Wren n'était pas le premier à se confier, encore moins sur les nombreuses souffrances qui égrenaient sa vie. Il aurait aimé avoir de jolis moments à raconter, avouer à ses amis qu'il s'était trouvé et qu'il allait exactement où il le voulait mais le nordique aurait menti. Il était une âme damnée, sûrement depuis sa naissance et Wren se dirigeait lentement mais sûrement vers les enfers. Il n'y avait pas de rédemption pour les gens comme lui, si? Du moins, le suédois ne pensait pas le mériter, il préférait croire qu'il vivrait le pire et se laisserait simplement surprendre par le meilleur. Celui-là n'était pas encore arrivé et ce ne serait probablement pas ce soir-là qu'il pointerait le bout de son nez puisque le grand homme était prêt à se lancer dans les premières idées idiotes que lui proposerait Mia. Wren n'avait pas de volonté lorsqu'il s'agissait de faire le bien ou juste d'être une bonne influence sur autrui, il ne l'avait jamais été pour la jeune McKullan et il n'était apparemment même pas capable d'assumer sa culpabilité dans sa lente descente vers les abîmes alors qu'elle sortait à peine de l'adolescence. Pourtant, c'était bel et bien le suédois qui lui avait fait découvrir la drogue, surtout les méfaits qu'elle pouvait en retirer, et il aurait pu confesser qu'il le regrettait, ce n'était même pas le cas. Les deux amis n'auraient vraisemblablement pas été aussi proches si la dope ne les avait pas réunis à de nombreuses reprises par le passé. Wren devait donc accepter que toutes les emmerdes qu'ils créaient lorsqu'ils étaient ensemble se devait d'exister puisque sans elles, il n'y aurait pas de Mia et Wren. Il aimait ces moments, quoiqu'il en dise, hochant la tête par la négative à la question de la blonde car il était évident qu'il n'avait pas envie de parler de sa famille et de toutes les croyances qu'il avait sur le mal qu'elle engendrait sur le monde autour d'elle. Wren voulait se détendre, oublier et se concentrer sur ce fichu verre qu'il fallait déposer le plus loin possible, vers le rebord de l'autre côté du bar, un raté pour le suédois, il le voyait bien puisque Mia aurait toute la place d'aller plus loin avec un petit peu de doigté. La preuve, elle réussit l'épreuve sans y mettre trop d'efforts et Doherty resta dépité, preuve que même là, son ego ne pourrait pas obtenir une once de bonheur. "Bon, ton ego est flatté, pas le mien. Je suis impressionné constamment par toi, Mimi, tu le sais bien." Elle avait des talents qu'il n'avait pas de son côté, sûrement trop terre à terre et chiant pour développer le moindre attrait pour quoique ce fut de positif en réalité. "Fléchettes ou billard pour la suite? Tu choisis. Je nous sers un bon vin, là, ça va aider l'ego ça aussi." Ouvrir une autre bouteille, verser des verres et renverser aussi pas mal de contenu par terre, signe qu'il ne pourrait vraiment pas s'en sortir aisément au petit matin mais Wren s'en fichait. Vraiment, il se foutait de tout mais surtout de lui-même.

