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 dans des toiles de rosée

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Message(#)dans des toiles de rosée EmptySam 9 Mai - 2:50

"C'est ce que je préfère chez toi", j'avais répondu dans la lumière bleue et verte des tortues. Je l'imaginais sans mal amère et méfiante, mais j'appréciais qu'elle ne m'ait jamais montré cet aspect de sa personnalité. J'aurais pris cela pour de l'agressivité, et nous n'aurions pas tardé à nous battre avec l'arme qu'on maîtrisait le mieux : les mots. Elle m'avertissait sur ses failles mais aussi sur ses forces, et j'en souriais. Elle me donnait volontairement les clés de sa personne pour qu'on construise une entente durable. En échange, je lui ouvrais volontairement ma maison. Quelle drôle d'idée.

*

Je suis ridicule.

Jamais, jamais je ne suis ridicule d'habitude. Ce n'est pas le mot auquel on penserait pour me définir. Même Bailey a trop peur de moi pour me trouver ridicule, et c'est mon frère.

Mais là, tout de suite, en l'occurrence, je suis ridicule. "Ne bouge pas", je demande à Jill, et je sors du taxi, je fais le tour de la voiture, et j'ouvre la portière de son côté pour qu'elle puisse descendre. Mais ce n'est pas tout. Je plonge ma main dans poche pour en sortir mes clés, mais j'oublie au milieu ce que je voulais faire, et j'en sors un paquet de bonbons à la menthe ; j'en tends un à Jill distraitement. Puis, je nous retrouve sur le palier, et vraiment, là, il s'agit d'ouvrir la porte. J'y arrive du premier coup, ce qui déjà, me rassérène un peu. A partir de là, tout va mieux.

"Bienvenue", et tandis qu'on entre dans la vaste pièce qui fait office de salon aux baies vitrées sur jardin ainsi que cuisine américaine, je fais un geste vers les canapés, pour qu'elle aille s'asseoir. Je me dirige vers la bouilloire. Faire chauffer de l'eau. Sortir les tasses. Le plateau. Le sucre. Le lait. Tout est un rituel bien établi. Du coin de l'oeil, je la regarde, qui n'est pas assise du tout. Elle se promène et observe tout. Les deux tableaux dans mon salon ; de l'art abstrait, bleu et gris. Tout le mobilier est noir ou anthracite, mais il y a ici un certain confort, on peut s'installer et ne plus avoir envie de partir (ce sont des choses qui arrivent). Pas de télévision, bien évidemment, et pas de bibliothèque - je ne tiens pas à ce que le moindre invité puisse savoir ce que je lis et en déduire des informations précieuses sur qui je suis. Pas non plus de magazines sur la table. De fait, la table est vide. Je la garnis du plateau dès que tout est prêt. "Sucre ?" J'ai l'impression de jouer à la dînette.

Je sers nos deux thés, et m'installe sur un fauteuil, aussi loin que possible du canapé pour limiter tout rapprochement. Il n'y a pas de rapprochement possible. Rien de ceci n'existe, et je sens que je prononce de moins en moins de mots, comme si je me cachais tout en restant bien là, visible mais absent. J'essaye de réfléchir à une question à lui poser - l'art de la conversation - mais rien ne me vient, alors je bois une gorgée de mon thé, qui est absolument brûlant, et repose la tasse. Bon.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)dans des toiles de rosée EmptySam 9 Mai - 3:15

Ils quittent les dauphins, les otaries et les tortues. Et Jill se lève, le suit jusqu'au taxi. Elle a dit oui, et il a appelé le taxi. Mais ils sont silencieux encore, ils attendent juste que le taxi arrive devant l'aquarium. Et elle regarde par la fenêtre Jill, sans trouver le silence gênant. Elle observe, et c'est apaisant. Elle ne sait pas vraiment où elle va, mais elle ne s'inquiète pas. 


Elle allait sortir mais elle fronce les sourcils quand il lui dit de s'arrêter. Il va peut-être donner une nouvelle adresse au chauffeur et sortir pour la laisser partir ailleurs. Mais elle n'a pas le temps de réagir qu'il sort et fait le tour de la voiture. "J'aurais pu l'ouvrir."  mais ce n'est pas la première fois qu'il fait ça et peut-être pas la dernière, alors elle le laisse faire. Il a déjà l'air assez inquiet comme ça. Elle attrape le bonbon qu'il lui tend avant de le suivre jusqu'à la porte de chez lui. Elle ne dit rien, elle observe. Il la laisse entrer en lui faisant signe de s'asseoir mais elle n'y va pas. Est ce qu'il pensait vraiment qu'elle resterait assise sur ce canapé pendant des heures sans bouger ? Alors elle bouge, elle pose ses affaires sur un bureau et observe les tableaux. De beaux tableaux, abstraits, mais très intéressants. Elle les observe pendant de longues minutes alors qu'il reste dans sa cuisine. 


Elle n'ose pas vraiment aller ailleurs. Mais elle le rejoint en se posant sur le canapé quand apparemment ce qu'il préparait est prêt. Cette maison lui ressemble. Ce n'est pas vraiment coloré, tout semble caché, et tout est parfaitement rangé. Il ne montre rien, même dans sa propre maison. Elle continue de regarder autour d'elle. Mais elle se pose dans le canapé en ramenant ses jambes en tailleur. "Oui !" elle répond peut-être un peu trop vite, mais elle profite des quelques mots qu'il lui adresse. Elle attrape une des deux tasse et attend que ça refroidisse. "Qu'est-ce qui a ?" est ce que quelque chose ne va pas ? Elle préfère demander, elle le sent le changement étrange. "Tu regrettes d'avoir quitté les tortues ?"  elle hausse un sourcil avant de se concentrer de nouveau sur sa tasse. "Le taxi doit pas être loin si jamais…" si jamais il veut qu'elle parte, si jamais lui veut s'enfuir, si jamais il veut retourner observer les otaries et les dauphins. 




