| Anywhere but here. With you. [Kylio] |
| | (#)Mar 28 Juil 2015, 16:54 | |
| Heureusement que l’école est encore ouverte pendant les vacances, je peux continuer de m’entraîner, danser jusqu’à ne plus sentir mes muscles, transpirer, sentir mon souffle se couper, ma tête tourner. Rien n’est comparable à ça, si ce n’est peut être Elio. Ça fait quasiment un mois que je ne l’ai pas vu, que je n’ai aucune nouvelles. Je pensais qu’il allait finir par quitter mes pensées, mais il n’en est rien. C’est plus fort que moi, comme s’il était gravé dans ma peau. Je me laisse tombe sur le parquet alors que la musique tourne encore. Je ferme les yeux, les mains sur le ventre se soulevant à la vitesse de ma respiration. Il n’y a qu’ici que j’arrive à me changer les idées. J’entends mon téléphone sonner et je me lève rapidement pour décrocher avant qu’il ne soit trop tard, et je contrôle du mieux que je peux ma voix saccadée par l’effort. « Allo ? » « Kyrah, c’est Ashton, le photographe. » « Ah, salut. Qu’est-ce qui t’amène ? » « Un contrat pour une pub. Photos en solo à Auckland. Gros cachet, tous frais payés, juste deux jours. Ça t’intéresse ? » « Mais carrément ! » Qu’est-ce qui me retient de dire oui après tout ? Deux jours en voyage, tous frais payés, hôtel, et un bon cachet. Ashton me donne rdv au studio pour les modalités, prendre mes billets d’avion, départ en fin de semaine. Je suis déjà toute excitée.
La semaine est passée d’une lenteur hallucinante. C’est Moïra qui m’accompagne à l’aéroport. J’ai piqué un sac de voyage à Kelya. Il n’est pas bien grand, mais assez pour mettre quelques fringues et une trousse de toilette. Le strict minimum pour deux jours quoi. « Putain tu fais chier, la Nouvelle-Zélande quoi… » Je souris un peu. « Tu veux que j’te foute dans mon sac ? Il reste un peu de place.» Elle grimace comme un enfant. « Avec tout le fric que tu vas te faire, tu peux bien me ramener un souvenir. Ou alors un beau mec, ça coûte pas un rond ! » Je ris et secoue la tête amusée. « Ouais, c’est ça, on verra ! » Je plaque un baiser sur sa joue « Amuse-toi bien ma belle ! » « Merci, viens me chercher lundi si tu veux que j’te raconte ! » Je m’éloigne en lui adressant un signe de main et monte rejoins les hôtesses qui me mèneront ainsi que les tous les passagers, dans l’avion. Il y a longtemps que je n’ai pas pris l’avion, en fait, ça ne m’est arrivé qu’une fois, pour venir de la Russie jusqu’ici.
Après avoir passé la sécurité, je monte enfin dans l’avion. Premium class, ça va me changer de la classe éco, c’est grand et vaste, je serai pas collée à quelqu’un. Je sens que je vais aimer ce week end. Je me sens comme une princesse ici. Je trouve mon siège et mets mon sac dans les casiers prévus à cet effet, et je me laisse tomber dans le fauteuil qui est juste trop confortable et laisse échapper un soupir. Je regarde passer les gens près de moi pour trouver leur siège, et d’un seul coup, je sens un parfum qui m’es familier. C’est dingue, chaque fois que je croise quelqu’un qui porte le même parfum qu’Elio, je me sens tressaillir. Mais là, c’est pire encore, c’est comme si c’était l’odeur de sa peau, mélangée à son parfum. Un regard au loin et… putain. Elio. Juste là, à quelques mètres de moi. C’est pas possible. Je perds toute notion de tout, et avant qu’il me voit, je me lève et laisse toutes mes affaire pour faire le tour, et l’éviter en beauté. Je ne suis pas prête. Pas prête à le voir, lui parler. Ce serait trop dur. On a décidé d’un commun accord qu’on ne devait pas se revoir, que c’était mieux pour tout le monde, et je ne veux surtout pas gâcher mon week end de boulot juste parce que je me suis pollué le cerveau en l’ayant croisé dans l’avion. Mais sérieusement, quelle est la probabilité pour se retrouver avec quelqu’un qu’on connaît dans le même avion, et pire encore, avec l’homme qui me rend complètement folle. Qu’est-ce qu’il va foutre à Auckland ? Je reste planquée plusieurs minutes, le temps qu’il trouve - j’espère - son siège. « Mademoiselle, il va falloir regagner votre siège. » « Oui. Oui bien sûr. Pardon. » Je ne bronche pas et retrouve mon siège assez rapidement, passant les environs au crible pour être sûre qu’il ne soit pas près de moi. Ça n’a pas l’air. Ouf. J’essaie de me détendre. L’avion décolle et au bout d’une quinzaine de minutes, je me détache pour aller aux toilettes. Ceux-ci sont déjà occupés, et j’attends à l’extérieur, bras croisés, appuyés sur le mur juste en face. J’entends le loquet de la porte, elle s’ouvre, et là, c’est le drame. Lui. Lui putain. Je ne sais pas combien il y a de personnes dans cet avion, il faut que j’aille aux toilettes en même temps que lui. Mon regard croise le sien et je me sens flancher. Là, je ne peux plus lui échapper. « Wow… trop bizarre ! » Je secoue la tête et laisse échapper un rire complètement paumé. « C’est dingue ça ! Qu’est-ce que tu vas faire à Aukland ? » Ma voix n’est pas du tout assurée, je me planque derrière une façade, mais derrière, je me pisse littéralement dessus. Il est juste là devant moi, dans le même avion. J’ai vraiment du mal à y croire, mais c’est pourtant bien la vérité. Un mois sans lui, ça a été long, très long. Et je sais pas pourquoi mais je le trouve encore plus beau qu’avant.Cette situation est définitivement trop étrange, surtout vu comme mon coeur s’est mis à battre vite d’un seul coup. Pourquoi je ne contrôle rien quand il est dans les parages, bordel ? |
| | | | (#)Mar 28 Juil 2015, 18:56 | |
| « Tu dois le faire Elio ! Rappelle-le ! Rappelle-le ou je te promets que je te fous une raclée comme t’en as jamais connue. » Je sourie faiblement à ma meilleure amie, faisant passer mon téléphone de ma main droite à ma main gauche sans oser vraiment le regarder. « Il sait bien que je peux pas, je lui ai dis que j’ai des responsabilités… » Cette fois Kaecy me fusille du regard ! « Ecoutes moi bien ! Il te donne une seconde chance alors foire pas tout ! C’est que t’es bon pour ça Elio ! Je peux bien prendre soin des jumeaux un week-end ! Il va rien nous arriver je te promets. » Elle vient se glisser debout derrière moi alors que je suis assis sur la chaise et passe ses bras de chaque côté de mon cou pour me serrer contre elle. « Faut que tu profites Elio ! Ca te changera les idées. » Evidement j’ai fini par parler de Kyrah à Kaecy, elle ne sait pas tout, mais assez pour savoir que ce que nous avons vécu m’a bouleversé et que j’ai beaucoup de peine encore aujourd’hui – un mois après – à ne pas y penser tous les jours. « T’as raison… Je vais le rappeler. » Elle dépose un baiser sur ma joue avec de me lâcher, sortant même de la pièce pour me laisser passer ce coup de fil tranquillement. Je ne sais même pas pourquoi j’ai tant hésité ? Peut-être parce que j’ai tout foiré la première fois et que j’ai de la peine à croire que Ashton ait encore envie de me faire confiance. Pourtant c’est le cas et je ne peux pas passer à côté ! Alors je passe cet appelle, j’accepte ce contrat pour une pub à Auckland. « J’espère que je ne regretterais pas de t’avoir fait à nouveau confiance Elio. » Sont les derniers mots que le photographe m’adresse avant de raccrocher – Je l’espère aussi.
------ Les choses se sont vites enchainées après ce coup de fil, billet d’avion, préparation et explication tout ça me mène à trainer ma valise dans les immenses couloirs de l’aéroport deux petites têtes rousses trottinant derrière moi. « Tu reviens quand ? » « Tu reviens vite ? » « On aura le droit à des bonbons même si t’es pas là ? » C’est sur que sur ce point Kaecy est moins laxiste que moi. « Tu nous ramèneras des cadeaux ? » « On peut venir ? » Je laisse mes neveux poser leurs deux cent cinquante milles questions en échangeant un regard amusé avec Kaecy pu arrivé au portique je m’arrête et m’accroupis pour être à leur hauteur. « Je pars juste un week-end les garçons ! Vous serez bien sage avec Kaecy ? » Ils hochent la tête comme deux petits diablotins. « Si c’est le cas vous aurez peut-être une surprise quand je rentre ! Venez là » Je les prends tout les deux dans mes bras leur donnant des bisous qu’ils s’empressent de laver de leurs petites mains comme si c’était sale. Puis je les fais tourner pour qu’ils soient face à Kaecy et leur tapote les fesses pour qu’il la rejoigne. « Filez droit moussaillons. » Puis je me relève pour prendre ma meilleure amie dans mes bras. « Merci Kae’ t’es la meilleur ! Je te promets d’assurer cette fois. » « T’as intérêt. » J’ai l’impression que je vais les quitter pendant des semaines tellement l’idée d’aller dans un pays loin d’eux est étrange. Pourtant je file droit en direction de mon avion. Je suis déjà en retard.