Il n'y avait probablement rien à gagner à traîner avec un Doherty, si ce n'était un lot d'ennuis supplémentaires mais Mia n'avait apparemment jamais eu froid aux yeux. Wren ne l'avait jamais effrayée, du moins pas assez pour qu'elle ose lui tourner le dos, même ce fameux soir où il avait joué de sa seringue juste devant elle. La blonde était restée ancrée sur ses deux pieds, à tout tenter pour le dissuader et quelque part, elle faisait partie de ces personnes qui avaient aidé Wren à revenir à lui. Bien entendu, le chemin avait tout de même été long, il avait encore fauté bon nombre de fois avant d'arrêter totalement l'héroïne mais aujourd'hui, il se trouvait sur une voie meilleure... Du moins, en théorie car en pratique, il se retrouvait plus ou moins à cambrioler le bar où il travaillait simplement parce qu'il était en manque d'adrénaline. On avait certainement connu mieux comme entrée en matière dans le monde des gens bien mais le suédois n'avait jamais vraiment voulu rentrer dans ce club très privé. S'il ne faisait pas le moindre acte idiot pendant quelques semaines d'affilée, il traversait une phase de manque qui le rendait franchement plus con que la moyenne. Et puis, McKullan était là pour canaliser son énergie s'il pensait à faire une bêtise plus terrible que la précédente, un privilège nécessaire pour que la ville reste en un seul morceau. La dernière fois qu'on l'avait laissé s'envoler dans des sphères incompréhensibles, il avait fini en forêt et avait décidé de jouer avec son briquet pour débarrasser de l'univers quelques hectares d'une si belle nature, il était hors de question de revenir au point de départ, pas après tout le travail qu'il avait dû faire sur lui-même après ce tragique débordement. Non, Wren allait simplement boire quelques verres de plus, jouer au billard et rire des compétences catastrophiques de son amie à cette activité. "Géniale... Jusqu'à ce que tu tapes dans des boules de billard." Il lui fit un clin d'oeil, signe qu'il lui faisait une plaisanterie ridicule, prenant à son tour le temps de préparer son coup, lançant la queue de billard pour toucher quelques boules, mettant deux rayées dans un des trous, signe que la partie démarrait plutôt bien. Il enchaîna avec une autre boule avant de rater son coup, se concentrant sur la question de Mia. "Un voeu? C'est complexe comme question, avoir une famille normale sûrement ou quelque chose dans cette veine. C'est sûr que ça aurait changé toute ma putain de vie et j'aurais pas été autant une galère pour le monde entier. Tu ferais quoi, toi?" Pour sûr qu'elle choisirait quelque chose de plus noble que lui parce que Doherty avait conservé ce côté égoïste, du moins trop loyal envers le reste des siens, quitte à sacrifier tout le reste pour eux.

Ils avaient pourtant bien indiqué qu'ils n'auraient pas à parler de leur situation personnelle au cours de la soirée mais était-ce réellement quelque chose de possible? Evidemment que non, sinon le silence deviendrait pesant et l'alcool serait le seul remède que Doherty pourrait conserver pour se sentir un minimum vivant. Il n'appréciait pas particulièrement réfléchir à ce qu'était devenue sa vie et ce qu'il allait bien pouvoir en faire des les mois à venir tant il semblait en pleine déroute mais Wren se devait d'être le plus impeccable possible vis-à-vis de Mia car elle l'avait toujours soutenu, même quand il était la pire version de lui-même, ce qui arrivait pour sûr assez fréquemment depuis de nombreuses années. "Y a des jours sans masse de clients, ma pauvre alors les barmans s'occupent comme ils peuvent, tu vois." Le suédois avait pris goût aux jeux qui venaient animer la petite salle dans le coin du bar et il n'était pas rare de le voir traîner là après sa pause clope, proposant des paris à des types totalement ivres pour obtenir un surplus de pourboire. Lui, profiter de la faiblesse d'autrui? Ce n'était vraiment pas son genre, il ne fallait même pas le concevoir. Enfin, si, Wren était obligé de le faire car il était le digne successeur de son père, lui qui détruisait toujours tout sur son passage et qui n'avait aucun remords des exactions produites. C'était ce que le grand nordique vivait depuis quelques années, naviguant toujours entre deux eaux dès lors qu'il s'agissait de sa famille et ce, même si Mia lui narrait encore une fois qu'il ne devait pas se considérer comme un tel poids. "J'ai repris la cocaïne. De temps en temps. Toujours aussi méritant, ton ami?" Qu'il lui dit, avec cet air embarrassé collé aux traits parce que ça le faisait chier d'être si faible et de ne pas pouvoir tenir la moindre promesse, observant de manière distraite le coup raté de Mia. "Il est revenu, non? Comment ça se passe, ça?" Il valait clairement mieux parler d'elle et de ses déboires familiaux, c'était beaucoup plus intéressant que la misérable existence du suédois, lui qui tapa sans faire attention dans des boules pour faire rentrer une des siennes et une de celles de Mia. Balle à l'autre camp, à nouveau.

