Clairement, nous étions aussi perdus l’un que l’autre. Seuls. Très seuls. Et je ne savais pas trop quel lien, nous étions en train de tisser mais je mettais toutes mes peurs de côté. Avec lui, pour lui. Je décidai d’oublier la malédiction qui pesait sur ma tête. Le chagrin, les peines et de lui confier le peu qu’il restait de moi. je voulais voir où nous menait le chemin pavé d’or. Vers Oz ? Ailleurs ? Je me contentai de regarder Zeke, murmurant quelques paroles, essayant de le rassurer comme je pouvais. Serrée contre lui, je constatai qu’il était effectivement très chaud. il sentait le bois, une odeur réconfortante alors que je devais sentir la nourriture ou la noix de coco, vu que je me parfumais avec ça. les odeurs comptaient énormément pour moi, elles m’apaisaient. Je pris soin de fermer les yeux, de me calmer tout contre lui. Mon arbre. Il s’était comparé à un arbre un peu plus tôt dans la journée. Mon arbre. Solide, clair, précis, sans fioriture. Un homme simple. Je vins lever le visage pour lui demander. Lui demander de lâcher prise. D’essayer de faire confiance, de me faire confiance. Nos regards se croisèrent avant que le brun n’en vienne à fermer les yeux. Il allait sans doute rebrousser le chemin. Je sentis ce feu s’éteindre lorsque tout d’un coup, sa bouche rencontra de nouveau la mienne. L’échange n’avait plus rien de doux, il était plus passionné, plus profond. Comme si nous scellions une promesse. Je vins coller naturellement mon corps contre le sien à mesure que cette douce chaleur m’enveloppait. Nouant mes bras contre sa nuque, je lui rendis son baiser. Je n’avais pas embrassé un homme comme ça depuis longtemps. Sous ce mutisme, se cachait quelqu’un. Un homme qui avait sans doute besoin d’un peu de chaleur, d’un peu de réconfort. Lorsque l’air vint à nous manquer, je restai quelques temps contre ses lèvres avant de sourire. En silence. Doucement, je vins parsemer sa mâchoire de quelques baisers plus volages avant de venir nicher ma tête dans son cou, laissant libre à cours à mes émotions qu’il avait mis sans dessus-dessous. Constatant que dans notre fougue, j’étais suspendue à quelques centimètres du sol, je raffermis ma prise autour du géant. Mon nez se frotta légèrement contre le sien alors que je le couvais du regard. « Tu restes dormir avec moi ce soir ? Demandai-je d’une voix plus rauque. » Mes lèvres continuaient de frôler les siennes, essayant de le garder près de moi du mieux que je pouvais.

La route s'étendait devant eux, autant au sens littéral que figuré et Zeke n'était pas encore en mesure de se projeter sur le chemin. Il ne l'avait jamais fait, certainement parce qu'il n'avait vécu que de routine à la ferme. Jamais rien ne le coupait de sa route, de sa chambre à la cafetière puis jusqu'aux champs pour s'occuper des animaux avant qu'il ne termine dans la grange où tout son matériel d'ébénisterie s'accumulait. Il n'y avait aucune place pour le hasard dans son petit monde et c'était sacrément réconfortant pour un grand dadais comme lui. Blythe avait toujours eu ce besoin d'avoir les choses en main, si ce n'était son destin au moins les quelques bribes d'actions qu'il pouvait avoir envie d'opérer pour avancer dans ce monde tortueux. Pas là. Pas avec Eve. Elle lui avait demandé de lâcher prise, de l'embrasser sans plus penser à quoique ce fut et il avait rempli le contrat à merveille en donnant tout de lui dans ce baiser échangé. Il perdit par contre le fil du temps, sa respiration aussi mais il ne comptait pas la laisser s'échapper avant qu'elle ne fut hors d'haleine, tout comme lui. Ezechiel sentait ses lèvres bouger contre les siennes avec la même fougue, leur bouche s'ouvrant au même instant pour voyager dans le monde de l'autre, quelque chose que Zeke ne faisait jamais vraiment. Il gardait tout pour lui habituellement mais là, il avait soulevé Eve de terre pour qu'elle reste à sa hauteur, ses mains ayant voyagé de son visage jusqu'à ses flancs où il les fit se rejoindre pour la tenir fermement. Même lorsque leurs lippes se relâchèrent, Zeke ne lui offrit pas le luxe de retrouver la terre ferme, la jeune femme faisant virevolter quelques baisers sur sa peau, geste affectueux qu'il découvrait à ce moment là, un sourire collé à sa bouche rosie par l'intensité de leur étreinte. "Dormir, oui." Il savait faire, dormir avec quelqu'un. Pour le reste, le grand brun voulait aller doucement, prendre son temps, ne rien regretter, et prendre confiance aussi parce qu'il avait besoin de plus d'assurance encore pour passer un nouveau cap. "Tu me chanteras la berceuse?" Qu'il demandait avec cet air mutin qu'il n'avait peut être jamais montré jusque là, ses bras tenant toujours aisément Eve contre lui. A croire que Zeke commençait tout juste à se découvrir, ce soir-là.