J’arrive devant les portes alors que les derniers passagers son entrain d’embarquer un soupire de soulagement sortant de ma bouche. Commencer par louper son avion c’est n’est pas une bonne manière de se racheter. Je grimpe dans l’engin cherchant du regard ma place. Mes yeux se contentant de faire « billet – numéro » sans regarder autour de moi. Pourtant je n’ai jamais été en première classe et je dois dire que le lieu porte plutôt bien son nom – c’est classe. Je trouve enfin mon siège, en plus d’avoir de la place il n’y a personne à côté de moi – du moins pour le moment. Je me place confortablement dans le siège allumant déjà le petit écran en face de moi pour choisir un programme, le vol risque d’être long et je n’ai pas envie d’arriver là-bas fatigué. Puis alors que nous avons décollé depuis quelques minutes je me détache pour me faufiler aux toilettes. Des toutes évidences les presque un litre d’eau que je me suis bu parce que je ne voulais pas les jeter et que je ne pouvais pas emporter de liquide ont eu raison de ma vessie. Une fois mes mains lavées je jette un léger coup d’œil à mon reflet dans le miroir… J’ai beau chercher depuis quelques semaines j’ai l’impression que quelque chose à changé chez moi… Peut-être simplement ce regard que je me lance et qui me donne l’impression qu’il me manque quelque chose… Que je n’arrive plus à être entier depuis… Mon esprit embrouillé je pose ma main sur la poignée de la porte pour l’ouvrir et là j’ai l’impression que mon cœur éclate d’un coup dans ma poitrine. « Kyrah ? » Mes yeux s’ouvrent d’étonnement alors que je sens mon palpitant s’énerver dans ma poitrine. Son nom est sorti comme dans un demi souffle alors que je la regarde sans trop y croire. « Wow… trop bizarre ! » Je rejoins son rire me sentant d’un coup un peu mal à l’aise « Ouais… » Ma main passe nerveusement dans ma nuque alors que je cherche les mots. Nous ne devions jamais nous recroiser – c’était le plan et je m’étais fait un raison mais pourtant elle est là. Je ne peux pas dire que je n’ai pas pensé à la possibilité que ça arrive un jours mais jamais ici, jamais en sortant d’une pauvre cabine de toilette dans un avion pour Pétaouchnock. « C’est dingue ça ! Qu’est-ce que tu vas faire à Aukland ? » Mon regard plonge dans le sien et j’entends à peine ces paroles tellement j’ai l’impression que dans ma tête c’est un gros bordel. Rien que de la voir devant moi me donne envie d’elle, je voudrais au moins la serrer dans mes bras, la toucher mais évidement je ne fais rien. Ca rendrait probablement la situation encore plus inconfortable. « Asthon m’a rappelé, il avait un proposition pour moi et… » Je vois son regard changer et comprend direct qu’il y a quelque chose de louche. « Non… Me dis pas que toi aussi ? » Je suis un peu perdu je dois bien l’avouer. « Je comprends pas il m’a dit que c’était une pub solo et que… » Je suis réellement paumé, la dernière fois il a pourtant bien vu qu’entre nous ce n’était pas possible et même si les choses ont légèrement changé dans mon esprit il n’est pas supposé le savoir alors pourquoi prendre un tel risque ? « Je suis un peu perdu… » Je vois son regard se détourner du mien pour regarder les toilettes. « Oh heu tu voulais ? » Je me dégage du chemin pour lui laisser la place de rentrer dans les toilettes un peu maladroitement et nos corps se frôlent alors que je la laisse passer, réveillant ce désire si puissant chez moi et faisant pas la même occasion tomber le passeport qu’elle avait dans la poche. Je me baisse pour le prendre avant qu’elle ne le fasse et sans vraiment le vouloir le nom inscrit à l’intérieur attire mon attention. « Tamara… Mais… » Je me relève un peu interloqué sans être sûr qu’elle m’a entendu. Et elle récupère son passeport avant de filer dans les toilettes. Je décide alors de retourner à ma place. Pourtant une fois assis impossible de m’enlever Kyrah de la tête, j’ai beau avoir mis ce film que j’adore elle est partout dans mon esprit, elle me hante et la savoir si proche sans être à ces côtés est tout simplement impossible. Je finis donc par me lever cherchant son siège du regard et me dirigeant dans sa direction. « Je vais aller… Boire un verre. Je t’invite si tu veux ? Je crois qu’on va passer le week-end ensemble alors autant qu’il commence le mieux possible. » Je tente un sourire et attends avec impatience sa réponse. En réalité se passeport a fait surgir plus d’une question dans mon esprit mais je sais que si je la brusque elle va simplement se braquer ou me mentir, pour une fois j’ai envie d’être un peu plus intelligent que ça. |
| | | | (#)Mar 28 Juil 2015, 22:27 | |
| « Kyrah ? » Mon dieu, j’avais oublié à quel point mon prénom dans sa bouche pouvait être une mélodie aussi puissante. Mon corps entier en frissonne de passion et d’envie. Il me met dans un état proche de Ohio. J’essaie de faire bonne figure, comme d’habitude, mais le voir là en face de moi est tellement étrange que je n’arrive plus à vraiment faire marcher mon cerveau. De toute manière, ça a toujours été comme ça avec lui. La raison n’a jamais existé. La passion avant tout. Je le regarde passer sa main dans sa nuque et je me mords l’intérieur de la joue tellement j’aimerai que ce soit ma main à la place de sa sienne. Je lui demande finalement ce qu’il fait ici, en direction d’Auckland. « Asthon m’a rappelé, il avait un proposition pour moi et… » Mes yeux s’arrondissent e ma mâchoire se décroche. Putain. C’est pas possible. « Non… Me dis pas que toi aussi ? » Je ferme la bouche et hoche la tête. « Je comprends pas il m’a dit que c’était une pub solo et que… » « Et il s’est bien payé nos têtes. » Je soupire un peu. Pas que ça me dérange de me retrouver avec lui pour repartir sur un évènement de la sorte. Après, on se sait pas à quelle sauce on sera mangés. Si il faut, c’est juste deux shootings solos, pas de duos, pas de photos à faire l’un contre l’autre. Au fond, j’espère que ce ne sera pas le cas, maintenant qu’il est là, je le vivrai mal de faire mes photos seule et le regarder faire les choses seul dans son coin. « Je suis un peu perdu… » Oui, moi aussi. Et je vais me faire pipi dessus aussi. Je détourne une seconde le regard et Elio comprend vite. « Oh heu tu voulais ? » Je grimace un peu et hoche la tête dans une tête trop mignonne alors qu’il se décale pour me laisser passer. On a beau être en 1ère classe, les couloirs sont assez étroits et mon corps vient déjà frôler le sien, m’électrisant sur le champs. Mon passeport s’échappe de ma poche au même moment, et je suis tellement dans les vapes qu’Elio est plus rapide que moi, il se baisse et récupère le petit livret brun, posant ses yeux là où il était ouvert. Merde. Je récupère furtivement mon passeport et m’engouffre dans les toilettes. Il faut que je reprenne une respiration plus naturelle. On inspire, on expire. Tout va bien. Je me regarde dans le petit miroir, j’ai envie de me foutre une baffe pour être sûre que je suis bien là, que je viens bien de croiser l’homme qui fait battre mon coeur plus vite que n’importe qui. Je crois que je dois sortir de là à un moment donné non ? Ok. Allons-y. Tout se bouscule à l’intérieur de moi. Je rêve qu’il soit encore là, qu’il m’ait attendu, et d’un autre côté je voudrais oublier ça, avoir rêvé. Je quitte alors la petite pièce confinée et ne vois rien. Personne. Je me sens vide d’un seul coup. Je regarde mon passeport entre mes doigts et le remets dans ma poche avant de retourner m’asseoir dans mon siège. Je perds la notion de tout, il fout le bordel dans ma tête, dans mon corps, dans mon coeur, dans mon âme. Je m’assieds finalement et essaie de me concentrer sur l’écran en face de moi. Il y a un nombre incalculable de films que je devrais voir un jour dans ma vie mais dont je n’ai même pas entendu parler. Seulement vu les affiches dans les rues de Brisbane. Sans plus. Je sursaute entendant la voix d’Elio et tourne le regard vers lui pour l’écouter. « Je vais aller… Boire un verre. Je t’invite si tu veux ? Je crois qu’on va passer le week-end ensemble alors autant qu’il commence le mieux possible. » Il sourit. Je me perds dans son sourire un instant avant de le regarder dans les yeux. « Euh… oui, si tu veux. » Comment j’aurai pu dire non à ça de toute manière ? Franchement, comment on peut dire non à un mec comme lui ? Je me lève alors et le laisse passer devant, en éclaireur. Mon regard ne peut s’empêcher de glisser sur son corps, la courbure de son dos, sa musculature, ses fesses. Un coup de chaud s’empare de moi et nous arrivons finalement à l’étage bar. Je prends une petite inspiration et le laisse commander quelque chose, n’importe quoi, mais quelque chose de frais. J’ai déjà trop chaud. Je pose alors mon regard sur lui, je me sens étrange. Je fuis son regard un instant et ne peux m’empêcher de le regarder à nouveau, c’est bien plus fort que moi. Je suis attirée par lui, je ne peux rien faire. Rien. Et puis pourquoi il fait si chaud ici ? Ils allument pas la clim ? Ah y’a déjà la clim ? Putain.. Je récupère mes cheveux pour les attacher dans un chignon en fouillis, dégageant ma nuque pour me faire un peu d’air. Il faut que je trouve quelque chose à dire pour ne pas lui laisser le temps de me demander pourquoi je ne m’appelle pas vraiment Kyrah. « Qu’est-ce que tu as fait de tes monstres ? Caitlyn a finalement accepté de les garder un peu ? » Je sais que c’est un sujet épineux, je ne sais même pas pourquoi je m’embarque là dedans. Je perds mes moyens voilà tout… Je le laisse me répondre, et j’écoute sans réelle attention particulière, parce que mes yeux sont rivés sur ses lèvres avec l’envie folle de l’embrasser. Mais pourquoi ? Je déteste ne plus rien contrôler comme ça. Ça me bouffe. « Tu as déjà été à Auckland ? » Mais bordel, c’est quoi ces questions de merde ?? J’ai envie de me baffer. Encore une fois je le laisse me répondre et je coupe presque avant qu’il ait fini. « Ok tu sais quoi, je… je suis pas sûre que ce soit une bonne idée. » Je soupire un peu, nerveusement. « Tout ça, c’est… je sais pas c’est trop bizarre. On s’est déchirés pendant des semaines, des mois, et là on fait comme si on était, j’en sais rien, genre des amis qui se retrouvent après un mois sans s’être vus. C’est con, c’est complètement con. Pardon hein, mais je sais pas faire semblant. » Voilà, fallait que ça sorte. « C’est pas contre toi, je sais que tu voulais faire les choses bien, ça veut pas dire qu’on passera pas un bon week end. Mais tout ça… ça nous ressemble pas. » Je secoue un peu la tête, désolée. |
| | | | (#)Mar 28 Juil 2015, 23:44 | |
| Je ne sais pas ce que je suis entrain de faire mais c’est probablement la plus grosse connerie de ma vie. Evidement, inviter Kyrah à aller boire un verre semblait être une bonne idée au premier abord, histoire de détendre un peu l’atmosphère, de partir sur de nouvelles bases mais maintenant qu’elle a accepté et qu’elle marche derrière moi je sens un certain malaise me saisir. Je n’ai aucune idée de sujet à aborder, si ce n’est son fameux changement d’identité mais j’imagine que ce n’est pas le genre de choses que l’on lance de but en blanc comme ça… Puis pour être honnête je ne suis pas sûr d’avoir envie de savoir. Avec Kyrah je m’attends à tout et savoir qu’elle a changé de prénom à quelque chose d’un peu flippant je dois bien l’avouer. J’ai l’impression d’être dans le remake d’un mauvais film, j’attends juste le moment ou elle va sortir son flingue pour foutre l’avion dans l’océan… Ou je ne sais où d’autre. Arrivé au bar je me retourne pour lui demander ce qu’elle veut boire et me trouve face à un Kyrah bien en chaleur, c’est vrai que la température n’est pas si fraiche mais à se point c’est plutôt étonnant. Je nous commende deux boissons – alcoolisées évidement – autant en profiter non ? Puis je me retourne vers elle la regardant en hochant la tête comme un idiot sans aucune conversation. « Qu’est-ce que tu as fait de tes monstres ? Caitlyn a finalement accepté de les garder un peu ? » C’est elle qui rompt le silence avec cette question plutôt étonnante je dois bien l’avouer. Je la regarde d’ailleurs un peu étonné ne sachant trop quoi lui répondre. Mes monstres ? Elle est sérieuse ? Elle ne les connaît même pas – comment elle sait que c’est des terreurs ? Ou alors elle parle comme ça de tous les gamins ? Puis pourquoi elle me parle de ma mère franchement ? Elle a pas pire comme sujet de conversation ? « Non.. Non Caitlyn ne les gardes pas. C’est Kaecy, la fille avec qui j’étais au parc. » Je ne rentre pas dans les détails de ma relation avec Kaecy de toute façon je ne sais jamais trop comment expliquer ça ; ma meilleure amie qui habite chez moi pour m’aider à élever les enfants de ma défunte sœur dont sa mère – et donc ma belle-mère – n’a pas voulu et, ho petit bonus on dort de le même lit parce que mon appart est aussi petit qu’un trou de renard et que j’ai foiré le seul casting qui aurait pu me donner assez d’argent pour en prendre un plus grand… Non