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Message(#)dans des toiles de rosée EmptySam 9 Mai - 20:33

"J'aurais pu l'ouvrir", et mon silence qui en dit long sur mon amour des traditions, à tel point que le rituel du thé se déroule dans un silence cérémonieux. On ne sait plus si on est en Australie, en Angleterre ou au Japon. "Qu'est-ce qu'il y a ?" Plaît-il ? Je relève les yeux vers elle, et fais un sourire poli, courtois : tout va bien ; aucun problème. "Tu regrettes d'avoir quitté les tortues ?" "Ah non, j'ai vu assez de tortues pour une décennie." Je secoue la tête. Je la rejoindrai ailleurs qu'à l'aquarium, la prochaine fois. "Le taxi doit pas être loin si jamais..." Je suis un mauvais hôte. Elle veut partir. Je me fige, la tasse à mi-chemin vers mes lèvres. "Tu as changé d'avis ?" Je ne comprends pas grand-chose aux interactions humaines en général, donc si on me laisse des phrases à moitié achevées, je les interpréterais en fonction de mes expériences : d'habitude, personne n'aime passer trop de temps en ma présence. Sauf Saül, qui n'écourte pas nos sessions parce qu'il sait qu'il n'a rien à craindre. Jill n'a rien à craindre non plus. Le problème ne vient pas d'elle, mais de moi. Je sais recevoir les invités, mais pas elle.

"J'ai résisté à faire venir mes meubles d'Angleterre. J'en ai choisi ici. Pour montrer aux australiens que je les respectais." Fascinant, Sebastian, vraiment, tu te dépasses. Je regarde autour de moi, à la recherche d'un autre élément à commenter. "C'est une théière traditionnelle faite par un artisan londonien. J'en ai ramené cinq, au cas où des invités les cassent sans faire exprès." Je me lève soudainement, et sors de la pièce. Je traverse le couloir, prends la deuxième droite, arrive dans ma chambre, et examine ma bibliothèque à la recherche de Hume. Là. Essays and treatises on several subjects. Je prends délicatement le vieil ouvrage dans mes mains, et le ramène dans le salon. Je le pose sur la table, très loin de Jill, pour qu'elle ne puisse pas le toucher, mais dans la même pièce malgré tout. "Je me suis dit qu'on pourrait commencer avec celui-là." Je la vois tendre la main vers le livre, et je bondis pour le récupérer avant. "Je suis désolé. C'est une première édition. Je ne peux pas te laisser toucher le livre. Mais je vais t'envoyer un exemplaire. Qui ne sera pas une première édition. Mais ce sera le même livre. Enfin, le même contenu." Ce que je tiens dans mes mains m'a coûté 4000 pounds et est extrêmement rare. La probabilité que j'en trouve un autre dans un si bon état est inexistante. Mon faible sourire vient compenser mon impolitesse. Je repose le livre sur la table, en jetant un oeil précautionneux à Jill.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)dans des toiles de rosée EmptySam 9 Mai - 21:17

Elle essaie de faire la conversation Jill, même si le voir tendu à ce point ça l’amuse un peu. Et ça l’aide à se changer les idées. Il prépare du thé, elle observe sa maison. Seulement le salon, elle ne prend pas encore le risque de s’aventurer ailleurs. “Une décennie carrément ?” Il n’est vraiment pas fan des animaux marins, et elle se demandera certainement pourquoi il a décidé d’apparaître aujourd’hui, dans un lieu qu’il ne connaissait pas mais il savait que ça ne lui plairait pas. Elle hausse les épaules, elle y retournera sûrement elle, avec ou sans carnet de dessin.

Et il cherche des sujets de conversation sans répondre à Jill, elle s’enfonce un peu plus dans le canapé en faisant attention de ne pas renverser une goutte de thé. Il serait certainement capable de faire une crise si son canapé était sale par sa faute. Elle pose ses deux mains autour de la tasse en l’écoutant parler et suivant son regard pour observer les meubles. “Oh trop aimable.” Et elle hoche la tête en riant un peu. “Mais les meubles anglais sont mieux ?” Elle hausse un sourcil alors qu’elle connait déjà sûrement la réponse. Il aime bien trop l’Angleterre pour dire que quelque chose est mieux ici que là-bas. Il a du mal avec les conversations, elle l’a bien compris Jill. Et elle note qu’il a du mal à lancer des sujets qui ne sont pas étranges. Il parle de sa théière et elle se retient de rire, il cherche vraiment à combler un maximum de blancs. “5 identiques ?” Et elle fronce les sourcils, c’est beaucoup 5. “Parce que tu laisses tes invité toucher à cette théière ?” Et ça, ça l’étonnerait beaucoup Jill. Si il y tient vraiment, il ne la donnerait à personne.

Et il s’en va vers le fond de la maison, il n’arrête pas de bouger Sébastian et Jill secoue la tête alors qu’elle essaie de boire son thé. Elle a toujours préféré le café, mais elle n’y a plus le droit de toute manière. Mais il revient rapidement avec un livre, les fameux livres qu’elle allait devoir lire pour lui donner son avis après. Et naturellement elle se penche pour l’attraper mais Sébastian se recule avec le livre. “On se calme.” elle lève les deux mains. Et lui qui pense qu’il ne ressent pas l’angoisse. Si il ne la ressent vraiment pas il est très fort pour la mimer alors. “Je vais pas abîmer ton livre.” Elle grognerait presque face à ce manque de confiance. “Faut se détendre Sébastian.” Et elle sourit un peu en captant son regard.

