La raison de la présence de Greg ne l’étonne pas plus que ça, mais Grace ne prend pas non plus la mouche. Il est venu, et quelle que soit la raison il est quand même là. Quelque part, ça compte pour elle ; tout autant qu’il a compté, comme une présence un peu distante et en arrière-plan dans sa vie, mais une espèce de constante qui avait assuré la présence d’Alexis dans la fratrie. Il leur avait un peu ramenée leur mère disparue dans les méandres de son divorce et de ses regrets et, quelque part, ça valait plus qu’elle ne pourrait l’exprimer en mots. “Je sais pas quand elle va venir, mais je te ferai signe. On a parlé de toi la dernière fois, je suis sûre que ça lui fera plaisir de te revoir.” Du moins c’est ce qu’elle avait interprété d’un regard un peu affolé partant dans tous les coins du restaurant, mais Grace était très bonne interprète. « Avec plaisir, mais je crois bien qu’elle est déjà prise par quelqu'un. Mais t’inquiète pas, je vais pas te garder près de moi bien longtemps. C’est toi la vedette ce soir, je sais que tu vas vite être demandée. Je vais en profiter pour faire le tour, et pourquoi pas investir. » La maladresse de Greg la fait toujours fondre, un tout petit peu, lorsqu’elle n’est pas trop en train de le répudier pour son statut de flic.

“Tu sais, le ‘beau’ devant ‘daron’, il est pas là pour faire joli”, plaisante-t-elle, comme si l’attitude paternelle de Greg ne la faisait pas rougir profusément, qu’elle soit exagérée ou pas. “Merci, Greg. Je te présente Lola tout à l’heure.”

Greg amorce le départ, un jeune homme attire son attention sur le côté : elle est surprise que Clément soit venu, mais de ces surprises qui retirent un peu le stress pour élargir encore un peu son sourire. “Déconne pas, on a dû me retenir de force pour pas que je foute cinq selfies avec une poupée d’Elsa.” Elle étreint rapidement son ami, trop contente de le revoir depuis sa dernière séance de kiné - il y a plus de deux semaines, en somme, toute prise qu’elle l’était par les préparatifs. “Comment tu vas ? Ca me fait trop plaisir de te voir ici.” Puis les choses s’enchaînent, Clément s’excuse pour la laisser finir avec Greg, Jordan passe au vol pour réquisitionner une photographie, Greg s’éloigne et rentre en plein dans Lola. Ca ne serait pas aussi drôle si son verre de vin encore aux trois-quart plein ne s’échouait pas précisément sur le haut de Lola, qui semblait revenir d’une grande conversation avec des hommes qui ont l’air relativement riches. “Oh mais non, mais Greg…” murmure-t-elle, à demi navrée, à demi carrément consternée. Voilà l’heure de s’interposer dans une nouvelle situation dont elle ne connaît absolument rien. Au moins un élément de quotidien qu’elle apprécie. Mais Lola ne vomit pas par-dessus la tache de vin, elle se contente de rire, de l’appeler chou, de lui demander les clés de la voiture. Grace fond à moitié de tendresse et se ressaisit à temps pour aller saisir les clés. “Oui, donc je t’ai pas dit, on est plus ou moins ensemble.” C’est tout ce qu’elle glisse à Greg, comme on aurait dit au fait papa je suis lesbienne, parce que de toute façon, sa réaction ne peut être que positive et qu’il est surtout là pour Alexis.

“T’as pu te changer, chou ?”

Un sourire taquin, surpris, attendri, mélange-de-tout orne la phrase quand elle surprend Lola sur le chemin du retour. Bien sûr, elle l’a attendue de pied ferme avec Gregory. “Bon, bah Greg, ma copine et partenaire ; Lola, mon ex-beau-père. C’est compliqué mais il est gentil, et il était intéressé par une toile...laquelle tu disais, déjà ?” Autant tous être dans l’embarras.
Quand Greg lâche qu’il hésite encore pour aller regarder tranquillement et se remettre de sa honte, Grace reste près de Lola. Peu de mots échangés, depuis le début de la soirée, et elle se doit de faire un point. “Comment tu te sens ?” lui glisse-t-elle plus affectueusement. “Moi, je trouve qu’on gère pas mal. Faudra remercier Jordan pour le petit coup de pouce.” Maintenant que l’atmosphère semble un peu relâchée, moins propice au stress, elle s’autorise à déposer un baiser sur la tempe de la jeune femme. Distraitement, elle sort son portable, lit distraitement Jordan : elle l’a remercié, il a réservé une autre photo et a renvoyé par-dessus une photo de Lennon, et Grace ne se souvient pas d’avoir parlé de foursome quand elle reçoit les réponses de Jordan. Elle s’empourpre sans qu’une seconde n’ait eu le temps de passer mais trop tard : Lola a sûrement dû lire les messages. “Je vais aux toilettes.” annonce-t-elle et déjà, elle est repartie. Décompte le temps raisonnable qu’il lui reste pour se cacher sans qu’on croit qu’elle est malade, puis sort à contrecoeur, prête à retrouver son costume de gêne sitôt les toilettes quittées. Dans le maigre espoir que Lola n’ait rien lu et qu’elle se fasse tout un film, elle ressort la retrouver. “J’ai pas beaucoup de temps, j’ai pleins de gens à aller voir, mais il s’est passé quoi avec les messieurs là-bas ?” demande-t-elle en esquissant un geste du menton en direction de Lennon. “Tu la connais ?” Pure curiosité. Et surtout, est-elle au courant que cette nana est une intime de Jordan ?

"T’as pu te changer, chou ?" "Gna-gna-gna", répondit Lola avec le même sourire, avant de se tourner vers Greg, qui était encore là, l'air navré. "Vraiment, c'est pas grave, je préfère largement cette chemise, en plus, ça fait très artiste casual." Elle hochait de la tête très sérieusement, alors qu'elle disait n'importe quoi, mais la pression qui retombait la rendait toute guillerette. "Bon, bah Greg, ma copine et partenaire ; Lola, mon ex-beau-père. C’est compliqué mais il est gentil, et il était intéressé par une toile...laquelle tu disais, déjà ?" Ah. Lola se répéta dans sa tête tous les mots qu'elle avait prononcés devant Greg, et elle allait les analyser et décortiquer pour le restant de ses jours pour savoir si elle avait fait une bonne impression ou si elle était passée pour l'être humain le plus stupide de la planète. "Enchantée." Le sourire timide était de retour.

