Je mange tout en terminant de rédiger un article pour le lendemain. Si d’habitude, mes repas étaient plus animés, souvent sur le canapé avec Knox à mes côtés, où nous discutions de tout et de rien, riant devant des trucs débiles à la télé, ces derniers jours il n’en ai rien. J’ai le moral au plus bas, l’idée que les fêtes approchent et que je me trouve seule dans cet appartement que mon meilleur ami à décider de quitter pour quelques temps ou définitivement me rend triste. Ajouté à ça d’autres raisons qui semblent s’accumuler ces derniers temps, j’en suis à un point de saturation extrême. Au point qu’après avoir fini mon article, je soupire. Mon regard se perd à droite, à gauche. Je décide alors de prendre mon petit sac à dos et quitter l’appartement au lieu de rester toute la soirée à tourner en rond.
Je prends ma voiture et conduit sans réelle destination prédéfinie. Pourtant, c’est vers Logan City que je me dirige. Inconsciemment, je prends la direction de la maison de mon père, revenue en septembre sur Brisbane et installé dans le quartier. Pourtant, une fois que ma voiture ralentit à hauteur de sa maison et bien que je sais que ma visite le ravira, je me résigne et je ne m’arrête pas. Parce que je ne m’en sens pas encore le courage, que je me dis que trop tôt. Et sûrement aussi parce que j’ai peur de m’habituer à cette présence alors qu’il peut très bien repartir de jour au lendemain. Les choses tendent à s’apaiser entre nous cependant, je suis moins fermée à l’idée de passer du temps avec lui. Mais ce soir, je ne m’en sens pas le courage. Alors je repars et étant donné qu’Adam, mon meilleur ami, habite aussi dans le quartier c’est donc la direction de sa maison que je prends maintenant. La maison semble cependant dénuée de toute présence. Je quitte alors le quartier résidentiel pour aller vers le centre plus animé. Je stationne ma voiture et décide de me balader le long de la Brisbane River.
C’est alors que je marche, perdue dans mes pensées que je reconnais une silhouette familière « Doherty ? ». Je m’approche alors de celui que je pense être Wren, et est bien la confirmation que je ne me trompe pas en arrivant à sa hauteur. « Qu’est-ce que tu fiches ici ? ». Je m’installe à ses côtés, sur un petit muret sur lequel il est assis. « Tu partages ? » je fais en faisant un signe de la tête vers la bouteille qui se trouve à ses côtés. « C’est quoi ton excuse à toi ? ».
Qu'est-ce qu'il faisait ici exactement? La question était excellente mais Wren n'en connaissait pas franchement la réponse. Il s'était perdu quelque part entre la première et la seconde bouteille sans savoir pourquoi il avait commencé à boire la première goutte. Il avait bien essayé de s'assagir, n'était-ce pas ce qu'il continuait à faire depuis bientôt une année entière? Ne pas se droguer, ne pas boire, ne pas en faire trop, sauf peut être avec les femmes parce qu'il ne pouvait pas tout arrêter totalement non plus. Pourquoi aujourd'hui alors? Pourquoi ainsi? Doherty n'était juste qu'un homme faible parmi tant d'autres, un homme qui ne savait pas tout à fait se diriger car il avait tout de même quelques ambitions: il y pensait depuis un moment maintenant, un restaurant, voilà ce qu'il voulait acquérir et surtout, faire vivre. Néanmoins, bon nombre de problèmes persistaient concernant sa réputation d'abord parce qu'il n'allait pas trouver l'argent de l'investissement aussi aisément qu'un individu lambda avec une vie bien rangée. En avoir conscience était une chose, trouver une solution une toute autre par contre et démuni, le suédois n'avait plus qu'à plonger dans les vices habituels, en souvenir du bon vieux temps. Ce genre de conneries lui seyaient bien alors qu'il s'asseyait délicatement sur un banc non loin de la rivière bordant la ville. Personne à l'horizon et le calme lui faisait du bien avant de se lancer dans d'épiques aventures où il envisageait d'ores et déjà de ne pas dormir dans son propre lit cette nuit-là. Wren n'avait pas encore fait le moindre plan cela dit, bien trop concentré sur sa bouteille qui descendait à vive allure. En avait-il une dernière dans son sac? Il vérifierait plus tard puisqu'il reconnut la silhouette de Mia, une amie de longue date, qui venait se poster à ses côtés. Un pur hasard? Sûrement, parce qu'il n'avait pas franchement pris beaucoup de ses nouvelles ces derniers jours, la vie allait bon train mine de rien. "Je pourrais te poser la même question, tiens. J'ai presque plus rien, regarde ça." Un fond de whisky, rien de réjouissant quand on avait déjà la tête à l'envers mais pas suffisamment pour oublier la moindre situation d'urgence d'une existence courante. Il tendit cependant la bouteille à la blonde, généreux au possible dans ses moments de grâce. "Depuis quand on a besoin d'une quelconque excuse pour boire? T'en trouvais pas à l'époque, si?" Ils en avaient fait des conneries tous les deux en étant plus jeunes mais ils étaient censés avoir grandi... Ou pas. "Donc ça veut dire que toi, t'en as une, du coup, c'est ça?" Elle s'était rangée, Mia, plus que lui en tout cas alors pourquoi s'abaisser à ce genre de pratiques sans intérêt? Le suédois le saurait peut être, si la jeune femme envisageait de se confier à quiconque ce jour-là.
