Quelle importance de savoir qui dort où dans le lit ? Loin d’être routinière, tu ne te focalises pas sur ce genre de détail. Sur la droite, sur la gauche, au centre, en diagonale, sur le ventre, sur le dos, sur le côté, tout cela n’est que futilité. L’unique chose primordiale concerne qui partage ton couchage. Ton doudou licorne est au somment de cette liste. Depuis son acquisition, il ne s’est pas passé une seule nuit sans qu’il te tienne compagnie. Du moins jusqu’à ce que le débardeur d’Itziar le détrône. Il reste proche malgré tout, sur ta table de chevet. L’ordre établi est de nouveau chamboulé. Elle vient de se positionner sur la plus haute marche du podium. Elle partagera tes nuits. C’est elle que tu serreras dans tes bras. C’est son cou qui aura le privilège de ressentir ton souffle pendant ton sommeil. Ce sont ses lèvres que tu embrasseras au réveil. C’est elle qui hantera tes songes. C’est elle qui te servira de camisole lors de tes agitations nocturnes. C’est pour elle que tu souriras dans ton sommeil. C’est sur son corps que se poseront tes mains. C’est dans le creux de son oreille que tu lui chuchoteras ces trois mots remplis de sens. C’est pour elle que ton cœur battra. C’est d’ailleurs déjà le cas. Alors pour tout ce qu’elle t’apporte, tu peux bien te muer en couverture humaine. « Je te réchaufferai avec grand plaisir. » Tel est le but d’une couverture, non ? Un sourire mutin orne tes lèvres, trahissant ta malice. Tu ne précises rien de plus. Itziar est assez maligne pour comprendre les sous-entendus cachés dans ta réponse. Elle en a déjà eu un aperçu au moment de son massage. Derrière tes airs innocents, tu es relativement coquine quand il s’agit de jouer lubriquement. Tapoter son nez en est une preuve. Tu t’amuses à la taquiner via du tactile. Tu te moques bien qu’elle n’ait pas regardé tes placards. Le cas échéant, tu aurais été déçue. Tu as choisi ta robe pour capter son attention. Tu voulais revoir cette lueur dans ses yeux. Cette lueur amoureuse. Et tu as réussi. Ses prunelles pétillent et te dévorent avant que sa bouche ne prenne le relai et s’attaque à ton cou. Tu feules à ce baiser. Ton cou a toujours été une zone sensible. Moins que ton cœur qui accélère à ses mots. Le plus important. Toi. Un compliment qui te touche au plus profond de ton être.
Tu l’abandonnes pour constater son mensonge. Tu tiens là un excellent prétexte pour la voir nue. Itziar n’est pas dupe et ne tombe pas dans le panneau. La blonde n’a rien de stupide. Ses neurones sont en état de marche. Elle a démasqué ta malice. Tu ne peux que glousser. « Si je le pourrai mais ça me demanderait du temps. C’est plus rapide de te mettre toute nue. » Comme si tu comptais ton temps. Tu es capable de rester des heures dans ton atelier à travailler. Plus qu’un métier, styliste est une passion. Tu adores concevoir des vêtements de A à Z. De l’esquisse sur papier au modèle de tissu. Tu te perds régulièrement dans tes idées. Il ne t’est pas rare de recommencer une création plusieurs fois avant d’arriver à la version définitive. Tu es exigeante avec toi-même. Tu le seras davantage pour elle. Hors de question qu’elle ressemble à un clown dans tes tenues. Ta princesse se doit d’être la reine lors de vos sorties. Si tu attireras les regards par ton excentricité, elle le fera par son rayonnement. Et bien que sa luminosité naturelle suffise à aimanter des iris, tu envisages de la sublimer. Tu afficheras sa beauté au monde entier. Tu le rendras jaloux. Le pire sera le jour de votre mariage. Ce jour-là, elle sera merveilleuse. Plus solaire que le soleil lui-même. S’il a lieu un jour. Vous avez le temps d’en discuter. Les choses vont déjà assez vite comme ça. En cinq jours, tu es passée de célibataire à en couple. En cinq jours, tu es passée de vivre seule chez soi à avoir une colocataire de charme. Si charmante que tu l’embrasses langoureusement. Le contrat n’est qu’un prétexte. Tu as simplement laissé parler ton envie. Tu fais tout de même attention à ne pas trop la faire parler. Tu pourrais exprimer un désir sexuel, un souhait de sceller votre accord d’une manière plus corporelle. Là aussi vous avez le temps. Elle n’est pas encore partie. Repartira-t-elle un jour ? Rien n’est moins sûr. « Des cookies ? Quels cookies ? » Tu saisis les deux derniers biscuits dans l’assiette. Tu les avales tel un goinfre. Tant pis pour le glamour. La bouche pleine de miettes, tu ris de ton ânerie. Calmée, tu réserves le restaurant avant de revenir te positionner sur ton fauteuil, prête à la dessiner et à l’admirer se faire pardonner.