Une fois seule avec Grace, elle poussa un grand soupir. "La prochaine fois, préviens-moi, fais des appels de phares, je ne sais pas." Elle suivait des yeux Greg, qui s'éloignait. "Comment tu te sens ? Moi, je trouve qu’on gère pas mal. Faudra remercier Jordan pour le petit coup de pouce." "C'est incroyable, ce qu'il a fait. C'est ma première vente, tu sais ? Un portrait de toi. Vendu à Jordan. Je n'aurais pas pu rêver mieux." Grace reçut un texto, et c'était Jordan justement ! Lola se pencha pour lire ce qui allait sûrement parler de la vente du tableau, mais se retrouva face à une proposition de foursome et se figea. "Je vais aux toilettes", disait Grace en fuyant à la vitesse de l'éclair. Lola finit son verre d'une traite, s'en resservit un, et tenta de se concentrer sur les toiles. Pas le rapport très étrange entre Grace et Jordan. Pas le fait qu'ils parlaient de coucher ensemble avec tout le naturel de deux potes qui avaient déjà passé la nuit ensemble.

"J’ai pas beaucoup de temps, j’ai pleins de gens à aller voir, mais il s’est passé quoi avec les messieurs là-bas ? Tu la connais ?" Ne pas faire de scène en public. Ne pas demander d'explications. Ne pas risquer de faire monter l'émotion et la tension. Ce n'était ni le lieu, ni le moment. "Lennon est une amie qui travaille dans l'art. Elle a amené un client à elle en espérant qu'il achète des toiles ou des photos. On verra." Et son ton était ouvertement plus sec que d'habitude, mais elle n'avait aucune envie d'en parler. Elle posa son verre sur la table ; inutile de boire plus que de raison et de transformer une bonne soirée en un vaudeville. Elle prit le temps de faire le tour de la salle pour se souvenir de ce qui comptait : le travail qu'elles avaient fourni, qu'elles partageaient enfin avec d'autres.

Lennon sourit à la jeune femme enceinte, attendant sagement que Lola se dirige vers elle. La Lennon de tous les jours n'aurait pas patient respectueusement que ses amis finissent leur conversation avec l'assistante galeriste. Elle se serait imposée et se serait accaparée Lola sans scrupules. Mais Lennon savait prendre sur elle, et puis c'était le vernissage de Lola. Elle n'avait du tout envie d'agir de façon impolie ou de donner une mauvaise image d'elle, tout faux pas pourrait avoir une ampleur inattendue dans ce genre d'événement. « Sympa de te croiser dans le coin. » Quelle surprise de croiser Jordan ce soir. Créatif comme il était ce n'était pas étonnant que son âme se soit liée à celle de Lola ou de Grace. Elle ne put se retenir de rougir lorsqu'elle l'aperçut, et clin eut le don de la faire fondre intérieurement. Mais à l'extérieur, elle retrouva son sérieux et ne prit pas la peine de répondre. Son patron était à côté et n'avait pas envie de paraître vulnérable devant. De toute façon, et elle en était sûre, qu'ils auraient l'occasion de discuter dans la soirée.

« Salut, Lennon, merci beaucoup d'être venue. » Lennon lui adressa un sourire sincère et posa une main rassurante sur son épaule avant de se diriger d'un pas décidé vers le directeur d'ABC. Les présentations faites, Lennon observait Lola discuter avec son patron, non sans intervenir dans la conversation quelques fois. Mais là, c'était le moment de Lola, c'était à elle de faire ses preuves. L'animatrice télé avait déjà fait l'éloge de la jeune femme pour convaincre le directeur de l'antenne de mettre les pieds ici. Et même si ce dernier affichait un air impassible, elle savait ce qu'il pensait. Après avoir travaillé sur la rénovation de sa maison qui avait duré de longs mois, elle savait ce qui lui plaisait et ce qui ne lui plaisait pas. Ce soir était peut-être le jour de chance de Lola, car les œuvres et les photos avaient sans doute tapé à l'œil du directeur. Enfin, elle en était quasiment sûre. « Merci d'être venu, j'espère que l'exposition vous plaira. » Le petit signe discret de Lennon qui voulait dire "tu m'appelles hein ?" n'avait pas échappé à Lennon. Elle lui répondit en un clin d'œil sincère avant de se tourner vers son patron. « Allez, venez on va prendre un verre de champagne et vous pourrez me dire que j'avais raison. » Dit-elle en entraînant le directeur vers le buffet. Après avoir discuté un temps sur le talent de Lola, mais aussi celui de Grace. Le directeur quitta le vernissage, son heure de disponibilité étant écoulée, non sans prendre un pamphlet avant de partir.
Une deuxième coupe de champagne à la main, Lennon flânait dans la galerie pour observer les œuvres et les photographies pour avoir son avis. Sans avoir celui de son patron, ou les explications de Lola pouvant l’influencer. Ce deuxième tour de salle lui permis de remarquer des choses qu’elle n’avait pas vu au tout début. Mais sa contemplation était biaisée par l’entrevue avec Jordan ? Était-il vraiment proche d’elles ? Parce la probabilité qu’ils se croisent ce soir étaient des plus minces. Comme toutes les fois où ils se sont croisés d’ailleurs. Lennon finirait par remettre définitivement la faute sur le dos du destin, qui avait l’air de prendre un malin plaisir à faire en sorte que leurs chemins se croisent dans les moments les plus improbables. Elle sourit à cette pensée et décida de se joindre aux invités. Elle avait fait son boulot pour Lola, il était peut-être temps de se mêler aux autres. D’ailleurs, elle intercepte une discussion entre la jeune femme enceinte de tout à l’heure et un homme, qui devait sans doute être son homme : « J’ai très envie de lui achète une toile, tu aimes laquelle toi ? » Son sourcil se haussait, la toile dont il parlait Lennon l’avait repéré lors de la discussion entre Lola et le directeur d’ABC. Cette toile pouvait d’ailleurs plaire à Evan pour la décoration de son appartement. Elle ne put se retenir de participer à la conversation. « Très bon choix, celle que vous observez est magnifique. » Dit-elle amicalement en s’avançant vers la toile. « Hum… Désolée de m’immiscer dans votre conversation. Je me suis permise parce que cette toile m’a aussi tapé dans l’œil. Vous êtes sans doute des amis de Lola, n’est-ce pas ? »