Wren aimait remporter des compétitions même si ce genre d'idées était ridicule et qu'il n'avait franchement rien à gagner. Contre Mia, très clairement, il n'y avait aucun enjeu si ce n'était se détendre après une longue journée d'ennui où l'alcool avait été la seule barrière contre les pires envies qu'il avait ancrés en lui. Wren pensait forcément à l'héroïne, à cette manière facile et rapide de se faire du bien et de ne plus avoir affaire à la morosité mais le grand homme savait également que s'il se laissait tenter, cette fois-là, il n'en sortirait pas. On pouvait faire un sevrage et devenir un homme respectable mais lorsqu'il s'agissait d'une drogue aussi dure que celle-ci, il ne fallait pas tellement tenter le diable en réitérant l'expérience. Doherty savait que son corps était déjà largement bousillé par l'alcool qu'il buvait fréquemment, les petites pilules qu'il avait souvent sur lui et bien sûr les quelques rails qu'il continuait de se mettre dans le nez parce que c'était le seul substitut qui l'aidait un peu ces derniers temps. Le suédois aurait sûrement préféré être un individu plus fort que ce qu'il montrait à son amie mais que pouvait-il faire de plus? Il n'était déjà plus franchement lui-même depuis l'an dernier, se perdant constamment dans des considérations qui n'étaient pas les siennes normalement. Un homme abattu, voilà ce que Wren dévoilait et ce n'était pas l'image qu'il tenait à montrer de lui, pas ce soir-là. "Mais qu'est-ce que le fair play avec nous deux, Mimi?" Une notion abstraite qui ne leur permettait pas tellement d'avoir une vie meilleure alors Wren trichait impunément, même si ce fait n'était pas suffisant pour qu'il puisse atteindre un tant soit peu le bonheur sacré. Au contraire, Wren n'obtenait rien en retour, juste une humeur maussade de plus et quelques idées noires qui le poussaient à avouer la vérité à Mia. Il ne faisait jamais cela d'habitude mais l'alcool devait aider, assurément. "Totalement sérieux. Je deale aussi. Mais pas d'héro'. Parle pas de feu, s'il te plaît." Il n'avait pas besoin de chaperon par contre, c'était en tout cas ce que son regard montrait au moment où Mia préparait son prochain coup, terriblement concentrée qu'elle était sur les quelques boules de billard qui occupaient encore le terrain. Il attendait sa réponse concernant son géniteur, encore un sale con qui venait emmerder leurs progénitures sans regretter une seule seconde les idioties qu'il avait faites. Mia et Wren vivaient une spirale similaire à ce sujet. "Tu lui pardonnes alors? Je sais pas comment tu fais, je suis incapable de regarder mon paternel en face sans avoir envie de le dégommer avec une carabine mais c'est bien si tu es moins en colère contre lui." Elle réussit à toucher une boule et Wren sourit en la voyant s'extasier, lui qui reprenait la main et enchaîna quelques coups magistraux, marquant une victoire écrasante, la seule qu'il aurait de la soirée cela dit, avant de partir chercher un nouveau verre d'alcool. Il avait au moins besoin de cela pour gérer ses sautes d'humeur. "Tu veux un autre truc à boire? Promis, je te sers pas de drogue, va." Il voulait jouer la carte de l'humour mais elle était de mauvais goût pour un type comme lui. Oui, Wren s'était perdu en chemin et il n'était franchement pas convaincu de retrouver sa route à un moment donné.

Lorsqu'ils étaient ensemble, les distractions l'emportaient sur tout le reste. C'était comme s'ils avaient tous deux besoin de retourner à leur période de gloire, l'adolescence où bon nombre de mauvais choix avaient été établis. Où en était-il désormais plus de quinze ans plus tard? Sûrement au même point, en tout cas du côté de Wren, il n'y avait peu de gigantesque évolution. Il possédait encore et toujours ce côté autodestructeur et ne savait pas tellement comment gérer ses pulsions infâmes. Alors, il se dirigeait vers la drogue, l'alcool, le sexe, n'importe quel substitut qui l'empêcherait de devenir totalement fou. Etait-ce une bonne décision cela dit? Même le suédois en doutait de son côté. Il désirait simplement la paix, ne pas ressentir toute cette noirceur le happer dès lors qu'il formait les yeux. Wren n'était pas un homme normal et il en avait conscience depuis tout un tas d'années désormais mais que pouvait-il faire pour lutter contre sa nature profonde? Il n'avait trouvé que ces moments-là, où il oubliait tout, en buvant à outrance, en se faisant un bon rail pour ne pas avoir à faire pire. Mia ne pouvait peut être pas comprendre ce qui le tourmentait car il n'avait jamais mentionné son obsession pour le feu, plutôt mourir. "Tu sais que je suis monté sur des planches durant l'été? C'est pas mal pour l'adrénaline justement donc on verra quand tu te sentiras de