Heather s’avança devant la maison en rechignant, ce n’était vraiment pas juste. Pourquoi est-ce que cela devait être elle, qui se coltine à inviter l’autre folle ? Ah oui parce qu’elle avait perdu à la courte paille mais ce n’était pas une raison pour être réellement celle à devoir se sacrifier. A vrai dire c’était aussi une des rares personnes de la ville à ne pas avoir peur de Birdie. Juste parce qu’elle disait qu’elle voyait des fantômes le reste du village se faisait dessus. Certes il y’avait des phénomènes de plus en plus étrange dans la ville, des trucs qui disparaissaient de manière inexplicable et certain qui disaient avoir vu des choses dans le cimetière. Mais ce n’était pas une raison pour prendre au sérieux ce que la blonde racontait, elle avait seulement perdu la boule depuis très longtemps. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne la jeune femme racontait des âneries. Cependant jusqu’à présent personne ne l’avait prise au sérieux, c’était plus la folle un peu mignonne que tout le monde laissez tranquille parce qu’elle ne faisait de mal à personne. Les choses avaient changé depuis un ou deux mois et maintenant les gens avaient besoin de prendre leur courage à deux mains pour lui causer. Ce soir il y’avait un bal et toute la ville était conviée mais personne n’avait voulu déposer d’invitation chez elle. Alors ils avaient demandé à Heather après avoir perdu le jeu de lui demander de l’accompagner car ils pensaient que si elle était dans les parages les « fantômes » ne leur feraient rien. Et puis les deux jeunes femmes se connaissaient depuis longtemps, Heather avait perdu de vu un peu l’autre demoiselle lorsque celle-ci avait commencé à perdre la boule. Alors elle toqua à la porte en espérant que Birdie allait lui ouvrir et pas la faire patienter 3 ans sur le pied de la porte.
- Hey Birdie ouvre moi c’est Heather, il y’a un bal ce soir et j’aimerais que tu m’accompagnes si tu n’es pas trop occupé sur l’un de tes plans dimensionnel. Ca me ferait plaisir ça fait longtemps qu’on n’est pas sortie ensemble.
Marabouts et bouts de ficelle, ficeler, tirer, couper, appuyer, non, ce n’est pas ça, ça ne peut pas être ça, quelque chose ne va pas, c’est bizarre, c’est étrange, l’atmosphère a une drôle d’odeur – qu’est–ce que ça veut dire ? « Aho ? » Mais y a personne, il n’y a jamais personne, ce sont juste des voix dans ta tête. Mais non, c’est faux, elles sont réelles. Si tu le crois. Tire une nouvelle fois sur la corde, plante ton aiguille dans la peluche, réfléchis, essaye d’entendre les voix. C’est calme tout d’un coup, il n’y a que la poussière dehors balayée par le vent qui se fait entendre. Un vent qui n’a rien de rassurant – mais non, arrête de voir des choses où il n’y a rien – mais si, je le vois, là–bas, et ici, y a quelque chose. Le néant sûrement. S’il n’y avait rien, il n’y aurait pas de nom. Le néant est quelque chose.
Des coups se font entendre et un sursaut est émis de sa part. Ses grands yeux bleus – qu’on caractérise comme fous, dans un autre monde, éloignés du sien, connecté ailleurs, possédées – regarde le plafond avant qu’elle se rende compte que c’est la porte. Ouf, ce n’est que la porte. Très bien. « Hey Birdie ouvre moi c’est Heather, il y’a un bal ce soir et j’aimerais que tu m’accompagnes si tu n’es pas trop occupé sur l’un de tes plans dimensionnels. Ça me ferait plaisir ça fait longtemps qu’on n’est pas sortie ensemble. » Et il y a la voix, très réelle, très humaine celle–là. Birdie se lève, Birdie remet l’ensemble de ses châles, tous colorés mais que personne n’aime voir, elle redresse ses mèches folles et elle avance à petits pas vers la poignée, qu’elle tourne doucement avant d’ouvrir la porte juste assez pour qu’on voit que la moitié de son visage. « Un bal ? Pourquoi tu veux que j’aille à un bal ? C’est un piège, c’est ça ? Ils ont décidé de me cramer, c’est ça ? » Evidemment, la folle du coin qui se terre chez elle parce qu’elle voit des choses incohérentes, ça ne mérite que le bûcher, pour sûr.