je doute clairement qu’elle ait envie d’entendre ça et moi encore moins de le raconter. « Tu as déjà été à Auckland ? » Je sens bien que ces questions ne sont pas du tout naturelles et je commence moi même à me tortiller sur mon siège alors que mon regard se perd dans les courbes de son corps. Me rendant compte que c’est déplacé je relève les yeux mais de toute façon Kyrah ne me regard pas vraiment ou plutôt si mais elle semble obnubilée par ma bouche ou quelque chose autour. Machinalement je me passe la main sur le bas du visage pour vérifier que je n’ai pas un truc étrange qui pourrait tant la fasciner avant de reprendre la parole. « Non j’y suis jamais allé mais j’ai regardé quelques photos, je pense qu’on va s’y plai.. » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que Kyrah me coupe la parole. « Ok tu sais quoi, je… je suis pas sûre que ce soit une bonne idée. » Je suis un peu perdu et lèvre un sourcil pour lui faire comprendre qu’il faut qu’elle m’en dise plus. « Tout ça, c’est… je sais pas c’est trop bizarre. On s’est déchirés pendant des semaines, des mois, et là on fait comme si on était, j’en sais rien, genre des amis qui se retrouvent après un mois sans s’être vus. C’est con, c’est complètement con. Pardon hein, mais je sais pas faire semblant. C’est pas contre toi, je sais que tu voulais faire les choses bien, ça veut pas dire qu’on passera pas un bon week end. Mais tout ça… ça nous ressemble pas. » Je laisse un rire un peu agacé sortir de ma bouche alors que mon regard se fait à nouveau plus dur. J’ai beau savoir qu’elle ne le dit pas pour me blesser j’ai l’impression de passer pour un con. « Ouais je vois le genre… Donc si on s’insulte pas ou se saute pas dessus comme des bêtes c’est pas normale ? Avoir un conversation comme des gens civilisés et sans que tout parte en vrille ça t’en n’est pas capable ? » Je suis un peu agacé par tout ça, puis pourquoi parlé de lui sauter dessus me donner envie de recommencer à la toucher. Pourquoi alors que je voudrais l’envoyer chier tout mon corps est indéniablement attiré par elle. « Je suis fatigué de tout ça… Tu peux pas faire un effort tant pis je me ferais une raison, mais compte pas sur moi pour passer mon week-end à te regarder souffler le chaud et le froid comme si j’étais ta chose. Je vais prendre mon verre et retourner à ma place comme ça le week-end se passera très bien pour nous deux. Chacun de notre côté tant que ça concerne pas le boulot. » Je vois d’ailleurs le serveur arriver avec nos verres et j’attrape le mien en vitesse déposant l’argent sur le comptoir en lui laissant la monnaie. Puis je me lève et commence à partir, mais à mi-chemin je me ravise et fait demi tour pour retourner vers elle. « Non tu sais quoi tu fais chier ! Je t’ai pas demandé de me parler de sujet de merde comme de ce que j’ai fais de mes neveux ! Parce que je sais très bien que t’en a rien à foutre et ça me convient parfaitement. Tu veux parler d’un sujet qui fâche c’est ça ? Parce que ça nous ressemble plus selon toi ? Alors vas-y explique moi pourquoi t’utilises pas le prénom sur ton passeport, Tamara ! » J’ai prononcé ce dernier mot bien distinctement pour qu’elle sache que j’avais eu le temps de le lire. « Ou alors raconte moi un bobard, ça sera pas la première fois que tu me prends pour un con de toute façon, et on sait tout les deux que je suis facilement manipulable. Ca va être quoi aujourd’hui ? » Mon regard se plante dans le sien, je sais que derrière cette colère se cache toute ma frustration de ne pas pouvoir la toucher, de me sentir si impuissant face à tous ces sentiments qui m’habitent, de la vouloir à moi tout le temps – maintenant parce que ce mois sans elle était un horreur et que je ne me sens vivant que quand mon regard plonge dans le sien, quand je sens la chaleur de son corps ou l’odeur de sa peau. Que je nous déteste de ne pas pouvoir avoir une simple conversation comme deux personnes normales… Que tout soit si différent avec elle. « Et si je te mets au défi de me dire la vérité ? Est-ce que t’en es seulement capable ? » Je doute que ça soit la bonne solution pour nous deux ce mode de communication, mais c’est comme si rien d’autre ne marchait. |
| | | | (#)Mer 29 Juil 2015, 11:20 | |
| J’essaie de trouver quelques sujets de conversation, mais rien ne me vient. Je ne suis pas naturelle, je ne me reconnais pas. J’essaie de faire bonne figure, de rester calme, mais à l’intérieur de moi, c’est un vrai combat. « Non.. Non Caitlyn ne les garde pas. C’est Kaecy, la fille avec qui j’étais au parc. » Je me contente de hocher la tête. Kaecy, bien sûr. Cette jolie demoiselle que j’ai croisée dans un bar près de la fête foraine. Je ne sais pas trop quels sont leurs liens, mais pour qu’elle garde les neveux d’Elio, il faut qu’elle ait un rôle important. Je sens une boule se nicher dans mon ventre, la jalousie sûrement. Je n’ai jamais ressentir ce genre de choses, et ça m’énerve, fortement. « Non j’y suis jamais allé mais j’ai regardé quelques photos, je pense qu’on va s’y plai.. » Stop. C’est pas possible. Je ne peux pas nous laisser continuer comme ça. C’est ridicule, ça ne nous ressemble pas. « Ouais je vois le genre… Donc si on s’insulte pas ou se saute pas dessus comme des bêtes c’est pas normale ? Avoir un conversation comme des gens civilisés et sans que tout parte en vrille ça t’en n’est pas capable ? » Il est parti en cacahuètes ça y est. Il fallait bien s’en douter de toute manière. Je le regarde et mon regard se noircit, ça y est. Je fronce les sourcils mais ne dis rien. Il m’énerve mais putain qu’il m’énerve. Ça y est, le ton est donné, et tout le monde commence à nous regarder. Ce n’est pas ce que je voulais, je n’étais pas agressive dans mes propos, moi. Mais Elio part toujours au quart de tour. J’aurai dû faire quoi ? Continuer de faire semblant ? C’est ridicule. « Je suis fatigué de tout ça… Tu peux pas faire un effort tant pis je me ferais une raison, mais compte pas sur moi pour passer mon week-end à te regarder souffler le chaud et le froid comme si j’étais ta chose. Je vais prendre mon verre et retourner à ma place comme ça le week-end se passera très bien pour nous deux. Chacun de notre côté tant que ça concerne pas le boulot. » Je soupire largement. « Mais putain tu peux pas rester calme 5 minutes c’est trop te demander ? Pourquoi tu t’enflammes là ? » Il récupère son verre et va pour s’en aller, entre mes dents, je finis par souffler « C’est ça. Dégage. » Je boue de l’intérieur, pourquoi je ressens toujours tous ces sentiments contradictoires quand il est là ? Ça me met hors de moi de ne rien réussir à contrôler. J’en ai marre putain. Et finalement il fait demi-tour et plante à nouveau son regard dans le mien. « Non tu sais quoi tu fais chier ! Je t’ai pas demandé de me parler de sujet de merde comme de ce que j’ai fais de mes neveux ! Parce que je sais très bien que t’en a rien à foutre et ça me convient parfaitement. Tu veux parler d’un sujet qui fâche c’est ça ? Parce que ça nous ressemble plus selon toi ? Alors vas-y explique moi pourquoi t’utilises pas le prénom sur ton passeport, Tamara ! » Je sursaute presque à la fin quand il me balance mon prénom à la gueule. Je fronce les sourcils et je m’apprête à l’envoyer chier mais il me coupe, encore une fois, comme toujours. « Ou alors raconte moi un bobard, ça sera pas la première fois que tu me prends pour un con de toute façon, et on sait tout les deux que je suis facilement manipulable. Ca va être quoi aujourd’hui ? » Cette fois je plisse les yeux tout en gardant les sourcils froncés. Il est sérieux là ? « Oh bah oui, pauvre de toi, pauvre petit chéri manipulable, pauvre petite chose sans défense ! » Je secoue la tête d’un air désespéré. « Tu peux pas te comporter en homme une fois pour toutes ? » Je sais que je touche son égo en lui disant ça, et c’est bien le but. Qu’il me montre qu’il a des couilles putain. Il me fusille du regard et je sens qu’il se retient de répondre quelque chose d’assassin, dans sa lancée. « Et si je te mets au défi de me dire la vérité ? Est-ce que t’en es seulement capable ? » Je soupire et lève les yeux au ciel. « Me parle pas comme à une gamine Elio. C’est pas comme si tu me demandais pourquoi je me suis teint les cheveux en brun pendant des années. C’est intime ce que tu me demandes ! » Et je n’ai pas envie de lui répondre. « Tu fais chier. » Cette fois c’est à moi de fuir. Je récupère mon verre et passe près de lui pour m’enfuir. Je n’ai pas envie de lui répondre. Pas maintenant, pas comme ça. Je file récupérer mon siège et épargne aux gens alentours la suite d’une crise de ce genre, qui nous est tellement habituel de disputer. Au bout d’une trentaine de minutes, je n’arrive plus à tenir en place. Je ne fais que penser à lui et ça me donne des fourmis partout, dans mon corps et dans ma tête. Il me défie de lui dire la vérité ? Ok. Je me lève, doucement, et cherche son siège du regard. Mon regard se pose alors sur son corps assis. Alors que ses yeux sont rivés sur son écran, je m’approche, et sans lui demander la permission, je passe au dessus de lui - sentant mon coeur s’accélérer au moment où je l’enjambe - et m’assieds sur le siège libre près de lui. Il me regarde d’un air surpris. Je vois qu’il va pour ouvrir la bouche mais je le coupe à mon tour. « Non, s’il te plait. Je vais répondre à ta question, mais ne m’incite pas à faire demi-tour. » Finalement, il se ravise, et ça me rassure. Je déglutis un peu, m’assieds en tailleur sur le siège, tournée dans sa direction, les yeux rivés sur mes mains qui trifouillent nerveusement le bas de mon pull. « Je suis née à Moscou. Mon père trafiquait avec la mafia mais on a toujours fermé les yeux, ma mère mon frère et moi. Il m’a choisi un mec, avec qui je devais me marier. J’étais même pas majeure. J’ai tout fait pour m’en dépatouiller, et heureusement pour moi, on a dû fuir en Australie pour éviter je sais pas quoi à mon père. Du coup, j’ai évité le mariage de peu. Mais j’ai décidé de changer de prénom, j’avais pas envie de garder ce prénom qui me rappelait mon passé, qui aurait pu aider l’autre abruti à me retrouver… bref. Depuis 10 ans tout le monde m’appelle Kyrah et ça me convient. Mais mon vrai prénom c’est Tamara. » Je hausse un peu les épaules, avant de plonger mon regard enfin dans le sien. Il a l’air choqué. « T’es pas obligé de me croire. Et puis après tout, je m’en fous. Mais tu m’as posé une question. J’y réponds. » Je hausse un peu les épaules, attendant qu’il dise quelque chose, ou pas. |
| | | | (#)Mer 29 Juil 2015, 22:36 | |
| Je sens l’énervement monter en moi, complètement ingérable et sans doute pas vraiment mérité mais il est là. Pourquoi tout est amplifié quand je suis proche de Kyrah ? Pourquoi je ne peux pas simplement dire d’accord et lui foutre la paix. Pourquoi ça m’énerve tant qu’on ne soit pas capable de se parler simplement ? Ca devrait pas être le cas, je devrais m’en contre foutre, passer mon chemin mais j’en suis tout bonnement incapable. « Mais putain tu peux pas rester calme 5 minutes c’est trop te demander ? Pourquoi tu t’enflammes là ? » Je commence à m’agiter son mon siège en attendant la boisson. Putain il est entrain de nous chier un citron pour la décoration ou quoi ? Il fou quoi ce serveur ? « Parce que… Je te supporte pas. » C’est vrai je ne la supporte pas. Elle et ces remarques à la con, son faux air de « j’ai rien fait je peux juste pas me forcer, je suis tellement vrai comme fille. » La vie c’est pas comme ça ma petite parfois faut aussi savoir faire des efforts et arrêter de regarder son nombril pour voir si il est jolie ? S’il est libre et vie en harmonie. Bon dieu ! Le verre arrive enfin et je peux prendre un peu de distance. Mais dès que je suis loin d’elle j’ai ce manque d’elle qui me reprend, ce besoin de continuer. Et je ne peux m’empêcher de faire demi tour pour lui dire ce que je pense de tout ça. Je ne suis pas calme c’est vrai… J’en suis tout bonnement incapable de le rester et pourtant je me doute que mes mots auraient bien plus d’impact si c’était le cas. « Oh bah oui, pauvre de toi, pauvre petit chéri manipulable, pauvre petite chose sans défense ! Tu peux pas te comporter en homme une fois pour toutes ? » Putain ce qu’elle peut m’énerver. C’est pas possible d’être comme elle, j’ai envie de lui foutre des tartes et en même temps mon esprit ne peux s’empêcher de hurler dans ma tête mon désir pour elle. « Me parle pas comme à une gamine Elio. C’est pas comme si tu me demandais pourquoi je me suis teint les cheveux en brun pendant des années. C’est intime ce que tu me demandes ! » Je me sens d’un coup un peu con. Elle a raison, je suis personne pour lui demander de me dire la vérité au fond. On est même pas capable d’avoir une conversation un tant soit peu normale alors exiger ça c’est un carrément déplacé de ma part. « Tu fais chier. » Je n’ai pas le temps de rajouter un mot que c’est elle qui prend la fuite cette fois pour ne pas revenir.
