La sagesse. Une notion bien étrange. Les critères de sa définition t’échappent. Tu en as tant entendu à ce sujet. Ton père t’a souvent menacé de te punir en cas de son absence. Sa favorite concernait le passage du Père Noël, grognant qu’il ne passerait pas si tu n’étais pas sage. Tu n’as pas stoppé tes caprices pour autant. Quand il élevait trop la voix, tu te réfugiais dans les bras de ta mère. Plus laxiste, trop laxiste, elle ne t’a jamais réprimandé pour ton comportement. Le Père Noël non plus à voir la montagne de cadeaux présents sous le sapin chaque année. Tu t’amusais à narguer ton père d’un sourire provocateur de peste en les déballant. A l’époque, tu ignorais que cette personne était imaginaire. Tu as refusé de croire en cette supercherie. Jusqu’à tes dix ans, tu écrivais ta lettre de souhaits. Il a fallu que tu tombes sur ton frère ainé, emballant la poupée de tes rêves dans sa chambre pour accepter ce fait. Tu l’as reproché à ton père. Tu t’es plu à lui faire la morale sur sa soi-disante sagesse. Le mensonge n’est en rien sage. Il est vilain et détruit. Tout l’inverse du jeu. Tu admets qu’il n’est pas toujours sage non plus. Le jeu charnel n’est pas forcément destiné à être discipliné. Celui auquel tu jours avec Itziar l’est complétement. Un jeu d’enfant ne peut que l’être même s’il cache un désir d’une activité ludique moins enfantine. Sa surenchère te fait sourire. Elle est une toi en puissance. Cette pensée ouvre un peu plus ton cœur. Tu commences à vider ses placards pour y faire de la place. Il se pourrait que cette blonde s’y installe. « C’est d’accord. » Tu relèves le défi sans hésiter. Tu en es l’initiatrice, tu n’as pas le droit de te défiler. Tu es gagnante dans les deux cas. Soit tu vas pouvoir reprofiter de la douceur de sa peau, soit tu vas découvrir la chaleur de ses lèvres sur la tienne. D’ailleurs, tu notes qu’elle n’a pas précisé la zone. Tu sauras lui rappeler en cas de défaite de ta part. Il est possible que tu ne veuilles pas embrasser ses pommettes. Fixant ses commissures, tu as même une autre pensée en tête.
D’autres pensées se forment dans ton esprit. Après l’avoir imaginé en fauteuil, tu l’imagines en camisole. Tu la verrais bien, calée dans ton dos, t’encerclant de ses bras chaleureux, soufflant son haleine fruitée sur ta nuque telle la caresse d’une brise estivale. Ou alors de face, observant ton visage de fée endormi, un léger sourire dessiné dessus pendant que tu navigues dans le pays des rêves. Il existe une troisième possibilité. Lui retirer ce rôle et lui en offrir un nouveau. Tu pourrais la tenir entre tes petits bras, la serrer contre toi comme un doudou. Cette option t’apaiserait à coup sûr. Ta peluche licorne le fait à la perfection. Elle dormira hors de ton lit si la serveuse emménage chez toi. A moins que tu le cales entre vous deux, telle un jeune enfant entre ses parents après un cauchemar. Suivant l’activité précédant votre endormissement, elle risque de devoir se satisfaire de ta table de chevet. Surtout si vous vous lancez dans un test pratique. Un enfant serait dérangeant. Puis il faut préserver son innocence le plus longtemps possible. « En théorie oui sauf quand je ne suis pas chez moi. Il vaut mieux prévenir avant de ton passage. » Tu ne veux pas lui poser un lapin par mégarde. Tu ne tiens pas non plus à ce qu’elle débarque en pleine séance d’essayage avec une cliente. Puis tu es souvent le nez en dehors de ton appartement. Entre tes balades au parc, à la plage, dans ce bar, ton domicile bénéficie rarement de ta silhouette. Tu y es la plupart du temps pour ton activité professionnelle, quand tu donnes vie aux croquis de ton bloc-notes dans ton atelier. Tout en l’interpellant pour avoir son numéro, tu apprécies l’effleurement offert. Un frisson se forme sur tes doigts. Tu la retiens encore quelques instants vers toi avant son départ. Te saisissant de ton stylo, tu inscris ton propre numéro sur l’intérieur de son poignet. Amusée et joueuse, tu te permets de dessiner un cœur à la fin du dernier chiffre. Son sobriquet t’arrache un gloussement. Bien qu’elle doive sûrement plaisanter, il y a toujours une part de vérité dans une blague. « Merci. Et à toute de suite, ma princesse. », ris-tu avec elle avant de définitivement la lâcher.
Ton cocktail arrive. Étourdie à la mémoire sélective, tu te souviens parfaitement des termes de votre challenge. Tu le goûtes délicatement. Ton palais y discerne immédiatement le parfum de la pomme. Pour le premier, elle n’a pas pris de gros risques en choisissant ton jus préféré comme base. Tu enchaînes les boissons et les coups de crayons. Tu ne distingues pas vraiment les divers ingrédients. Tu ne cherches pas vraiment à le faire non plus. Tu as décidé de perdre ce jeu pour mieux le gagner via la récompense octroyée. Tu vas pouvoir lui faire deux bisous. Ta raison te dicte une sur chaque joue, un geste amical sans sous-entendu. Ta passion est plus vicieuse. Elle te projette sur tes endroits plus tendancieux. Tes lippes recouvertes d’un rouge-à-lèvres rosé pâle, tu laisseras volontiers ton empreinte labiale au niveau de sa jugulaire. Parfois, souvent, tu es là, les pupilles fixes, à la reluquer travailler. Tu lui lances de tendres sourires. Tu n’as plus la notion de l’espace. Il y a elle et les autres. C’est fou à quel vitesse elle t’a hantée. Déjà complices, tu captes son message oculaire. Tu te lèves et la suis, laissant tes affaires sur la table. Tu n’envisages pas un vol de ton carnet ou de ton sac à main. Au pire, tu recréeras un croquis et tu feras refaire tes papiers. L’administration est habituée à des demandes. Tu oublies, tu égares, tu te fais dérober diverses choses au quotidien. Tu passes à la mairie au moins une fois par mois pour un souci de la sorte. Malgré les remontrances de l’employée, tu ne changes pas. Tu la trouves même mignonne quand elle te gronde. Cela creuse ses pommettes et lui donne un air délicieux. Mais bien moins délicieux que celui d’Itziar. Tu la rejoins dehors. Un coup de vent ta rappelle tes propres paroles sur la fraîcheur nocturne. Dans ta robe sans manche, tu es prise de frissons. Sans l’attrait de la blondinette, tu serais retournée illico au chaud dans l’établissement. « Ils sont trop bons ! Et oui, je pense avoir trouvé… » Tu lui rends son sourire. En vrai, tu n’en as aucune idée. Enfin, si, tu en as une. Tu conserves encore le suspense afin de titiller sa curiosité.
Elle te propose un indice. Évidemment, dans ce monde capitaliste, il n’est pas gratuit. Il n’y a que les sourires qui le sont. Et c’est bien dommage. « Tu es dure pour une princesse. Je ne peux pas avoir deux essais sans payer ? » Tu dégaines ton sourire le plus charmeur combiné à une moue de chien battu. Tu ne peux être plus enfant que cela. Sauf si tu avais des couettes sur ton crâne et que tu portais une tenue d’écolière. Éole continue de manifester sa présence. Les coups de vents s’intensifient. L’un d’eux fait virevolter une mèche dorée devant sa bouille. Tu te mues d’instinct en coiffeuse de fortune. Tu la dégages doucement, effleurant son front de ton index. Tu la replaces derrière son oreille. « Je tente ma chance sans indice. Mais si je trouve, je veux deux bisous. » Tu négocie une ultime fois. Elle n’en a pas le monopole. Tu es même plutôt maîtresse en la matière. Il est temps de lui révéler ton idée. Tu n’as pas conscience que le réel ingrédient est probablement responsable de ton acte. Le gingembre est connu pour ses vertus aphrodisiaques. Il explique sans doute en partie ton comportement et les pulsions de ton palpitant. Le reste est voulu, motivé par ce que tu ressens. « L’ingrédient commun à tous tes cocktails… » Tu marques une pause. Tu la dévores de tes iris. Tu te rapproches d’elle. Tu saisis délicatement son bras. Tu retires sa cigarette électronique de sa bouche. Tu avances encore un peu. Un pas de plus et tu lui marches sur les pieds. Un pas de plus et vos poitrines entrent en collision. Un pas de plus et tu tombes dans ses filets. Si ce n’est déjà fait. « ...c’est l’amour… », que tu souffles sensuellement sur ses lèvres. Toutes ses boissons ont été exquises. Il est facile de mélanger des composants dans un shaker. C’est à la portée d’un enfant de dix ans. Toi-même pourrais donc le faire. Il est plus compliqué d’harmoniser les saveurs. Il faut du savoir-faire, une expérience et un liant au tout. Seul l’amour en est capable à tes yeux.
Si elle avait son propre carnet, elle écrirait toutes les informations dessus, non pas par peur de les oublier, elle avait plutôt bonne mémoire, surtout quand l'information en question l'intéressait particulièrement, mais parce qu'elle trouverait ça drôle. Ce serait en faire un peu trop et c'était totalement elle. Ce n'était pas grave cela dit, elle avait toutes les informations dont elle avait besoin pour pouvoir venir passer son test pratique. L'adresse, qu'elle a déjà bien mémorisée. Les heures d'ouvertures aussi. Rose ne le savait pas, mais derrière ses airs de joueuse invétérée, elle n'avait qu'une parole Itziar. Quand elle disait quelque chose, même en plaisantant, il y avait bien souvent une part de vérité, une grande part de vérité, d'ailleurs. Il ne fallait donc pas qu'elle s'étonne, la jeune styliste, de voir un jour Itziar débarquer chez elle, clamant qu'elle était là pour la suite du test, un sourire ravageur dessiné sur le visage. Elle en attendait de même d'elle d'ailleurs. Même si son petit bon à valoir était des plus enfantins et s'apparentait presque à ce qu'une adolescente pourrait discrètement avoir fait passer à son crush du moment en classe, il était à prendre au premier degré. Elle espérait qu'elle vienne réclamer son dû. Avec ou sans préavis. Le plus tôt possible, tant qu'à faire. Dans le pire des cas, elle savait se montrer patiente, même si ce n'était pas vraiment son fort, la faute à une éducation un peu trop laxiste et des parents qui n'avaient jamais su lui dire non. Pour le reste, elle n'était pas si terrible. C'était un jeu de toute façon, non ? Elle n'avait pas à se faire des idées ou attendre quoi que ce soit. Ce n'était pas comme ça que ça fonctionnait. Cependant, elle ne peut s'empêcher de sourire bêtement quand elle voit le numéro de téléphone de Rose noté sur son poignet, le cœur apposé à côté du dernier chiffre y étant aussi pour beaucoup. Elle s'agacerait presque. Ce petit jeu était censé être anodin. La jeune femme s'avère finalement envoutante, électrisante et plus ça dure, plus Itziar se perd. Elle se perd entre le jeu et la réalité. Elle se perd dans ses pensées et dans les paroles de Rose. Elle aimerait que son service prenne fin tout de suite, prendre ses affaires et partir. Avec Rose, ce serait sans aucun doute un plus. Elle n'a pas le choix cependant et elle doit retourner travailler. Encore pour quelques heures.
Elle se console parce qu'elle va pouvoir préparer quelques cocktails pour Rose. Avec un nouveau jeu dont elle a défini une règle clé. Pas deux fois la même chose. Seulement un ingrédient commun à tous. Elle allait jouer la facilité et utiliser le jus de pomme, le préféré de Rose visiblement. C'est quand elle prépare le premier que l'idée lui vient. Qu'elle change de cap. Oublié le jus de pomme. Elle le verse dans le premier verre, mais elle ne l'utilisera plus de la soirée. A la place, elle décide de pousser le jeu un peu plus loin, de lui donner une signification un peu plus coquine, sans que ce ne soit trop évident. Elle veut garder la surprise pour plus tard, ce ne serait pas drôle qu'elle devine dès le premier verre. Elle a l'impression de ne pas trop mal se débrouiller d'ailleurs. Elle invente, pour la majeure partie, pour le reste, elle regarde sur internet qui regorge de recettes auxquelles elle n'aurait jamais pensé. Est-ce que c'est tricher ? Peut-être. Est-ce que Rose est susceptible de le savoir ? Pas forcément. Elle s'amuse, Itziar et c'est le plus important, elle a l'impression d'avoir la mainmise sur ce jeu-là. Parce qu'elle sert les boissons, elle a la tâche la plus aisée. Quand elle a cinq minutes, elle enregistre le numéro de Rose dans son téléphone, elle a bien trop peur qu'il finisse par s'effacer. Elle s'en voudrait. Elle enregistre aussi son nom, de la même manière ajoutant une couronne au début et à la fin, pour la reine du bar. Elle sourit, face à son téléphone et c'est Jenna qui vient la tirer de sa rêverie, lui demandant si elle va bien avant de lui indiquer une table à aller servir pendant qu'elle s'occupe d'une autre. Elle va bien, oui. C'est ce qu'elle lui répond, comme une évidence. Elle va très bien même. Tellement bien qu'elle a du mal à se concentrer parce qu'elle ne fait que compter les minutes avant de pouvoir reprendre la conversation avec Rose. Le moment approche à grands pas et elle s'occupe pour que le temps passe un peu plus vite. Des verres à laver pour faire un peu de place, des tables à essuyer pour que de nouveaux clients puissent s'y installer, des verres à servir. Tout y passe. Ou presque. Quand l'heure arrive, elle demande à Jenna si elle peut sortir en premier, par pure politesse et elle cherche le regard de Rose dans la foule qui s'est maintenant amassée dans l'établissement. Un sourire, un signe de tête et elle l'attend dehors. "C'est pas toi qui me disais de mettre un gilet pour pas avoir froid ?" lui demande-t-elle quand elle la voit arriver, frissonnante dans sa robe sans manche. Elle sourit. Elle non plus n'a pas particulièrement écouté le conseil. Elle a l'habitude, elle aime sentir le vent sur sa peau, ça lui permet de respirer et de faire une pause de la chaleur ambiante à l'intérieur du bar. Elle regrette soudain de ne pas en avoir pris une. Non pas parce qu'elle a froid, mais parce qu'elle aurait pu l'offrir à Rose pour qu'elle se réchauffe. Là, elle n'a que son débardeur, ce qui ne lui servirait probablement pas à grand-chose, n'étant sans doute pas plus chaud que sa robe et ne pouvant protéger ses bras de la brise. Elle sourit au compliment sur ses cocktails, même si elle ne peut s'empêcher de reconnaître sa petite tricherie. "Merci ! Mais je dois avouer que pour certains j'ai fait quelques recherches pour m'inspirer." Elle hausse les épaules. Ca ne fait qu'un peu plus de trois ans qu'elle travaille ici et elle a tout appris sur le tas, elle n'avait donc pas encore des connaissances illimitées. "Ah ? C'est vrai ? T'as trouvé ?" demande-t-elle, les yeux qui pétillent à la perspective que Rose ait réellement trouvé du premier coup. Elle attend, la réponse, elle attend de voir si c'est elle qui va devoir récompenser Rose. Elle aimerait bien. Elle aimerait aussi qu'elle ait tort et que Rose doive honorer son gage.
Elle propose tout de même une alternative. Rose n'a le droit qu'à une réponse, mais elle a aussi la possibilité d'obtenir un indice. Ca ne semble pas convaincre son interlocutrice, ou, tout du moins, cette dernière tente une négociation. Deux essais, sans payer. Ajoutant à cela un sourire et des yeux de chiens battus. "Je suis une princesse qui a le sens des affaires." Déclare-t-elle, scrutant le visage de Rose avant d'ajouter "Mais je suis aussi une princesse faible, alors va pour deux essais sans payer, mais je veux revoir ton sourire." Parce que même si elle est extrêmement mignonne aux yeux d'Itziar avec son air penaud, rien ne vaut son sourire et son visage qui s'illumine. Alors, pour forcer un peu les choses elle vient lui pincer doucement le côté avec sa main libre, une habitude chez elle, mais ça a en général toujours le pouvoir de déclencher un rire ou ne serait-ce qu'un sourire. C'est le vent qui s'invite ensuite, comme toujours. L'extérieur du bar est toujours venté, pour une raison qui lui est inconnue. Sans doute la manière dont il est agencé, proche des autres bâtiments. Sans aucun doute l'endroit parfait pour se rafraîchir. Un peu moins quand on a les cheveux longs et qu'on ne veut pas les attacher. Elle s'entête, mais finit toujours par les attacher pour être tranquille. Ça l'agace un peu moins quand c'est Rose qui vient replacer la mèche qui lui tombe devant les yeux. Elle voudrait même que le vent en fasse bouger une autre. Elle apprécie cette proximité, ça lui paraît si naturel. Elle n'a même pas la foi de négocier plus pour leur petit jeu dont les règles lui semblent de plus en plus étrangères. "Deal !" Répond-elle à Rose quand celle-ci lui propose un ultime changement. A ce stade, ça n'a plus trop d'importance. "Alors ?" demande-t-elle, sourire aux lèvres. Elle a l'impression d'avoir le contrôle sur la partie. Elle n'aurait pas pu se tromper plus que ça. Rose fait durer le suspens. Elle fait traîner sa réponse. Itziar, elle anticipe. Son rythme cardiaque s'accélère quand Rose s'approche un peu plus. Encore plus quand elle lui prend le bras pour lui faire retirer sa cigarette électronique de la bouche. Elle tourne à peine la tête pour laisser s'échapper la fumée. Elle ne détache pas son regard d'elle. De ses yeux, de ses lèvres. La réponse tombe. L'amour. Elle ne l'a pas vu venir. Ca lui couperait presque le souffle, la laissant sans voix. Elle ne joue plus. Elle ne joue plus depuis un moment d'ailleurs, mais c'est seulement maintenant qu'elle s'en rend compte. Avec Rose aussi proche d'elle, son souffle sur ses lèvres. Ses lèvres à un cheveu des siennes. Échec et mat. Elle a perdu la partie. Elle ne sent plus le vent ni la fraîcheur du soir. C'est la chaleur qu'elle sent, dans l'air, dans son corps. Elle déglutit. Ses yeux vont et viennent entre les lèvres et les yeux de Rose. L'australienne n'a pas l'air de bouger. Un cheveu et elle pourrait capturer les lèvres de la styliste avec les siennes. Elle ne réfléchit pas. Elle a perdu cette capacité quelques instants plus tôt. Elle avance sa tête, juste ce qu'il faut, pour venir goûter aux lèvres de l'australienne. Un baiser presque chaste, sans artifice. Elle se détache quelques secondes plus tard, retrouve sa place initiale. "Perdu. C'était le gingembre." déclare-t-elle. "Tu me dois deux bisous. Tu peux choisir l'endroit." qu'elle souffle sur les lèvres de son l'interlocutrice comme cette dernière l'avait fait un peu plus tôt.
