On se lève, prêt à aller s’amuser après avoir parlé de ce qui me rendait triste. Je ne sais pas si ça m’a fait du bien ou non, la seule chose que je sais c’est que le jeune homme fait partie des seules personnes qui me connaissent réellement. Il change de sujet, ne semble pas prêt pour donner les raisons de son mal être tout de suite et je l’accepte. Je lui laisse le temps et la distance dont il a besoin.

On parle de manège, de fête, de sucre… Tout ce que j’aime. Il sait que j’adore cette ambiance et on fait tous les deux un retour en enfance. Mes yeux se concentrent sur toutes les lumières avant de croiser les siens. Il se tient à côté de moi et il a l’air aussi heureux et amusé que moi. Quoi rêver de mieux que de passer une longue soirée au milieu des attractions ? « Pourquoi ça ne m’étonne pas ? » Bien sûr que j’ai décidé de commencer à manger puis finir par manger. Il vaut mieux qu’on commence par quelque chose de léger, je ne voudrais pas qu’on se sente mal pendant les attractions qui vont nous secouer dans tous les sens. « Noon c’est moi qui te l’offre on a dit ! » “Les churros je les prends c’est non négociable.” Je hausse les épaules et attends patiemment que la barbapapa arrive. Il la prend et récupère un énorme morceau. “Mange pas tout !” Je râle et je ris en même temps. « Hmmm c’est bon ! Si tu devais choisir et ne manger qu’une seule chose pour le reste de ta vie ça serait quoi entre la barbapapa et les churros ? » “Sans hésiter les churros.” Je hoche la tête, j’aime que, quoi qu’il puisse arriver, on ne perde pas cette complicité. « Ca se passe bien avec ton colocataire ? » Je souris, mes doigts sont déjà collants du sucre de la barbapapa. “Oui, Kieran est vraiment gentil, et il est du genre calme comme colocataire.” On s’entend bien, et grâce à lui je me sens moins seule. “Et toi avec la tienne ?”

“Les churros je les prends c’est non négociable.” « Ouais ouais ouais on verra. » mais je sais déjà que je vais insister pour payer, que je vais refuser qu’elle dépense un centime ce soir.

« Mange pas tout ! » « Faut bien que j’en prenne avant que tu dévores tout ! » je ris et ça fait du bien de retrouver notre complicité un peu, de sentir la gêne s’éloigner, de laisser de côté cette soirée où on a de nouveau dérapé.

« Sans hésiter les churros. » Je fais mine de réfléchir à mon tour. « Hmmm avec du Nutella alors ? Parce que juste au sucre, je sais pas ! » On parle de nourriture comme si c’était le sujet de la plus haute importance et ça me fait du bien, c’est simple et léger et ça me sort de mes pensées.

“Oui, Kieran est vraiment gentil, et il est du genre calme comme colocataire.” Je ne dis rien, j’ai rencontré Kieran il n’y a pas si longtemps et s’il m’a effectivement semblé calme et gentil, j’ai encore du mal à apprécier l’idée qu’elle vive avec lui, la jalousie encore présente malgré tout ce que j’aimerais prétendre. « C’est cool…vous êtes amis ? » je demande un peu hésitant. Du genre amis à regarder des films et des séries, à se parler de tout et de rien, à refaire le monde en une soirée, ou plutôt de simples connaissances qui habitent ensemble, ou pire des amis en voie de devenir plus ? J’essaye vraiment de prendre ce ton détaché, d’être heureux pour elle, je fais du mieux que je peux. « “Et toi avec la tienne ?” Je souris. « Ca va, heureusement la maison est grande et elle me supporte. J’ai bien emmerdé son mec ces derniers temps, j’crois qu’elle en peut plus de moi. » Je dis ça en rigolant, mais il faudrait peut-être que j’arrête mes gamineries, même si embêter Elias se révélait être un nouveau passetemps bien trop amusant. « C’est toi qui mange touuut ! »Je gronde en voyant la barbapapa diminuer à vue d’œil.