J’étais surprise par la passion qu’il y avait sous cet homme. Lui qui avait montré un calme, une maitrise de soi. Je me perdais dans les méandres de cette passion nouvelle, dans ce feu qu’il animait en moi. Ce feu que je n’ai pas ressenti depuis longtemps. Mon pouls s’accéléra à mesure que nos lèvres bougeaient en parfaite harmonie, à mesure que nos souffles se mélangeaient, à mesure que nous nous fondions l’un dans l’autre dans cette étreinte. Mes doigts raffermirent leurs prises alors que je venais de les enrouler autour de son cou. Mes jambes suspendues dans les airs, ses mains sur ma taille. Je m’animais à nouveau entre ses bras comme si j’avais été cryogénisé pendant toutes ses années. Le souffle vint à nous manquer et le contact fut rompu ensemble. Mais sans pour autant qu’il ne me laisse retrouver la terre ferme. Je vins sourire avant de venir me perdre dans son cou et que mes jambes vinrent se nouer autour de sa taille. Beaucoup plus confortable. Mes lèvres vinrent déposer de chastes baisers sur sa peau alors que j’en vins à lui proposer de rester avec moi ce soir. "Dormir, oui." Ma main passa dans sa masse capillaire très lourde alors qu’un sourire illumina. « Bien sûr. Je suis trop fatiguée pour faire quoique ce soit d’autre. » un nouveau rire monta dans ma gorge alors que je raffermis ma prise comme une enfant. Mes doigts vinrent pianoter dans sa nuque. "Tu me chanteras la berceuse?" Un nouvel éclat de rire monta dans ma gorge alors que je vins renverser la tête en arrière. « Oui, une spécialement pour toi si tu veux. » Je vins frotter nos lèvres l’une contre l’autre, semblables à deux adolescents. « Par contre, tu comptes me poser au sol ou tu vas réussir à me porter d’une main tout en tenant les chiens en laisse ? » Après tout, je devais être assez lourde. Du haut de mes quarante kilos à vu de nez et je ne voulais pas être un poids pour lui. « Ainsi, c’est donc ça le monde vu d’en haut, susurrai-je sans le quitter du regard faisant écho à ce qu’il avait dit à mon fils plus tôt, c’est agréable. » Ma main vacante caressa sa joue d’un geste affectueux. Sans doute le suis-je trop ? Allais-je l’effrayer ? J’ai toujours été comme ça sauf que ce trait de caractère était enfoui sous un tas de gravats. Tas qu’il commençait à dégager.

Il n'était a priori pas prêt de se départir de son sourire, lui qui en usait si peu habituellement. Il fallait de bonnes raisons à Zeke pour s'extérioriser à ce point, lui qui ne connaissait pas tellement la définition de joie en vue du mode de vie qu'il avait eu jusque là. Il devait certainement y avoir un début à tout et cette étreinte partagée avec Eve laissait présager ce fameux changement de direction que Zeke aurait dû apprivoiser depuis bien des années. Il n'avait jamais osé cela dit car, il avait beau être un gros dadais, à l'intérieur de cette gigantesque carcasse, se cachait une âme apeurée de tout. Surtout des autres. De ce qu'on pourrait lui faire subir s'il se laissait aller à trop de confidences. Cette fois, néanmoins, son cerveau avait décidé de mettre cette réalité tragique de côté pour se concentrer uniquement sur la beauté de l'instant partagé en compagnie d'Eve. Après ce baiser fougueux, il n'y avait pas de place pour repartir sur une quelconque routine, Blythe se surprenant à sourire en notant les réactions de la belle blonde. Ils étaient apparemment sur la même longueur d'ondes, un soulagement pour Zeke qui ne voulait pas mettre une quelconque pression sur ce nouveau lien. Il était plutôt question de profiter de la magie de l'instant, de son côté totalement inédit pour ne pas en perdre une miette, en rêver durant des jours durant une fois qu'il serait terminé. "Je peux faire les deux. T'as pas aussi lourde qu'un tronc d'arbre." Il lui fit un clin d'oeil en se mettant en marche sans la déposer au sol, sifflant instinctivement pour ramener les chiens vers eux. Zeke expérimentait ce côté joueur, quelque chose qu'il ne connaissait pas le moins du monde chez lui mais qui pouvait promettre monts et merveilles à l'avenir. "Tu comprends Jacob alors, maintenant." Il avait des bras réconfortants, oui, un corps chaud, toujours, alors que la petite troupe arrivait en bas de l'immeuble, Zeke se décidant à la poser à terre à ce moment là car il y avait les enfants et il était hors de question de les perturber, chaque chose en son temps, chaque sourire à la fois dirigé vers Eve.

