Boy don't call me angel
@Raelyn Blackwell & Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

Je détestais les micros collés aux dents. À chaque nouvelle lampée de champagne, c'était toute une gymnastique pour arriver à avaler sans noyer le précieux matériel permettant à Bosley de nous entendre, de suivre sans y être la totalité de la conversation, de la soirée.

La soirée d'ailleurs, elle bat son plein quand d'un coup d'oeil je repère Rae d'un côté de la salle, rayonnante comme toujours. Elle est silent but deadly, elle l'est éternellement, n'en reste qu'elle arrive à faire passer crème son minois de porcelaine dans une ambiance où elle doit fort probablement avoir envie de tuer qui que ce soit se la joue trop pédant avec elle.

C'est un gala de charité, la blague. Un gala où tout le monde exhibe ses plus beaux habits, ses bijoux les plus brillants, ses sourires les plus faux. Ma robe me serre dramatiquement à la taille, elle m'empêche tous mouvements brusques mais sera facile à déchirer advenant le cas qu'une bataille de ruelle soit déclarée. C'est toujours le point qu'on garde en tête, c'est toujours la priorité des vêtements qu'on enfile avant de partir en mission - aussi ridicules, colorés ou farfelus puissent-ils être. L'organisation derrière l'activité est pleine de bonnes intentions, son plus fidèle (et important) donateur lui, l'est beaucoup moins. On raconte qu'il utilise les coffres de l'association pour y liquéfier des lingots d'or, pour y délayer tout l'argent que sa contrebande d'armes à travers la planète lui fait faire.

Et il est là, tout beau, tout sourire. Parfaitement mis, l'oeil hagard, l'envie au bord des lèvres. Il se promène de groupes en groupes, connaît tout le monde, ne s'attarde à personne. Si mon idée à moi réside en restant ambiante, en le surveillant de loin, celle de Cameron semble être toute autre quand je vois ses pas se diriger vers lui sans la moindre hésitation. Un coup d'oeil à la dérobée partagé avec Rae, un murmure que seul mon micro peut capter. « Qu'est-ce qu'elle fait, là? » « J'improvise. » c'est là où mon sourire qui jusqu'à maintenant était bien plus vrai que celui de tous les autres passe au factice, direct. « Cam, on a dit qu'on était subtiles, ce soir. » ce n'est pas la première fois qu'elle va contre les ordres pourtant, et qu'on doit ramasser les pots cassés par la suite. « Laisse-moi faire, aie confiance un peu. » j'ai confiance en nous trois, en équipe. J'ai moins confiance en Cameron quand elle décide de faire ange solitaire sans nous consulter. « Rae reste proche. » le trio d'invités lambdas à qui je parlais il y a une poignée de secondes de ça, ils lèvent tous la tête vers moi alors que je feins un bâillement censé couvrir la conversation qui déjà me fait resserrer un peu plus fort mes doigts sur le pied de ma coupe. « Vous m'ennuyez les filles. Je gère. » si seulement.

good morning angels! :

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Ils rient trop forts. Leurs bijoux sont trop ostentatoirement luxueux, les robes des femmes confient leur volonté de passer sur le grill et les costumes des hommes celle de paraître plus riches qu’ils ne le sont en réalité. Et c’est pour la bonne cause c’est un gala de charité, quand personne ici n’est doté de l’envie d’aider son prochain. C’est le concours de celui qui donnera le plus d’argent et moi, désabusée, j’observe ça en oscillant entre l’envie de rire et celle de vomir. J’avais pas un sous avec que Charlie ne me repère, j’avais aucun pouvoir avant qu’il ne m’apprenne les mille façon qu’il existe de neutraliser un homme, qu’il fasse soixante dix kilos ou le double.

J’observe Ginny du coin de l’oeil et je me dis qu’on lui donnerait le bon dieu sans confession. Elle a un visage de petite chose fragile, c’est bien d’elle qu’on se méfierait le moins, et je suis persuadée que dans ce genre de situation, c’est elle qui arrive le mieux à faire semblant. « Qu'est-ce qu'elle fait, là ? » « J'improvise. » L’échange me sort de mon état de contemplation et je tourne la tête d’abord vers la brune, puis vers le blonde qui se dirige vers notre cible. Sauf qu’il est pas question de l’approcher, il est pas question de lui parler, de croiser son regard ou de le suivre à la trace.

« Cam, on a dit qu'on était subtiles, ce soir. »
« Laisse-moi faire, aie confiance un peu. »
« T’as un problème avec le mot repérage Cam ? On te l’a pas appris dans ton école de coincées ? »  