Perdre le nord pour ce genre de choses ? Jamais. Ta mémoire sélective n’oubliera jamais une chose aussi agréable. Par contre, tu perds volontiers la tête face à la blonde. Elle te la fait tourner comme une roue, à une vitesse vertigineuse. Si elle se déshabille, tu crains ne pas réussir à te contrôler. Ses courbes t’appelleront trop fortement. Tu préfères retarder ce moment. Il te semble idéal comme dessert pour clôturer la soirée. « J’ai pas envie que ma voisine te voie nue. La connaissant, elle pourrait appeler la police pour attentat à la pudeur. On verra ça ce soir quand elle sera couchée. » Tu dis la vérité. Ta voisine est réellement une peste. Cette quadragénaire solitaire coincée est la sorcière du quartier. Jenna est la Belle au bois dormant comparée à elle, c’est pour dire. L’activité se décide à son lever du canapé. Tu attrapes tendrement sa main. « Les magasins de jouets. », lui réponds-tu spontanément. Ils sont de loin ceux que tu fréquentes le plus. « Mais ça va pas être pratique pour t’habiller. Sinon je me balade dans des petits magasins locaux indépendants. » Tu n’es pas adepte des grandes enseignes mondiales réputées et des marques. Il t’est hors de question de cautionner ce capitalisme vestimentaire. Et encore moins d’acheter une robe fabriquée en série. Tu te refuses de ressembler à quelqu’un. Chacun est unique. Tu tiens à le montrer. « Tu l’as déjà fait en entrant dans mon appartement. » Il reflète ta personnalité. Simple, coloré, bordélique (sauf aujourd’hui), il retranscrit à la perfection ton état d’esprit. Il n’existe pas de Rose version publique et privée. Tu es toujours la même en toutes circonstances. Tenant ses doigts, vous quittez ton domicile. Tu l’entraines vers le parking où ta voiture vous attend. Sans même prononcer la moindre syllabe, tu es certaine qu’elle va l’identifier dans la masse. Il n’y a que toi pour posséder une Mini à la teinte rosée dans le coin. Tu la déverrouilles et ouvres la portière côté passager. « Si ma princesse veut bien se donner la peine. » Une fois montée, tu rejoins la place conducteur. Tu démarres et te mets en route, direction le centre-ville.
Tu roules calmement. Tes mirettes jonglent du bitume à ta passagère. Elle est magnifique. Malicieuse, tu ralentis à l’approche d’un feu rouge vert. Virant couleur pivoine, tu es ravie de t’y arrêter et de profiter de ces instants pour admirer la serveuse. Hypnotisée par ses courbes, tu ne remarques pas que le feu a changé de couleur. Ce n’est qu’au coup de klaxon de la voiture derrière toi que tu décolles. Un quart d’heure plus tard, vous arrivez sur un parking souterrain. Garée, tu descends et retournes lui ouvrir la portière. Tu reprends sa main. Vous marchez quelques minutes dans des rues étroites jusqu’à arriver devant une vitrine. « Ici se trouve mon coin de paradis. », lui annonces-tu avant de rentrer. A l’intérieur, elle peut comprendre pourquoi. Plusieurs robes couleurs vives sont suspendues sur des mannequins. Rien n’est vraiment rangé. La boutique ressemble un peu à une chambre d’enfant après un moment ludique. La gérante bouge de l’arrière de son comptoir. Avec sa coupe au carré doré encerclant son visage rond, sourire aux lèvres, Mia, du haut de son 1m50 vient vous saluer. « Coucou Rose ! Tu es ravissante dans ta tenue ! » Elle te claque la bise. Vous vous connaissez depuis plusieurs années. « Coucou Mia ! Je te présente Itziar, ma princesse. » Tu n’as pas la volonté de l’afficher. Tu n’as pas non plus l’intention de cacher votre relation. Tu es fière d’être sa moitié. « Elle s’est faite voler ses affaires en bas de chez moi. J’ai pas le temps de lui créer une tenue avant ce soir alors on vient t’embêter. Il lui faut une robe qui la transforme en reine, j’ai directement pensé à toi. » Mia a toujours su répondre à tes attentes. Même les plus loufoques. Surtout les plus loufoques. Elle fait partie de ces rares personnes qui comprennent tes demandes sans avoir besoin de les répéter dix fois. Vous êtes en symbiose artistique. Comme son look le prouve avec le port de son élégante robe jaune citron à pois orange digne de ton imagination.