« Ouais ouais ouais on verra. » Je fronce le nez, je compte bien payer. On verra lequel des deux sera le plus rapide pour sortir sa carte quand le moment en question viendra. Pour le moment, je suis en train de faire la liste mentale de toutes les attractions que j’ai envie de faire en mangeant une grande partie du nuage sucré que je tiens entre mes mains. « Faut bien que j’en prenne avant que tu dévores tout ! » “C’est pas mon genre.” Bien au contraire, il me connait trop bien le jeune homme. Et, au final, j’en aurais sûrement mangé bien plus que lui. « Hmmm avec du Nutella alors ? Parce que juste au sucre, je sais pas ! » “Est ce qu’il y a une seule personne censée sur cette planète qui mange des churros sans nutella ?” Je fronce les sourcils, faussement choquée. La conversation est bien plus plaisante maintenant qu’on a passé les portes de la fête foraine.

Il me parle de Kieran et j’ai du mal à reconnaître le ton de sa voix. Je n’ai pas envie de lui poser les questions compliquées, alors je ne fais que dire la vérité. « C’est cool…vous êtes amis ? » “On s’entend bien…” Je sais que j’ai demandé un service à Kieran, je lui ai dit de faire croire que l’on était bien plus proche que de simples amis. Je ne sais pas si je veux stopper le mensonge, ce que je sais en revanche, c’est que je ne lui parlerai pas de Finn, pas tout de suite. « Ca va, heureusement la maison est grande et elle me supporte. J’ai bien emmerdé son mec ces derniers temps, j’crois qu’elle en peut plus de moi. » “Pourquoi ça m’étonne pas ?” Je reprends ses mots, levant les yeux au ciel. « C’est toi qui mange touuut ! » Je lève une main vers le ciel en signe d’innocence. “C’est toi qui te vois pas la manger !” Je regarde autour de moi, j’ai pour objectif de détourner l’attention. “CELUI LAAAAA !” Et je le tire pour l’emmener vers le premier manège.

« C’est pas mon genre. » Dit-elle d’un ton innocent et je pouffe de rire. « Mon œil ! » dis-je en tirant ma paupière vers le bas. On parle de choix existentiels comme celui de manger à tout jamais des churros ou de la barbe à papa. “Est ce qu’il y a une seule personne censée sur cette planète qui mange des churros sans Nutella ?” Son air choqué me fait rire un peu plus et ça me donne envie de l’embrasser. Pensée que je me force à effacer, qui ne doit plus exister. « Des personnes horribles je suis sûr ! Psychopathes même je dirais ! » J’en rajoute des couches.

« On s’entend bien… » Ca ne veut rien dire et tout dire. Elle ne donne aucune information. Ils pourraient être les meilleurs amis comme de simples connaissances, ils pourraient être amants d’un soir ou être ensembles. Je ne suis même pas sûr qu’elle me le dirait. Elle entretient le doute, la possibilité qu’elle soit avec quelqu’un d’autre, je le sens. Je n’ai pas d’autres choix que de l’accepter, si je veux être son ami, je vais devoir accepter un jour de la voir avec quelqu’un d’autre que moi. Et oh que ça va être compliqué. « Je sais que j’ai été jaloux par le passé..Mais si un jour tu veux me parler de quelqu’un que tu as rencontré et qui te plait et avec qui tu es… tu pourras Molly. Je…dois passer à autre chose et je le ferais. » Je lui dis doucement sans la regarder vraiment dans les yeux, tentant comme je peux de paver le chemin d’une amitié qui serait plus saine que notre ancienne relation. Bien sûr je ne suis pas sûr d’arriver un jour à effacer la jalousie, elle a bien été la seule personne pour qui j’aurais été jaloux. Je parle de Dylane puisqu’elle me retourne la question. “Pourquoi ça m’étonne pas ?” je me marre malicieux. « Non mais c’est pas de ma faute tu verrais son mec, il a un égo surdimensionné, c’est un plaiiiiiiiisir de l’embêter, tu verrais sa tête à chaque fois. » Vraiment je prends peut-être un peu trop de plaisir à torturer Elias Sanders, jouant de sa jalousie, du fait qu’il soit mal à l’aise avec ma sexualité et de son arrogance. “C’est toi qui te vois pas la manger !” « Pfff tu parles ! » « CELUI LAAAAA ! » Elle met tire le bras pour m’entraîner vers le premier manège. « Mais c’est pas le Splash ! » Que je râle, alors qu’on fait quand même la queue. « Est-ce qu’on va finir la tête à l’envers ? » je demande en regardant le manège en question.