Heather espérait vraiment que Birdie allait venir sans poser de soucis, elle connaissait le caractère de la jeune femme et savait qu’elle était totalement imprévisible. C’était ce qui faisait son charme mais qui aussi pouvait la rendre et assez souvent très agaçante. La blonde ne comprenait pas pourquoi le reste du village croyait en ses propos, pour elle s’était une bonimenteuse qui essayait juste de se rendre intéressante et de donner une raison pour laquelle elle agissait de manière totalement étrange. Quand elles étaient enfants, Heather avait toujours aimé jouer avec Birdie qui lui racontait des histoires qui lui faisaient peur et le reste de son imagination. Mais elles avaient grandi maintenant et la jeune femme savait que ce n’était pas réel contrairement à l’autre demoiselle. Et puis il y’avait eu certes des phénomènes que personne n’arrivaient à expliquer mais bon elle attendait le jour de voir réellement un fantôme pour dire que oui Birdie ne racontait pas des conneries. Heather ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’ils avaient peut-être truqué le jeu pour qu’elle y aille. L’enfant maudite qu’ils commençaient à l’appeler et ça faisait rire Heather. Par chance Birdie ne fit pas attendre très longtemps Heather devant la porte mais malheureusement elle n’accepta pas pour autant. Bah voilà maintenant elle était devenue parano, il ne manquait plus que ça. La jeune femme roula des yeux mais garda un sourire sur le visage.
- On est plus à l’époque de brûler les gens arrêtent tes bêtises. Et puis tu crois vraiment que si la ville avait voulu te brûler, ils auraient attendu aussi longtemps ? Bon ce n’était peut-être pas la phrase la plus réconfortante mais Heather ne jouait réellement pas un double jeu à tenter de la faire venir pour lui tendre un piège.
- Au contraire les gens veulent te voir, ils pensent que tu les protégeras si jamais il se passe un truc. Et puis c’était plutôt pour que tu passes une bonne soirée, t’es toujours seule ça nous rappellera le bon vieux temps.
Non, non, elle ne peut pas aller à un bal, Birdie, elle ne peut pas. Pourquoi ? Parce que c’est trop risqué, il y a trop de monde, plein d’êtres qui risquent de se moquer d’elle – et alors, depuis quand on a à faire quelque chose ? Depuis qu’on a failli l’enterrer dans le désert aride parce que c’est drôle et qu’elle n’est qu’une gamine maudite. On a sûrement peur d’elle, qu’elle ramène le mauvais œil, le mauvais esprit, qu’elle attire des problèmes inexplicables. On n’aime pas les choses incohérentes dans le coin – alors que pourtant, on va à la messe et prier tous les dimanches un être supérieur qui n’a sûrement jamais existé. C’est ironique et pourtant, les prêtres sont vus comme des saints alors que les sorcières sont perçues comme des vilains, des enfants du diable. Birdie n’est pas une sorcière. Petite, elle a toujours eu ce qu’elle pensait être une imagination fertile propice pour les histoires, les conte et les aventures. Elle amusait la galerie avec ce qu’elle racontait et elle adorait ça. Puis elle a grandi, tout est devenu plus sérieux, plus concret malgré le voile incertain et étrange qu’il y a.