En temps normal, tu n’aurais pas amené Morgane et tu ne doutes pas que beaucoup de personnes dans cette galerie pensent qu’une enfant n’a pas sa place dans ce genre d’évènement pourtant, ta fille avait elle aussi envie de montrer son soutien à Grace et l’en priver te semblait cruel. Tu espérais cependant qu’elle avait bien compris les règles et qu’elle ne comptait pas toutes les transgresser. « Oui j’ai réussi ! » Dit Morgane toute fière d’elle pour répondre à la question de Grace. « Merci pour le bracelet, je le mets tous les jours ! » Dit ta fille en brandissant son poignet. Grace n’avait fait que marquer des points avec ce cadeau d’Islande. Tu aurais aimé avoir le temps de regarder les oeuvres avant d’aller trouver Grace mais clairement Morgane en avait voulu autrement. Tu saluais donc Lola et la félicitais déjà, des félicitations qu’elle acceptait avec un sourire et vous la laissiez retourner à ses amis. « C’est la moindre des choses qu’on soit là. » Dis-tu à Grace en posant une main sur son bras. « Je n’ai pas encore eu le temps de faire un tour mais on va le faire tout de suite. Tu me raconteras tout ça après. » Dis-tu à la jeune brune dont de nombreuses personnes cherchaient l’attention. Attrapant Morgane par la main, tu l’entraînais avec toi dans la galerie pour faire un tour des différentes oeuvres. Toutes les deux, vous vous arrêtiez devant chaque oeuvre avec le tract et tu discutais avec Morgane de ce que vous voyiez. Tu n’avais jamais été une artiste et tu manquais certainement la moitié des messages de chaque tableau ou de chaque photo mais cela ne t’empêchait pas d’en apprécier la beauté qui en ressortait. Grace avait raison, Lola était très douée. Le talent de ton amie, tu le connaissais déjà et il n’était que confirmé dans cette exposition. Sans grande surprise, Morgane adora les photos d’Islande, certainement parce qu’elles lui rappelaient l’univers de sa princesse préférée. Une fois un premier tour fait, tu accompagnais Morgane pour récupérer un verre de punch et tu te pris à observer les gens autour de vous alors que ta fille était partie dans un monologue dont tu ne suivais plus le sujet. Grace était en train de discuter avec plusieurs personnes et tu vis l’homme avec qui elle parlait renverser par mégarde son verre sur Lola. Tu n’entendais pas leurs paroles dans le brouhaha ambiant mais tu n’avais pas besoin de paroles, les gestes de Grace et Lola parlaient d’eux-même et te donnaient la réponse aux questions que tu te posais. Et puis soudain tu te rends compte que tu es perdue dans tes pensées et que tu n’entends plus ta fille. Baissant les yeux, tu vois qu’elle a disparu de nouveau et tu la trouves un peu plus loin en train de discuter avec un jeune homme dont elle accapare l’attention. Tu te diriges vers eux et tu dis à Morgane : « Je t’ai déjà dit de ne pas disparaître comme ça et d’importuner des inconnus. » Ta fille te regarda avec de grands yeux avant de dire : « C’est pas un inconnu maman, il était en photo chez tata Sky. » Il allait peut-être falloir que tu revois la définition d’inconnu avec ta fille car avoir vu quelqu’un en photo chez ta soeur ne suffisait pas à le classer comme personne de confiance. « Je suis vraiment désolée si elle vous a importunée. Apparemment vous connaissez ma soeur. Jessian Reed, enchantée. » Lui dis-tu en lui tendant la main. Tu connaissais peu l’entourage de ta petite soeur, elle avait toujours préféré garder sa vie de son côté.

@Grace Coughlin & @Clément Winchester

Lorsque la femme qui accompagne Bailey se tourne à moitié vers lui, je me rends compte que leur relation doit être bien plus intime qu'on ne le pense, vu le ventre de l'inconnue. A moins que ce ne soit qu'une simple amie ? J'allais m'avancer vers eux afin d'en apprendre d'avantage, lorsqu'une enfant vient se placer devant moi. Baissant le regard, je l'interroge du regard  «Bonjour toi  » dis-je en inclinant légèrement la tête sur le côté  «Tu es perdu ? » que je demande, regrettant directement d'avoir poser la question. Note à moi-même pour l'avenir : ne jamais poser de question à un gamin si on veut pas se retrouver submerger de questions en retour. Je n'ai, toutefois, pas le cœur à lui dire que ce n'est pas le moment et l'écoute donc me parler de l'école, ses amis et tout ce qui se passe dans sa vie en général comme si je devais connaître tous les détails de sa courte existence.

Ce n'est qu'au bout de quelques minutes, que j'entends finalement la voix de sa mère qui l'interpelle, lui disant de ne pas accaparé les inconnus comme ça. Mais d'après Morgane, je ne suis pas un inconnu car elle a déjà vu ma photo dans la chambre de « tata Sky ». J'écarquille légèrement les yeux puis relève mon regard sur l'inconnue et parvient à temps de cacher ma surprise derrière un sourire bienveillant  «Y a pas de mal. Au moins maintenant je sais avec qui elle veut se marier  » je laisse échapper un rire qui a, pourtant, du mal à sortir et qui se fait donc un peu forcé lorsque la jeune femme se présente comme étant une certaine Jessian Reed.  « Clément» me présentais-je en prenant une gorgé de ma boisson. Abaissant mon bras le long du corps je me tourne vers la toile qui est en face de nous, hésite quelques instants puis reporte mon attention sur Jessian  « C'est Reed comme dans … Sky Reed ?» demandais-je, hésitant, n'étant même pas sûr que je souhaite connaître la réponse en vrai. Toutefois, dans le fond, j'ai un petit espoir qu'il ne s'agisse pas de même famille. Il y a de nombreux Reed en ville, non ?

Spoiler:

Jill reste à côté de Lola tant que la jeune femme en a encore besoin. Elle l’aide à respirer, elle la fait rire; Le rire est le meilleur remède contre l’angoisse normalement. Alors, si Lola rit, elle sera forcément bien plus à l’aise pour aller rejoindre son amie et le mec qui a l’air d’être un homme d’affaire. Elle l’encourage une dernière fois, elle sait qu’elle va tout déchirer, et que ses toiles vont faire fureur. Elle voit déjà quelques personnes s’intéresser à ce qu’elle a dessiné, et d’autres qui ont l’air subjugué par les clichés de Grace. Et Jill ne peut s’empêcher de regarder Lola s’éloigner d’elle pour aller discuter. Tout va bien se passer, elle en est réellement persuadée.

Elle continue d’observer autour d’elle, elle passe une nouvelle fois devant les toiles et celle que Lola préfère est vraiment magnifique. Bailey les a rejoint après avoir discuté un petit moment avec un jeune qu’elle ne connait pas. Oui elle l’avait vu s’arrêter dans la foule alors que Lola avait encore du mal à respirer correctement. Elle s’éloigne un peu avec son mari, et elle en profite pour discuter des toiles de Lola. Son sourire s’agrandit quand elle l’entend dire qu’il voudrait en acheter une. Jill hoche la tête frénétiquement avant de le suivre jusqu’à la toile qu’il aime bien. Sa deuxième préférée. Elle aimait le côté sombre, le côté flou. Jill est impressionnée, elle n’avait encore jamais eu l’occasion de regarder une toile de Lola. “J’aime celle la, et celle là-bas aussi.” Elle est d’accord avec lui pour la toile numéro 4. Mais elle en profite aussi pour pointer du doigt la première, celle avec les loups fantômes. Elle ne saurait pas l’expliquer, mais ce tableau lui fait penser à la jeune femme.