On avance, on marche, et j’ai l’impression que cet endroit est gigantesque et qu’il n’a pas de fin. Et c’est tant mieux, ça veut dire que la soirée va être longue et amusante. « Des personnes horribles je suis sûr ! Psychopathes même je dirais ! » “Au moins ça.” Je souris, et je regrette presque de ne pas avoir choisi les churros en premier. L’attente vaut sûrement la peine, il faut que je sois un peu plus patiente.

On parle de nos colocataires respectifs, et je ne sais pas ce que je suis censée lui dire. Est ce que je dois continuer de faire croire que je suis avec Kieran, ou est ce que je suis censée m’ouvrir au point de lui parler de ce jeune homme que j’ai rencontré il y a quelques semaines au refuge ? Finn est un ami, mais depuis quelques jours, quelques rendez-vous, il est le seul qui arrive à me faire sourire et me sentir mieux. Quand je suis avec lui, j’oublie un peu plus facilement les moments passés avec Pete, et je dois avouer que ça m’aide à me changer les idées après tout ce qu’il s’est passé entre nous deux. J’ai besoin de simplicité, et de vivre la vie dont j’ai besoin. « Je sais que j’ai été jaloux par le passé..Mais si un jour tu veux me parler de quelqu’un que tu as rencontré et qui te plait et avec qui tu es… tu pourras Molly. Je…dois passer à autre chose et je le ferais. » Ca me blesse un peu, qu’il ne soit plus jaloux, et qu’il doive passer à autre chose, mais moi aussi je l’accepte. On a pas d’autre choix. “Tu sais que tu le peux aussi. Ce sera sûrement plus facile de passer à autre chose comme ça.” Il n’est pas le seul à trouver ça difficile.

« Non mais c’est pas de ma faute tu verrais son mec, il a un égo surdimensionné, c’est un plaiiiiiiiisir de l’embêter, tu verrais sa tête à chaque fois. » “Je sais que tu peux être une vraie teigne quand tu veux.” Je pouffe de rire et engloutis encore une partie de la barbapapa. ” « Pfff tu parles ! » “Je t’en achèterai une autre.” Un autre nuage de sucre avec les churros, ça ne devrait pas faire de mal. « Mais c’est pas le Splash ! » “Le splash c’est le deuxième !” Je hausse les épaules et on fait la queue. « Est-ce qu’on va finir la tête à l’envers ? » “J’espère.” Et c’est à notre tour d’être attaché.
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Je n’ai aucune envie d’accepter qu’elle soit avec quelqu’un d’autre. Aucune envie d’accepter que quelqu’un prenne la place que j’avais. Je ne veux ni imaginer ce Kieran ni quique ce soit d’autre. Je ne l’ai jamais envisagé. Les fois où elle a été avec d’autres personnes je les ai regardées avec dédain, conscient qu’elle finirait toujours par revenir vers moi dès l’instant où je ferais un pas vers elle. Mais cette fois c’est différent. Alors je me force à prononcer ces mots que je regrette instantanément, à lui dire qu’un jour elle pourra me parler de ces nouvelles personnes qui seront dans sa vie. Dans mon esprit je prie simplement que ce ne soit pas maintenant. Parce que je suis incapable au jour d’aujourd’hui de faire taire ma jalousie, d’accepter la présence d’un autre quand ça devrait être moi à ses côtés. Je parle pour le futur, dans ce futur idéal ou elle et moi seront devenus véritablement amis. J’espère de tout mon cœur que ça arrivera un jour. “Tu sais que tu le peux aussi. Ce sera sûrement plus facile de passer à autre chose comme ça.” Plus facile. Ou plus difficile. Je n’en sais rien. Je me contente d’hocher la tête, en espérant simplement qu’on n’ait pas à parler de ça avant un long moment.

