« Mais arrêtes dis pas des trucs comme ça ! En plus, il était grave louche, je te jure. Heureusementquet’étaislà. » Elle dit ça tout rapidement et timidement, parce qu’il fallait l’avouer mais elle avait un peu trop de fierté pour le dire distinctement. Heureusement, qu’elle l’avait quand même. Il était grand, fort et musclé. Elle savait se débrouiller seule, mais dans un monde où la plupart des hommes étaient de chacals, elle se sentait bien à l’aise avec Greg à ses côtés. Elle aurait pu tomber avec Martin qui faisait tout gentillet à côté d’elle et c’est elle qui l’aurait défendu en cas de tracas. Non, elle se portait bien avec Greg. Et Elle était presque sûre qu’Ivy en était jalouse. Peut-être même qu’elle avait envie de se le taper. Ça n’étonnait pas Sienna en tout cas. Ivy allumait tout ce qui bougeait. Après avoir marché quelques minutes, ils relèvent une énième fois leur pouce, et attendirent ce que le destin avait à leur offrir. Le ventre de Greg ne gargouillait pas, il grognait comme lui. Il devait avoir drôlement faim. Sienna avait pris un bon petit déjeuner, ça allait pour elle. « T’as faim ? » Question bête mais c’était pour être sûre. « Si on a le temps, on ira te prendre un truc à manger si tu veux. » Un truc pas cher, style des chips. Et encore, les chips achetées la semaine dernière avaient coûté une blinde. La Sienna de d’habitude semblait revenir petit à petit. Elle était de nouveau rassurante et bienveillante envers l’ours. « Bon allez, on fait encore un peu de stop direction Quilpie et si ça marche pas, on repense une autre stratégie. » Elle croisait les doigts fort fort pour que la prochaine soit la bonne. D’ailleurs, un 4x4 s’arrêta pour connaître leur destination. Encore raté, Quilpie n’était pas sur le chemin de la conductrice. Sienna soupira pendant que la voiture s’éloigna d’eux. Elle ne perdait tout de même pas espoir.

« T’as faim ? Si on a le temps, on ira te prendre un truc à manger si tu veux. » On dirait une maman qui parle à son fils, 4 ans, qui n’ose pas réclamer son goûter parce qu’il n’a pas fini ses épinards à midi. Je hausse les épaules, évidemment que j’ai faim, mais j’ai surtout peur de me faire éliminer si on n'arrive pas à temps. Sur la carte, Windorah paraissait pas si loin, 500 km à tout casser. Mais 500km quand on n’a pas de voiture, ça fait loin. « Bon allez, on fait encore un peu de stop direction Quilpie et si ça marche pas, on repense une autre stratégie. » J’acquiesce en hochant la tête, à croire que mon estomac grogne pour moi, moi, je ne réponds que par des gestes. Un 4x4 nous redonne espoir, mais encore une fois, ce n’est pas dans la direction que nous espérons.

« Ce bled est tellement paumé putain, y’a vraiment rien autour comme ville quoi. »

Quoi ? A chaque fois que j’ouvre ma gueule, c’est pour râler, c’est ça ? Ben oui, ben oui je râle, en même temps, y’a pas grand-chose d’autre à faire ici.

« On peut aller se chercher un truc à bouffer s’il te plait ? Il nous reste bien 20 dollars, non ? » Je décroche mon sac pour aller fouiller la poche où on garde le fric avant de le compter. « Ouais, 22 dollars. » Je relève mes yeux vers elle, mon estomac gronde à nouveau. « Je serais moins chiant en plus, après avoir mangé. Promis. » que je lui dis finalement, un demi sourire sur les lèvres. Si la chance n’est plus avec nous pour l’instant, elle reviendra peut-être après le repas ?