Je finis à mon tour par rejoindre mon siège, je crois que c’est mieux comme ça au fond, j’aurais du rester là et ne jamais tenter de faire le mec bien. Je ne le suis pas avec elle – de tout évidence quand elle est dans les parage je suis tout sauf un mec de bonne compagnie. Je tente de trouver un film intéressant et de la chasser de mon esprit mais c’est évidement impossible. J’hésite plusieurs fois à aller la voir mais me ravise – ça finirait sans doute mal – ça finit toujours mal avec nous. Peut-être qu’on fond ces adieux lors de la représentations n’étaient pas si mauvais, nous aurions dû en rester là… Pour de bon. Mais c’était sans compter sur ce fourbe d’Ashton. Et final nous sommes réunis dans cet avion. Je ne sais pas depuis combien de temps j’essaye de me concentrer sur se satané film quand je sens quelque chose m’enjamber – ou plutôt quelqu’un… Kyarh… Je déglutis difficilement alors qu’elle vient se positionner à côté dans le siège resté vide. Je m’apprête alors à lui demander ce qu’elle vient faire là mais elle me coupe la parole. « Non, s’il te plait. Je vais répondre à ta question, mais ne m’incite pas à faire demi-tour. » Je hoche légèrement la tête plongeant mon regard dans le sien alors que ma bouche reste fermée cette fois. Je l’écoute me raconter une histoire carrément rocambolesque et je reste septique… C’est tellement gros que je me demande si elle n’est pas une fois de plus entrain de se foutre de ma poire. « T’es pas obligé de me croire. Et puis après tout, je m’en fous. Mais tu m’as posé une question. J’y réponds. » Je continue à la regarder sans rien dire cherchant chez elle un signe qui me prouverait qu’elle est bien entrain de se moquer de moi mais rien. Elle continue à tripatouiller son pull comme une gamine et je me laisse presque attendrir par ce geste de nervosité que je ne lui connaissais pas. « Okay… » C’est le seul mot qui sort de ma bouche alors que je replonge mon regard sur le téléviseur, je n’ai franchement aucune idée de ce qu’il faudrait lui répondre. Pourquoi j’ai voulu savoir déjà ? Je garde mon visage rivé sur le petit écran alors que je reprends la parole. « Tu peux le dire tu sais ? » Je tourne mon visage vers elle pour voir sa son expression d’incompréhension. « Que je suis un petit con et que j’avais aucun droit de te forcer là main pour m’en parler. » D’ailleurs elle l’a déjà laissé sous entendre même si ce n’était pas avec ces mots. « Mais j’ai envie te croire ! Peut-être que je me trompe mais il faut savoir prendre des risques dans la vie… » Je tente un demi sourire puis lui tends un des écouteurs que j’ai dans la main et que j’ai enlevé quelques secondes avant pour mieux l’entendre. « Tu veux ? » Je tente un léger sourire sympathique ce qui est plutôt étrange je dois bien le dire. « Je sais même pas ce que je suis entrain de regarder, c’est un truc avec un Japonais, qui veut tuer un autre japonais, il y a pleins de tranchages de gorges trop mal fait avec des mecs encore en vie après et de combat invraisemblable mais tout ça c’est pour une fille donc bon… » Je pense que mon résumé fait vraiment très envie. « Pour de vrai je déteste les films japonais je sais même pas pourquoi j’ai mis ça. » En fait si je sais, parce que mon esprit était tellement perturbé que j’ai appuyé sur le premier truc qui venait.
Je me replace dans mon siège Kyrah à mes côtés et je ne peux m’empêcher de lui jeter quelques regards, déviant du petit écran où le film continue à se dérouler. Sa main est posée sur l’accoudoir et j’ai l’impression d’être un adolescent de mauvais film américain qui a envie de prendre la main de la fille qui lui plait au cinéma. Mais évidement je ne fais rien – bon dieu ça serait vraiment trop étrange – puis comme Kyrah dirait « Ca ne nous ressemble pas. » Au lieu de ça je tente de me replonger dans le film. « Et donc lui là, avec la barbe moche c’est le méchant, il veut tuer le dragon… Ou alors c’est lui qui a élevé le dragon. Je sais plus… » Bordel je m’en sors pas avec tous ces japonais. Je finis donc par me taire et continue à regarder les bridés se taper de dessus pied nu alors que le silence s’installe – pas si pesant que ça étonnamment. Je le brise pourtant en reprenant la parole alors qu’on voit enfin la tête de la femme pour qui tout le monde semble se battre. « La mafia russe quand même… » J’avoue que je suis un peu étonné. « Bon moi je croyais que tu prévoyais de faire sauté l’avion ou un truc du genre alors tu me diras… Je sais pas ce qui est le pire… Mais la mafia russe quoi… » J’avoue que j’ai quand même de la peine à y croire et encore plus à imaginer les choses que Kyrah a pu voir et vivre… |
| | | | (#)Mer 29 Juil 2015, 23:31 | |
| « Parce que… Je te supporte pas. » Bien sûr, c’est tellement plus facile comme ça. Moi non plus je ne le supporte pas, et pourtant. Pourtant il y a cette foutue attirance, ce foutu désir de le sentir près de moi, contre moi. Mais pourquoi diable est-ce que c’est tombé sur lui ? Finalement, j’en rajoute une couche, lui faisant bien comprendre qu’il me sort par les yeux, et que j’ai besoin d’air. Il faut que je parte, que je quitte cet espace pollué par son air et sa présence. Vite. Très vite, avant de flanche et me jeter dans ses bras comme ‘ai pris l’habitude de faire chaque fois qu’il est à moins de trois mètres de moi. Je cours presque pour lui échapper, tellement je n’ai pas confiance en moi pour me retenir. Je fais du mieux que je peux, essaie de me mettre dans un film, un truc con à l’eau de rose. Non mais je suis sérieuse là ? Je me dandine sur mon siège, me forçant à résister à la tentation de le retrouver. Et puis je n’y résiste plus. C’est trop fort. Trop puissant. Je viens m’installer près de lui et lui déballe toute mon histoire. Comme ça, de but en blanc. Oui je stresse, parce qu’en plus, dit comme ça, y’a peu de chance pour qu’il me croit. Mais au moins, j’aurai essayé. J’aurai été honnête, au moins une fois. « Okay… » C’est tout ce qu’il trouve à dire. Je ne dis toujours rien, les yeux rivés sur le bas de mon pull et mes doigts qui continuent de le triturer. « Tu peux le dire tu sais ? » Je relève le regard, ne comprenant pas vraiment ce qu’il veut dire. « Que je suis un petit con et que j’avais aucun droit de te forcer là main pour m’en parler. » Je hausse les épaules un peu. C’est vrai, il aurait pu garder cette question pour lui. « J’aurai pu décider de ne jamais répondre à cette question aussi… » Après tout, c’est vrai. J’aurai pu vouloir garder le silence sur ce sujet. « Mais j’ai envie te croire ! Peut-être que je me trompe mais il faut savoir prendre des risques dans la vie… » Son demi sourire fait naître le mien, tout petit, au coin de mes lèvres. Il me tend soudainement son écouteur. Surprise, mon regard glisse sur celui-ci au bout de ses doigts, avant que je ne replonge mon regard dans le sien. « Tu veux ? » J’hésite un instant, et finis par récupérer l’écouteur, frôlant ses doigts dans un contact toujours aussi électrisant. Là, il me raconte l’histoire du film, ou ce qu’il en a compris, et je ne peux m’empêcher de rire un peu. « Ouais en fait t’as pas suivi grand chose quoi… » « Pour de vrai je déteste les films japonais je sais même pas pourquoi j’ai mis ça. » Je lui adresse un regard complice, le sourire au coin des yeux, devenus plus malicieux. C’est étrange cette complicité naissante, mais c’est plaisant, je ne vais pas le nier. Je le laisse alors se replacer dans son siège et j’en fais de même, essayant de me concentrer sur le film. Je sens le regard d’Elio sur moi de temps en temps, et ça a tendance à me perturber. « Et donc lui là, avec la barbe moche c’est le méchant, il veut tuer le dragon… Ou alors c’est lui qui a élevé le dragon. Je sais plus… » Je ris encore et secoue la tête, amusée. Nous reprenons le fil du film quelques minutes, et de nouveau il nous coupe. « La mafia russe quand même… » Je tourne la tête dans sa direction et retire mon écouteur pour lui accorder mon attention. « Bon moi je croyais que tu prévoyais de faire sauté l’avion ou un truc du genre alors tu me diras… Je sais pas ce qui est le pire… Mais la mafia russe quoi… » Je ne peux m’empêcher de rire à ses conneries. « Mais t’es con ! » Cette situation m’amuse plus qu’autre chose. « Tu sais, j’ai jamais rien su pour la mafia, enfin, jusqu’à y’a 8 mois quand mon père est mort. C’est là qu’on a compris ce qu’il se passait. Mais il nous a toujours évincés de ses magouilles, et heureusement. Il n’empêche que la vie en Russie, c’est loin d’être la joie. Heureusement qu’on est venus vivre assez vite en Australie. » Je ne sais pas pourquoi je continue de lui parler de moi. Ça vient tout seul. Je crois que Kelya m’a contaminée. J’ai commencé à me livrer à elle une fois, et depuis, ça ne s’arrête plus. Je secoue un peu la tête. « Enfin bref. Je suis pas une terroriste, je vais pas détourner l’avion, à moins que tu me forces à finir ton film pourri. » Je lui souris un peu et hausse les épaules. « Et maintenant que tu connais mon vrai prénom, je vais devoir te tuer… » Je me pince les lèvres dans une bouille faussement désolée. « Et toi alors, qu’est-ce que je peux savoir de croustillant à ton sujet ? Après tout, c’est donnant donnant ! Sinon, c’est pas du jeu. » Ok, on dirait une gosse, mais je m’en fous. « J’ai relevé le défi de te dire la vérité, maintenant c’est moi qui te met au défi de me dire quelque chose sur toi. Mais un truc intéressant hein ! » Je lève les sourcils, bien décidée à en savoir un peu plus sur ce grand bonhomme follement sexy. |
| | | | (#)Jeu 30 Juil 2015, 10:52 | |
| J’ai l’impression d’être entrain de me détendre – ce qui est plutôt étrange. Avec Kyrah j’avais comme pris l’habitude que mes muscles soient toujours tendus, attendant la première raison pour se crisper et autant dire qu’elle m’en avait données plus d’une fois, mais là, je sens que la situation est un peu différente. Je ne me laisse aller sur mon siège trouvant une position plutôt confortable alors que j’ai pourtant beaucoup de peine à fixer mon attention sur ce film. Je finis d’ailleurs par briser ce moment en revenant sur ce qu’elle a dit, peut-être parce que le simple « d’accord » articulé à la fin de sa tirade me semble pas avoir été suffisant. « Mais t’es con ! » Je rigole un peu moi aussi, je sais que pour une fois ce n’est pas de la méchanceté mais que ça se rapporte plus à une sorte de taquinerie ? Bon dieu c’est vraiment étrange. Puis elle n’a pas vraiment tord, je peux avoir l’imagination un peu fertile. « Bah avoue quand même que tu flipperais si tu savais qu’un des passagers de cet avion est là avec une fausse identité. » Je rigole un peu à nouveau jetant tout de même un petit regard à mes voisins. Heureusement qu’en première classe il y a un peu d’espace entre nous parce qu’à entendre nos conversations on pourrait réellement se poser des questions. « Tu sais, j’ai jamais rien su pour la mafia, enfin, jusqu’à y’a 8 mois quand mon père est mort. C’est là qu’on a compris ce qu’il se passait. Mais il nous a toujours évincés de ses magouilles, et heureusement. Il n’empêche que la vie en Russie, c’est loin d’être la joie. Heureusement qu’on est venus vivre assez vite en Australie. » Je hoche la tête, évidement je n’ai aucune idée de ce que peut bien être la vie en Russie et ce n’est pas vraiment le pays que je choisirais pour un petit voyage de complaisance. « Désolé pour ton père… » C’est peut-être la phrase qui dans son explication a la plus attiré mon attention. De toute évidence son père avait des secrets et je ne sais pas si elle le portait vraiment dans son cœur mais je suis sûr d’une chose. Peu importe qui est votre père – il reste votre père. J’ai beau penser que le mien est un couillon de première il est évident que sa mort me toucherait… Il reste mon père. « Enfin bref. Je suis pas une terroriste, je vais pas détourner l’avion, à moins que tu me forces à finir ton film pourri. » Je souris légèrement tendant la main pour éteindre le petit écran. « Je crois que je ne vais pas nous infliger ça ! J’ai trop peur que la fille finisse avec le dragon ou un truc dans le genre… » Bon je l’avoue ça à beau être de la daube je me suis laissé entrainer dans le film et ne peut m’empêcher de me demander comment l’esprit fou des scénaristes a prévu la fin. « Et maintenant que tu connais mon vrai prénom, je vais devoir te tuer… » D’abord surpris par cette pointe d’humour un peu noir je finis par laisser un demi sourire apparaître sur mon visage. « Et toi alors, qu’est-ce que je peux savoir de croustillant à ton sujet ? Après tout, c’est donnant donnant ! Sinon, c’est pas du jeu. » « A c’est comme ça que ça marche ? » Découvrir cette nouvelle facette de la personnalité de Kyrah me fait rire, et je ne peux m’empêcher de penser que sans vraiment nous en apercevoir nous avons glissé dans une conversation plutôt normale. « J’ai relevé le défi de te dire la vérité, maintenant c’est moi qui te met au défi de me dire quelque chose sur toi. Mais un truc intéressant hein ! » Maintenant que la conversation vient sur moi je me sens d’un coup beaucoup moins à l’aise. « J’ai rien d’aussi croustillant qu’un père dans la mafia je dois bien l’avouer. » A côté d’une histoire pareille ma vie est bien plate. « Mais il y a bien un truc – un truc que je ne dis pas souvent… Je suis… » Je fais une petite pause comme si j’étais gêné de continuer. « Un fétichiste des pieds. » Je plante mon regard dans le sien comme si cette révélation me mettait vraiment mal à l’aise et vois son regard un peu étonné puis je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. « Fait pas cette tête Kyrah c’est une blague ! Tu vois moi aussi je peux embobiner les gens parfois. » Cette remarque n’a rien de provocateur pour une fois et je m’étonne presque de plaisanter sur un sujet de conversation qui a été si épineux pour nous. Mais je vois bien qu’elle ne compte pas lâcher l’affaire pour autant et attend sa vrai information. « Je sais pas trop quoi te dire… Me semble que tu connais déjà beaucoup de choses sur ma vie sans même que je n’ai eu a les dire… » C’est ce qui se passe quand on couche avec la mère de quelqu’un j’imagine… « Bon il y a bien quelque chose que tu ne sais peut-être pas. » En fait plus d’une chose c’est sûr mais je ne me sens de loin pas assez en confiance pour déballer ma vie à Kyrah d’un seul coup. Je me mets alors à faire bouger mes mains pour lui parler en langue des signes. « J’ai quelques talents cachés et pas que celui là. » Je me doute qu’elle ne va pas comprendre, il y a peu de chance qu’elle parle la langue des signes et c’est tant mieux car le message que je cache sous cette phrase en dit bien plus sur ce que j’aimerai montrer à Kyrah. Et cette simple idée fait monter un frisson de désir en moi. « Je parle la langue des signes… En fait c’est même mon métier, en dehors des petits jobs pour ramener de l’argent. Ma meilleure amie est sourde du coup… Du coup très jeune ça m’a intéressé et je sais pas… Je crois que j’aimais bien le contraste entre ma passion pour la musique et cette langue de ceux qui ne peuvent pas l’entendre… » C’est plutôt étrange je le sais bien, mais c’est une vérité. |
| | | | (#)Jeu 30 Juil 2015, 17:13 | |
| Voilà où je voulais en venir. Réussir à discuter avec lui naturellement, sans être obligée de me forcer à trouver un sujet de conversation descend. C’est pour cette raison que j’ai coupé net notre échange un peu plus tôt. Ce moment est plutôt agréable, je dois dire, même s’il ne ressemble en rien à ce que l’on a échangé depuis qu’on se connait. Quelques sourires, des plaisanteries, pas un mot plus haut que l’autre. On dirait presque… des amis. Je ne sais pas si c’est vers ça qu’on doit se contenter d’aller, parce que ce serait plus simple, mais en tout cas, on fait l’effort tous les deux de ne pas nous emporter pour des broutilles. Connaissant nos caractères, ce n’est pas chose facile. Et pourtant. « Bah avoue quand même que tu flipperais si tu savais qu’un des passagers de cet avion est là avec une fausse identité. » Je penche la tête un peu sur le côté. « Je n’ai pas de fausse identité ! C’est comme… je sais pas un surnom ! » Je hausse alors les épaules dans un petit sourire alors que je repars dans une explication en rapport avec l’ancienne situation de mon défunt père. « Désolé pour ton père… » Je hausse à nouveau les épaules. « Pas grave. On peut pas dire qu’on était vraiment proches. » Je me pince les lèvres dans une petite grimace, sachant très bien qu’il sait de quoi je parle, puisqu’il vit la même chose avec son père. A la différence que le mien en avait un peu rien à foutre de moi. Il payait tout ce que je lui demandais, et ça s’arrêtait là. Pour le este, je devais m’adresser à ma mère. Mère qui n’a pas cherché à me dissuader de rester en Australie quand mon père a été tué. Mais bref. Passons. Je demande alors à Elio de couper ce film horrible avant que je ne détourne l’avion. Evidemment, je suis rentrée dans sa connerie, et ça a l’air de le faire rire. A présent, à moi d’en savoir un peu plus sur lui. « A c’est comme ça que ça marche ? » Je hoche vivement la tête avec un sourire de petite fille prête à disputer une manche de son jeu préféré. « J’ai rien d’aussi croustillant qu’un père dans la mafia je dois bien l’avouer. Mais il y a bien un truc – un truc que je ne dis pas souvent… Je suis… » Il semble un peu tendu de m’annoncer quelque chose. Je m’avance un peu, comme si j’imaginais qu’il va dire un truc vraiment intime et que personne ne doit entendre. Je plisse même un peu les yeux, rivée sur ses lèvres, lorsqu’il lâche la bombe. « Un fétichiste des pieds. » J’ouvre grand les yeux et me recule d’un coup. « Quoi ? » Vous voyez le minion à la fois choqué et perdu ? Bah voilà. Cette tête là. Finalement il éclate de rire, et même s’il se fout de ma gueule, je dois bien avouer que je suis rassurée. « Fait pas cette tête Kyrah c’est une blague ! Tu vois moi aussi je peux embobiner les gens parfois. » Je fronce mon petit nez pour lui faire une grimace genre ‘gnagnagna!’. « Tu m’as fait peur, pitié pas un malade mental… » Je ris un peu avant de me reconcentrer sur lui. « Je sais pas trop quoi te dire… Me semble que tu connais déjà beaucoup de choses sur ma vie sans même que je n’ai eu a les dire… » Oui, c’est vrai que je sais pas mal de trucs sur lui. Mais ce n’est justement pas ça que je veux savoir. « Bon il y a bien quelque chose que tu ne sais peut-être pas. » Toujours pendue à ses lèvres, j’attends avec impatience qu’il parle, qu’il dise enfin quelque chose. Mais au lieu de ça, je le regarde bouger ses mains, étonnée. Le langage des signes ? J’ai du mal à suivre. « Je parle la langue des signes… En fait c’est même mon métier, en dehors des petits jobs pour ramener de l’argent. Ma meilleure amie est sourde du coup… Du coup très jeune ça m’a intéressé et je sais pas… Je crois que j’aimais bien le contraste entre ma passion pour la musique et cette langue de ceux qui ne peuvent pas l’entendre… » Je ne peux m’empêcher de sourire. Pas parce qu’il parle la langue des signes. En soit, je trouve ça bien, c’est même mignon et pas commun, c’est sûr, mais c’est surtout que je viens de comprendre. Kaecy est sa meilleure amie. Le jour où je l’ai rencontrée dans ce bar, j’ai compris qu’elle était sourde. Maintenant, je remets tout à l’endroit. Elle n’est que sa meilleure amie. Enfin, disons qu’ils ne sont pas en couple, et c’est comme un poids qui s’échappe de mon coeur. « C’est marrant, t’as pas la tête de quelqu’un qui parle le langage des signes. J’ai toujours vu les interprètes plutôt… » Moins sexy. « Je sais pas, assez insignifiants en fait. Mais c’est sympa ! Enfin j’veux dire… c’est bien ! » Ok alors là c’est le drame je m’emmêle les pinceaux, c’est n’importe quoi. Je me racle un peu la gorge, je ne sais pas pourquoi mais d’un seul coup je me sens un peu moins naturelle, ou alors c’est simplement le fait d’avoir pensé que Kaecy n’est pas sa petite amie qui m’a mis dans une émotion un peu différente. « Donc tu as un vrai métier. Enfin… pas que barman soit pas un vrai métier, mais t’es pas un gars sans ambition quoi. » Ça c’était nul, et il pourrait bien le prendre mal que ça m’étonnerait pas. Mais c’est pas du tout ce que je voulais dire. Merde qu’est-ce qu’il m’arrive ? « Enfin quand même, ta révélation n’est pas vraiment à la hauteur de la mienne. C’est comme si moi je t’avouais que mon hobby c’est de faire des claquettes ! » Je le vois surpris et je ris un peu « Non, je ne fais pas de claquettes, c’était un exemple ! Mais je sais pas, tu pourrais me dire pourquoi toi et ton père vous vous entendez pas, par exemple… » J’ai bien compris que c’était un sujet épineux, et me lancer là dedans est comme un test, pour voir s’il compte me faire un peu confiance, ou si au contraire il décide de se refermer comme une huitre. |
| | | | (#)Jeu 30 Juil 2015, 19:13 | |
| Kyrah a perdu son père… C’est une constatation étrange une de celle qui me fait ressentir une empathie au gout amère. Des sentiments que j’ai peur de ne pas ressentir si je perds un jours mon propre père. « Pas grave. On peut pas dire qu’on était vraiment proches. » Je hoche la tête me mordant légèrement l’intérieur de la joue sans trop savoir quoi rajouter pour ne pas trop me dévoiler moi-même et je décide donc de ne rien dire de plus. Peut-être que Kyrah et moi avons plus de points en communs que ce que je n’ai cru. Au lieu de ça je décide de me moquer un peu d’elle en prétendant être un fétichiste des pieds ce qui marche plutôt bien vu la tête qu’elle fait. Mais évidement, je ne peux pas garder bien longtemps mon sérieux et finis par lâcher un rire qui me trahit. « Tu m’as fait peur, pitié pas un malade mental… » Je continue à rire doucement m’imaginant réellement devoir faire ce genre de révélation et puis en me calmant je me rends compte que c’est peut-être la première fois que Kyrah et moi passons un moment aussi sympathique, mon désir d’elle toujours bien présent il semble pourtant s’atténuer légèrement, rester en suspend alors que nous sommes capables de parler sans que mon esprit soit obsédé uniquement par l’idée de lui sauter dessus. Puis je tente de répondre à sa question, quelque chose de pas trop personnel évidement, mais assez pour que j’espère le faire passer sans qu’elle n’en demande plus. « C’est marrant, t’as pas la tête de quelqu’un qui parle le langage des signes. J’ai toujours vu les interprètes plutôt… Je sais pas, assez insignifiants en fait. Mais c’est sympa ! Enfin j’veux dire… c’est bien ! » J’ai l’impression qu’elle s’emmêle les pinceaux et me demande bien pourquoi, il ne me semble pas que j’ai dis quelque chose de si troublant mais je ne relève pas et continue à parler. « T’es pas la première qui me le dit, mais je t’emmènerais bosser avec moi un jour tu verras qu’il y a quelques jolies lots. » Je souris légèrement avant de me rendre compte de ce que je viens de dire. « Enfin si… Si je t’emmenais bosser… Bref… » De toute évidence je commence à me sentir un peu trop à l’aise et je ne suis même pas sur d’aimer vraiment ça. Jusqu’à maintenant tout n’était que volcan en fureur avec Kyrah et là… C’est différent. Un peu trop différent. « Donc tu as un vrai métier. Enfin… pas que barman soit pas un vrai métier, mais t’es pas un gars sans ambition quoi. » Je laisse un léger rire sortir de ma bouche bien que ces mots me vexent un peu. « Merci pour cette super réflexion… » Donc vouloir vivre de ma passion fait de moi un mec sans ambition ? « Tu sais avoir de l’ambition c’est pas tellement le soucis au final… C’est ce qui arrive après… » Je fais un net instant de pause tournant la tête pour capturer son regard. « Mais je crois que tu le sais… » De toute évidence Kyrah devait avoir d’autres projets que de finir prof de danse dans une école et qui plus est le talent pour voir ses projets devenir réalité et pourtant… Je la soupçonne donc d’être elle aussi une de ces artistes en mal, chez qui l’ambition n’est pas un problème. Le problème c’est la réalité de la vie. « Enfin quand même, ta révélation n’est pas vraiment à la hauteur de la mienne. C’est comme si moi je t’avouais que mon hobby c’est de faire des claquettes ! » Je fais un mou un peu étonné en la regardant « Des claquettes ? » « Non, je ne fais pas de claquettes, c’était un exemple ! » Je me disais bien aussi que je ne la voyais pas vraiment sautiller ces petites chaussures aux pieds. « Mais je sais pas, tu pourrais me dire pourquoi toi et ton père vous vous entendez pas, par exemple… » Je me sens d’un coup me crisper. Comme si mes muscles qui avaient enfin semblé se détendre reprenaient leur place habituelle en remontant d’un coup tous ensemble et me coupant presque le souffle. « Ca me semble assez évident ! On est trop différent. » Ma voix est un peu plus dur et je lui fais bien comprendre que je ne compte pas en dire plus pour le moment. Pourquoi elle est venue me parler de ça ? Gâcher ce moment qui était plutôt sympathique en parlant ce pauvre type. « Je vois pas pourquoi ça t’intéresse en plus c’est rien de… C’est pas intéressant. Et puis… J’ai mal aux jambes