Maintenant, elle n’est qu’une folle maudite et tous les jours, Birdie se demande si (ou quand) on va venir la tuer d’une balle en plein cœur ou détruire sa cabane avec elle dedans. Les fenêtres ne laissent passer aucune lumière et sa folie a pris le dessus sans vraiment qu’elle s’en rende compte. Sa poupée dans sa main tombe, Heather a perturbé sa séance et en insistant lourdement. Birdie ne comprend toujours pas. « C’est pas si fou. Ils attendent bien que animaux grossissent avant de les tuer. Je les ai vu faire. » Ce qu’elle trouve absurde mais elle ne peut comprendre la subtilité de la vie basique. Son œil regarde par–dessus l’épaule d’Heather, comme si elle craint que d’autres sont avec elle. « Le bon vieux temps était pas si bon que ça. » Là où les voix ont commencé à l’ébranler, les visions l’effrayants plus que jamais. « Et si jamais un truc se passe parce que je suis là ? Heather, y a toujours quelque chose qui se passe autour de moi. Je me suis pas isolée pour rien. C’est pas sérieux de sortir. Surtout avec autant de gens. »
Heather pouvait comprendre les raisons de Birdie pour ne pas venir, après tout elle avait subi beaucoup de moqueries de la part de beaucoup de monde. Chaque jour une nouvelle rumeur devait sortir sur elle pour raconter pourquoi elle était comme ça. Elle en avait entendu plein et beaucoup d’idiotes. La jeune femme n’avait jamais pris part à ce genre de moqueries même quand elle était jeune, tout le monde pouvait être différent, même elle était différente. Bon certes elle se disait aussi que Birdie avait un grand pète au casque mais elle n’avait jamais fait de mal à personne même si c’était un aimant à poisse. Du coup elle pouvait à peu près comprendre la paranoïa de Birdie mais elles se connaissaient depuis trop longtemps pour qu’elle lui fasse une trahison de ce style. Elle regarde la poupée tomber par terre en se demandant ce que la blonde pouvait bien faire avec ça. Ce n’était pas pour maudire les gens à la base ?
- Oui mais c’est pour les manger, tu crois bien que si tu étais vraiment un problème ils n’auraient pas attendu que tu sois adulte pour te faire quelque chose.
En vrai Heather se demandait pourquoi elle insistait, surement car cela mettrait un peu d’ambiance dans un de ces bals de village qui se ressemblait tous au fur et à mesure que le temps passait. Elle fit une petite moue triste en voyant que Birdie n’avait pas apprécié les vieux moments comme elle. C’est vrai qu’elle n’avait pas tort sur le fait qu’il arrivait souvent quelque chose quand elle était dans les parages mais bon c’était simplement des coïncidences rien de plus.
- On ne peut pas savoir à l’avance si il arrivera quelque chose et puis il y’a plus de chance que si il arrive un truc ce soit à cause de Joseph qui a encore trop bu que de toi. Et puis je te signale que avant on trainait toujours ensemble et il ne m’est jamais rien arrivée. On se moquera ensemble du commun des mortels si tu veux. Mais dans tous les cas je reste avec toi que tu bouges d’ici ou non.
Y en a qui lui disent d’y aller, de profiter, que ça faisait longtemps qu’elle ne l’a pas fait. Sa mémoire courte lui rappelle que ça n’est quasiment jamais arrivé, qu’elle s’est isolée assez rapidement, que les saloons ne l’acceptaient plus, que même dans les parcs, sa présence n’était pas la bienvenue. On finissait par changer de trottoirs quand on la voyait et tout ça, juste parce qu’elle a eu le malheur de prédire que Duncan allait mourir en marchant sur une fourche – ce qui a été à moitié vrai, mais avec une pelle. Mais y en a qui lui disent de faire attention. Même si Heather est de bonnes intentions, le reste de la population n’est pas aussi bienveillante qu’elle. Que ce n’est pas parce que la blonde lui tend des arguments venant contrer chacune de ses craintes qu’il faut qu’elle prenne pour argent comptant que tous là–bas vont l’accueillir les bras ouverts. « C’est eux qui t’envoient ? » Le détail qui a son importance. Est–ce que c’est eux ou est–ce que c’est elle ?