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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 0:18

"Je n'ai pas dit un siècle pour ne pas être vexant", je surenchéris, en toute foi, tout honneur. Je ne regrette cependant pas d'y être allé : ça faisait longtemps que je n'avais pas vu Jill, et nous avons pu nous raconter les nouvelles principales. Mariage, grossesse, architecture bientôt, entente, Ginny, montre à quartz. Et maintenant, nous sommes chez moi. "Bien sûr", je réponds au sujet des meubles, et je soupire car elle pose des questions dont elle sait les réponses. Ceci dit, c'est toujours mieux que le silence inconfortable qui régnerait, et elle fait semblant de s'intéresser à des observations catastrophiques que je dresse pour cacher mon embarras. J'acquiesce : oui, les cinq sont identiques. "J'ai remarqué que les êtres humains ne demandent pas l'autorisation pour se resservir de l'eau chaude." J'ai beau trouver cela irrespectueux et indécent, je préfère prévenir que guérir. J'ai donc cinq théières identiques au cas où un idiot maladroit malpoli mécréant déciderait de reprendre du thé.

En revanche, je n'ai pas d'autre exemplaire de la première édition du livre de Hume, et je suis très protecteur à son égard. "On se calme." Le fait qu'elle lève les mains aide. "Je vais pas abimer ton livre." "Pas intentionnellement, j'en suis sûr, mais c'est toute une technique de feuilleter des livres comme celui-ci. Je pourrai t'apprendre." A force de lui enseigner tout ce que je sais, c'est elle qui va finir par succéder à l'empire Fitzgerald. Elle est bien plus courageuse et curieuse que Bailey, donc ce serait judicieux. Je ne sais pas où je me vois dans ce scénario. Mort assassiné par un italien ? (Lequel des deux ? On verra bien.)

"Faut se détendre Sebastian." La façon dont elle prononce mon prénom aide. Son sourire aide. "Tu refuses de rentrer dans une catégorie", je réponds, car pour moi ça explique toute la difficulté que j'ai à savoir comment l'accueillir. Ce n'est pas un adversaire, donc je ne dois pas me montrer particulièrement méfiant ou belliqueux. Ce n'est pas tout à fait une amie non plus, pour des raisons trop nébuleuses pour que je les comprenne. Ce n'est pas de la famille (quelle horreur), ni une collègue. Alors, quoi ? Je ne sais pas comment me comporter lorsque tout est si flou et indéfini.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 0:48

Elle lève les yeux au ciel Jill, il ne veut plus voir de tortues. Et elle pourrait se dire qu’elle y retournera juste pour voir si il a l’idée de la rejoindre de nouveau un jour. Elle pose des questions Jill même si elle sent que les sujets qu’il lance ne sont pas ceux qui l’intéressent le plus. Mais il est perturbé, allez savoir pourquoi. Jill ne le sait pas mais elle s’adapte, il va se calmer, il va se détendre, comme il le fait toujours quand ils discutent un peu plus de 10 minutes. “Mais qui sont ces gens ?” Elle le regarde, faussement offusquée. Elle s’amuse vraiment mais se retient de rire un peu. “Elles sont encore toutes intactes ?” Elle est belle cette théière. C’est peut-être normal qu’il y tienne autant. Surtout si c’est la seule chose qu’il a ramené de l’Angleterre.

Elle fronce les sourcils, presque vexée qu’il ne lui laisse pas ce foutu livre. Pourquoi il est allé le chercher si c’est pour le laisser sur un coin de la table. Elle se recule de nouveau en gardant ses mains en l’air quelques secondes. “Pourquoi tu l’as ramené là alors ?” Il peut lui apprendre. “Il y a une technique pour ouvrir un livre ?” Pourquoi ce n’est même pas étonnant. Jill s’y connait à peu près autant en livre ancien qu’en montres certainement. Alors il a certainement des tas de choses à lui apprendre. “Il va falloir que tu fasses une liste de tout ce que tu veux m’apprendre.” Et elle sourit Jill, l’ambiance se détend quelque peu même si Sébastian aurait pu la virer de son salon si un de ses doigt avait effleuré le livre. Mais à quoi bon chercher à lui prendre.

Elle ne comprend pas bien ce qu’il veut dire. Elle refuse de rentrer dans une catégorie ? Mais de quelle catégorie il parle ? “Je refuse ?” Elle n’a pas entendu de question, elle ne sait même pas à quoi il peut penser. Alors elle essaie de réfléchir, de penser comme lui une seconde. Il a toujours besoin de tout classer pour savoir comment réagir. Alors elle improvise en ne sachant même pas vraiment de quoi elle parle. “T’as qu’à inventer une catégorie !” Elle hoche la tête, peut-être qu’il réfléchira moins après ça, ou au contraire, il réfléchira encore un peu plus et un peu plus longtemps.

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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 1:13

Jill plaisante sur les mécréants qui touchent des théières qui ne leur appartiennent pas, et ça me réconforte qu'elle prenne (même ironiquement) ma défense dans toute cette histoire. "Pour le moment, elles ont toutes survécu, oui." J'ajoute presque qu'une tasse est décédée à cause d'Auden, mais je me retiens : elle ne veut pas en parler. C'est le festival des informations que je ne peux pas caser, aujourd'hui, ou des secrets que je ne fais pas exprès de révéler.

"Pour te le montrer", c'est pour ça que j'ai apporté le livre, "de loin", je précise au cas où ça lui donnerait assez de confiance pour retenter une approche, "c'est un des seuls au monde, tu sais", je suis fier de ma collection, et j'ai hésité à l'apporter ici parce qu'un avion ça peut se crasher (que moi je meure dedans n'est pas très important, mais le livre) ; j'ai fini par céder, en le voyant seul sur son étagère. Bon, il n'était pas vraiment seul. J'avais juste envie de l'avoir dans ma chambre ici aussi. Faire de ce domicile temporaire un lieu qui ressemblerait à un foyer. Plutôt que de s'offusquer, Jill s'intéresse et m'interroge. Je hoche de la tête. "Oui, car le papier est ancien, et peut se détruire si le rythme ou le geste ne sont pas appropriés. Techniquement, je ne devrais pas le toucher sans gants", et je fais une moue car j'ai transgressé une règle, ce qui ne me plaît pas particulièrement, "mais je n'en ai plus, je viens d'en recommander", parce qu'il faut aussi régulièrement changer de gants au cas où des saletés sont venues se coller dessus. C'est laborieux de lire des premières éditions.

