Lola tentait de se raisonner. C'était impossible à 100% que Grace et Jordan se proposent de coucher ensemble. C'était donc une plaisanterie. Elle avait tendance à perdre le sens de l'humour lorsqu'il s'agissait de perdre la personne à laquelle elle tenait. Peut-être que c'était dû à tout ce qu'elle avait morflé après la rupture avec Yele. Peut-être que c'était simplement sa façon d'être constamment à fleur de peau, et surtout le soir du vernissage, où leur travail allait rencontrer les regards de tant de personnes qu'elle aimait et d'autres qu'elle ne connaissait pas encore. Ses quelques minutes de solitude, en tout cas, l'aidèrent à s'apaiser. Elle sursauta lorsque Jessian l'appela, et se tourna vers elle et Morgane. "Nous voulions te féliciter, tes tableaux son magnifiques. C’est du très beau travail. J’espère que le stress est retombé, je ne doute pas que vous arriviez à vendre plusieurs pièces ce soir." Lola fit son plus beau sourire de la soirée, et rougit de la tête aux pieds. "Merci beaucoup, c'est adorable. Le stress retombera dans quelques semaines, je pense", et elle eut un rire profond, honnête, encore un peu nerveux, "mais je suis tellement reconnaissante à Grace de m'avoir poussée à passer le cap. C'est ma première exposition, et je n'y serais jamais arrivée sans elle." Et elle retrouvait le nord et le cap tout en parlant, intimement convaincue qu'elle s'était mépris sur le texto qu'elle avait entrevu, et laissant tomber la colère et la peur.

Par-dessus l'épaule de Jessian, elle vit le couple qu'elle avait sans doute le plus attendu, au fond, et celui dont elle s'était permis de douter s'ils viendraient ou non. Ce vernissage n'aurait pas eu la même saveur si elle n'avait pas pu le partager avec eux. "Excuse-moi, je vois mes boss", elle les pointa du doigt, "je travaille dans leur galerie", expliqua-t-elle, et elle sentait son soulagement atteindre ses yeux et ses épaules, et elle prit une profonde inspiration, "merci encore d'être venue, en tout cas", conclut-elle avec un dernier signe de la main vers Morgane.

D'un pas léger, Lola fila vers Ginny et Auden, et c'était bien sûr tout à fait interdit et inconvenant et pas-du-tout-élégant, mais ils étaient si proches l'un de l'autre qu'elle ouvrit les bras et leur fit un câlin collectif forcé. A l'oreille d'Auden, elle glissa : "Je suis désolée", car il était temps de rendre la pareille, bien qu'elle déteste, elle aussi, prononcer ces mots, et qu'elle parvenait toujours à s'en sortir autrement (en clignant des yeux ou en décochant des sourires Colgate). Elle s'éloigna d'un pas pour les regarder tous les deux, avec la moue d'une enfant de trois ans qui retrouve ses cousins après des mois. Elle avait presque envie de sauter devant chaque toile pour qu'ils ne puissent pas trop voir son travail, parce que ça continuait de l'intimider. Elle aurait aimé leur demander si ça leur plaisait, mais les mots ne sortaient pas, donc elle passa d'une jambe à l'autre, pas trop sûre de ce qu'elle voulait dire. "Je suis vraiment vraiment vraiment vraiment vraiment vraiment vraiment contente que vous soyez là." Et elle remarqua que les doigts de Ginny étaient déjà couverts de brownie, et elle eut un sourire mi-amusé, mi-ému. "Drapeau blanc ?" demanda-t-elle, tout en sachant que c'était trop tôt, qu'Auden allait refuser, que Ginny dirait que oui mais que tout ne serait pas résolu, qu'il y avait des niveaux de vérité qu'on n'abordait pas en public, et pourtant il aurait fallu le faire, mais Lola faisait comme elle pouvait et comme elle savait, avec le peu de gestion de conflits qu'elle avait appris (c'est-à-dire : zéro, niet, rien du tout).

Bonsoir ! J'ai vu de la lumière, alors j'suis entré. Il resterait pas une brochure par hasard ? Une des préposées à l'accueil et au service des visiteurs de ces lieux magiques me tend un papier sans rien dire, semblant comme obnubilée par mon visage. Quoi, j'ai pris un coup de soleil ? J'ai un bout de salade entre les dents ? Pas de trace de bagarre, je me suis pas battu depuis au moins deux mois. Oui madame, je suis un garçon sage. Je prends donc le pamphlet qu'elle a encore en main, véritablement hypnotisée. Je vais être bon prince et m'éloigner, peut-être que le sortilège se dissipera, qui sait. Mon regard dérive autour de moi, alors que j'ai glissé la présentation dans la poche de ma veste blanche; elle ne m'intéresse pas en tant que telle en fait. C'est juste histoire d'avoir des coordonnées, si jamais je déniche une quelconque oeuvre intéressante dans le coin. On ne sait jamais. En plus, je ne savais vraiment pas qu'il y avait une exposition ce soir, ici ! C'est un coup du sort que d'être arrivé là, sans...

Bon ok, j'avoue. J'ai suivi Clément. Shhhhhhhht mais taisez-vous bon sang ! Pas besoin de jouer les indignés. Vu la passe qu'il traverse, je préfère le surveiller, de loin. Il n'imagine même pas à quel point je peux être bon stalker, quand je m'y mets. En fait, ce n'est pas si dur: son compte Instagram - qui a perdu pas mal d'abonnés ces dernières semaines, ce qui me désole mais qui ne m'étonne en rien - est une vraie mine d'or. Je pourrais limite dire où il est allé chaque jour de son existence depuis l'ouverture de son profil. Bref. Habituellement, je fais en sorte de rester loin, voire de ne pas le suivre du tout, gardant juste un oeil attentif à ses déplacements et... Oui, j'ai peut-être bien installé (ou plus exactement, fait installer) une appli de traquage reliée à son adresse I.P., ou une merde comme ça, je ne connais pas les termes techniques. Et alors ? Au moins, je sais où il va, et potentiellement ce qu'il fait. C'est extrême, vous trouvez ? Pas moi. J'ai perdu un fils, je ne compte pas perdre le deuxième pour des conneries. Alors je veille. C'est mon rôle de père.