Une brune les interpelle, et Jill continue de sourire. Elle ne fera pas d’esclandre pendant cette soirée, hormones ou pas. Elle allait se tenir tranquille et rester dans les parages au cas où elle trouve une nouvelle fois Lola qui panique. “Bonsoir, je m’appelle Jill.” Elle ne lui a pas demandé de se présenter mais ils allaient sûrement discuter un petit moment des toiles de Lola puisque Bailey et elle avaient flashé sur le même tableau. Jill tourne un peu la tête et croise le regard du jeune homme avec qui Bailey parlait quelques minutes auparavant. Elle sourit mais son attention est captée par une enfant, alors Jill se concentre de nouveau sur l’inconnue qui semble vouloir acheter le tableau. “On… Oui, des amis de Lola. Des amis assez proche. Et vous ?” Elle n’allait pas raconter à toute la salle ce qu’il en était de son lien avec Lola, c’était trop compliqué à expliquer, et bien trop long. “Vous voulez aussi l’acheter ?” Il faut rentrer dans le vif du sujet même si Jill et Bailey n’ont pas encore eu le temps de faire leur choix. Mais ils étaient bien partis pour acheter une de ces toiles, Jill l’imaginait déjà bien à sa place accroché à un mur du salon de leur maison.

La pause toilettes est prodigue, proche de la salvation, et Grace peut rassembler ses idées en même temps qu’elle ramasse le cerveau qui traîne par terre depuis tout à l’heure. Qu’est-ce que Lola a vu et combien en a-t-elle vu ? Elle a pris soin d’engueuler son meilleur ami juste après réception de ses messages mais elle a comme l’impression que c’était déjà trop tard : elles n’ont pas vraiment d’intimité pour ce qui concerne les messages qu’elles reçoivent l’une l’autre, par absence de besoin. Il aurait peut-être été prudent de prendre la chose en compte avant de parler d’un hypothétique foursome, fût-il parfaitement farfelu et comprenant Lennon et un sugar daddy sorti de nulle part. Non - ce qui l’inquiète davantage, plutôt que le foursome en question (Lola sait déjà qu’elle échange des dickpics reçues inopinément avec Jordan, est-elle à ça près ?), c’est la suite du message : Take a break and go have an orgasm. Apparently it helps for the stress. Lola can you help Grace with an orgasm? Ca fait des années que la délicatesse et la pudeur n’ont plus leur place entre Grace et Jordan, mais c’était sans compter l’ajout d’une Lola beaucoup plus pudique, beaucoup plus timide à l’équation. N’est pas beauf qui veut.

"Lennon est une amie qui travaille dans l'art. Elle a amené un client à elle en espérant qu'il achète des toiles ou des photos. On verra."

Et là, les questions s’enchaînent dans son cerveau : Lola est-elle au courant que son amie qui travaille dans l’art bécote Jordan de son côté ? Est-ce qu’elle est au courant depuis plus longtemps qu’elle et qu’elle a gardé sa langue ? Ca l’étonnerait fortement. Et dans tous les cas, ce n’est pas à elle d’investiguer ; c’est davantage à Jordan de leur en parler s’il est à l’aise avec l’idée. Elle se borne à hocher la tête, sans relever le ton sec de Lola, toute absorbée qu’elle l’est soudain par Lennon. Les regards se croisent brièvement et Grace quitte à son tour son poste d’observation, à la recherche de la petite fille qui détonnait dans ce cercle d’adultes : si personne d’autre de son âge ne venait, au moins Grace pouvait régresser à ses cinq ans le temps d’un soir. « ...de mal. Au moins maintenant je sais avec qui elle veut se marier. » Elle est relativement surprise de retrouver Morgane et Jessian auprès de Clément, sortant visiblement d’une longue conversation chargée d’importance dont Morgane avait le secret.

“Hé, vous vous connaissez ? C’est dingue comme le monde est petit !”

L’artiste se permet d’approcher lorsque la conversation semble atteindre un blanc, et valse dans le trio avec son aisance habituelle. Ses yeux sont de la taille d’une soucoupe - si elle avait su que Jess et Jordan se connaissaient aussi, ils en seraient probablement tombés de leur orbite. Elle remarque immédiatement que Clément ne semble pas très à l’aise et relance sans gêne ou attente : “Je connais Clément de l’hôpital, on a des rééducations ensemble.” A son ton ravi, on dirait presque que c’est une excellente chose. “Et Clément, je connais Jessian depuis loooongtemps. J’ai commencé la photo avec elle, en vérité. On va dire que c’est un peu ma première inspiration.” Sourire radieux en direction de la jeune femme. “Vous vous connaissez d’où ?” Il n’aurait pas suffi de détourner l’attention, il fallait évidemment mettre les pieds dans le plat.

“Vous avez eu le temps de regarder ? J’peux vous faire un tour privé, si vous voulez.”

Spoiler:

« Bonsoir, je m’appelle Jill. » Lennon lui rendit son sourire, cette jeune femme avait l'air très amicale, souriante et discuter de la toile en attendant que quelque chose de passe. Que Grace ou Lola ou les deux portent un toast, fassent un discours. D’ailleurs, elle jeta quelques regards à Grace qui semblait faire de même, Lennon lui lança un dernier regard, les lèvres pincées avant de se recentrer sur la dénommée Jill. « On… Oui, des amis de Lola. Des amis assez proches. Et vous ? » Elle avait perdu de vue Jordan. Enfin, elle savait où il se trouvait mais ne lui adressait pas un regard. Elle n'avait pas le temps de s'attarder sur lui ce soir. « Lennon Warner, je suis architecte d’intérieur, et amie de Lola. » Elle ne mentionnait pas son nouveau job d’animatrice télé pour ABC, parce que premièrement ça faisait vraiment celle qui se la pétait et deuxièmement parce que l’émission n’était pas encore assez connue et Lennon et Mila n’étaient pas médiatisées. C’était parfait ainsi. Pourquoi avait-elle signé ce contrat alors si n’était pas pour toucher du bout des doigts la « notoriété » ? C’était juste pour les chiffres. Tout simplement. Ce contrat lui permettait d’avoir plus de client, elle s’en foutait d’être connue. Et si sa médiatisation pouvait se faire dans le tard, ce n’était que mieux. Puis pas étonnant que beaucoup d’amis soient là ce soir pour la soutenir. Elle était talentueuse est gentille, qui n’avait pas envie de la soutenir ce soir pour son premier vernissage ?
« Vous voulez aussi l’acheter ? » Lennon n’avait pas encore pris de décision définitive mais ce n’était pas une option à négliger. Elle ne savait pas si elle allait acheter cette œuvre-là en particulier. « Peut-être, je ne sais pas. » Il y avait aussi les photographies de Grace qu’elle n’avait pas encore pris le temps de contempler. Lennon n’était pas du genre à prendre des décisions sur un coup de tête surtout quand il s’agissait d’un achat pour un client. Mais la peinture que regardaient Lennon et le couple était à son goût, et sans doute à celui d’Evan. « À vrai dire, il y a d’autres œuvres que je n’ai pas eu le temps d’analyser, mais celle-ci me plaît bien. Après, si elle vous plait vraiment et que ça vous tient à cœur de la prendre, je peux me rétracter. » Elle tâter le terrain, pour savoir si le couple était vraiment intéressé par la toile. Si leur volonté d’achat était sérieuse ou juste passagère.