« Bienvenue dans le Queensland. » Cet État débordait de bleds paumés en réalité. C’était un truc de fou. Et à côté d’elle, Greg qui ne cessait de râler. Ça en devenait presque attachant, euh saoulant. Mais cet homme d’une quarantaine d’année était en réalité un putain d’enfant qui ne savait que manger, grogner et râler (et faire des blagues nulles des fois, aussi). Ils n’avaient pas eu le droit de prendre des trucs du petit-déjeuner dans leur sac en guise de provisions. Ça aurait bien servi, parce que même si à cette heure-ci, elle n’avait pas faim, à 16 heures elle aurait bien envie d’un goûter. « On peut aller se chercher un truc à bouffer s’il te plait ? Il nous reste bien 20 dollars, non ? » Hahaha, s’il te plaît. Depuis quand il était poli ? C’était tellement drôle. Il compta l’argent qui leur restait dans la poche. 22 dollars. Ça va, il pouvait aller se prendre un sandwich, s’il en avait envie. « Je serais moins chiant en plus, après avoir mangé. Promis. » Réellement, Greg était un enfant qui demandait l’autorisation à sa mère pour avoir droit à un tour de manège. Promis, ouais ouais. Il disait ça, mais il redeviendra chiant quelques minutes après. Il la mettait souvent à l’amende quand même, comme pour les cigarette. « Bon d’accord, on va t’acheter à manger. Mais je ne savais pas que tu me prenais pour ta mère en réalité. J’suis vachement bonne pour une maman non ? » Elle avait accepté d’arrêter le stop pour lui acheter à manger, il pouvait lui faire un compliment non ? Ils se dirigèrent dans une vieille sandwicherie de la ville, qui était non loin d’eux. Greg prit ce qui lui faisait envie et ils reprennent le stop. « Croisons les doigts, Greg. J’ai pas envie d’attendre dans ce trou perdu. »

« Bon d’accord, on va t’acheter à manger. Mais je ne savais pas que tu me prenais pour ta mère en réalité. J’suis vachement bonne pour une maman non ? » Ca dépend dans quel sens de bonne on prend, mais je lui laisse cette victoire, trop affamé pour rétorquer quoi que ce soit. Par chance, on trouve une sandwicherie pas trop loin, ça coûte la peau du cul, mais je me dis qu’on aura de la chance un peu plus tard, tant pis pour les sous, on est riche pour l’instant : 22$, c’est la somme max qu’on aura eue en poche. Après m’être rempli le bide, on se dirige vers la route pour reprendre l’activité qu’on fait le mieux depuis le début de la course : le pouce. Cette fois-ci, la chance est avec nous, et un automobiliste s’arrête enfin pour nous prendre. Je laisse Sienna nous présenter (eh, oh, je vais pas le faire à chaque fois non plus), et le conducteur nous annonce qu’il se rend à Eromanga pour un mariage. Je regarde la carte avant de monter, Quilpie est sur la route, mais on ne l’accompagnera pas jusqu’à Eromanga, ça nous rallongerait. D’après la carte, Quilpie est à environ 130 km de Cooladdi, donc j’en déduis qu’en moins de deux heures, on y sera. Il est déjà 14h, avec un peu de chance, on pourra choper une autre voiture sur place qui nous rapprochera encore plus de notre destination finale, mais j’en doute.

Le trajet est finalement plus long, à cause des bouchons. Pourquoi y a-t-il des bouchons sur des routes paumées, et surtout, pourquoi y a-t-il des bouchons à cette heure-ci ? Après avoir passé 2h30 dans la voiture, on passe finalement à côté d’un énorme camion qui est sorti de la route et qui s’est mangé un arbre, un sacré gros arbre qui a même pas cédé sous la masse importante du poids lourd. Je comprends mieux pourquoi la circulation est si dense. On arrive finalement à Quilpie en 3h30, il est 17h30 mais après une brève discussion, Sienna et moi préférons nous assurer d’un toit et d’un bon repas, plutôt que de risquer dormir à la belle étoile encore une fois.