C’est vrai que Joseph et sa descente de boisson ont toujours eu bon dos. C’est vrai que Birdie a quand même passé de bons moments avec Heather. C’est vrai qu’Heather est toujours là malgré tout – mais ça peut changer.
« T’es vraiment déterminée à ce que je vienne, visiblement. » Birdie est touchée, vraiment. Elle esquisse même un sourire pour le prouver. T’as vu ma bonne foi, Heather ? « C’est quand ? Maintenant ? » Elle n’est pas prête, elle ne peut pas y aller comme ça, elle commence presque à paniquer, laisse la porte s’ouvrir un peu plus dans la manœuvre, se retournant et s’enfonçant chez elle en murmurant qu’elle n’est pas prête, qu’elle n’est pas habillée comme il faut, qu’elle n’a pas fait son rituel. « Va y avoir du monde ? Va y avoir le shérif ? Et les chasseurs de tête ? Je les aime pas, eux, je sais jamais s’ils veulent me violer ou me tuer. Les deux, sûrement. » Elle parle, elle parle plus que de raison tout en faisant voler ses vêtements pour en trouver des normaux, des non sordides, des passe–partout. Peine perdue.
Heather ne sait vraiment pas pourquoi elle insiste autant surtout que à la base elle n’avait pas spécialement envie de se coller à la tâche de l’inviter. Mais c’était peut-être le fait de la revoir après un long moment car Birdie ne sortait quasiment plus de chez elle. Le fait de la voir seule avec la peur qu’on veuille la tuer qui la rendait au fond un peu triste et un peu coupable de l’avoir laissé tomber. Elle savait que certain la craignait car elle avait soit disant vu l’avenir de Duncan mais bon il travaillait à la ferme c’était un risque tout à fait possible. C’est comme si elle disait qu’elle prévoyait le fait que Joseph allait surement mourir à cause de l’alcool un jour. C’était fort probable et ça ne faisait pas d’elle une médium. Quand la blonde lui demanda si c’était son idée où celle des autres, elle se sentit embêtée pendant quelques secondes. En vrai ce n’était pas du tout son idée mais elle n’avait pas envie que la jeune femme sache que à la base, elle n’avait pas spécialement envie de passer la soirée avec elle.
- Les deux, ils m’ont demandé de t’inviter et je me suis dit que ça serait une bonne idée alors me voilà.
Oui ça allait passer comme raison elle en était certaine, mais elle espérait vraiment que le village n’avait pas préparé un coup fourré. Heather pensait réellement que non car ils voulaient vraiment faire une soirée avec tout le monde pour les 300 ans du village. Elle ne voulait pas passer pour judas auprès de Birdie si jamais ils faisaient un sale coup.
- Oui je ne bougerais pas ! Ouais c’est maintenant enfin dans une heure, tu as le temps de te préparer. Parce qu’elle n’avait pas encore trop aperçu la jeune femme encore mais elle savait que les vêtements ce n’était pas encore trop ça. Finalement la porte finit par s’ouvrir et Heather rentra dans cette maison où elle n’avait pas mis les pieds depuis un moment. Elle la suivi et vu des vêtements virevolter dans tous les sens. Elle s’approcha de Birdie et posa sa main sur son épaule.
- Calme toi ça va aller et oui y’aura toute la ville mais pas les chasseurs de têtes. Toute façon personne ne les aime ceux-là.
Les deux. Elle lui dit que ce sont les deux qui veulent d’elle. Heather et le peuple. Les villageois. Ceux qui la fuient, ceux qui l’humilient, ceux qui lui jettent des trucs dégoûtants quand elle ose sortir. Birdie a presque l’œil bleu pétillant et s’en est triste. Elle prend le risque d’être déçue, de repartir encore en s’enfuyant comme la dernière fois – il y a bien trop longtemps – quand on l’avait entouré de piques pour rigoler et en chantant des choses qui n’avaient ni queue ni tête. Ce qu’ils pensaient être de la sorcellerie mais Birdie n’est pas une sorcière. Cependant, c’est un détail qu’elle n’a pas cherché à leur faire comprendre parce que dès qu’elle ouvre la bouche, elle se prend des bruits grotesques à la figure.