C’est exactement comme si je venais de me réveiller. J’ai passé tant de temps dans ma petite routine. A être debout à 5 heures pour préparer tout ce qu’il y avait à faire, à courir dans les sens, avec les chiens, les enfants. Robotisée, dépourvue de passion, je me sens m’éveiller tout doucement au contact du grand brun. A mesure que nos lèvres se rencontrent, à mesure que nos mains caressent nos corps avec affection, rien de plus. Le sourire niais visé aux lèvres, j’ai conscience qu’il pourrait être ce que je cherche. Il pourrait être celui qui pourrait faire en sorte que je ferme l’œil une nuit complète sans être hantée par les fantômes de mon passé. Je me laisse aller à cette étreinte nouvelle, à cette chaleur qui nous enveloppait. "Je peux faire les deux. T'as pas aussi lourde qu'un tronc d'arbre." Un rire s’éleva de ma gorge alors que je me sentis rougir face à son clin d’œil. « Je ne sais pas combien pèse un tronc d’arbre, dis-je d’humeur joyeuse, mais je sais combien pèse des sacs de plâtre, du marbre ou autres. La dernière fois, j’en ai reçu un sur la tête. Il s’est vidé sur ma tête. » Et pour cause que j’ai rencontré Marius dans cet état. Mais c’était bien connu que j’étais une catastrophe ambulante. Je ne tenais pas sur mes deux jambes. Avoir un couteau en main était synonyme de doigt en moins. Et par-dessus, j’espérai que Zeke ne me lâche pas. je vis les chiens revenir vers nous docilement afin de pouvoir nous suivre. A part Chopin qui était bavard, mes chiens n’étaient pas sauvages. "Tu comprends Jacob alors, maintenant." J’ai un petit sourire mutin, révélé sous la lueur des halogènes avant de baisser la tête. « Tout ce que j’ai loupé à être aussi bas de la terre. Fais gaffe, tu risques de m’avoir longtemps sur le dos. » Mon nez vint se frotter doucement au sien à mesure que mon sourire s’agrandit. « au sens propre comme au figuré. » Lorsque nous arrivions en bas de l’immeuble, Zeke me reposa au sol et je dégourdis mes jambes avant de le prendre par la main. Sensation nouvelle en tout cas. Une fois devant la porte de la voisine, je vins toquer pour être accueilli par… Jacob qui se barre en courant. « Tu vas où toi ? Dis-je en l’attrapant par le col. Tu restes là, la crapule. Il était cool le dessin-animé ? » Je le pris dans mes bras alors que j’ouvris la porte d’un coup de pied, suvie par le restant de la troupe. « Vous avez regardé quoi ? » Lisa passa à côté de moi avant de sauter sur son chien. « Un truc avec les poissons, tu penses. Tu restes avec nous, ce soir Zeke ? » Je peux lire la surprise sur le visage de Lisa avant d'interroger Zeke avec un regard amusé. Je ne peux manquer de laisser échapper un petit sourire avant de venir poser J.J sur le plan de travail pour lui donner son médicament, attentive cependant à ce que pouvaient se raconter les deux énergumènes de l'autre côté du comptoir.

Eve n'avait pas de notions de masses comme celles que Zeke devait gérer au quotidien et rien que ce fait apportait un sourire sur ses lippes, tout de suite accentué par l'anecdote apporté par la petite blonde. Sa maladresse avait encore frappé et Blythe savait qu'elle en avait des dizaines dans le genre en stock. Il allait vraiment devoir faire attention avec elle ou alors, il risquait de la perdre dès qu'il tournerait le dos deux minutes, avalé par des matériaux d'artistes ou simplement par des ustensiles de cuisine, autant être prudent. "C'est beaucoup plus lourd qu'un sac de plâtres. Enfin, ceux de la scierie en tout cas." L'entreprise n'abattait que les arbres les plus massifs de la région et il n'était pas rare que le brun se retrouve à devoir tracter des sacrées troncs jusqu'à l'entrepôt, voilà qui expliquait en partie sa carrure imposante car Ezechiel ne faisait pas le moindre sport en dehors de son travail et ses tâches à la ferme, il s'avérait qu'il n'en avait clairement pas besoin sous peine de se transformer en véritable armoire à glace. Au moins, c'était une manière comme une autre pour Eve de découvrir le monde sous un angle nouveau, pouvant profiter de cette angle de vue beaucoup plus loin du sol et ce qu'elle y voyait avait clairement l'air de lui plaire vu sa façon d'agir. "Je devrai m'y faire." Il ne serait pas dur sur la question, acceptant plus ou moins tout ce que Eve aurait envie de faire de sa carcasse, que ce fut lui sauter sur le dos pour découvrir de nouveaux détails de la vie qu'elle ne pouvait pas voir autrement. Sa présence, en tout cas, rendait Zeke beaucoup plus chaleureux, son sourire encore présent au moment de retrouver le bruit et l'animation des enfants qui retrouvèrent le cocon de l'appartement. Tout le monde était toujours en forme et Eve accourut pour s'occuper de Jacob, Ezechiel la laissant agir, portant toute son attention sur Lisa qui avait l'air quelque peu inquisitrice. "Disons que ça dépend, tu veux que je reste ou pas? J'ai pas de phasmes dans ma poche alors ça tient qu'à ton bon vouloir, Lisa." Il ne savait pas vraiment si les enfants l'appréciaient assez, après tout, on parlait du grand dadais qui s'approchait un peu trop près de leur mère et on savait à quel point les marmots pouvaient être territoriaux dans certains contextes. "Tu veux qu'on parle de tes phasmes avant la berceuse de maman?" Oui, il était même prêt à accompagner la petite jusque sous les draps, effort aisé à faire pour le grand Blythe qu échangea un regard avec Zimmer, espérant qu'il n'était pas trop ridicule dans une situation qui se voulait originale pour lui, le grand arbre solitaire.