Ce soir, la différence est que le lieu où il se trouve m'intéresse. Alors ni une, ni deux, quand j'ai vu où mon fils comptait passer sa soirée, je me suis préparé et j'ai décidé de sortir; ça me fera le plus grand bien, à moi aussi. D'ailleurs, à ma surprise la plus totale, je trouve les oeuvres exposées véritablement intéressantes. Notamment les photographies. Celle qui les a prises - car apparemment, les artistes sont deux femmes - est douée. Elle a du potentiel. Si je peux, j'irai lui toucher un mot. Je tourne la tête pour regarder un autre pan de mur quand une scène m'interpelle. Tiens, tiens. Monsieur Williams et sa dulcinée... Qui apparemment, est interdite de brownie. Oh, misère. Je me doute déjà de la raison, connaissant la situation actuelle de Ginny. Mais qu'importe ! Ne pleure pas, douce enfant ! J'arrive, je vais te sauver ! Ils se sont déjà écartés du buffet, partant plus loin, Auden ayant posé son bras sur les épaules de sa femme d'un geste aussi possessif que tendre. Ahah, une vraie guimauve. Je pourrais me moquer de lui. Je le ferai sûrement, d'ailleurs. Je m'approche de la table aux gourmandises, et analyse le tout. Je fais mon choix, stratégique, puis vole à la rescousse de Ginny. Telle une apparition fantomatique, j'arrive soudainement devant eux, remarquant à peine la blonde qui les a rejoint et la tension qui est apparue. Un sourire narquois sublime mon expression qui doit, sans nul doute, être au moins malicieuse, alors que mon ton se fait théâtral: Belle Dame, j'ai cru voir que l'on vous refuse ce délicieux plaisir sucré ? Que nenni, je vous l'offre. Je lui tends le bout de brownie, et instantanément, l'orage gronde auprès d'elle. Je tends immédiatement une coupelle de bâtonnets de concombres et le pose d'autorité dans l'autre main libre de Ginny. Je lève les yeux vers Auden, et réplique, goguenard: Pour empêcher sa glycémie de trop monter. Ça marchait très bien, exceptionnellement, pour Sara. Laissez l'expérience parler, les jeunes; je dédie à mon meilleur pote - si on peut considérer que j'en ai un - mon meilleur sourire, catégorie goguenard. Alors, on se promène en amoureux ? C'est alors que je réalise soudainement que je ne suis pas seul avec les tourtereaux. Je salue comme il se doit la bien jeune femme auprès de nous d'un sourire poli: Bonsoir. Vous connaissez la photographe ? J'aimerais aller lui toucher un mot de ses oeuvres.

Je fuis, littéralement et purement cette situation qui me met bien trop mal à l'aise. Comme d'habitude, en vrai, lorsqu'un moment est trop malaisant je le laisse derrière moi. Aujourd'hui n'est ni le bon moment ni le bon endroit pour avouer tous mes défauts. En plus Jessian en a sans doute rien à faire, non ? Dans tous les cas on verra bien si je lui en parle. Peut-être plus tard, si on se revoit par hasard un autre jour à un autre endroit. Pour l'instant je profite donc de l'offre d'un tour privé par Grace pour m'éloigner.

Et une fois que nous sommes hors d'entente, je laisse échapper un soupire ainsi qu'une phrase qui en dit sans doute long sur ce que je ressens en ce moment même. Evidemment, Grace est curieuse et évidemment qu'elle sait que je vais lui révéler le truc. Mais encore une fois je suis pris d'un brusque doute. Est-ce réellement le bon moment pour lui parler de ça ? Je soupire et pince les lèvres  « On a couché ensemble et c'est la plus grosse erreur de ma vie parce que je ne l'ai fait que pour me prouver qu'en fait j'aime les hommes» dis-je à voix basse, secouant la tête et déviant le regard tout en échangeant rapidement mon verre vide contre un autre verre alcoolisé cette fois-ci  «Bref longue histoire, c'est pas le moment de parler de ça parce que aujourd'hui c'est TOI la reine du show et ...»

Je suis coupé par la voix fluette et insupportable de Sixtine Smith. Cette fois-ci, pourtant, je ne laisse absolument rien paraître et la gratifie d'un simple et sincère sourire  «Bonsoir » que je la salue agréablement en prenant une gorgé de ma boisson. M'ignorant, elle s'accapare de Grace et je laisse les deux filles discuter quelques instants ensemble, avant que la blonde ne pose la question qui résonne dans la bouche de tout le monde : est-ce qu'on se connaît ? Non, sale conne, on est juste là à se raconter nos secrets parce que c'est plus fun de les dire à des inconnues. Voilà ce que j'aurais sans doute dit si on était seul dans un endroit où personne ne pourrait nous entendre. Mais c'est Grace qui répond. Une réponse, rapide, claire et précise.  «On se connaît juste de nom et rapidement comme ça »  expliquais-je lorsque mon amie nous retourne la question  « Sixtine est plus proche de mon copain et ...enfin on a pas encore eu l'occasion de réellement faire connaissance. Pas vrai ?» je pose mon regard sur Sixtine, toujours le même sourire agréable sur les lèvres. Ce n'est ni surjoué, ni pas assez, la comédie est parfaitement doser pour que quiconque nous aperçoive puisse croire que je suis on ne peut plus sincère.

Mais, alors que je reprenais une gorgé du punch alcoolisé, mon regard est inexorablement attiré par l'entrée et lorsqu'il se pose sur mon père, je m'étouffe -littéralement- avec ma boisson. Prit d'une subite quinte de toux que j'essaie de dissimulé comme je peux, je me détourne brusquement de l'entrée et tourne le dos à mon père, essayant tant bien que mal à reprendre le contrôle sur mes poumons. Mais étant donné la taille relativement petite de la pièce et le fait qu'on ne puisse pas réellement se cacher, je pense qu'il n'aura pas de mal à me repérer. On repassera niveau discrétion hein.

@Grace Coughlin & @sixtine Smith & @Allan Winchester

Mais quel petit con, sérieusement. Il croit tromper son monde, avec sa gueule d'ange et son ton poli qui se veut juste neutre comme il faut ? C'est en ça qu'il est surfait justement. Il transpire l'hypocrisie, et si Sixtine avait été la première à parler et donc à faire le choix du politiquement correct, elle n'avait pas été jusqu'à emprunter un ton qui se rapproche d'une espèce de sonorité mielleuse insupportable. Ah, il pourrait la faire sortir de ses gonds, cet acteur de pacotille ! Non, il n'est pas mauvais, mais il gavait tellement la blonde qu'elle l'insultait copieusement en son for intérieur, voilà tout. Heureusement que la jeune femme savait garder un self-contrôle à toute épreuve si la situation l'exigeait, sans quoi elle l'aurait étripé sur place. Verbalement ou physiquement, ça restait à définir. Comment cela, elle faisait dix centimètres de moins que lui et pesait sûrement presque deux fois moins lourd ? Aucune importance, elle aurait la rapidité de son côté, à ne pas en douter, et le côté peste qui savait la caractériser.