Cela faisait en effet un petit moment que je n’avais pas vu Wren. Lui et moi nous connaissons depuis l’adolescence, se rencontrant dans ce groupe d’amis de fêtards, alcooliques et drogués. Une description qui fait rêver mais c’est de cette époque qu’est née notre amitié. A vrai dire, on s’est perdu de vue quand j’ai décidé d’arrêter les conneries mais, il y a maintenant un peu plus de trois ans, nous nous sommes recroisés alors qu’il travaillait au DBD. Nous avons rattrapé un peu le temps perdu en se racontant nos vies respectives. Venant souvent dans le café où il travaille, nous avons donc renoué contact sur du long terme, et depuis, c’était devenu un véritable ami. Je me souviens encore de son appel à l’aide, qu’il aurait sûrement préféré ne pas faire, lorsqu’il avait failli replonger dans cette ruelle de Fortitude Valley. Il avait été odieux avec moi et pourtant, je lui ai sûrement épargné de renouer avec ses anciens démons, lui qui a eu tant de mal à s’en défaire. Ces derniers mois cependant, nous nous sommes recroisés rapidement, sans vraiment prendre le temps de parler plus que ça. Alors, lorsque je le vois sur ce banc, seul, et visiblement entrain de boire, je me dis qu’il doit lui aussi avoir bien des tracas pour se trouver là. « Je pourrais te poser la même question, tiens. J’ai presque plus rien, regarde ça ». Il a bien entamé sa bouteille de whisky qui est pratiquement vide. « T’es pas cool, t’aurai pu m’attendre. Préviens la prochaine fois que tu fais une fête sur un banc ». Je souris puis vient m’installer à ses côtés alors qu’il me tend la bouteille. Je regarde celle-ci d’un peu plus près et, avec le peu qu’il reste, c’est certain que ça ne fera pas digérer tous mes problèmes. J’hausse les épaules et en boit quand même le contenu « Depuis quand on a besoin d’une quelconque excuse pour boire ? T’en trouvais pas à l’époque, si ? ». Je réfléchis quelques secondes, restant silencieuse, avant de sourire « Pas faux… Enfin, si au fond, il y avait quand même une raison. Pour faire enrager ma mère. Mais bon, dans la grande majorité des cas Doherty, tu te torche une bouteille à toi tout seul dans le but d’oublier. Donc si tu as quelque chose à oublier, c’est qu’il y a bien une raison qui te pousse à le faire. ». Je l’interroge alors du regard, peut-être insistant pour qu’il m’en dise plus. Même si je sais que Wren n’est pas du tout du genre à se confier. Sur ce point, il était comme Pete ou encore Knox. « Donc ça veut dire que toi, t’en as une, du coup, c’est ça ? ». Je soupire, reportant mon regard sur la Brisbane River où je suis du regard le ferry qui traverse d’une rive à l’autre. Je termine la dernière goutte de la bouteille d’alcool généreusement partagée par Wren. Je la retourne, la secouant, comme pour être certaine qu’elle est bien vide « T’en a pas une autre ? ». Je grimace avant de la déposer entre nous sur le banc « Si y’en avais qu’une. Mais… Je dirais rien si tu dis rien. Enfin, finalement, ça peut être un bon compromis aussi ». Un mince sourire apparait alors sur mes lèvres.
Avec tout ce qu'il avait bu, il était inévitable que Wren perde pied. S'il se levait à cet instant précis, le misérable suédois ne ferait que chanceler, pathétique n'est ce pas? Pourtant, il n'avait rien de spécial en tête. En fait, c'était bel et bien cela, le problème, Wren n'avait aucune raison de partir en vrille. Il avait une vie plus ou moins rangée: il était barman et personne ne venait l'enquiquiner, il habitait avec Gabriel et la patience de l'irlandais envers lui n'était plus à prouver, il couchait de temps en temps et ne conservait aucune attache avec ses conquêtes, non, vraiment, tout n'était que perfection dans sa vie. Pourquoi s'ennuyait-il ainsi, alors? L'adrénaline, voilà ce qui lui manquait parce que Wren était un accro du danger, il ne pouvait pas s'amuser s'il ne se mettait pas un minimum en danger, voilà ce qui lui causait de nombreux soucis depuis qu'il avait dû arrêter l'héroïne et les feux de forêts. Il ne retrouvait cette sensation nulle part ailleurs et ce n'était certainement pas en servant quelques cocktails derrière un comptoir qu'il pourrait libérer des hormones de plaisir. Alors, il devait boire, faire en sorte de s'empêcher de retrouver d'anciens démons et comme il était seul sur ce banc, la mission était relativement simple à réaliser. Seul problème dans l'équation: il n'avait absolument pas prévu de finir la bouteille aussi vite et puis, Mia s'emparait de la fin de toute manière et bientôt, le whisky ne serait qu'un fort triste souvenir. "J'ai oublié mon téléphone, je pouvais pas t'inviter. Enfin, si, en pigeon voyageur, c'est pas ce qui manque dans ce foutu parc." Il n'y avait même que ces bestioles autour de Wren depuis deux bonnes heures: il aurait bien envisagé de mettre un ou deux coups de pieds pour leur demander de disparaître mais pour cela, il aurait fallu se lever et la flemme était persistante. De toute façon, maintenant, le suédois avait d'autres chats à fouetter, parce que Mia l'interrogeait et qu'il ne pouvait même pas lui donner une réponse claire et sans équivoque. "Est-ce que se faire chier, mais du genre, atrocement, est une raison valable à tes yeux ou pas? Parce que je t'assure que j'ai pas mieux en stock... Voyons pour toi, plutôt." Il n'avait rien à raconter, strictement pas une once d'adrénaline, rien de joyeux ou de neuf à déballer mais il sentait, Wren, que ce n'était pas la même rengaine du côté de son amie. "S'il faut d'autre whisky, il y a toujours une solution... Mon bar est pas loin, j'ai la clé... Je dis ça, je dis rien, bien sûr." Il aurait dû être la voix de la raison au lieu d'être l'abruti qui entraînait McKullan dans la folie de l'alcool mais Wren n'avait jamais été sage. Ni franchement intelligent avec deux grammes d'alcool dans le sang.