"C'est beaucoup plus lourd qu'un sac de plâtres. Enfin, ceux de la scierie en tout cas." Je n’en doutais pas un seul instant. Le bois était une matière que l’on travaillait beaucoup au moyen-âge. Et j’étais plutôt spécialisée dans l’Antiquité même si je l’avais un peu manier durant mes études. « Et je constate que ça t’a forgé de sacrés muscles en tout cas. » Je laissais mes doigts parcourir ses épaules carrées. A côté de lui, je ressemblais à une brindille. En un coup de vent ou juste par manque d’équilibre, je pouvais tomber par terre. Alors que lui semblait solide comme un roc. « Les gens travaillaient plus de leurs mains avant et je pense qu’ils devaient avoir des carrures aussi impressionnantes que la tienne. Il suffit de regarder les statues. » J’eus un petit sourire inscrit sur mes lèvres. Il est vrai que je parlais souvent pour ne rien dire. Mais bon quand on se retrouve dans les bras d’Atlas, on ne peut pas s’empêcher de faire quelques amalgames. Et ce n’était pas pour me déplaire bien au contraire. Je me laissais aller à cette étreinte qui ne dura pas bien longtemps pourtant. "Je devrai m'y faire." Je penchai la tête sur le côté avant de l’inspecter de mes yeux bleus. Regard mi- surpris, mi- attendri. Tout le monde ne cessait de me dire que j’avais un visage très expressif. Très facile à décoder. Et pour le coup, on pouvait lire un peu d’intimidation et pas mal de joie sur le visage qui n’avait eu que des expressions tristes depuis presque trois ans. je vins me mâchouiller nerveusement la lèvre inférieure avant de redescendre sur terre. Dans les deux sens. Là, on entamait la passe sportive de la journée. Le coucher avec deux jeunes enfants. Souvent Anna leur donnait un dessert et leur montrait un film tandis que je m’occupais de l’inviter de temps autre à boire un verre. Je vins poser Jacob sur le plan de travail avant de pouffer en entendant Zeke répondre à ma fille. "Disons que ça dépend, tu veux que je reste ou pas? J'ai pas de phasmes dans ma poche alors ça tient qu'à ton bon vouloir, Lisa." Ma fille s’approcha de Zeke et étudia la question alors que je partis dans un fou rire avec J.J. « Appelle-moi Li’ et tu peux rester. Tant que tu continues à faire rire maman. » Je ne peux plus m’arrêter de rire sur le coup si bien que je peine à donner son médicament à mon fils qui gigote. « Jacob, arrête tu n’es pas un ver de terre. » Je réussis à lui fourrer le médicament dans la bouche avant de venir l’essuyer et la ranger tandis qu’il tousse légèrement. "Tu veux qu'on parle de tes phasmes avant la berceuse de maman?" Il est tellement adorable. Je pouvais voir qu’il était sincère et je vis Li sur le point d’accepter alors que je vins me racler la gorge. « Désolée, Zeke mais on doit faire la chanson des voyelles avant que tu ne puisses la mettre au lit. » La chanson des voyelles. Encore une de mes nombreuses inventions bien farfelues. Je me tournai pour prendre J.J sur mon dos avant d’aller dans la salle de bain. Je posai mon fils sur le rebord avant que tout le monde ne prenne sa brosse à dents et qu’on commence à chanter. Le A pour ouvrir la bouche, le E pour rentrer la brosse à dents, le I pour bien les brosser, le O pour rincer, le U pour basculer la tête en arrière et la dernière pour cracher. Après inspection, je me tournais vers mon copain -well, c’est ce qu’il est non ?- et lui sourire. « Le spectacle t’a plu ? Je l’ai inventé quand elle avait deux ans. Mademoiselle ne voulait pas se brosser les dents. » Lisa me tira la langue avant de prendre Zeke par la main. « Pyjama d’abord, criai-je à ma fille qui ne m’entendait sans doute plus. » Je vins prendre mon fils pour aller lui mettre son pyjama poisson et par la même occasion mettre le mien qui n’était pas bien aguicheur. Short et débardeur, on fera plus glamour. Puis, j’attachai mes cheveux en demi-queue avanr de venir me pencher sur son lit, lui donnant son singe. Puis, je vins passer une main dans ses cheveux avant de me mettre à chantonner. J’aimais particulièrement les paroles de celle-ci qui parlait de l’amour d’un père pour sa fille. Jacob se tourna vers moi avant que ses yeux n’en viennent à se fermer. Je sortis de la chambre à pas feutrés avant de percuter un tronc d’arbre. « La chanson t’a plu, chuchotai-je en souriant. » Car il était vissé sur mes lèvres depuis qu’il était près de moi.