Stop. Restons calme. C'est l'exposition de Grace, aka la meilleure-amie, à ne surtout pas gâcher à cause d'un petit prétentieux comme Clément Winchester. Ne restait plus qu'à jouer au même petit sketch que l'artiste scénique en titre, et tant pis si ce n'était pas aussi convaincant que lui, au moins l'effort serait là. Grace ne manquerait pas de le noter, d'ailleurs, elle connaissait si bien la blondinette à ses côtés. En effet, j'ai plus souvent eu le plaisir de côtoyer Loan, répondit de sa voix la plus neutre possible Sixtine. Bon, assez joué, il allait falloir détourner la situation actuelle de sa trajectoire, sans quoi cela virerait à la catastrophe. D'ailleurs, l'artiste exposante amorce elle-même le détour, en annonçant devoir faire visiter les lieux à Clément. Parfait ! Ceci convint très bien à Sixtine, qui aurait tout le temps de retrouver sa bestie plus tard. Pas de problèmes, on se voit plus tard ! déclara la jeune femme d'un ton pimpant, avant de bloquer mentalement. Attendez... Elle avait bien dit "mais on est ensemble, aussi" ? Oh. Oh. OH ! Il s'agissait donc de la fameuse fille dont Grace lui parlait ces derniers mois, sans jamais dire son prénom ? Elles s'étaient tournées autour depuis si longtemps, et maintenant, c'était affaire conclue ?! Foi de Sixtine Smith, ceci demandait investigation, enquête, espionnage et confirmation d'identité. Ni une ni deux, l'étudiante quitta Clément et Grace, non sans un dernier sourire - si peu révélateur de ses intentions - pour son amie, alors que l'autre grand dadet ne méritait pas un seul regard de sa part. Elle n'eut même pas le temps de le voir s'étouffer dans sa boisson, ce qui n'aurait pas manqué de causer son hilarité.

Voilà une bonne occasion de flâner, de grignoter quelques bâtonnets de carotte et de concombres (ceux-ci étaient les seuls dignes de son estomac, hors de question de manger des toasts trop gras, trop riches en glucides et trop salés) tout en recherchant la fameuse ravisseuse du coeur de Grace.

@Grace Coughlin   , @Clément Winchester   , @Lola Wright

« On a couché ensemble et c'est la plus grosse erreur de ma vie parce que je ne l'ai fait que pour me prouver qu'en fait j'aime les hommes » Ah. Ah. Au milieu de cette foule complètement impromptue et venue exprès pour elle, ce qui était aussi exaltant qu’inespéré, parmi lesquels sa mère, son ex-beau-père, sa petite amie, et tout un fatras de gens qu’elle connaissait et qui se connaissaient sans qu’elle ne sache qu’ils se connaissaient, la révélation de Clément aurait pu paraître des plus anodines et pourtant c’est ce à quoi elle s’attendait le moins. Remettre en perspective : c’est le genre de chose qui arrive à tout le monde, personne n’est vraiment gold star - elle-même aurait pu s’en targuer, s’il n’y avait pas eu la nuit avec Jordan, et surtout la secte sous ayahuasca avec Yohan. Ce qui l’étonnait, surtout, c’était qu’un ami aussi proche que Clément avait, de manière tout à fait détachée de la sienne, couché avec la soeur de sa plus ou moins ex. Le monde ne finissait plus de se rapetisser, et pourtant Grace n’était pas au bout de ses peines.

Finalement, Sixtine et Clément se connaissent aussi, ne s’apprécie pas non plus ; le pauvre Clément se fait traîner d’embrouille en embrouille sans espoir visible d’en sortir. Heureusement, l’un comme l’autre se montrent des plus cordiaux, malgré l’hostilité qu’elle sent poindre chez la petite blonde. « On se connaît juste de nom et rapidement comme ça. Sixtine est plus proche de mon copain et ...enfin on a pas encore eu l'occasion de réellement faire connaissance. Pas vrai ? » Clément, lui, ne montre qu’une cordialité à s’en arracher la gueule, et ça fait presque rire Grace, maintenant qu’elle est sûre que la soirée ne va pas tourner au pugilat. En effet, j'ai plus souvent eu le plaisir de côtoyer Loan. Et quel plaisir elle semble ressentir d’avoir l’opportunité de côtoyer Clément davantage ! Grace détourne les yeux un instant, cherche à capter le regard de Lola dans la foule, histoire de s’empêcher de rire et surtout, de voir si la jeune femme n’avait encore sali aucune toile avec du vomi de stress. Bien au contraire : Ginny et Auden sont arrivés, et il leur reste une longue conversation à avoir, alors on devra plutôt s’attendre à du vomi de soulagement.

Puis Sixtine part, apparemment revigorée d’avoir quelqu’un sur qui se renseigner pour occuper le temps loin de Clément. Le sourire qu’elle lui envoie, reconnaissable entre tous, laisse peu de doutes sur le futur de Lola : elle sera largement soulagée de rencontrer Alexis après la rencontre à laquelle elle va être exposée. “Bon, on en était où ?” demande-t-elle une fois Clément retrouvé. “Ah oui : ton incursion dans le monde hétéro. Et du coup, elle l’a mal pris ? Elle avait des sentiments pour toi ? Et euh, c’était avant ou pendant Loan ?” Une fois la parenthèse refermée, la jeune femme continue comme prévu son tour des oeuvres : présente consciencieusement les siennes, s’attarde davantage sur celles de Lola. Le tour se termine relativement rapidement, assez pour qu’elle ait l’opportunité de croiser Lennon - l’occasion rêvée de s’excuser de ses oeillades déplacées et de redevenir à ses yeux une personne civilisée. “Je te rattrape dans deux secondes, Clément. Si t’as envie d’aller bécoter Sixtine, sens-t’en libre.” Regard taquin, moquerie assumée : ses yeux reprennent rapidement leur sérieux lorsqu’elle arrive à proximité de Lennon. “Bailey ! Tu vas bien ? Merci d’être venus, ça me fait vraiment plaisir. Lola doit être aux anges, aussi.” Elle gratifie le jeune homme et sa compagne d’un sourire, ostensiblement plus détendu qu’au début. Passage à la partie épineuse :

“Lennon, c’est ça ? Grace, enchantée. Et merci d’avoir ramené tes...clients ? patrons ? Enfin, Lola m’a dit que tu travaillais dans l’art.”

Enfin bref. Merci d’être venue. Désolée de t’avoir regardée un peu de travers, mais, WOW, tu ressembles quand même vachement à Rosa, je comprends que ça ait perturbé Jordan, désolée qu’il soit un peu con parfois. Il est parfait. J’ai déjà dit merci ?