Cette explication là faisait tout de suite bien plus sens que le raccourci qu'avait pris Rose quelques secondes plus tôt. Cette fois, c'était d'une logique imparable. Lui ajuster des vêtements pour qu'ils soient à sa taille prendrait effectivement bien plus de temps qu'il ne lui en faudrait pour qu'elle se mette toute nue. Bien plus de temps qu'il n'en faudrait pour que Rose la déshabille. En moins d'une minute, elle pouvait régler ce problème de fringues. Il n'en aurait pas fallu plus pour que tous ses vêtements finissent au sol. C'était la solution la plus rapide. Cela dit, ce n'était pas forcément la solution la plus pratique, ni même celle qui se prêtait le plus à la vie en société. Il ne fallait pas choquer les bonnes mœurs. Le naturisme n'étant pas perçu comme la norme. Elle attirerait les regards si elle mettait un pied dehors sans rien sur le dos. D'ailleurs, elle n'aurait peut-être pas à aller si loin pour cela. Il lui suffirait de croiser un voisin de Rose dans le couloir ou dans l'ascenseur pour que cela ne soit déjà plus compatible. Il faudrait alors qu'elle se contente de sa seule et unique tenue, celle qu'elle portait actuellement. Elle aurait le loisir d'échanger ses hauts une fois sur deux en allant dérober à Rose le débardeur qui était encore le sien cinq jours plus tôt. Pour le reste, elle n'aurait qu'à se confiner nue, dans l'appartement de la styliste le temps de laver et sécher sa seule et unique tenue. Ce qui, finalement, ne paraissait pas si mal que ça, bien au contraire. Elle pouvait imaginer bien pire façon de passer ses journées que celle-ci et elle en serait presque déçue de ne pas avoir déposé toutes ses affaires sur le trottoir avant de monter jusqu'à chez Rose. Elle ne peut s'empêcher de rire quand l'australienne englouti les cookies sans demander son reste. "Je sais pas, j'ai cru que j'avais vu des cookies, mais j'ai dû me tromper. Tu feras attention par contre, t'as une miette, juste-là." Qu'elle lance en riant, venant essuyer du bout des doigts le coin de la bouche de la jeune femme. Elle la laisse passer son appel, puis elle réfléchit. Se mettre la voisine à dos dès son arrivée, n'est peut-être pas la meilleure chose à faire quand on compte s'installer de manière durable. "Et elle se couche tard la voisine ? Au pire, faudra trouver une autre activité." et elle ne manquait pas d'idée pour cela. Tout comme elle savait que Rose non plus. Cependant, pour l'heure, il n'était pas question d'attentat à la pudeur, ni même de choquer les bonnes mœurs. Il n'y avait que Rose pour parler de la dessiner nue puis pour mentionner les magasins de jouets dans la même conversation. Magasins où elle aurait effectivement bien du mal à trouver chaussure à son pied. Quoi que. "Ben ... ils vendent des déguisements de princesses dans les magasins de jouets non ? Il y aurait vraiment pas ma taille ? Sinon, j'imagine que les petites boutiques locales feront l'affaire." qu'elle demande feignant une moue boudeuse, sachant pertinemment qu'elle ne rentrait plus dans ces tenues-là depuis un bon moment. Elle avait cependant hâte de découvrir dans quel genre de magasins l'australienne, avec son style qui lui était propre, pouvait trouver son bonheur. Cela lui offrait un regard un peu plus poussé dans son univers qu'elle découvrait petit à petit. "Ton appartement c'est un aperçu. Je veux tout savoir de toi et de ce que tu aimes." De ce qu'elle n'aime pas bien évidemment, parce que c'est tout aussi important. Elle est intéréssée par les petits détails, par les petites choses qui font de Rose ce qu'elle est. Ses petites manies, ses petites extravagances, ses petits défauts qu'elle trouverait adorables avant de maudire. Même la voiture qu'elle conduit à un intérêt pour elle. D'ailleurs, elle la repère en un coup d'oeil dans le parking, sans que Rose n'ait besoin de dire quoi que ce soit. "Je parie que c'est le gros 4x4 noir là." qu'elle plaisante, pointant du doigt la voiture se trouvant à côté de la mini cooper rosée appartenant sans l'ombre d'un doute à la styliste. Lui donnant l'impression que peut-être, elle en savait bien plus qu'elle le croyait sur Rose,
