Il riait, même si Niamh le poussait dans ses retranchements, Wren en ressentait des effets plutôt plaisants. Elle avait réussi à le mettre de bonne humeur, là encore il s'agissait d'un fait rare car le grand Doherty était un homme plutôt renfermé et surtout renfrogné. Il n'aimait d'ailleurs pas tellement parler de lui, encore moins partager ses peines et ses peurs mais parfois, il pouvait être un homme relativement drôle et qui ne s'inquiétait de rien. Oui, c'était cela, il était insouciant alors que Reed lui indiquait que son talent ne marchait pas tant que cela. "On ne fait jamais trop attention, comme on dit. Vaut mieux prévenir." Indiquer à la jeune femme qu'il n'y aurait pas la moindre place pour la romance dans ce lien fort étrange qu'ils avaient commencé à nouer mais Wren avait été instinctivement rassuré de constater qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes. Cela voulait surtout dire qu'ils pourraient parler de tout et de rien, tout en ne se sentant pas obligés de faire tourner la conversation autour de leur vie en dehors de cette unique soirée. Une aubaine pour le suédois, qui n'était pas à même d'expliquer la moindre de ses motivations, il n'était simplement qu'un type paumé parmi tant d'autres, l'idiot du village d'après pas mal d'individus mais au moins, il avait un rôle à jouer dans toute cette affaire. Celui de l'instructeur du chaos, celui qui blessait, qui faisait douter et qui, parfois, devait annihiler. Il devait l'assumer, Wren mais faire une pause pour un soir était toutefois agréable et il n'allait pas du tout rechigner de la tournure que prenait les événements. "Un refuge? Très bon choix. T'as déjà essayé de l'appeler Batman pour voir?" Les oreilles du matou bougèrent et un miaulement se fit entendre, de quoi faire sourire un peu plus largement le Doherty, décidément, ce chat était tout le temps dans leurs pattes mais il était attendrissant. A croire que Wren aimait les chats abandonnés à leur triste sort, certainement qu'il aurait aimé que d'autres personnes en fassent de même avec lui lorsqu'il avait quatorze ans et se dirigeait vers un sombre chemin. Pour le moment, Wren se dirigeait vers le réfrigérateur, laissant Niamh tergiverser sur la nécessité de relancer une autre tournée, comme si le suédois allait vraiment lui laisser le choix, il était déjà de retour avec ladite bière quand elle lui confirmait son envie de continuer sur sa lancée. "Ah ouais? Et qu'est-ce que tu veux refaire ici? Tu t'épuiserais, il y a beaucoup trop de choses à retaper." Wren en avait toujours eu conscience et cela ne le blessait plus autant qu'autrefois. "Loin de moi l'idée te rendre ivre bien entendu... Ce serait dommage que tu t'endormes sur le sofa avant la fin de la nuit, clairement." Comme quoi, Doherty n'avait pas totalement perdu le nord dans cette affaire.
« Un refuge? Très bon choix. T'as déjà essayé de l'appeler Batman pour voir? » Elle ne put s'empêcher de sourire en voyant la réaction de son chat qu'elle soupçonnait d'être le roi des idiots mais elle l'aimait bien. Il tenait chaud, était vraiment mignon et ne la jugeait pas quand elle passait ses dimanches en jogging, devant la télé. Un vrai partenaire qui savait bien garder les secrets. Elle saisit la bière qu'il avait ramené avant qu'elle ne se décide. Malin le petit. « Ah ouais? Et qu'est-ce que tu veux refaire ici? Tu t'épuiserais, il y a beaucoup trop de choses à retaper. » « Tu marques un point. Ça prend toujours pas mal de temps de le refaire … » Elle se souvenait de quelques longues heures passées avec son meilleur ami à discuter de ce qu'ils feraient … refaire le monde avec des « et si ». La base. « Loin de moi l'idée te rendre ivre bien entendu... Ce serait dommage que tu t'endormes sur le sofa avant la fin de la nuit, clairement. » Elle allait porter sa bière à ses lèvres quand il prononça cette phrase qui ne put que la faire doucement rire. Elle se redressa comme s'il venait de la piquer à vif. « J'ai entendu parler de la personne diabolique qui s'empare de mon corps quand je suis ivre, et tu as raison ce moi-diabolique n'est pas des plus actifs et intéressants … quand il est ivre. » Joy devait avoir un paquet de photos de ce Niamh diabolique.