Spoiler:

Morgane t’a encore filée entre les doigts, elle s’est échappée pour elle discuter avec un jeune homme que tu ne connais pas ce qui te laisse penser qu’elle non plus n’a pas la moindre idée de qui il est. Freya avait exagéré la dernière fois que tu l’avais vue mais à cet instant, l’idée d’avoir une laisse pour empêcher Morgane d’embêter tout le monde dans cette galerie te semblait presque attrayante. Heureusement pour toi, le jeune homme ne semblait pas trop lui en tenir rigueur même si tu manquais pas le malaise qu’il semblait ressentir face à une petite fille. Morgane qui l’avait apparemment vu en photo chez Sky. Il se présenta puis te demanda si tu parlais bien de ta soeur et la réponse était oui. La manière dont il te regardait et son air légèrement inquiet et fit te demander quel lien les unissait réellement : « Comme dans Sky Reed en effet, c’est ma petite soeur et la tante de ce démon au visage de princesse. » Dis-tu en posant tes mains sur les épaules de ta fille qui leva les yeux au ciel. Comment est-ce qu’à presque cinq ans elle maitrisait déjà cette expression à la perfection était un mystère … Tu n’eus pas le temps de questionner le jeune homme que Grace revint vers vous, étonnée que vous vous connaissiez. Elle ne vous laissa pas le temps de répondre qu’elle vous confiait comment elle vous connaissait tous les deux. Un sourire sur les lèvres, tu lui dis : « On ne se connaît pas vraiment, apparemment Clément est un ami de ma soeur si on en croit détective Morgane. » Tu désignais ta fille qui fit son petit air innocent. Elle n’avait pas toujours conscience des dégâts qu’elle pouvait causer, il allait falloir que tu parles de cela avec elle. Grace vous demanda ensuite si vous aviez fait un tour et cette fois, tu étais ravie de dire que tu avais bien fait les choses. Mais comme d’habitude, Morgane prit les devants. Comment est-ce que cette enfant ne pouvait pas avoir une once de timidité ? Cela te fascinait … « Avec maman on a fait tout un tour et mes préférées c’est celles avec de la glace ! Et j’aime aussi la peinture où c’est la dame en robe de princesse au milieu des loups mais maman elle a dit que c’était  pas toi qui l’as fait. » Dis Morgane presque d’un trait. Tu ne savais pas ce que le futur de ta fille te réservait mais tu n’allais pas t’ennuyer. « C’est magnifique Grace, vraiment. Vous avez fait un super boulot et je ne suis pas la seule à le penser. Si tu as un peu de temps, tu peux nous montrer les oeuvres que tu préfères, ce sera avec plaisir. » Tu ne voulais pas accaparer son attention non plus, ce soir, elle méritait d’avoir l’attention de tout le monde. « Et il faudra que l’on aille féliciter Lola, comme tu peux le voir elle a une fan. » Dis-tu amusée.

Spoiler:

Je suis face à la grande soeur de Sky, Jessian vient de me le confirmer. Et je fais quoi maintenant ? Je reste là à faire comme si de rien n'était ? De toute manière il n'y a pas écrit « salut j'ai couché avec ta sœur juste parce que j'étais high on drugs et pour confirmer mon homosexualité! Haha ! Bye » sur mon front donc ça devrait le faire,non ? A moins que Jessian et Sky soient assez proche l'une de l'autre pour que la plus grande soit au courant de la vie charnelle de sa cadette ? J'avoue que ce point là m'étonnerait pas mal.  « Je vois» dis-je en souriant. Acting : on!. J'use de mes talents de comédien professionnel pour ravaler tout ce qui pourrait s'apparenter à un malaise  «Je ... »

j'allais dire quelque chose, ajouter un truc particulier, lorsque la voix de Grace me coupe la parole. S'étant approcher elle s'extasie devant le fait que je connaisse Jessian avant que son débie de parole ne s'accélère. Elle explique à la jeune femme devant moi que nous nous connaissons de l'hôpital puis m'apprend, à moi, que Jessian est sa muse en terme de photographie.  «Oh ...oh mais ouiiii ! » m'exclamais-je en me redressant et me reculant d'un pas, prenant le temps d'observer Jessian  «Y a des photos d'elle dans ton book, pas vrai ?  » demandais-je à Grace avant de reporter mon attention sur Jessian  « Je suis persuadé de t'avoir déjà vu sur l'une des nombreuses photos que Grace m'a montrées» expliquais-je en haussant les épaules.

Je lance un coup d'oeil vers mon amie  «Et non effectivement on ne se connaît pas. Mais je connaît bien Sky » je porte le verre à mes lèvres et le fini d'une traître  « Etant donné qu'on travail au même endroit. Enfin elle est stagiaire à la northlight et elle m'a déjà pas mal aidé» que ce soit pour virer la vermine qu'est Joshua ou pour affirmer ma sexualité  «Elle va bien d'ailleurs ? » demandais-je en reportant mon attention Jessian.

Après quelques secondes, c'est au tour de Grace de reprendre la parole, nous demandant si nous avons déjà fait le tour de toutes les œuvres. Alors que Jessian décline son offre, je vois là l'occasion rêvé de quitter cette compagnie qui me met plus mal à l'aise que je ne le voudrais  «Avec plaisir pour le tour privé ! » acceptais-je son offre avec entrain en commençant à me mettre en route  «Si on a plus l'occasion de se parler » ajoutais-je toutefois à l'attention de Jessian  «sache que Morgane a déjà planifiée tout son mariage jusque dans les moindres détails et elle m'a dit que je pouvais venir moi aussi. Donc ...  » je lève innocemment les mains en l'air  « J'attends l'invitation officielle hein !» annonçais-je théâtralement avant de rigoler de bon cœur et attraper le bras de Grace pour m'éloigner avec elle.

Une fois plus loin et hors d'écoute, je laisse échapper un lourd soupire et me passe une main sur le visage  « De toutes les personnes qui auraient pu croiser mon chemin, il a fallut que ce soit la sœur de Sky» soufflais-je en secouant la tête. J'estime qu'il est inutile de me cacher sous mon masque d'acteur avec Grace étant donné les secrets que nous avons déjà partager elle et moi.