Cameron représente tout ce que je détestais avant de la rencontrer elle. Élancée, blonde, une vraie poupée barbie qui n’a fréquenté que des établissements privés réservés aux femmes. Une gosse de riche, mais une fille foutrement efficace. Trop tête brûlée aussi, et pourtant je sais de quoi je parle. « Rae reste proche. » Je garde ma coupe de champagne à la main - la moindre gorgée doit valoir une petite fortune, ce serait idiot de gâcher - et j’avance doucement dans la direction de la blonde et de la cible, même si je suis loin d’aimer l’idée. « Vous m'ennuyez les filles. Je gère. » Je me concentre vraiment très fort et je puise dans toutes mes réserves de self control pour ne pas lever théâtralement les yeux au ciel et l’envoyer paître. Le serveur me propose un petit four et me bloque mon champ de vision, ça ça m’énerve, alors je m’en débarrasse peut être un peu trop brusquement. Je réalise pas d’ailleurs qu’il m’observe dès que je lui échappe, je remarque pas l’arme pour l’instant cachée par son pantalon, tout ça parce qu’on est encore coincée dans un épisode du Cam show. « Elle gérait aussi au Kazakhstan en février dernier ? » Je m’adresse à Ginny alors que les deux m’entendent parce que je sais que ça fera enrager la troisième. « Je t’entends Raelyn. » « Parfait, t’es plus idiote que sourde alors. »  L’attitude du serveur m’interpelle enfin, il tend trop l’oreille, alors je baisse d’un ton. « Je crois que je suis compromise. Ginny, la lâche pas d’une semelle. » Putain de sale gourdasse de Cameron.

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« T’as un problème avec le mot repérage Cam ? On te l’a pas appris dans ton école de coincées ? »  
« Les filles, on est pas toutes seules. Gardez-en pour discuter sur le chemin du retour. »
« T'inquiète Gin je fais que commencer. »

Mon soupir se noie dans ma coupe de champagne, champagne que je n'aime même pas. Une flûte une seule, c'est bien suffisant. On sortira après. On a prévu aller prendre un verre, en prendre d'autres à leur suite. Dans un bar à l'autre bout de la ville qui est devenu notre QG par défaut, le petit pub secret duquel on réquisitionne toujours le booth du fond après chaque mission pour le debriefing. C'est la tradition. « Elle gérait aussi au Kazakhstan en février dernier ? » pourtant, ce soir, il n'y a pas que les traditions qui volent mais aussi Cam qui se sent pousser des ailes. « Je t’entends Raelyn. » elle slalome à travers les convives, se mouvoie avec toute la grâce et tout le charisme que je n'aurai jamais. Cam, elle entre dans une pièce et tous les regards se rivent vers elle, elle est toujours l'atout charme et elle nous le rend bien. Un seul battement de paupières et qui que ce soit lui obéit au doigt et à l'oeil. Qui que ce soit, sauf Rae et moi. « Parfait, t’es plus idiote que sourde alors. » « Cam, il t'a vue. » qu'elles ne m'écoutent pas et continuent leur guerre de bac à sable m'ennuie, qu'il l'ait repérée et qu'il s'avance vers elle, ça par contre, ça a le don de m'énerver. Pourtant, il reste de glace et en place, mon masque de parfaite petite invitée aux prunelles brillantes et au small talk étudié. « Tant mieux. » mes lèvres se pincent maintenant, quand la seule façon de s'en sortir reste de foncer droit au but, d'arpenter la cible strictement pour lui faire les yeux doux. Je me rassure en me disant que Cam a tous les atouts pour le faire, je me rassure en me disant que malgré tout Rae s'est tout de même avancée vers elle et -

« Je crois que je suis compromise. Ginny, la lâche pas d’une semelle. »
« Promis. »

Je déteste ça. Je déteste m'excuser vite fait bien fait à mes interlocuteurs qui de toute façon ont depuis longtemps abandonné l'idée de relancer la conversation. Je déteste que Rae m'attrape, concise, une fraction de seconde du regard avant de faire volteface pour que jamais on ne nous associe. Et je déteste encore plus la silhouette de Cam que je vois désormais requise par le bras de celui qu'on devait garder à l'oeil à distance, toute la soirée. « Fais attention à toi. » que ma voix murmure, à Rae d'abord, à Cam ensuite. À toutes les deux, au final.

Mais la seconde qui suit, c'est le chaos ou du moins c'est ce qui s'en rapproche le plus. Il l'amène vers une section VIP que j'ignorais exister, qui n'était sur aucun des plans de la salle de soirée qu'on a pourtant étudiés la veille. La porte en retrait qu'il pousse d'une paume décidée, l'autre qui se love sur les hanches de celle qui est comme une soeur pour moi. Celle qui m'a prise sous son aile à la seconde où Charlie m'a jugée assez loyale pour rejoindre leurs rangs. On a tout vécu Cam et moi, on a même vécu la perte d'Ava qui restera toujours bien présente malgré sa tragique absence, dommage collatéral des soucis de confiance de l'une, de la difficulté à s'engager de l'autre.

« Cam reviens tout de suite. » je ne la vois plus, je n'arrive pas à la suivre, deux gorilles de gardiens de sécurité me bloquent l'accès et quand bien même j'invente les pires excuses et autres justifications pour passer moi aussi, rien n'y fait. « Il m'a dit qu'il m'offrirait un verre, et voyez je suis à sec. » la flûte de champagne que je descends, faussement espiègle sous leurs yeux blasés, probablement pas étonnés que leur millionnaire vedette du moment ait brisé le coeur et les espoirs d'une jeune femme de plus.