Depuis quelques mois, ma vie était très mouvementée. Tout avait commencé par une rupture compliquée, puis le retour de mon père à Brisbane. S’en était suivi mon accident de surf où j’avais failli y passer. Après cela, j’avais mis fin à ma relation avec Adam, relation dont j’avais parlé à personne car j’étais tombée dans ses bras pour les mauvaises raisons. Nous nous étions un peu éloignés de ce fait. Et puis, un mois à rester cloitrer chez moi n’avait pas aidé non plus à aller bien, ruminant à longueur de temps, envoyant balader Knox qui était pourtant à mes petits soins. Puis avec Alec, malgré notre rupture, il y avait toujours cet attachement qui semblait réciproque. Pourtant, notre relation n’était pas envisageable, surtout après avoir découvert qui il était vraiment… Je ne pouvais pas accepter ses activités illégales et surtout la violence dont il avait fait preuve envers Geo m’avait fait découvrir une facette de lui que j’ignorais totalement. Une facette qui m’a déçu et qui m’avait même effrayée. Lors de notre dernière rencontre, nous avions décidé qu’il était préférable que l’on s’éloigne pour de bon, qu’on se détache l’un de l’autre. Mais malgré tout, cela restait difficile, surtout vu à quel point j’étais attaché à lui… Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que Knox retombe malade, qu’il refuse de se faire soigner et que du fait que je ne sois pas d’accord avec ses choix, il claque la porte de notre appartement. Les fêtes de Noël approchent et je n’ai concrètement aucun projet et c’est limite si je ne me contenterai pas à passer Noël sous ma couette. Parce que j’ai pas le goût à la fête de toute manière. Je n’ai même plus le goût à sortir pour me changer les idées dans un bar, comme je pouvais le faire il y encore de cela quelques mois. Alors, quand je croise Wren sur ce banc, avec cette bouteille de whisky pratiquement vide, je trouve une solution facile à mes problèmes : les noyer pour mieux les oublier « J’ai oublié mon téléphone, je pouvais pas t’inviter. Enfin, si, en pigeon voyageur, c’est pas ce qui manque dans ce foutu parc ». Je regarde autour de nous, c’est vrai que malgré l’heure tardive, les bestioles en question sont nombreuses « Ouais, tu aurais pu m’envoyer Norbert, mon ami depuis toujours », je fais en lui montrant un des pigeons « Bon il a tendance à se perdre un peu mais il reste quand même efficace. Puis il prend pas très cher pour ses services ». Je me marre alors observant cette bouteille de whisky qu’il me donne. J’interroge alors Wren sur ses véritables intentions, pourquoi se trouve-t-il là, sur ce banc, à boire, seul, en ce début de soirée bien entamé. Surtout que la bouteille qu’il m’a généreusement donnée s’est bien vidé, le fond restant montrant bien qu’il avait clairement besoin de boire. Comme toujours, je n’obtiens pas d’explications claires de sa part, il prétend ne pas en avoir, mais j’insiste. « Est-ce que se faire chier, mais du genre, atrocement, est une raison valable à tes yeux ou pas ? Parce que je t’assure que j’ai pas mieux en stock… Voyons pour toi, plutôt ». Je pose mon regard sur lui, pivotant légèrement pour mieux lui faire face « Ca dépend. Qu’est-ce que tu entends par te faire chier ? Genre c’est passager juste ce soir ou genre au quotidien ? Parce que dans le premier cas c’est un peu pathétique, dans le deuxième, ça peut se comprendre ». Je n’ai jamais eu ma langue dans ma poche et ça Wren le sait parfaitement. « Moi ? Finalement, je crois que j’aimerai bien me faire chier un peu » Je ris doucement avant de redevenir un peu plus sérieuse « En vrai, la raison qui m’a poussé surtout à sortir ce soir, c’est parce que l’appart parait vide sans Knox… Il s’est barré ». Un air plus triste s’affiche sur mon visage mais inquiet aussi pour mon meilleur ami, malgré cette violente dispute, ses mots durs qu’il a eu envers moi. « S’il faut d’autres whisky, il y a toujours une solution… Mon bar est pas loin, j’ai la clé… je dis ça, je dis rien, bien sûr ». Un sourcil s’arque alors que je le regarde « Et tu risques pas d’avoir des problèmes en faisant ça Doherty ? ». Je marque une pause, gardant cet air sérieux avant d’ajouter « Cela dit, c’est tentant. Mais… pas raisonnable et surement pas très légal ».
Il aurait pu perdre pied, se rendre sur les lieux de tous les crimes, quelque part dans les ruelles désertes de la ville pour aller quérir la précieuse dose mais Wren ne flancha pas. Cela arriverait certainement, un autre jour, lorsque la morosité prendrait le pas sur tout le reste, que son reste de discernement se laisserait dévorer pour ne plus revenir avant la fin. Doherty, pour l'heure, campait sur ses deux jambes, à ne rien faire sur un banc, sauf attendre que des événements lui tombent dessus. Il en était presque rendu à regretter l'époque où il se prenait de bonnes raclées de la part de son père car, au moins, c'était une petite animation au coeur de cette existence qui avait perdu tout son sens depuis un moment déjà. Pauvre de lui, le Doherty, qui ne savait pas ce que sa carcasse allait bien pouvoir devenir. Il n'avait vraiment aucun réel but, si ce n'était continuer à se bousiller lentement depuis que Maze avait marché sur son coeur alors que deux années s'étaient écoulées bientôt depuis cet instant là. Il était faible, c'était la pire réalisation qu'il pouvait se faire, Wren, mais il avait conscience qu'il passait à côté de l'essentiel sans qu'il n'arrive à réellement définir ce qu'il était. Bientôt, la vérité viendrait à lui mais en attendant, il avait une compagne de choix en cette bouteille de whisky, rejointe quelques minutes plus tard par Mia. Les deux amis ne s'étaient pas vus depuis quelques temps, la vie avait sûrement rattrapé cette dernière alors que le grand suédois n'avait rien de plus à faire de son côté mais il était clairement heureux de la croiser maintenant, peu importe son état du moment. Il souriait d'ailleurs alors que la bouteille était vide, McKullan l'interrogeant à nouveau sur le sens de ce dérapage. "C'est quotidien, Mia. C'est un putain de vide constant, j'en peux plus. J'ai juste envie de me piquer les veines pour ressentir quelque chose, me prendre un camion en pleine gueule ou j'en sais rien, juste histoire de ressentir dix secondes d'adrénaline, tu vois." L'appel était désespéré mais c'était un besoin réel qu'avait Wren depuis des semaines déjà. Il n'avait jamais été de ceux qui se contentaient du trou noir, il avait besoin de vie, de délires, de mauvais choix, de sa tête qui vrillait dans tous les sens et de son coeur qui fuitait sans qu'il ne puisse rien contrôler. Mia, elle, vivait apparemment beaucoup trop de choses et Wren n'en avait strictement rien su, il l'écouta donc, attentivement, le temps de trouver la réponse la plus adéquate en vue de la situation. "Pourquoi Knox s'est barré exactement? Y a pas que ça, hein?" La blonde en avait l'air d'en avoir gros sur la patate à l'heure actuelle, Wren pouvait le lire dans ses yeux alors autant initier une bonne tranche d'amusement, c'était même capital pour leur survie respective. "Si je me fais pas choper, non et puis, eh... On est Mia et Wren, oui ou non? On s'en fout de ce qu'est légal. Amène toi." Il aurait probablement dû se raisonner avant de l'entraîner à travers la rue pour aller ouvrir la jolie cave de son bar. Voilà qu'il entra et courut vite vers le coin des bonnes bouteilles, en montrant quelques unes à Mia pour qu'elle choisisse ses préférences. "Et puis, on se restreins pas, hein. On en a besoin, non? Ce soir, c'est que du fun et aucune limite, allez!" Autant dire que tout pouvait arriver, l'enfer étant plus proche d'eux que le paradis en règle générale.