Ton objectivité est au placard. Les cocktails ingurgités ne sont pas les meilleurs que tu as eu l’occasion de boire. Tu en as bus des plus exquis au Burrow. Le barman a remporté un concours dans tes souvenirs. Il trône sur la plus haute marche du podium dans ton cœur. Du moins trônait. Itziar vient de le repousser à la seconde position. Ses morceaux d’âme ont fait pencher la balance en sa faveur. Elle y a mis tant de volonté. Tu ignores si elle agit toujours de la sorte ou si tu es une privilégiée. Tout ce qu’elle t’a apporté était magique. Un simple verre d’eau servie de sa personne ferait passer un grand cru de vin français pour une vulgaire piquette. Et tu exagères à peine. Tu n’aimes pas l’alcool. Même si tu es ivre en ce moment, ivre de sa personne. Tu les as savourés lentement, appréciant la moindre goutte des contenus de tes verres. Et tu les as aussi engloutis rapidement pour pouvoir lui en redemander un nouveau et revoir ses courbes proches de ta position. Tu en as oublié votre défi. L’ingrédient secret n’avait plus d’importance. Tu as observé ses gestes précis ; ses mains se saisir des diverses bouteilles ; s’agiter à en verser un peu, beaucoup, parfois pas du tout ; et toi, tu l’as reluquée à la folie. Tu ne changes pas d’attitude dehors. Au contraire, désormais isolées, tes mirettes la détaillent davantage. « Si mais je ne l’ai pas pris. Je n’avais pas prévu de rester si tard. » Tu devrais être chez toi à l’heure actuelle, probablement dans son canapé, à regarder un épisode d’une série ou un film où joue Penny. Le plan improvisé ne te déçoit pas. Tu remplaces une blonde par une blonde. Quoi que l’actrice s’est colorée en brune récemment. Les aventures de ses personnages peuvent patienter. Tu préfères écouter celle de cette serveuse en direct. Surtout qu’elle pourrait marquer le point de départ d’une autre aventure : la vôtre. Tant pis pour la fraîcheur nocturne et ta face frileuse. Tu es tentée de lui demander si elle possède la casquette de veste humaine. Tu te verrais bien calée entre ses bras tandis qu’elle te frictionne le dos pour te réchauffer. Rien que l’idée te réchauffe. Elle t’embrase presque même. Tes pommettes sont écarlates. Elle ne le remarque sans doute pas, dans la pénombre extérieure. Ce lampadaire à l’ampoule fatiguée n’éclaire la zone que par intermittence.
A quoi sert cette luminosité artificielle en compagnie d’un soleil ? Tu ne parles pas de toi bien que tu rayonnes de ton rose et de tes larges sourires. L’astre c’est elle. Elle t’illumine. Trop pour que ce soit réel. Tu crains de faire un énième rêve. Tu ne veux pas té réveiller. Tu souhaites rester prisonnière de ce songe ad vitam æternam. Quand elle te pince, tu n’ouvres pas tes yeux. Ce moment onirique parait véridique. Le contact de ses empreintes de te fait frissonner. Tes lèvres retrouvent leur écartement. Tu affiches un air niais. Ton cerveau est aux abonnés absents. Il est allumé et éteint à la fois. Il ne te contrôle plus. Tes sentiments ont pris la relève. Ton enfant interne a également disparu. Ce jeu n’est plus enfantin. Tu n’es plus dans la cours de récré à jouer à chat avec tes camarades, à quémander des bisous aux perdants. Tu sais ce que tu fais. L’innocence de tes actes est discutable. Si proche d’elle, tu plaides coupable. Tu admets tes tords. Intérieurement tu acceptes ta défaite. Itziar est trop joueuse, trop belle, trop désirable. Ta réponse te trahit. Tu baisses les armes. La sentence va tomber. Deux bisous à lui faire, quelle terrible punition n’est-ce pas ? Plutôt une récompense. Mais le jeu change de nouveau. Elle change les règles et t’embrasse. Un baiser furtif, éphémère, court, délicieux. Le contact labial t’électrocute. Tes cheveux s’hérissent presque sur ta tête. Les poils fins de tes bras le font. Une douce chaleur se diffuse dans ton être. Elle rejoint ton palpitant. Et il tambourine. Il fête sa victoire. Car c’est bien ce que tu as obtenu à travers ton échec. Tu es bouche bée plusieurs secondes. Tu ne réalises pas totalement ce qui vient de se passer. Tu touches de ton index son menton. Ton doigt ne passe pas à travers. Elle n’est pas un mirage. « Ça ne compte pas. J’avais le droit à deux propositions. », que tu t’offusques faussement, toutes dents dehors. Tu es la première à tricher dans les jeux. Tu faisais tout pour battre tes frères. Tu ne supportais pas de perdre et eux ne supportaient pas tes cris. Tu as grandi et tu ne cries plus. Sauf au niveau cardiaque. Ta pompe hurle sa joie à travers ses battements rythmés.
Tu en as faites des crises. Tu en as cassées des oreilles. En piquer une maintenant te serait sûrement fatal. Les caprices ne sont pas ce que les gens envient aux enfants. Tu ne veux pas la faire fuir. « Coupons la poire en deux, un bisou chacune. Je commence. », lui annonces-tu souriante. Tu vas montrer l'exemple. Tu sais faire des concessions quand ça t’arrange. Tu es prête à lui offrir des milliers de baisers. Tu lui en ferais volontiers sur chaque pore de sa peau. Plusieurs fois même. Tu la mitraillerais de doux baisers jour et nuit, à chaque seconde de ton existence. Tu romps la maigre distance qui vous sépare. Vos orteils sont séparés de quelques maigres millimètres. Vos poitrines se frôlent via le tissu de vos tenues. Tu apportes ta main droite sur sa joue. Tendrement, tu la glisses vers son oreille. Tu replaces sa mèche rebelle qui refuse de se faire dompter. Tu coulisses ta paume sur ses cervicales. Tu les masses légèrement de tes pulpes. Ta main de libre rejoint sa hanche. La chaleur de son corps se transmet au tien à travers son débardeur. Un brasier nait. Un feu interne te consume. Tu fermes tes yeux. Ta tête se penche lentement. Jusqu’au moment de la rencontre. Jusqu’au moment où vos bouches entrent en collision dans un choc sourd. Jusqu’au moment où vous vous pouvez savourer les saveurs respectives de vos commissures. Ton baiser est moins chaste. Ta langue caresse ses lèvres sans forcer un quelconque passage. Tu découvres leur parfum qui résonne comme une évidence. Tu rouvres tes paupières et te recules à peine. « Tu as un goût de pomme. », lui annonces-tu en pouffant. Ta saveur favorite pour les boissons. Tu le tiens de ton enfance et de tes goûters. Tu fixes ses prunelles. Tu devrais la libérer et la laisser repartir travailler. Ta raison te l’ordonne. Ta passion te l’interdit. Puis elle n’a pas rempli sa part de ton marché. « C’est à ton tour. Embrasse-moi comme une reine. », souffles-tu sur ses lippes telles une douce brise d’été. Si l’impératif fait penser à un ordre, il n’en est rien. Ton ton est trop suave pour cela. Ton intonation résonne plutôt comme une supplication. Comme un besoin d’être délivrée de ce désir qui te ronge de l’intérieur contre lequel tu luttes depuis que t’es assise sur ses genoux.
C'était donc un peu de sa faute si Rose se retrouvait à frissonner à l'extérieur du bar. Elle ne s'en voulait pas plus que ça cela dit. Parce qu'elle se disait que si Rose ne voulait pas être là, elle serait restée bien au chaud dans le bar. Ça ne l'empêche pas de penser à une solution pour un peu plus tard. "Tu pourras prendre mon gilet quand on partira, pour me faire pardonner de t'avoir fait poireauter toute la soirée et du coup t'avoir confrontée à la fraîcheur du soir." Parce qu'elle allait l'attendre, elle lui avait dit plus tôt. Elle espérait qu'elle n'avait pas changé d'avis. Surtout que ça voulait aussi dire qu'elle allait rentrer avec elle, non ? Elle l'espérait tout du moins, elle n'avait pas envie que la soirée se termine comme ça. Elle n'avait pas envie qu'elle l'attende à la fin de son service, qu'elles discutent rapidement devant le bar avant de se dire au revoir et se séparer, chacune de son côté. Elle voulait que la soirée se prolonge. Que le jeu continue. Au moins encore un peu. Elle a bien des idées de ce qu'elle voulait faire une fois qu'elle finirait de travailler et qu'elle retrouverait Rose. Passer son test pratique était sans aucun doute l'une de ces idées et ce serait un mensonge de dire le contraire. L'australienne avait allumé un feu en elle. Un feu qu'elle avait bien du mal à contenir maintenant qu'elle se trouvait là, si près d'elle. Qu'elle continuait à jouer ce jeu dangereux. Arrêter lui paraissait presque impossible à ce stade. Elle ne s'en plaignait pas, au contraire. Comme elle ne s'en plaindrait pas non plus si la soirée ne finissait pas de la manière dont elle se l'imaginait. Parce qu'elle croyait dur comme faire qu'il y avait un temps pour chaque chose et que si quelque chose ne devait pas se passer à l'instant T, alors, il en était ainsi, il y avait probablement une très bonne raison. Pour l'heure, elle ne se pose pas la question. Elle attend que Rose réponde. Que Rose lui fasse part de ses déductions quant à l'ingrédient qu'elle avait inclus dans tous ses cocktails jusqu'à présent. Elle négocie l'australienne, elle est dure en affaires elle aussi. Itziar, elle, elle s'y perd dans toutes ces négociations. Sans doute parce que son attention n'est plus vraiment là. Elle perd sa capacité à réfléchir au fil de la discussion. Il y a au moins un bisou à la clé, dans tous les cas. Soit pour elle, soit pour Rose. Finalement, elle est gagnante peu importe l'issue. Que Rose trouve l'ingrédient secret ou pas. Elle ne retient que sa proposition finale. Deux bisous si elle trouve du premier coup, sans indice. C'est Rose qui lui fait oublier tout le reste quand elle s'approche d'elle pour venir lui souffler la réponse sensuellement sur les lèvres. Elle la déclare perdante. Elle capture ses lèvres si proches des siennes. Elle ne peut pas s'en empêcher. S'écarter aurait été un supplice qu'elle n'était pas prête à endurer. "J'ai pas triché ! Tu m'as dit une réponse et deux bisous en dernière proposition." Qu'elle se défend, parce que peut-être qu'elle a triché sans le faire exprès finalement. Il se passe bien trop de choses dans sa tête et dans son corps pour qu'elle arrive à parfaitement se concentrer. Rose en est la responsable.
Elle n'a pas l'air de s'en plaindre plus que ça et propose même un compromis, un de plus. Elle sait comment faire en sorte que tout le monde soit content. Ça fait sourire Itziar qui hoche la tête pour acquiescer. Un bisou chacune. Ça semble être plutôt juste. Rose n'a pas trouvé la bonne réponse, mais elle, elle n'a pas honoré les règles. Il y avait pire comme gage. Bien pire. Elle se considère gagnante là et attend avec anticipation le bisou de Rose. Va-t-elle lui faire un bisou sur la joue ? Ce qui était la récompense qu'elle avait voulue pour elle-même au tout début. A-t-elle apprécié ce baiser furtif d'Itziar ? Est-ce que ça lui a donné envie d'en profiter un peu plus. Ce qui est sûr c'est qu'Itziar a envie de sentir les lèvres de Rose sur les siennes de nouveau, elle veut y goûter un peu plus. Elle est soulagée quand Rose rompt la distance entre elles. Elle ne l'a donc pas faite fuir en l'embrassant sans la prévenir, ça n'a pas l'air de l'avoir refroidie. Loin de là. Itziar sent les battements de son cœur s'accélérer une fois de plus quand la main de Rose va se poser sur sa nuque. Encore un peu plus quand son autre main se pose sur sa hanche. Elle se demande s'il ne va pas finir par sortir de sa poitrine à cette allure. Ce serait dommage, elle louperait le moment divin où Rose vient poser ses lèvres sur les siennes. Elle a à la fois l'impression d'avoir le souffle court et de pouvoir enfin respirer. Comme si elle laissait s'échapper toute l'anticipation qui s'était accumulée et que ça la laissait bouche bée. Elle ne saurait pas l'expliquer. Elle ne cherchait pas à l'expliquer non plus. Son esprit ne se focalisait sur rien d'autre que la bouche de Rose sur la sienne, ses mains sur son corps. Cette chaleur émanant de leur deux corps. Elle sent la langue de la jeune femme caresser ses lèvres, elle les entrouvre, lui autorisant l'accès. Quand l'australienne rompt ce baiser, elle protesterait presque Itziar. Parce qu'elle n'a pas l'impression d'en avoir eu assez. Ca lui parait bien trop court. Mais elle recule à peine, Rose. Ca la conforte un peu, ça rend la séparation de leurs lèvres moins brutale. "Ça doit être naturel, parce que j'ai pas mangé de pomme. Mais c'est un bon point pour moi du coup." lance-t-elle en riant bêtement. Elle avait un goût que Rose appréciait. Ca ne pouvait être que positif. "Ou alors, c'est comme dans Mary Poppins et son sirop. Tu trouves le goût que tu préfères." ajoute-t-elle on ne lui avait jamais dit qu'elle avait un goût de pommes, mais avant, elle aurait plutôt eu tendance à avoir un goût de menthe avec tous les chewing-gums qu'elle mâchait pour camoufler un maximum l'odeur du tabac. C'est ensuite à son tour d'honorer sa contrepartie. Son visage arbore un large sourire, toutes dents dehors à l'injonction de la styliste. "J'ai jamais embrassé une reine. Je sais pas si je sais faire." Déclare-t-elle, ses yeux quittant ceux de Rose pour descendre sur ses lèvres. Ces lèvres qu'elle a hâte de découvrir un peu plus. Elle est prête à relever le défi. Elle va glisser sa cigarette électronique dans la poche arrière de son jean. Avoir les mains libres pour embrasser une reine est probablement un must. Ses yeux reviennent se perdre dans ceux de l'australienne. Sa main gauche vient se poser sur sa hanche pendant que sa main droite vient placer ses cheveux pastels derrière son épaule, dégageant son cou avant de trouver refuge sur sa joue. Puis elle vient déposer des baisers le long de sa mâchoire. L'un après l'autre, faisant leur chemin jusqu'à ses lèvres. Elle prend son temps. La passion, dans l'urgence, lui hurle d'aller droit au but, mais elle tient bon. Elle profite de ce moment, profite de faire les choses bien. C'est la peau d'une reine qu'elle a sous ses doigts. Sa reine, se prend-elle à penser. A ce moment précis, c'est le cas. Quand elle arrive enfin à ses lèvres, la récompense n'en est que plus belle. Envolée la chasteté du premier baiser, volé un peu plus tôt. Remplacée par le désir, l'envie qui la brûlent. C'est sa langue qui vient titiller les lèvres de la jeune femme cherchant à se frôler un chemin pour rejoindre sa consoeur. La main qu'elle avait posée sur la hanche de la jeune femme vient se placer dans le bas de son dos, la sommant sans aucune parole de se rapprocher d'elle encore un peu plus. Il lui faut toute la force du monde pour se reculer, pour séparer ses lèvres des siennes, prenant tout de même le temps de déposer un autre baiser furtif avant de rouvrir les yeux. "Ma reine est-elle satisfaite ?" demande-t-elle sourire béat sur les lèvres. Ce sobriquet une fois de plus. "Si elle ne l'est pas, puis-je avoir un deuxième essai ? J'aime quand les choses sont bien faites." demande-t-elle. Si seulement elle pouvait dire que ça manquait de quelque chose, elle se remettrait à l'œuvre sans se faire prier.