Silence, on sourit, on inspire, on plie bagage, on tente de trouver une autre option. Y'a des fenêtres dans la ruelle, qui mènent vers le couloir longeant la salle. Y'a une porte aussi, immense et qui s'ouvrent de l'intérieur, qu'une micro-bombe pourrait facilement faire céder. Y'a également l'option de ; « Les filles, je le sens pas. Pas du tout. » panique, totale. À la voix de Cam s'ajoute le plus horrible des grincements métalliques. Une haute fréquence qui l'instant d'après brûle mon tympan au point où je retire à la vitesse de l'éclair l'écouteur du creux de mon oreille. Non, oh non. Qu'est-ce qu'il lui a fait?

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« T'inquiète Gin je fais que commencer. » Je lève les yeux au ciel, trop ostentatoirement pour que mon interlocuteur ne se méprenne pas et s’éloigne, vexé, pensant certainement que c’est lui qui m’exaspère. Il a pas tort, j’écoutais à peine son histoire de portefeuille d’actions qui s’effondre, trop concentrée sur la voix des filles. « Fais pas la conne Cam, Bosley a dit pas de contact. » On est juste là pour repérer le donateur véreux, le suivre de loin, et savoir s’il crèche dans l'hôtel luxueux dans lequel se déroule la soirée et dans quelle piaule. C’est tout. Le plan, c’est de revenir demain, quand il sera occupé à je ne sais quel sommet de pauvre type pour équiper la chambre d’hôtel d’autant de micro et de caméra que la banque d’Australie, pour réunir assez preuves le compromettant. On est pas là pour rouler des mécaniques, si bien que la blonde commence à me taper sur le système. Je respecte l’initiative, je suis moi même compliquée à canaliser, mais je respecte l’initiative intelligente.

« Cam, il t'a vue. »
« Tant mieux. »

Cette fois ci je lève pas les yeux au ciel. Cette fois ci je serre les dents de toute les forces pour m’empêche d’exploser, et je porte ma main à mon oreillette pour changer de fréquence et m’exprimer sur notre canal privée à Ginny et moi. On en a toutes un, au cas où l’une d’entre nous serait compromise, au moindre doute. « Elle fait exprès ou quoi ? » Et je switche à nouveau, pour surveiller Cameron, pour écouter sa conversation avec notre cible. Sauf que je remarque le serveur qui m’observe avec trop d’attention, et c’est pas mon cul ou ma poitrine qu’il matte. Ce sont mes mains, est attentif à chacun de mes faits et gestes et ça me met sur le qui vive. Je refile le bébé à Ginny qui s’élance, comme l’ange vraiment fiable qu’elle est, elle. Elle je lui confierais ma vie, elle elle sait jauger les risques et pas agir comme une tête brûlée juste pour prouver sa valeur. « Promis. Fais attention à toi. » Je hoche la tête et je me fonds dans la foule, loin de Cam, loin de la cible, loin de la porte du fond, pour que le serveur me lâche, pour qu’il pense que je ne suis qu’une invitée de plus, qu’une gold digger supplémentaire dans cet océan d’homme fortunés. Il me lâche, je suis pas certaine qu’il donne pas l’alerte mais c’est pas le plus important pour l’instant, j’entends aux conversations que mon oreillette me rapporte que Ginny a perdu Barbie. Je peste intérieurement, je casse une flûte de champagne de rage, et je rejoins Ginny devant la sortie sans qu’on ait besoin de se concerter.

On fait le tour du bâtiment. Moi je rage à nouveau. « Je crois que y’a une porte derrière pour les livraisons, ça donne sur la cuisine. » Pas dit que ça mène au reste du bâtiment si facilement par contre. « Putain y’a un million de chambres dans cet hôtel. » On la trouvera jamais à l’aveugle. « Cam ? Tu nous entends ? » Nous on entends plus rien, et c’est pas une question de portée, ce système de communication c’est une merveille de technologie. Je pense à un brouilleur, et ça confirme que le type est pas net. « Les filles, je le sens pas. Pas du tout. » Je m’arrête net et j’observe Ginny en silence. Puis le crissement horrible, celui qui me fait retirer l’oreillette de mon oreille, celui qui me fait battre le coeur plus vite. « Merde merde merde... » J’aime pas être démunie, j’aime pas savoir quoi faire je contrôle toujours la situation. « Les anges, on a perdu tout contact avec Cameron. Rendez-vous au point d’extraction. » Rendez vous au point d’extraction. On la laisse en arrière. J’observe à nouveau en silence Ginny, je parle pas pour pas que Bosley nous hurle dessus. Mais mon regard il demande ”on fait quoi ?”