« C’est quotidien, Mia. C’est un putain de vide constant, j’en peux plus. J’ai juste envie de me piquer les veines pour ressentir quelque chose, me prendre un camion en pleine gueule ou j’en sais rien, juste histoire de ressentir dix secondes d’adrénaline ». Mon regard se pose sur lui à la seconde où il parle de replonger. D’être capable de replonger juste pour que sa vie devienne palpitante. Or, je me souviens très bien de la bataille qu’il a mené pour s’en sortir, pour se sevrer de cette addiction à l’aiguille qu’il avait, qu’il l’a mené plus bas que terre. Je me souviens aussi de cette fois-là, dans cette ruelle que nous connaissions que trop bien, de nos souvenirs d’adolescents, où il a failli replonger. Où il m’a appelé pour lui éviter de faire cette erreur. Il a été odieux à mon égard et pourtant, je n’ai pas flanché et je suis restée jusqu’à le ramener chez moi pour être certaine qu’il ne ferait pas de connerie qu’il regretterait dès le lendemain matin. Ce soir, sur ce banc à ses côtés, j’ai l’impression de tomber à point nommé quand il me dit cela. Parce que je peux comprendre son état d’esprit, son manque d’adrénaline. Mais je ne le laisserai pas retrouver ses vieux démons, qui finiront par avoir raison de lui « Ce n’est pas la solution Wren, tu le sais ». Je lance alors sur un ton un peu plus sérieux et concerné « Je comprends que tu ais besoin de retrouver un sens à ta vie peut-être… Mais, tu ne peux pas en arriver à ce point… Pas de nouveau ». Mon regard est inquiet, je n’ai pas envie de le voir sombrer lui aussi. « Et je veux que les jours où tu penses à tout ça, tu me promettes que tu m’appelleras. On peut se trouver plein de trucs fun à faire pour te donner l’adrénaline qui te manque tant ». Je souris alors, un de ces sourires qui se veulent réconfortant. J’ai toujours été inquiète pour mes amis, et encore plus ceux qui me sont proches. Tout comme je le suis actuellement pour Knox, dont sa maladie lui est retombée dessus sans crier gare. Un diagnostic qui a été dur à avaler, et encore plus quand mon meilleur ami refuse de se faire soigner… « Pourquoi Knox s’est barré exactement ? Y’a pas que ça, hein ? ». Je baisse le regard au sol, fixant ce caillou qui scintille avec la lumière du lampadaire non loin de là « Il a de nouveau sa leucémie… Et il refuse de se faire soigner. Je ne suis pas d’accord et je lui ai clairement dit, on s’est disputé à cause de ça… Et comme je n’accepte pas son choix, il a décidé de partir de notre appart. Mais j’ai peur Wren… Peur de le perdre définitivement, qu’il ne s’en sorte pas cette fois, surtout en refusant le traitement... ». Knox et moi avons été élevé ensemble et il est comme un frère pour moi. Nous avons toujours été proche, à un point où jamais nous avons eu de grosses disputes au point de nous éloigner. Là, j’avais l’impression de le perdre et encore plus en le sachant malade. Mes yeux s’humidifient en parlant de Knox mais ma main vient les essuyer d’un revers, ne voulant pas craquer « Mais oui, y’a d’autres trucs, mais à côté de ça, c’est bien secondaire ». Je fais en haussant les épaules.
La bouteille d’alcool qu’il avait est déjà terminé, et vu notre état d’esprit respectifs, une autre bouteille d’alcool ne serait pas de trop. Alors Wren propose de se rendre dans le bar dans lequel il travaille pour trouver ce réconfort. J’hésite, je n’ai pas envie qu’il ait des problèmes si on fait ça « Si je me fais pas choper, non et puis, eh… On est Mia et Wren, oui ou non ? On s’en fout de ce qu’est légal. Amène toi ». Je souris surtout quand il me replonge dans nos souvenirs de notre époque « rebelle ». Où Wren m’a initié a bien des vices, surtout celui de la drogue. Où je le suivais pour faire des conneries quand je n’avais plus toute ma tête. Ou que je l’avais mais que j’appréciais juste cette sensation de frôler le danger. « Oui, c’est vrai, soyons les Wren et Mia qui n’ont peur de rien pour ce soir ». Je ris doucement, et je décide de le suivre jusqu’à son lieu de travail. Il ouvre la porte du DBD, nous nous dirigeons vers la cave et il me montre les meilleures bouteilles. « Et puis, on se restreint pas, hein. On en a besoin, non ? Ce soir, c’est que du fun et aucune limite, allez ! ». Mon sourire est encore plus grand, je sais que ce n’est pas raisonnable, qu’il risque d’avoir des ennuis, moi aussi d’ailleurs. Mais finalement, je décide de me prêter au jeu. Car j’ai besoin de me changer les idées. Je m’approche alors, regardant les bouteilles en question « Alors si on ne se restreint pas, je dirais qu’on commence fort avec… » je tire une des bouteilles « du champagne ? ». Je l’agite un peu, pas trop et la tend à Wren pour qu’il l’ouvre. Je passe de l’autre côté du comptoir attrapant deux coupes « Ca fait longtemps que je ne suis pas passé derrière le comptoir, ça me rappelle mes années à la fac ».
Il méprisait cette sensation mais elle était bel et bien là, persistante et surtout dangereuse pour sa santé mentale. Un Wren qui s'ennuyait, c'était l'assurance que tout un tas d'emmerdes allaient tomber sur le reste de la ville. Il ne connaissait pas tellement la retenue ni la volonté: le suédois avait toujours eu besoin de relâcher la pression d'une manière ou d'une autre et la manière qu'il connaissait, c'était certainement la drogue parce qu'il ne se blessait que lui, il n'allait pas ruiner la vie des autres. Enfin, si on excluait celle de son entourage bien évidemment car Wren en faisait baver à ces quelques personnes qui arrivaient à le supporter même dans les pires moments. Il pouvait être si détestable, si mauvais avec son prochain et il l'avait prouvé tant de fois que c'était quelque peu choquant qu'il ait encore quelques amis sur qui compter en cas d'urgence. Mia faisait partie de cette liste d'individus, ceux qui possédaient une patience incarnée et qui s'inquiétaient pour ce grand dadais parfaitement idiot à tenir de tels propos. Pourtant, il ne manquait pas, c'était bel et bien ce qu'il avait sur le coeur et cette adrénaline, il en avait besoin comme de l'air qu'il respirait, il ne pourrait pas l'expliquer autrement que comme un besoin vital. Bien entendu, la blonde n'était pas prête à entendre cela, encore moins à le laisser faire. "Alors, je veux bien mais parfois, c'est juste incontrôlable... Et puis, dis moi quelle sorte d'adrénaline on peut avoir ensemble si y a pas de drogue ni d'alcool inclus?" Ils aimaient ce danger là plus qu'aucun autre et clairement, les deux amis n'avaient pas prouvé qu'ils étaient capables de se tenir à carreau la plupart du temps. Wren le savait et Mia devait s'en douter également mais il n'était pas l'heure de surenchérir sur la question. Surtout pas alors que le suédois apprenait la nouvelle pour un des amis de McKullan. "Et t'as essayé de lui demander pourquoi il refusait de se soigner? Il a peut être juste peur... En tout cas, je suis désolé et j'espère que ça s'arrangera." Que pouvait-il dire d'autre? Doherty était nul avec les discours, il n'avait jamais baigné dans les mots doux étant gamin et ce ne serait probablement pas aujourd'hui qu'il se découvrirait un talent sur la question. A la place, il se devait d'être le roi des idées lumineuses et aller cambrioler le bar où il travaillait avait l'air d'être le concept du siècle. Il allait clairement s'attirer des ennuis mais vu l'état dans lequel il était, Wren n'en était pas troublé en entrant au fond de la cave et montrant quelques bouteilles à sa camarade de jeu. Bien sûr, ils allaient détruire toutes les limites, celle du raisonnable en premier lieu et Wren était plus qu'enclin à cela. "Cent balles la bouteille, parfait, je nous sabre ça." Il sortit son couteau suisse et détruit le bout de la bouteille, versant le contenu qui ne finit pas par terre dans les deux verres que Mia venait de sortir du bar. "A la tienne, va! Tes années fac... Le moment où tu étais la sagesse incarnée, sans aucun doute." Douce ironie bien entendu alors que Wren s'avalait le verre d'une traite, rien n'allait bien finir mais il s'en fichait éperdument. L'adrénaline avant tout.