Sa proposition te fait sourire. Plus que d’être protégée contre le froid, son gilet contient son odeur. Avec ce vêtement sur toi, tu auras un morceau d’elle collé sur ta peau. L’idée t’enchante. Malgré la saison estivale, tu te vois porter cet habit à la moindre occasion. Tu l’imagines même en doudou, remplaçant ta peluche licorne, le serrant dans tes bras avant de t’endormir, les tendres effluves du tissu titillant tes narines et te transportant plus haut que tu n’as jamais été au pays des rêves. « C’est gentil, merci. » Elle se sacrifie pour ton bien-être. Est-ce un signe ? Ou est-ce le vice qui dicte son acte généreux ? Peut-être qu’elle ressasse tes propos sur tes capacités médicales et qu’elle souhaite les mettre à contribution. Tu ne lui en voudrais pas si c’était le cas. Tes intentions ne sont guère plus louables. Qui dit prêt, dit rendu. Tu ne comptes pas lui voler son habit. Par contre, tu ne comptes pas lui rendre si facilement non plus. Tu as déjà anticipé un nouveau jeu. Tu oublieras volontairement son bien à ton appartement lors de tes futurs passages dans le bar. Tu mettras ces oublis sur le dos de ton étourderie. Tu lui promettras de lui ramener la prochaine fois sans faute. Tu ne tiendras pas ta parole. Tu lui proposeras de te faire pardonner via un bisou sur sa joue. Jusqu’au jour où tu décideras de passer à la vitesse supérieure. Ce jour-là, tu lui annonceras que le mieux pour le récupérer est qu’elle vienne elle-même le chercher. A moins qu’elle ne le formule en première. Tout dépendra de sa patience et de son niveau ludique.
Dans ton raisonnement malicieux, tu n’envisages pas la possibilité de passer votre fin de soirée ensemble. Votre jeu reste innocent. Ou tu ne veux pas voir les choses en face. Tu as peur de te précipiter. Tu as le don de gâcher les choses quand elles deviennent sérieuses. Si elle supporte ton côté enfant, il n’est pas sûr qu’elle admette que ton côté adulte est identique. Tu ne veux pas la faire fuir. Son aura t’aimante trop. Tu es prisonnière de son charisme, de ses sourires, de sa voix fluette, d’elle en fait. Peut-on parler de coup de foudre ? Le tonnerre gronde si fort dans ton cœur. Pourtant, ce n’est pas la première fois que tu la croises. Elle t’a capturée avec un jus de pomme. Tu es facilement corruptible. Quoi que. Si sa collègue t’avait offert ce verre, tu n’aurais pas réagi de la même façon. L’autre serveuse n’aime pas jouer. Le visage fermé, elle ne prend pas de plaisir dans son travail et agit en robot. Itziar est tout l’inverse. Elle joue. Elle triche même. Et elle te fait rire. Elle illumine ton palpitant. Dans tes songes les plus audacieux, ta princesse ne lui ressemblait pas. Tu visualisais une femme brune, petite, avec une coupe au carré et des yeux ronds. La réalité est tout l’inverse. Elle ne te déplait pas. Encore moins depuis que tu as goûté ses lèvres. Elle est délicieuse. Plus qu’un goût de pomme, elle a un goût de reviens-y. « Un très bon point même… » Ton sourire n’a jamais été aussi large. Un millimètre de plus et il déborde de tes oreilles et te décroche la mâchoire.
Tu te retiens de revenir capturer ses délicieuses lèvres. Il ne faudrait pas tomber dans la dépendance tout de suite. Sauf que tu l’es déjà. Tu feintes l’ignorance via te demande. Ce baiser réclamé est un leurre. La serveuse se laisse berner. Avait-elle seulement envie de le déceler ? Tu hoches légèrement la tête positivement. Tu lui fais confiance. Elle sera à la hauteur. Pas forcément d’un point de vue physique par contre tant tu la domines par ta taille. Tu te tasses un peu pour faciliter l’accès à ta bouche. Elle commence par t’imiter. Une paume se pose sur ta hanche. Un frisson te parcourt l’échine à ce simple contact. Puis elle s’amuse avec tes cheveux. Elle prend son temps. C’est à la fois frustrant et merveilleux. Tu feules lorsqu’elle bisoute ta mâchoire. Tu as enfilé ta casquette de chat. Tu ronronnes désormais, amadouée par sa tendresse. Tes ronronnements la supplie de te libérer de cette torture. La libération arrive enfin. Elle te libère et te renchaine directement. Tu es captive de son baiser. Tu ouvres ta barrière labiale à sa demande implicite. Vos papilles se rencontrent. Elles font connaissance sur un slow. Leur danse est lente. Le ballet est sensuel. Tu navigues de la pointe de ton morceau de chair sur le sien. Vos saveurs se mélangent. Pomme et guimauve. Étrange association sur le papier. Pour un résultat qui ne fait aucun doute à tes yeux. Vous venez de créer un nouveau parfum. Ce coup-ci, tu en es certaine. L’ingrédient est vraiment l’amour. Ta pompe te le martèle en boucle. Elle te l’imprime dans ta cage thoracique de ses puissants battements. Chaque pulsion grave les lettres de son prénom. Non, pas Itziar. Son véritable nom. Celui qui commence par P et se finit en rincesse.
La rupture te déçoit. Elle te déchire. Il fallait bien reprendre son souffle en même temps. Quoi que mourir étouffer d’un baiser de ta princesse est une belle mort. Vous êtes encore jeune pour penser à cela. La Faucheuse n’est pas prête de venir vous chercher. Même si le destin est imprévisible. « Très satisfaite… » Tes iris et pommettes pétillent. Tu n’es plus sur Terre. Tu es dans les cieux, te baladant avec son esprit, main dans la main au-dessus des nuages. Tu l’emmènes jusqu’à ton trône. Tu t’y assois telle une reine. Et elle te rejoint. Non pas sur ta droite mais sur tes genoux, à sa véritable place. Dans la réalité, tu glisses tes doigts dans les siens. Tu te rapproches encore d’elle si cela est possible. Vos corps se touchent. Vos feux se consument ensemble. Il est miraculeux que ta robe ne s’enflamme pas tant ton désir est ardent. Tu souffles sur ses lippes. Tu n’essayes pas d’éteindre son brasier. Tu as conscience que c’est peine perdue dans vos états. « Tu ne m’avais pas demandé s’il était acceptable d’embrasser le premier soir dans ton test. » Tu glousses. Quelle idée tu as de ramener ce sujet sur le tapis. Comme si tu y avais cru. Alors que toi-même tu ne l’as réalisé que pour profiter de sa présence quelques minutes de plus. Tu te décolles de sa silhouette dans dénouer vos doigts. Tu fais les onze pas nécessaire, oui tu as compté, pour traverser la rue. Tu poses ton fessier sur ce banc public. Toutes dents dehors, lui lançant un regard amoureux, tu tapotes ta cuisse de ta main de libre. Tu l’invites à s’installer sur toi. Elle n’est pas retombée en enfance mais elle le mérite tant elle embrasse divinement bien. Puis une reine fait ce qu’elle veut d’abord. Vous n'êtes plus à un énième changement de règle. En existe-t-il seulement en amour ?
Quand elle décolle ses lèvres de celles de Rose, elle a l'impression d'être ivre et pourtant elle n'a pas avalé une seule goutte d'alcool. Elle est enivrante Rose. En soirée, elle aurait pu douter, se serait demandée si c'était l'effet de l'alcool ou celui de la jeune femme qui la mettait dans cet état. Elle aurait peut-être penché pour un mélange des deux. Elle n'aurait pas pu faire la différence pour autant. En revanche, là, la question ne se posait même pas. Elle ne buvait pas d'alcool pendant son service, jamais. Elle se contentait en général d'eau et son seul écart avait été le coca cola qu'elle avait bu un peu plus tôt dans la soirée, avec Rose, justement. C'était donc bien la jeune femme qui lui donnait l'impression d'être déconnectée de la réalité. C'était ce baiser qu'elle avait initié et dans lequel elle s'était perdue. Elle avait eu du mal à se séparer de ses lèvres si douces. Elle aurait voulu les mémoriser, en explorer les moindres détails. Sa bouche en voulait plus. Son être tout entier en voulait plus et elle se dépêche de prendre la parole pour ne pas replonger une fois de plus. Elle n'a jamais vraiment touché aux drogues, surtout pas aux drogues dures et elle se dit que finalement, vue l'emprise que la jeune femme semble avoir sur elle en si peu de temps, c'est peut-être mieux comme ça. Elle a l'impression d'être une addicte en manque. Elle se trouverait presque ridicule. Ridicule d'être aussi faible. D'ailleurs, si elle avait encore la capacité de penser clairement, elle se ferait peut-être peur aussi, si elle réalisait. Parce qu'elle se persuadait encore que ce n'était qu'un jeu. Un jeu dangereux. Un jeu qui allait de plus en plus loin. Elle réaliserait sans doute que ce jeu n'en est plus vraiment un, qu'elle s'est réellement laissée prendre quelque part entre le moment où elle s'était assise en face de Rose et maintenant. Peut-être même réaliserait-elle que c'était fini au moment où elle avait décidé de s'asseoir. Que ça avait été le début de la fin. Et quand elle réaliserait, comment réagirait-elle à ce moment-là ?
Ça n'avait pas d'importance pour le moment. Rien n'avait d'importance. Il n'y avait que Rose et elle avec en lointain fond sonore le brouhaha du bar qui se faisait entendre dès qu'un client ouvrait la porte pour entrer ou sortir. Elle n'y prêtait pas attention Itziar. Elle ne voyait plus que l'australienne, ne ressentait plus que la chaleur de son corps contre le sien. Elle espère la garder contre elle un peu plus longtemps et n'a d'ailleurs pas pris la peine de retirer sa main qui avait trouvé refuge dans le bas du dos de Rose. Elle sourit bêtement quand Rose lui annonce qu'elle est très satisfaite de sa performance. Elle y avait mis tout son cœur. Elle l'avait embrassée comme la reine qu'elle était le méritait. Elle a l'impression de sourire encore plus bêtement qu'elle ne le faisait déjà quand la jeune femme vient glisser sa main dans la sienne et se serre un peu plus contre elle, alors qu'elle ne pensait pas que c'était possible. Elle ne s'en plaint pas et d'ailleurs, ce serait plutôt tout le contraire. "C'est parce que ça va de soi que c'est acceptable." Qu'elle répond en plaisantant. La vérité était aussi que ça ne lui était pas venu à l'esprit tout à l'heure, que la question un peu plus tendancieuse lui avait paru plus marquante et donc bien plus appropriée dans leur petit jeu. C'était pour ça qu'elle l'avait posée. Elle avait aussi une autre explication, dont elle ne manque pas de faire part à la styliste. "Et puis, c'est innocent un baiser donc la question ne se pose pas." Elle sourit, malicieuse. Il y avait certes des baisers innocents. De ceux qu'on se fait dans la cour de récréation quand on est enfant, que c'est plus marrant qu'autre chose et qu'on n'est pas réellement conscient de ce que ça pourrait représenter. Ça se limite bien souvent au petit bisou, furtif, qu'on ferait à n'importe qui. Puis il y avait aussi des baisers bien moins innocents. Ceux qu'on découvre en grandissant, qui s'accompagnent bien souvent de sensations nouvelles, ceux qui font battre le cœur un peu plus vite et augmenter la température corporelle. Ils peuvent même couper le souffle et donner l'impression que nos jambes ne vont plus nous porter. La manière dont elle l'avait embrassée un peu plus tôt n'avait rien d'innocente. Il ne s'agissait pas d'un baiser de cour de récréation, mais d'un baiser passionnel, chargé de désir et d'envie, qui rend saoul en un quart de seconde. Elle en est parfaitement consciente. Ca n'avait pas été calculé cela dit, elle n'avait pas prévu que ça aille jusque là, c'était son cœur qui l'avait portée et elle lui avait laissé le contrôle de sa personne en prenant le dessus sur sa raison. Elle ne le regrettait pas. Elle n'était pas du genre à regretter. Quoi qu'il arrive. C'est un léger gémissement de désapprobation qu'elle laisse échapper quand Rose se recule. Comme si ce manque de contact était une torture. Elle ne voulait pas que ce moment prenne fin. Pas tout de suite. Une moue boudeuse vient remplacer son sourire. Elle se console cependant, en remarquant que Rose n'a pas lâché sa main et qu'elle l'entraîne même avec elle de l'autre côté de la rue. Elle ne compte donc pas mettre fin à ce moment tout de suite, mais elle a visiblement une idée derrière la tête. La moue sur le visage d'Itziar s'efface aussi vite qu'elle était apparue. Elle est intriguée maintenant. Elle ne comprend pas tout de suite quand la jeune femme s'arrête devant le banc planté sur le trottoir. Elle la voit s'asseoir et tapoter sur sa cuisse de sa main libre. Le visage d'Itziar s'illumine. Son ultime récompense est à portée de doigt, elle ne pensait pas y accéder si rapidement. Ça n'a pas l'air d'être un piège ou un malentendu. "C'est parce que j'ai réussi à retomber en enfance que j'ai le droit à ma récompense ? Ou parce que je suis vraiment très sage ?" qu'elle demande, son sourire montant jusqu'à ses oreilles. Elle n'attend pas spécialement la réponse. Elle ne voudrait pas que la jeune australienne change d'avis entre-temps. Alors, elle ne se fait pas prier. Elle s'installe en amazone sur les genoux de Rose. Elle gigote un peu, pour trouver la position la plus confortable. Elle le fait un peu exprès aussi, il faut l'avouer. Elle est sûrement biaisée et peu objective puisque la première chose qu'elle se dit c'est qu'elle n'a jamais eu l'occasion de s'asseoir sur un fauteuil plus confortable que ses genoux. Quand elle trouve enfin sa position, elle lâche la main de la jeune femme et vient passer ses bras autour de son cou. "T'es très confortable, je crois que j'aurai regretté si j'avais pas pu vivre ça. Je pourrai même y prendre goût." Déclare-t-elle. Elle la dévore du regard en souriant, sans aucune raison. Elle a l'impression qu'elle ne pourra plus s'arrêter de sourire. "Je crois que je vais avoir besoin de tes services de masseuses j'crois parce que je souris tellement ce soir que ça commence à me faire mal aux joues." Déclare-t-elle, un large sourire sur les lèvres comme pour appuyer ses propos. Elle ne manque pas non plus d'arguments d'ailleurs, qu'elle s'empresse de développer. "Et comme c'est de ta faute, je me dis que je le mérite un peu." Elle aurait presque l'air innocente comme ça, mais en même temps, elle ne dit que la vérité. Elle est naturellement souriante, mais ce soir, c'est Rose qui la fait sourire, bien plus que d'ordinaire. Elle ne manque pas de ressource en plus de cela. "Ou sinon, est-ce que je peux t'embrasser encore ? Je sais qu'il y a plus de gage ou de récompense, mais j'en ai très envie. Ça m'aidera aussi à survivre à la fin de mon service." Lance-t-elle. Elle avait réellement l'impression que ça relevait du besoin vital. Elle veut tout, Itziar. Elle ne sait pas choisir. Elle ne peut pas non plus. Elle sait qu'elle va surtout manquer de temps. Elle est bien consciente qu'elle a perdu toute notion du temps et qu'elle va devoir sortir de leur bulle pour retourner travailler.
Embrasser. Embraser. Une simple lettre de différence pour un monde démentiel d’écart. Son baiser t’a embrasée. De rose, tu as viré au rouge. Des flammes jaillissent de ta peau. Le bonbon que tu es a fondu. Tu as fondu telle une pastille que l’on glisse sous la langue. Tu as fondu face à l’action de ses papilles. Tu te retrouves dans son sang. Ou plutôt, elle se retrouve dans tes veines. Son arôme se propage dans l’ensemble de tes muscles. Sa douceur les contracte. Ils ne veulent plus la lâcher. Tu t’accroches à elle. Tu crains de t’envoler. Tu t’es déjà envolée en vérité. Tu l’emmènes avec toi. Tu ne connais pas la destination. Tu n’as rien planifié. Le vent vous portera comme il fait virevolter vos cheveux. Seul le voyage est important. « Tu as une drôle de définition de l’innocence. » Tu lui rends son sourire malicieux. Il n’y avait pas d’innocence dans cette embrassade. Il y avait de l’envie, du désir, des émotions, des sentiments, de la passion, du goût, des battements d’ailes de papillons, des loopings, des acrobaties. Mais certainement pas d’innocence. Et la liste est encore longue. Tu t’arrêtes ici par manque de temps. Sa pause n’est pas infinie. Tu as mieux à faire que d’égrener les minutes à réaliser un inventaire inutile. Tu vas la kidnapper à ton tour. Tes filets rosés l’attendent. Elle n’a pas le monopole de la capture. Et tant pis pour son travail. De toute façon, elle vit sa dernière soirée de serveuse. Il est acté qu’elle est devenue ton assistante. Pas forcément l’assistante de ta styliste. Plutôt l’assistante de ton cœur. Il a besoin d’elle pour battre. Il ne bat que pour elle. Elle t’a attrapée dans sa cage dorée pommée. Tu as perdu le jeu. Ton enfant crie son mécontentement. Mais pour une fois, tu le gardes silencieux. Ton adulte a pris le dessus. Il a pris conscience de la situation. Il se joue plus qu’un test de compatibilité pour un mariage. Ton avenir sentimental prime sur un caprice. Tu auras d’autres moments d’en faire. Itziar subira assez vite tes gamineries. Tu n’en as pas peur. Tu es persuadée qu’elle les appréciera. Tu es même certaine qu’elle les aime. Ce sont elles qui l’ont charmée. Et peut-être aussi tes allures de guimauve humaine. Ou peut-être juste le fait d’avoir été toi-même.