Donne à manger à ton glouton et le destin te sera bon. Greg avait bien mangé. Et quelques temps après, ils ont réussi à trouver un conducteur qui voulait bien les prendre. D’ailleurs en voyant le bon sandwich (hors de prix) que Greg s’était enfilé, l’appétit de Sienna s’était tout de suite éveillé. Mais elle avait préféré rester silencieuse. Elle pouvait bien attendre d’arriver à Quilpie pour envisager de manger quelque chose. Greg avait délégué son rôle de racoleur de voiture à Sienna, qui s’était donc chargée de les présenter et d’expliquer le principe de l’émission. Il était déjà 14 heures et elle espérait que le chauffeur appuierait sur le champignon afin de pouvoir envisager de reprendre le stop quand ils arriveront à bon port. Le trajet s’était fait dans un calme pas si gênant que ca. Le conducteur n’avait pas envie de les importuner avec ses questions et Sienna était bien trop préoccupée à penser à la double élimination cette semaine. Et même un mot gentil de la part de Greg n’y faisait rien. Le stress avait encore été plus grand lorsque la circulation se fit plus lente à cause d’un camion accidentée dans un arbre. Mais quelle idée ??? Le chauffeur avait bien son permis non ? Comment a-t-il pour se mettre dans une telle merde ? Pour les mettre dans une telle merde ? Parce qu’elle pensait plus à eux qu’à lui à l’heure actuelle. C’était égoïste mais l’avenir de Greg et Sienna dans la compétition était en jeu. De toutes façons, c’est toujours quand on est pressé qu’on croise un tracteur ou un accident. Cet imprévu leur avait perdre une heure dans leur timing de la journée. Ils avaient remercié le conducteur, bien qu’ils eurent une tête de dépités en arrivant à Quilpie, dans les environs de 17h30. Quelques heures plus tard, ils étaient dans la chambre d’ami d’une quinquagénaire divorcée. Ils avaient jugé judicieux d’arrêter la course un peu plus afin de se concentrer sur la recherche d’un toit pour la nuit. Sienna ne savait pas quelle heure il était, peut être une heure du matin ? Ils n’avaient plus clopes et la jeune femme n’arrivait pas à trouver le sommeil. « Greg, tu dors ? » Chuchota-t-elle en se tournant vers lui histoire de discerner le moindre mouvement de sa part. Elle était trop inquiète par l’élimination de jeudi, ça la travaillait tellement qu’elle n’arrivait pas à fermer l’oeil. Greg grogna et lâcha un presque inaudible "oui". Quel con. « Greg j’arrive pas à dormir tellement j’ai peur qu’on soit éliminé... » Soupira-t-elle. « Ca me fera bizarre de plus courir comme une demeurée avec toi. » Elle les voulait les 100 000 dollars mais elle s’était attachée à son binôme, à l’aventure et aux autres personnes qu’elle avait pu rencontrer ce week-end. Même Ivy.

Une quinquagénaire divorcée nous ouvre généreusement ses portes, et c’est le ventre rempli et le corps tout décrassé qu’on peut se foutre dans notre sac de couchage sur un BZ. Dormir à deux dans un lit, c’est devenu habituel pour Sienna et moi, on ne s’en préoccupe même plus. Malgré nos journées remplies, j’éprouve toujours autant de difficultés à m’endormir. Ce ne sont plus les mêmes problématiques qui envahissent mes pensées, mais ce soir, c’est quand même la peur de ne pas finir la course qui me préoccupe.

« Greg, tu dors ? »

Elle non plus n’a pas l’air de vouloir dormir tout de suite. Je la sens gigoter à côté de moi, se tourner et se retourner, encore et encore. Je grogne pour répondre, fais semblant d’être endormi, j’ai pas forcément envie de parler ce soir.

« Greg j’arrive pas à dormir tellement j’ai peur qu’on soit éliminé... » Ok, bon, elle a apparemment envie de vider son sac. T’es pas la seule à avoir peur Sienna. « Ca me fera bizarre de plus courir comme une demeurée avec toi. » On part donc sur les confidences ? Sur les soirées pyjamas entre filles ? Je sens qu’elle m’observe malgré la pénombre, et je me tourne alors vers elle. Elle a besoin d’être rassurée, et ça, je peux le faire. Au moins, elle me laissera peut-être tranquille pour le reste de la nuit. « Si ce n’est que ça, on parcourra une partie de l’Australie ensemble si on perd ROA. J’ai encore 4 semaines de congé. » que je lui annonce finalement en souriant. Je pense pas qu’elle voit mes expressions faciales, mais je sais qu’elle les entend. « Essaie de te reposer maintenant, on a une grosse journée qui s’annonce demain. » que je lui dis finalement avant de me retourner pour lui tourner le dos. Pardon Sienna, mais c’est tout ce que je peux faire pour toi ce soir.