"Il va falloir que tu fasses une liste de tout ce que tu veux m’apprendre." L'idée me plaît tant que je me détends aussitôt et je souris. "Les montres", je compte sur mes doigts, "les livres anciens, la philosophie, l'histoire des monuments." Je réfléchis, insatisfait. "Mais ça ne marche pas, de faire une liste, parce qu'à chaque conversation que nous aurons, je réaliserai des lacunes, et des éléments viendront s'ajouter. Disons que c'est une liste ajustable." Etre précis est important. "Toi aussi, tu vas faire une liste ? M'en dire plus sur comment les émotions sont ressenties, déjà." J'ai d'autres idées en tête, mais je ne dirai que celle-là.

"Oui, tu refuses", évidemment que je l'accuse, car c'est elle qui fait tâche dans ma vie parfaitement réglée par ailleurs, c'est donc sa faute d'être l'exception, le pas de côté, l'écriture illisible sur l'ordonnance. "T'as qu'à inventer une catégorie !" Oui, après tout, ça pourrait aider. Femmes que j'aurais pu épouser ? C'est une catégorie très solitaire, et qui va amener, à coup sûr, un silence gênant ; je ne connais pas bien les moeurs sociales, mais celle-là me semble évidente. Etres humains envers lesquels je n'éprouve pas d'hostilité ? Là encore, il n'y aurait qu'elle. Personnes qui essaient de me comprendre ? Même problème. Bon. "Non-ennemie. Tu es une non-ennemie." Je la regarde pour jauger ce qu'elle en pense. Je trouve la trouvaille pas trop mal. Puisqu'elle ne correspond à aucune catégorie, je prends en créer une par la négative. Je n'ai pas un QI si élevé pour rien, finalement.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 1:45

RAS, toutes les théières sont saines et sauves. Jill n’a pas prévu de casser la première. Alors elle reste avec sa tasse entre ses mains, il faut certainement faire attention aux tasses aussi. “Tu vois, personne n’a décidé d’attaquer tes théières.” Et elle continue de sourire Jill, elle sent que ça le détend. Qu’il parle plus facilement aussi, et l’ambiance se détend petit à petit. “Ah oui je le vois très bien, de très loin.” Elle pouffe encore, il a certainement juste voulu s’échapper du salon pendant quelques secondes pour essayer de reprendre ses esprits. Mais elle accepte, elle ne touchera pas ce livre qui est apparemment aussi important pour lui. “T’en as beaucoup des comme ça ?” Elle n’a même pas vu de bibliothèque Jill. Il doit la cacher dans un recoin de sa maison. Elle ira peut-être fouiller si il a la mauvaise idée de retourner dans sa cuisine. Il y a encore tellement de choses à savoir sur les livres qu’il a, que Jill ouvre de grands yeux étonnés quand il lui parle de gants et de toute une stratégie rien que pour l’attraper. “Donc t’es en train de l’abîmer là ?” Parce que ça fait déjà deux fois qu’il le prend en main.

Elle parle de liste, et bien évidemment il sourit. Elle connait quelques trucs qu’il aime depuis le temps qu’ils se connaissent. Et les listes et l’organisation, c’est quelque chose qui fait partie intégrante de sa vie au Fitzgerald. “Une liste ajustable.” Elle rit, elle hoche la tête quand il parle déjà de quelques catégories. Il a l’air si enthousiaste. “Donc tu n’arrêteras jamais de compléter cette liste.” Parce qu’elle aura des lacunes dans beaucoup de domaines Jill. Et il lui demande de faire une liste elle aussi, elle attend un peu plus d’explications et elle hausse les sourcils. “Oh…” Elle réfléchit une seconde. “Tu veux quoi comme liste ? Ce que je ressens ? Quand je le ressens ?” C’est étonnant comme liste, et très personnel. Mais il veut en savoir plus sur les émotions et c’est étonnant. “Pourquoi maintenant ? Ca t’intéressait déjà avant ?”

“Je refuse rien, c’est toi qui ne trouve pas.” Elle le regarde dans les yeux, il ne peut pas rejeter la faute sur elle cette fois, elle ne sait même pas de quoi il peut bien parler. Et il sait qu’elle ne lâchera pas ses yeux. Non-ennemie. “Tu parles de catégories pour classer les gens ?” Ca ne l’étonne pas qu’il en ait. Mais ça l’étonne qu’il ait besoin d’en créer une spéciale pour elle. “Non-ennemie.” Elle ne saurait même pas dire si c’est positif ou négatif. “Je suis ta seule non ennemie ?” Il ne peut pas avoir que des ennemis. “C’est quoi les critères de cette catégorie ?” Et si t’arrêtais de poser des questions Jill ?

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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 3:21

Non, mais les tasses, oui. "C'est vrai, ma vaisselle a moins d'ennemis que je ne l'imaginais, peut-être." Encore un trait d'humour ? A force de fréquenter Jill, je vais devenir un comédien qui déblatère sur son existence misérable sur une scène collante pour un public ivre (ce n'est pas un métier que je respecte beaucoup). Heureusement, elle fait une plaisanterie aussi, donc je ne reste pas seul dans ma déréliction. "Ma collection n'est pas impressionnante, j'ai seulement quarante-huit premières éditions", je baisse la tête, ce n'est rien, j'en ai bien conscience, mais je suis très exigeant sur l'état du livre, le contenu (je n'achète pas n'importe quel bouquin juste sous prétexte que le papier est ancien, je ne suis pas fétichiste du papier), et puis je n'ai pas le temps d'aller dans les foires spécialisées qui ont lieu en Europe, d'autant moins maintenant que je suis en Australie. Je souris, lorsqu'elle remarque que j'abîme mon propre livre. "En quelque sorte", et c'est presque une confession, mais je calcule quand même mes gestes pour que les dégâts soient moindres. "Tu collectionnes des objets, toi ?"