Spoiler:

Une seconde on était seuls et la suivante le monde entier semble se retrouver près de nous. C’est à n’y rien comprendre, pour une fois je n’ai rien fait pour que cela arrive. J’ai eu le temps d’hocher la tête lorsque Ginny a parlé de Grace pour prendre des photos de la période avant que la petite amie (point d’interrogation) de cette dernière ne s’avance vers nous d’un pas décidé. Ma mâchoire se contracte dans la foulée alors que je ne la quitte pas des yeux, désormais plus du tout préoccupé de savoir si Ginny est en train de me mordre l’index ou le majeur. S’ensuit une Lola qui nous étouffe, trop empathique, trop liée, trop touchée par tout ce qui l’entoure - et qui me touche bien trop aussi en ce moment, son étreinte qui vole mon air au lieu de quoi que ce soit d’autre. Ma main libre ne sait pas quoi faire, elle reste donc ballante dans le vide, attendant qu’on retrouve tous la position qui est normalement la nôtre et enfin continuer le cours normal des choses. J’ai changé et évolué sur bien des aspects, n’en reste pas moins que le contact physique n’est toujours pas quelque chose que j’arrive à gérer. "Je suis désolée" Mon coeur se serre, elle prononce les bons mots avec bien trop de retard.

Je prends une grande inspiration silencieuse lorsqu’elle se défait de nous, le chauffage de la pièce poussé bien trop fort. La blonde se confond en excuses alors que je reste impassible, laisse simplement mon bras glisser des épaules de Ginny pour se reposer dans le vide à son tour. Mes doigts se crispent près de sa clavicule et elle n’avait pas à en ressentir la gêne, ce n’est pas juste. Lola se confond en excuses sans même savoir pourquoi elle le fait et même si une grande partie de moi voudrait lui dire que tout est oublié, j’ai bien du mal à le faire accepter au reste de mon cerveau qui refuse le tout catégoriquement. "Drapeau blanc ?" Aujourd’hui est sa journée pourtant et je n’ai jamais été aussi fière d’elle qu’en ce moment, raison pour laquelle je ne veux pas lui gâcher la journée. On en parlera plus tard, quand ce sera de nouveau le bon moment. En attendant j’esquisse un sourire que je veux rassurant et vient faire un pas en sa direction pour lui ébouriffer les cheveux - parce qu’elle avait une peluche sur une mèche, je le jure, c’est pour son bien. On peut enterrer la hache de guerre mais pour le drapeau blanc, elle sait tout autant que moi que ce sera long et difficile. Ma confiance est longue à se forger, elle l’est pourtant beaucoup moins à se briser.

Belle Dame, j'ai cru voir que l'on vous refuse ce délicieux plaisir sucré ? Que nenni, je vous l'offre. Bah tiens, parce qu’apparemment un problème n’était pas suffisant voilà que monsieur le grand seigneur s’ajoute désormais au tableau comme s’il en avait réellement le droit. Mes yeux lancent des éclairs à Allan mais il n’y comprendra sûrement rien de plus puisque mes yeux lancent toujours des éclairs à cet espèce d’imbécile qui parle trop et prend trop de place. Il saute à deux pieds dans le plat là où il ne le devrait surtout pas, mes sourcils se froncent alors que je m’interdis de faire une esclandre et renverser son satané brownie-plaisir-sucré de merde au sol. Pour empêcher sa glycémie de trop monter. Ça marchait très bien, exceptionnellement, pour Sara. Mes yeux s’écarquillent un instant, autant d’incompréhension que d’un muet “mais Allan ferme ta putain de gueule”. Je ne veux pas savoir comment il a pu additionner A + B dans son petit esprit fermé mais cela ne m’intéresse même pas, tant qu’il garde au moins le secret. Mes dents en viennent à emprisonner ma lèvres supérieure pour que je me force à réfléchir avant d’agir, concept étrange apparemment associé à l’âge adulte - normalement. Alors, on se promène en amoureux ? Je souffle. Quel lourd. “Si tu cherches ton gamin il est à huit heures, fais vite avant qu’il tombe amoureux de nouveau.” Je rappelle l’épisode Léo sans même une once de remord, un sourire sur le visage alors que je tends le menton en la direction du mini Winchester. L’étape deux sera de directement appeler ledit intéressé, si jamais son père pense encore se la jouer discret. Bonsoir. Vous connaissez la photographe ? J'aimerais aller lui toucher un mot de ses oeuvre. Le voilà qui prononce enfin des paroles qui font sens et moi qui vole le brownie des mains de la brune pour ne pas lui laisser aucune tentation. “Lola a monté l’exposition avec Grace, la photographe. Elle se fera un plaisir de t’accompagner vers elle je pense.” Le drapeau blanc est remis à plus tard et les envies de meurtres sur la personne d’Allan aussi. Mon plan est parfait et je ne me suis battu avec personne. Ils n’ont plus qu’à m’écouter ou au moins faire semblant. "Tu pourras faire semblant de t'y connaître : ton passe temps favori."

La conversation avec Jill, et ce qui devait sans doute être son compagnon était des plus cordiales et des plus légères. Elle oubliait à quel point parler affaire ou tableau l’apaisait. D’ailleurs la première option était assez effrayante en y repensant. Lennon trouvait-elle la paix intérieure dans sa vie de working girl surchargée qui n’a jamais le temps de se poser (sauf pour dormir la nuit et seulement cinq heures) ? Oui, clairement. Cette conversation avec la future maman était comme du travail en réalité. Elle allait sans doute devoir négocier cette toile avec son conjoint, qui sait. Bref, en tout cas, parler peinture et achat la calmait après cet échange contrariant avec Jordan. Il avait osé la laisser seule, comme une plante verte dans la grande pièce, en la comparant à une bombe à retardement névrosée et hystérique. Tout ça parce qu’il avait peur qu’elle ne fasse un énorme drama pendant le vernissage. Lennon avait bientôt 30 ans, Lola était son amie. Elle avait tout de même le sens des priorités et savait bien que ce n’était ni l’endroit ni le moment pour se disputer avec lui. Même si l'envie de l'étriper était puissante, sa volonté de ne pas faire de dramas avec Jordan ce soir était bien plus forte.
« Bailey ! Tu vas bien ? Merci d’être venus, ça me fait vraiment plaisir. Lola doit être aux anges, aussi. » Il semblerait que sa conversation avec le couple allait s’écourter. Grace arrivait à hauteur de Lennon, tout sourire devant Jill et le dénommé Bailey. « Lennon, c’est ça ? Grace, enchantée. Et merci d’avoir ramené tes...clients ? patrons ? Enfin, Lola m’a dit que tu travaillais dans l’art. » La collaboratrice Lola se tourna vers elle, pendant que Lennon lui adressait un sourire amusé. Mais sincère quand même. C'était la situation qui l'amusait. Elle était l’amie de Jordan ; et Lennon avait un quelconque lien compliqué avec Jordan. Et les deux jeunes femmes faisaient comme si de rien était. La gêne s’emparait de plus en plus de son corps, mais elle réussissait à ne rien laisser paraître extérieurement. Elle repensait à la précédente conversation avec Jordan. Je lui ai parlé de toi. Il avait bien évidemment fait allusion à tout le tralala négatif qui s’en suivait. Donc Grace, la personne qui se tenait en face d’elle, était au courant de plusieurs choses : que Jordan et elle se sont embrassés, qu’elle ressemblait à Rosa (mais si c’était vraiment son amie, elle a dû le remarquer à l’instant où elle l’a vu), qu’il lui avait établi une liste pourrie par texto et plus le fait qu’ils étaient au point mort tous les deux depuis leur seul et unique baiser. Super, comment bien démarrer une conversation avec le sentiment que la personne en face de vous connaissait déjà tout de vous ? Grace avait pourtant l’air très gentille, mais le fait qu’elle ait un coup d’avance sur sa vie privée ne l'enchantait pas vraiment. « C’est ça, plaisir partagé. C’était mon patron, directeur d’ABC. Comme il a quelques contacts au GoMA, j’avais envie de donner un coup de pouce à Lola. Et à toi indirectement du coup. C’est pas grand chose… juste quelques coups de fil. » Quelques coups de fil à mon sugar daddy. Elle se retint de sortir cette bêtise parce que ce n’était pas du tout le cas et Jordan l’avait d’ailleurs exaspéré en insinuant que c’était l’escort girl de la soirée. « Je travaille dans l’art, plus ou moins. Je suis architecte d’intérieur. D’ailleurs, je voulais te dire que tes photographies sont superbes. Si un client cherche une photographie qui sort du lot, c’est bon à savoir. » Elle était sincère là, Grace était douée dans son domaine.
« Désolée si je te fixais tout à l’heure, mais j’ai eu l’impression que tu me fixais aussi alors je me suis dit soit j’ai un truc sur la gueule soit elle a dû voir un fantôme. » Elle feignit la confusion pour ne pas que la photographe ne remarque que Lennon était en train de la tester. T’as capté la référence, Grace ? Un serveur passa avec des coupes de champagne et Lennon se servit.