Toi, tu es tombée amoureuse de sa moue. Elle est trop mignonne quand elle l’affiche. Elle fait ressortir ses pommettes. Tu as envie de lui pincer tendrement. Tes doigts sont trop bien positionnés entremêlés aux siens. Tu le feras plus tard. Là, tu lui offres sa récompense. Enfin, tu lui proposes. Elle a le droit de la refuser en théorie. Sauf que qu’on ne refuse jamais un cadeau. Encore moins lorsqu’il provient d’une reine. « Ni l’un ni l’autre. », lui rétorques-tu souriante. Elle n'a été ni enfant ni sage. C’est tout l’intérêt de ton invitation. Tu ne souhaites avoir une enfant sage sur tes genoux. Tu espères qu’elle sera vilaine et remuera son fessier. Tu n’es pas déçue de son comportement. Son postérieur s’installe sur tes cuisses. Sa fermeté se fait ressentir. Elle l’entretient pour sûr. Tu l’avais déjà remarqué à sa moulure dans ses pantalons. Oui, tu avoues avoir déjà reluquée son derrière. Ce n’est pas un crime que tu saches. Tu abandonnes sa main à regret. Pour mieux la sentir autour de ton cou. Tu poses ta paume sur le dessus de sa rotule. Tu mues ton index en crayon et griffonne un P sur le tissu de son jean. « Moi aussi. Tu m’avais caché avoir une fonction couverture. Sache que je te préfère en couverture qu’en fauteuil. » Tu pouffes. Tu n’as plus froid. Sa chaleur corporelle te réchauffe. Tu frissonnes toujours par contre. Tu l’attrapes par les hanches. Tu l’approches plus près de toi. « C’est bête. Mais je t’aiderai à les soulager. Je ne veux pas que tu ressembles à un stupide hobbit joufflu. » Tu éclates de rires. Tu adores cette réplique de Gollum. Tu adores ce personnage. Il t’émeut à chaque fois que tu visionnes un film de cette saga. Et tu peux retenir une larme à sa tombée dans la lave. Tu ignores si elle a la référence. Tu ignores tant de choses d’elle. A vrai dire, tu ne sais rien de plus que les réponses données à ton test. Et tu les as déjà oubliées. Tu n’as plus que le ballet sensuel de vos langues danseuses en tête. Et des étoiles plein les mirettes. Des millions d’étoiles pétillantes. Le ciel est sombre comparé à leurs lueurs. « Tu dois aussi avoir mal aux pieds à force de marcher. Et mal aux bras à force de porter ton plateau. Et mal au cou à force de pivoter ta tête dans tous les sens en quête de clients à servir. Tu mérites un massage complet. Je peux te masser entièrement après ton service si tu veux. » Ton sourire a gagné en vice. Si tu as véritablement l’intention de la masser et de soulager ses douleurs musculaires, tu sais parfaitement comment peut dévier cette activité. Tu es experte dans la suggestion. Ton habilité digitale n’est plus à prouver. Si tu as l’apparence d’une fée, tes doigts le sont tout autant.
Sa demande te fait sourire. Voilà une énième preuve qu’elle n’est pas retombée en enfance. Un enfant ne réclame pas, il se sert. « Je suis pas sûre que tu le mérites… Mais je vais t’aider à survivre. » Ton refus n’est en pas un. Ton ton trahit la malice. Tu as autant envie de l’embrasser qu’elle. Tu restes joueuse. Alors tu joues. Tu encercles délicatement sa taille. Tu la soulèves et la fais quitter tes genoux. Tu espères revoir sa moue si exquise. Tu te lèves, un large sourire lumineux accroché sur ton visage. Tu relèves légèrement le pan de ta robe. Tu viens t’asseoir à califourchon sur elle. Tu colles au maximum ton bassin au sien. Puis tu sers tes jambes. Tu la bloques, l’empêchant de s’enfuir de ton emprise. Tu replaces sa mèche rebelle derrière son oreille. Tu places les extrémités de tes index sur les jointures de ses commissures. Tu les coulisses lentement sur ses joues. Tu effectues de petits cercles concentriques sur ses pommettes. Tu crois voir une coloration rougeâtre s’y former. Tu penches ta tête vers ses lèvres. Ses effluves animent tes narines et ton palpitant. Tu fais mine de venir l’embrasser. Tu glisses sur son menton que tu bisoutes. Tu recommences ton numéro sans arrêter de masser ses zygomatiques. Cette fois-ci, tu termines sur le bout de son nez. Tu amplifies tes gestes. Trois de tes doigts s’agitent sur ses muscles. Un rictus rejoint ta bouille. Celui de la fille qui prépare une entourloupe. Tu cesses l’agitation de tes doigts. Tu les coulisses dans son cou. Cinq sur ses cervicales et cinq sur l’arrière de son crâne, tu la libères de cette torture. Tu fonds sur sa bouche. Tu lui offres un nouveau passionné. Plus sensuel encore que le précédent. Vos langues fêtent leurs retrouvailles. Tu as l’impression de recroiser une amie perdu de vue depuis des années. Tu as l’impression de déguster du caviar bien que tu n’en as jamais eu l’occasion. Une princesse est bien meilleure. On ne peut en acheter au supermarché. Il faut kidnapper son cœur. A défaut de savoir si tu as réussi cet exploit, elle a enlevé le tien. Il ne t’appartient plus. Il est à elle. Tu es à elle.
Elle a effectivement une drôle de définition de l'innocence, Itziar. D'ailleurs, ce qu'elle a de drôle sa définition, c'est qu'elle lui est propre, elle la module au gré de ses envies et des situations aussi. Aujourd'hui, elle décide qu'un baiser est toujours innocent. Parce qu'il n'y a aucun moyen qu'il ne le soit pas quand on embrasse une reine aux cheveux roses bonbons. Ca devrait être innocent. Ca aurait pu l'être. Elle savait cependant ce qu'elle avait fait. Ce que ça lui avait fait ressentir. Le feu que ça avait alimenté en elle. Elle savait qu'elle n'était pas innocente. Elle n'avait pas envie d'être innocente, ni même raisonnable. Elle était impulsive de nature, elle l'avait toujours été. Agir avant de réfléchir. Agir et se soucier des conséquences plus tard. C'était par impulsivité qu'elle avait agi. Par instinct. Parce qu'elle n'avait pas l'impression de pouvoir faire autrement. C'était un sentiment bien plus fort qu'elle. Elle ne se rappelait pas avoir désiré quelqu'un de la sorte en si peu de temps auparavant. Elle n'en avait pas le souvenir. On avait tendance à vite oublier en amour, c'était peut-être pour ça. D'ailleurs, était-ce d'amour dont il était question ce soir ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Elle ne se posait même pas la question. Ça n'avait pas d'importance pour elle. Pas en ce moment. En ce moment, elle était à la merci de ses émotions et de ses sentiments. A la merci de Rose. Elle aurait pu lui demander n'importe quoi, elle l'aurait fait. C'était l'étendue de l'emprise qu'elle avait sur elle. A-t-elle point qu'elle redoutait ce moment terrible ou Rose se détacherait d'elle et ou sa chaleur ne serait plus en communion avec la sienne. Il arrive ce moment. Il est inévitable, mais temporaire. Rose a décidé de lui offrir sa récompense un peu plus tôt que prévu. Pour son plus grand bonheur. Ca compense largement la déception d'avoir dû se décoller d'elle. Ce n'était que temporaire finalement. "Que me vaut cet honneur, alors ?" Demande-t-elle en laissant échapper un rire cristallin. Elle n'est ni retombée en enfance, ni sage selon Rose, alors, elle se demande ce qui lui vaut le plaisir d'obtenir sa récompense sans la mériter. Peut-être n'y a-t-il pas de raison ? Peut-être est-ce simplement une faveur.
Tout ce qui compte pour elle, c'est qu'elle puisse profiter des genoux de Rose. Elle lui rend la monnaie de sa pièce aussi, elle n'a pas oublié comment la jeune femme avait pris bien soin de gigoter quand elle s'était assise sur elle un peu plus tôt dans la soirée. Elle n'avait pas non plus oublié les images que ça avait fait défiler dans sa tête, ni même le feu que ça avait commencé à attiser en elle. Elle veut lui faire ressentir la même chose. Elle trouve la bonne position dès le début, mais elle bouge quand même. Une gentille vengeance. Elle s'arrête ensuite, décide qu'elle a vraiment trouvé le parfait équilibre sur ses cuisses, ses bras autour de son cou, ses yeux dans les siens. "Je peux pas tout dévoiler d'un seul coup, il n'y aurait plus aucun mystère." Déclare-t-elle, venant resserrer un peu plus ses bras autour du cou de Rose alors que celle-ci lui attrape les hanches pour la rattraper. "Je préfère justement le rôle de couverture à celui de fauteuil, c'est sans doute pour ça. Je me ferai un plaisir de te réchauffer. N'importe quand et n'importe où". Elle sourit encore. Ses zygomatiques commencent à en pâtir. Ils commencent à chauffer un peu, eux aussi et elle lui fait savoir. Parce qu'elle n'a pas oublié les talents de masseuse dont elle s'était vantée et qu'elle dirait probablement n'importe quoi pour obtenir un quelconque contact de sa peau contre la sienne. Elle serait prête à inventer n'importe quoi. C'était à quel point elle était faible. A quel point elle s'était laissée attraper par Rose et son univers pastel sans même s'en rendre compte. "J'connais pas grand-chose aux hobbits, mais je peux imaginer qu'un hobbit joufflu n'a rien de beau, j'apprécie que tu te préoccupes autant de mon apparence." Déclare-t-elle. Elle n'a jamais regardé le Seigneur des Anneaux, mais de ce qu'elle en sait, les hobbits sont des créatures à moitié humaines avec des oreilles en pointes et des pieds poilus. Rien qui l'emballait plus que ça. A des dizaines de milliers de kilomètres de la beauté aveuglante de Rose. Si en plus de ça, le hobbit en question était stupide et joufflu, elle en était certaine, le résultat ne pouvait pas être plaisant à voir. Si Rose pouvait lui éviter cette catastrophe, elle lui en serait infiniment reconnaissante. "C'est vrai ? Tu ferais ça ? Tout à l'heure ?" Demande-t-elle en se décalant légèrement pour scruter le visage de l'australienne, à la recherche d'une quelconque once de plaisanterie. Elle n'en voit pas. Elle ne dirait pas non à un massage complet, non pas parce qu'elle a particulièrement mal quelque part, avec le temps, son corps s'est habitué à être sollicité de la sorte quand elle travaille. Non, c'est plus la perspective d'être massée par Rose qui l'enchante. Son cœur semble d'accord lui aussi tant il tambourine dans sa poitrine. Son sourire change cependant, devient un peu plus narquois, un peu plus joueur. "C'est pour pouvoir me voir déshabillée que tu proposes ça ?" Demande-t-elle, bougeant légèrement son fessier sur les cuisses de Rose, l'air de rien. De toute façon, il avait déjà été établi qu'elle n'avait rien d'une innocente.
Sa demande reflète son envie dévorante. Elle a envie de ses lèvres. Elle a envie de sentir sa peau contre la sienne. Elle a envie d'elle. Quand les bras de Rose passent autour de sa taille, elle a l'impression qu'elle a gagné. Qu'elle va obtenir ce qu'elle mérite. C'est la désillusion qui suit cependant quand elle la soulève pour la faire quitter ses genoux. Elle fait la moue. Elle est même sur le point d'émettre une protestation. Puis Rose s'assoit à califourchon sur elle et elle perd toute capacité de parler. Une fois de plus, elle oublie tout. Ses mains viennent se poser sur les hanches de la jeune femme. Elle attend avec anticipation, son cœur battant la chamade, comme s'il tentait de sortir de sa poitrine pour rejoindre son compatriote. Quand Rose commence à lui masser les joues, elle sent la chaleur lui monter au visage, elle sait qu'elle doit être en train de rougir, elle n'en a que faire. Elle n'y prête pas attention. Il n'y a que Rose. Rose et ses doigts divins. Rose et son parfum qu'elle pourrait déjà reconnaître entre mille. Rose et cette torture qu'elle lui inflige. Elle gémit quand l'australienne feint de venir capturer ses lèvres pour finalement déposer des baisers sur son menton. Elle ferme les yeux, alors que Rose continue son manège, ses mains resserrant leur emprise sur les hanches de sa reine. Elle laisse échapper plus d'un gémissement sous ces baisers, cette douce torture qui finit par prendre fin quand Rose vient enfin se jeter sur ses lèvres. La délivrance l'enivre, lui fait tourner la tête. Sa langue retrouve sa pareille pour son plus grand bonheur. C'est une danse endiablée qui se joue, bien plus sensuelle que les précédentes. Elle s'abandonne complètement dans ce baiser. Elle en oublie ou elle se trouve. Sa main droite quitte la hanche de Rose pour se poser sur son genou, elle se faufile habilement jusqu'à sa cuisse, sa robe lui laissant accéder à sa peau sans difficulté. Elle fait quelques cercles avec son pouce avant de la serrer, juste un peu, comme pour s'y cramponner en alors que son bras gauche passe autour de sa taille, tentant de l'approcher un peu plus d'elle. La sommant de coller un peu plus son bassin au sien. Elle se détache de sa bouche seulement parce qu'elle a l'impression qu'elle va finir par suffoquer. Sa main ne quitte pas pour autant sa cuisse de même que son bras ne se détache pas d'elle. Elle se décolle juste assez pour reprendre son souffle. N'ose même pas ouvrir les yeux. Elle a l'impression d'être dans un rêve. Son interaction avec Rose avait dû s'arrêter dans le bar, quand elle était retournée travailler. Elle avait dû continuer à travailler, avant de rentrer chez elle et se coucher. Le reste ne pouvait être réel. Elle vient déposer un autre baiser sur les lèvres de Rose, plus tendre, plus doux, pour laisser son coeur se calmer un peu. Pendant un instant, elle a bien cru qu'il allait lâcher. "Tu me donnes envie de dire des trucs tous plus clichés les uns que les autres." Souffle-t-elle sur ses lèvres. Ne se rendant même pas compte que ça, c'était probablement déjà un cliché. "Du coup, pour éviter ça, faut que tu me dises de retourner bosser. C'est toi la reine, je dois t'obéir." C'était d'une logique imparable. Une princesse ne pouvait désobéir à sa reine, ça ne marchait pas comme ça. Surtout qu'elle avait le sentiment que Jenna était déjà en train de s'agacer de ne pas la voir revenir. Elle recule un peu plus sa tête pour regarder Rose dans les yeux, comme si elle avait besoin de prendre une photo d'elle mentalement. "C'est quoi ton secret ?" qu'elle demande en souriant. Une question vague qui en couvrait plusieurs. C'est quoi ton secret pour me faire déroger à tous mes principes. C'est quoi ton secret pour me faire tomber si facilement. C'est quoi ton secret pour embrasser si bien. C'est quoi ton secret pour avoir la peau si douce ? Pour sentir si bon ? Pour me donner envie de t'embrasser encore et encore ? Mais elle n'avait pas le temps de toutes les poser, puis elle avait dit qu'elle ne dirait rien de trop cliché. Elle pouvait en revanche les penser.
L’honneur. Tu ne sais pas ce que c’est. Une notion d’adulte à tous les coups. Comme il en existe tant. Une que ton être enfantin ignore. Tu te contentes des choses utiles. Tu n’encombres pas ton cerveau de mots futiles à sortir en soirée pour faire ton intéressante. Tu hausses tes épaules. Tu n’as pas de réponse à sa question. Enfin si tu en as une. Et sa simplicité est déconcertante. « Parce que j’en ai envie. », lui avoues-tu, un large sourire ornant ton visage. Il n’est nul besoin de chercher midi à quatorze heures. Tu vas à l’essentiel. Tu n’es pas artificielle. Tu désires davantage de contacts avec elle. Le labial n’est que début, qu’un apéritif qui a ouvert on appétit. Il a attisé tes envies. Tu en veux plus. Tu veux tout. Tu la veux elle. Elle et seulement elle. Ton monde s’est centré autour de sa personne. Elle t’a lavée le cerveau. En un baiser, elle s’est incrustée dans ton être. Tu ne réussis pas à l’en déloger. Tu ne cherches pas non plus à le faire. Au contraire, tu fais tout pour amplifier son emprise. Tu en es addict. Peu coutumière de l’alcool, tu es ivre. Tu es ivre de cette fille. Le réveil sera peut-être brutal. Sans la gueule de bois, son absence te fera terriblement souffrir. Tu espères ne jamais te réveiller. Tu souhaites dormir des heures, des jours, des années, des siècles en sa compagnie. Et que ces tendres baisers essayent de t’arracher aux bras de Morphée pendant que tu seras au chaud enlacée par les siens, faisant office de couverture, dans une douce étreinte chaleureuse ; vos corps l’un contre l’autre ; vos peaux se frictionnant, frissonnant d’un désir sensuel, dans une tentative de les fusionner. « Petite cachotière. Je saurai découvrir tous tes mystères. » Tu viens tapoter le bout de son nez en souriant. Tu ne fais aucune promesse en l’air. Tu exploreras son monde. Tu iras jusqu’à ses contrées les plus lointaines. Tu finiras par tout connaître d’elle. Elle n’aura plus de secrets pour toi. Et tu risques de plus en avoir non plus pour elle. Tu ne vois comment tu pourrais résister à son sourire. Elle connaîtra ton passé, tes erreurs, tes douleurs, tes luttes. Elle en aura besoin pour te comprendre. Vous en aurez besoin pour vous projeter. Et construire votre avenir. Ensemble. « J’en prends note, ma princesse soleil. » Tu pouffes. Tu modifies son sobriquet. Il n’y existe pas de règle non plus à ce niveau. Surtout que vos surnoms ne sont pas arrêtés. Vous n’en êtes pas à vous tenir à une routine quotidienne. Elle ne peut se former avec toi. Aucun jour ne ressemble au précédent à tes côtés. Tu ne peux vivre dans un cycle prédéfini. Ton étourderie et ta mémoire t’en empêchent de toute façon. Chaque jour est une nouvelle aventure à écrire dans le cahier de la Vie. Un nouveau chapitre.