Immaturité dans toute sa splendeur mais qui a réussi à la faire se terrer chez elle, avec presque plus aucun contact avec l’extérieur, alimentant ainsi encore plus les rumeurs de sa folie. Alors les propos d’Heather, Birdie les prend avec méfiance. « Si tu le dis. » Une bonne idée, voilà qui reste à voir. Elle n’en donnerait pas son œil à dévisser, en tout cas. Une heure, c’est dans une heure et « tu me dis ça que maintenant ? » jaillit de ses lèvres, l’intonation stressée, angoissée aux accents anxieux ressortant de sa voix brisée alors qu’elle se tourne.
C’est une pression qu’elle n’avait pas prévue, qu’elle n’avait pas vu venir et elle panique, la tête, les bras et les pieds dans ses vêtements, considérant que rien ne va. Birdie sursaute quand Heather pose sa main sur elle, retenant un cri parce qu’elle ne peut pas être touchée comme ça, ça aussi, il faut la prévenir avant de le faire. Mais c’est Heather, tout va bien, pas de panique à avoir, juste un souffle à reprendre et tout va bien se passer. « Ils peuvent venir quand ils veulent. Ils sont capables du pire. Va demander à Jolene. La pauvre gosse a été traumatisée. » Forcément, torturée sa mère puis s’en prendre à la gamine, il y a de quoi être marquée à vie. « Toute façon, je viens pas sans ma petite dague. Je sais pas l’utiliser mais ça fera l’illusion. » Et c’est l’illusion qui fonctionne toujours, n’est ce pas ?
Birdie s’était tellement prise de critiques débiles à son égard qu’elle comprenait maintenant sa méfiance. Mais il fallait qu’elle sache que au final les cons qui l’insultaient et lui en faisaient voir de toutes les couleurs n’étaient pas représentatif de la ville. Au contraire le sheriff avait entendu une rumeur d’une bande de mecs qui voulaient allés bruler sa maison car elle apportait le mauvais œil. Et lorsqu’il avait entendu parler de ça, il était allé s’occuper de réduire leur idée en poussière. La blonde espérait juste que Birdie ne se mette pas « à voir » quelque chose pendant le bal. Si la plupart passerait outre ou encore d’autres penseraient qu’elle pourrait les protéger. Heather savait que beaucoup de manquerait pas l’occasion pour pouvoir la décrédibiliser encore plus. La blonde ne savait pas si elle avait envie d’être spécialement rattacher à Birdie si jamais cela venait à se produire mais si quelqu’un se moquait d’elle en sa présence, il attendrait parler d’elle un moment. Mais un sourire ne put s’empêcher de naitre en voyant la demoiselle se presser pour trouver une tenue à mettre pour ce soir.
- Au pire on arrivera un peu en retard mais bon on ne sera pas les seules. Je ne crois pas avoir vu les Jenkins arriver à l’heure, une seule fois dans ma vie.
Toute façon dans ce genre d’évènement les gens arrivaient souvent petit à petit et jamais à l’heure pile. Heather tenta de calmer Birdie en posant sa main sur son épaule et pendant un instant elle eut peur d’avoir fait une boulette en la voyant sursauter mais la blonde se calma rapidement au soulagement d’Heather.
- Oui ils peuvent mais depuis cette histoire ils ne sont plus les bienvenues. Ca a traumatisé tout le monde de voir ce qu’ils ont fait à Jolene. Je pourrais t’emprunter ta dague si jamais Rachel vient m’emmerder ? Elle a commencé à propager des rumeurs sur moi et j’ai envie de lui faire passer le gout.