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La salle est remplie d'une multitude de personnages que j'ai pris le temps de détailler y'a une poignée de minutes, une vie plus tôt. Chacun a son rôle attitré dans une pièce de théâtre qu'ils ne comprennent pas, qu'ils ne savent même pas en être les acteurs. La majorité d'entre eux sont des villageois ici simplement pour leurs bonnes intentions, pour poser un bon geste pour leur conscience. Les chasseurs sont aussi facile à cibler ; ce sont eux qui errent à côté des gros portefeuilles de la soirée au cas où ils puissent investir en leur cause, eux aussi. Maire et voyante sont de leurs côtés chacun partis en croisade, l'un pour aller chercher la sympathie de tous à donner même la plus petite somme, l'autre à tenter de placer des cartes qui encourageront les gens à se poser les vraies bonnes questions pour leur conscience. Évidemment qu'il y a des voleurs ici, il y en a tout le temps, qui profitent du dos tourné des bonnes gens pour faire dans l'opportunisme, pour se glisser dans les conversations qui leur plaisent le plus. Mes préférés resteront toujours la sorcière et le Cupidon, eux deux, aux intentions similaires, ont des moyens bien différents d'arriver à leurs fins. L'une n'hésitera pas à dégager quelqu'un pour défendre sa cause quand l'autre usera de small talk et de bouche à oreille pour aligner les bonnes personnes ensemble question de mener à bien ses motifs d'honneur. La petite fille, elle, est personnifiée par tous les nouveaux présents ici ce soir, ceux qui ne parlent pas, ceux qui observent, ceux qui s'acclimatent. Restent les amoureux qui ne se lâchent pas d'une semelle, l'un toujours prêt à voler au secours de l'autre. Et de tous, Rae, Cam et moi, restons les loups-garous à éternellement bafouer les raisons de notre venue, à toujours masquer nos intentions.

Ma contemplation se termine sèchement, quand je sens la présence de Rae à ma diagonale à défaut d'avoir pu arriver à temps pour récupérer Cam in extremis. Je déteste l'impression amère, âpre sur ma langue, quand rien des « Je crois que y’a une porte derrière pour les livraisons, ça donne sur la cuisine. » et des « Putain y’a un million de chambres dans cet hôtel. » de l'ange à mes côtés n'augurent rien de bon. « Cam ? Tu nous entends ? » les inquiétudes de Cam pointent quand les micros court-circuitent, l'écouteur me perce les tympans. Puis rien, absolument rien de la part de la blonde. Silence de mort. « Les anges, on a perdu tout contact avec Cameron. Rendez-vous au point d’extraction. »

Non, que mes iris supplient à une Rae qui veut aussi bien que moi respecter les demandes de Bosley mais qui, j'en suis persuadée, déteste laisser Cam derrière malgré leurs disputes bien plus que juste fréquentes. « Bos, elle est toute seule, sans point de communication avec nous. Faut au moins la localiser sur les caméras. » si j'ai bien appris quelque chose, c'est que de travailler en équipe avec les anges valait tout, absolument tout de mieux que de faire cavalière seule. La preuve a été encore faite, ce soir. « Vous avez 10 minutes. La voiture vous attendra dans la ruelle au nord de l'édifice. » il cède, bien sûr qu'il cède, et je la sens la pointe d'inquiétude dans sa voix. La même qu'il avait eue, ce soir-là, pour Ava. « Les toilettes, suis-moi. » Rae sur les talons, le dispositif à interférence qui me permettra de projeter le résultats des caméras de sécurité noyant l'hôtel sur l'un des murs de la salle de bain. Dispositif que j'active au creux de mon sac à main perlé, et c'est parti pour une course vers les WC quand chaque minute, chaque seconde compte. On part pas d'ici sans elle, je me le suis promis.

La porte battante ferme brusquement derrière nos deux silhouettes, j'enclenche le verrou avec. Du menton, je pointe un côté des cabines à Rae, m'assurant de surveiller de mon côté à moi si aucun pied ne dépasse de sous les portes. « On est seules? » la question est posée d'une voix qui chante, une voix qui n'a rien de suspect. J'imagine.

YES YES YES :

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Cameron et moi c’est compliqué. Ginny Ava et elles formaient une équipe depuis des années, une équipe dont Ava était le coeur, un ange autour de laquelles elles gravitaient toutes avec des étoiles dans les yeux. Je sais qu’elles ont du mal à surmonter leur perte, je sais qu’elle est à présent sur un tel piédestal que même prononcer son prénom est devenu interdit. Je surprends souvent Ginny perdue dans ses pensée impénétrable, le regard triste, et je sais qu’elle pense à Ava. On les disait amantes, y’avait des bruits de couloir partout à l’agence, pourtant Ginny est pas celle qui a eu le plus de mal à me laisser prendre sa place. Mon équipe à moi a été défaite après la débâcle d’une mission au proche Orient, il m’en fallait une nouvelle, le départ d’Ava avait laissé une place, Cameron a pas compris. Elle n’a pas accepté, elle me voit comme une intruse, elle me voit comme la remplaçante que leur amie n’aurait jamais dû avoir.