Le pronom possessif trahit ton état d’esprit. Elle est déjà tienne. Tu l’as kidnappée. Tu la tiens par les hanches. Et bien que tu ne sois pas musclée, tu ne la libéreras plus. Elle aura beau essayer de se débattre, tu continueras à les serrer de la force de tes sentiments. Aucune force ne la surpasse. Son unique manière de se défaire de ta prise sera de te chatouiller. Heureusement pour toi, elle l’ignore. Tu as encore quelques mystères également. Mais pour combien de temps ? Elle semble les dévoiler à la vitesse de la lumière. Elle lit en toi comme dans un livre ouvert alors que ton bloc-notes est dans le bar. Elle lit dans ton carnet cardiaque. Et tu lis dans le sien, dans ses sourires, dans ses yeux. « Ça dépend. Tu trouves ça beau ? », que tu lui demandes en gonflant tes joues d’air. Tu imites un stupide hobbit joufflu en retenant ta respiration. Tu en es experte. Ça aussi était un de tes moyens de faire céder ta mère face à tes caprices. Tes pommettes rougissaient rapidement. Et même si par la force des choses et la conception du corps humain, tu ne pouvais mourir étouffer de la sorte, sa panique la faisait plier. Tu réussissais à tenir une vingtaine de secondes à l’époque. Là, tu exploses de rire après trois et demi. Oui le et demi est important. Tous les demis sont importants pour les enfants. Ils perdent de leur importance en grandissant. Surtout au niveau de l’âge. Les adultes ne précisent plus le demi à son annonce. La plupart éprouve même de la difficulté à donner le chiffre rond une fois entrés dans la troisième dizaine de leur existence. « Tu es belle peu importe ton apparence. » Tu ne te limites pas au physique. Lui, il change avec le temps. La blondeur de ses cheveux deviendra terne, sa bouille lisse affichera des rides, tel est le lot de la vieillesse. Mais ce qu’elle est au plus profond d’elle restera merveilleux. Son rire, son sourire, sa manière de te toucher, sont des choses qu’elle ne perdra jamais. Tout comme tu ne perdras jamais ton besoin d’être tactile, d’être attentive à ta princesse. Le massage proposé sera régulier. Tu promèneras tes mains sur son corps fatigué. Tu lui redonneras de l’énergie. Énergie que tu videras peut-être par la suite dans une activité charnelle. Tu ne peux nier la malice sous-entendue dans tes propos. Tu es une enfant de vingt-huit ans. Itziar n’est pas dupe. Elle a compris ce que tu cachais dans tes paroles. Elle a lu entre les lignes. Tu es trop prévisible et spontanée. Ma foi, ce sont aussi ce qui fait ton charme. « Je t’aurai proposé de te frotter le dos sous la douche si je voulais te voir nue. Ou j’aurai utilisé mon bon pour un test pratique. » Tu ris. Tu n’as vraiment pas pensé à mal dans ton offre. Tu peux très bien masser par-dessus des vêtements. Tu le fais déjà via les mouvements de tes doigts sur ses flancs sur son débardeur. A moins que ce ne soient des caresses. Maintenant qu’elle a évoqué sa tenue d’Eve, ton regard brille d’avantage. Fixant sa poitrine, tu tentes de deviner ses seins dénudés emmitouflés derrière le tissu de son haut.
Désormais assise à califourchon sur elle, tu inspectes toujours l’arrondi de ses globes. Des pensées salaces se forment dans ta tête. Tu imagines ses monts dans le creux de ta paume, tes pulpes les massant délicatement. L’appel de ses lèvres chasse tes idées inappropriées à la situation. Tu l’embrasses, non sans avoir joué avec ses nerfs avant. Et elle te le rend bien. Pendant votre danse linguale, elle glisse ses mains sur tes cuisses. Elle brise la barrière composée de ta robe. Tu gémis dans sa cavité buccale. Tu exprimes tout le plaisir que tu ressens. Ce baiser est son meilleur cocktail. Elle n’a nul besoin de gingembre, de jus de pomme ou de quoi que ce soit de chimique. L’essence salivaire est un puissant carburant. Tu décolles telle une fusée. Direction Mars ou Saturne ou ailleurs. Loin en tous cas. Tu pars plus loin que tu n’as jamais été. Tu remues tendrement ton bassin. Tu as chaud. Elle te donne chaud. La rupture du baiser ne te refroidit guère. Impossible de baisser en température au pied d’un volcan en éruption. Et encore moins quand ce dernier mitraille tes commissures de doux baisers. Tu poses ton front brûlant contre le sien. Vos iris se dévorent. Tu te noies dans son regard. Ton index vient recouvrir doucement sa bouche, la sommant de se taire. « Alors ne dis rien. » A quoi bon parler ? Pourquoi prendre le risque de briser ce moment de complicité ? Vos lueurs oculaires, vos chaleurs corporelles et les battements de vos cœurs disent déjà tout. Tu souris à sa demande. Autant par son contenu que sa forme. Tu n’es en rien une figure d’autorité. Tu es incapable de te faire obéir. Et tu n’as clairement pas envie qu’elle retourne travailler. « Reste avec moi. », que tu lui ordonnes de ta voix fluette accompagnée de ta moue enfantine. Pour les prochaines minutes, jours, semaines, mois, toujours. Tu te moques qu'elle soit en retard. Tu te moques qu’elle se fasse disputer par son patron ou sa collègue. Tu te moques de tout. Tu te recules légèrement, toujours souriante. Tu attrapes son poignet. Lentement, tu viens caler sa main sur ton cœur. Tu lui fais entendre sa mélodie, une symphonie duveteuse. Tu en fais de même avec ta main de libre. Tu écoutes les pulsions de son palpitant, son chant. Au fur et à mesure, les notes et cadences s’harmonisent. Vos deux pompes battent au même rythme. Elles ne sont plus qu’une entité. Tu retires vos bras. Tu t’enroules autour de son cou. Tu reviens capturer furtivement ses lèvres. Tu glisses vers son oreille. Tu souffles sur son tympan ta brise sucrée saveur guimauve. « Je suis encore une enfant. », lui confies-tu. Il est là ton secret. Il admire autant qu’il déroute. Là, c’est elle qui te déroute. Tu retournes l’embrasser. Vos papilles se lancent dans un nouveau ballet sensuel. Tu n’es plus là. Tu n’entends pas la forte voix de l’autre côté de la rue qui hurle son prénom. Tu n’as cure de « Itziar, t’es où ?! ». Peut-être qu’elle la distinguera. Ce n’est pas sûr tant le vacarme de vos poitrines retentit. Toi tu sais où elle est. Elle est dans ton cœur. Et elle ne porte plus ce prénom. Elle répond à présent au nom de princesse. Ta princesse. Ta princesse soleil.
Quand il s'agit de mystère, c'est très simple avec Itziar. "J'en ai pas tant que ça, ça devrait pas être bien compliqué." déclare-t-elle quand Rose lui dit qu'elle saura découvrir ses mystères. Elle était sincère quand elle disait ça. Elle n'avait pas l'impression d'être de ceux qui avaient des dizaines de secrets qu'il fallait découvrir les uns après les autres. Elle n'avait pas de cadavre dans son placard, non plus. Ce qui était plutôt une bonne chose. Elle n'était pas bien compliquée à découvrir comme fille, parce qu'elle parlait beaucoup et qu'elle n'avait pas de mal à parler d'elle en général. Il suffisait de poser une question pour obtenir la réponse. C'était aussi simple que ça avec elle. Elle avait quelques talents, si on pouvait appeler ça comme ça qui n'étaient pas bien compliqués non plus à révéler. Elle était essentiellement un livre ouvert, à la portée de quiconque voudrait prendre la peine de le lire. La seule ombre au tableau chez elle était sans doute les quelques mois qui avaient précédé sa venue en Australie, l'enquête des comptes de sociétés de son père, l'arrestation, la prison, les vestes se retournant les unes après les autres et la rupture qui avait été le coup de trop. Ce n'était pas par honte qu'elle ne s'étendait pas spécialement, ça l'était au début, mais maintenant c'était parce qu'elle n'avait pas envie de voir de pitié sur le visage de ses interlocuteurs, parce qu'elle avait tourné la page. Elle avait inscrit un point final à ce chapitre de sa vie et ne s'en portait que mieux. Finalement, elle se dévoilerait sans doute elle-même, avec le temps, parce qu'elle était comme ça. Le fait qu'elle préfère endosser le rôle de couverture plutôt que de fauteuil pouvait être le premier secret qu'elle révélait à Rose. Elle espérait bien qu'elle prenne note. Qu'elle l'inscrive dans un coin de sa tête. Elle se muerait en couverture pour la réchauffer n'importe quand s'il le fallait. Elle aimait dire qu'elle avait le sang chaud, pas parce qu'elle s'emportait facilement, bien au contraire, mais parce qu'elle avait rarement froid, les pieds et les mains glacés, elle ne connaissait pas. Elle s'était qui prenait les mains des autres dans les siennes pour les réchauffer. C'était bien moins utile ici à Brisbane que ça ne l'était à Madrid, mais il y avait des soirées plus fraîches que d'autres tout de même. Elle éclate de rire, Itziar quand l'australienne lui offre son interprétation de ce que serait un stupide hobbit joufflu. Effectivement, maintenant elle peut se faire une image un peu plus nette dans son esprit. Sur elle, elle était certaine que ça ne rendrait pas bien. Sur Rose, elle trouve ça particulièrement mignon, même craquant. Ça lui donnerait même envie de lui pincer les joues. "C'est parce que tu m'as pas vu au réveil." Pas encore. "Tu changerais peut-être d'avis." Lance-t-elle en riant. Elle n'avait rien de particulier au réveil, pas plus qu'une autre. Elle était sans aucun artifice, pas une once de maquillage sur le visage, pas une goutte de parfum sur la peau, pas coiffée non plus. Comme tout le monde en somme. "En tout cas t'es le plus mignon des stupides hobbits joufflus qui m'ait été donné de voir et ça veut dire beaucoup." Ca voulait aussi dire que c'était le seul et unique stupide hobbit joufflu qu'il lui ait été donné de voir. Elle n'avait pas de moyen de comparaison, mais elle n'en avait pas besoin. Elle en était certaine, aucun ne pouvait arriver à la cheville de Rose. Elle était déjà biaisée. Il ne lui avait pas fallu longtemps. Elle était pourtant censée être douée à ce jeu. Elle ne se laissait jamais prendre, normalement. Elle n'avait rien vu venir. Elle avait trouvé plus forte qu'elle. Une joueuse bien plus avertie qui avait changé la donne. Changé les règles aussi. Ou peut-être qu'elle les avait complètement envoyées balader. Il n'y avait plus de règles, plus de principes, plus de jeu. Il n'y avait plus qu'elle et Rose. Pourtant, elle parvient à ne pas couler complètement. A ressortir la tête de l'eau, de manière sporadique. Elle relance ce jeu qui semble si lointain. Elle lit entre les lignes et elle renchérit. Elle est douée pour ça, pour comprendre les non-dits. Elle pourrait dire que c'est parce que l'anglais n'est pas sa langue maternelle, alors elle se doit d'analyser un peu plus les informations qu'on lui offre, mais elle était déjà comme ça avant d'arriver à Brisbane. "J'ai jamais dit que mon test pratique avait un rapport avec la nudité." Déclare-t-elle, sur un ton des plus sérieux. Elle a l'air innocente sur le moment et on pourrait presque y croire. Parce que ça va sans dire que son bon pour son test pratique n'est qu'une invitation pour passer un moment charnel en sa compagnie. Il n'était pas dur de lire entre les lignes sur ce coup-là, elle n'avait même pas tenté de prétendre qu'il s'agissait d'autre chose. Elle n'avait pas de raison de le faire. Surtout quand elle remarque le regard de Rose quitter son visage pour dériver sur sa poitrine.
Encore moins quand Rose se retrouve califourchon sur elle et que ses yeux se perdent toujours dans son décolleté."T'aimes ce que tu vois ?" vient elle lui murmurer à l'oreille, son souffle chaud entrant en contact avec la peau de l'australienne. Après ça, c'est la douce torture. Ou peut-être est-ce un aperçu du paradis. Elle ne saurait dire. Rose se joue d'elle, elle en est certaine, elle fait durer le plaisir et ça la rend folle. Ou peut-être qu'elle l'est déjà. Folle. Folle d'elle. La différence semble dérisoire. Elle devient même inexistante quand leurs lèvres se rencontrent, quand leurs langues dansent un tango sensuel. Quand ses mains cherchent désespérément un bout de peau sur lequel s'accrocher. Elle trouve ses cuisses, profite de leur douceur pendant quelques instants avant de s'y cramponner. Comme si Rose risquait de s'échapper, comme si elle, elle risquait de tomber. Elle a besoin de reprendre son souffle, Itziar. Elle ne veut pas suffoquer tout de suite, elle veut profiter encore un peu plus longtemps. Le problème quand ses lèvres ne sont pas sur celles de Rose, c'est qu'elle est en capacité de parler, en capacité de dire des bêtises. Des choses qu'elle regretterait sûrement le lendemain ou quand elle se retrouverait seule derrière le bar. Rose est plus sage. Elle est de bons conseils. Un index sur la bouche de l'espagnole, elle la somme de ne rien dire. Itziar hoche la tête pour acquiescer, mime de fermer sa bouche à double tour quand Rose enlève son doigt. Elle n'a pas besoin de parler de toute façon. Certaines choses n'ont pas besoin de mot pour qu'on les comprenne, pour qu'on les ressente. Surtout quand elles viennent du cœur. Le cœur a tendance à prendre le dessus sur beaucoup de choses. A commencer par la raison. Ce n'est plus qu'un concept abstrait pour Itziar. C'est Rose qu'elle tient responsable de ça. Elle ne sait pas pourquoi elle compte sur elle pour la raisonner. Elle qui parle à son cœur. C'est sa reine, elle se doit de lui obéir. Elle se doit donc de rester, comme elle le lui demande. "Il va quand même falloir que j'y retourne à un moment donné." dit-elle avec sa moue légendaire. Elle peut bien rester encore un peu. Elle se dit que ça ne doit pas faire si longtemps qu'elle est sortie. Elle ne se presse donc pas, ne fait pas de quelconque effort pour bouger. Bien au contraire. Elle se laisse faire quand Rose lui prend le bras pour le placer sur son cœur, elle est surprise de réaliser qu'il bat la chamade lui aussi. Comme le sien qui s'accélère d'ailleurs quand Rose vient poser sa main à son tour. Elle serait presque gênée qu'elle puisse se rendre compte de son rythme effréné, puis elle se concentre sur le cœur de l'australienne et elle remarque que leurs rythmes se coordonnent, trouvent le rythme parfait pour battre en harmonie. La réalisation la fait sourire. Ses bras entourent la taille de Rose quand elle s'enroule autour de son cou pour venir capturer ses lèvres. Elle ne s'attendait pas à un secret comme celui-là, elle n'y croit qu'à moitié et c'est d'ailleurs un air dubitatif qu'on peut lire sur son visage. "Une enfant ? Pourtant, tu m'as l'air plutôt mature." Lui répond-elle avant d'ajouter "Je crois que j'ai beaucoup de mystères à découvrir." Parce qu'il y avait sans doute une explication un peu plus poussée à cela. Parce qu'une enfant ne viendrait pas capturer ses lèvres comme elle le fait. Une enfant n'allumerait pas un brasier en elle non plus. Elle n'aurait pas la capacité de la rendre aussi faible. Ce n'était pas un bisou d'enfant qu'elle lui offrait. C'était un baiser sensuel, encore plus enflammé que le précédent. Comme si leurs corps se découvraient petit à petit, apprenaient à mieux se connaître à chaque nouveau baiser, les rendant ainsi plus brûlants. A chaque nouveau baiser elle a l'impression de partir plus loin. Elle entend de moins en moins les bruits environnants. Comme si elle se trouvait sous une cloche qui bouchait tout le reste. Il y avait Rose, il y avait elle. Il y avait leurs bouches et leur danse passionnée. Il y avait ses mains qui exploraient doucement le corps de Rose, ne sachant où donner de la tête. Il y avait leurs coeurs qui battaient à l'unisson. Il y avait aussi son prénom qu'elle entendait fébrile, lointain. Ce n'était pas la voix de Rose. "Itziar, t'es où ?!" Elle la connaît cette voix, mais elle la bloque la première fois, elle peut bien attendre. Elle a plus important à faire. Ça relève presque du besoin vital. "Itziaaaar déconne pas!!" Voilà qu'elle l'entend encore. Jenna. Le bar. Sa pause. Son service qui n'est pas terminé. Ca lui revient. Elle détache ses lèvres de celles de Rose. Une moue boudeuse à remplacer son sourire alors qu'elle vient poser son front contre celui de l'australienne. "A chaque princesse sa sorcière." Déclare-t-elle en boudant avant de recapturer furtivement les lèvres de Rose. "Elle va finir par me voir et me traîner par les cheveux jusqu'au bar." Vu son humeur, Itziar était certaine que c'était une option tout à fait envisageable et elle n'avait pas vraiment envie de voir si sa collègue en était capable. Ses mains viennent donc tapoter les cuisses de Rose pour qu'elle puisse délivrer son corps de cette étreinte, à défaut de pouvoir délivrer son cœur et son esprit. "Deux heures ça devrait passer vite non ?" Elle demande pour s'en convaincre, parce qu'elle n'en est pas sûre. Elle attrape délicatement le menton de Rose avec ses doigts, vient déposer un doux baiser sur sa joue avant de se lever. L'espagnole passe une main dans ses cheveux avant de réajuster rapidement ses vêtements. "Tu sais où me trouver si t'as soif." Déclare-t-elle avant de traverser la rue en trottinant, faisant un signe de main à Jenna qui semble exaspérée. Deux heures. Cent-vingt minutes. Ce n'était pas grand-chose. Elle bossait au bar depuis presque quatre ans, elle savait à quel point ça pouvait passer vite, mais là, elle savait que ça allait lui sembler durer des heures. Deux heures à compter les minutes jusqu'à la fin de son service. Deux heures à repenser aux lèvres de Rose sur les siennes. Deux heures à se rappeler la sensation de sa peau sous ses doigts. Deux heures à penser à ce massage qu'elle lui avait promis. Deux heures à tenter de chasser ces pensées qui n'avaient pas leur place dans son esprit. Deux heures à penser à sa reine à la guimauve. Elle en était certaine, ces deux heures allaient être un véritable calvaire.