Alors que Wren aavit repris place sur son canapé, elle se leva de sa place pour atteindre la platine et retourner le vinyle. Il y a quelques inconvénients à jouer les hipsters … et ne pas utiliser spotify. Elle se retourna une fois chose faite, bière à la main, pour finalement rouler des hanches jusqu'à se retrouver face au suédois, sourire mutin aux lèvres. Il y a des femmes qui auraient certainement pu danser, rouler des hanches et se dandiner de manière lancinante et séduisante. Niamh n'en faisait partie. Elle avait certes cette lueur coquine au fond des prunelles, ses mouvements était instinctifs, naturels, spontanés … elle n'avait pas passer des heures à identifier avec quel mouvement elle était plus ou moins séduisante. Elle agissait par instinct, toujours. Capturant son regard, elle se rapprochait néanmoins du jeune homme tout en se postant face à lui avec ce petit air de défi. « Pas le droit de parler de nous, de refaire le monde … va falloir m'occuper, me trouver une nouvelle occupation ... »
L'alcool n'avait pas fini de couler pour ce soir-là, Wren en était probablement le dernier dérangé car il était clairement rare qu'il rentre au petit matin parfaitement sobre chez lui. Il aimait bien cette sensation de pouvoir tout oublier de la personne qu'il était, pour cela, il n'avait qu'à juste appuyer sur le bouton pause, avaler quelques bières et quelques shots et le tour était joué. Parfait pour satisfaire ce besoin perpétuel de ne pas vraiment exister. Ce n'était pas tant qu'il manquait d'envie de vivre mais Wren désirait surtout vivre autrement, avec moins de vices collés au corps, en étant autre chose qu'un dealer de pacotille qui avait perdu son emploi car il n'avait pas pu s'empêcher de voler quelques bouteilles à la cave du bar où il bossait. Tout cela pour une putain d'histoire d'adrénaline. On en revenait toujours à ce fichu frisson dont il avait constamment besoin pour se sentir bien dans sa peau, c'en était pathétique au possible et s'il devait refaire le monde de son côté, il commencerait sûrement par retirer ce concept de l'histoire de l'humanité pour espérer épouser une vie plus normale, sans drame ni tragédie. Wren ne pouvait rien y faire à l'heure actuelle, choisissant plutôt d'écouter les dires de la jolie Niamh, elle qui acquiesçait face au pouvoir de devin du Doherty. "Je crois capter le fond du message... C'est genre la tête collée au canapé et un filet de bave pendant que ça ronfle, non?" Il avait l'image en tête et le tout le fit pas mal rire alors qu'il ouvrait sa bière d'une main ferme, avalant une courte rasade pour retrouver un tant soit peu de courage. Bien vite, Reed recommença à le surprendre puisqu'elle s'avança vers la platine pour changer de pistes musicales, Wren suivait tout simplement le mouvement, du moins jusqu'à ce qu'elle revienne vers lui avec cet air séducteur collé aux traits, bien sûr, le tout ne devait pas être conscient. Doherty, pourtant, lui, voyait bien qu'elle savait user de son corps pour capter l'attention d'autrui: la preuve, elle avait les yeux verts de Wren qui se promenaient sur sa silhouette sans laisser de côté un seul coin de son épiderme. "Une occupation, hein? Je te proposerais bien une danse... Mais sache que je suis à chier. Après, ça peut être rigolo." Il avait posé ses mains sur l'arrière des cuisses de la jeune femme debout devant lui, les remontant lascivement jusqu'à ses fesses avec un air malicieux. Puis, il se mit debout devant Niamh, lui tendant la main pour l'emporter vers un monde qu'il ne connaissait pas le moins du monde. Son corps se colla au sien et ce peau contre peau était exquis, même si Wren n'avait aucun sens du rythme pour quoique ce fut d'autre que des unions charnelles. Au moins, elle pourrait rire de lui et Wren n'en serait pas gêné avec un peu d'alcool dans le sang.