Zeke ne se rendait pas assez régulièrement dans des musées pour pouvait juger la carrure de ces fameuses que Eve mentionnait. De manière générale, le Blythe ne faisait pas plus attention que cela à a grande taille et les muscles qui allaient avec. Ezechiel ne se regardait jamais dans un miroir, il n'aimait franchement pas le concept et s'il avait pu se raser avec les yeux fermés, il l'aurait sûrement fait. En attendant, il essayait d'éviter le pire dès qu'il était en mesure de le faire, ne se pesant pour ainsi dire jamais, pas plus qu'il ne tâtait ses muscles. Ce n'était pas quelque chose qui l'intéressait beaucoup, même s'il savait que la société ne jurait que par cela, par cet aspect de la virilité masculine qui ne lui collait pas du tout à la peau. Zeke préférait rester dans son coin, toujours loin de tout et il ne put pas réellement commenter les propos de la blonde, haussant juste les épaules avec un sourire une fois qu'ils entraient de nouveau dans la grande bâtisse où les enfants les retrouvèrent bien vite. Instantanément, l'ambiance devint beaucoup plus vive et les deux adultes durant gérer ce relent d'excitation des petits alors que l'heure d'aller au lit approchait à grands pas. C'était d'ailleurs le fameux moment des négociations qui commençaient, vu l'âge de l'aînée, c'était d'une logique implacable. Zeke lui serra la main en ajoutant un petit clin d'oeil face à la petite fille survoltée à l'idée d'entendre parler de phasmes avant de devoir fermer les yeux. Eve coupa court à toute cette affaire, en amenant tout le petit monde dans la salle de bain, le brun observant la scène en silence alors qu'un choeur de voyelles se faisait entendre, de quoi faire rire une assemblée. Zeke, lui, était adossé à la porte et laissait la chose se faire en se disant qu'il avait sûrement raté énormément de moments en n'étant pas très proche de sa famille depuis bien des années. Il chasse bien vite le flot de ses pensées puisque le lavage des dents était fait, tout le petit monde se suivant dans les chambres diverses. "Mes parents auraient aimé connaître l'astuce, je suis sûr." Il observa Eve amener Jacob jusqu'à son lit alors que déjà, Lisa l'attrapait par la main pour qu'il lui narre une histoire sur les phasmes, heureusement qu'elle était exténuée parce que Zeke n'eut pas grand effort à faire avant qu'elle ne ferme les yeux pour qu'il puisse rejoindre le couloir et écouter le temps de quelques secondes la fin de la mélodie de Eve. "Oui, t'es un sacré jukebox. Je crois que Lisa est tombée comme une souche." Face à un arbre, rien de plus ironique que cela, Zeke laissant ses mains dans les poches de son jean sans savoir quoi dire de plus. Pourtant, le silence l'apaisait au lieu de le paniquer, son plus fidèle allié.

Je suis contente que Zeke soit là. A vrai dire de l’avoir rencontré tout court. Je n’aurai pas pensé en mettant mes baskets ce matin que cela déboucherait sur une soirée de ce genre. Alors que je suis moi, tout simplement. Je ne suis pas la plus jolie des filles, la plus téméraire. Mais j’essaie de faire avec ce que j’ai. Et alors que le grand brun propose une activité à ma fille, je ne peux que les réprimander. Les dents d’abord. J’essayai de jouer mon rôle de maman à la perfection après tout. Même si je n’étais pas parfaite loin de là. Preuve en est que nous en mettons partout avec cette entreprise. Puis que ma fille ne tarde pas à s’en aller en passant devant nous comme une furie. Je ne pus que m’empêcher de lui dire de mettre son pyjama car elle allait s’endormir assez rapidement. "Mes parents auraient aimé connaître l'astuce, je suis sûr." Je vins à sourire avant de retenir J.J qui voulait s’échapper de mes bras. « Si jamais quelqu’un la réutilise, je demande des droits d’auteur. Je suis certaine de… Jacob arrête… de pouvoir me faire une petite fortune. » Je le laissais aller voir Lisa avant de mettre son habit de nuit au plus petit pour venir lui chanter sa berceuse. Elle faisait toujours son effet celle-là. Je le laissais s’endormir avec son singe moche entre les mains avant de quitter la chambre à pas de loup. "Oui, t'es un sacré jukebox. Je crois que Lisa est tombée comme une souche." J’entrouvris la porte pour voir qu’elle dormait, effectivement. Je vins passer le bras pour allumer sa veilleuse avant de tout refermer en silence. Puis, je poussais un profond soupir avant d’appuyer ma tête contre le mur. « C’est toujours sportif le soir, dis-je en souriant, merci de m’avoir aidée. » Je m’approchai de lui pour passer une main sur son bras. Puis, je vins m’asseoir avant de nous servir un verre de vin. Étendant mes petites jambes sur le canapé et l’invitant à s’asseoir également pour lui tendre la boisson. « Je pense qu’on l’a mérité. » Je jetai un coup d’œil aux chiens qui étaient aussi épuisés que les enfants. « Alors ça t’a fait plu ? Une petite immersion dans ma vie mouvementée… » Je vins m’approcher de lui avant de venir poser ma tête sur son épaule sans le quitter du regard. « Toi le grand arbre si calme. Tu arriveras à t’y faire ? » Mon sourire ne quittait pas mes lèvres alors que je lui lançai mon regard de biche. Enfin que j’essayai. Pas certaine que cela réussisse.