****

Il est 7h30 quand le réveil sonne. Le bras de Sienna est sur ma tête, et ni elle ni moi n’avions réagi à ce contact : c’est devenu beaucoup trop normal entre nous. J’éteins mon téléphone, secoue gentiment Sienna qui dort comme un bébé, et prends la direction de la douche. Madame Shelby nous a préparé un gros petit déjeuner de vainqueur, elle nous a filé des barres de céréales et des sandwich. C’est comme si on était ses enfants et qu’on partait pour une journée à l’école. On la remercie chaleureusement avant de quitter son domicile pour nous diriger vers la route qu’elle nous a préconisée : apparemment, il y a pas mal de circulation et on peut espérer choper une voiture.

Il avait pas trop envie de parler, elle le sentait. Mais c’était plus fort qu’elle. Elle avait le besoin d’être rassurée ce soir. Sienna n’aurait pas pensé être effrayée en début d’aventure, aussi rapidement comme ça. Et ce qu’elle lui avouait était sincère. S’ils venaient à quitter l’aventure, elle aurait ce sentiment d’inachevé, d’amer. Ils ne pouvaient pas perdre, pas maintenant. « Si ce n’est que ça, on parcourra une partie de l’Australie ensemble si on perd ROA. J’ai encore 4 semaines de congé. » Elle fit les gros yeux dans la pénombre, un sourire heureux sur les lèvres. C’était sans doute la meilleure qu’elle ait pu entre dans sa vie après “tu veux de la pizza ?” ou encore “On va à McDondald’s?”. « Essaie de te reposer maintenant, on a une grosse journée qui s’annonce demain. » Sienna se retourna de son côté en même temps que Greg, et ferma les yeux. Tentant de trouver le sommeil encore un bon moment, même si les paroles de Greg l’avait aidé à retrouver le sourire.

Le matin avait été ponctué d’un bon petit déjeuner copieux concocté par Madame Shelby. Elle était si généreuse cette femme, elle leur avait même préparé un sac avec des barres de céréales et des sandwichs.L’endroit où ils s’étaient postés pour faire du stop était pas mal fréquenté. Ça avait l’air d’être plutôt positif pour eux. Surtout que cette nuit a été porteuse de nombreuses questions et doutes pour Sienna, et elle espérait donc que ce mardi soit sous de bonnes auspices. Et peut-être que le Dieu de Roa avait entendu sa prière, car un automobiliste s’arrêta devant eux, mais il n'allait pas du tout dans la même direction qu'eux. Il allait à Durham et c'était totalement à l'opposé de Windorah. Le pouce était toujours levé.

Aucune voiture pour nous, je rage. La journée commence décidément mal. Mais je ne perds pas espoir. Ce matin, j’avais eu le temps de préparer une pancarte, les fameuses, celles que Sienna aime, celles qui nous rapporte un peu de chance tout de même, parfois. J’avais emprunté une feuille à Madame Shelby et écrit en gros Windorah en rouge (oui, autant miser comme on peut, peut-être que les couleurs flash sont plus favorables à ce qu’on nous prenne en stop). Je sens le regard de Sienna me juger, elle peut me juger autant qu’elle veut, je sais ce que valent mes pancartes.

« Tu penses qu’on doit vraiment attendre ici, croire sur parole madame Shelby, ou est-ce qu’on se risque à marcher ? »

Je pose la question alors qu’au fond, je connais la question. En quittant ce spot, on risque de perdre notre place, pas de se la faire voler, mais c’est surtout qu’on se risque à se retrouver sur une route où il y a moins de passage.