Depuis le départ de mon père à mes quinze ans, quelque chose avait été brisé au fond de moi, laissant place à une plaie béante qui ne voulait plus se refermer désormais. Alors, la solution que j’avais trouvé, peut-être en espérant que cela m’aiderait, avait été de mal tourner. D’avoir de mauvaises fréquentations, sortant avec un type de trois ans mon ainée, qui m’amenait dans des soirées peu recommandées, m’entraînant dans les méandres de vices que je n’aurai jamais cru possible d’atteindre. Alcool, drogues, tout ça aurait pu avoir raison de moi, le soir où j’ai fait ce coma éthylique. Celui-ci a d’ailleurs été l’électrochoc dont j’ai eu besoin pour stopper net toutes ses conneries. Pourtant, je n’ai jamais cessé de toucher plus ou moins à tout ça, du moins à l’alcool et aux fêtes. Notamment durant ma vie étudiante où il y avait eu de nombreuses occasions où j’ai pu renouer avec l’alcool. Et puis, après ma rupture avec Lukas, c’est aussi la solution que j’ai trouvé, écumant de nombreuses soirées où en plus de terminer souvent dans un état limite, je trouvais aussi une compagnie plus que charmante avec laquelle finir la nuit. Une façon pour moi d’enfouir mes blessures, d’essayer de les panser pour quelques heures, et d’oublier tout ce mal-être existant, cette sensation de finir toujours abandonner par les personnes qu’elle aime… Chacun sa façon quand pour Wren, il s’agit de trouver un peu d’adrénaline dans sa vie « Alors, je veux bien mais parfois, c’est juste incontrôlable… Et puis, dis moi quelle sorte d’adrénaline on peut avoir ensemble si y a pas de drogue ni d’alcool inclus ? ». Je grimace un peu, haussant les épaules car il marque un point. Cela dit, je ne comptais pas le laisser s’enfoncer à nouveau, et donc je me triturerais le cerveau s’il le fallait pour lui trouver son adrénaline manquante « Un saut en parachute ? partir en road trip en stop et camper dans des endroits flippants ? ». Je marque une pause, amenant mon index sur ma bouche, montrant que je réfléchissais à d’autres idées « Se faire une journée à Dreamworld et faire tous les manèges à sensation possibles et inimaginables, et un nombre incalculable de fois jusqu’à que ça aille mieux ? J’en sais rien Wren mais on trouvera. Ne fais juste pas de trucs stupides s’il te plait ». j’en avais suffisamment assez avec Knox qui abandonné l’idée de se battre pour sa vie, je n’avais pas envie d’en avoir un autre qui allait foutre tout autant sa vie en l’air. « Et t’a essayé de lui demander pourquoi il refusait de se soigner ? Il a peut-être juste peur… En tout cas, je suis désolé et j’espère que ça s’arrangera ». C’était ce que j’entendais de la part de tout le monde ces derniers temps, dès que j’en parlais. Mais j’ai l’impression que cette fois un possible retour en arrière est juste impossible « Il ne veut pas revivre ce qu’il a vécu au début de son adolescence pendant deux ans. Il n’a plus envie d’être malade comme un chien, de ne plus avoir de vie le temps de subir son traitement… qui peut marcher comme ne pas être efficace ». Je soupire alors, mon regard s’attristant davantage alors que je shoote dans un caillou non loin de mon pied droit. Je pouvais comprendre son point de vue, mais je ne pouvais me résigner à l’accepter et surtout me dire que ce choix là se terminerait de manière tragique.
Wren propose un peu d’adrénaline que je ne refuse pas, nous rendant dans le café/bar dans lequel il travaille pour aller siffler quelques bouteilles. Une fois sur place, nous nous dirigeons vers la cave qui ne manque pas de bouteilles de tout genre. Mon choix se porte alors sur une bouteille de champagne « Cent balles la bouteille, parfait, je nous sabre ça ». Je lui donne la bouteille qu’il saisit et sort un couteau pour l’ouvrir. « Quelle classe, on voit l’expérience ». je lui tire la langue alors que je nous sors deux verres dans lesquels il verse le précieux liquide « A la tienne, va ! Tes années fac… Le moment où tu étais la sagesse incarnée, sans aucun doute ». Mes sourcils se haussent, non sans un sourire amusé au bout des lèvres « Je l’ai toujours été ». Je me marre alors, portant mon verre à mes lèvres pour en boire une bonne gorgée « Bon, du coup, si ta vie est tant un calme plat que ça, je suppose que tu n’as pas rencontré encore l’amour de ta vie ? Où alors tu es dans une relation mais c’est le calme plat de chez plat et tu ne m’as rien dit ? ». Je contourne le bar et vient prendre place sur un des tabourets lui faisant face.