Pourtant c’est hors de question de la laisser ici, parce que même si je la détestais je suis loyale, et je la déteste pas. Elle m’agace, mais elle a des qualités indéniables, au même titre que Ginny, et qu’avec elles j’apprends ce qu’est une vraie équipe. Alors on se comprends sans avoir besoin de parler la brune et moi, et c’est elle qui répond à Bosley, c’est à elle de le faire. « Bos, elle est toute seule, sans point de communication avec nous. Faut au moins la localiser sur les caméras. » Je hoche la tête pour appuyer ses paroles, comme si c’était nécessaire. De l’autre côté du téléphone il souffle, il réfléchit, il dit rien quelques secondes mais je sais ce qu’il va dire. Cam c’est le rayon de soleil du groupe, l’atout charme, la sportive, Gin la tech genius, mais moi, je connais les gens. « Vous avez 10 minutes. La voiture vous attendra dans la ruelle au nord de l'édifice.  » Je pousse un soupir, Ginny pousse un soupir, mais on s’attarde pas à se serrer dans les bras pour se rassurer. On a 10 minutes, pas une de plus, on connaît les règles de l’agence. « Les toilettes, suis-moi. » Silencieuse, j'emboite le pas à la brune, on entre dans les cuisines qui sont pas vides mais on s’en fiche. On accélère la marche dans le couloir et on entre dans la salle de bain luxueuse. « On est seules ? » Elle prends un côté et je prends l’autre et on jette un oeil aux cabines pour vérifier qu’aucun pied ne dépasse. Sauf que dans la troisième cabine y’a quelqu’un. « Oui on est seules, c’est bon. » Ca c’est ce que je dis pour pas attirer l’attention. Mais du bout du menton je désigne le WC dans lequel quelqu’un est caché. Doucement je remonte ma robe pour attraper le glock attaché à ma cuisse, celui sans lequel je ne me déplace jamais parce qu’il est rassurant et parce que j’ai des trust issues. J’attends que la brune fasse de même, et je serre mon arme d’une main avant de décompter trois secondes avec l’autre. Au terme du décompte je donne un violent coup de pied dans la porte et on braque toutes les deux notre arme sur l’occupant de la cabine.

BOY DONT CALL ME ANGEL  

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La salle de bain résonne sous mes escarpins noirs cirés. Ils claquent et ils tintent, ceux de Rae ralentissent alors qu'elle me confirme qu'on est seules, secoue la tête de la négative pour préciser qu'on est également écoutées. À son arme à elle j'ajoute la mienne, ou plutôt celle d'Ava, un Colt vintage au bois travaillé qui glisse parfaitement au creux de ma paume. Je déteste avoir une arme en main. Je préfère et de loin jouer de gadgets, jouer de technologie et d'acrobaties pour arriver à mes fins. Pourtant, c'est avec assurance que je resserre mes doigts sur ce qui aurait pu défendre notre ange, avant, si elle ne l'avait pas perdu au combat. Ma salive est ravalée, mes yeux sont vrillés sur la porte que Rae défonce d'un coup de pied un seul.

Et c'est un cri, d'effroi, qu'on entend se casser sur toutes les parois de marbre des toilettes. Un serveur dans les bras d'une des femmes trophées des magnats de la soirée. Il a les joues presque aussi rouges que son rouge à lèvres à elle, je lui tends des serviettes de papier alors qu'ils se précipitent hors de la cabine pour s'essuyer la nuque, essuyer ses traces aussi. Eux, sont bien trop effrayés par les armes à feu pour dire ou faire quoi que ce soit. En ces temps-là, on doit toujours improviser pour le mieux. « Des briquets. Ça fait toujours un effet. » je pouffe de rire, cassant ma mine sérieuse pour une adorable aux fossettes bien creusées. Le bouton secret sous la gâchette est enclenché et c'est bel et bien une flamme inoffensive et bleu bébé qui s'en exhibe. Ils sortent, je reverouille derrière eux, lance la caméra et souffle longuement.

« Combien de temps au compteur? ma question vole vers Rae, mes yeux eux, sont rivés sur le mur d'où je projette la régie des caméras, passant les unes les autres au peigne fin en quelques secondes à peine. Les lumières fermées aident à ce que le résultat soit plus clair, mais plus les écrans apparaissent, moins je suis confiante. Tous les signes pointent vers le fait que Cam a bel et bien quitté l'hôtel.

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Je manque de m’étouffer lorsque la porte s’ouvre sur un couple visiblement très occupé. Un serveur et l’une des grandes dames de la soirée, ou en tout cas un qui s’en donne l’air, inutile de préciser qu’elle espérait certainement ferrer un plus gros poisson en venant ici ce soir. J’ignore comment Ginny garde son air imperturbable, j’ignore où elle trouve la force d’enclencher tout de suite le mécanisme inventé par le tech boy de l’agence pour faire passer nos glock pour de jolis zippos au cas où nous serions compromise en présence de civils, mais je l’imite à regret, j’ai tout donné pour les voir prendre leur jambes à leur cou, surtout lui qui a encore son jean accroché aux chevilles qui lui entrave les jambes. Mon sourire par contre j’arrive pas à le transformer en autre chose d’autre. Je m’appuie contre la chambranle de la porte en les observant comme si j’amusais comme une folle, spoiler alert, je m’amuse comme une folle. Je détourne pas le regard quand il remonte son jean maladroitement, pas plus que quand elle tente de se reprocher pour faire croire qu’elle est simplement allée se laver les mains. « Des briquets. Ça fait toujours un effet. » Elle aime faire la maligne aussi Ginny, même si elle fait mieux semblant. On échange un regarde de connivence, mais tout hilarité disparaît à l’instant où ils quittent la pièce et où notre objectif principal redevient de retrouver le troisième ange disparu.