Birdie n’a jamais été douée de base pour les relations humaines. Elle parlait déjà de façon incohérente toute gamine, elle se promenait dans des contrées qu’elle seule connaissait - mais quand on est gamin, c’est presque normal. Et on réussit à entrainer des camarades dans ses péripéties, dans ses histoires. Parce que l’enfance, c’est une grosse part d’imagination, l’absence d’attache en tout genre, l’innocence même du mal que peut faire le monde. Et même si elle a été déjà moquée quand elle était enfant - à cause en partie de sa famille qui n’a pas aidé à sa réputation de marabouts et de sorciers - Birdie avait toujours su passer outre. Jusqu’au jour où elle ne pouvait plus, où les moqueries étaient trop fortes, la pression trop puissante. Elle s’est renfermée, elle a coupé tout contact avec l’extérieur un peu plus chaque jour qui passait pour au final devenir recluse et ne sortir que pour faire des courses - quand un membre de sa fratrie ne la prenait pas en pitié pour aller les lui faire à sa place.
Heather est gentille, elle essaie d’arrondir les angles, de la brosser dans le sens du poil et Birdie comprend la manœuvre sans en comprendre le raisonnement profond. Pourquoi la blonde s’embête à venir la voir, à se trainer un boulet comme elle, elle ne capte pas. Mais Cadburry est déjà la tête dans les vêtements et malgré les mots d’Harris, elle n’en reste pas moins fébrile. “Arriver en retard serait encore pire. Tout le monde sera là et tout le monde me verra arriver et- et… On peut mettre des masques? Un bal, on peut mettre un masque, quelque chose, non? Peut-être que je peux me cacher comme ça, on me reconnaîtra pas, ni vu ni connu?” Birdie s’est redressée, fière de sa trouvaille, ses grands yeux bleus remplis d’espoir envers Heather. “Ma dague, non, si, non, j’ai besoin de ma dague, je peux pas la donner, ni à toi ni à personne, elle est à moi, elle me protège. Pourquoi tu veux me prendre ma dague, pour que je sois sans défense, c’est ça?” La revoilà partie dans ses propos incohérents, frissonnante parce que sa dague, elle en a besoin, c’est psychologique, c’est sa défense, Heather ne peut pas lui enlever ça. Les suspicions reviennent. “C’est quoi, comme rumeurs?”
Contrairement à Birdie, Heather avait toujours réussi à se fondre dans la masse et ne jamais avoir trop d’ennuis. Les seuls problèmes qu’elle rencontrait venaient de sa repartie bien trop importante. Quand quelque chose l’énervait, elle ne manquait pas de le faire savoir et à rentrer dans le tas, cela lui avait valu quelques soucis qui auraient pu devenir beaucoup plus grave. On lui avait répété 50 fois de se faire plus discrète car elle était une femme mais cela ne l’avait pas empêché de parler et une fois elle avait failli se faire frapper. On aurait pu penser que cette histoire aurait pu lui faire peur et qu’elle se serait calmée mais pas du tout, cela avait presque fait l’effet inverse. C’est pour ça que si quelqu’un venait emmerder Birdie ce soir, il se prendrait un coup de savate en retour. On savait tous que la jeune femme était spéciale, pas besoin d’en rajouter une couche par-dessus surtout qu’elle n’avait jamais fait de mal à personne. Heather prit peur quand Birdie commença à lui parler de masque. Déjà qu’il y avait de forte chance qu’elle se fasse remarquer par ses vêtements, elle n’allait pas trouver le moyen d’en rajouter une autre couche.
- Ce n’est pas un bal masqué Birdie, si tu en mets tu vas te faire remarquer car tu seras la seule à en avoir un sur le visage.