“Je sais que tu peux être une vraie teigne quand tu veux.” « Moi ?! Je suis un ange Molly ! » Et je ris de plus belle avec elle, parce qu’on sait tous les deux que c’est à l’opposé de ce que je suis. « Je t’en achèterai une autre. » « Ok on va mourir d’une overdose de sucre en fait ce soir c’est ça ? » Mais, ce plan-là me va, ne me fait pas penser à l’alcool que j’aimerais boire. On arrive devant un manège dans lequel elle me traîne. “Le splash c’est le deuxième ! » On commence à faire la queue après que j’ai jeté le baton, seul vestige de la barbapapa. Je demande si on va finir la tête à l’envers « J’espère. » On est attachés et je lance un regard malicieux à Molly. « Tu crois que qui de nous deux va crier le plus fort ? »

Le manège s’élance et tournoie dans les airs et on se retrouve la tête en bas à crier dans tous les sens et et à rire beaucoup trop fort. Le manège s’arrête un instant alors qu’on a la tête en bas. « AAAHHH POURQUOI T’AS CHOISI CE MANEEEEGE. »

Une conversation légère puis une bien plus compliquée. Celle sur les personnes qu’on rencontrera, parce qu’il n’y a plus ce nous. Plus de Pete et moi, mais je veux m’autoriser à trouver une autre personne qui fera chavirer mon coeur autant qu’il a su le faire. Il me dit que je peux lui en parler, et je dis qu’il peut le faire aussi. Pourtant, personne ne s’ouvre à ce moment là, parce qu’on sait très bien que c’est trop tôt et qu’on ne le supporterait pas ce soir. Je ne ferais pas l’erreur de gâcher cette soirée, pas alors que tout se passe bien et que, pour une fois, il n’y a pas de sous-entendu entre nous. C’est la bonne voie, je le sens, on a peut-être toujours été fait pour être ami alors qu’on tentait désespérément de devenir un couple.

Je change de sujet, et je trouve la première attraction. Moi ?! Je suis un ange Molly ! » A ça je ris avec lui. La gêne et le malaise ont disparu. Je préfère quand on est comme ça, et, sans trop y réfléchir, j’ai l’impression qu’on trouve une nouvelle dynamique bien plus saine que la précédente. Je pourrais en faire tous les jours des soirées comme ça avec lui. « Ok on va mourir d’une overdose de sucre en fait ce soir c’est ça ? » “Est ce que tu penses que c’est réellement possible que moi je meurs d’une overdose de sucre ?” J’adore le sucre, j’en mange bien trop et j’en suis consciente. Mais ce soir, je n’ai pas envie de réfléchir à ce que je mange. J’ai juste envie qu’on se fasse plaisir tous les deux. « Tu crois que qui de nous deux va crier le plus fort ? » “Je parie sur toi !” on nous attache et je me tourne légèrement vers lui.

« AAAHHH POURQUOI T’AS CHOISI CE MANEEEEGE. » Il hurle le premier et je pouffe de rire. “Pour que ce soit toi qui cries le premier !” Et le manège se remet à nous secouer dans tous les sens.

Le splash n’est pas loin, et je l’emmène avec moi alors qu’on a encore les cheveux en bataille. “Prêt à être trempé ?” Mon sourcil se hausse et on fait à nouveau la queue jusqu’à se retrouver à deux dans une buche.

“Est ce que tu penses que c’est réellement possible que moi je meurs d’une overdose de sucre ?”
Vu la quantité de sucre qu’elle mange ça me parait impossible alors je ris , venant chatouiller ses côtes. « Non clairement je pense que la terre arrêterait de tourner si ça arrivait ! »

Quelques instants plus tard on est dans le manège et je lui demande qui de nous deux va crier le plus fort. “Je parie sur toi !” Je lui jette un regard un peu outré. « AH BAH MERCI ! » Mais elle n’a pas probablement pas tort. Nos sièges sont sécurisés, la musique démarre et en un instant nous sommes propulsés dans les airs. Dès le moment où on se retrouve la tête en bas c’est moi qui crie le premier et je questionne ses choix de manège. “Pour que ce soit toi qui cries le premier !” Si je ne fermais pas les yeux, je lui aurais sans doute adressé un regard outré. Heureusement le manège s’arrête vite et j’en sors, heureux de retrouver la terre ferme. « Imagine si on avait mangé les churros avant ! »