Il ne voulait pas paraître aussi désespéré, surtout devant une de ses meilleures amies de longue date alors qu'elle n'avait apparemment pas besoin d'un autre éclopé au beau milieu de son existence. Est-ce que Wren y pouvait quelque chose cela dit? Il exposait tout simplement ce qu'il ressentait, ce qui avait toujours été là au fond de son coeur au cours des deux ans qui venaient de passer et qu'importe ce qu'il tentait de faire pour se sortir de cette spirale, le grand homme avait juste envie de céder. Encore et encore. Bien sûr, se lancer dans la consommation de drogues ou d'alcool, il n'y avait rien de plus facile: les vendeurs étaient partout et toujours présents pour vous tenter aux pires moments de votre vie, Wren n'était qu'un faible parmi tant d'autres. Il s'en voulait néanmoins d'être ainsi quand sa mère aurait certainement voulu autre chose de lui. Combien de fois l'avait-il déçue? Trop pour qu'il puisse véritablement compter à l'heure actuelle. Doherty ne le faisait plus depuis qu'il avait arrêté de lui rendre visite, se refusant à se faire plus de mal que ce qu'il continuait de subir depuis une bonne année. Pauvre Wren Doherty, pauvre homme perdu dans sa démence et voilà qu'il ne contrôlait plus ses mots, face à une Mia qui lui proposait déjà de multiples portes de sortie. Est-ce que la moindre de ses propositions pouvaient aider Wren à se sentir plus à l'aise dans sa propre existence? Probablement pas, il était simplement en train de perdre totalement pied et il n'y avait plus lieu de se réjouir quand sa seule perspective était de se rendre à Dreamworld pour faire des manèges à sensation. L'ennui ultime. "C'est pas mon délire, tout ça. J'aime que la défonce, ma pauvre Mia." Et c'était vrai, entre autres. Il aimait le feu également mais de cela, il n'en parlait jamais à quiconque, même pas à ces personnes présentes dans sa vie depuis très longtemps. Wren avait tellement honte de cette partie de lui qu'il ne se sentait pas le moins du monde apte à y penser. Non, ne rien faire, se concentrer plutôt sur les malheurs de Mia, sur l'amitié qu'elle était en train de perdre auprès de Knox alors qu'ils avaient sûrement besoin d'être plus proches l'un de l'autre que jamais. Doherty ne pouvait pas comprendre une telle réaction et il haussa les épaules en offrant un sourire compatissant à McKullan. C'était mieux s'ils agissaient plus qu'ils ne parlaient à l'heure actuelle, direction le bar. Bien vite, des bouteilles étaient de sorties et ce fut le champagne qui fut choisi en introduction, très bon choix soit dit en passant. Wren sortit les coupes avec une dextérité qui prouvait qu'il avait bien été barman pendant un long moment maintenant... Mais plus pour longtemps. Il trinqua avec Mia, la laissant le questionner, comme s'il était dans l'état de répondre à la moindre interrogation à l'heure actuelle. "Toi, toujours? La blague, Mia, t'étais un petit démon à l'époque..." Il pouvait le dire, il la connaissait depuis tellement longtemps qu'il en connaissait un paquet sur ses vices et ses doutes. "Attends, t'es vraiment en train de me demander si j'ai quelqu'un? Tu sais que tu parles à Wren Doherty? Je couche juste, moi, je me maque plus, c'est que des emmerdes. Pourquoi tu me demandes ça? Toi, t'as quelqu'un et t'essaies de détourner la discussion, non?" Il se servit une deuxième coupe: si cela se trouvait, ils avaient un événement à fêter et Wren ne pouvait décemment pas passer à côté d'une telle chose.
Je sais que mes propositions, que mes idées pour avoir un peu d’adrénaline dans sa vie sont ridicules. Surtout quand on connait le Doherty depuis tant d’années, qu’on sait que ses plaisirs à lui sont bien ailleurs qu’un stupide tour de manège à sensation. Même si mes idées sont saugrenues, j’essaye en réalité de lui montrer que je ferais tout pour ne pas qu’il replonge dans ses vieux travers, dans ses vieux démons, pour être certaine qu’il ne retombe pas dans ce gouffre dans lequel il est resté bien longtemps. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir un Wren complètement anéanti, complètement perdu devant moi. Je l’avais que très rarement vu dans cet état, du moins sobre. A un point om il semble désemparé, qu’il ne sait plus quel sens donner à sa vie. Cela arrivait à tout le monde, il n’est pas le premier, il ne serait pas le dernier. Mais j’ai l’impression qu’il est quand même au bord du gouffre, au point où il souhaite que des choses horribles puissent lui arriver rien que pour retrouver un peu le goût à la vie, trouver une bonne raison d’être vivant. « C’est pas mon délire, tout ça. J’aime que la défonce, ma pauvre Mia ». Mes sourcils se froncent alors, un air inquiet apparaissant sur mon visage parce que je ne sais que lui dire de plus. Pourtant, je n’ai pas envie de le laisser en plan, de me sentir incapable de l’aider, du moins de ne pas essayer. Je ne réponds rien mais je ne partirai pas de ce banc pour autant. Nous parlons alors de ma dispute avec Knox, le sourire compatissant que Wren m’adresse me fait apparaitre un mince sourire aussi, même si ma mine est toujours triste.
Il propose alors qu’on prenne la direction du café dans lequel il travaille, dans lequel on trouve alors une mine d’or de réserve de bouteilles. Parce qu’autant lui que moi avons besoin de boire pour oublier que notre existence est juste à chier actuellement et qu’il est plus facile de noyer cette réalité bien dure à affronter dans l’alcool. Un comportement pas très responsable, nous le savions pertinemment tous les deux. Cependant, nous avions envie ce soir de replonger dans cette insouciance qui nous habitait lorsque nous étions adolescents. Lorsque notre seul souci était d’emmerder nos parents ou de prouver à nous ou aux autres de quoi nous étions capables. Ce n’est évidemment pas le cas ce soir, le seul but est juste d’oublier. Tout oublier. C’est une bouteille de champagne qui commencera par faire notre bonheur. Le verre entre les mains, je prétends avoir toujours été d’une sagesse irréprochable ce qui ne manque pas de faire rire mon ami de longue date « Toi, toujours ? La blague, Mia, t’étais un petit démon à l’époque… ». A ça, je ris doucement après avoir pris une gorgée de champagne « La faute à qui ? J’étais une pauvre gamine innocente qui s’est complètement laissée influencer par des personnes peu recommandables ». Je prends un air un peu hautain et surtout faussement innocent alors qu’un sourire amusé se dessine au coin de mes lèvres. Cette période de ma vie n’est pas celle dont je suis le plus fière. C’est limite une période que je préfère oublier, sur laquelle j’ai envie de tirer un trait parce qu’elle me rappelle le départ de mon père et ce qui en a découlé derrière. Ses choix stupides que j’ai pu faire, qui ont failli me coûter la vie. Pourtant, une part de moi, et c’est celle-ci qui est devant Wren ce soir, sourit en y repensant parce que c’est aussi à cette période que j’ai fait la connaissance de personnes avec qui désormais j’avais un lien particulier. Wren en faisait partie et je ne le regrettais pas. Je lance alors la discussion sur la vie sentimentale de Doherty « Attends, t’es vraiment en train de me demander si j’ai quelqu’un ? Tu sais que tu parles à Wren Doherty ? Je couche juste, moi, je me maque plus, c’est que des emmerdes. Pourquoi tu me demandes ça ? Toi, t’as quelqu’un et t’essaies de détourner la discussion, non ? ». Je pouffe de rire, levant mon verre que finalement, j’apporte à mes lèvres pour en finir le contenu avant de l’agiter doucement vers Wren pour qu’il me resserve aussi « Tu as raison, c’est que des emmerdes. Je devrai sérieusement envisager de reprendre ce mode de vie, celui où je sortais juste, me trouver un mec pour la nuit et basta ». Je ris mais finalement, mon rire sonne faux « Pff tu sais quoi ? Même en faisant ça, il a fallu que je m’entiche d’un mec. Du coup, tu as devant toi l’éternelle Mia McKullan, naïve et stupidement attachée à un mec qui n’en vaut pas la peine ». J’apporte à nouveau cette coupe à mes lèvres, me levant du tabouret, car ne tenant plus en place en évoquant un sujet qui, évidemment, me faisait aussi du mal. Parce que le mec en question en valait tout de même la peine… au fond. « Rassure moi Doherty, tu me mens en partie. Tu as bien une nana qui t’a tapé dans l’œil et que tu as quand même dans le coin de ta tête ? Non ? ». Cherchais-je à me rassurer ? Peut-être un peu.