Spoiler:

Et elle arrive d'un coup d'un seul Lola. Son étreinte fait du bien, un temps, avant qu'elle n'ait l'air d'une gamine prise en faute, dansant sur un pied et l'autre. "Je suis désolée. Je suis vraiment vraiment vraiment vraiment vraiment vraiment vraiment contente que vous soyez là. Drapeau blanc ?" j'aime pas du tout qu'elle ait besoin de passer par autant de chemins, j'aime pas du tout qu'elle implore une trêve non plus. On est ici pour elle, on est là au-delà du reste et c'est tout ce qui compte, vraiment. Mon sourire se veut le plus rassurant que je peux, il change des airs espiègles que je me donnais quand la seconde d'avant mes dents se chargeaient de laisser des marques à peine visibles sur les doigts distraits d'un Auden démonstratif.

Belle Dame, j'ai cru voir que l'on vous refuse ce délicieux plaisir sucré ? Que nenni, je vous l'offre. Pour empêcher sa glycémie de trop monter. Ça marchait très bien, exceptionnellement, pour Sara. le brownie qui fait office de diversion et qui vole, tel un cadeau béni sous mes yeux brillants. « Mon héros. » je souffle, pâmée, sachant très bien que je ne pourrai qu'observer le dit dessert avant qu'on me le retire. Mais au moins Allan m'a permis d'espèrer, d'y croire, de rêver pendant une seconde une seule et pour ça je lui en serai éternellement reconnaissante. Alors, on se promène en amoureux ? mes joues rougissent de suite, sentant la proximité d'Auden à mes côtés comme si on était pris en flagrant délit. C'est toujours à recommencer, l'impression qu'on peut être un couple aux yeux des autres. “Si tu cherches ton gamin il est à huit heures, fais vite avant qu’il tombe amoureux de nouveau.” en amoureux ou pas, il est toujours à une vanne de piquer, mon mari. Mes yeux roulent et mon rire souffle. Clément tourne le dos à la scène sans que je ne dénote, ne veuille non plus. On a chacun nos drames de famille, les leurs leur appartiennent.

Allan se décale vers Lola, j'en profite pour laisser mes prunelles détailler son profil, tenter de voir si depuis les quelques jours où il n'a pas trop erré dans les environs il a changé. Bonsoir. Vous connaissez la photographe ? J'aimerais aller lui toucher un mot de ses oeuvres. j'ai toujours une drôle de fixation sur lui, autant il m'amuse autant il m'effraie autant il me fascine.  “Lola a monté l’exposition avec Grace, la photographe. Elle se fera un plaisir de t’accompagner vers elle je pense.” Auden rétorque, je complète, ma voix un peu rauque d'être restée silencieuse pendant deux secondes à peine.

« Elle travaille avec nous, à la galerie. Lola. Pas Grace. Grace travaille seule, je crois, j'ai pas demandé, je devrais - » "Tu pourras faire semblant de t'y connaître : ton passe temps favori." il me coupe Williams, il est en feu et il sourit, il est heureux. Moi aussi. « Et toi tu pourrais me dire si tu préfères japonais ou mexicain. » je reprends ses mots, éternellement souriante, reprenant ses doigts aussi, les mordant d'office. Mon estomac buté de ne pas avoir eu de dessert parle pour deux, c'est un autre coup d'oeil aussi fier que possible que je dédie à Lola, la reine de la soirée. Grace aussi, je la cherche des yeux, la trouve, lui renvoie la même. Elles sont belles à voir, ensemble. Inspirantes et inspirées.

Au mouvement vers la sortie qu'Auden et moi on fait maintenant, j'en profite pour chuchoter à l'oreille d'Allan, le bref instant volé où je passe à sa hauteur. « La prochaine fois, on travaillera nos techniques de distraction. » la prochaine fois, je veux au moins pouvoir avoir une bouchée de brownie.

Je n’oserais compter le nombre de fois où la situation manqua de m’échapper, mais Raelyn et moi étions enfin là, au cœur de cette galerie dans laquelle Lola exposait, au milieu des toiles, des photos et de la foule que j’ai d’emblée jugée hostile. Dans les faits, ces gens ne m’ont rien fait. Ils m’oppressent surtout parce que je ne suis plus à l’aise en société depuis des années. L’ai-je seulement déjà été d’ailleurs ? Je n’ai pas souvenir de m’être déjà senti comme un poisson dans l’eau lorsque la plèbe se presse autour de moi. Pourtant, j’ai fait fi de leur présence et j’ai entraîné ma partenaire un peu plus allant dans la pièce. A quoi être venu si je ne prêtais pas d’attention aux œuvres visibles ? A quoi bon m’être déplacé si je n’avais pas l’occasion de féliciter la jeune artiste ? Sans surprise, certaines pièces sont inaccessibles tant le monde s’est agglutiné autour. J’en ai déduit qu’il s’agissait des plus touchantes ou des plus abouties. Toutes étaient très jolies d’ailleurs. Je ne suis pas assez aguerri pour percevoir les subtilités ou l’entièreté du message, mais c’était plus parlant que ce que font certains peintres : jeter de la couleur sur un fond blanc. Parce que les choses n’ont pas été faites à moitié, une serveuse nous a proposé une coupe et des petits fours. Je n’aurais rien pu avaler de plus, Rae et moi sortions à peine de table. Je n’ai pas renoncé au champagne néanmoins. Je présume que, ce soir, Lola ne voudra pas d’avoir un peu bu, parce que manger au restaurant sans boire du vin n’a aucun sens, que j’ai surveillé ma consommation tout au long de la journée et que, cette fois, les circonstances s’y prêtent. Bien sûr, dans le fond et au quotidien, je ne me réserve jamais de picoler sous prétexte que l’artiste m’a un jour proposé les AA. Sauf que lorsqu’il convient de partager un peu de notre temps, je m’arrange pour ne pas la mettre mal à l’aise. Je discutais tranquillement avec Raelyn lorsque mon regard a accroché la silhouette de Miss Wright. Je lui ai adressé un signe de la tête. Elle était occupée. Elle ne viendrait pas de suite. Mais, que son cœur soit à l’aise, je ne partirai pas sans l’avoir louangée, congratulée et sans avoir satisfait sa curiosité à propos de ma maîtresse.

