." Elle l'est d'ailleurs trop rarement à mon goût. Au DBD, elle est constamment entourée. Je ne me permettrais pas d'aller chez elle et Bailey (ou plutôt : je n'en ai aucune envie). Et ses promenades solitaires ne sont pas si fréquentes qu'elle le sous-entend, finalement.

La conversation gagne en tension inattendue lorsque j'évoque la grossesse de Ginny, et que la couleur du visage de Jill change brusquement. J'adore révéler des informations que seul moi possède, mais je le fais rarement autour de la McGrath-Fitzgerald, et cette fois-ci, c'était par inadvertance. D'après le ton de Jill, je comprends qu'elle est heurtée - je ne sais pas si c'est vexée, énervée, triste, furieuse, ce n'est pas clair. Et elle ne me donne que des réponses vagues. Je scrute son visage, presque intrusif dans ma quête d'indices sur comment elle se sent. "Trois semaines", je réponds, sans savoir bien à quoi m'attendre, "mais c'est parce que j'ai mes propres informateurs. Ginny a seulement confirmé quand j'ai abordé le sujet. Ce n'est pas comme si elle se confiait à moi", et la nausée me reprend immédiatement rien qu'à cette pensée. Nous ne sommes pas destinés à être proches avec l'autre McGrath, mais je continuerai à la surveiller, cependant, et, malgré sa paranoïa, à la protéger. "Tu veux t'asseoir ?" Je m'avance vers un banc au milieu des bassins, parce qu'elle a l'air d'avoir besoin de réfléchir. J'espère que la lenteur des tortues l'aidera.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)en forme de huit - Page 2 EmptyJeu 7 Mai - 2:20

Il s’intéresse vraiment Sébastian. Il n’arrête plus de poser des questions sur ses voyages, et ça la fait sourire parce qu’elle a toujours aimé en parler même si elle le fait rarement. “En général ou juste dans la forêt amazonienne ?” Elle rit un peu plus Jill avant de tourner la tête vers le Fitzgerald. “Parce que si je dois parler de tout ce que j’ai vu il va falloir bien plus qu’une après-midi.” Et elle réfléchit un peu à ce qu’elle a vu en Amazonie surtout, puisque c’est la première chose dont elle a parlé. “J’ai vu des oiseaux, vraiment des tas d’oiseaux. Et il y a un nombre incalculable de fourmis dans cette forêt. Des fourmis qui peuvent être mortel. Des singes aussi, mais pas trop d’animaux terrifiants comme les jaguars, le guide savait comment les éviter. Mais on a vu des serpents aussi, et pleins de poissons un peu étranges. Mais le plus dépaysant je crois que c’est les bruits la nuit, quand tu sais pas ce qui t’entoure.” Les bruits sont terrifiants, mais elle n’a jamais pu vivre de nouveau une expérience aussi intense que dans cette forêt. Il ne voyage que par obligation et ça ne l’étonne pas, c’est bien pour ça qu’elle a précisé sa question. “Je suis allée aussi par là-bas. Mais j’étais pas aussi intéressée par l’architecture à cette époque.” Elle a visité un peu, mais n’a pas eu l’occasion d’analyser. Il a détesté Amsterdam, et elle rit un peu parce que ça ne l’étonne absolument pas. “J’aurais pu le deviner.” C’est un peu une ville de débauche, une ville qu’elle a adoré quand elle y a fait un tour.

Elle avait remarqué que son cerveau fonctionnait en accéléré. Ca doit être fascinant, mais compliqué à gérer aussi. Certainement peu de gens pourraient vivre dans sa tête sans devenir complètement cinglé. “On a des cerveaux bien différents.” Il est différent de beaucoup d’autres personnes aussi. “Ca doit être épuisant.” De penser constamment, de réfléchir toujours plus vite que le commun des mortels. Elle est fatiguée rien que de l’imaginer. Il n’est pas venu ici pour l’aquarium, mais pour discuter avec elle. Mais Jill en joue, elle rit en lui disant qu’il aurait certainement pu trouver un autre endroit pour la retrouver, un autre jour pendant lequel elle aurait été seule. “Ou peut-être que quand je veux me retrouver seule je sais y faire pour que personne ne sache où je vais.” C’était un échec aujourd’hui apparemment, mais elle passait certainement bien plus de moment seule que Sébastian ne pouvait le croire.

Mais l’ambiance change quand il parle de Ginny, quand Jill apprend qu’elle est enceinte de plusieurs semaines maintenant. Elle souffle, elle grogne, elle râle et elle rage alors qu’elle ne devrait pas. Elle a dit qu’elle la laisserait tranquille, qu’elle ne veut plus faire partie de sa vie. Foutaises, mais pour l’instant elle continue d’essayer d’y croire. Et elle souffle, elle le sait que ce sont ses informateurs, Ginny ne lui aurait jamais fait assez confiance pour lui parler de son plein grès. “Je m’en fiche de comment tu l’as appris.” Elle ne lui demande pas de se justifier, ce n’est pas de sa faute, il n’a pas fait exprès de le dire elle le sait. La tournure de sa phrase n’était pas calculé, il a juste voulu comprendre. Et il lui demande si elle veut s’asseoir. Elle grogne “Non.” Et elle continue de marcher alors qu’elle a abandonné son carnet et sa bouteille d’eau sur le banc. Elle essaie de regarder les tortues, de se concentrer sur autre chose mais c’est compliqué. “C’est épuisant.” Et elle s’épuise encore plus à marcher sans arrêt.

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