La beauté est subjective. Ce qui est beau pour quelqu’un ne l’est pas forcément pour une autre personne. Tu n’es clairement pas objective dans tes propos. Itziar est belle à tes yeux. Une princesse l’est obligatoirement. Cet adjectif fait partie du package de ce titre. Et vue comment elle rayonne, tu défies quiconque de te contredire. Qui oserait dire le contraire ? Même un.e aveugle serait ébloui.e par son aura éblouissante. Après, tu n’as pas besoin qu’elle soit belle pour tout le monde. Elle l’est pour toi, c’est tout ce qui compte. « Je te dirai ça demain matin. », que tu lui réponds malicieusement. Via cette phrase, tu l’invites à passer la nuit en ta compagnie. Tu as déjà prévu de la masser. Tu ne te vois pas la renvoyer chez elle par la suite. Tu te refuses te la faire affronter la fraîcheur nocturne. Tu ne prendras pas le risque qu’elle soit la victime d’une agression non plus. Tu partageras ton lit. Tu souhaites découvrir ses talents de camisole humaine. Tu comptes exploiter ses compétences de couverture. Tant pis pour tes draps rosés habitués à recouvrir ta peau. Leur douceur ne peut rivaliser face à celle de son épiderme. Le coton ne peut lutter contre une peau de bébé. Il ne sait pas afficher cette délicieuse moue qui se dessine sur son visage. Il est incapable de souffler cet air sucré de pomme. Il ne sourit pas. Tu ne l’exclus pas totalement de l’équation non plus. Rien ne dit que ta draperie ne se fera pas froisser avant de rejoindre les bras de Morphée. Tes désirs ne se limitent pas à une envie de la masser. Bien que tu espères avoir une nuit calme blottie contre son corps, tu ne serais pas contre un peu d’agitation avant. Tu aimerais apercevoir sa bouille angélique grimaçante sous le plaisir ultime. Tu aimerais voir ses mèches blondes se rebeller sur son crâne sous l’intensité de ses émotions. Si Itziar est belle peu importe ses apparences, tu es persuadée que le moment où elle l’est le plus est pendant l’orgasme. L’état jouissif met le plus en valeur une femme. Il crée un majestueux tableau : La femme dans toute sa splendeur. Peut-être que tu te projettes de trop. Peut-être qu’elle joue encore. Tu en doutes. Vos baisers n’ont rien de ludiques. Et elle rit. Encore et toujours ses éclats résonnent. Et le proverbe raconte qu’elle est déjà à moitié dans ton lit. En tous cas, elle est déjà toute entière dans ton cœur.
Elle complimente ton imitation de hobbit. Imitation qui déforme ton visage, le transformant en un ballon rouge prêt à exploser. Beaucoup critiquent cette imitation. Beaucoup te critiquent tout court. Les commentaires blessants fusent à ton égard. On ne te comprend pas. Ne pas grandir déconcerte. Pourtant tu ne regrettes pas ton choix. Il attire à toi les meilleures personnes. Les enfants déjà. Ces êtres innocents, insouciants, spontanés, qui vivent sans se soucier du lendemain, loin des tracas du quotidien comme savoir ce qu’ils vont manger demain midi. Mais là, le plus important la concerne. C’est elle que tu as attirée. Sans le vouloir. Sans rien préméditer. Juste en partant d’un jeu. Un jeu qu’elle relance. Plutôt que tu as relancé. Que vous relancez mutuellement. Tu ne lui jettes pas la pierre. Tu ne fuis pas tes responsabilités dans ce domaine. Tu assumes. Tu es une joueuse invétérée. Tu serais championne olympique de cette discipline si elle existait. Quoi de plus normal pour une reine d’être sur la plus haute marche du podium. Et elle serait à tes côtés. Non, pas sur ta droite. Pas à la seconde position. Réellement à tes côtés, à ton niveau. Vos bras enroulés autour des tailles de l’autre pendant que vous vous embrasserez pour montrer l’union d’une reine et de sa princesse. « C’est que moi j’épluche une pomme avant de croquer dedans. Enlèves-tu le papier d’un bonbon avant de le manger ? », lui demandes-tu en battant des cils. Il n’est compliqué de comprendre le sous-entendu dans tes mots. Elle est le fruit et toi la friandise. Tu ne fais pas l’amour habillée. Tu prends le temps de t’effeuiller, voire de te faire effeuiller, d’effeuiller ta partenaire avant de te lancer dans l’ébat. La précipitation est l’ennemi de l’amour. Les gens sont bien assez pressés comme cela. Ils ne savent plus savourer la vie. Chaque seconde est précieuse et se doit d’être chérie dans des activités qui nous rendent heureux.euse. Servir des verres n’en fait pas partie même si elle aime son travail. Passer du temps avec toi est une meilleure utilisation de son temps. A moins que ce ne soit un geste égoïste de ta part. Tu es heureuse en sa présence. Tu n’as pas ressenti ce sentiment depuis un moment. A vrai dire, tu ne sais pas si tu as déjà ressenti une émotion si puissante un jour. Tu as aimé. Tu as cru aimé. Elle balaye tes certitudes. Autant qu’elle vide tes placards cérébraux et s’y installe. Elle fait comme chez elle. Elle est chez elle. « J’aime tout de toi. » Elle n’est pas qu’une poitrine. Elle est un tout. Ton tout. Ton soleil.
La notion d’âme sœur est d’actualité. Bien qu’unique fille de ta fratrie, elle mérite ce titre. Vos pompes cardiaques sont en harmonie. Vos baisers sont si sensuels. A croire que vous vous connaissez depuis des années. Dire que des personnes ne connaissent jamais un tel niveau de complicité dans leur existence. Tu as l’impression de toujours l’avoir connue. Elle doit être la petite voix qui t’encourageait dans tes luttes. En y repensant, elle était chaude et latine aux sonorités hispaniques. Elle caressait aussi tendrement tes tympans. « Enfant et mature ne sont pas incompatibles. » Les deux mots ne sont pas contradictoires. Tu l’as été par obligation. A seize ans, à Melbourne, loin du domicile familial, tu n’as pas eu le choix. « Beaucoup non mais un peu. Patience. » L’heure n’est pas aux révélations. Tu ne tiens à replonger dans ton passé douloureux. Pas maintenant. Par sur ce banc. Chaque chose en son temps. Tu lui confieras ton parcours. Tu n’en as pas honte. Tu t’es laissée piégée par le feu des projecteurs. Aujourd’hui, tu te laisses piéger par le feu de son corps. Sauf que tu as conscience de ce dernier. Tu as fait le pas volontairement. Tu t’es jetée dans ses flammes consciemment. Et vos salives ne peuvent réussir les éteindre. Au contraire, elles alimentent son foyer. Tu ne quittes plus ses lèvres. L’attraction est trop puissante. Aimantée par l’amour. Mais l’amour a ses détracteurs. Une détractrice en l’occurrence. Sa collègue qui l’appelle. La rupture du contact labial t’arrache un morceau de ton âme. Ton palpitant hurle sa détresse. Il n’a cure d’une sorcière. Dans les dessins animés, la fée gagne toujours à la fin. « Je peux l’attacher à ce bûcher pour t’en débarrasser. » Tu pouffes en désignant le lampadaire de ton index. Tu n’es pas violente pour un sou. Et vue ta carrure de crevette, en cas d’affrontement, tu serais probablement celle qui finirait ligotée au poteau lumineux. « Chaque seconde hors de tes bras est une éternité. » Tu exagères à peine. Si les minutes sont des secondes en bonne compagnie, elles sont des heures en son absence. Tu refuses de quitter ses jambes. Tu fais un caprice. Comme quand tu avais six ans et que tu squattais les genoux de ta mère par manque de place sur le canapé familial. Tu boudes même. Tu affiches ta plus jolie moue. Tu lui prouves ne rien avoir à lui envier. Tu ne lui as pas menti. Tu es vraiment une enfant. Tu es têtue dans ces moment-là. Tu es apte à tenir des heures. Surtout si confortablement assise. Sauf que tu ne tiens qu’une poignée de secondes. La faute à sa malice. Et ce doux baiser sur ta joue. Elle sait déjà exploiter tes faiblesses.
Tu la libères à contrecœur. Tu regardes ta princesse s’éloigner. Tu tends ta main dans l’espoir de l’agripper. Trop tard, sa silhouette a déjà disparu entre les murs du bar. Tu traverses la rue à ton tour. Tu fusilles la brune qui tire sur sa cigarette. Tes mirettes lui lancent des balles perforantes. Ton sourire est cadenassé derrière tes lèvres. Elle te nargue d'un sourire en coin. Un dernier tir oculaire entre ses deux yeux et un « Vilaine » étouffé prononcé, et tu pousses la porte de l’établissement. Tes lèvres s’écartent dès que tu la revois. Tu la fixes niaisement en retournant à ta place. A ne pas regarder devant toi, tu heurtes une chaise. La bière de son propriétaire se renverse sur son jean. Il se met à grogner. Tu restes silencieuse et souriante. Il pourrait croire que tu te payes sa tête. Surtout vue le rouge de ses joues et son haleine fétide. Il n’en est pas à sa première pinte de la soirée. Par réflexe, instinct ou folie, tu déposes un baiser sur sa pommette. Un sourire se forme immédiatement derrière la barbe fournie de ce grand gaillard. Il éclate de rire en récupérant la chope de son voisin de table. L’incident est clos. Tu rejoins ta place. Tes affaires n’ont pas bougé. On ne t’a rien dérobé. Tu t’assois sur ton siège. Tu sors ton téléphone de ton sac à main. Tu programmes une alarme dans deux heures pour lui rappeler sa libération. Elle ne fera aucun extra ce soir. Du moins, pas au travail. Tu croises tes jambes. Tes coudes sur le bois, tu reposes ton menton dans le socle formé. Tu l’observes sans discontinuité, suivant ses mouvements gracieux dans la salle. Ta princesse a le don de savoir se faufiler partout. Son agilité est formidable. Par moment, elle se hisse sur la pointe des pieds pour s’affiner et coulisser entre deux clients. Son débardeur remonte et dévoile son nombril. Tu t’imagines le caresser de ta pulpe. L’idée te fait sourire. L’écran de ton portable beaucoup moins. Vingt minutes d’écoulées seulement. Tu as l’impression que tu attends depuis 1h59. Quand elle passe près de toi, tu ne peux t’empêcher d’essayer de caresser ses courbes. Tu te fiches du public. Il est occupé à ricaner et boire de toute façon. Chronos te torture. L’attente est horrible. Les délicieux cocktails ne suffisent pas à compenser le goût de pomme. Les effleurements sur ses doigts sont trop courts. Tu désires l’enlacer, l’embrasser, la serrer, la posséder. Tu souhaiterais avancer le temps. Pour une fois, tu es prête à grandir. Enfin, plutôt vieillir. Il est hors de question de devenir adulte. Sauf de manière éphémère, une fois dans ta chambre. Les enfants ne sont pas autorisés à entrer dans la chambre parentale. Tu laisseras le tien devant la porte. Et tu la verrouilleras. Tu dois préserver son innocence. Même si le curieux risque de regarder par le trou de la serrure.
Enfant et mature ne sont pas incompatibles. Effectivement. Il y a bien quelques situations dans lesquelles cette phrase pourrait être juste. Même si elle n'y connait rien aux enfants et qu'elle n'a comme référence que la fillette qu'elle était à une époque, elle sait que les enfants peuvent être matures. On lui avait répété à plusieurs reprises quand elle était plus jeune, qu'elle était mature pour son âge, parce qu'elle semblait indépendante, n'avait pas vraiment besoin de se cacher dans les jupons de sa mère. Il y avait aussi eu des fois où on au contraire, on avait vraiment souligné le fait qu'elle était une enfant, qui se rapprochait peut-être plus d'un bébé que d'autre chose. Notamment quand elle faisait des caprices ou n'acceptait pas qu'on ose lui dire non. "T'as raison." Acquiesce-t-elle. Elle avait fait des conclusions un peu vite. "Disons que j'ai l'impression que l'enfant est restée dans le bar pour surveiller tes affaires." Ca lui semble plus correct. Le jeu avait commencé de manière innocente. Une enfant aurait pu le lancer sans aucun problème. Avec aise. Et Itziar aurait rejoint le jeu sans aucun doute. Là, elle ne retrouve pas l'enfant. Pas quand Rose l'embrasse sensuellement, pas quand elle, elle découvre le corps de l'australienne sous ses doigts. Pas quand les pensées qui lui traversent l'esprit n'ont absolument rien d'enfantines. Bien au contraire. Ses pensées qui lui laissent imaginer ce qui se passerait si elle laissait le désir et la passion prendre le dessus. Ce qui se passerait quand elle laisserait prendre le dessus. Ces moments où les enfants ne sont pas conviés et où l'on prend bien soin de s'assurer qu'aucun d'entre eux ne pourrait en être le témoin. Rose devait être experte dans l'art de jongler entre l'enfance et l'âge adulte, elle avait l'impression qu'elle lui prouvait depuis le début de leur jeu. Elle a le sentiment qu'elle aura l'occasion de le découvrir. "Patience est mon deuxième prénom." Plaisante-t-elle. Elle n'était pas très patiente en réalité. C'était même tout le contraire avec Itziar. La patience était quelque chose qu'elle découvrait sur le tard, de manière un peu brutale. Elle qui avait toujours été habituée à ce que tout lui tombe devant les yeux, à peine l'avait elle pensé. Pour sa reine en revanche, elle était prête à patienter autant qu'il le faudrait, sans même se plaindre. A tel point que cette plaisanterie qu'elle lance nonchalamment pourrait devenir réalité. Si en plus de cela Rose continue de lui offrir des baisers tous plus sensuels les uns que les autres, elle n'aura même pas l'impression de patienter. Son esprit ne pouvant pas se focaliser à la fois sur les lèvres de la styliste contre les siennes et sur les secrets qu'elle pouvait avoir à lui dévoiler. Ca, elle l'oublie vite dans un tel contexte. Autant qu'elle oublie ce qui les entoure avant d'être brutalement ramenée à la réalité par une voix familière qui crie son prénom. Son prénom qui ne sort pas de la bouche de sa reine, mais bien de sa sorcière personnelle. La sommant implicitement de retourner travailler. Rose a une solution radicale. Ça fait sourire Itziar. Il est vrai que le bûcher est le meilleur moyen de se débarrasser d'une vilaine sorcière. Sans sorcière, il n'y aurait personne pour venir interrompre leur moment, pour venir s'immiscer dans leur bulle. "Ce serait une excellente idée, mais elle est vigoureuse et en plus de ça, elle est de mauvaise humeur, ça décuple ses pouvoirs. C'est nous qui allons finir sur le bûcher." Lance-t-elle en pouffant de rire. Elle savait qu'elle allait se faire engueuler. Jenna n'était pas la plus amicale de ses collègues, surtout quand elle passait une mauvaise journée. Elle n'était pas foncièrement méchante, mais elle ne se rendait pas non plus compte qu'elle amenait ses soucis au travail et avait la mauvaise habitude de les partager avec tout le monde. Peu importe si ses collègues n'avaient rien à voir dans ses histoires de cœur. S'ils étaient là, ils allaient subir son courroux. Elle l'avait appris malgré elle à ses débuts au bar avant de faire comme tout le monde : l'ignorer autant que possible quand son humeur n'était pas au rendez-vous. Elle sait donc ce qui lui pend au nez. Les mots de Rose n'aident pas non plus à lui donner envie d'y retourner et elle ne peut s'empêcher de soupirer. "Il faut pas me dire des choses comme ça, ça me fait faire des bêtises." Qu'elle déclare en souriant. Elle ne plaisante pas pourtant. Elle est impulsive, elle le sait. Elle peut agir sur un coup de tête et prendre des décisions loin d'être raisonnables. C'était sur un coup de tête qu'elle avait quitté l'université à Madrid à peine quelques mois après avoir commencé. Parce qu'elle avait décrété que ça ne lui plaisait pas. Que ce n'était pas pour elle et de toute façon, comme sa mère elle finirait par profiter de l'argent de la personne avec qui elle partagerait sa vie sans se soucier d'autre chose: elle l'avait regretté quelques années plus tard en arrivant en Australie sans aucune compétence dans ses bagages à reprendre ses études sur le tard. Elle n'était donc pas loin d'attraper Rose par la main et de l'entraîner avec elle hors de la vue de Jenna pour ne jamais remettre un pied au bar. L'idée lui avait traversé l'esprit et elle s'était même demandée si elle avait vraiment besoin de ce job. Oui. Elle ne pouvait pas envoyer balader plus de trois ans de sa vie en une soirée. Un mal pour un bien. Les heures allaient défiler lentement, mais les retrouvailles n'en seraient que plus belles. Elles avaient toute la nuit de toute façon et toutes les autres à venir aussi. Alors, dans sa tête, elle s'enfuit avec Rose et laisse Jenna s'égosiller un peu plus. Dans la réalité, elle traverse la rue en courant, ignore la remontrance de sa collègue et s'engouffre à l'intérieur du bar pour reprendre son poste.