je vais marcher un peu. » Je me lève sans qu’elle ne dise un mot de plus, mon ton n’était pas agressif cette fois mais plutôt strict, assez pour qu’elle comprenne sans doute qu’elle venait de mettre les pieds là où il ne fallait pas. Mes pas me mènent jusqu’aux toilettes bien que je n’ai évidement pas envie d’y aller et je rester un moment debout à baragouiner tout seul. Je ne sais pas pourquoi j’ai tant envie de retourner là bas et de lui parler… Ca ne devrait pas être le cas, je n’ai aucune confiance en elle, et si ça se trouve elle me baratine depuis le début de ce vol dans l’espoir de je ne sais quoi… Peut-être avoir des éléments contre moi. Je me sens faible face à elle, depuis le début lui donner encore plus d’armes me semble alors une bien belle connerie. « Vous avez pas fini là dedans ? Une heure que j’attends ! » Quelque tambourine contre la porte et je finis par sortir pour retrouver ma place. Je m’attends à ce que Kyrah ne soit plus là et pourtant quand je reviens elle est toujours assise dans le siège à coté du mien. Je reprends place à côté d’elle en gardant le silence quelques instants puis sans la regarder et alors que mes mains viennent malaxer mes genoux de façon un peu étrange je commence à lui parler. « Je crois que ça a toujours été comme ça entre nous deux… Je suis pas le fils qu’il aurait voulu que je sois. Pourtant j’ai tenté de l’être à une époque mais rien n’est jamais suffisant pour lui alors je sais pas… un jour j’ai juste… Arrêter de faire des efforts. » C’était le cas et je vivais mieux depuis mais pour autant le regard jugeant de mon père était toujours là - au dessus de ma tête. « C’est même pas un mauvais père en soit, il est dur et pas assez là pour montrer à quel point il pourrait être mauvais… » Ou pas peut-être aurait-il pu être un bon père si les choses étaient différentes. « Mais c’est comme si il y avait un truc en moi, un truc qui l’empêchait de me voir comme les autres… Quand il me regarde c’est comme si son sourire sonnait faux… J’ai toujours pensé que ça avait un lien avec ma mère… » Je relève cette fois le regard vers Kyarh qui semble un peu étonnée par la fin de ma phrase. Il me faut peu de temps pour me souvenir que Kyrah connaît Caitlyn et qu’elle m’a présenté comme son fils. Mais je pense qu’après avoir vu mon père elle a tout de même du se douter qu’il y avait une couille et que ces deux petits blancs auraient eu de la peine à me faire avec mes origines de toute évidence latinos. Durant quelques instants mon regard sonde le sien, intense et brulant, je ressens à nouveau l’envie d’elle, peut-être parce que j’ai envie de fuir tout le reste, de fondre sur ces lèvres et d’oublier de quoi je suis entrain de parler. « Pourquoi j’ai envie de te faire confiance Kyrah ? » Je pose cette question à voix haute comme je me la pose dans mon fort intérieur depuis plusieurs minutes. Mais la vrai question est : est ce que je peux te faire confiance ? Je voudrais continuer, lui en dire plus mais les mots restent pour le moment bloqués, peut-être parce que je n’ai jamais osé parlé de ma mère plus que ça, parce que je ne l’ai jamais connues et que donc toutes ces choses que j’ai pu m’imaginer me semblent tellement extravagantes et stupides… Alors les livrer pour la première fois à elle ça me semble impossible et pourtant j’en ai envie. Mon âme est comme scindée en deux et seul mon regard dans celui de Kyrah semble attendre le signe qui me poussera à en dire plus ou à me taire… J’ai envie de lui faire confiance… Je ne sais juste pas comment faire après tout ce que nous avons vécu pour que ça soit vrai… Pour ne pas me faire embobiner… La vérité c’est qu’à cet instant précis je crève de peur et je crois qu’elle peut le voir… Alors comme si je fuyais tout ça je viens capturer ces lèvres avec une fougue nouvelle. Je me rappelle soudainement cette sensation d’extase qui s’empare de moi quand nos peaux se touchent, quand nos lèvres se retrouvent – se goutent. Je ne veux penser qu’à ça alors que ma main se dirige déjà vers son dos pour resserrer notre étreinte de peur qu’elle n’y mette fin. |
| | | | (#)Jeu 30 Juil 2015, 23:23 | |
| C’était inespéré, ce genre de moment entre nous. J’ai bien cru que ça n’arriverait jamais. Mais me sentir complice avec lui, autrement que par le désir qui nous lie, ça me fait du bien. Je crois qu’au fond, j’en avais besoin pour me persuader que tout ça est bien réel. Parce qu’une relation basée exclusivement sur des prises de bec et des pulsions de désir, on sait tous que ça ne rime à rien. Alors aujourd’hui, là, dans cet avion, c’est comme si on se donnait une chance de quelque chose de plus, inconsciemment. « T’es pas la première qui me le dit, mais je t’emmènerais bosser avec moi un jour tu verras qu’il y a quelques jolies lots. » Je souris un peu, mais moins qu’au moment où il se reprend. « Enfin si… Si je t’emmenais bosser… Bref… » Je vois que je ne suis pas la seule à m’emmêler les pinceaux. Je baisse un peu les yeux et essayant de cacher mon sourire du mieux que je peux. Mais j’ai du mal. Je me sens tellement bien là. Finalement, je lâche une phrase qui je me doutais allait un peu le titiller. Pour une fois, ce n’était pas voulu. « Merci pour cette super réflexion… » Je me mords la lèvre l’air de dire que je suis désolée, mais je n’ajoute rien. « Tu sais avoir de l’ambition c’est pas tellement le soucis au final… C’est ce qui arrive après… Mais je crois que tu le sais… » Son regard ancré dans le mien, je sens un frisson parcourir mon dos. Je me contente de hocher doucement la tête. Oui. Je le sais. Pour le coup, notre rêve est différent mais se rejoint, lui la musique, moi la danse, tous les deux dans un domaine artistique différent mais complémentaire. Finalement, je m’esquisse de cette conversation pour lui demander de m’en dire plus sur lui. Mais très vite, je le sens se refermer comme une huitre. Merde. « Ca me semble assez évident ! On est trop différent. » Ok. Je comprends vite que je n’ai pas lancé le bon sujet. « Je vois pas pourquoi ça t’intéresse en plus c’est rien de… C’est pas intéressant. Et puis… J’ai mal aux jambes je vais marcher un peu. » Je ne peux même pas en placer une qu’il est déjà parti. Je le regarde s’éloigner jusqu’à le perdre de vue et je laisse échapper un large soupir avant de laisser tomber ma tête contre l’appuie tête. Pourquoi tout est toujours trop compliqué, les relations entre êtres humains sont trop compliqués. Je retire mes chaussures et remonte mes pieds sur le fauteuil, rapprochant mes jambes contre ma poitrine pour venir les entourer de mes bras.
Elio revient plus rapidement que je l’imaginais, même si ça a bien duré une bonne dizaine de minutes quand même. Il se laisse tomber dans le siège, ne me regarde même pas. Ses mains viennent frotter nerveusement ses jambes et je sens qu’il va parler, même si ça a l’air vraiment compliqué pour lui. « Je crois que ça a toujours été comme ça entre nous deux… Je suis pas le fils qu’il aurait voulu que je sois. Pourtant j’ai tenté de l’être à une époque mais rien n’est jamais suffisant pour lui alors je sais pas… un jour j’ai juste… Arrêter de faire des efforts. » Je laisse tomber une jambe pour poser mon pied sur le sol alors que je garde un genou contre moi, mon regard posé sur le jeune homme. « C’est même pas un mauvais père en soit, il est dur et pas assez là pour montrer à quel point il pourrait être mauvais… » Mon coeur se serre, je sens que c’est difficile pour lui de parler de tout ça. Je ne peux m’empêcher de venir poser délicatement ma main sur son épaule, glissant sur son bras dans une caresse compatissante, alors qu’il continue son discours. « Mais c’est comme si il y avait un truc en moi, un truc qui l’empêchait de me voir comme les autres… Quand il me regarde c’est comme si son sourire sonnait faux… J’ai toujours pensé que ça avait un lien avec ma mère… » Cette fois, il pique ma curiosité. C’est vrai que je me suis posé la question plusieurs fois, sans avoir de réelle réponse. Caitlyn est trop jeune pour être la mère biologique d’Elio, à moins qu’il soit plus jeune que ce que j’imagine, mais je ne pense pas. Et puis, il est bien trop brun. Cait est blonde et son père n’a pas du tout le type latino qu’a Elio. Alors maintenant que j’y pense, je suppose que Caitlyn n’est que sa belle-mère, et que donc, il reste le facteur mère biologique d’Elio. Ou ? Quand ? Pourquoi ? Il tourne finalement le regard pour le plonger dans le mien, sûrement dans l’attente que je lui réponde quelque chose, mais je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Mon regard oscille entre ses yeux alors que ma main est toujours posée sur son avant-bras, lui même posé sur sa jambe. « Pourquoi j’ai envie de te faire confiance Kyrah ? » Cette fois un sourire, fin et discret fend le coin de mes lèvres. Il n’est pas la première personne qui me dit ça. Malgré mes apparences mystérieuses et peu stable, je suis quelqu’un à qui on a envie de se confier. Je ne sais pas pourquoi, je ne l’ai jamais su. Pourtant, je ne crois pas inspirer tant confiance que ça. Je sens qu’il a envie de continuer, parler de sa mère, mais il crève de trouille. Et sans même que je m’y attende, il réduit la distance entre nous pour capturer mes lèvres. Mon coeur fait un bond dans ma poitrine, presque douloureux tellement il est puissant. J’ai l’impression de revivre, que mes poumons avaient été privés d’air pendant tout ce mois loin de lui, et aujourd’hui, je retrouve ce qui m’animait quand il faisait encore partie de mon quotidien. Nos langues se retrouvent assez rapidement, je voudrais mettre fin à ce baiser, mais j’en suis tout bonnement incapable. Il vient placer sa main dans mon dos pour me rapprocher de lui et je le laisse faire, parce que je suis si faible face à lui. Ma jambe encore pliée contre moi se dresse entre nous, et sans savoir vraiment comment, je la laisse glisser dans le dos d’Elio, l’emprisonnant donc entre mes jambes. Une de mes mains vient glisser dans ses cheveux alors que l’autre caresse déjà sa nuque. Comme à chaque fois, c’est comme si tout disparaissait autour de nous, mais je ne dois pas oublier que nous sommes dans un avion, il faut que je mette un terme à tout ça avant de commencer à le deshabiller. Ma main descend de ses cheveux à sa joue, et mon pouce se glisse entre nos lèvres, éloignant à peine mon visage du sien, à bout de souffle. Je colle doucement mon front contre le sien, les yeux toujours clos, j’essaie de reprendre ma respiration. D’une voix douce, quasiment un murmure, je lui dis en souriant. « Si c’était une façon d’échapper à mes questions, c’est plutôt réussi… » Je laisse le bout de mon pouce caresser ses lèvres avant d’éloigner mon visage un peu plus, réouvrant les yeux pour le regarder. Je reste pourtant dans ses bras, parce que je mourrai de devoir me séparer de lui. « Je sais que je t’ai menti, plusieurs fois, il y a encore bon nombre de choses que tu ne sais pas sur moi, mais tu peux me faire confiance… » Ma main descend se poser sur son torse et mon regard l’accompagne, puis de mon autre main, je viens caresser du bout des doigts les courbes de son visage. Son nez, ses sourcils, l’arrête de sa mâchoire, et mon index vient caresser ses lèvres que je ne me lasse pas de regarder. « Parle-moi de celle qui t’a donné cette belle gueule… » Je souris, j’ai sûrement des coeurs dans les yeux, et je m’en veux déjà de me rapprocher de lui comme ça, mais c’est bien plus fort que moi. Je n’ai jamais rien contrôlé lorsqu’il était dans les parages, ça ne va pas changer maintenant. |
| | | | (#)Ven 31 Juil 2015, 01:16 | |