Info importante.:

Auden ébouriffait les cheveux de Lola et Ginny lui souriait. Cela suffisait à son coeur réjoui de les retrouver dans ces circonstances qu'elle tenait à partager avec eux. Un inconnu s'approcha, avec des provisions pour l'hiver, et alors que les vannes fusaient sous les yeux de Lola - c'était Roland Garros, soudain, ce vernissage - elle en devint finalement l'escorte d'Allan jusqu'à Grace. Mais au passage, bien sûr, elle repéra Amos, et... était-ce ? Le coeur de Lola fit un bond dans sa poitrine. C'était elle ! La copine d'Amos ! Qu'est-ce qu'elle était belle. Elle avait l'air furieuse, terrifiante et magnifique, un peu une reine des neiges. "Tu vois la plus belle de toutes, là, avec le brun", Lola n'avait aucune idée que le brun en question était le fils adoptif d'Allan, et elle ne s'apprêtait pas à poser de questions, "c'est elle, la photographe. Je te laisse te présenter, elle sera ravie."

Et elle fila rejoindre Amos avec l'air timide d'un gnome de jardin. "C'est trop chouette que vous soyez venus !" Et elle se tourna de suite vers Rae, même si elle avait un peu peur de se faire dévorer cru avec un peu de pesto sur le crâne. "Je suis super heureuse de vous... de te rencontrer, Amos m'a énormément parlé de vous... de toi." Super entrée en matière, Lola, bravo, va t'enterrer. Mais non, elle resta à parler avec eux une dizaine de minutes, puis ils devaient filer, et elle retourna enfin auprès de son amoureuse, qui était maintenant avec Lennon, Jill et Bailey. Elle déposa un baiser furtif sur la joue de Grace, pour lui signifier qu'on oubliait les textos ridicules pour le moment et qu'elle était heureuse de cette ésoirée, puis entraîna Jill et Bailey loin des conversations d'affaires que semblaient mener Grace et Lennon.

"Je suis é-pui-sée et trop, trop heureuse", leur dit-elle, réjouie. Elle repéra une jeune blonde qui se promenait seule et qui la regardait de temps à autre. "Bonjour, je m'appelle Lola", lui lança-t-elle, et elle l'invita à se joindre à eux. "Tu es une amie de Grace ?" Elle se tourna vers les McGrath-Fitzgerald et Sixtine avec un sourire après avoir avisé sa montre : "C'est bientôt fini pour ce soir. Vous voulez aller manger un morceau ou vous rentrez ?"

@Allan Winchester & @Amos Taylor & @Jill McGrath-Fitzgerald & @Bailey Fitzgerald & @Sixtine Smith

Agrou, grrr ! C'est ça Auden, vas-y, attaque ! Dès l'instant où le son mélodieux de ma voix de ténor arrive à leurs oreilles, je pressens son niveau de "bordel-j'en-ai-marre" monter d'un cran, et ça ne peut rien me faire d'autre que me tirer un sourire goguenard. J'adoooore l'embêter, et c'est encore plus facile quand sa femme est dans les parages. En plus, j'ai très bien entendu ce qu'elle a soufflé: Mon héros.  Eheheh, c'est à moi qu'elle l'a dit ! Je pourrais presque voir les poils du peintre se hérisser, comme un chat que l'on aurait dérangé pendant sa sieste au soleil. Sauf qu'il doit pas aimer les matous non plus, ce ronchon international. Si je lui en offre un, un jour, au moins j'en aurais le coeur net. Et s'il n'en veut pas, je suis sûr et certain que Ginny saura le faire céder. Elle possède un secret convoité, cette femme: celui de réussir à faire infléchir cet italien mal embouché, quand bien même il ne l'admettrait jamais et ne la laisserait gagner la partie que sous couvert d'apparences bien différentes. Ahah, ils font la paire, tiens. Oh, son expression change, d'un chouilla. Continue d'écarter les yeux mon grands, à ce rythme là, tes globes oculaires vont tomber d'eux-mêmes. Bon allez Allan, jeu des devinettes: pourquoi me regarde-t-il aussi intensément ? Je sais qu'il m'aime, mais tout de même, c'est indécent en présence de Gin...

Ah. Oh. Oups. Aurais-je mis mes deux pieds chaussés de Rangers dans un plat de caviar saupoudré de truffe noire ? Apparemment. Oh, ça va, y a pas mort d'homme, et j'ai comme l'impression que la blondinette auprès de nous n'a absolument pas capté mon sous-entendu. J'en viendrai presque à m'excuser - enfin non, ce serait encore plus grillé du coup - mais Auden lance l'offensive. Aouch. Touché, coulé. Il a appuyé pile là où ça fait mal, et le pire, c'est qu'il l'ignore totalement, le con. J'en loupe pas une pour la fermer, mais lui non plus vous me direz. On a pas eu l'occasion de se voir, depuis... que je suis en froid avec Clément. Je renifle d'un air dédaigneux, et sort une totale vérité, peut-être un peu plus sèchement que je ne le veux vraiment: J'ai pas besoin de toi pour savoir où est mon fils, ni de tes conseils douteux. Comment ça, je récolte ce que j'ai semé ? Mais Auden est mé-chant ! Moi, j'essayais juste d'être cool avec sa douce ! Pff. Pas juste. Je ne cherche pas plus loin cependant, et me tourne vers l'adorable blondinette qui semble bien connaître le couple pour lui demander où je pourrais trouver la photographe. D'ailleurs, ces-derniers semblent me pousser vers elle, afin que je déguerpisse du plancher. Ok, ok ! Auden n'aura pas mon salut ce soir, surtout que je suis déjà en train de répondre à Ginny, d'un murmure plein de certitudes : On l'aura un jour.