On prend déjà la direction du Splash à peine remis de nos émotions. “Prêt à être trempé ?” « Évidemment ! » On s’installe dans une des buches et la montée est longue. Comme prévu le manège accélère et finit par foncer sur l’eau, nous arrosant et arrosant les passants autour. Je la regarde trempée et instinctivement je viens décoller les mèches de ses cheveux collées à son visage, le dégageant. « On dirait un chat qui a pris un bain de force ! » Je ris avant de me rendre compte qu’à nouveau j’agis d’une manière dont je ne devrais sans doute pas, mes mains retombant, mon rire devenant un raclement de gorgée et je lui souris pour cacher le malaise. « Churros ? »

« Non clairement je pense que la terre arrêterait de tourner si ça arrivait ! » Il me pince les côtes et je ne peux m’empêcher de rire de plus belle. Pendant quelques heures, je vais oublier tout ce qui va mal dans ma vie. Il est là pour moi, et j’ai bien l’impression qu’on ne trouvera jamais la force de sortir de la vie l”un de l’autre. Le passif est trop grand, trop fort entre nous pour qu’on puisse s’oublier un jour. Je me retrouve en lui ces derniers temps, parce que lui non plus ne va pas bien, et il n’aime pas en parler.

On est enfermé dans le premier manège, et les paris sont lancés. Pour moi, c’est lui qui hurlera le premier. « AH BAH MERCI ! » Je hausse les épaules et m’accroche de toutes mes forces à la sécurité. On est secoués dans tous les sens et c’est bien lui qui hurle en premier. « Imagine si on avait mangé les churros avant ! » Enfin sortis, je respire mieux et j’arrête de rire même si la coiffure de Pete est affreuse. “T’aurais vomi c’est sûr !” Il est fragile finalement. Moi j’aurais tout fait pour garder toute cette dose de sucre à l’intérieur de mon estomac.

Je vois le splash au loin, et, en moins de 5 minutes, on se retrouve tous les deux à l’intérieur d’une buche. Et déjà, je sais qu’on va être trempés. Je hurle plusieurs fois, je ne pensais pas qu’on aurait autant de descentes à faire et que je finirai aussi trempée. « On dirait un chat qui a pris un bain de force ! » Je fronce le nez et il enlève les cheveux qui sont passés devant mes yeux. “C’est toi qui a eu cette idée.” Je le sens gêné quand il enlève ses mains, et qu’il brise la bulle. Je sais qu’il a raison de le faire, on n’a pas le droit d’être aussi proche, pas après tout ce qu’on a décidé. « Churros ? » “C’est moi qui paye.” Et je pars en courant vers le premier vendeur que je trouve.

“T’aurais vomi c’est sûr !” « Zéro confiance en mes talents de roi des parcs d’attraction je remarque ! » dis-je en remettant en place mes cheveux qui font n’importe quoi à cause du manège. On prend la direction du Splash pour s’installer dans le manège.

La buche monte et descend les railles à vive allure, on crie et on rit et on termine trempé, la buche éclaboussant l’eau et nous nous avec. Elle flotte un instant sur l’eau avant de revenir au point de départ et j’observe le visage de Molly, ses cheveux trempés collant à sa peau et mon premier instinct et d’attraper ses joues en riant pour repousser les mèches de cheveux de sa peau, pour dégager son visage, lui soulignant qu’elle a l’air d’un chat ayant pris un bain forcé. « C’est toi qui a eu cette idée. » « Je devrais te prendre en photo. » Je souris avant que mon regard s’attarde un peu trop dans le sien et que je réalise que mes mains sont sur sa peau et mon visage trop proche du sien et mes bras retombent bien rapidement le long de mon corps, brisant cet instant, me raclant la gorge, fuyant son regard. On retourne sur la terre ferme et je propose des churros. “C’est moi qui paye.” Déjà elle part en courant sans que je ne puisse la retenir. « Mais Mollyyyy ! » Je lui cours après comme si ma vie en dépendait, la rattrapant non loin du stand, l’attrapant par la taille pour la bloquer et la faisant tournoyer. « NON C’EST MOI QUI PAYE ! » Et je ris de plus belle, me battant avec elle pour savoir qui paiera les churros, avant de finalement capituler, « Ok bon je te laisse payer les churros mais après je te gagne une peluche ! » Et mon sourire se fait immense, alors qu’on commande des churros au nutella et que pour venger j’en prends un, que je trempe dans le nutella avant d’en mettre sur le bout de son nez, narquois. « Oups ! »