Spoiler:

Vingt heures, selon le portable de Sixtine. Elle pianota un message à l'adresse de @Grace Coughlin: J'arrive. Pas sûr que la brune aurait vraiment le temps de zyeuter son appareil, mais au moins aurait-elle prévenu. Elle n'était pas en retard. Enfin, pas vraiment. Le vernissage devait bien durer toute une partie de la soirée de toute façon, non ? Elle n'aurait pas vraiment pu faire beaucoup mieux, de toute façon: elle avait terminé le travail à dix-neuf heures - @Saül Williams était vraiment un patron très exigeant, mais elle adorait ça -  alors le temps de rentrer prendre une douche, se changer puis redescendre jusqu'à Logan City... Non, vraiment, elle n'aurait pas pu faire mieux. Elle marchait d'un pas vif, la jeune Smith, ne voulant tout de même pas arriver trop tard, ce serait bien dommage. D'autant plus qu'elle était d'humeur légère, ce soir. Peut-être achèterait-elle à sa meilleure amie un tableau, ou alors un de ceux de sa collègue, qui sait. Après avoir dévalé quelques rues avec rapidité, perchée sur ses talons hauts, Sixtine arriva à l'adresse dite. Béni soit Google Map.

La jeune femme vérifia sa tenue dans une des vitres du bâtiment avant de rentrer, discrètement. Elle recala une de ses mèches blondes derrière son oreille, ses cheveux étant attachés en un chignon lâche. Habillée d'une rober très simple, sans manches ni décolleté, blanche avec quelques motifs perlés style indien sur la bordure arrivant à mi-jambes, Sixtine avait adopté un style classe, convenant à une exposition, mais pas m'as-tu-vu. Elle n'était pas la reine de cette soirée, et comptait bien n'être là que pour faire briller un peu plus son amie, et la féliciter pour son travail. Malgré tout, son sens de la mode et des convenances lui avaient prescrit de choisir un dress-code un minimum distingué et hype, tout de même. Finalement, la plus jeune des Smith entra, et prit distraitement l'une des brochures laissées à disposition sur une table haute à l'entrée de la salle. Il y avait déjà du monde, cela fourmillait de partout. Un sourire s'arracha à ses lèvres, au moins Grace et sa collègue semblaient avoir du succès. La blonde ne se pressa pas pour les trouver, se doutant qu'elles étaient submergées de personnes venant leur parler. Sixtine feuilleta distraitement le petit pamphlet, qui ne parlait que des oeuvres de la brune; elle sourit, cela ne l'étonnait pas. D'un coup d'oeil autour d'elle, la blonde avait pu deviner que les oeuvres de son amie avaient un sens largement plus politique que celles de sa comparse, probablement plus tournées vers le sens artistique et l'interprétation personnelle. L'étudiante commença un tour de salle, observant d'un oeil intéressé les oeuvres des deux artistes. Elle sentit son coeur se gonfler de fierté pour sa meilleure amie en contemplant ses oeuvres, et nota dans sa tête plusieurs peintures de l'autre artiste - Lola, au vu du nom exposé - qui l'intéressaient.

Pourtant, la blonde finit par s'impatienter, et part en quête de son amie. Elle la voit, plus ou moins isolée avec un jeune homme, qui tourne le dos à Sixtine. Celui-ci lui dit étrangement quelque chose, mais elle ne saurait dire quoi. Il faudrait qu'elle voie son visage pour le reconnaître, si cela était possible. Allez, de toute façon, c'était bien là ce qu'elle comptait faire. Elle avança d'un pas décidé vers le duo - et tant pis si elle dérangeait, priorité aux salutations envers Grace d'abord - et arriva sur leur côté, les surprenant. Hey, Grace ! La blonde vint la serrer brièvement dans ses bras. Elle aurait voulu lui dire à quel point elle était contente pour elle, lui demander où se trouvait sa collègue aussi, car décidément un tableau lui avait tapé dans l'oeil, et mille autres choses, mais elle fut stoppée dans on élan. Elle venait de reconnaître celui avec qui Grace papotait jusque-là. Clément, le salua-t-elle platement. L'un et l'autre n'arrivaient pas à s'entendre, probablement parce que le danseur avait pris la jeune fille en grippe quand il avait vu qu'elle s'entendait très bien avec Loan, et que celle-ci ne supportait pas d'avoir été jugée ainsi d'un seul regard. Si elle avait voulu faire sa peste d'ailleurs, elle aurait pu le tacler sur les news sorties ces dernières semaines à son égard. Cela la démangeait énormément, par ailleurs. Autant qu'elle aurait eu envie d'être compatissante envers n'importe qui d'autre, sachant très bien que les médias pouvaient être un véritable enfer à côtoyer. Camil faisait de son mieux pour ne pas en faire les frais, maintenant qu'il se lançait réellement en politique. Donc oui, que ce soit pour faire preuve de compassion comme de la plus basse des méchancetés, la benjamine Smith en était capable. Ce qui sauva Clément fut sans doute le contexte dans lequel ils se trouvaient: par respect envers Grace, la blonde décida de ne pas instaurer d'ambiance délétère. Elle se retourna vers sa meilleure amie: Comment ça va ? Tu n'es pas trop stressée ? Sixtine faisait rarement dans l'étalage de sentiments, mais elle se doutait du niveau d'angoisse de son amie, et si il y avait bien une personne à qui elle tenait en dehors de sa famille, c'était à Grace. D'où l'exception à la règle. Ne voulant pas exclure Clément malgré tout - quelle grandeur d'âme aujourd'hui, décidément - elle demanda: Vous vous connaissez ? Elle sonda le garçon du regard, se demandant bien quel type de liens ils pouvaient avoir. Qu'il prenne garde: c'était SON amie d'abord ! Elle ajouta en s'adressant à l'artiste exposante, avec grand intérêt: Il faudra que tu me présentes ta collègue. J'ai flashé sur un de ses tableaux !

Elle retrouve Clément et Jessian qui, apparemment, se connaissent, mais ne s’apprécient pas pour autant. Il lui suffit deux secondes à proximité de Clément pour interpréter son langage corporel et le voir en retrait, gêné, cherchant à tout prix à s'extraire de la situation. « On ne se connaît pas vraiment, apparemment Clément est un ami de ma soeur si on en croit détective Morgane. » La tension que Clément exude n'est visiblement pas retournée par Jessian, laquelle a l'air relativement ravie de rencontrer des proches de sa sœur – c’est donc tout naturellement que Grace parvient à la conclusion que c’est la sœur, qui met Clément mal à l'aise, à moins qu'il ne soit purement et simplement allergique aux enfants. Dans les deux cas, il lui faut un plan, et vite : elle ne veut pas laisser son ami dans une situation délicate, malentendu ou non, malaise réciproque ou pas. Le jeune homme repart quand même d'une tentative d'explication et une amorce de détente, explique d'où il connaît la sœur de Jessian et demande de ses nouvelles – Grace redresse un peu les amarres, propose d'embarquer les deux pour un tour plus personnel, maintenant que la foule s’est un peu dissipée et qu'elle n’hyperventile plus dans les toilettes. Morgane a l'air plus que ravie, nommant déjà ses toiles et photo favorites. “C’est même pas la peinture sur laquelle je suis ? Je suis très déçue.” La moue faussement triste de la Coughlin tire un regard alerté à Morgane : “T’es sur une peinture ? J’ai même pas vu !” “Va falloir rattraper ton erreur, alors. Elle est super belle, en plus.”