"Je crois capter le fond du message... C'est genre la tête collée au canapé et un filet de bave pendant que ça ronfle, non?" « Oh tu la connais ? » répondit-elle dans un éclat de rires. Elle n’avait jamais compris faisaient les fêtards qui ivres parvenaient à ne pas s’écrouler de fatigue … elle ne tenait jamais longtemps, du moins elle avait appris à connaître ses limites. La limite où sa version diabolique venait prendre le relai. Elle avait appris à ses dépens amis au moins, elle savait désormais – plus ou moins – identifier le verre de trop. « Une occupation, hein? Je te proposerais bien une danse... Mais sache que je suis à chier. Après, ça peut être rigolo. » Un nouvel éclat de rire venait se mêler à la voix de Madness alors qu’il se levait pour l’accompagner. Encore un peu et on aurait pu les prendre pour cette jeunesse des 70’s. Portés par la musique, l’alcool et sans aucun doute le plaisir de profiter du moment présent sans penser au lendemain et à ce que cela impliquerait et n’impliquerait pas. Bière dans la main, elle ne pouvait s’empêcher de sourire en le voyant se mouvoir au rythme de la musique. Sa peau contre la sienne. Un instant hors du temps. Elle se tourna alors pour lui offrir son dos, dégageant de sa main libre les quelques mèches de cheveux qui s’étaient échappés de son chignon comme pour mieux dégager sa nuque. Et elle se colla langoureusement à lui, avant de boire une gorgée et de porter sa main libre à sa joue, sa nuque tout en restant dans cette position. « J’te juge pas pour tes skills en danse. Promis. » dit-elle en tournant légèrement la tête vers lui, alors que sa peau venait caresser la sienne au rythme de la musique. Une provocation. Une tentation. Une invitation. Le besoin viscéral de sentir sa peau contre la sienne. Viscéral. Elle se libéra de sa bière pour la reposer sur la table basse sans vraiment s’éloigner du suédois. Et elle prit sa main dans la sienne pour venir la poser contre sa poitrine, son ventre, l’invitant à la suivre à d’autres endroits plus intimes alors que leurs corps bougeaient à un autre rythme que celui de la musique. Un rythme plus lent, plus lancinant. Elle laissa sa tête se poser sur son épaule, fermant les paupières, prenant la décision de chasser à nouveau la moindre pensée, la moindre idée, le moindre doute.
« Ca veut dire que tu comptes me juger sur autre chose? » avait-il lancé en accompagnant son discours d'un rire taquin. Elle ne prit pas la peine de répondre, il avait compris. Apparemment, il la comprenait rapidement … à moins que ce ne soit les mouvements de la jeune femme qui faisaient en sorte que tout prenait son sens. Elle avait pris place entre les bras du suédois. Elle avait décidé d'élire domicile contre cette peau brûlante qui ce soir l'attirait de manière énigmatique. Ses paupières se fermèrent lorsque ses lèvres se posèrent sur son épaule et que ses mains se laissaient guider sur ce corps qui frissonnait et qu'elle connaissait mieux que quiconque. Alors, elle savait exactement ce dont elle avait besoin. Et ce soir, il n'était question que de prendre. N'est-ce pas ? Du moins, c'était le pourquoi elle l'avait conduit jusqu'ici. Elle se cambra davantage en se mordillant la lèvre quand les doigts du suédois retrouvèrent leur liberté à l'endroit où elle les avait guidé. Elle se cambra certes, mais elle se collait également davantage à celui qui se tenait derrière elle. Paupières mi-closes, un frisson lui parcourut l'échine. A ce jeu, elle jouait avec ses propres nerfs. « C'est plus sympa que ce que je pensais, la danse. » vint-il lui glisser au creux de l'oreille alors qu'elle tourna la tête pour venir prendre possession de ses lèvres. Sa main avait trouvé sa joue avant de se glisser dans sa nuque comme pour se tenir, s'accrocher à cette étreinte luxurieuse qui la faisait vibrer. « Tout est une question de rythme. » souffla-t-elle entre deux baisers. Son front collé au sien, elle ne l'embrassait pas mais souhaitait conserver cette proximité pour pouvoir s'enivrer de son souffle. Son souffle et son regard. Envoûtant parce qu'il reflétait exactement ce qu'elle ressentait, ce qu'elle voulait. Un face à face passionnel.