Je suis finalement jeté tout pareil comme une vieille chaussette par la dénommée Lola, qui semble avoir trouvé plus intéressant que moi. Hey ! C'est quoi cette soirée, décidément ? Je regarde au loin, et vois effectivement la photographe... en compagnie de Clément. J'hésite. Ira, ira pas ? Autant je surveille et veille de loin sur ma progéniture, autant je ne lui ai pas pardonné, et je ne suis pas sûr d'en être capable. Pas tout de suite. Mais bon, j'ai un objectif en tête, et ce n'est pas lui plus qu'un autre qui m'empêchera de l'atteindre. D'une traite, je descends une flûte de champapgne qui passait par là, puis je rejoins la prometteuse artiste. Bonsoir. Grace, c'est ça ? J'ai fait un tour dans l'expo', et j'aime beaucoup ton travail. Tu aurais un instant pour qu'on en discute ? Je jette un regard vers celui qui, malgré tout, restera mon louveteau. Mais les excuses, s'il a assez réfléchi pour se rendre compte qu'il m'en doit, et les explications viendront plus tard. Ce soir, c'est expo'. Salut, Clément, je lui dis finalement dans un sourire sincère mais bref, reportant mon attention sur la brune. Désolé, mais je te ravis cette superbe demoiselle. Pas besoin d'en dire plus, je prends délicatement le bras de la dénommée Grace sous le mien pour nous amener un peu plus loin, histoire de ne plus être dans un tohu-bohu aussi assourdissant. Bon, la différence de son n'est que de quelques décibels, mais c'est toujours ça. J'ai particulièrement apprécié ton troisième tableau, celui de l'homme à la clope qui regarde hors-champs. Parle-moi de lui, de ce que tu as fait, de ce que tu as voulu transmettre.

J'ai a peine révélé ce sombre secret à mon amie que nous sommes interrompu par Sixtine. Elle n'a aucune manière, la politesse ça ne la connaît clairement pas. Et pourtant elle est là, son regard possessif s'accrochant à Grace comme si elle lui appartenait. J'avoue n'avoir que très peu envie d'argumenter avec elle et je suis on ne peut plus content lorsqu'elle s'en va. Nous pouvons donc, avec Grace, reprendre la discussion là où nous l'avons laissée.

Ou pas. Alors que j'allais lui répondre après avoir prit une gorgé de ma boisson, je me tourne vers l'entrée, aperçois mon père et m'étouffe dans une quinte de toux que j'essaie de dissimulé du mieux que je peux. Ça fait deux semaines déjà qu'on ne se parle plus. Deux putain de semaines que j'ai agis un parfait écervelé et cette situation me pèse bien plus que je ne l'aurais imaginé. J'ai regretté mes mots dès lors qu'Allan m'ait viré de chez lui et j'avais envie de revenir directement pour m'excuser, le supplier de me pardonner. Mais je connais mon père : il a besoin de temps. Combien ? Deux semaines? Trois mois ? Cinq ans ? Je n'en sais rien.
Après quelques instants de concentration, je parviens enfin à reprendre le contrôle sur ma respiration et me retourne, simplement pour voir mon père se diriger vers nous. Subitement, mon cœur s'accélère et je l'observe, nourrissant l'espoir que s'il se dirige vers ici c'est parce qu'il accepte qu'on se reparle. Il s'approche, me salue et là, la désillusion : il n'est là que pour parler à Grace. Et sans me laisser le temps de répondre ou d'en placer une, je le vois qui attrape le bras de mon amie, l'entraînant derrière lui.

Alors que je les observe, mes épaules s'affaissent légèrement vers l'avant et je soupire doucement avant que je ne secoue la tête, finisse ma boisson d'une traite et parte. Sans un mot je passe à côté de Grace et mon père, dépose mon verre vide sur une table au passage et sort de la salle, ma haïssant encore plus qu'avant.

Spoiler:

Et voilà la benjamine des Smith repartie à l'aventure, après avoir pris le temps de saluer sa meilleure amie. Elle avait interrompue une conversation pour ce faire ? Aucune importance, d'autant plus que l'interlocuteur, Clément Winchester, ne faisait clairement pas partie de ses favoris. A croire qu'il allait la poursuivre ou qu'elle aille, quoi qu'elle fasse et surtout, qu'il se lie avec qui elle nouait elle même des relations ! Incroyable. Mais bref, elle cogiterait là-dessus plus tard. Pour l'instant, elle continuait de faire un tour dans l'exposition, regardant les différentes oeuvres exposées avec intérêt. Elle retrouvait sans aucun souci la patte de Grace dans ses photographies, son point de vue tellement axé sur la différence, les exclus de la société, la beauté des paysages naturels, aussi. Le grand, le vide, la solitude, et pourtant, aussi, l'anecdotique, la plénitude, la chaleur. Selon les photographies, ces différents opposés s'alliaient dans un oxymore plein de sens et de poésie. Vraiment, là-dessus, la blonde admirait son amie: elle serait bien incapable de réaliser un tel travail artistique. Elle, son truc, c'était plutôt l'organisation concrète, comme bosser sur la tenue d'un événement mondain, préparer un rendez-vous, etc.

Sixtine n'en oubliait pas pour autant son objectif premier, dans son petit tour de salle: repérer la blonde qui avait attrapé le coeur de Grace, l'observer de loin pour finalement l'aborder; autant pour lui demander si une de ses oeuvres, sur laquelle elle avait flashé, était encore à vendre, et puis surtout, pour l'analyser et se faire sa propre opinion sur cette femme. Surprise, ce ne fut finalement pas l'étudiante qui alla vers l'artiste, mais celle-ci qui la cueillit en plein vol, se présentant d'elle-même et l'enjoignant à venir participer à la conversation avec deux autres personnes. La benjamine Smith s'avança alors, et se présenta donc face à tous, ne connaissant aucun des membres de leur petit groupe: Je m'appelle Sixtine Smith. Enchantée Lola. Elle se tourna vers les deux autres membres, qui se présentèrent par la suite, puis répondit à la question de l'artiste: Oui, je suis sa meilleure amie. La blonde n'hésitait pas à l'affirmer, vu qu'il s'agissait d'une vérité toute simple. De plus, ça lui permettait de marquer subtilement son intérêt à en savoir plus sur le coup de coeur de Grace. La blonde se ferait détective ce soir, sans aucun doute. Sans gâcher quoi que ce soit à la bonne ambiance, bien sûr; elle savait se tenir. En plus, sa curiosité envers Lola était réel, vu qu'elle avait ciblé un de ses tableaux avant même d'apprendre qui elle se trouvait être. Je trouve tes tableaux très intéressants, commenta-t-elle pour aborder le sujet de la soirée même. J'aime beaucoup celui représentant une jeune femme entourée de loups. Est-il encore possible de te l'acheter ? Voilà qui lui permettrait d'initier le renouvellement de la décoration de sa chambre, devenue trop teenage à ses yeux. Quelques minutes plus tard, Lola fit la proposition de manger ensemble. Avenante, la demoiselle, c'était plutôt un bon point. Je suis partante ! Cela ne lui laisserait que plus de temps pour profiter de la présence de Grace, et pour sonder son crush, évidemment. De quoi passer une bonne soirée en perspective; après tout, si un quelconque stress ou une appréhension devait apparaître, ce n'était certainement pas Sixtine qui s'en trouverait envahie. Elle n'était ni exposante, ni objet d'une analyse critique et détaillée. Nulle méchanceté dans cette procédure interne, quoi qu'il en soit; juste l'envie de connaître plus celle sur qui Grace a jeté son dévolu.