«Avec plaisir pour le tour privé ! »

Clément semble malgré tout pressé de quitter la situation, quelle qu’elle soit - Grace lui répond de son sourire le plus innocent et enjoué : “Super. Viens, je vais te montrer.” Les compliments de Jessian, que le jeune homme commence déjà à quitter, lui tirent un énième sourire : entre le fait qu’elle soit venue et qu’elle apprécie ce qu’elle voit, la soirée ne pourrait se passer mieux. “Et Jess, Lola est vers le buffet, je crois, si tu veux lui passer tes félicitations. Ca lui fera plaisir, elle était stressée comme jamais tout à l’heure. Je vous ferai un tour après, faut que je te parle du...du projet dont on avait parlé l'autre fois.” C’est complètement débile et parfaitement impromptu et, honnêtement, elle est à des lieues de penser à un retour dans la photographie érotique, a fortiori vis-à-vis de Lola qui vient de surprendre un message sur un plan à quatre, mais il lui faut trouver une technique pour extraire Clément de son malaise et pour séparer le duo. C’est la seule chose qui lui vient à l'esprit et il faudra que ça fasse l'affaire.

“Et c’est quoi au juste, l’histoire avec Sky ?”

C’est tout ce qu’elle demande une fois qu’ils sont un peu éloignés et qu’ils commencent à faire le tour des oeuvres. Grace n’a rencontré personne de la famille de Jessian, ni beaucoup de ses proches par ailleurs - et une énième fois, le monde semble tout, tout petit, et elle ne sait comment s’ajuster à sa petitesse sans être complètement larguée. “Elle bosse avec toi, c’est ça ?” A des lieues de se douter de la vraie réponse, évidemment. Ils ont à peine le temps d’en parler qu’une voix qu’elle aurait reconnue entre toutes l’interpelle :

“Sixtiiiine !! T’es venue !”

Elles s’étreignent rapidement et le malaise semble revenir. Grace se demande si c’est Clément qui traîne une mauvaise aura avec lui ou si c’est un mauvais esprit qui s’est décidé à hanter le vernissage par ce soir pluvieux sans trop d’activités possibles. “Ca va. Mieux, en tout cas. L’expo a l’air de plaire aux gens, y a plusieurs intéressés pour des achats...ça fait plaisir. J’ai l’impression d’être connue, et tout.” Elle ponctue sa réponse d’un sourire espiègle et ça ne suffit toujours pas à dissiper l’atmosphère tendue. Vous vous connaissez ? Décidément, la question semble populaire, ce soir. “Oui, on a nos rééducations ensemble, à l’hôpital. Je suppose que je vous retourne pas la question…?” Autant prendre le parti d’en rire, au point où on en est. “Je fais un tour des oeuvres avec Clément et je te la présente quand tu veux. Au fait, c’est ma collègue, mais on est ensemble, aussi.” Voilà : une autre personne importante à rencontrer pour Lola, afin de se faire les pieds avant que sa mère arrive. Quoiqu’elle n’est pas sûre que Sixtine ne soit pas plus dure qu’Alexis.

Spoiler:

On est légèrement en retard et j’oscille entre m’en vouloir à mort et ne pas m’en vouloir du tout, puisque finalement on avait de bonnes raisons de l’être cette fois-ci. N’en reste pas moins que cela importe peu, j’imagine que notre absence est passée inaperçue au regard de toutes les têtes et corps étrangers y étant associés qui emplissant déjà la galerie. J’en reconnais certains, me moque déjà de la présence de Gregory et prépare la pire remarque de merde que j’ai en stock ; mais voilà que ma moquerie passe directement vers Clément, à qui je suis sûr je devrais donner des nouvelles de son cher ami Leo et le prévenir que la voie est désormais libre. Lola et Grace au loin, bien sûr, les vedettes de la soirée. Elles méritent les feux des projecteurs et même si j’en veux encore énormément à la blonde et que je ne lui dirai jamais une telle chose en face, je n’en pense pas moins. Mes yeux dérivent finalement vers la soeur McGrath et je ravale une envie de meurtre ; vers son mari et je me contente d’hocher la tête aussi silencieusement que dramatiquement. Parce que maintenant on est amis, je crois. Ou neutres, en tout cas.

Ginny tend la main par habitude pour attraper les mignardises qu’on nous propose, je me fais déjà un ennemi dans les rangs des serveurs en lui lançant le regard le plus noir que j’ai en stock. Non. Je ne sais pas si elle attrape un guide explicatif des œuvres ou non, peu m’importe, je suis son mari pas son espion. Elle peut bien faire ce qu’elle veut, Ginny, tant qu’elle laisse reposer sur son épaule mon bras qui une fois sur deux vient s’amuser à la chatouiller avec ses propres cheveux dès lors qu’elle s’y attend le moins. J’avance le plus sagement du monde, sans faire aucun zèle, mon regard passant d’un dessin à une photographie, d’une photographie à un dessin.

Le style de Lola est reconnaissable entre mille non pas parce qu’il n’a rien de particulier, seulement parce qu’elle évolue à nos côtés depuis assez longtemps pour que je sache parfaitement comment elle travaille et quel en est toujours le rendu. Ce n’est pas parce que je ne le montre pas que je ne regarde jamais ses œuvres, une fois le soir venue et la galerie fermée au public, une fois que tout le monde est parti sauf moi parce que pour la troisième fois de la semaine j’aurai encore oublié mes clés à l’intérieur.

La marque de Grace ne m’était que vaguement connue, elle m’intéresse encore un peu plus aujourd’hui que tout est grandeur nature, des millions de pixels, un objectif d’appareil photo qui doit valoir bien plus cher que mon âme encore. Elle oscille entre paysages et scènes de vie, son style est coloré au milieu de la nuit et je suis prêt à mettre ma main à couper que cela plait autant à Ginny que cela me plaît à moi. Elle a du talent, elle aussi.

Elles devraient travailler ensemble, pour sûr, et c’est le mari qui n’a jamais voulu travailler avec sa brune si ce n’est une fois et une seule qui le dit. Elles forment un bon duo, peu importe sa forme, peu importe le moment.