reprendre le chemin de l'eau, Mimi." Il n'était pas très doué cela dit, probablement parce que Wren était trop grand pour trouver un équilibre convenable mais se jeter dans les vagues, prendre tous les risques pour réaliser la figure parfaite, c'était exactement ce qui remplissait son cahier des charges concernant sa folie. Enfin, il y avait aussi le billard, cette partie qu'il remportait d'une main de maître alors que McKullan continuait de l'interroger sur sa nouvelle descente vers les profondeurs, si on pouvait l'appeler ainsi finalement. "Rien ne me convient depuis des lustres. Mais je suis pas accro. Je m'en passe, pas comme l'héro'. C'est juste que de temps en temps, j'ai envie de m'amuser et de ressentir des choses, j'ai trouvé que ça mais y a pas de plongeon vers les enfers, promis." Il se montrait confiant sur la question, comme si Doherty pouvait décider de ses addictions ou non. Certes, à l'heure actuelle, il ne ressentait pas un besoin perpétuel de consommer, se réservant ce genre d'actes à de grands événements ou lorsque l'ennui l'approchait de trop près d'une source de flammes. Il maîtrisait, il le pensait, c'était déjà bien, le grand homme retournant derrière le comptoir pour présenter trois bouteilles à son amie. "Whisky, vodka ou tequila?" Le choix était immense dans ce bar et les conséquences seraient d'autant plus désastreuses pour le suédois sans doute. "Un shot pour chaque connerie qu'on a faite jusque là, ça te dit?" Il allait probablement finir dans un coma éthylique vu le nombre qu'il avait au compteur mais étrangement, Wren s'en fichait royalement pour le moment.

Wren voulait se diversifier par dessus tout, histoire de ne pas devenir complètement fou. En effet, le grand suédois n'était pas dupe, il avait conscience de son ennui depuis quelques mois maintenant et il savait tout autant qu'il pouvait perdre pied à chaque instant. Pour le moment, le brun s'y refusait, il ne voulait pas replonger de la manière la plus délicate qui fut, l'héroïne était censée être une vieille alliée, pas de retrouvailles de sitôt de prévu donc. C'était le plan, allez savoir s'il allait pouvoir le respecter parce que Doherty n'était pas franchement un homme de paroles ni de résolutions. Il n'en avait jamais tenu aucune, on pouvait le dire et s'il tenait à faire mieux à l'avenir, il était clairement temps qu'il se prenne en main. Du surf, pourquoi pas? Bon, Wren était sûrement trop grand pour être un excellent athlète dans ce genre d'activités sportives mais il y avait toutefois cette sensation de risque inhérente à la vague qui vous tombait dessus inopinément et qui risquait de vous noyer en moins de vingt secondes. Le danger, c'était son credo et il avait trouvé le concept sympa, même s'il ne serait jamais aussi doué que Mia dans ce genre de délires. "Je t'attends au tournant alors... Mimi." Il n'allait clairement pas arrêter de l'appeler ainsi si la jeune femme lui montrait qu'elle en était agacée. Wren appréciait emmerder son petit monde et après une partie de billard rondement menée, il avait clairement dans l'idée de continuer à se mettre la tête à l'envers en ne respectant aucune règle établie. Le suédois avait besoin de se détendre, de ne penser à rien, surtout pas à ses dérapages récents, que ce fut avec la cocaïne ou avec cette entrée par effraction dans le bar où il travaillait: décidément, il ne pouvait pas faire quelque chose de bien. Jamais dans le contrôle, le Doherty, jamais plus intelligent que la moyenne dans ses actes qu'il pensait sains. "Crois moi, j'espère ne pas avoir à t'appeler, ma chère. Tout est sous contrôle de toute façon." Wren n'avait pas tellement envie que McKullan le retrouve à nouveau dans un état catastrophique, une question d'ego sûrement, même si c'était ridicule en vue de tout ce qu'ils avaient déjà traversé ensemble. Doherty tenait à conserver un semblant de crédit, servant donc deux shots de téquila que Mia avala bien vite en dictant quelques bêtises faites dernièrement. Elle mettait la barre haute en la matière assurément. "Pas mal, Mimi, pas mal. Mes conneries récentes, outre les rails de coke et cette effraction sur mon lieu de travail pour chiper des bouteilles? Du coup, il y a eu mon overdose d'héroïne, mentir à Maze, renouer avec ma petite amie du lycée pour la jeter comme une vieille chaussette, brûler une ou deux poubelles si ce n'est une forêt... Ah, j'ai aussi plus pris la moindre nouvelle des autres Doherty depuis des mois. Je dois boire combien de shots là du coup?" Beaucoup trop pour qu'il ne sombre pas dans un coma qui ne l'emmènerait pas dans un hôpital et surtout, derrière les barreaux après ce qu'il venait de faire ce soir-là. Pour le moment, il avalait ce verre-là, c'était déjà un début.