Il y en a des sujets dont j'aimerais parler avec Jill, et des horizons que j'aimerais lui ouvrir. Sous forme de liste, ça semble plus facile à imaginer, à prévoir. Mais elle aussi a beaucoup à m'apprendre. "Je veux une liste de ce que tu aimerais m'enseigner, toi. Et je pense que les émotions en font partie. La sous-liste spécifique des émotions pourrait être, je ne sais pas, les ressentis principaux que tu as et ce qui les provoque et au bout de combien de temps ça part." Autant de mystères qui m'intriguent au plus haut point, et dont les réponses me permettraient de connaître mieux les humains en général et Jill en particulier. "Non, ça ne m'a jamais intéressé, mais maintenant j'ai quelqu'un dans ma vie avec qui j'aimerais pouvoir communiquer autrement que simplement par idées, quelqu'un que j'ai véritablement envie de comprendre et connaître." C'est bien, quelqu'un, ça donne un flou artistique tout à fait appréciable.

Elle a raison. C'est quand même à moi de trouver dans quelles catégories je mets les gens que je rencontre. Ce serait décidément plus simple si elle était mon ennemie, mais on vient de se mettre d'accord, à l'aquarium, sur le fait qu'elle ne le serait pas. "Tu es ma seule non-ennemie potentielle, disons. Comment expliquer ?" Je réfléchis. Je pourrais mourir sous les yeux d'Ariane, elle ne réagirait peut-être pas. Idem pour Saül. Bailey appellerait l'ambulance parce qu'il suit des principaux moraux, mais fondamentalement, si ça ne tenait qu'à lui, je pense qu'il serait heureux de ne plus jamais me revoir ; je pense même qu'il serait heureux si j'allais mal, si je me faisais renvoyer, si je mourais seul étouffé par un boa constrictor. Si j'appelais Jill parce que j'étais en difficultés, elle me poserait des questions, elle chercherait à aider, à sa façon, et c'est donc une non-ennemie. "Je ne pense pas que tu hésiterais à me sauver. Je pense que c'est ça, que j'appelle une non-ennemie. Et oui, tu es la seule." Je bois le reste de mon thé, qui est enfin à bonne température, puis prends la théière délicatement pour nous resservir. "Si tu mettais les êtres humains dans des catégories", ce que, clairement, elle ne fait pas, étant donné sa confusion depuis le début de cette conversation, "tu me mettrais dans laquelle ?"

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 3:58

Sa vaisselle va bien, ils sont tous sains et sauf, et Sebastian s’est détendu. Il se met même à jouer sur le même terrain que Jill, il plaisante et ça ne l’étonne pas tant que ça. Elle pouffe de rire “Tes théières ont l’air inoffensives je pense que t’as rien à craindre.” Et elle hoche de nouveau la tête. Et il parle de collections et de ses livres. Livres qu’il est en train d’abîmer uniquement pour le ramener et le montrer (de loin) à Jill. 48. Elle ouvre un peu la bouche. “Mais où est ce que tu caches 48 livres ?” Elle tourne la tête pour observer tout autour du salon. Il a combien de pièces dans cette maison ? Parce qu’il n’a sûrement pas uniquement 48 livres en tout. Et elle pense de plus en plus à aller ouvrir quelques portes pour trouver ses réponses elle-même. Elle ne va sûrement pas rester assise pendant toute l’après-midi. Elle a besoin de bouger, et elle bougera en observant sa maison. Est ce qu’elle collectionne des choses ? Pas vraiment. Elle n’a jamais été du genre à accumuler. “Je garde toujours mes dessins quand ils sont réussis.” Est ce qu’on peut appeler ça une collection ? “mais je crois pas que je collectionne quelque chose en particulier…” Peut-être les chansons qu’elle mémorise et qu’elle joue au piano. Mais pas sûr que ça soit considéré comme une collection.

Il veut une liste. De ses émotions. De ce qu’elle aimerait lui apprendre. “Une sorte de carnet de ce que je ressens dans une journée, avec les pourquoi et des précisions sur quand ça se termine ?” ça peut être très intéressant et Jill s’amusera certainement à faire ça. “Je vais devoir chercher ce que je pourrais t’apprendre.” Qu’est ce qu’elle pourrait lui apprendre ? A part le dessin qu’il ne doit pas vraiment connaitre. Mais Sébastian est spécialisé dans tous les domaines possibles et imaginables. Elle va devoir trouver quelque chose. Et elle pose une question, elle ne s’attendait pas à cette réponse. Il n’est pas censé ne rien ressentir Sébastian ? Ne pas être capable de penser à qui que ce soit d’autre que lui ? Elle fronce les sourcils en jouant avec sa tasse. Est ce que ce quelqu’un c’est elle ? Elle ne posera pas la question parce qu’elle le sait. “T’as pas peur de finir par ressentir des émotions toi aussi si t’en apprends trop ?” Est ce qu’on peut en apprendre trop ? Aucune idée. Mais elle le fera Jill, elle le fera si il cherche à la comprendre comme elle cherche à le comprendre.

Elle essaie de comprendre là encore, c’est une boucle sans fin à laquelle elle s’habitue. Il cherche ses mots, des exemples certainement pour qu’elle puisse enregistrer une nouvelle manière de penser du Fitzgerald. Elle n’hésiterait pas à le sauver. Et c’est la vérité. Il n’hésiterait pas non non plus, est ce que ça fait de lui aussi un non ennemi. “Donc toutes les autres personnes que tu connais te laisseraient mourir, sauf moi ?” Elle espère que ce n’est pas la réalité, elle ne peut pas croire que tout le monde lui veut du mal. Il n’est pas si horrible que ça. “Donc je suis la sauveuse de ton hypothétique mort ?” Elle sourit, elle essaie encore d’ajouter de l’humour dans cette conversation. Elle fronce les sourcils, si elle classait les gens dans des catégories ? Ca ne lui viendrait pas à l’idée, mais il a utilisé si alors elle va se prendre au jeu. “J’ai le droit d’utiliser la case non-ennemi ?” Mais on ne peut pas dire qu’elle ait de réels ennemis Jill. Alors elle réfléchit et elle ne sait pas, elle n’en a aucune idée. Elle ne saurait pas créer de case ni la décrire. C’est juste Sébastian, il n’y a pas besoin de définir la case qui lui appartient. “T’aurais la case Sébastian Fitzgerald je crois, je peux pas te comparer à quelqu’un d’autre.”