Zeke ne pouvait clairement pas se faire une idée des difficultés attenantes à la condition de parent, il était loin d'en être un, ne faisant preuve d'autorité que sur ses chiens et quelques autres animaux de la ferme. Pour ce qui était de progénitures humaines, ce n'était pas quelque chose que Blythe avait pu envisager avec le passé qui le poursuivait. Le grand dadais, toujours tout seul, montrait pourtant qu'il appréciait la présence des enfants vu à quel point il participait activement à la conversation avec Lisa jusqu'à ce qu'elle ferme les yeux pour rejoindre Morphée. Ce fut à ce moment là que Ezechiel se rendit compte de l'état de fatigue qui naissait de s'occuper de petits comme ceux là. Il se demandait clairement comment Eve faisant au quotidien pour ne pas tomber de fatigue parce qu'il ressentait déjà l'état d'excitation des petits bouts se répandre dans tout son corps, ce qui l'avait forcément tendu sans qu'il ne le réalise. Non, ce n'était pas un parcours de santé d'être seul avec deux enfants et il admirait d'autant plus Zimmer de tenir ce rôle à merveille alors qu'ils retournaient au salon maintenant que tout le petit monde dormait à poings fermés. Ils avaient du vin à boire et Zeke n'avait jamais vraiment goûté tout cela, il s'était dit que c'était l'occasion, lui qui n'appréciait pas particulièrement l'idée de laisser le contrôle lui échapper au profit de l'alcool. "C'est toi qui as tout fait." Blythe avait surtout été l'observateur de l'affaire, celui qui tâchait de ne pas prendre trop de place dans la petite famille, ce qui n'était pas franchement évident en vue de sa grande taille. Il s'en était plutôt bien sorti pour une première, s'asseyant sur le canapé aux côtés d'Eve, celle-ci se calant contre lui alors qu'il goûtait un peu de vin, pas si mal non plus. "C'est sympa aussi tout ce bruit. J'admire leur innocence, leur joie de vivre, aux enfants." Quelque chose que les adultes perdaient en chemin assurément, même si Blythe aurait aimé être l'exception en la matière. Il capta finalement le regard de Eve et le soutint instinctivement. "Pourquoi ce regard?" Il n'avait franchement pas l'habitude qu'on essaie de le charmer, ou quoique ce fut d'autre. La moindre marque d'intérêt lui était étrangère et il était suffisamment à l'aise pour lui sourire en retour, osant pour la première fois de la soirée faire voyager ses doigts dans sa chevelure blonde en bataille. Petit à petit, il y arrivait, le grand Zeke.

Je n’avais pas l’habitude d’avoir quelqu’un de calme à mes côtés. Le seul calme dont je bénéficiai était durant mon travaiL. Je mordais quiconque rentrait dans mon antre. Je ne laissais personne s’approcher des œuvres non finies par peur de voir le malheur s’abattre sur nous. Ensuite, je menais une vie à cent à l’heure en présence des enfants, des chiens à sortir, devoir m’occuper des phasmes de ma fille. Je n’arrêtais pas une seule minute. Et ce soir, j’avais trouvé un peu de paix dans les bras du géant. Certes avec de l’émotion mais cela faisait partie de la vie et je suis quelqu’un de très passionné. Je me contente donc de venir m’asseoir sur le canapé avant d’étendre mes jambes et de me caller contre le grand brun. Comme le fait de ne pas être proche de lui me prodiguait une sensation de manque. Son odeur était réconfortante et aussitôt mon esprit se calma alors que je vins lui parler de cette soirée inédite. Autant pour lui que pour moi. "C'est toi qui as tout fait." Il est trop modeste ou alors il ne se rend pas compte de l’aide qu’il m’a apporté. « Tu plaisantes. Tu m’as aidé à servir, t’as réussi à parler avec Lisa et t’as fait taire Chopin. Non, tu m’as beaucoup aidé, chuchotai-je. » Il est clair qu’il n’en avait pas l’habitude. Et je ne me rappelai plus c’était quand la dernière fois que j’avais passé une soirée au calme avec quelqu’un sans les enfants. Pardon. Une soirée avec un homme sans avoir les bambins dans les pattes. "C'est sympa aussi tout ce bruit. J'admire leur innocence, leur joie de vivre, aux enfants." Je vins sourire avant de me sentir rougir. « Je ne vais pas être très objective mais ils sont adorables aussi. » Je vins pencher la tête sur le côté sans le quitter des yeux. Je tellement nulle pour essayer de charmer quelqu’un. "Pourquoi ce regard?" Je devins pivoine jusqu’aux oreilles avant que mon arbre ne vienne plonger une de ses mains dans mes cheveux. Les siens étaient sans doute plus doux. Les miens prenaient toute sorte de choses avec la poussière et les divers matériaux que j’utilisais. « J’essayai de te faire du charme, murmurai-je un peu intimidée, mais je crois que cela ne fonctionne pas. » Ma main vacante vint pianoter sur son bras alors que je pris une gorgée de vin. Je n’avais plus l’habitude d’en boire. De me poser et de déguster un verre avec quelqu’un. Mes doigts vinrent s’attarder sur son torse ferme alors que je ne le quittais pas des yeux, savourant les quelques caresses qu’il me prodiguait sans en demander plus.