Et contre toute attente, elle se détacha doucement de ce corps brûlant et inconnu pour lui faire de nouveau face. Elle lui prit la main tout en attrapant sa bière au passage qu'elle avait quelques minutes plus tôt posée sur la table ; pour l'entraîner jusqu'à sa chambre. Quelques pas suffisaient et pourtant elle avait eu le sentiment de devoir parcourir des kilomètres. Sourire aux lèvres, elle le poussa délicatement sur son lit pour qu'il s'y retrouve allongé sur le dos. Une rasade de bière qui se retrouva sur la table de chevet, à côté d'une paire de lunettes et d'un bouquin sur les comportements sociaux au temps de la préhistoire. Taquine, elle le suivit alors sur son lit. Le genou droit. Puis le genou gauche. De part et d'autre du suédois pour s'approcher avec l'élégance d'un félin. « Tout est une question de rythme. » souffla-t-elle de nouveau avec cet éternel sourire alors que ses mains se posaient sur son torse et que ses lippes venaient à la rencontre de l'objet de luxure. Elle prenait certes mais elle savait qu'un mâle motivé était beaucoup plus intéressant. Et, elle voulait pour quelques minutes avoir le contrôle. Le contrôle sur son plaisir, sur la situation. Tout n'était qu'une question de rythme, elle lui avait dit et allait le lui prouver.
"De rythme fiévreux?" Sa réponse se fit par les faits, les gestes et non la parole. Alors qu'il posait sa main sur sa tête, dans sa crinière, elle comprit qu'elle agissait comme il le fallait, s'amusant à sentir le suédois céder sous ses lippes avisées. Donner et prendre, les éléments indispensables pour une harmonie des plus naturelles. Elle avait planté son regard dans le sien. Pour le voir. Pour voir les effets de ses lèvres et du ballet qu'offrait sa langue. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres alors qu'il l'invita à mettre fin à cet amuse-bouche. Tout était une question de rythme. Il avait compris. Un courant électrique la traversa alors qu'il déposait cette ribambelle de baisers dans son dos. « Je vois ce que tu veux dire avec le rythme... On va le garder celui-là, il était très suave. » Le murmure au creux de ses oreilles avait encore plus d'effet que cette main qui repartait à la conquête de son épiderme. Ses doigts agrippèrent les draps alors qu'elle se cambrait sous les doigts du suédois. « Tu l'aimes lent, le rythme ou tu préfères quand ça s'accélère ? » Un gémissement de plaisir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle cherchait le contact. Se cambrant pour pouvoir sentir le jeune homme, elle laissa ses coudes s'écrouler sur les draps … se cambrant davantage, s'offrant davantage à celui qui jouait au chef d'orchestre. Les muscles se crispèrent, tout comme ses doigts fins qui s'agrippaient au drap, qu'elle serrait finalement.
Son bas ventre brûlait. Il criait à la luxure. Elle le voulait. Maintenant. Elle voulait tout. Absolument tout. Un éclat de rire s'échappa de ses lèvres. « je ferais un bon chef d'orchestre, tu penses. ? » Elle avait chaud. Si chaud. Une perle de sueur roula sur sa poitrine alors que son sang se mettait à bouillir. Elle le sentait cet appel à la luxure, elle le sentait contre les courbes de sa cambrure. « Arrête de jouer. Je te veux. Maintenant. » avait-elle soufflé, les sourcils presque froncés, de cette voix suave. Elle y avait travaillé et un sourire ravi vint prendre sur ses places alors qu'une nouvelle fois, il prenait possession de ce corps qu'elle laissait ce soir s'exprimer. Un râle de plaisir alors qu'elle se redressait, se cambrant davantage en se redressant sur un bras. Elle allait l'accompagner dans cette danse improvisée. La musique s'évanouissait. Il n'y avait plus que ces gémissements de plaisir, le claquement de sa croupe contre la peau du suédois et ces supplications pour un rythme plus soutenu, toujours plus soutenu. Elle sentit les mains du suédois se posèrent sur ses hanches, comme pour intensifier cette danse. Et puis vint le moment où les étoiles sont apparus devant ses prunelles, un soupir satisfait s'échappant de ses lèvres, et ce poids qui s'échappait de ses épaules. La satisfaction. Le nirvana. Il s'écroula presque sur elle. Les corps encore liés. Les paupières closes. La poitrine se soulevant à un rythme effréné. Elle essayait de remonter à la surface. De retrouver la réalité. Mais chaque muscle de son corps était touché. C'était comme un raz de marrée. « Tu es sur la bonne voie … pour ne pas que je t'oublie. » dit-elle d'une voix rieuse, le souffle toujours court … les joues rosies. Satisfaite.