Apparemment, Wren gardait une certaine détresse ancrée en lui alors qu'il faisait toujours tout pour la dissimuler jusque là. Peut être était-ce dû à la présence de Mia, une amie de confiance qui le suivait depuis bien des années maintenant et qui l'avait vu dans des états atroces. La réciproque était vraie et les deux amis avaient toujours été présents l'un pour l'autre, il en serait probablement de même ce jour-là. Doherty avait juste besoin de souffler un peu, il reprendrait les bonnes habitudes le lendemain, essayant de ne pas mettre son nez dans de la poudre blanche dès que McKullan lui aurait tourné le dos. Tout s'arrangerait, il n'y avait que cette option possible, surtout après ce qu'ils avaient traversé tous les deux, les tragédies faisant définitivement partie de leur quotidien, quoiqu'ils en disent. Le bar les attendait et Wren y préférait largement l'ambiance à celle qu'il avait dû écouter durant une bonne heure au fond du parc. Il n'avait plus envie du silence ou du piaillement des oiseaux, le grand homme voulait de l'action. Que quelque chose, enfin, se passe. Quoi de mieux pour cela que de réunir Mia, Wren et des centaines de bouteilles d'alcool? C'était clairement la recette parfaite pour que l'adrénaline demeure au rendez-vous et que la fin de journée se déroule sous de meilleures auspices que le début qui venait de s'écouler. Le suédois se mit à rire après la remarque de sa compagne d'infortune, comme quoi elle conservait la version des faits qui l'arrangeait le plus, il aurait certainement fait la même chose à sa place d'ailleurs. "Je sens que tu veux parler de moi mais que t'oses pas... Moi, je trouve que t'étais déjà un petit démon avant de me rencontrer, je t'ai juste libéré du poids de la sagesse, disons. Remercie moi, Mimi." Il était rare d'entendre Wren oser un surnom ou deux mais ils avaient tant partagé par le passé que cela ne devenait plus aussi choquant en compagnie de la blonde. Et puis, il avait déjà bien bu, ce qui rajoutait un aspect logique à sa familiarité. Allait-il pourtant parler de tout avec son amie? Encore fallait-il qu'il ait des choses à dire car, en réalité, les questionnements de Mia ne pouvaient que rester sans réponse, elle parlait à Wren Doherty tout de même. "Je t'y encourage, tu sais. Rien de plus simple qu'une baise et basta. Le plaisir simple." Celui qu'il aimait parce qu'il n'y avait ni attache ni sentiment et par conséquent, aucune douleur. Le deuxième verre lui procurerait la même sensation, Wren en était persuadé, du moins jusqu'à ce que Mia lui balance une bombe avec une certaine nonchalance. "Quel mec qui en vaut pas la peine? Il va me falloir des détails là, tu peux pas me dire ça et changer de discussion!" Autrement dit, parler de lui. Wren n'avait pas grand chose à dire, si? Non, vraiment rien, rien du tout. C'était pour cette raison qu'une certaine brune lui traversa l'esprit à l'instant précis mais c'était l'alcool qui le faisait dérailler, point barre, il n'y avait absolument rien de caché derrière cela bien entendu. "J'aime pas avoir des nanas dans le coin de ma tête. La dernière fois que c'est arrivé, la nana m'a laissé en plan alors que j'allais lui avouer mes sentiments, tout ça parce que je lui avais pas raconté pour ma famille. C'est trop chiant, c'est de la merde l'amour alors, non, j'en veux pas. Je vais vivre par procuration à travers toi, c'est beaucoup mieux, va." Il n'allait plus parler de Maze, il avait eu trop mal. Et il n'allait pas non plus penser à Deborah parce que ce n'était rien du tout, pour sûr. Non, il allait plutôt servir un autre verre à Mia et attendre le verdict. "Et après, on fera des défis à la con, un truc pour s'amuser, ça c'est une super idée." De quoi oublier la cocaïne, et tout ce qui n'allait pas rond. Beaucoup de choses, en somme.
J’apprécie aussi cette nouvelle ambiance, celle où finalement autant Wren que moi laissons derrière nous nos soucis du quotidien pour profiter d’une soirée entre amis sans prise de tête. Ces derniers temps, je ressentais de plus en plus le besoin d’avoir des moments de la sorte. Des moments où je pouvais totalement lâchée prise. Car le vide et le silence de mon appartement me pesait grandement, bien plus peut-être que je ne voulais l’avouer ou me l’avouer. Je pourrais en effet allait me réfugier chez des amis. Mais ce soir, je n’en avais pas le goût peut-être parce que je n’avais pas envie de parler de tout ce qui me tracassait, encore. Une soirée comme celle que nous nous apprêtions de passer avec Wren, en revanche, me semblait être un excellent compromis où notre seule préoccupation était de choisir les meilleures bouteilles pour le plaisir de nos papilles… et de notre esprit qui s’embrumerait au fur et à mesure, nous éloignant davantage de nos tracas. Alors, on ouvre cette bouteille de champagne, la première coupe descendant très rapidement alors que nous ressassons le passé « Je sens que tu veux parler de moi mais que t’oses pas… Moi, je trouve que t’étais déjà un petit démon avant de me rencontrer, je t’ai juste libéré du poids de la sagesse, disons. Remercie-moi, Mimi ». A ce surnom, je ris de bon cœur, tellement peu commun chez lui d’en donner mais aussi parce que ça sonne ridicule dans sa bouche. « Bien sûr que je veux parler de toi, et je t’accuse ouvertement ! Tu es bien celui qui m’a foutu le nez dedans non ? Sans mauvais jeu de mot ». je fais, accompagné d’un clin d’œil « Mais… ne t’attribue non plus tous les mérites, ta tête risque de rester coincé en sortant d’ici, ce serait dommage de te faire choper ». Je lève mon verre et en bois une gorgée, non sans un sourire moqueur au bout des lèvres. Peut-être que oui, finalement, il avait réveillé en moi, comme toutes les autres fréquentations que j’ai eu à l’époque, une part d’ombre qui ne m’avait jamais vraiment quitté depuis. Mais pour moi, c’était surtout mon père qui en était à l’origine et mes mauvaises fréquentations que des conséquences de son départ, de son abandon… Ces abandons répétitifs, notamment après une rupture compliquée trois ans plus tôt, m’ont fait aussi adopter une autre façon de vivre : ne plus me prendre la tête et profiter. Mais ces derniers temps, je n’applique