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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 17:07

Voilà qu'elle personnifie des théières ; pour un peu, elle se prétendrait magicienne. Je souris de la voir si réjouie, si à l'aise, dans cet environnement nouveau où elle aurait pu se sentir intimidée. Finalement, c'est moi qui suis précautionneux et elle qui s'accommode, s'adapte, et ce sont des comportements qui ne nous sont pas habituels, ni à l'un, ni à l'autre. Elle demande où sont mes livres, et je la regarde, méfiant de nouveau : "Dans ma chambre", où elle n'a pas le droit d'aller, où personne n'a le droit d'aller. J'ai des espaces qui n'existent que pour moi. En termes de collections, elle a ses dessins. "Tu les conserves dans des classeurs ? Des dossiers ? Tu les scannes au cas où ta maison serait inondée ?" Toujours prévoir le pire au cas où, s'assurer contre les catastrophes. "J'aimerais voir ta collection", mais pas chez elle, pas chez Bailey.

Le carnet qu'elle propose de créer me fascine, et je m'avance un peu sur mon siège, sans faire exprès, "Exactement", et c'est un recueil d'une valeur inestimable qu'elle envisage d'écrire. Je pourrai comprendre les humains infiniment mieux, et Jill dans toute sa précision et ses multiples paradoxes. "Tu as beaucoup à m'apprendre", je rétorque, le visage sérieux, car son humilité frôle le manque de confiance en soi, et c'est un trait de personnalité que je refuse, que je corrige. "T’as pas peur de finir par ressentir des émotions toi aussi si t’en apprends trop ?" Je fronce les sourcils. C'est une possibilité, j'imagine. Il faudrait que je le compare à d'autres domaines. "Ce n'est pas parce qu'on écoute de la musique qu'on sait jouer d'un instrument. Ce n'est pas parce qu'on lit des histoires d'astronautes que notre corps est prêt à voyager dans l'espace." Je sais qu'elle m'interroge sur ma peur, ceci dit, et je souris : "Et puis, encore une fois, je n'éprouve que rarement de la peur." Quasiment jamais, même, mais j'ai appris à moduler pour ne pas incommoder mes interlocuteurs.

"Je pense, oui", et pas tous ne se réjouiraient de ma mort, mais ils y participeraient, par choix ou passivité. J'imagine mal ceux que je connais se précipiter sur mon corps pour me faire du bouche-à-bouche. "Nous ne fréquentons pas assez pour que statistiquement tu sois là le jour de ma mort", je réponds à sa plaisanterie, tout à fait sérieusement. Elle demande si elle peut utiliser la case non-ennemi, et j'acquiesce, mais elle continue de réfléchir. J'attends. Je bois mon thé. "T’aurais la case Sebastian Fitzgerald je crois, je peux pas te comparer à quelqu’un d’autre." Je la fixe sans un mot, et il semble que sa phrase n'arrive pas tout à fait jusqu'à mon cerveau. Je l'ai entendue, mais il y a dû avoir un court-circuit quelque part, car un sourire se dessine sur mon visage, tandis que je récupère la théière vide. "Très bien", je dis, faute de savoir quoi répondre, et j'emporte la théière dans la cuisine pour la remplir d'eau. Quelques minutes de solitude et de silence. La case Sebastian Fitzgerald. Je peux pas te comparer à quelqu'un d'autre. Je hoche de la tête, stupéfait, tout en faisant bouillir de l'eau.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 18:05

Et il donne l’emplacement des livres. Jill hoche la tête, elle enregistre l’information même si elle ne prendra sûrement pas le risque de toucher à un seul livre. Mais elle enregistre en jetant un coup d’oeil vers le couloir et les pièces encore inconnues. Ils parlent de collections, mais Jill ne collectionne rien. Elle n’en est pas vraiment consciente en tout cas. Mais ses dessins doivent être considérés comme une collection puisque c’est comme ça qu’il l’appelle Sébastian. Elle fronce les sourcils, il a déjà vu beaucoup, beaucoup de dessins. “Heuuuu…” Elle sourit un peu, elle n’est pas du genre à classer Jill. “Je les conserve dans les carnets, sur les papiers. J’ai que les originaux.” Elle pourrait très bien les perdre mais ce n’est pas arrivé. “Ca fait beaucoup de dessins.” Elle rit un peu, elle sait où ils sont tous, elle a son coin à elle, mais il y a certains dessins qu’elle n’a pas ressorti depuis des années.

“Je dois aussi faire une liste ajustable alors ?” Puisqu’elle a apparemment beaucoup de choses à lui apprendre. Elle ne sait pas vraiment quoi, peut-être que lui trouvera au fil du temps. Et les questions s’enchainent parce qu’elle en a toujours une nouvelle Jill. Et elle les pose, comme elle le fait toujours. Si il n’a pas envie d’y répondre il ne le fera pas. Mais il répond à chaque fois Sébastian. “Oui mais un son peut donner envie de jouer de la musique, et c’est pareil pour les histoires d’astronautes.” Donc ses exemples ne marchent pas vraiment. “Même pas celle de la nouveauté ?” Il est souvent enfermé dans sa routine, dans les cases et l’organisation. Il doit avoir peur de la nouveauté, ça doit être une de ses seule peur. Mais ça reste une question, peut-être qu’il n’a réellement aucune peur.