« Je ne suis encore que sur la bonne voie? Ça veut dire qu'y a encore des efforts à faire ça, non? Seriez-vous insatiable, madame? » Elle tourna la tête vers lui pour poser son regard sur celui qui venait de l’emmener là où on peut toucher les étoiles. Un éclat de rires. Un de plus. « J’ai appris qu’il ne fallait pas toujours crier victoire trop vite. Voilà pourquoi je préfère dire que tu es sur la bonne voie. » Elle plissa les yeux pour dire sur le ton de l’humour : « Le challenge, tout ça. » Elle prit place alors aux côtés de Wren, lui étendu sur le dos, elle étendue sur le ventre. L’un à côté de l’autre. Elle aurait sans aucun doute voulu se lover dans le creux de ses bras, du moins, c’est ce qu’elle aurait souhaité faire si elle l’avait considéré autrement qu’un outil. Car ce soir, elle avait décidé que ça allait être son rôle. Finalement, elle finirait presque par les comprendre les connards qui avaient déjà croisé son chemin. Elle se redressa sur les coudes, pour poser sa tête contre la paume de sa main, le regard toujours viré sur ce suédois qui avait ce je-ne-sais-quoi de magnétique, d’envoutant. « N'empêche que j'ai réussi à atterrir dans ton lit là, non? L'aurais-je mérité? » Elle roula des yeux, sourire mutin aux lèvres. « Y atterrir ne veut pas forcément dire y rester. Tu sais ? » dit-elle avec la plus grande simplicité. « Mais oui, tu as sans doute raison, bienvenue. » ajouta-t-elle en tendant un bras pour désigner les lieux. Une chambre plutôt banale bien que le choix des couleurs criardes était à vérifier. Quelques plantes verres, pas mal de bouquins. Une chambre banale où votre regard ne s’accroche pas sur grand-chose.
« Dans une autre galaxie, les choses se seraient surement passées autrement. Mais dans cette galaxie, avec cette version beta de moi-même, j’en viens à te dire que tu fais comme tu le sens. » Elle ne finissait pas sa phrase, fronçant les sourcils à la recherche de sa bière qu’elle repérait finalement. Elle se redressa tant bien que mal, tendant le bras vers la table de chevet pours saisir sa bière. Nouvelle gorgée et reprit : « Moi, mon plan, c’est de finir cette bière, de prendre une douche et de me glisser sous mes draps. A toi de voir ce que tu fais avec cette information. Si jamais tu te décides pour quitter les lieux maintenant ou pendant que je suis sous la douche, fais juste attention à bien fermer la porte derrière toi … pour Baloo. » Elle avait désigné d’un signe de main la porte avec la plus grande simplicité qui soit. Après avoir bu la dernière gorgée de sa bière, oui les australiens vendent leur canette en petite dose les escrocs, elle se pencha au-dessus de Wren, s’appuyant contre son torse pour venir prendre possession une dernière fois – peut-être – de ses lèvres. « Si jamais … ce fut un plaisir. » souffla-t-elle avant de se redresser. C’était une bonne manière de dire au-revoir. Selon elle. Si jamais, il prenait la décision de quitter les lieux maintenant. Dans tous le cas, elle, elle reprenait le rythme de sa vie et poussait la porte de sa salle de bain pour se glisser sous la douche.