Heather regretta ensuite instantanément d’avoir voulu faire un peu d’humour en rapport avec la dague de la jeune femme. Instantanément le mode paranoïaque se remit en marche faisant un peu stresser la blonde par la même occasion. Heather vint à se demander si Birdie ne s’était pas faite chambouler plus qu’elle ne le pensait ? Pour être à ce point accrocher à son arme de peur qu’il arrive quelque chose sans, c’est qu’elle avait dû souffrir plus qu’elle ne l’imaginait.
- Non non je ne voulais pas te voler ta dague, t’inquiète pas garde là. Je n’en ai pas tant besoin que ça au pire je la menacerais avec une fourchette. Sinon pour les rumeurs des débilités sur le fait que je sois toujours seule. Elle dit que c’est parce que j’ai un caractère qui empêche les hommes de m’aimer et que j’entreprends des plaisirs de la chair interdit par dieu.
Et aussi parce que certain pense que Birdie l’avait maudite quand elles étaient enfants mais c’est une rumeur qu’elle ne dira pas tout haut pour ne pas stresser la demoiselle encore plus.
Ce n’est pas un bal masqué donc pas de visage couvert et c’est une nouvelle des plus contrariantes que Birdie a pu avoir depuis des jours durant. Peut–être même des semaines ou des mois. La notion du temps reste un peu floue quand on passe ses journées dans le noir, les rideaux qui clôturent et font barrage à tout rayon de soleil qui aurait la sordide idée de vouloir tenter de percer chez elle. Voilà bien longtemps que le parquet grinçant de sa petite maisonnée n’a senti la chaleur de l’astre brûlant. Birdie s’en contente très bien, le noir étant propice à ne pas les voir venir par surprise. Les voix, les ombres, les spectres. Réels ou dans sa tête, elle finit par ne plus trop savoir. « D’accord et on veut pas se faire remarquer alors pas de masque, même si c’est dommage parce que les masques, ça peut être joli en plus d’être utile, même si c’est vrai que n’importe qui peut se cacher derrière et qu’on n’est jamais trop prudent et– » Ses paroles se finissent dans un discours qui n’a plus vraiment de sens et qui n’a pas l’air d’attendre ni d’écoute ni de retour de la part d’Heather. Plutôt pour se rassurer elle–même, pour être sûre de ce qu’elle doit faire – et pas faire. Ses doigts frôlent les tissus en tout genre, éparpillés partout, alors qu’Heather la rassure. Non, elle ne prendra pas ta dague – elle risquerait de se couper le doigt ou un bout d’oreille et on va dire que c’est de ta faute – elle se contentera d’une fourchette – on va dire qu’elle l’a ensorcelé ? Non, Harris a le tempérament naturel de feu, ses réactions spontanées sont connues de tous. Birdie se torture les mains entre elle, se dandinant d’un pied sur l’autre, comme pour jauger, avant de secouer la tête. « Dague avec moi, ok, cool, mais tu le répètes à personne, hein. » Si quelqu’un sait, on va lui voler et peut–être même l’égorger avec. « C’est quoi, la chair interdite par dieu ? » Candide, innocente, Birdie ne comprend pas.
Par chance elle arrive à faire entendre raison à Birdie et lui faire abandonner son idée de masque. Mais elle se nota de proposer l’idée du bal masqué au comité des fêtes de la ville dans un coin de sa tête. Toutes ces soirées se ressemblaient et ça changerait un petit peu et puis à priori ça mettrait plus en confiance certaine personne pour venir. Mais elle avait envie de calmer la paranoïa de la blonde qui se transformait par la même occasion en moulin à parole. De un ça commençait un peu à l’agacer car elle savait que les personnes qui lui avaient demandé de l’inviter ne voulaient pas lui faire de mal. Et de deux cela commençait à l’inquiéter parce qu’elle arrivait à faire méfier Heather sur les vrais raisons de cette invitation. La jeune femme finit par réellement se demander si c’était une bonne idée d’inviter Birdie et qu’elle aurait dû dire aux autres qu’elle ne ferait pas ce qu’il lui avait demandé. La demoiselle à beau de pas être méchante, elle ne peut s’empêcher de voir qu’elle n’est pas forcément stable. Elle ne voudrait pas que dans la panique elle attaque quelqu’un avec sa dague pour rien. Si ça arrivait la situation deviendrait catastrophique et même elle ne pourrait pas l’aider.