« Zéro confiance en mes talents de roi des parcs d’attraction je remarque ! » Je hausse les épaules, je sais qu’il est bien plus fragile que moi quand il s’agit de parc d’attraction et de manèges à sensations. Et ça m’amuse beaucoup. On enchaine deux manèges, et je sors du deuxième trempée. Je ne me suis pas autant amusée depuis un long moment, et ce soir je ne suis pas triste. J’adore cet endroit, et si je le pouvais, j’y viendrais tous les jours. « Je devrais te prendre en photo. » Je fronce le nez, profitant de ses mains sur mon visage. Il y a un léger silence, son regard dans le mien, jusqu’à ce qu’il s’éloigne. Il a raison, on ne peut plus se perdre de cette manière. Alors je ne lutte pas, et je ne dis rien. “Rien ne t’en empêche, je suis d’accord seulement si t’es sur la photo aussi.” Notre première photo en temps qu’amis.

« Mais Mollyyyy ! » Il crie mais je suis déjà partie en courant. Je sais qu’on est tous les deux rapides, j’ai toujours été très sportive, alors je sais courir sur de longues distances. « NON C’EST MOI QUI PAYE ! » “JAMAIS DE LA VIE.” Je rie à gorge déployée, et on dirait réellement deux grands enfants. J’aime cette ambiance, j’aime revenir en enfance face à toutes ces lumières et ces différents jeux. « Ok bon je te laisse payer les churros mais après je te gagne une peluche ! » “Tu vas te ruiner jusqu’à ce qu’ils décident de t’en donner une par pitié ?” Je hausse un sourcil, je le taquine, et je finis par payer les churros. « Oups ! » “Eeeeh” Je nettoie mon nez en secouant la tête. “On gâche pas le nutella comme ça.” Et je fais de même en tachant sa joue. “Alors cette peluche ?”

“Rien ne t’en empêche, je suis d’accord seulement si t’es sur la photo aussi.” A ça je souris, sortant mon téléphone, l’attrapant par l’épaule pour la serrer contre moi et faire la plus belle grimace sur ce premier selfie d’un nouveau départ, d’une nouvelle amitié.
On court et j’ai l’impression d’avoir une gazelle en face de moi, bien trop rapide. Mais je finis par la rattraper, l’attrapant par derrière pour la faire tournoyer, refusant qu’elle paie.  “JAMAIS DE LA VIE.” On a l’air un peu idiots elle et moi, deux enfants dans une fête foraine à oublier le passé.  J’accepte finalement de la laisser payer mais j’ai déjà prévu mon coup, il est hors de question qu’elle reparte sans une peluche. Elle a intérêt à être géante cette peluche. “Tu vas te ruiner jusqu’à ce qu’ils décident de t’en donner une par pitié ?” Je ricane avant de prendre un air faussement outré. « Fait gaffe je pourrais décider de te gagner la peluche la plus moche de tous les temps et tu seras obligée de la garder ! »  Les churros sont brulants dans le papier et j’en sors un le trempant dans petit pot de nutella qu’on nous a donné avant d’en mettre sur son nez avec malice.  « Eeeeh. On gâche pas le nutella comme ça. » Dit-elle en tachant ma joue à son tour et je ris en enlevant le nutella de mes doigts. « C’est bon j’en ai plus ? Je suis plus défiguré ? » Je lui tends ma joue pour qu’elle puisse vérifier elle-même.  « Alors cette peluche ? » « Ah quand même un peu d’appréciation pour ton futur prix ! » je l’entraîne vers un stand non loin tout en mangeant les churros. On observe un instant les peluches. « Tu veux laquelle ? » Je lui demande, déjà prêt à affronter le défi, payant une partie, attrapant la carabine, pour tirer.

WIN : en plein centre, cela fait beaucoup de points pour avoir une énorme peluche. J’esquisse quelques pas de danse.

So close : sur le côté, cela fait moins de points, si je continue à tirer comme ça elle n’aura qu’une petite peluche.