Pendant que je me poste à côté de la porte dont je maintiens fermement la poignée pour que personne n’entre, Ginny sort le dispositif de piratage des caméra et le pose au sol avant de reculer de quelques pas. Les images projetées sur un mur de la salle de bain sont d’une netteté incroyables, et elles défilent bien trop vite pour que nous voyions quoi que ce soit. Mais ce n’est pas nécessaire, le superordinateur contenu dans le micro boîtier a déjà comparé la photo d’identité de Cameron à tous les visages captés par les caméras de surveillances et le résultat, le terrible résultat s’affiche au milieu de l’image en rouge : no match. Je jure, et je vois Ginny jeter un coup d’oeil à sa montre. « Combien de temps au compteur ? » Je regarde la mienne, j’ai enclenché un chronomètre à l’instant même où nous avons reçu nos instructions, et je réponds. « Trois minutes. » Foutu couple même pas capable de se retenir : à cause d’eux on a perdu un temps fou. « Elle est plus là. Ou elle est dans un angle mort des caméras, et on a pas le temps de faire les deux cents chambres à une par une. » Je réfléchis un instant avant de pousser un soupir. « Tu peux te connecter au système et télécharger l’historique de la dernière heure ? Caméras de l’hôtel et des rues aux alentours. » On aura pas le temps de les étudier ici même, mais une fois de retour au QG nul ne doute qu’on passera des heures à passer les images au peigne fin pour retrouver Cameron et suivre son tracé. Si elle est encore dans l’hôtel on le saura, et si elle a été emmenée ailleurs, avec un peu de chance on aura une plaque d’immatriculation ou n’importe quel autre indice. J’ai besoin d’y croire. Je jette un nouveau coup d’oeil à ma montre et, si elle a pas besoin que je confirme, je le fais. « T’as trois minutes maintenant. » C’est le moment d’être le plus brillant des petits génies.

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« Trois minutes. » c'est peu, c'est tellement peu. Mais on m'a appris à faire avec ce que j'avais et même si mon coeur bat contre mes tempes jamais je n'en montrerai le moindre signe. La vie de Cam est entre nos mains et je ne quitterai pas l'hôtel tant que je ne serai pas persuadée d'avoir tout fait pour elle. « Elle est plus là. Ou elle est dans un angle mort des caméras, et on a pas le temps de faire les deux cents chambres à une par une. » pas de temps à perdre à parler ni à argumenter, les plans se multiplient quand Rae sait autant que moi que l'instant n'est pas au stress mais aux solutions. « Tu peux te connecter au système et télécharger l’historique de la dernière heure ? Caméras de l’hôtel et des rues aux alentours. » et à la seconde où elle le propose, déjà j'enclenche le scan. L'écran projeté au mur change, on n'y voit plus différents carrés renvoyant des couloirs et d'autres chambres lambdas dont on n'a rien à faire. Désormais, c'est une barre de chargement qui augmente au fil des secondes, rendant le décompte encore plus précipité maintenant qu'il est la seule chose éclairant la pièce toute de marbre vêtue.

« T’as trois minutes maintenant. » tic toc tic toc. Mes doigts tapotent sur le comptoir comme si ça allait changer quoi que ce soit, les fichiers s'empilent à une vitesse folle mais pas assez suffisante pour que je ne sente pas une pointe de pression se loger derrière ma nuque. J'entends encore les mots de Cam, j'entends encore son micro se déconnecter. J'entends encore la voix d'Ava qui s'y mélange, comme si les scènes étaient pareilles alors qu'elles ont tout, mais absolument tout de différent. « Une minute cinq, on part. » la notification que fait le téléchargement complété est un pur soulagement. Je referme le dispositif, le glisse dans mon sac à main. Il est hors de question qu'on retourne dans la moindre salle hors d'ici, je grimpe sur une poubelle tournée face contre terre pour nous ouvrir la fenêtre menant vers la ruelle, Rae à ma suite.

Mes pas sur le bitume humide d'une pluie qui vient juste de cesser se pressent pendant un temps, pour s'immobiliser presqu'automatiquement. « Gin est-ce que tu m'entends? » Cameron. C'est Cameron à mon oreille, sur notre chaîne à nous pour une raison que j'ignore. Rae ne l'entend pas, je lève tout de même l'index à son intention pour lui faire signe d'approcher. J'ignore pourquoi la blonde a isolé Blackwell de nos communications, mais il est hors de question que je l'isole moi-même. « On est dehors, juste deho- » Rae entend aussi bien que moi. L'indice de Cam d'abord, les insultes et autres avertissements monologués d'une voix masculine en arrière-plan ensuite.  

cameron sérieux:

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J’observe la barre de téléchargement avancer sans nervosité : j’ai développé avec le temps des nerfs d’aciers et un contrôle de moi à toute épreuve, et j’ai appris à ne pas m’angoisser à propos de choses sur lesquelles je ne peux pas agir. Or, je suis dans l’incapacité de faire quoi que ce soit pour accélérer le téléchargement, même Ginny dont c’est le domaine ne peut que rester là les bras croisés et compter les secondes alors je me contente d’agir sur ce que je maitrise : faire en sorte que nous ne soyons pas surprise. J'anticipe que nous ne sortirons pas par la grande porte - trop risqué, j’ose à peine imaginer ce qu’il se passerait si on nous trouvait avec les enregistrement des caméra - alors j’attrape un fauteuil que je cale contre le porte de façon à bloquer la poignée.