Il allait devoir se débrouiller pour interpréter les mots de Niamh à l'heure actuelle: était-ce une réussite ou bien une affaire en cours? Wren releva des sourcils interrogatifs avant de lui sourire, il avait surtout la sensation d'avoir remporté sa mission haut la main car cette femme avait été claire à l'écraser quelques heures auparavant à peine. Oh oui, il y avait eu tous les sous entendus sur les mauvais comportements du Doherty lors de leur rencontre et tout cela s'était mué en un défi que l'expérience de Wren avait pris à coeur. Il ressentait uniquement le positif qui ressortait de cette situation car même s'il n'y aurait pas de débordements affectueux ni de part et d'autre, juste de la fièvre et des regards taquins, quelque chose avait changé dans leur vision de la vie. Wren avait appris à ne pas se contenter du premier coup d'oeil, d'à quel point il était essentiel de toujours gratter la surface pour découvrir le véritable individu qui se cachait derrière le masque et Reed avait certainement compris qu'elle devait se relâcher un peu plus pour vivre dans le présent plutôt que de questionner constamment l'avenir et les conséquences directes de ses choix, une victoire pour chacun d'eux en somme. "Je prends ça pour une victoire." C'en était une car ils avaient perdu leur souffle dans une cacophonie inimaginable alors qu'il faisait encore nuit noire dehors mais cette fois-là, le suédois ne ressentait pas tellement la fatigue, comme s'il se forçait à avoir un surplus d'énergie pour tenir ce défi jusqu'au bout. Ils avaient parlé de la nuit après tout, non? Alors, bien sûr, une grande partie du nordique trouvait l'idée de Niamh idéale, juste se tirer alors qu'elle serait sous la douche et jamais il n'y aurait plus le moindre souci, jamais cette nuit ne serait rediscuté et leur vie reprendrait comme avant. Oh, pas d'inquiétude bien entendu, ils vivraient les conséquences ainsi, avec un sourire aux lèvres du plaisir échangé mais sans qu'il n'y ait le moindre regret d'avoir conclu cela en une unique nuit. C'était parfait ainsi. Wren la regarda, ne lui montrant pas outre mesure qu'il avait pris autre chose comme décision qu'une jolie évasion dès qu'elle aurait le dos tourné. Elle partit bien vite jusqu'à la salle de bain et Wren était forcément tenté de courir rejoindre ses vêtements pour ne plus jamais avoir à se tourner vers le passé mais un challenge restait un challenge. Surtout avec le tête de Doherty. Il arriva donc finalement derrière elle, ouvrant la douche avec ce regard malicieux, toujours reprendre ce duel interminable. "Ne t'inquiète pas, je ne serai pas là à ton réveil. Je change pas mes habitudes là dessus et le deal reste inchangé... On a dit la nuit, c'est encore la nuit donc je compte bien tout faire pour investir ton lit jusqu'à l'aube où je jouerai les Arsène Lupin sans que tu ne bouges d'un centimètre. Tu veux changer les conditions maintenant?" Il ne faisait rien d'autre que cela, qu'allumer le jet d'eau pour que la jeune femme puisse obtenir la douche tant espérée, lui se targuant de juste la regarder, sourire de défi sur les lèvres face à la Reed, on ne remettait jamais en cause un contrat avec un Doherty et il profitait sans compter jusqu'à laisser un vide derrière lui, habituel mais aussi ce qui attirait chez lui, de bien des manières.
« je prends ça pour une victoire. » Et, elle roula des yeux sans vraiment le contredire. Avait-il gagné ? Sans aucun doute. L'heure était au repos. Placée sous sa douche, elle avait les paupières closes. L'esprit vide. Un sourire ancré sur ses lèvres. Le jet d'eau chaude l'apaisait encore plus. Et doucement, elle prenait conscience de ce qui venait de se passer, de ce qu'elle venait de faire. Elle. Niamh Reed. Une folie. Elle secoua doucement la tête comme si elle se surprenait elle-même. Parce que oui, elle se surprenait. Ce comportement n'était pas le comportement de Reed. Est-ce que c'était dû au stress de sa thèse, aux examens médicaux qui restaient toujours là dans un coin même si elle restait dans le brouillard, aux nombreux échecs amoureux qui la tiraient vers le fond. Quelle avait été la raison de ce comportement audacieux ? Son ego qui venait de se réveiller et voulait montrer à la terre entière qu'Elle valait la peine. Elle valait la peine d'être connue, reconnue et qu'on se souvienne d'elle. Tout n'était alors que question d'ego. Elle entendit la porte de la salle de bain s'ouvrir et leva un sourcil, surprise. Pas besoin de tourner la tête pour reconnaître le suédois qui venait alors la rejoindre. Ses pensées s'étaient bousculées dans son esprit. Quelques secondes à peine. Et voilà que tout s'évaporait d'un seul coup.