Elle fronce le nez Jill, elle serait prête à parier qu’elle n’est pas la seule. Ce n’est pas possible, il y a des personnes qui tiennent à lui. Bailey tient à lui même si les relations sont compliquées. “On sait jamais.” C’est le genre de chose qui peut arriver n’importe quand. Mais elle n’a pas envie d’imaginer ça. “Mais tu vas pas mourir tout de suite.” Encore une fois, c’est quelque chose qu’on ne peut pas prévoir. Alors elle secoue la tête Jill et pose sa tasse de thé vide sur la table. Une case, elle doit créer une case pour ranger Sébastian. Mais elle ne fait jamais ça, et elle ne peut pas le comparer à quelqu’un d’autre que lui. Et il ne répond pas vraiment Sébastian, alors elle fronce les sourcils en le regardant partir dans la cuisine. Et elle se lève discrètement. Elle avait dit qu’elle allait visiter sa maison.

Elle ouvre une première porte, une chambre, dénuée de toute personnalité. Et pas de bibliothèque. Il a vraiment des chambres d’amis ? Elle tourne la tête et ne le voit toujours pas sortir de la cuisine. Alors elle continue, et tombe sur un bureau. Il y a des dossiers, des papiers, mais tout est parfaitement bien rangé. Ca pourrait presque être terrifiant. Une porte entrouverte au fond à gauche du couloir, une chambre. Sa chambre certainement. “Wahou.” Effectivement, tous les livres sont regroupés ici.

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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 18:25

Je fais une moue. C'est un coup à tout perdre en fumée. "Je pense que tu devrais en faire une copie digitale, au cas où." Ce serait si dommage de perdre tout ce qu'elle a créé à travers les années. Les gens ne se rendent pas compte qu'il faut prévenir le danger, jusqu'au jour où ça arrive, et ils se lamentent : si j'avais su, j'aurais fait autrement. Je remarque que ma main se serre un peu plus autour de ma tasse, parce que les fausses excuses m'exaspèrent. "Ca fait beaucoup de dessins", elle dit, et mes muscles se détendent ; j'ai envie de découvrir son imaginaire, et quelle plus belle façon que de voir comment elle l'a façonné sur papier ?

"Oui, une liste ajustable serait le plus pratique. Je t'enverrai un message pour que tu aies mon numéro de téléphone", parce qu'évidemment que j'ai le sien, "comme ça, tu pourras m'envoyer tes ajouts à la liste. Je me doute que tu ne la tiendras pas, donc je pourrai la noter." Ca m'étonnerait que cette femme ait déjà fait une liste dans sa vie. Elle est plutôt du genre à se lancer les bras écartés dans une cage à requins - ce qui est une métaphore assez juste pour sa présence ici. Pourquoi vient-elle si près du danger lorsqu'elle pourrait me répudier et aller continuer une existence paisible ? (Quoique, paisible ne définit probablement pas sa vie.) "Tu as déjà fait une liste ? Je veux dire : pris un papier et un crayon, et vraiment écrit une liste ?" L'image me semble incongrue. Elle veut savoir si j'ai peur de la nouveauté, et, comme souvent, sa question me surprend. "Je n'en ai pas peur, mais je n'aime pas ça. Quoique, c'est faux. J'aime la nouveauté, car j'y apprends beaucoup, mais je n'aime pas les surprises." J'ai une moue d'horreur en me souvenant d'un anniversaire-surprise que mes professeurs d'école élémentaire avaient voulu m'organiser. Je n'avais plus jamais remis les pieds dans cet établissement. "J'imagine que tu adores les surprises ?"

Sa confiance dans mon espérance de vie me fait sourire. Si elle savait le nombre d'ennemis que j'ai sur cette planète... Elle pourrait s'en douter, considérant qu'elle est la seule non-ennemie que j'ai comptée. La plupart ont trop peur de moi ou de la loi pour passer à l'acte, ceci dit, donc pour le moment, je suis effectivement en sécurité. Ou du moins, c'est ce que je crois, jusqu'à ce qu'elle dise ne pouvoir me comparer à personne, et là, mon système est court-circuité aussi efficacement que si on m'avait tiré dessus. Je trouve refuge dans la cuisine, et je n'entends que la bouilloire qui chauffe. Lorsque je reviens dans le salon, ceci dit, Jill n'est plus là. Je pense immédiatement à la porte de sortie, mais j'entends soudain un "Wahou" qui provient du couloir. Je lâche la théière, qui se brise sur le sol. Jill McGrath est dans ma chambre. Plus que quatre théières.

Sans même chercher à ramasser ou nettoyer, j'emprunte le couloir, et les portes sont ouvertes. Instinctivement, je les referme, jusqu'à atteindre ma chambre, donc. Jill est à l'intérieur. Mes yeux passent rapidement sur le lieu : les bibliothèques en vieux bois, où il y a les vieilles éditions mais aussi tous les autres ouvrages que j'aime consulter (y compris l'encyclopédie complète, bien entendu) ; le faux plancher que j'ai fait installer pour retrouver un peu de l'Angleterre ; les différentes lampes, l'une de pied, l'une au plafond, l'une sur la table de nuit ; et surtout, immanquablement, le lit aux proportions titanesques sur lequel est encore posé un plateau avec la tasse de thé du matin. Les draps sont défaits, mon visage est livide, Jill est dans ma chambre. J'ouvre la bouche et la referme, parce qu'il n'y a rien à dire du tout. Je suis tellement stupéfait que je ne parviens pas à me mettre en colère, alors que je devrais le faire, je devrais m'insurger contre cette violation de ma vie privée. Faute de quoi, je reste là, debout. "Dans les termes de l'entente, j'aimerais rajouter que celle-ci sera annulée si tu racontes à qui que ce soit la moindre chose sur cet espace. Le titre de mes livres. La couleur du mur. La forme de la lampe." C'est mon Vatican, ici, et je ne pourrai m'apaiser que si elle promet le secret absolu. Si elle manque à sa parole, je l'attaquerai sans relâche et sans merci, et je compte sur le fait qu'elle ne puisse en dire trop parce qu'elle n'entraîne pas sa mémoire quotidiennement.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 19:00