Zeke était serviable et généreux, même s'il ne se rendait pas forcément compte que ce n'était pas inné chez tout le monde. Pour lui, c'était tout l'inverse: alors qu'il était petit, il aidait déjà à transporter les courses de sa vieille voisine et il n'avait jamais réellement arrêter de donner un coup de main, même quand l'idée mettait en péril son propre bonheur. Ezechiel ne s'intéressait que très peu à sa satisfaction personnelle: il regardait toujours celle d'autrui avant de faire quoique ce fut, ce qui avait eu le don de mettre sans dessus dessous le peu d'événements agréables qui lui avaient été donnés de vivre. Cette fois, il n'avait que très peu envie de tout gâcher, même s'il savait bien que le pourcentage d'aboutir à une telle conclusion était loin d'être faible. Il n'était qu'Ezechiel Blythe après tout, personne d'irremplaçable et il était même relativement soulagé lorsqu'on le laissait tomber car cela laissait une autre chance à quelqu'un de trouver la joie et le bonheur. Pauvre Zeke, oui, pauvre de lui, mais Eve était encore là et il n'avait pas encore risqué ce petit cocon dans lequel ils se complaisaient maintenant que les enfants dormaient paisiblement dans les pièces à côtés. Comme toujours, le fermier n'avait pas vraiment d'idées pour lancer la conversation: encore une fois son manque de sociabilité lui faisait défaut mais Zimmer n'était pas comme lui, elle pouvait partager et lui écouter. A défaut réagir. "C'était normal... Et c'est vrai, ils sont mignons." Non pas qu'il ait de quelconques points de comparaison puisque Zeke ne traînait pas avec beaucoup d'enfants, il y en avait aucun dans son entourage et ce n'était probablement pas prêt d'arriver. Il avait donc agi par instinct plus que par expérience, souriant à la jeune femme alors qu'elle le regardait avec de tout nouveaux yeux, le grand Blythe jouant avec sa chevelure sans rien dire en premier lieu, s'offusquant intérieurement de ce qu'elle lui répondit. "Tu t'es pas dit que t'en avais pas besoin?" Pour lui, c'était logique: Eve n'avait rien besoin de faire de plus qu'être elle même, aucune minauderie ne pourrait changer cela, même si la société forçait la main pour lancer ce genre de modes. "Quand t'es toi même, ça fonctionne à merveille." Que cela, lui ne désirait rien d'autre, naturel au possible, Zeke. "T'es fatiguée?" L'idée n'aurait pas été surprenante après autant d'émotions, Blythe souriant comme s'il l'avait toujours fait. Comme s'il avait toujours été cet homme là.

La soirée s’était déroulée à merveille et j’étais contente. Je n’aurai pas cru un seul instant que tout puisse se dérouler sans encombre. Que Jacob daigne manger correctement, que Lisa fasse la conversation à Zeke, qu’elle m’appelle maman. C’était un fait rare. Je n’étais qu’EvE pour eux. Le petit robot blanc qui avait une mission. Dans le film, elle cherchait une plante alors qu’ici, dans la vraie vie, j’essayai de m’occuper dignement de mes enfants. De leur inculquer de vraies valeurs, de bien les éduquer. On mange proprement, on dit bonjour et merci et surtout on rit un maximum. Je ne suis pas le genre de maman qui va leur interdire la télévision, qui va leur acheter des jouets en bois pour le fun et qui va leur faire manger du quinoa. Ils mangent ce qu’ils veulent -enfin dans la limite du possible- et ils ont des passions. Après tout, ils tenaient de moi et déjà petite, je m’exilais dans un coin avec mon carnet de dessin. Je savais très bien que je ne serai pas une mathématicienne dans la mesure où avec mon trouble de l’attention, je n’écoutais pas grand-chose. je vins donc remercier Zeke. Cela me semblait évident et il a été d’une grande aide toute la soirée. Il m’a aidée à dompter les fauves. Les enfants comme les chiens. "C'était normal... Et c'est vrai, ils sont mignons." Je vins poser ma tête sur son épaule sans le quitter du regard. Le visage en feu. Une mère fière de ses enfants. Je n’étais pas la plus objective après tout. Je vivais avec eux au quotidien. Et je ne pouvais pas les voir avec les yeux d’un étranger. Zeke était rare, très rare. Je ne voulais pas qu’il voit une bécasse avec de grandes jambes et qu’il lui court après. Sa question me désarçonna un peu et je baissais les yeux pendant une nanoseconde. La réponse semblait évidente et la réaction du géant me surprit un peu. "Tu t'es pas dit que t'en avais pas besoin?" Visiblement, il s’agissait du seul homme qui n’aimait pas qu’une femme lui fasse du charme. Ou alors, je m’y prenais mal. « Bah… si un peu quand même, bafouillai-je. » Ses mains dans mes cheveux, son regard sur moi et le son de sa voix, tout était bon pour me donner quelques rougeurs. Je pense que je n’ai déjà pas quitté cette couleur de la soirée. "Quand t'es toi-même, ça fonctionne à merveille." Cela me touchait. N’oublions pas que je suis très émotive. Émue, je le regardai sans rien dire, sentant un petit sourire naître sur mes lèvres. "T'es fatiguée?" Je vins secouer la tête à la négative avant de m’approcher un peu plus. « Et toi ? » Le moment nous appartenait vraiment. Aucune sonnerie de four, aucun chien à rentrer, aucun enfant à border. Nous n’étions plus que tous les deux. Avec nos caresses, ne nous quittant pas un seul instant du regard. Comme si nous avions peur que l’un disparaisse.