FAIL : je loupe complètement ma cible. « Nooooooon ! Interdiction de te moquer ! » Je suis déterminé à continuer jusqu’à ce que j’obtienne la peluche.

Le splash est terminé, et j’espère qu’on aura l’occasion de le refaire à un moment. Il y a encore des dizaines de manèges à tester, mais je ne pense pas que Pete soit prêt à se faire secouer dans tous les sens encore une fois ce soir. Il parle de peluches, de churros, et il sait qu’il capte toute mon attention avec ces deux mots. « Fait gaffe je pourrais décider de te gagner la peluche la plus moche de tous les temps et tu seras obligée de la garder ! » Je fronce le nez, je veux une peluche, et je sais au fond qu’elles seront toutes parfaites à mes yeux. “J’en veux une énorme !” J’accepterai n’importe quoi, et il le sait très bien. Ce sera mon cadeau d’anniversaire, même si je suis persuadée qu’il l’a oublié. Ca ne me dérange pas, je n’ai jamais accordé grande importance à cette fête. Mais je le garderai avec plaisir.

Il met du chocolat sur mon nez et je fais de même sur sa joue. Nous sommes deux grands enfants, et j’adore cette ambiance. « C’est bon j’en ai plus ? Je suis plus défiguré ? » Il a tout enlevé, et pourtant je fais la moue. Une tête faussement choquée, comme s’il avait étalé encore plus de nutella sur sa figure. « Ah quand même un peu d’appréciation pour ton futur prix ! » On part pour aller attraper les peluches. “Si t’en gagnes pas, j’ai le droit de manger tous les churros.” C’est un deal comme un autre. Je risque de le regarder galérer en restant à côté. « Tu veux laquelle ? » Il y en a des dizaines, et elles sont toutes magnifiques. Mais mon regard se pose sur un koala géant, et c’est très peu probable qu’il le gagne, mais j’ai bien envie qu’il se lance un défi. “Celle là !” Et je retiens mon sourire taquin qui tente de se glisser sur mes lèvres. « Nooooooon ! Interdiction de te moquer ! » Il lance une première fois et lutte sa cible. “On est pas près de sortir avec quoi que ce soit.” Et je pouffe de rire en continuant de manger les churros.

« J’en veux une énorme ! » J’ai bien l’intention de lui trouver la plus grosse peluche possible.  “Si t’en gagnes pas, j’ai le droit de manger tous les churros.” Je la regarde outré avant de grommeler « Bon peut être on verra, MAIS JE VAIS GAGNER ! » Je lance sûr de moi. On observe les peluches du stand.  « Celle là »  Elle pointe une énorme peluche Koala qui fait je ne sais pas combien de fois la taille de sa tête. Mon sourire s’élargit. « Tu l’auras ! » Je suis peut-être un peu trop fanfaron, attrapant la carabine visant et…c’est un échec à mon plus grand malheur. Molly pouffe de rire. “On est pas près de sortir avec quoi que ce soit.”  « Dit pas ça tu vas me porter la poisse ! » Je ris, mais déterminé, je tire de nouveau et cette fois au moins ça touche la cible. Certes ce n’est pas au milieu mais c’est déjà mieux que rien. « Tu vois je m’améliore ! » Il me fallait juste un peu d’entraînement. La troisième fois enfin j’arrive à toucher le centre. « YEEES ! » je regarde Molly avec un immense sourire. On commence à avoir assez de points pour une belle peluche. « Mange pas tous les churros lààà je te vois ! » Je gronde, allant croquer dans un bout du sien sans même m’en rendre compte, trop concentré sur le jeu. Enfin j’arrive à obtenir les points nécessaires pour le prix convoité et mon regard est triomphant alors que le marchand me tend la peluche Koala qui est bien trop grande. Je fais mine de la tendre à Molly avant de faire deux pas en arrière. « Eh non pas tout de suite ! Va falloir patienter ! et puis t’as les mains pleines de Nutella » Je lui fais un clin d’œil, pouffant de rire. Parce qu’elle ne le sait peut-être pas mais je suis loin d’avoir oublié son anniversaire. Je jette un coup d’œil à mon portable. Il n’est pas loin de minuit maintenant. Je regarde autour de nous, puis je lui souris de plus belle. « Un tour de grande roue ça te dit ? »