J’observe en silence, et la poignée de seconde me semble durer une éternité. Ginny prend la parole quand le téléchargement atteint 99%, pour ne perdre aucun instant. « Une minute cinq, on part. » Je hoche la tête et alors qu’elle s’occupe du dispositif, j’approche la poubelle que je retourne sous la fenêtre. On a pas besoin de parler la brune et moi, on se comprends comme si on bossait ensemble depuis des années et alors que je m’engouffre la première à travers l’étroite fenêtre elle me suis rapidement. Je me laisse tomber sur mes pieds en pliant bien les genoux pour amortir ma chute, et, quelques secondes plus tard, Gin en fait de même sans faire le moindre bruit non plus.

C’est elle qui m’arrête quelques secondes plus tard alors que je me dirige vers le lieu de l’exfiltration. Je perçois qu’elle ne me suis plus et je me retourne juste à temps pour m’apercevoir qu’elle me fait signe d’approcher. Ce n’est que lorsqu’elle tire son oreillette pour que l’on entende toutes les deux que je comprends que quelqu’un, Cameron, je reconnais la voix tout de suite, lui parle sur son canal privé. « Gin est-ce que tu m'entends ? » Je fronce les sourcils mais me passe bien de faire la moindre remarque. « On est dehors, juste deho-  » La communication est coupée et on aura pas plus d’information, mais sur l’instant, ce n’est pas ce qui me pousse à la méfiance. « Pourquoi elle est passée sur votre canal ? » Je tourne mon poignet et manipule quelques secondes ma montre dernier cri, celle qui me permet de régler mon oreillette avant de constater que je n’ai pas de tonalité si je tente de joindre Cameron. « Elle m’a coupée, elle m’a complètement coupée. » Je sais que cela ne devrait pas être la priorité du moment, mais mon instinct me souffle que quelque chose se trame. « Pourquoi elle m’aurait ... » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase. Je me stoppe net alors qu’on arrive à l’angle auquel on était supposées retrouver Bosley et que je réalise qu’il n’y a personne. Plus de van, plus d’agent de liaison. « C’est quoi ce bordel ? » Je règle mon oreillette sur le canal qui nous permet de lui joindre. « Bos ? On est dans la ruelle, mais y’a personne. Qu’est ce qu’il se passe ? » Pas de réponse non plus. Je me tourne vers Ginny en sachant pertinemment ce que ça veut dire. On est compromises. On ne peut même plus retourner à l’hôtel chercher nos affaires, même ça c’est trop risqué. « J’aime pas du tout la tournure que ça prend... »

Boy don't call me angel
@Raelyn Blackwell & Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

« Pourquoi elle est passée sur votre canal ? » alors que Rae s'insurge, je tente de toute mes forces de retourner dans les enregistrements audios le temps de décrypter les paroles, les exclamations en arrière-plan quand la voix de Cam semblait prendre à tort toute la place. « Y'a une raison Rae... » « Elle m’a coupée, elle m’a complètement coupée. » j'arrive à entendre un mot et un autre, à discerner quelqu'un qui en presse avec violence un autre, rien de bien louche au final si on reste sur la piste que Cam a bel et bien été kidnappée par la cible. En apparences.  « ... c'est sûr qu'il y en a une... » « Pourquoi elle m’aurait ... » Rae est toute aussi sonnée que moi de la coupure de Cam, n'en reste que ce n'est pas le moment de sauter trop vite aux conclusions. Rien n'est immuable, rien n'est définitif, et la mission reste la même : retrouver notre ange, et reprendre la cible là où qu'elle se trouve. « On retourne à l'agence et de là on en saura plus. » à partir de là tout ira bien. Si on y arrive. « C’est quoi ce bordel ? »

Pas de voiture, pas de signe de vie de qui que ce soit. Quand Rae tente de contacter Bosley, c'est une absence complète de tonalité qui lui retourne la pareille, dévoilant qu'on est laissées à nous-mêmes, tatouées de trop de risque. « J’aime pas du tout la tournure que ça prend... » elle a tous les droits de s'énerver et pour être totalement honnête, je m'attendais clairement à ce qu'elle passe sa rage du moment sur la première benne à ordures du coin. Pourtant, le temps reste tout de même compté et ce n'est pas dit qu'on va baisser les bras si vite devant quelques petits accrocs sans importance. On vaut bien mieux que ça, et on l'a prouvé des dizaines de milliers de fois déjà. « Viens. On reste pas ici une seconde de plus. » parce que la ruelle est mal éclairée, parce qu'il n'y a rien à faire ici pour nous. Dégainant ma master key, celle qui se charge d'ouvrir n'importe quelle serrure même les plus high techs, je l'invite à me suivre un regard de plus par-dessus son épaule. Nos pas nous mènent vers un parking un peu plus large, bien moins sombre que notre ruelle d'avance. « Choisis ta préférée, ce soir, c'est toi qui a le droit de - » je propose, pour lui remonter le moral, qu'elle sélectionne la bagnole qu'on volera pour la rendre à son propriétaire le jour d'après.