Elle n'a d'ailleurs pas le temps de s'ennuyer en deux heures. La soirée bat son plein et elle enchaîne les allers-retours entre le comptoir et les différentes tables pour servir verre après verre. Elle trouve quand même le temps de s'arrêter, de temps en temps pour discuter rapidement avec quelques habitués, s'intéresser à ce qu'ils ont bien pu faire de leur journée, avant de s'excuser et naviguer vers une autre table. A chaque allers-retours cependant, ses yeux cherchent Rose, comme pour s'assurer qu'elle est toujours là, qu'elle n'est pas partie. Elle la trouve à chaque fois et à chaque fois que leurs regards se croisent, Itziar envoie un sourire dans la direction de sa reine, parfois accompagné d'un clin d'œil, parfois accompagné d'une petite grimace dont elle seule a le secret. Elle lui amène aussi un cocktail de temps en temps, même si elle a déjà dévoilé l'ingrédient secret de ses mixtures et qu'il n'y a plus de suspens, elle se tient tout de même à sa règle de départ de ne pas lui servir deux fois la même chose. Elle en profite pour effleurer ses doigts à chaque fois qu'elle lui tend un verre. Elle s'aventure même à passer une main dans son dos quand elle passe derrière elle. Ça ne fait pas passer la soirée plus vite, mais ça la fait patienter un peu, lui apporte un peu de contact, moindre, certes, mais toujours mieux que rien. C'est toujours mieux que de passer deux heures derrière le comptoir à la regarder sans pouvoir ne serait-ce que l'effleurer. Itziar fait son possible pour éviter Jenna aussi, c'est son nouveau jeu, celui qu'elle veut à tout prix gagner. Elle n'est pas une adepte des conflits, elle préfère les éviter, surtout des comme celui-ci qui n'ont pas lieu d'être. Elle parvient à éviter de se retrouver avec sa collègue assez longtemps pour se faire remonter les bretelles durant une bonne partie de la soirée. Mais elle n'y coupe pas pour autant. Visiblement Jenna n'a pas apprécié la pause prolongée d'Itziar. "J'avais pas mon téléphone et j'ai pas vu l'heure, ça arrive." Voilà ce qu'elle finit par lui répondre calmement. Tout était vrai dans sa réponse. Elle ne s'étend simplement pas sur ce qui lui a fait perdre toute notion du temps. Elle n'a pas à mentionner Rose et ses baisers à la guimauve. Elle ne peut s'empêcher de sourire bêtement aux images lui revenant en tête. "Tu te fous de ma gueule en plus." Est la réponse de Jenna qui lève les yeux au ciel avant de s'emparer d'un torchon pour essuyer les quelques tables venant de se libérer. Elle ne cherche même pas à se justifier, Itziar, la connaissant trop bien pour en rajouter une couche. Elle fait sa vie. Elle attend impatiemment que les minutes défilent, que l'heure sur son téléphone lui indique qu'elle a fini sa soirée et qu'elle peut donc sans s'attirer les foudres de quiconque. Elle joue à la seconde près et elle n'a probablement jamais récupéré ses affaires aussi vite.
C'est avec son sac sur l'épaule et son gilet à la main qu'elle arrive à la table de Rose. Elle vient se placer derrière elle pour lui déposer son gilet sur les épaules. "Chose promise, chose due." Déclare-t-elle. Elle avait dit qu'elle lui passerait son gilet pour qu'elle n'ait pas froid, c'était chose faite, c'était son offrande pour se faire pardonner de l'avoir fait attendre toute la soirée. Elles avaient maintenant la nuit devant elles. Sans aucune obligation à remplir, sans temps de pause à respecter, sans collègue pour venir tout gâcher. Il ne restait qu'à déterminer la tournure que celle-ci allait prendre. Les mains sur les épaules de Rose, elle se penche pour lui murmurer à l'oreille. "Tu m'as manquée." avant de déposer un baiser sur sa joue. C'était niais au possible et si elle y voyait clair elle aurait sûrement eu envie de se donner une claque. Pour l'heure, elle la laisse remballer ses affaires. "T'es venue comment ? Parce que je suis en scooter moi, donc si ça te fais pas peur, tu peux monter." Elle faisait attention quand elle conduisait. Elle ferait encore plus attention si Rose montait derrière elle. Elle ne voudrait pas qu'il lui arrive quoi que ce soit, d'autant plus par sa faute. Elle se rappelle soudain que dans son rêve elle a totalement fait abstraction d'un détail majeur. "Tu veux peut-être manger quelque chose ?" Lui demande-t-elle. La faim qu'elle ressentait outrepassait tellement les autres qu'elle avait complètement omis qu'elle n'avait rien avalé depuis le déjeuner et qu'il en était probablement de même pour l'australienne. Pourtant, Itziar, elle, n'avait pas faim de nourriture et même la plus délicieuse des pizzas ne la ferait pas saliver. Parce qu'elle n'avait faim que d'une chose. D'une personne. Elle avait faim de Rose. Faim de sa reine. C'était cependant à sa reine de mener la danse, elle, elle n'avait pas prévu de rester là si tard, elle n'avait pas prévu de sauter un repas "Il y a toujours deux trois fast-foods ouverts. Ou alors je peux te préparer un plat de pâtes ? Un bol de céréales avec du lait aussi ? C'est ma spécialité et comme ça je mériterai encore plus mon massage." Elle lui sourit. Elle la laisse choisir, parce que finalement pour Itziar, ce qui compte le plus est de pouvoir passer du temps avec Rose sans avoir à se soucier de quoi que ce soit. Peu importe ce que l'australienne voudrait faire.
L’ambiance est primordiale dans un travail à tes yeux. Si tu recherchais un emploi, elle serait le critère numéro un dans ton choix. Les horaires, la rémunération ne sont rien à côté. Tu peux accepter de te lever à l’aube ou de rentrer au crépuscule. Ton corps aurait besoin d’un temps d’adaptation mais tu en es capable. Tu peux également faire face à un manque d’argent. C’est déjà le cas actuellement. Certains mois sont plus compliqués que d’autres. Il t’arrive d’avoir des périodes sans beaucoup de commandes. Heureusement que tu épargnes un peu pour anticiper ces moments difficiles. Tu serais à la rue sinon. Ou du moins, tu ne vivrais pas dans un aussi joli appartement. Mais œuvrer dans un environnement malsain, il en est hors de question. Tu en as trop souffert. Tes années de mannequinat ont laissé des traces, des cicatrices. Tu refuses de recevoir de nouveaux coups. Les mots blessants de tes consœurs, de tes concurrentes, sont gravés dans ta mémoire. Tu te souviens des séances d’essayage et des piques lancées sur l’évolution de ta silhouette. Tu étais adolescente, à seize ans, il était normal que ta morphologie change. Tu n’avais pas le recul nécessaire. Chaque pique t’a poignardée. L’accumulation t’a entrainée sur la pente anorexique. Itziar n’en est pas là. Tu notes tout de même que l’entente avec sa collègue n’est pas top. Elle aurait pu se montrer courtoise. Que sont cinq minutes dans une vie ? Elle te rappelle une mannequin, Cindy, une brunette de vingt ans, qui avait à peu près sa corpulence. Elle était belle cette femme élancée telle une gazelle au sourire ravageur. Le genre de femme à faire tourner un nombre incalculable de têtes et à attiser les désirs charnels de quiconque posait ses pupilles sur ses courbes. Toi-même tu l’as désirée, tu l’avoues. Jusqu’à ce que tu découvres sa face cachée. L’ange d’apparence était en réalité une diablesse. Arrogante, capricieuse au point que tu passais pour une petite fille sage comparée à elle, elle se croyait tout permis. Elle ne tolérait pas la moindre seconde de retard dans son planning. Alors le jour où tu as été prise d’un fou rire avec une styliste, et que n’étais pas prête à son arrivée, la diva a fait un scandale. Elle t’a craché dessus toutes les flammes de l’Enfer, te calcinant sur place. Terrorisée par sa colère, tu as éprouvé du mal à défiler. Tu as passé les deux jours suivant sans manger. Elle a achevé dans ta descente dans le monde infernal. Une semaine après, tu rentrais dans le centre de soin.
Itziar a bien du courage pour la supporter. A sa place, tu aurais rendu ton tablier depuis longtemps. Comment peut-elle lui lancer des regards aussi assassins ? Elle a le privilège d’être en compagnie d’une princesse, elle devrait être ravie. Peut-être te jalouse-t-elle ? Elle n’est pas sa reine. Peut-être le regrette-t-elle ? Ceci expliquerait son comportement limite. Qui aime bien châtie bien comme on dit. Son attitude te déplait. Ta vision vire du rose au rouge. Tu es tentée de brûler cette sorcière. Tu hésites à tendre ton pied lorsqu’elle passe à proximité. Une chute effacerait à coup sûr ce rictus de ses lèvres. Et te ferai rire. C’est mal de rire du malheur des autres. Ce n’est pas ta philosophie. Quand tu croises une personne qui tombe, tu te précipites pour la relever. Tu ne vaudrais pas mieux que ces vilain.e.s si tu agissais de la sorte. Puis elle pourrait se blesser. Tu pourrais avoir des ennuis. Tu aurais du mal à faire croire l’incident pour une maladresse. Tu risquerais de briser ton image de reine guimauve. Tu en censée être douce et tendre. Ce que tu es vraiment. Tu te contentes de tirer la langue à la démone. En bonne enfant que tu es, tu le fais lorsqu’elle te tourne le dos. Parfois, tu accompagnes ton tirage de langue d’une grimace. Ta princesse entre dans ce nouveau jeu. Enfin, c’est comme cela que tu le prends. Tu ne vois pas qu’elle grimace juste pour te taquiner. Vous vous échangez vos plus horribles faciès à distance. Chacune des tiennes est suivie du plus large écartement de lèvres possible. Pauvre sorcière malmenée par une fillette. De temps en temps, elle te prend en flagrant délit. Tes yeux se lèvent immédiatement au ciel, feintant ne pas l’avoir vue. Il n’y a rien de pire pour avouer ses fautes. Mais sans preuve tangible, elle ne peut rien faire. Et que pourrait-elle faire de toute façon ? T’envoyer les bras imposants de Kyle ? Pour quelle raison ? Le musclé se moquerait sûrement d’elle et de sa plainte. Elle ne peut que subir. La cliente est reine. Et tu consommes. Certes, tu n’as pas la descente vertigineuse de cette table de cinq motards qui enchainent les tournées de Guiness. Tu n’es pas celle qui remplira la caisse ce soir. Tu n’es même pas certaine de payer la dizaine de cocktails. Il te semble qu’ils te sont offerts. Tu n’en es plus sûre. Tu ne rappelles plus de des paroles prononcées. Tu te ne rappelles que de l’exquis goût de pomme de ses lèvres.
Ton alarme retentit. Enfin la délivrance. Meilleure qu’après la torture que représente deux heures de maths. Téléphone en main, tu l’agites en sa direction. Elle n’est plus là. Elle a quitté ton champ de vision. Ton cœur s’accélère. Est-elle partie sans toi ? L’angoisse te guette. Elle disparaît aussi vite qu’elle refait son apparition. Elle s’est transformée pendant ces cent-vingt minutes. Elle est devenue Méduse. Il n’y a pourtant nul serpent dans sa chevelure de blé. Son regard te pétrifie. Tu es immobile, hypnotisée par sa beauté. Tes paupières clignent par réflexe. Et ta peau frisonne au contact du tissu sur ta peau. Ou plutôt à son tendre baiser déposé sur ta joue. « Toi aussi. », lui réponds-tu en embrassant furtivement ses lippes rosées. Tu te fiches d’être vue. Tu n’as pas à te cacher. Tu aurais probablement dû y réfléchir tout de même. La vile sorcière était dans les parages. Son rire rauque résonne. « Je comprends mieux ta pause à rallonge. J’espère que tu lui as roulé une pelle au moins. », siffle-t-elle telle une vipère sur ta princesse. Son ton est perfide. Il est fait pour blesser. Avant qu’Itziar ne réplique quoi que ce soit, tu te lèves. Tu glisses tes doigts dans sa main. Tu te places devant elle, tel un bouclier humain. Tu ne laisseras pas le sort la toucher. Tu la protèges. « Même deux ! », que tu lui rétorques sèchement en lui tirant la langue. Tu te remémores vos baisers sensuels, le ballet de vos papilles enroulées les unes autour des autres, une merveilleuse danse à refaire au plus vite. Tu es toute proche de lui faire une démonstration en direct pour définitivement lui clouer le bec. Tu te prépares à une contrattaque. Les méchant.e.s sont coriaces. Iels ne se laissent pas abattre dès le premier assaut. Tu observes la lueur noirâtre rejoindre ses iris. Sa colère monte en flèche. Son poing se serre. Elle est proche de te gifler. Tu le pressens. Une voix la calme. Un timbre masculin, sans doute celui de son patron, la somme de reprendre son boulot, lui rappelant que ce n’est la fin de son service. Dans un soupir haineux, elle retourne au comptoir. Tu entends les sorts qu’elle vous lance en marmonnant. Elle vous maudit. Et toi, tu bénis cet homme qui a évité un affrontement.
Tu resserres tendrement ta prise. Tu récupères tes affaires. Tu poses quelques billets pour régler ton addition avant de vous diriger vers la sortie. Un vent frais vous accueille. Son gilet est le bienvenu. « En carrosse mais après minuit, il disparaît. » Oui, tu ne réponds que maintenant. Avec l’intervention de sa collègue, tu n’as pas le faire plus tôt. Il est miraculeux que tu t’en souviennes. Tu fais référence au bus. Tu ne prends que rarement ta voiture. Tu aurais su rentrer si tard, tu serais avec. Là, tu es bonne pour appeler un taxi. Sauf qu’elle te propose une autre solution plus intéressante. En plus d’être gratuite, tu vas pouvoir te coller à elle. Tu ne pouvais rêver mieux. Enfin si, tu le peux. Et tu as rêvé mieux. Mais ton enfant est encore éveillé, tu ne peux dévoiler tes songes saphiques. « Je n’ai peur de rien avec toi. » Si ce n’est de la perdre. Tu n’oses pas y penser. Il n’a aucune raison que cela arrive. Elle s’est installée dans ton cœur et tu lui en as donné les clés. De confortables fauteuils l’attendent, un canapé moelleux, et, évidemment, tes genoux. Ton enfant éveillé réveille ton estomac glouton à l’évocation de manger. Il gargouille fortement, grognant presque sa rage d’avoir été aussi longtemps délaissé. Tu tentes de le faire taire. C’est peine perdue. Trop gourmand, il ne fermera sa bouche qu’une fois rassasié. « Va pour des pâtes. Je m’occupe de la sauce. » Tu es déjà dans le partage des tâches. Des pâtes aux pâtes n’ont pas un grand intérêt. Tu sais les sublimer et les rendre plus appétissantes. Tu as appris cela à Melbourne, durant tes deux années d’études. Avec un faible budget, les pâtes ont été ton aliment de prédilection pendant cette période. Tu maîtrises l’art de les cuisiner. Leur cuisson n’a plus de secret pour toi. Ni la confection d’une sauce carbonara ou bolognaise. Tu feras en fonction des ingrédients de son réfrigérateur. Au pire tu improviseras. Tu es sûr d’au moins une chose : tu saupoudras le plat de tout ton amour. « Et je prends aussi le bol de céréales avec du lait. » Tu glousses. Tu t’élabores un menu complet. Tu as oublié de mentionner le véritable dessert. Une délicieuse pomme à la peau de bébé. Que tu vas croquer avec passion après un délicat massage. Ou pendant. Voire les deux.
Tu captes que tu vas découvrir son domicile, son cocon intime. Finalement, c’est peut-être toi qui vas emménager chez elle ? Tu en doutes. Tu apprécies trop ton appartement. Puis ton atelier y est présent. Tu tiens une potentielle source de négociation. Qui vient chez qui ? Ou tu mets la charrue avant les bœufs. Tu as tendance à te projeter rapidement. Votre (ta) décision prise, elle t’emmène à son véhicule, garé dans une rue adjacente, face à la sortie de secours. Tu saisis le casque tendu. « Tu n’as pas plutôt une couronne ? », lui demandes-tu en riant. Ce serait plus approprié à ton statut mais moins à ta sécurité, tu l’accordes. Bien que tu ne craignes pas un accident. S’il arrive, tu déploieras tes ailes de fée. Tu enfiles ton couvre-chef. Itziar en fait de même. Une fois assise sur son scooter et ton cabas à ses pieds, tu la rejoins. Ta longue robe n’est clairement pas pratique pour ce genre d’engin. Tu l’accroches dans un mécanisme. Tu entends le craquement du tissu qui se déchire. Ta longue jambe gauche est désormais quasiment totalement à nue. Tu souris malgré tout, voulant rassurer ta princesse sur la non gravité de l’instant. Tes fesses épousent le siège avec grâce. Il ne vaut pas l’agréabilité des cuisses de la serveuse. Tu le savais d’avance. Rien ne peut l’égaler. Tu approches ton bassin le plus possible de son postérieur. Tu enroules sa taille de tes bras. Tu lies tes mains sur son ventre, au niveau de son nombril. Tu ressens la douce chaleur de son corps sur tes doigts. Ta poitrine s’écrase contre son dos. Tes seins cognent ses omoplates. Ton palpitant pulse en rythme. Il martèle sa colonne vertébrale. Une nouvelle fois, il se cale sur son jumeau cardiaque. Tu finis par poser ta joue sur le bas de sa nuque pour lui indiquer être prête à partir. Au Paradis.