La réaction de Clément face à la confirmation de ton identité n’est pas vraiment celle que tu attendais. Si Morgane disait vrai et qu’il était en photo chez Sky ou sur le téléphone de cette dernière, c’était qu’il devait jouer un rôle dans sa vie non ? On ne garde les des photos des gens que l’on ne peut pas supporter n’est-ce pas ? Mais sa réaction te laisse penser que Clément et Sky c’est peut-être plus compliqué que de simples amis comme tu l’avais imaginé. Et connaissant Sky, cela ne t’étonnait pas. Tu ne cherchais pas à en savoir plus, sentant que le sujet était glissant. Tu ne manqueras pas de toucher un mot de cette rencontre à ta soeur à l’occasion cependant. Grace vient sauver cette discussion en vous présentant et en monopolisant la parole. Tu découvres que Clément t’a déjà vue en photo dans le book de Grace et tu trouves cette idée amusante. Effectivement, tu avais posé pour la jolie brune à de nombreuses reprises au début de sa carrière. Que ses photos soient toujours dans son book te touchait énormément. Tu laissais Clément vous dire d’où il connaissait Sky et tu fus surpris par sa question. Apparemment il ne l’avait pas vue depuis quelques temps ce qui laissait penser qu’ils n’étaient plus réellement en contact. « Elle pourrait aller mieux mais globalement ça va. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu n’avais pas envie de t’éterniser sur les problèmes que rencontraient Sky avec la perte de sa vue. A la proposition du tour privé de Grace, Clément sauta sur l’occasion et tu ne l’en blâmais pas. Avant de vous quitter, il te dit toutefois : « Si on a plus l'occasion de se parler, sache que Morgane a déjà planifiée tout son mariage jusque dans les moindres détails et elle m'a dit que je pouvais venir moi aussi. Donc ... J'attends l'invitation officielle hein ! » Tu souris en secouant la tête. Morgane en train de se marier n’était pas quelque chose que tu voulais envisager. Ni aujourd’hui, ni plus tard. Ton mariage à toi t’avait marqué au fer rouge et c’était bien assez traumatisant comme cela. « Je prends note et je ne manquerai pas pour l’invitation dans une trentaine d’années je dirais. » Dis-tu avec un sourire alors que Grace te glissa : « Et Jess, Lola est vers le buffet, je crois, si tu veux lui passer tes félicitations. Ca lui fera plaisir, elle était stressée comme jamais tout à l’heure. Je vous ferai un tour après, faut que je te parle du...du projet dont on avait parlé l'autre fois. » Tu la regardais avec de grands yeux. Tu ne pensais pas que Grace allait réellement vouloir travailler sur un projet de ce genre avec toi. Bien sûr que tu le feras, ce n’est pas la question mais tu n’avais pas pensé que l’idée ferait son bout de chemin de cette manière. « On en parle quand tu veux, l’offre n’avait pas de date de fin de validité. » Rappelas-tu à la belle brune avec un sourire avant de la laisser partir. Si Grace était trop occupée ce soir, vous pouviez en parler une autre fois sans problème. Morgane n’avait pas manqué de retenir les paroles de ton amie et elle te tirait déjà vers le buffet où se tenait en effet Lola dans sa belle robe avec sa chevelure blonde. Elle était magnifique, tu n’avais pas de problèmes à comprendre que Grace ait été attirée par une si belle demoiselle. D’ailleurs, tu essayais de ne pas trop y penser car tu ne savais pas exactement dans quoi tu mettais les pieds. Accrochant un sourire sur tes lèvres, vous arrivâtes à la hauteur de la jeune femme : « Lola ? » Demandas-tu pour attirer son attention. Morgane s’était cachée derrière tes jambes, soudainement timide face à la créatrice de ces belles oeuvres. « Nous voulions te féliciter, tes tableaux son magnifiques. C’est du très beau travail. » Tu étais sincère dans tes paroles et tu espérais que le compliment sera bien reçu. « J’espère que le stress est retombé, je ne doute pas que vous arriviez à vendre plusieurs pièces ce soir. » Ajoutas-tu pour faire la conversation et parce que tu avais entendu certaines personnes mentionner leur intérêt à se positionner pour acheter certaines photos ou peintures.

Spoiler:

C'était juste un (ou deux, ou trois, juste trois promis) mini-brownies, en vrai c'était tellement rien. J'aurais bu des tas de litres d'eau pour faire passer la chose, j'aurais même mangé mon poids en pommes et en oranges s'il l'avait fallu, j'aurais été sage, si sage. C'est rien un (ou deux, ou trois, juste trois promis) mini-brownies, mais le serveur et Auden et le monde entier pensent pas pareil que moi apparemment, lorsque je sens que peu importe où nos pas nous mènent dans la galerie, y'a toujours un sillage de plateaux avec des desserts variés qui s'échappent de mon regard. C'est vraiment fun, d'avoir un bébé. Grr.

Lola est entourée de dizaines de visages, certains connus, d'être que je ne maîtrise pas totalement, mais elle a l'air heureuse. Stressée, angoissée, au bord d'avoir besoin de s'isoler pour respirer un peu, mais heureuse quand même. D'office je cherche la moindre zone de calme à lui pointer du menton à la seconde où ses prunelles attraperont les miennes au vol, lui offrir une porte de sortie et une énième bouffée d'air si elle en a besoin. Mais aucun mot ne sort de ma bouche, le sourire est poli sur mes lèvres. J'ignore où on en est tous depuis l'autre fois, et honnêtement c'est le dernier de mes soucis lorsque je la vois à distance réaliser un rêve sans même le capter, les oeuvres qui se cumulent aux murs de sa signature à elle, et de celle de Grace.

Et Grace justement, elle a un oeil impeccable. J'ai passé une longue poignée de minutes à fixer l'une de ses photographies, ma préférée. Je l'ai scrutée, je l'ai admirée, je l'ai critiquée, aimée encore plus. Auden a sûrement eu le temps de faire autant de noeuds dans mes cheveux que de les défaire, pauvre gars qui déteste rester immobile quand je le suis parfaitement, moi, pour deux. Mes doigts tracent des lignes imaginaires sur son poignet, celui qui guérit de mieux en mieux, celui qui longe mon épaule et que j'embrasse à la volée, distraite. Les habitudes qu'on a prises et la bulle qui vient avec, qu'on stabilise depuis qu'on y a le droit. Je le réalise pas.

« Si jamais on est ce genre de gens qui veulent des photos du pendant, j'aimerais que ce soit elle qui les prenne. » le pendant qui vaut pour la grossesse, le pendant qui vaut pour le secret qu'on tient du mieux qu'on peut depuis presque deux mois déjà. Je sais que pour Noah, la vie a rendu les choses bien plus compliquées et que les souvenirs du pendant auraient fait bien plus mal que tout le reste. Pourtant, cette fois-ci, rien ne fait mal, rien ne stresse. On verra, on y pensera, et on avisera aussi - pour ne pas se retrouver avec des trucs si clichés et trop cheesy. Son style à Grace, il me plaît à moi aussi.