Il fait la moue Sébastian, et c’était prévisible. Elle n’a jamais transféré un seul dessin sur un ordinateur. Elle trouve que ça perd tout son charme. “J’ai pas envie des les copier, je déteste les dessins sur les ordinateurs.” Et, comme ça, chacun de ses modèles reste unique. Mais il n’approuve pas, parce qu’il y a le risque que tout se perde un jour. Elle ne dit pas non à ce qu’il les voit, et il ne renchérit pas. Peut-être qu’il le verra un jour, elle ne sait pas où ni quand, mais c’est un peut-être. Il s’intéresse vraiment à ce qu’elle fait, et, même si elle ne sait pas vraiment pourquoi il est comme ça, elle le laisse s’intéresser.

Elle n’a pas son numéro, mais apparemment lui l’a. Elle tourne les yeux vers lui en ouvrant la bouche. “Mais…” A quoi bon demander comment ? Elle ne saura pas de toute manière. “Ok.” Elle hoche la tête, il n’oubliera pas, elle sait qu’il le fera. “Tu vas devoir tenir ma liste et la tienne alors.” Parce que, effectivement, c’est très peu probable qu’elle tienne quoi que ce soit à jour à part ce carnet qu’elle a dit qu’elle ferait. “Ca m’arrive de faire des listes de courses.” Elle hoche la tête avant de pouffer de rire, il aurait presque l’air désespéré et ça l’amuse. “Il faut des cours pour apprendre à faire une liste aussi ?” Elle lève les yeux au ciel, il y a une technique pour faire des tirets et écrire des mots à la suite ? “Tu sais que le carnet des émotions ne sera pas rangé, si je le fais vraiment au ressenti…” Il faut peut-être qu’il se prépare psychologiquement alors autant le prévenir à l’avance. Il n’aime pas les surprises, mais il aime la nouveauté. Et elle trouve ça étonnant. “Donc pas de peur évidente…” Elle réfléchit quelques secondes mais ne trouve pas autre chose. “On peut pas dire que j’adore en recevoir, mais j’aime bien en organiser.” C’était déjà arrivé quelques fois. “Mais c’est quand même plaisant de temps en temps.”

Il part vers la cuisine, elle part vers le couloir. Elle ouvre des portes sans les refermer, il le fera de toute manière. Il finira par voir qu’elle n’est plus assise sur le canapé. Il va peut-être la virer de chez lui, peut-être pas. Elle verra bien. Mais elle observe tout, c’est la seule pièce où il y a un peu de vie. Et elle sursaute quand elle entend la théière se briser. Il arrive et ne parle pas pendant de longues secondes alors qu’elle marche un peu sans toucher à rien. “T’as attaqué la théière ou c’est elle qui t’a attaqué ?” Elle tente l’humour en se tournant vers lui alors qu’il a l’air terrifié à l’idée qu’elle raconte quoi que ce soit. Elle plante ses yeux dans ceux de Sébastian. “Tu me fais pas confiance ?” Elle fronce les sourcils, à qui elle pourrait bien raconter ça ? Ca reviendrait à dire à quelqu’un qu’elle est allée chez lui et qu’elle est entrée dans sa chambre. “Tu sais bien que je dirai rien.”

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Message(#)dans des toiles de rosée EmptyDim 10 Mai - 19:58

"Une puriste", je commente plus pour moi-même que pour elle. Je comprends, bien sûr, parce que je suis pareil. Toutes mes notes sur les êtres humains, je les prends sur des carnets, et pas sur ordinateur ; il se trouve que c'est par ailleurs plus sûr. Je détesterais que les informations tombent dans les mains de n'importe qui. Elle renonce à me demander comment j'ai mon numéro de téléphone, ce que je trouve sage, car ç'aurait été une question inutile, et confirme que je tiendrai les deux listes. Elle parle de courses, et rit car l'expression de mon visage est entre l'accablement et le désespoir. "Non, ça ne s'apprend que par la pratique", certains théoriciens des listes ne seraient pas d'accord avec moi, mais j'en suis convaincu. D'ici à ce que Jill se prenne de passion pour les listes, je pense que nous avons le temps, ceci dit. "Je m'adapterai", je dis, en imaginant déjà à quel point le carnet sera un enchevêtrement de données non-classées. C'est mon fort de repérer les schémas dans l'apparent chaos de l'univers. "C'est une réponse très désorganisée", elle n'aime pas les surprises, mais aime en organiser, mais aime aussi en recevoir parfois. On est loin des affirmations ou dénégations catégoriques et simples à comprendre.

Tout change entre cette conversation simple et légère dans le salon, et l'atmosphère, quelques minutes plus tard, dans la chambre. "J'ai attaqué la théière ?" je répète, pas très sûr de ce qu'elle entend par là, pas très sûr de quoi que ce soit. J'ai trop de détails à prendre en compte et de paramètres qui se modifient pour être tout à fait présent. "Tu me fais pas confiance ?" Les êtres humains et leur confiance. Je ne la quitte pas des yeux, vérifiant ce qu'elle regarde, où elle va, ce qu'elle touche (elle ne touche rien, elle a assez de bon sens pour cela). "J'essaye." Ce n'est pas dans mes habitudes, donc ça va prendre un peu de temps - une trentaine d'années devraient éventuellement suffire. "Tu sais bien que je dirai rien." Elle soutient mon regard, et je vois qu'elle dit la vérité (je connais déjà douze indices involontaires qu'elle laisse quand elle ment). Je soupire. Je m'avance d'un pas vers elle, sans faire exprès, et ne le réalise qu'une fois que je sens son parfum. "D'habitude, les femmes enceintes ne supportent pas le parfum", je dis, comme si je répondais à une phrase qu'elle aurait dite.

@Jill McGrath-Fitzgerald
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