Elle a des qualités Jenna. Itziar pourrait dire du bien d'elle si on le lui demandait. Elle faisait bien son travail. Elle n'était pas feignante. Elle était de bons conseils aussi et toujours prête à écouter s'il y avait le besoin. Elle n'était pas foncièrement méchante. Itziar passait bien plus de temps à rire avec qu'elle qu'à se crêper le chignon. Malheureusement, elle avait ses moments. Moments dans lesquels c'était plutôt ses défauts qui ressortaient, les uns après les autres. Elle avait quasiment dix ans de plus qu'Itziar, mais elle ne savait pas laisser sa vie privée hors du bar. Elle avait tendance à vite s'emporter. Elle pouvait être rancunière aussi. Dans ces moments-là, elle ne savait pas tenir sa langue. C'était presque plus fort. Itziar avait rarement croisé quelqu'un avec des remarques plus assassines. Elle ne lui avait jamais dit, mais elle pensait sincèrement que le problème dans sa relation houleuse avec son mec, c'était peut-être elle et son attitude. Peut-être que si elle se regardait un peu plus dans le miroir elle s'en rendrait compte. Tout comme elle se rendrait compte qu'elle aurait pu garder sa remarque pour elle. Ne pas s'attarder avec son plateau dans la main et aller droit sur la table qu'elle était censée servir. Ce qu'Itziar faisait une fois son service terminé ne la regardait pas. Ce qu'elle faisait pendant ses pauses non plus, d'ailleurs. Sa remarque n'a rien à faire-là. Elle aurait pu la garder pour elle et si ce n'était pas pour la main de Rose qui vient se glisser dans la sienne, Itziar aurait répliqué du tac au tac. Elle allait le faire. Rose a été plus rapide. Sa répartie ne s'est pas fait attendre. Elle fait rire Itziar qui lui sert un peu plus la main. "Jen' ..." Laisse-t-elle échapper, blasée au regard noir que sa collègue jette sur Rose. C'est à son tour de s'interposer, elle se place devant Rose et fait face à la serveuse. Elle ne compte tout de même pas en découdre, là, tout de suite. Non. Ce ne sera pas pour ce soir. Parce que c'est le patron qui interpelle finalement sa collègue, la somme de s'occuper de son travail, raison pour laquelle elle se trouve là ce soir. Il n'en faut pas plus, elle ne compte pas se faire virer. Elle aussi, tout comme Itziar, elle a besoin de ce job et elle ne va pas tout foutre en l'air parce qu'elle est de mauvaise humeur. Elle est plus mature que cela. Ça ne l'empêche pas de marmonner en s'en allant. Elle s'en remettra et Itziar savait très bien que ce serait sans doute oublié la prochaine fois qu'elles se retrouveront à partager le même service. Ce n'était pas la première fois que les esprits s'échauffaient un peu. Itziar étant un peu trop nonchalante à son goût. L'espagnole, elle, se contente de hausser les épaules, serrant doucement la main de Rose.
Elle la laisse récupérer ses affaires et ramasse discrètement les billets que la jeune femme venait de déposer sur la table. Il n'était pas question qu'elle la laisse payer pour les cocktails de ce soir. Elle n'avait pas prévu de rester si longtemps. Elle n'avait donc pas prévu non plus de consommer autant. Qui plus est, c'était Itziar qui lui avait servi cocktail après cocktail. Elle avait déjà payé ses consommations de l'après-midi, c'était largement suffisant. "Tiens, range ça, c'était aux frais de la princesse les cocktails. Ils n'étaient même pas à la carte, donc ils n'ont pas de prix." Déclare-t-elle en lui tendant les billets à l'extérieur du bar. C'est là aussi que Rose semble se rappeler de sa question. La faute à Jenna, pas de doute. Elle l'informe être venu en carrosse disparaissant après minuit. "Tu m'avais pas dit que t'étais la version moderne de Cendrillon." Ça la fait sourire. Encore plus quand elle ajoute qu'elle n'a peur de rien avec elle. "Tu devrais peut-être te méfier un peu." plaisante-t-elle. Elle ne devrait peut-être pas avoir une si grande confiance en elle. Surtout quand il s'agit de son scooter. Elle lui mène la vie dure au pauvre deux roues et passe son temps à le cogner contre les bancs publics, les bouches d'incendies et tout ce qui pourrait se trouver sur son passage quand elle essaye de manoeuvrer dans un coin étroit. Elle n'est donc pas une référence de sûreté, mais elle fait de son mieux. Elle respecte le code de la route et ne prend pas de risques inconsidérés, ce qui est donc déjà pas mal et assurera à Rose de rentrer saine et sauve pour ce soir. "Mais promis tu resteras en un seul morceau." Parce qu'elle fera encore plus attention que d'ordinaire. Elle n'est pas dangereuse de toute façon, juste un peu maladroite et les dégâts étaient dans la totalité des cas matériels plus qu'autre chose. Surtout qu'elle ne voulait pas que la soirée s'arrête brutalement, sur une mauvaise note. Il y avait tout un menu qui était en train de s'établir et elle comptait bien y goûter. "Va falloir être inventive. Je cuisine pas beaucoup donc tu verras que c'est limité niveau options. Pour les céréales en revanche t'auras l'embarras du choix." Elle blâme Auden pour les céréales. Elle n'en mangeait jamais avant de vivre avec lui et les quelques mois qu'ils avaient passés sous le même toit avaient suffit à la convertir. Il n'y avait parfois rien de mieux qu'un bol de céréales avec du lait. Que ce soit au petit-déjeuner, au déjeuner, au dîner ou en pleine nuit pour satisfaire une petite fringale. C'était rapide, c'était facile et c'était inratable.
Elle vient furtivement capturer les lèvres de Rose avant de l'entraîner avec elle dans la rue adjacente au bar. Elle la trouve irrésistible. Elle a l'impression qu'elle ne pourra pas en avoir assez. L'impression qu'elle a besoin de compenser pour ces deux dernières heures. Elle a tout le reste de la soirée. Ça la rassure. "Voilà ton nouveau carrosse." Qu'elle annonce devant son scooter. Son nouveau carrosse pour la soirée, pour les autres à venir aussi, elle l'espère. Elle décroche l'antivol et récupère son casque qui y était attaché avant d'ouvrir le siège pour récupérer le deuxième et le tendre à Rose. "Non, pas de couronne. La sécurité avant tout. Voit le casque comme un nouveau type de couronne. La couronne de la reine du scooter." Lui lance-t-elle en souriant, venant tapoter le bout de son nez de son index. Elle s'assoit ensuite à l'avant du siège puis place le cabas Rose à ses pieds, laissant à la jeune femme tout le loisir de s'asseoir à son tour. Elle l'entend le bruit du tissu qui se déchire et elle se retourne immédiatement. "Ta robe ..." dit-elle, comme si Rose n'avait pas eu l'occasion de se rendre compte que sa robe venait de se déchirer. "Le scooter c'était pas la meilleure idée, je crois. J'suis désolée. Je te passerai des fringues pour te changer si tu veux." Ils seraient probablement un peu courts, mais c'était mieux que rien et c'était surtout le mieux qu'elle pouvait lui proposer. En revanche, elle ne pouvait rien faire là, alors elle se contente de démarrer. "Je sais que c'est tentant, mais pas de main baladeuse quand je conduis hein." Qu'elle lui lance en plaisantant, ne pouvant pourtant faire abstraction des mains de Rose sur son ventre, de ses seins contre son dos et de sa joue posée dans sa nuque. Le trajet jusqu'à chez elle lui paraît interminable pourtant, elle sait qu'il faut moins d'un quart d'heure pour aller du bar jusqu'au loft. En plus à cette heure-ci où la circulation est quasi inexistante. Quand elle aperçoit son immeuble, c'est la libération. "En un seul morceau, comme promis." Déclare-t-elle quand elle coupe le contact avant de se lever et retirer son casque. Elle laisse à Rose le temps d'en faire de même. Elle lui prend son cabas et l'entraîne avec elle jusqu'à l'appartement. "Entre et fait comme chez toi. Je pense qu'il y a personne en plus." Dit-elle. C'était l'avantage de cette colocation. Les fois où elles étaient toutes les trois à l'appartement en même temps étaient rares. C'était le hasard pourtant. Ca ne faisait pas partie de l'annonce qu'elle avait posté quand Auden était parti. Ne jamais être à l'appartement n'était pas un pré requis pour habiter ici, mais il fallait croire que le destin avait voulu faire les choses comme ça. Ce n'était pas plus mal cela dit. Ca évitait les conflits, chacune faisait sa vie de son côté, c'était presque comme vivre seule à la différence, qu'une fois de temps en temps, toutes les chambres étaient occupées. Ce soir, n'était pas un de ces soirs et même Byron, le berger australien semblait avoir quitté les lieux avec sa maîtresse. Itziar dépose ses affaires et le cabas de l'australienne dans l'entrée. Elle passe devant elle, l'invitant d'un signe de tête à la suivre. Le menu était établi, en revanche l'ordre ne l'était pas encore et restait à déterminer. Le commun des mortels opterait sans doute pour le plat de pâtes avant le sucré, mais là il n'était pas question du commun des mortels, donc la question se posait réellement. "Alors, les pâtes ou les céréales en premier ? Ou alors tu veux te changer d'abord ? Ce sera peut-être plus confortable pour toi." Demande-t-elle. La vue ne la gênait pas, bien au contraire, elle avait un accès direct sur la jambe de Rose. Elle était élancée, toute en jambe, à lui en couper le souffle. Surtout quand la douceur de sa peau qu'elle avait eu l'occasion de caresser brièvement lui revenait en tête. Non, elle n'avait rien, vraiment rien contre la jambe dénudée de la styliste et elle s'en voudrait presque de regretter que l'autre côté de la robe soit intact. Quelque chose la dérange en revanche. Le manque de contact, la chaleur du corps de l'australienne contre le sien. Alors, elle s'arrête. Puis elle se retourne. "Mais d'abord ..." Commence-t-elle avant d'attraper Rose par le bras pour l'attirer vers elle. Sa main libre trouve la joue de la jeune femme, elle se met sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur avant d'écraser ses lèvres contre les siennes. C'est le brasier qui se ravive. Sa langue cherchant sa pareille pour un ballet sensuel et langoureux avant que l'espagnole ne se détache de sa reine, déposant sur ses lèvres un second baiser plus doux, plus tendre. "C'est mieux comme ça. Qu'est-ce que tu choisis du coup ?" souffle-t-elle sur ses lèvres en souriant. Telle une droguée qui venait de se faire son fix, elle planait et la sensation de manque était derrière elle.
Tu n’es pas totalement rassurée en scooter. Tu n’en gardes pas de très bons souvenirs. En premier lieu, tu te rappelles de l’énorme ramdam des engins de tes frères. A croire qu’ils s’étaient lancés dans un concours de celui qui ferait le plus de bruit. Tu réentends les concerts de moteurs dans le garage ou sur la route. Le vacarme était si puissant qu’il réussissait à couvrir tes cris lors d’un caprice. Et vue le niveau de tes vocalises pendant une crise, ceci donne une idée des décibels émis par leurs deux roues. En soi, le bruit n’est pas dérangeant. Calée contre Itziar, tu écouteras les battements de son cœur, de vos cœurs, déjà unis et en harmonie. Tu crains un peu plus un éventuel accident. Tu en as déjà été victime. Tu avais huit ans. Ton frère ainé a voulu te faire faire une balade pour fêter ses vingt ans et son cadeau motorisé offert par vos parents. Il ne t’a imposée qu’une seule règle. Tes mains ne devaient en aucun cas quitter sa taille. Tu t’y es tenue tout le long de votre promenade. Jusqu’au moment où, dans une rue en ligne droite, ton frère a lâché son guidon pour lever les mains en l’air et a crié « Sans les mains ! » Tu as souhaité l’imiter. Tu as relâché l’étreinte sur ses hanches. Et tu es partie en arrière, finissant sur le bitume. Il y a eu plus de peur que de mal. Tu n’as rien eu de cassé. Tu as simplement fini avec un poignet foulé et un énorme bleu sur ta fesse droite. L’hématome t’a empêché de t’assoir correctement pendant une semaine. Tu ne tiens pas à réitérer l’expérience. Tes mains resteront solidement ancrées à la conductrice. Et elles resteront sages. Une visite dans le décor n’est pas une option plaisante. Même si tu ne serais pas contre le fait qu’elle soit ou que tu sois son infirmière pour le restant de la nuit, tu refuses de te rendre à l’hôpital. Elles auront tout le temps d’être vilaines une fois chez elle. Joueuse, tu chatouilles tendrement les alentours de son nombril de tes doigts. Avant qu’elle ne s’offusque de ton comportement, tu approches de son oreille. « Tu conduis pas encore, j’ai le droit. » Tu glousses derrière ta visière. Elle masque ton sourire bien présent et large. Tu as toujours été experte pour jouer sur les règles. Chaque mot à son importance. Tu sais être adulte pour les interpréter comme cela t’arrange.
Tu stoppes tes mouvements à la seconde où elle démarre. Tu lies tes mains sur son ombilic. Le trajet se déroule sans encombre. Tu es même déçue de sa fin. C’est tu été à ton aise ainsi calée contre elle. Tu aurais pu t’endormir dans cette position, blottie contre son dos, l’encerclant de tes bras. Peut-être plus tard. La soirée est encore longue. « J’ai aussi tenu ma promesse. », lui annonces-tu en lui rendant son casque. Tes mains ont été immobiles. Tu n’as rien fait de tendancieux de tout le chemin. Tu as juste resserrée ton étreinte lors de certains virages. Elles retrouvent de leur mobilité. La droite retourne se glisser dans la gauche de la blonde. Vous vous dirigez à son appartement main dans la main. Ton palpitant bat la chamade devant l’entrée. Tu vas pénétrer dans son monde. Tu ne sais pas à quoi t’attendre. Tu te doutes qu’il ne transpire pas le luxe princier. Tu ne recherches pas cela. Tu ne demandes pas à ta princesse d’être riche. Tu la souhaites radieuse et t’acceptant telle que tu es. Du peu que tu connais de la serveuse, elle semble posséder ses deux qualités. Et une troisième indéniable : sa façon d’embrasser. Tu entres dans l’appartement. Tu fermes la porte derrière toi. Tes yeux balayent furtivement la décoration des lieux. Ton regard est irrémédiablement attiré par la vision de son postérieur moulé dans son jean, ou sa crinière de blé, ou la danse de ses lèvres quand elle parle, par elle en fin de compte. Tu lui souris. Tu ôtes tes souliers. Tu les ranges dans le meuble à chaussures. Tu constates qu’il y en a un sacré nombres de paires. « Je crois que je viens de découvrir un des tes mystères. » Tu ris. Tu n’es pas sûre que sa collection de chaussures en soit un. Après, tu possèdes bien un nombre de robes démentiel. Ta penderie initiale est pleine depuis un moment. Une seconde a été nécessaire. Et même une troisième. Et la quatrième ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. Tu as tellement de tenues. Tu avances vers elle, tes pieds nus foulant le sol. Tu aperçois une photo accrochée au mur. Tu reconnais immédiatement la bouille rayonnante en son centre. Mais tu ignores l’identité des deux autres filles qui l’entourent. « Qui c’est ? », que tu demandes en pointant le cadre de ton index. Tu n’es pas jalouse. Tu fais juste ta curieuse. Maintenant, tu ne nieras pas envier les demoiselles. Surtout cella sur sa droite qui a son bras autour de son cou.
Tu as eu mieux que cela. Tu as eu droit à un baiser. Plusieurs baisers même. Et tu en auras d’autres. D’ailleurs, tu te surprends à ne pas t’être encore resservie. De tous les plats annoncés, celui composé de sa personne est de loin ton favori. Aucune pâte, aucune céréale ne peut rivaliser avec son délicieux goût de pomme. Tu remarques la lueur de ses iris posés sur ta jambe dénudée. Tu lui lances un regard charmeur. Ce que tu aimerais être une petite souris et lire ses pensées à l’heure actuelle. Tu es certaine qu’elles ne sont pas tournées vers le repas à venir. Du moins, pas vers celui énoncé au bar. A ton avis, elle envisage déjà un dessert à base de guimauve. Sur le point de lui répondre, elle capture tes lèvres. Tu fermes tes paupières. Tes mains s’accrochent d’instant à son fessier pour ne pas décoller. Tu es tout de même partie. Si ton corps est encore là, ton esprit s’est envolé. Il s’est envolé de la pente formée par vos langues. Vos morceaux de chair entremêlés l’ont expulsé à une hauteur vertigineuse. Il est en route pour une mise en orbite. Il n’est pas prêt de revenir. A la rupture du baiser, tu restes figée un instant, hypnotisée par le ballet et surtout, sa beauté. « Me changer d’abord. » Avec ta tenue actuelle, cuisiner est compliqué. Te déplacer l’est déjà. Tu dois être attentive à chacun de tes pas pour ne pas marcher sur le pan déchiré de ta robe. Il existe une autre motivation à ton choix. Tu vas découvrir sa chambre à priori. Tu ne vas te changer dans son salon ou sa cuisine. Tu as besoin d’un miroir pour te voir. Une part de toi anticipe peut-être la suite. Rien n’est garanti quant à votre retour dans ces pièces. Vous aurez peut-être mieux à savourer que ces aliments. Comme le fruit défendu par exemple. A moins que vous ne sautiez l’étape repas pour passer au massage. « Je veux ton pyjama le plus confortable. Et je veux aussi ta couronne ! » Tu n’as pas oublié. Ce genre d’info reste gravé dans ta mémoire. Tu es pressée de découvrir son attribut et de le mettre. Tu te demandes aussi à quoi va ressembler son pyjama. Il serait amusant qu’il soit comme le tien, en deux parties, longues, de couleur rose avec une énorme tête de nounours souriante en plein milieu du haut. Le plus important reste le contenu de ses vêtements. Ils vont porter son odeur. Tu n’as toujours pas quitté son gilet depuis votre arrivée. Il n’y a pourtant nulle fraîcheur dans son appartement. Tu dirais même qu’il s’y dégage une agréable chaleur. Davantage lorsqu’elle se trouve à proximité de toi. Ta température se règle en fonction de la distance qui vous sépare. Là, tu as chaud. Très chaud. « Tu m’emmènes dans ta chambre ? » Tu ponctues ta requête d’un baiser furtif sur ses lèvres. Tes doigts abandonnent son fessier pour ses doigts. Elle n’a plus qu’à te guider.