Ils font des erreurs radicalement différentes, se perdant dans des aventures étranges et surtout, se confortant dans l'idée qu'ils agissent de la manière qu'il faut, qu'ainsi, oui, ils seraient heureux. Ce n'est pas le cas du côté de Wren, ça n'a pas été le cas depuis l'enfance et encore, il a beau essayer de retrouver un bon souvenir qui vaut le coup, il ne trouve rien de franchement concluant. Il a juste cette impression morbide d'être toujours à deux doigts du précipice, à quelques centimètres du saut de l'ange et il arrive à peine à se stopper. Ce genre d'idées semblent idiotes mais pourtant, toutes les actions qu'il entreprend depuis plus d'une dizaine d'années ne sont-elles pas à l'image d'un désir profond mais inconscient de disparaître de cette planète? Wren n'attend plus grand chose de la sienne, c'est sûrement pour cela qu'il se perd dans des quêtes vaines d'adrénaline et autres substituts hormonaux qui ne valent pas grand chose en réalité. Il souhaite juste ressentir quelque chose, un petit pincement au coeur à la limite, rien d'extravagant, une petite preuve qu'il est bel et bien vivant. Il n'a pas la sensation d'encore l'être depuis qu'il a arrêté l'héroïne, qu'il s'est rangé entre guillemets, faisant de son existence l'exemple type du métro boulot dodo. Il détestait tout le concept, il a toujours voulu autre chose que cet ennui morose, que ce sentiment d'insuffisance qui ne lui apporte pas la moindre satisfaction. Alors, il teste les limites, franchit les barrières, se donne pour seul objectif de mourir en ayant tout tenté mais surtout le pire. Doherty a au moins conscience de cela, qu'il va mal finir, il attend simplement qu'on lui donne la date du jugement pour se préparer convenablement à la sentence qui ne risque pas d'être belle. Cela dit, il n'osera pas mentionner ce genre de pensées à Mia parce qu'elle a déjà bien assez de boulot de son côté pour s'occuper des tracas du suédois. Il ne dit rien, il boit simplement, le jeu allant jusqu'à la limite du raisonnable à nouveau. Wren doit finir dans le coma, c'est certainement la seule issue plausible en vue de tout ce qu'il a déjà fait de terrible pour subsister un minimum sur cette planète. "J'ai démissionné des pompiers parce que j'ai brûlé une forêt, oui... Et j'ai porté un bracelet électronique, j'ai été obligé de suivre une thérapie comportementale et ce genre de conneries... Pour la pyromanie." Est-ce qu'elle a réellement besoin de tous les détails? Wren n'a pas franchement envie d'en dire plus, il déteste toujours autant ce terme clinique qui ne lui sied guère parce qu'il n'est pas son père. Qu'il ne désire jamais l'être. Pourra t-il choisir une autre issue néanmoins? Le brun efface cette pensée pour se concentrer sur le récit de Mia, elle qui a énormément vécu également et qui le montre en se servant un autre shot, un qu'elle avalera sûrement bien vite à son tour. "Je sais pas si on est quitte, c'est un peu subjectif parce qu'on a pas classé ce qui est le pire entre tout ce qu'on a pu faire l'un et l'autre. Disons qu'on est pas plus avancés que quand on était ados et qu'on a pas l'air prêts à faire autre chose que de la merde, hein?" Il boit son verre sans plus de préavis: le monde tangue beaucoup trop et il doit s'assoir, le Doherty, parce que la nausée le happe, qu'il n'aime pas avoir cette tristesse au creux des entrailles. Ce n'est pas lui, il préfère la colère. C'est plus facile à gérer, et à évacuer aussi.