Le quotidien devait toujours être mouvementé dans la maisonnée et Zeke n'était pas certain qu'il aurait pu tenir un tel rythme. Certes, il avait des nuits très courtes et avait toujours un bon quota d'énergie à revendre mais le grand homme n'avait jamais su ce que pouvait être un mode de vie en ville, avec des enfants. A la campagne, tout était instinctivement plus loin, on ne s'autorisait que rarement à courir et le côté paisible du décor aidait à prendre tout ce qui venait, le plus calmement possible. Blythe se rendait bien compte que lorsqu'il passait du temps en ville, son attitude en était transformée sans qu'il ne puisse le contrôler. Dans son entreprise, on lui en demandait plus et les gens alentour avaient un débit de paroles toujours plus important. C'était pour cette raison que sa ferme lui manquait toujours très vite, il n'avait réellement réussi à trouver sa place dans une telle atmosphère. Pourtant, dans ce petit appartement, avec les enfants, les insectes, les chiens, Zeke ne ressentait pas toute cette cohue persistante. Si les choses allaient vite, c'était simplement parce que les enfants avaient mille choses à partager et le fermier aimait bien cela, constater qu'ils étaient curieux et toujours en soif d'épater les adultes autour d'eux avec les quelques connaissances qu'ils se faisaient sur le chemin. Cela dit, Zeke appréciait toutefois de retrouver un brin de calme, Eve contre lui et pas âme qui vive à l'horizon. Il sentit forcément l'émotion de la jeune femme mais Blythe était renommé pour son honnêteté et lorsqu'il parlait, même si c'était peu, ce n'était jamais pour ne rien dire qui comptait pour lui. "Les gens tels qu'ils sont vraiment, y a rien de plus beau." Constat étonnant, pas à la page de cette société et toutes les dérives qui en découlaient mais Zeke regardait Eve avec un sourire léger, si fin que personne n'aurait pu le capter en dehors d'elle parce qu'elle était proche. "Un peu. Comme toujours. Mais je dors peu." Quatre heures chaque nuit et il avait ce qu'il lui fallait. Ezechiel vint déposer un baiser sur la tempe d'Eve et il se laissa porter par le flot, les yeux fermés en se calant au fond du canapé. "Tu veux faire quo?" Même rien lui allait comme réponse.

Tout contre Zeke, je n’avais plus froid. D’habitude, le soir, je me drapais dans un gros pyjama avec de grosses chaussettes et je me collais devant la télé avec un bol de fromage blanc pour regarder la télévision ou alors jouer en ligne ou peindre. Je profitai des quelques moments où j’étais seule pour faire corps avec le silence. Mais avec le beau brun, je n’avais plus ce besoin de me cacher sous de grosses couches de vêtements. Il tenait tellement chaud. Mon corps contre le sien. J’avais peur de le mettre mal à l’aise mais il accepta mon étreinte sans bouger, sans ciller alors que nos yeux ne se lâchaient pas, s’interrogeant mutuellement en silence. "Les gens tels qu'ils sont vraiment, y a rien de plus beau." Il était rare qu’un homme accepte que l’on soit au naturel. On devait mettre des robes, des talons, se coiffer, se maquiller. Au naturel, je suis quelqu’un d’assez négligé. « Cela veut dire que si je mets une salopette et que j’ai de la peinture dans les cheveux, tu me trouveras belle quand même ? Demandai-je avec un petit sourire. » J’avais dit ceci sur le ton de la plaisanterie car je laissais peu de personnes me voir sous ce jour-là. Je ne suis pas particulièrement coquette. En témoigne la tenue dans laquelle je l’ai reçue ce soir. Mais je n’aime pas être trop brouillon face à quelqu’un. "Un peu. Comme toujours. Mais je dors peu." Je pouvais le voir à ses traits qu’il était un peu tiré. Ma main s’attarda sur sa joue alors que je pris des couleurs tandis qu’il déposait un baiser sur ma tempe. Les choses étaient si naturelles entre nous que cela en était troublant. Je ne le cachais plus, cet émoi qu’il suscitait en moi depuis que nos lèvres s’étaient trouvées. Cet état d’adolescente que j’avais retrouvé en savourant ses baisers, ses étreintes. Consciente que cela devait lui demander quelques efforts. « Je dors peu aussi. J’aime bien regarder le lever du soleil toute seule sur le balcon. » Souvent accompagnée d’un chien ou deux et avec une bonne tasse de café dans la main. « ça doit être plus beau par chez toi ? » J’inclinai la tête sur le côté en lui posant cette question. J’en posais sans doute trop. Peut-être que je le gênai ? "Tu veux faire quo?" Je vins me mâchouiller la lèvre inférieure, signe de réflexion chez moi. « C’est toi l’invité. Donc je te laisse décider. » Je posai ma tête sur son torse pour écouter son cœur avant de poser sur une main sur son ventre, affectueuse.