« Non, on reste là. C’est notre meilleure chance. »

Je devrais arrêter d'être optimiste, j’ai bien vu que ça marchait pas. Mais rester avec Sienna pendant tant de temps (une semaine c'est beaucoup pour moi), ça me pousse à développer des qualités que je ne me pensais pas capable. Je la vois, elle, pouce en l’air, en train d’essayer d’interpeler les chauffeurs. On dirait une petite puce qui saute partout en essayer d’attirer l’attention des automobilistes, et moi, le gros mec qui tire la gueule à côté. Je suis sûr que vu de l’extérieur, ça doit être marrant. Au bout d’une demi-heure, il n’y a toujours aucune voiture. L’espoir de Sienna diminue petit à petit, le mien aussi.

« T’es sûre que tu veux pas avancer un peu ? Au moins si on marche, on perd pas notre temps. »

Toujours avec sa pancarte celui-là, en espérant que cette fois-ci ça leur portera chance parce que, vraiment, le chance leur avait violemment tourné le dos. Mais putain s’il vous plaît, Dieu, faites quelque chose ! La plus grande athée d’Australie était prête à se mettre à genoux et à lever les mains au ciel pour implorer la grâce du grand patron de la planète. Non sérieux, merde ! Elle donna un coup de pied dans une poubelle, les nerfs étaient à vif. Les automobilistes ne les regardaient même pas.  « Mais Greg, merde ! On n’a pas la peste que je sache ? » C’était à son tour de râler aujourd’hui. « Tu penses qu’on doit vraiment attendre ici, croire sur parole madame Shelby, ou est-ce qu’on se risque à marcher ? » Elle lui jeta un regard qui voulait tout dire. Non, ils ne bougeraient pas d’ici. Ils allaient trouver une voiture. Ils allaient sans sortir. D’ailleurs Greg se fit question/réponse.  « C’est notre meilleure chance. » Plus les jours passaient, et plus Greg faisait des efforts. Enfin, elle en avait l’impression. Il était déjà plus positif et plus zen que la semaine dernière. De le voir ainsi, ça lui donnait envie de faire pareil et de prendre sur elle au lieu de taper dans une poubelle.  « Bon je vais me calmer. » Mais impossible. Elle ne voulait pas se faire éliminer, elle ne voulait pas perdre. Même si Greg lui avait proposé un road trip la nuit dernière, qu’est-ce qui lui garantissait qu’il allait tenir sa parole ? Peut-être qu’à la fin de l’émission, il allait reprendre sa vie de tous les jours et ne donner aucun signe de vie. Mais, pourquoi Sienna s’en souciait autant ? Là maintenant tout de suite ? C’était pas le moment.  « Je prie fort. »

« Je prie fort. » Si tu savais comme je prie fort moi aussi Sienna, pourtant je suis pas l’homme le plus croyant sur Terre, loin de là. Mais pourquoi est-ce que la pression était-elle montée aussi vite d’un coup ? Je me rappelle pas avoir été aussi dans le rush lors de la première semaine, on est que mardi, il nous reste encore tout demain et jeudi pour arriver, il va effectivement falloir se calmer. Mais bien plus facile à dire qu^à faire, n’est-ce pas ?

« BORDEL DE MERDE »

La notion de calme est peut-être à revoir. Je commence à marcher dans la direction de la ville où on doit arriver (je me souviens même plus du nom tellement je stresse), quitte à faire passer le stress, autant l’investir dans un exercice physique qui nous avancera.

«  Viens. »

J’ordonne à Sienna de me suivre. Ma pancarte ? Je la tiens en l’air tout en marchant, au moins, elle est visible même si on est en mouvement.

«Lève tes pouces en l’air Sienna, on les voit pas là. » que je finis par lui dire après avoir jeté un bref coup d’œil par dessus mon épaule pour l'observer. La conversation d’hier me revient tout à coup en tête, je sais pas si c’est le fait de parler de pouce en l’air qui me l’a rappelée, mais je me dis que si on venait à partir en road trip ensemble, sans ROA, il n’y aurait pas tout ce stress derrière. Au fond, Sienna est une partenaire idéale pour ce genre de course, mais est-ce que ce sera la même chose si on était que tous les deux à parcourir le reste de l’Australie, sans réel but ? Je secoue la tête : pense pas à ça tout de suite Greg, vous allez pas perdre.