« Ne t'inquiète pas, je ne serai pas là à ton réveil. Je change pas mes habitudes là dessus et le deal reste inchangé... On a dit la nuit, c'est encore la nuit donc je compte bien tout faire pour investir ton lit jusqu'à l'aube où je jouerai les Arsène Lupin sans que tu ne bouges d'un centimètre. Tu veux changer les conditions maintenant? » Elle lâcha un rire. « Est-ce que je dois lire entre les lignes que de nous deux, c'est toi l'insatiable. Quant aux conditions, je suis une femme de paroles. On a dit la nuit. Un deal est un deal. » répliqua-t-elle en ignorant soigneusement la présence du suédois près d'elle pour se glisser sous le jet d'eau chaude. La tête tomba en avant pour sentir la pression sur sa nuque. Paupières closes.
Il avait toujours été un homme mystérieux, quasi inatteignable parce qu'il n'aimait pas s'accrocher aux gens, Wren, cela lui demandait beaucoup trop d'efforts pour conserver son intérêt sur la durée. Parfois, il se laissait tenter mais rien ne s'était jamais bien fini. Il avait au moins compris cela au fil de ses expériences, les relations humaines n'apportaient bien souvent que son lot de souffrances et Doherty tâchait de toujours s'éviter au maximum la douleur. Il s'en sortait plutôt bien ces derniers temps, il avait même pris son rythme de croisière, on pouvait le dire: Wren sortait quasi tous les soirs, laissant ainsi son colocataire profiter du calme de leur appartement et le grand suédois, lui, allait se perdre dans un bar du coin à la recherche d'une jeune femme qui lui permettrait d'oublier cette étrange solitude qu'il ressentait depuis quelques mois. Bien sûr, les conditions étaient évidentes pour le nordique: on parlait d'une nuit tout au plus et il n'était jamais là au réveil, comme il le spécifiait à Niamh à l'heure actuelle. Il s'agissait surtout d'un instinct de survie, un dont il usait à outrance et qui lui faisait perdre bon nombre d'opportunités de passer de bons moments sur la durée mais soit, Wren acceptait ces tristes conséquences. Là, il était plutôt question, de toute évidence, de tester la limite de la version beta de Reed, elle en avait besoin pour sa prochaine cible après tout, non? Alors, il souriait, le suédois, en entendant la confirmation de la jeune femme, le marché était encore d'actualité, évidemment, on ne revenait jamais sur ses paroles quand on avait un peu bu. "J'ai toujours été insatiable certes, mais je peux aussi me tenir sage et être très serviable, je t'assure." La preuve, il vit la tête de Niamh se baisser sous le jet d'eau pour qu'elle profite de cette chaleur contre sa peau et Wren vint poser ses mains dans son dos, faisant quelques cercles pour masser délicatement cette épiderme relativement détendue. Il s'occupa également de ses épaules et ne parla pas pendant quelques minutes, toucher une femme de la sorte était quelque chose qui lui avait toujours plu, pas besoin qu'il n'y ait de conversations à coeur ouvert, juste un échange de bons procédés dans un contexte particulier. Jusqu'à l'aube.
« J'ai toujours été insatiable certes, mais je peux aussi me tenir sage et être très serviable, je t'assure. » « La version serviable, je crois avoir déjà eu l'occasion de la rencontrer quant à la version sage … je ne pense pas que... » Et elle ne prit même pas la peine de finir sa phrase puisqu'il venait déposer ses mains sur ses muscles tendus pour une ribambelle de raisons toute aussi différentes les unes des autres. Les paupières closes, elle profita simplement de ce silence et de cet instant hors du temps. La version sage existait donc, elle en découvrait sans doute une infime partie. Elle releva la tête pour finalement passer les mains sur son visage, essayant de retirer les quelques traces de fatigue qui commençaient à élire domicile. Elle tourna sur elle pour faire face à celui qui venait jusque sous sa douche. Sans ses lentilles qu'elle avait en un clin d’œil ôté avant de passer sous la douche, elle ne discernait que les traits de son visage. Myope comme une taupe, c'était le fardeau qu'elle devait porter. « Est-ce qu'on t'a déjà dit que tu parvenais à transformer le moindre geste en appel à la luxure ? C'est pas franchement très normal. » avait-elle dit sur un ton amusé, en penchant la tête sur le côté. Mais, rapidement, elle ajouta : « Ou alors c'est moi qui voit le Mal partout … C'est une éventualité. » Possible.