Mais ça, c'était avant que mon regard ne discerne une silhouette tout au fond du stationnement, illuminée par un lampadaire. Un doute reste, mais les cheveux blonds le trahissent dans la seconde. « Les... filles.... » « CAM! » ma voix se casse, tout comme le corps désarticulée de Cameron que j'entends ultimement tomber avec violence sur le bitume trempé. Mes pas se précipitent, je cours jusqu'à elle sans penser à deux fois à surveiller mes arrières. Contre mes tempes résonnent les paroles masculines indéchiffrables, qui s'occupaient de jouer en fond alors qu'elle me parlait il y a de longues secondes déjà. Disait-il à Cam de se dépêcher? Pourquoi est-ce que je n'en suis plus si sûre?

Arrivée près de la blonde, c'est sans une seule hésitation que je me penche à sa hauteur, tentant de la redresser au mieux, d'évaluer les blessures. Il disait de se dépêcher, il le disait à Cam non? Alors pourquoi est-ce que c'était une autre voix, masculine elle aussi qui lui a répondu? Un autre voix que je connais parfaitement? Un voix à l'accent anglais coupé, une voix qui ressemblait si fort à celle de - Bosley? « C'est ton sang... ou c'est celui d'un autre? » mes paumes n'arrivent pas à trouver la source de la blessures. Ses iris à elle par contre, trouvent aussi rapidement que possible les miens. La lueur agressive qui illumine ses prunelles elle non plus, n'augure rien de bon.

Boy don't call me angel
Raelyn Blackwell & @Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

« Y'a une raison Rae… c'est sûr qu'il y en a une... »
« Ouais bein j’aimerais bien la connaître... » Elle l’aime Cameron, elle ne douterait jamais d’elle mais moi je ne peux m’empêcher d’être plus suspicieuse.
« On retourne à l'agence et de là on en saura plus. »
« Je te suis. »

Parce que sur ce point là je suis d’accord, ça sert à rien de rester une seconde de plus ici. Cameron a disparu, elle n’est plus dans l’hôtel nous on est toujours là à tourner en rond et à se plier à ses appels à l’aide qui ont peut être été enregistrés et qui sont peut-être rejoués maintenant par son ravisseur pour nous entraîner dans un piège. Quoi qu’il en soit on a besoin de toute la technologie du QG pour étudier les heures de vidéos qu’on a téléchargées et on a besoin de toutes les informations que détient Bosley pour y voir plus clair dans tout ça. « Viens. On reste pas ici une seconde de plus. Choisis ta préférée, ce soir, c'est toi qui a le droit de - » Je m’approche de la première voiture tape à l’oeil que je trouve - pour passer inaperçues, le mieux c’est d’être visibles de tous, se cacher dans la lumière en quelque sorte, mais avant que je n’ai le temps d’atteindre la poignée, j’entends la voix de Cameron. Pas dans mon oreillette, pas dans cette de Ginny, mais pour de vrai cette fois ci. « Les... filles....  » Ginny qui crie son nom, Ginny qui se précipite à son sujet et moi qui jure parce que j’aurais préféré qu’elle soit plus prudente. Je veux sauver Cam et la ramener, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’on est en train de tomber dans un piège dont elle serait l'appât, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle a été placée là, blessée, pour qu’on la trouve. « Gin attends ! » Trop tard, elle court, elle tombe à genoux au chevet de Cameron, déjà elle palpe tout son corps pour trouver ses blessures et moi je me dépêche de revenir à leur niveau. « C'est ton sang... ou c'est celui d'un autre? » Cameron répond pas, elle fait la grimace, mais moi, je la trouve bien trop en forme pour quelqu’un qui aurait perdu autant de sang. « Ginny... » Le temps que tous les fils se connectent dans mon esprit, un type apparaît dans mon champ de vision. Un type armé jusqu’aux dents. Un type qui vise Ginny avec son flingue. « GIN C’EST UN PIEGE ! » Je saute sur elle pour la bousculer, pour la mettre hors de la ligne de mir du tir qui la rate à quelques centimètres près. J’effectue une roulade pour me redresser et à mon tour, j’attrape le glock attaqué à ma cuisse. « Ginny on se barre ! » Elle voudra pas, pas sans Cameron. Je tire en direction de notre assaillant pour la couvrir et je me rapproche à nouveau d’elle pour attraper fermement son bras. « Elle est perdue Gin, on se barre. » Parce qu’on l’a vue toutes les deux, la lourde chaîne qui attache Cameron à la bouche d’égout. Parce que je suis sûre que le tireur il a des potes, des potes qui vont pas tarder à le rejoindre.