« Chut… » elle rigole, la princesse, parce que sérieusement, il pense pouvoir la faire taire ? Il n’a donc rien compris, Elias. Il n’a pas compris qu’elle ne se taira jamais parce qu’elle ne sait pas faire, même quand ça lui apporte des problèmes, quand il y a le danger au bout des doigts à cause de sa gueule parfois trop grande et trop bavarde. Mais c’est son moyen le plus percutant d’exister, de prouver qu’elle est là et le flic ne sera sûrement pas le dernier des hommes à vouloir la faire taire. Plusieurs ont essayé, ils ont tous échoué, à part un qui a marqué une empreinte bien trop énorme dans son être entier pour qu’elle fasse en sorte que cela n’arrive plus jamais. Aucun être humain, encore moins un homme, n’arrivera à cet exploit et elle s’égosille toujours un peu plus à chaque fois qu’on tente de tuer ses vocalises. Birdie est un oiseau, et elle a besoin de s’exprimer. Alors non, elle ne se tait pas, elle rigole alors qu’elle attend qu’il prenne le contrôle s’il le désire - à défaut de ne pas pouvoir lui prendre sa voix, il peut au moins prendre le reste. Son enveloppe charnelle dont elle n’a que faire dans le fond, à l’offrir en pâture juste pour un jeu sordide de voiture à gagner.

Et il finit par lâcher prise, Elias. Enfin. Il n’y a pas à dire qu’il est beau quand il se tait lui, quand il se soumet, quand il devient un pantin. Un homme qui se laisse gagner par la luxure aussi rapidement, qui n’a plus aucune vision du bien et du mal tant qu’il a son dû et c’est bien là que réside la force féminine contre eux. Birdie l’a bien compris et elle le met en application à chaque instant. « Rhabille-toi ! » Birdie lève les yeux au ciel. “A vos ordres, officier.” Elle se détache sans plus de cérémonie tout en se courbant dans la voiture pour récupérer ses affaires qui trainent ici et là. “J’en voulais pas, de toute façon, de ta bagnole. Bien trop bruyante.” Ce qui est ironique quand on connaît la jolie blonde. Mais il y aurait trop de risque à ce qu’elle fasse n’importe quoi avec, ce qui est déjà le cas avec son simple van. Une fois habillée, elle se penche juste vers Elias pour l’embrasser et lui tapoter la joue. “A la prochaine, officier.” Elle sourit puis disparaît dans les rues sombres, fière de sa victoire malgré tout. Elle n’a pas eu la voiture mais elle a eu tout le reste ; elle peut bien lui laisser son joujou.