@Grace Coughlin, @Lola Wright, @Bailey Fitzgerald, @Jill McGrath-Fitzgerald

Une jeune femme se rapproche du couple alors que Jill et Bailey étaient encore en train de discuter des tableaux. Ils sont tous les deux d’accord pour lui acheter une toile, et Jill imagine déjà bien un tableau de Lola trôner dans leur salon. Elle pourrait lui envoyer des tonnes de photos pour lui montrer qu’il est affiché. “Oooh architecte ?” Cette information attrape son attention. Elle en rencontre rarement Jill. Alors elle se tourne vers la brune un peu plus, pour engager la discussion. “Vous travaillez depuis longtemps ?” Elle fronce les sourcils avant de se décaler pour chercher une boisson sans alcool. Elle n’a pas fait d’entorse à la règle pas d’alcool, pas de drogue, pas de café, depuis des mois. Et c’est long, c’est terriblement long.

Elle veut acheter la même toile que le couple, mais Jill attend l’avis de Bailey. Elle elle en aime deux, lui il n’en a pointé qu’une. Donc ils peuvent avoir un peu de choix pas vrai ? Et, si tout est vendu, Jill harcèlera Lola jusqu’à la fin des temps pour qu’elle le fasse une toile gigantesque qu’elle mettra dans leur salon. “On aime vraiment beaucoup cette toile, mais je suis ravie de voir qu’elle plait à d’autres personne.” Et elle ne peut s’empêcher de tourner la tête vers la reine de la soirée, un sourire fier sur les lèvres. “ça marche comment dans ces cas-là ? C’est le plus offrant qui l’emporte ?” Elle fronce les sourcils, c’est une vraie question. Elle n’a pas l’habitude de ce genre de situation, et peut-être que Lennon s’y connait un peu mieux.

Grace vient vers eux et Jill l’accueille avec un sourire, elle ne voit pas Lola. Elle doit être occupée à discuter avec le monde entier. “Aux anges oui… Mais très stressée surtout.” Et Jill hoche la tête, le monde s’agglutine autour d’eux alors qu’ils n’ont pas même pas discuté de la toile qui leur plaît le plus et Jill glisse sa main dans celle de son mari. Grace discute avec Lennon et Jill écoute la conversation d’une oreille distraite, elle cherche Lola des yeux et la voit en train de discuter avec Ginny et Auden. Elle ne les a même pas vu entrer. Et elle ne fera pas la même erreur que l’autre fois, elle ne se mêlera pas de ce qu’il se passe entre eux, elle se concentre sur Grace et Lennon qui n’en finissent plus de discuter d’art.

Lola revient, et Jill se retrouve de nouveau entrainé dans un nouveau groupe avec Bailey, elle souffle un peu, c’est bien plus calme. “Alors t’es déjà riche ?” Elle hausse un sourcil, est ce qu’elle avait déjà vendu quelques oeuvres ? Une blonde se joint à eux et Jill sourit une nouvelle fois. Lola a l’air si heureuse. Et elle pouffe de rire quand Sixtine parle elle aussi d’une oeuvre que Jill aime beaucoup. “Décidément, tout le monde flash sur les même oeuvres que nous.” Jill lance un regard amusé à Lola. “Ca fonctionne comment quand plusieurs personnes sont sur la même oeuvre ?” Parce qu’elle ne sait toujours pas, et Lola est certainement celle qui pourra donner la meilleure réponse. “Tu sais que j’ai toujours faim. On peut manger un bout avant de rentrer si on est rapide.” Parce qu’elle se fatigue vite aussi Jill, et que rester debout à marcher sans arrêt depuis de longues minutes commence déjà à peser sur ses jambes.


@Lennon Warner @Lola Wright @Sixtine Smith @Bailey Fitzgerald @Grace Coughlin

Lola s’en vient, Lola s’en va. Je lui offre un sourire que je veux aussi grand que rassurant, lequel disparaît aussitôt dès lors que je recommence à souffler et lever les yeux au ciel lorsque parle Allan. Ceux qui disent que je suis le pire lourd que cette Terre ait portée ne lui ont jamais parlé, à lui, le véritable pire lourd du monde entier, entre ses remarques de beauf et le personnage de merde qui se crée en une seule seconde comme s’il n’y avait rien de plus normal là dedans. Je souffle et lève les yeux au ciel, tant excédé de sa mascarade que de la nourriture qu’il ne cesse de proposer à Ginny, son talon d’Achille à elle. Heureusement, Lola l’envoie plus loin pour qu’il trouve Grace et ne sachant si elle le fait consciemment ou non, je la remercie silencieusement (sans mot, ni geste, ni quoi que ce soit si ce n’est l’idée dans mon cerveau) de faire déguerpir l’intrus. Intrus, meilleur ami, ne chipotons pas sur les mots.

La blonde suit à son tour, mes yeux la suivent comme si elle avait encore besoin de protection. Mon sourire s’étire, curieux, au moment d’observer Raelyn au loin. Raelyn au bras d’un homme, ce que je n’aurais certainement pas cru possible. Sans doute pourrait-elle en dire autant de mon mariage alors j’en viens à la conclusion que garder une certaine limite de sécurité entre nous est la meilleure chose à faire, notre dernière entrevue remontant à presque un an déjà. Les oeuvres attirent de toute façon bien plus mon attention et la gardent un temps, assez pour que j’analyse les techniques que Lola a volé à droite et à gauche et celles qu’elle s’est inventée elle même, gamine qui a beaucoup grandi ces derniers mois. Elle évolue désormais dans un environnement qui est le sien et n’a plus besoin de garde-fou. Elle est une adulte et on se fait trop vieux pour ce genre de choses. On ne devait pas rester longtemps, de toute façon, et après avoir remonté ma main sur la hanche de Ginny et posé mes lèvres un instant dans son cou, j’en viens à lui proposer d’aller manger en ville, plus belle déclaration d’amour qui soit aux yeux d’un McGrath.

passage express d'auden terminé.