| Le désir me consume, il m’habite totalement et je me sens perdre le contrôle de moi même. C’est sans doute ça le vrai désir, celui qu’on ne peut réprimer, celui qui prend place, s’introduit dans votre chair et ne vous laisse plus aucun répit. Kyrah me hante, son corps, le touché de sa peau, le son de sa voix. Quand elle est loin – quand elle est là – quand je la déteste… elle me hante à chaque seconde de ma misérable vie mais là – dans cette avion elle est à moi. Je la sens se perdre dans mes bras, alors que son corps se colle un peu plus contre le mien. Ses jambes m’entourent et j’ai l’impression que le temps a suspendu son vol juste pour nous, pour cet instant mélange de douceur et de passion. Je ne sais même plus identifier les émotions qui me submergent tellement elles sont incontrôlables – de toute façon je ne tente pas de les contrôler, j’ai complètement lâché prise pour me donner à elle. Ces mains courent sur ma peau laissant un frisson apparaître sur chaque nouvelle parcelle qu’elles parcourent alors que les miennes semblent incapables de quitter son corps un instant. Je me fiche qu’on nous voit, de savoir où je suis – plus rien ne compte sauf ça. Mes lèvres qui goutent les siennes, accentuant la pression puis la relâchant toujours avec la peur qu’elle me fuit bien que je sente son envie aussi forte que la mienne. Et c’est pourtant ce qu’elle finit par faire, ses doigts fins déposant une caresse sur nos lèvres pour les séparer. La douceur de ces gestes semble me calmer pourtant je ne peux m’empêcher de soupirer quelques mots alors qu’elle prend de la distance. « Non… Reste… » Je n’ai pas envie de revenir dans le monde réel, pas envie de parler, je cherche encore ces lèvres dans un état de manque mais elle pose sont front contre le mien et je comprends qu’elle aussi cherche son souffle et qu’il faut que l’on s’arrête là. Quand je réouvre les yeux la réalité du lieu me saute à nouveau au visage, nous sommes dans cette avion et pas seul, alors je les referme comme pour oublier et profiter encore un peu de cette parenthèse qui semble s’être ouverte entre nous. « Si c’était une façon d’échapper à mes questions, c’est plutôt réussi… » Un léger sourire vient se faufiler sur mon visage alors que sa main caresse délicatement mes lèvres. « Entre autre… » Je crois que c’est un tout, une frustration contenue pendant cet horriblement et long mois qui avait besoin de disparaître. Alors qu’elle s’éloigne un peu plus de moi, j’ai l’impression de resserrer mon étreinte comme pour l’empêcher de me fuir… Mais en vérité c’est moi qui suis entrain de fuir et je sais qu’elle s’en rend compte… Qu’elle est entrain de me laisser du temps - à sa façon… « Je sais que je t’ai menti, plusieurs fois, il y a encore bon nombre de choses que tu ne sais pas sur moi, mais tu peux me faire confiance… » Son regard bleu me transperce totalement et j’ai l’impression de ne même pas avoir besoin de parler pour qu’elle me comprenne. Je sais que je peux lui faire confiance à cet instant précis, c’est instantané, ce n’est pas que sa main qui parcourt mon visage ou cette tendresse inconnue qui semble avoir surgit de nul part c’est bien plus… C’est un tout. Et je me sens petit à petit lâcher prise, mon étreinte se fait un peu moins oppressante bien que je la garde contre moi, ma main remontant le long de son dos, si lentement qu’il me semble que je tente de mémoriser chaque courbe de ce dernier. « Parle-moi de celle qui t’a donné cette belle gueule… » Mon souffle semble enfin se stabiliser bien que mon cœur batte encore la chamade. Cette fois c’est moi qui prends un peu d’espace, mes mains revenant vers l’avant et se posant sur ces cuisses. Je suis incapable de rompre le contact totalement mais j’ai besoin d’espace pour respirer et quand elle est si proche c’est impossible d’oxygéner mon cerveau comme il se doit. « Je ne sais pas quoi dire en fait… Je ne sais pas qui elle était. J’étais bien trop jeune quand elle est morte pour avoir un souvenir d’elle et mon père n’a rien gardé. Parfois je me demande même si elle a existé… » Je sais que c’est con, c’est évident que ma mère a existé, sinon je ne serais pas là. « C’est tellement de secret… Je ne sais même pas de quoi elle est morte ? Où est sa tombe ? Est-ce qu’elle avait des amis ? De la famille ? Est-ce qu’elle aimait la musique ? Ou même à quoi elle ressemblait… Il a tout détruit… » Je crois que c’est sans doute le plus dur, le fait qu’elle ait été totalement rayée de nos vie, remplacée pas Caitlyn comme si il n’y avait toujours eu qu’elle. « En fait c’est faux… Je suis tombé sur une photo il y a plusieurs années et je pense que c’était elle. C’était marqué Cecilia derrière et… J’ai trouvé que je lui ressemblais » Je laisse un bref instant de silence avant de reprendre. « Cecilia ça pourrait bien être son prénom. Quelques jours après, mon père a trouvé la photo et je ne l’ai plus jamais revue. » Durant tout ce temps mon regard a flirté avec le sol, incapable de supporter celui de Kyrah. « Tu sais je le déteste… Mon père je le déteste vraiment mais parfois je me dis que c’est peut-être juste un homme brisé et incapable de faire face à ce qu’il ressent. Pourtant quand je le vois la seule chose que je me dis c’est que je ne veux pas finir comme lui… » Cette fois je relève mon visage vers elle, sentant un boule se serrer profondément dans ma gorge. « Mais c’est mon père… » Je sais que je ne le dis pas, et que je ne le dirais jamais mais derrière cette phrase se cache une vérité bien plus profonde… La vérité c’est que j’aime mon père… Sans doute autant que je le déteste et malgré tout ce qu’il est. « Je me suis demandé tellement de fois où était la vérité. Parfois j’imagine même qu’elle n’est pas vraiment morte, qu’elle a juste fuit… Parce que mon père était trop con et qu’elle le supportait pas… Ca a pas de sens je sais mais… Ca serait tellement dément de la rencontrer. » Je vois son regard tellement intense se nicher en moi et j’en perds presque mes mots. Il me semble alors que la boule dans ma gorge diminue un peu, que parler devient déjà moins dur. « Je suis pas à plaindre tu sais ! C’est pas ça… J’ai eu une enfance vraiment heureuse… Caitlyn c’est ma mère… Elle a fait du mieux qu’elle pouvait et je l’aime du fond de mon cœur mais c’est juste que… » Je fais une dernière pause avant de finir pour de bon ma tirade qui semble pourtant interminable. « Je voudrais juste savoir… » Evidement aborder le sujet avec mon père est absolument impossible et d’ailleurs ça fait des années que je n’ai même plus essayé, des années que j’ai mis tous mes questionnement sous clef, décidant volontairement de les faire taire et voilà que Kyrah venait réouvrir la boite de Pandor. |
| | | | (#)Ven 31 Juil 2015, 10:18 | |
| « Non… Reste… » Je perds mon souffle, les yeux toujours clos, j’ai envie de céder à nos envies, encore, mais je me ravise. On ne peut pas se laisser aller ici. Il faut qu’on apprenne à contrôler un minimum, même si ça semble complètement improbable. Lui et moi, c’est incontrôlable, ça l’a toujours été. Alors que mon souffle se calme doucement, je lui confirme qu’il peut me faire confiance, qu’il peut me parler sans avoir peur de quoi que ce soit. Et sans plus tarder, je lui demande, tout en caressant tendrement son visage, de me parler de sa mère, celle qui lui a donné la vie. Il s’éloigne un peu de moi et mon coeur se serre, la peur au ventre de l’avoir brusqué à nouveau, qu’il s’en aille, qu’il me fuit. Mais ses mains passent de mon dos à mes cuisses sans rompre le contact. Mon coeur bat plus fort et je soutiens son regard, qu’il ne tarde pas à baisser pour éviter soigneusement le mien. « Je ne sais pas quoi dire en fait… Je ne sais pas qui elle était. J’étais bien trop jeune quand elle est morte pour avoir un souvenir d’elle et mon père n’a rien gardé. Parfois je me demande même si elle a existé… » Mon ventre se serre au moment où il me dit que sa mère est morte. Ma main fait des allers-retour le long de son bras comme pour lui donner la force de continuer. Je le laisse poursuivre, sans dire un mot, le laissant s’engouffrer dans une pense qu’il pense glissante, mais je suis là pour le retenir. « C’est tellement de secret… Je ne sais même pas de quoi elle est morte ? Où est sa tombe ? Est-ce qu’elle avait des amis ? De la famille ? Est-ce qu’elle aimait la musique ? Ou même à quoi elle ressemblait… Il a tout détruit… » Je trouve ça dingue, et d’un égoïsme sans nom. Je n’aimais déjà pas beaucoup cet homme, alors là, c’est pire. Comment peut-on priver son enfant des souvenirs de sa mère, de quelque chose qui lui rappèlerait qui elle était. Il ne peut même pas se recueillir sur sa tombe, je trouve ça dingue. Finalement, il me dit qu’il est tombé sur une photo il y a pas si longtemps, mais son père a vite effacé les traces. Je ne comprends pas, et sentir que ça l’affecte à ce point me fait mal. C’est la première fois que j’arrive à avoir mal en voyant quelqu’un souffrir. Je continue de laisser courir mes doigts le long de son bras délicatement, pour ne pas rompre le contact. « Tu sais je le déteste… Mon père je le déteste vraiment mais parfois je me dis que c’est peut-être juste un homme brisé et incapable de faire face à ce qu’il ressent. Pourtant quand je le vois la seule chose que je me dis c’est que je ne veux pas finir comme lui… » Je secoue la tête un peu. « Je suis certaine que tu ne finiras pas comme lui. » Il relève alors les yeux et le plonge mon regard dans le sien, avec intensité, essayant du mieux que je peux de le réconforter, par ce simple contact non charnel. Elio continue de me parler de sa mère, comme si tout ça avait besoin de sortir depuis tellement de temps. Je ne sais même pas s’il a déjà parlé d’elle à quelqu’un avant moi. Kaecy est elle au courant? Je suppose étant donné que c’est sa meilleure amie, mais qui d’autre. L’espace d’un instant je sens que j’ai une importance particulière pour lui, et ça me fait beaucoup de bien. « Ca a pas de sens je sais mais… Ca serait tellement dément de la rencontrer. » Cette fois je lui offre un petit sourire. Je me rends compte que c’est un rêve profondément ancré en lui, celui d’en savoir plus sur sa mère, et au fond de moi, je me promets d’essayer de faire quelque chose pour lui. Mais je ne ferai aucune promesse que je ne suis pas certaine de tenir. « Je suis pas à plaindre tu sais ! C’est pas ça… J’ai eu une enfance vraiment heureuse… Caitlyn c’est ma mère… Elle a fait du mieux qu’elle pouvait et je l’aime du fond de mon cœur mais c’est juste que… » Cette fois je souris un peu, parce que je sais que Cait a été une bonne mère, pour lui comme pour sa soeur. Elle ne m’en a pas parlé souvent, mais j’ai toujours senti qu’elle leur vouait un amour bien plus fort que ce qu’on imagine. « Je voudrais juste savoir… » Je hoche doucement la tête et ma main libre vient caresser doucement sa joue. « Tu sais, j’ai rencontré une femme il y a quelques années qui m’a dit quelque chose que je n’oublierai jamais. Elle m’a fait comprendre que quand on désire quelque chose, je veux dire, vraiment… » Ma main initialement posée sur sa joue vient se poser sur son torse, au niveau du coeur. « et qu’on y met tout notre coeur, on peut arriver à avoir ce qu’on désire. Absolument tout. A partir du moment où la requête est sincère. » Le plus difficile reste encore à appliquer tout ça, y croire. Un silence s’installe alors que nos regards ne se quittent plus. « Je pense que tu tiens beaucoup de ta mère. Pas seulement physiquement, mais aussi dans ta manière d’être. Quand je vois ton père, je vois bien que vous êtes très différents. » J’esquisse un mince sourire. Cette situation est définitivement étrange, quand on nous connaît. Je vois son regard briller et je ne peux m’empêcher de rester dans cette même énergie, cette tendresse. Parce que pour la première fois j’ai l’impression d ‘avoir pu voir son âme. « Viens-là. » Je glisse ma main dans sa nuque et l’attire vers moi, l’entourant désormais de mes bras. Je viens caler mon visage dans son cou, me pressant un peu plus contre lui, juste pour lui faire sentir que je suis là, aussi étrange qui ça puisse puisse paraître. Je ferme les yeux et me laisse emporter par l’odeur de sa peau. Du bout des doigts je caresse doucement ses cheveux et me laisse bercer par sa respiration. Comme quoi, on est capables de rester calmes aussi de temps en temps. Au bout de quelques longues minutes, je défais mon étreinte et le regarde à nouveau. « Merci. » Il semble ne pas comprendre, alors je me fais plus précise. « Merci de m’avoir fait confiance. De m’avoir parlé. » |
| | | | (#)Ven 31 Juil 2015, 20:38 | |