Si la soirée aurait pu annoncer un appel à la luxure sous ce jet d'eau chaude, Niamh parvint une fois de plus à prendre un autre chemin que celui qu'on lui préparait, celui qu'on voyait comme déjà prévu. Non. Pas de luxure. Non. Ses doigts ne glisseraient pas sur ce corps qu'elle commençait à connaître, et appréhender les réactions. Au lieu de cela, elle s'échappa du jet d'eau avec ce parfum fruité qui allait la suivre pour la nuit. Saisissant une serviette éponge non loin de la douche, elle s'y enroula. « Fais comme chez toi. » dit-elle en désignant d'un signe de tête l'étagère à côté de la douche. « Je te laisse récupérer tes forces … si j'ai jusqu'à l'aube, j'ai bien l'intention de sortir gagnante de ce deal et de profiter de tout ça jusqu'à l'aube. » Elle avait désigné d'un geste de la main amusé le corps du suédois avant de se diriger vers le lavabo et finalement disparaître de la salle de bain, brosse à dents coincé entre ses lèvres. Elle lui laissait un peu de répit.
Quand il sortirait de la salle de bain pour regagner sa chambre, il la découvrirait étendue sur le côté, dans ses draps encore froissés de l'ébat passé. Elle planterait ses prunelles pétillantes sur lui, pour tapoter du bout des doigts la place située à côté d'elle. Un air de défi. Un air provocant. Un air amusé. Un mélange d'un peu tout.
Elle ne termina jamais sa phrase, ce qui fit grandement sourire Wren. Peu de personnes avaient déjà eu l'occasion de rencontrer la version plus sage de lui-même car, il était vrai, bien sûr, que le grand homme était le plus souvent dans tous les excès. Néanmoins, il lui arrivait de rester à sa place, de ne pas toujours chercher à désarçonner la personne avec qui il était, tout dépendait de son humeur et de sa capacité à prendre le temps de connaître ladite personne. Avec Niamh, il n'avait clairement jamais été question de sagesse, pas au cours d'une simple nuit de débauche tout ce qu'il y avait de plus basique et pourtant, il réussissait à être tendre au cours des quelques minutes suivantes. Il offrit un doux massage à la jeune femme, elle qui se laissa totalement emporter dans ce nouvel univers, Wren étant fort concentré sur sa tâche. Non, il ne pensait plus à rien et agir ainsi le détendait plus que cela n'aurait dû mais il avait clairement ce côté-là aussi au fond de lui. Au bout du compte, Reed termina de se laver et se tourna vers lui avec cet air relaxé, sa remarque faisant bien rire le beau brun. "Je t'avoue que oui, on me l'a déjà dit plusieurs fois mais mes intentions ne sont pas toujours que lubriques, véridique." Il avait certes une libido développée: là dessus, il ne pouvait ni mentir ni nier mais parfois, Wren agissait sans forcément agir en pensant au sexe qu'il pourrait récolter après. Là, il n'y avait pas pensé, observant Niamh s'éclipser de la douche pour aller se sécher et terminer son nettoyage de pré-couchage. "On pourra être gagnants à égalité, non?" Il lui fit un clin d'oeil en détaillant le corps de la jeune femme à son tour car oui, Wren, lui, prit quelques minutes supplémentaires pour nettoyer et détendre son corps, sortant de la douche et se séchant prestement. Bien évidemment, il ne prit pas tellement la peine de se rhabiller après coup, se dirigeant à nouveau vers la chambre pour tomber sur une Reed déjà sous les draps, la main tapotant le lit pour qu'il vienne la rejoindre. Pour sûr, le grand brun ne se fit pas prier: il glissa dessous à son tour, se tournant vers Reed, remettant en place ses mèches désordonnées d'une main distraite. "Qu'est-ce que c'est que cet air, madame?" Il souriait spontanément, ses yeux verts d'eau l'observant sans agir plus, il profitait simplement de l'instant, conscient que le temps passait vite et qu'un jour, il ne pourrait plus faire tout cela.
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