plus vraiment ce « credo » … « Je t’y encourage, tu sais. Rien de plus simple qu’une baise et basta. Le plaisir simple ». Je me contente d’hocher la tête, l’air un peu dépitée car clairement, je préférerais ne pas me prendre la tête parfois… Pourtant, je me rendais compte aussi que ce mode de vie là, que j’avais adopté pendant presque trois ans, ne me convenait peut-être plus et que j’aspirais tout simplement à autre chose. « Quel mec qui en vaut pas la peine ? Il va me falloir des détails là, tu peux pas me dire ça et changer de discussion ! ». Mes yeux roulent dans leur orbite « Le plan ce n’était pas de se changer les idées quand tu m’as amené ici ? Non parce que, auquel cas, je pars me caler sous un plaid chez moi, à m’empiffrer de glace avec un film niais, ce sera pareil ». Evidemment, je pourrais lui en parler, lui parler de cet homme, cet Alec à qui je tiens et pourtant avec qui je ne pourrais jamais construire quelque chose du fait de son appartenance à une organisation criminelle, une chose que je serai incapable d’accepter… Mais je n’en ai pas l’envie ni la force alors je contourne le sujet. Et ça passe par lui poser la question en retour de son éventuelle vie sentimentale « J’aime pas avoir des nanas dans le coin de ma tête. La dernière fois que c’est arrivé, la nana m’a laissé en plan alors que j’allais lui avouer mes sentiments, tout ça parce que je lui avais pas raconté pour ma famille. C’est trop chiant, c’est de la merde l’amour alors, non, j’en veux pas. Je vais vivre par procuration à travers toi, c’est beaucoup mieux, va. Et après, on fera des défis à la con, un truc pour s’amuser, ça c’est une super idée ». Et là un rire s’échappe à nouveau « C’est raté mon pauvre, si tu comptes suivre une histoire à l’eau de rose avec ma vie sentimentale à moi, t’es mal barré. Trouve-toi quelqu’un d’autre pour ça ». Je prends une gorgée de champagne avant d’ajouter « Elle a rien compris, cette nana. Parce que ta famille ne définit pas qui tu es » je dis en haussant les épaules. C’est comme si on m’accusait moi-même que je puisse être comme mon père, capable d’abandonner les gens que j’aime du jour au lendemain. Absurde.
Sa proposition en tout cas de défis m’enchantent grandement. Je passe alors derrière le comptoir, sortant deux nouveaux verres « Celui qui lance le verre le plus loin à gagner. Mais attention, il ne doit pas tomber du comptoir, ça va de soi ».
Tout était toujours si simple en compagnie de Mia, conséquence directes de tous les méfaits qu'ils avaient accomplis ensemble depuis leur rencontre à l'adolescence. Il était évident que les deux jeunes gens avaient énormément partagé, plus souvent le mauvais que le bon d'ailleurs mais c'était aussi ce qui les avait rapprochés, deux adolescents en manque d'attention, deux adolescents qui cherchaient à se sentir vivants dans un monde définitivement morne. Ils avaient bien grandi depuis ce temps-là et pourtant, l'un comme l'autre étaient encore happés par une once de désespoir de temps en temps et c'était apparemment le cas ce jour-là. Wren se sentait vidé de toute énergie, preuve que le manque d'adrénaline le rendait hagard et enclin à réaliser toutes sortes de mauvaises actions, juste pour pouvoir ressentir quelque chose. Il savait pourtant que l'idée était très mauvaise et qu'à nouveau, il allait entraîner une innocente Mia dans des troubles qu'elle ne méritait pas le moins du monde. La part sombre du Doherty, pourtant, n'avait pas l'air de s'en soucier en pénétrant par effraction dans le bar où il travaillait. S'il fallait mourir jeune, autant que ce fut avec panache, comme si la possibilité de perdre son travail ne lui faisait pas peur. Quel idiot il faisait, mais un idiot qui avait conservé sa ligne de conduite depuis sa rencontre avec la McKullan, elle qui le complimentait d'avoir été la principale raison de sa déroute dans le temps. Wren n'aurait pas dû en être fier, il n'aurait probablement pas dû lui faire un clin d'oeil alors qu'il le suppliait de faire attention à ses chevilles, peu d'appréhension à ce niveau du côté du suédois. "Tu le voulais bien, c'est sûr, donc je ne m'attribue rien du tout." Il n'avait fait qu'éveiller la partie plus sombre de Mia, acte qu'il avait l'habitude de réaliser chez les jeunes gens naïfs du lycée. Wren avait usé et abusé des faiblesses d'autrui, pour son business et surtout, son petit bien être et la jeune femme avait dû le payer à cette époque. Après cela néanmoins, Wren n'avait plus été responsable de ses défaites, Mia gérant très bien toute seule chaque mauvais choix qu'elle avait dû faire. Cette fois, on parlait de celui de Wren, lui qui servait les coupes de champagne, qui riait aux éclats alors que le licenciement flottait au dessus de sa tête. Il s'intéressait plutôt à la vie privée de McKullan à l'heure actuelle, apparemment désireux de connaître l'identité de l'homme qui la mettait sans dessus dessous, une réponse qu'il n'obtiendrait pas mais c'était à charge de revanche puisque lui non plus ne semblait pas en mesure d'en dire beaucoup sur ses relations amoureuses. "Tu m'en parleras quand t'en auras envie dans ce cas. Et non, je te rassure, je cherche pas de trucs à l'eau de rose, merdique ça. Et pour ce qui est de ma famille, je dois dire qu'elle avait pas tort." Peu de temps après, il avait mis le feu à une forêt, preuve que son patrimoine génétique définissait quelque peu ce qu'il était au final. Pour l'heure, pas question de ressasser, à la place, un défi était lancé et Wren était déjà sur les starting blocks, son verre à la main, prêt à le poser sur le comptoir. "On gagne quoi?" A part un verre gratuit de base, Wren ne voyait pas quel pourrait être la récompense mais il s'en fichait. L'adrénaline, voilà ce qu'il voulait et tout cela lui en fournirait sûrement, tant mieux.
Spoiler:
WIN: Wren envoie le verre tout au bord. SO CLOSE: Le verre ne tombe pas mais il y a encore de l'espace pour battre la performance de Wren. FAIL: Le verre tombe, c'est perdu d'avance.
LE DESTIN
l'omniscient
ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350
TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris.AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014