- Je serais muette comme une tombe. Ce n’est pas une parjure qu’elle fait, elle ne dira rien. Heather se contentera juste d’observer Birdie pour voir où elle range sa dague pour voir si elle compte l’utiliser pour rien à un moment donné. Elle a l’impression de devoir surveiller une enfant mais qui a son âge, la situation était un peu étrange pour Heather. Elle grimaça lorsque Birdie lui demanda de lui expliquer un peu plus une rumeur, celle qu’elle aimait le moins car elle n’était pas totalement fausse. Cependant Heather n’avait jamais rien fait, elle retenait ses envies pour ne pas se faire pendre dès la première occasion possible.
- C’est d’avoir pour désir les personnes de ton sexe…
Elle ne préféra pas s’attarder sur la question et enchaina pour changer de sujet.
- Tu veux que je m’occupe de tes cheveux pendant que tu réfléchis à une tenue ?
Elle a dit qu’elle sera muette comme une tombe. C’est une sorte de promesse, pas vrai ? Un pacte qu’Heather ne va pas briser, n’est–ce pas ? Rien n’est sûr, absolument rien du tout, ni les paroles de la blonde ni la certitude que Birdie aura le mental sur la ligne droite durant toute la soirée et encore moins que les gens vont réussir à être cordiaux avec elle, ou au moins réussir à la supporter. Sans oublier les esprits, les voix, les vagabonds qui errent, qui se taisent, qui crient à tout va mais que personne n’entend, ne capte à part elle. Il y a tellement de choses qui peuvent venir perturber la soirée mais Heather n’a pas l’air d’en avoir conscience – ou alors elle le cache très bien. En tout cas, Birdie y va à reculons mais elle y va quand même, ne serait–ce que pour faire plaisir à Heather et surtout en priant que Joseph et son ami l’alcool soient l’attraction de la soirée plus qu’elle et ses amis fantômes. « Non, une tombe, c’est pas muette. Y a des voix qui parlent de dedans. » Mais ça, Heather ne peut pas savoir. Et pourtant, Cadburry le dit comme si c’est une évidence même, comme si cela semble évident.
Puis Heather répond à sa question, Birdie fronce du nez, les sourcils formant un joli V au milieu de son front parce que l’incompréhension persiste. « Je comprends toujours pas. » Le désir est abstrait pour elle, le mot sexe lui donne des rougeurs aux joues qu’elle préfère camoufler en fouinant avec vigueur dans ses vêtements entassés. Elle n’y voit rien et pourtant, c’est comme si ses yeux se sont habitués à regarder dans l’obscurité. « Je peux– Je peux pas réfléchir à une tenue si tu me bloques pour me coiffer, je fais comment pour essayer et pour me rappeler de ce que j’ai, parce que j’ai beaucoup de trucs mais peut–être qu’il faudrait rafistoler, recoudre et– Zut ! »
Win : Birdie glisse mais réussit à se rattraper à Heather. « Désolée, désolée, c'était moins une. » So close : Birdie s’enroule une écharpe dans la cheville, elle chavire mais tombe sur son fauteuil de chambre, se prenant une aiguille dans le doigt qui la fait saigner légèrement. « Regarde, ça commence. » La malédiction, sûrement. Fail : Birdie se retourne en reculant et dans sa précipitation, ne fait pas attention au meuble qui se trouve sur son trajet. Elle se cogne, elle tombe et elle se fait mal à l’arcade en se prenant un coin du meuble. « Y a une force extérieure qui me dit que je dois pas y aller. »
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31470 POINTS : 400
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014