| J’ai l’impression d’être un ballon qui se dégonfle. Tout sort d’un coup, je n’ai plus de filtre, je me livre totalement à elle, parlant de ce sujet tellement tabou pour moi. Je ne sais pas pourquoi elle est si spéciale, pourquoi elle mais ça semble être une évidence d’un coup. « Je suis certaine que tu ne finiras pas comme lui. » Je voudrais en être aussi certain qu’elle et je fais tout pour mais parfois quand je me regarde, je me vois un peu en lui, je me dis qu’il a certaines faiblesses qui sont aussi les miennes et que si je les laisse prendre le dessus je pourrais facilement devenir un connard dans son genre – c’est effrayant – et en même temps ça me pousse à faire mieux… Du moins je l’espère. Une fois ma dernière phrase achevée je me rends compte que tout mon corps tremble légèrement, que l’émotion qui m’habite est tellement forte que j’ai de la peine à relâcher mes muscles. Pourtant quand sa main vient trouver ma joue je ferme les yeux pour m’enivrer de cette simple caresse. « Tu sais, j’ai rencontré une femme il y a quelques années qui m’a dit quelque chose que je n’oublierai jamais. Elle m’a fait comprendre que quand on désire quelque chose, je veux dire, vraiment… Et qu’on y met tout notre coeur, on peut arriver à avoir ce qu’on désire. Absolument tout. A partir du moment où la requête est sincère. » Je souris tendrement la remerciant du regard. Je crois que c’est une jolie façon de voire la vie, peut-être pas vraiment réaliste mais peu importe. « C’était sans doute une femme bien sage… » J’aimerai d’ailleurs pouvoir appliquer ce genre d’idée à mon mode de vie, parce qu’au fond peu importe le résultat la démarche est belle. Un silence prend place entre nous mais cette fois je ne le brise pas, je laisse nos regards parler à notre place, sa main sur mon torse doit sentir mon cœur battre à toute allure. « Je pense que tu tiens beaucoup de ta mère. Pas seulement physiquement, mais aussi dans ta manière d’être. Quand je vois ton père, je vois bien que vous êtes très différents. » Cette fois je sens que l’émotion est un peu trop importante, le temps d’un court instant j’ai envie de fuir, de ne pas me montrer plus faible encore mais au lieu de ça je reste face à elle glissant ma main sur la sienne – encore posée sur mon torse – je ne suis pas capable de parler mais j’ai pourtant tant besoin d’elle. Et comme si elle avait entendu mon cri du cœur elle se rapproche un peu de moi. « Viens-là. » Elle m’attire contre elle, me prenant dans ces bras et je me laisse faire sans broncher. Mes bras l’entourent délicatement alors que je me laisse bercer par ce contact comme un enfant. Je sais que quelque chose est entrain de changer entre nous – que ce qui se passe n’est pas anodin – du moins pas pour moi. Mais je n’ai aucune idée du chemin qu’il va nous falloir emprunter maintenant et l’idée qu’elle me file entre les doigts me terrifie presque autant que celle qu’elle reste près de moi. Je crois qu’il n’y a aujourd’hui plus de bonne solution… Mais je n’ai pas envie d’y penser. Je ne sais pas combien de temps elle reste proche de moi, sa main caressant ma peau dans un rythme réconfortant mais quand elle se défait un peu de notre étreinte je me sens plus calme – un peu plus serein. « Merci. » Je plisse légèrement les yeux me demandant pourquoi elle me remercie. « Merci de m’avoir fait confiance. De m’avoir parlé. » Un léger sourire s’accroche à mon visage alors que mes mains glissent le long de ces avant-bras pour aller attraper ces deux mains dans les miennes. « Merci d’avoir posé la question… » Je sais que c’est un peu paradoxale vu la réaction que j’ai eu quand elle a abordé le sujet mais de toute évidence ça faisait bien longtemps que ça devait sortir. « J’avais jamais vraiment osé le dire à haute voix… » Evidement Kaecy connaît l’histoire, elle a suivi tout au long de ma vie les tentatives vaines d’en savoir plus mais jamais je n’ai osé lui dire ce que tout cela m’inspirait – comme si je voulais me prouver que ça ne m’atteignait pas vraiment. Je n’ai jamais connu ma mère… Elle ne devrait pas me manquer et pourtant c’est ce que je ressens au plus profond de moi… « Merci. » Je serre un peu plus fort ces mains dans les miennes et ce contact a quelque chose de différent de ceux que nous avons eu avant… Puis l’un de mes mains se décroche pour aller trouver son visage et descendre lentement vers sa nuque alors que je me penche pour sceller mes lèvres aux siennes. Pas de passion déchirante ou de langue cherchant la sienne, je me contente de ce simple baiser, le faisant tout de même durer peu – le finissant en deux fois – et reviens à ma place. « Je suis mort de fatigue. » J’ai l’impression que toute cette histoire m’a chamboulé et pour la première fois depuis bien des semaines je sens l’envie de dormir, la vraie. Je ne sais pas si c’est le simple contact de Kyrah, ou alors le fait d’avoir vidé ce sac qui pesait depuis bien longtemps sur mon dos mais je suis lessivé. « Tu restes là… ? » Je dois avoir l’air d’un gamin qui a peur d’être abandonné et c’est un peu comme ça que je me sens alors qu’elle hoche la tête pour me dire que oui et je l’attire a moi, posant un baiser sur sa tempe puis alors que je me repositionne sur mon siège elle pose sa tête sur mon torse et je l’entoure de mon bras. « Ca te dérange si je mets la fin de ce film ? C’est con mais ça m’obsède ce genre de daube... » Je rigole légèrement et rallume le petit écran mais je n’ai pas le temps de voir 2 minutes du film que je sombre déjà dans le sommeil.
Quand je me réveille pour la première fois Kyrah est encore dans mes bras. Elle semble dormir à point fermé et je fais signe discrètement à l’hôtesse qui m’amène une couverte pour elle. Je ne peux m’empêcher de la regarder dormir pendant quelques instants… Puis le sommeil me rattrape une deuxième fois. Cette fois-ci le réveille est un peu plus brusque – l’avion est pris dans une perturbation et je me réveille alors que ma tête tape l’arrière du siège un peu trop fort. Cette fois Kyrah n’est plus là – ou si mais elle a pris de la distance. Son corps semble un peu plus fermé, elle a toujours la couverture et regarde par le hublot dans un silence absolu comme si elle avait à peine senti la secousse. « Tu penses à quoi ? » Je le sens pensive et me demande si toutes ces questions qui me taraudent existent aussi pour elle. Ce qu’elle ressent vraiment… Une nouvelle secousse me déstabilise légèrement alors qu’un message du pilote nous annonce que nous passons dans une zone de turbulence – non sérieusement on avait pas remarqué. J’attache ma ceinture et respire un grand coup… Je suis plutôt un habitué des avions et je n’ai jamais vraiment eu peur à l’intérieur, pour autant je pense que personne n’aime se faire ballotter de droit à gauche et de haut en bas. Heureusement j’ai l’estomac solide - et vide aussi. |
| | | | (#)Sam 01 Aoû 2015, 11:00 | |
| Je ne sais pas exactement pourquoi j’ai un tel besoin de le rassurer. Sûrement parce qu’en ce moment précis, je peux voir qu’il n’est pas seulement le petit con qu’il prétend être, tout comme je ne suis pas la peste que je prétends être. Il me montre enfin ses faiblesses, et je n’ai pas envie de le rabaisser, bien au contraire. Mes gestes tendres lui montrent qu’il a bien fait de se livrer à moi. « C’était sans doute une femme bien sage… » Je souris un peu, penchant doucement la tête sur le côté comme approbation. J’aimerai bien la retrouver, cette vieille femme. Elle avait l’air folle au début, mais je suis bien placée pour dire qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Lorsque je vois les yeux d’Elio briller un peu plus, je l’attire à moi pour lui offrir une étreinte incomparable à tout ce qu’on a pu vivre et échanger jusqu’ici. Je sens ses bras se refermer sur moi et je caresse doucement son dos tout en fermant les yeux pour apprécier encore plus ce moment. J’entends que sa respiration se calme doucement, me berçant presque. Je crois que je pourrai m’endormir ici dans ses bras sans aucune difficulté. Je finis par m’éloigner doucement de lui, le remerciant de m’avoir fait confiance. Il récupère mes mains sans quitter mon regard. « Merci d’avoir posé la question… » J’esquisse un mince sourire. Pourtant, je croyais bien que ma question n’avait pas du tout été une bonne idée à la base. « J’avais jamais vraiment osé le dire à haute voix… » Mon coeur s’accélère un peu, heureuse d’entendre ce genre de confidence. « Merci. » Il serre un peu plus mes mains et je ne lâche pas son regard une seule seconde. Je n’ai rien à répondre à ça. Finalement une lâche une de mes mains pour la porter jusqu’à mon visage et je ferme les yeux, penchant ma tête légèrement sur le côté comme pour apprécier encore plus sa caresse. Comme un chat en manque d’affection. Finalement sa main vient se nicher au creux de ma nuque pour rapprocher nos visages, alors que je n’ai pas réouvert les yeux. Le baiser qu’il m’offre ne ressemble à aucun de ceux que nous avons échangé jusqu’à présent. Je me laisse complètement transporter, je cherchant pas à avoir plus, je me contente de ce qu’il m’offre sans broncher, profitant un maximum de cet instant d’ultime tendresse. Finalement il décroche ses lèvres des miennes et je ressens comme un manque, d’ailleurs, je peine presque à ouvrir les yeux. « Je suis mort de fatigue. » Je lui souris un peu sans le lâcher des yeux. « Ce serait pas bête de reprendre un peu de forces avant ce qui nous attend. » « Tu restes là… ? » Mon coeur s’accélère de nouveau, dans cette simple phrase anodine, je comprends à quel point il a besoin de me sentir près de lui, et le pire est sûrement dans le fait que j’en ai autant envie que lui. Alors je me contente de hocher la tête. Il m’attire à lui et se positionne un peu mieux pour m’accueillir dans ses bras, comme le plus parfait des petits couples. Je fais passer mes jambes par dessus la sienne, gardant mes fesses sur le siège, et je viens poser ma tête sur son torse, tout près de son cou. Son bras autour de moi me fait un bien fou, je me sens incroyablement bien là, je crois que rien ne pourrait m’arriver. « Ca te dérange si je mets la fin de ce film ? C’est con mais ça m’obsède ce genre de daube... » Je ris un peu et secoue la tête en la gardant pourtant contre lui. « Non vas-y, de toute manière tu dormiras avant de voir la fin ! » Ce qui est effectivement le cas. Dans cette position, je ne peux pas le regarder s’endormir, mais je me cale sur son rythme cardiaque, et sa respiration me détend au point que je ne mets que quelques minutes à trouver le sommeil, moi qui suis quasiment insomniaque. Ma main initialement posée sur son torse perd de sa force au moment où je m’endors, et elle vient glisser, entourant le ventre d’Elio.
Caitlyn est là, ma tête tourne, je sens que j’ai trop bu, ce qui n’est pas spécialement dans mes habitudes, surtout que je tiens plutôt très bien à l’alcool. Ses lèvres sur les miennes je sens mon coeur s’accélérer alors que j’essaie de la repousser. C’est à cet instant qu’Elio entre dans la pièce, les mains d’Erin sous mon t-shirt. Elle vient de partager avec moi son rouge à lèvres, et même si je m’éloigne d’elle rapidement à l’entrée du jeune homme, je sens mon coeur exploser au moment où il pose son regard sur moi. Je me sens coupable, mais de quoi au juste ? Je n’ai rien promis à personne,et pourtant, je me sens horriblement mal de voir ce regard, celui d’un homme perdu, vexé, dégoûté, blessé. Je me réveille d’un seul coup en sursaut. Ma respiration est saccadée, et je suis surprise de voir que je n’ai pas réveillé Elio. Je quitte ses bras assez rapidement, essayant tant bien que mal de me calmer. Je remonte mes pieds sur le siège et pose mon regard vers l’extérieur pour regarder les nuages et essayer de me calmer un peu. Une perturbation vient me forcer à attacher ma ceinture, mais je ne quitte pas le hublot des yeux, bien trop perturbée par ce rêve. « Tu penses à quoi ? » Mon coeur s’accélère en entendant sa voix. Il est réveillé et je ne l’ai même pas entendu bouger, sûrement bien trop concentrée sur mes pensées. J’avale difficilement ma salive et lui réponds assez froidement un « Rien. » qui dénote complètement avec ce qu’on vient de vivre il y a encore une heure avant notre petite sieste improvisée. Une nouvelle secousse fait s’allumer les loupiotes comme quoi nous devons attacher nos ceinture, et le pilote nous annonce une vague de turbulences. Je reste silencieuse mais au moment de la nouvelle secousse je ne peux m’empêcher de venir chercher la main d’Elio, comme pour me rassurer que je ne suis pas seule. Pour autant, mon regard n’a pas croisé le sien. Une fois que l’avion se stabilise, je lâche sa main et garde les yeux rivés sur l’extérieur. « Je crois que Caitlyn est plus attachée à moi qu’elle veut bien le dire. » Volontairement, je n’ai pas utilisé le mot ‘mère’. Cette fois je tourne mon regard vers le jeune homme et sens que son regard est plus fermé qu’un peu plus tôt. « Je suis retournée la voir après la représentation. Elle voulait qu’on discute. J’ai nié pour nous. J’ai pas envie de lui faire de mal. » Cette fois je baisse le regard, me sentant mal de devoir penser à tout ça. Pourquoi tout est toujours si compliqué. « Pourquoi il a fallu que ça tombe sur toi ? » Pourquoi il a fallu que je tombe amoureuse de lui ? |
| | | | | | | | Anywhere but here. With you. [Kylio] |
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