Elle apprécie le trajet, Itziar. Elle ne prête pas beaucoup d'attention à la route. Pour ne pas dire aucune. Il n'y a pas plus beau paysage dans cette jungle urbaine qu'est Brisbane que la styliste se trouvant derrière le volant. C'est elle qu'elle regarde. C'est elle qu'elle observe. Elle observe la manière qu'elle a de se concentrer sur la route tout en laissant son regard dériver de temps à autre. Elle remarque la manière qu'elle a de conduire calmement, alors que les autres conducteurs ont bien plus tendance à être sanguins, pressés, laissant de côté leurs bonnes manières et leur courtoisie. Elle était certaine qu'elle pourrait en passer des heures, assise sur ce siège à regarder Rose conduire. Elle n'aurait même pas besoin de destination. Elle en oublierait presque qu'elles sont en route pour aller faire les magasins et que l'australienne doit lui faire découvrir les boutiques locales qu'elle affectionne. Elle se perdrait dans son regard, oubliant toute notion du temps. Quand la voiture s'arrête à un feu rouge, elle se penche pour aller déposer un baiser sur la joue de l'australienne. Une marque d'affection se transformant en distraction au mauvais moment à en juger par le coup de klaxonne qui se fait entendre derrière elle. Un automobiliste impatient qui visiblement ne pouvait pas attendre un quart de seconde avant de plus. Un automobiliste qui ose manquer de respect à sa reine guimauve. Elle soupire, Itziar et elle ouvre le pare-soleil devant elle d'un geste pour avoir accès au miroir et envoyer un regard noir à ce vil personnage. Regard noir qu'il n'a probablement pas vu. Tant mieux pour lui d'ailleurs. Telle Méduse, elle l'aurait probablement pétrifié sur place. Elle met ça sur le dos de l'aigreur qui rend difficile ceux qui ne sont pas pleinement satisfaits dans leur vie. Elle passe à autre chose. Rapidement. Reporte son attention sur Rose, sa main venant se poser sur sa cuisse jusqu'à ce qu'elles arrivent au parking. Sa main dans celle de Rose, elle se laisse guider à travers les rues de la ville. Elle découvre des boutiques qu'elle n'avait jamais vu et dont elle ignorait totalement l'existence. Tout comme celle devant laquelle s'arrête enfin la jeune femme.
Son coin de paradis, comme elle l'annonce et il suffit d'un coup d'oeil à l'intérieur pour que l'espagnole comprenne pourquoi. Il n'y avait ni plus ni moins qu'un étalage de couleurs. Des robes aux couleurs plus vives les unes que les autres sont à la fois exposées sur des mannequins et suspendues dans les rayons. Il y aurait de quoi se perdre. La vendeuse, elle a tout l'air de connaître le magasin comme sa poche, au moins autant qu'elle semble familière avec la styliste. Elle se sent soudain toute petite, Itziar, presque timide même quand l'australienne l'introduit à Mia. Ca lui fait monter le rouge aux joues d'entendre les mots sortir de sa bouche. "Rooooose !" qu'elle lâche en riant, aussi bas que possible à destination de l'australienne quand elle l'entend répéter le mensonge servi un peu plus tôt. "Je me suis pas faite voler mes affaires, c'était une blague." Qu'elle précise à Mia. Comme si elle avait besoin de se justifier. "Je vais voir ce que je peux faire. Viens." Réplique Mia en souriant, lui faisant signe de la suivre. Elle s'exécute, Itziar, elle suit Mia, ne lâchant pas pour autant la main de Rose. La vendeuse sait ce qu'elle fait. Il est clair qu'elle est dans son élément. Son mètre à la main, elle prend quelques mensurations, hoche la tête comme pour acquiescer à des paroles que ni elle ni Rose ne peuvent entendre et elle s'éclipse pour s'activer entre les portants à la recherche de tenues. "On pourrait croire que c'est toi qui a réalisé toutes les robes qu'il y a ici. J'aurai pas cru qu'un tel magasin existait. T'es pas en train de ma faire une blague là ? Genre en réalité c'est ton magasin et tu fais semblant d'être une cliente ?" Qu'elle demande à Rose avant que Mia ne réapparaisse avec plusieurs options pour elle à essayer. Elle se prête au jeu de l'essayage. Elle montre chaque tenue à Rose, la laissant donner son avis avant de donner le sien, sauf quand elle a vraiment quelque chose à redire. Comme c'est le cas avec cette robe rose pastel lui arrivant juste au-dessus des genoux. "Elle est bien." Commence-t-elle en sortant de la cabine. "Mais je peux pas porter de rose à côté de toi, tu le portes beaucoup mieux que moi, je peux pas rivaliser. Elle serait plutôt pour toi celle-là. En particulier dans cette taille là." Qu'elle finit avec un clin d'oeil. La robe irait à Rose de la même manière que le jogging et le débardeur l'avait mise en valeur cinq jours plus tôt. Ce serait un plaisir pour les yeux, en revanche ce serait peut-être moins confortable à porter. Elle en essaye une autre de robe, couleur lavande, à peine plus courte, relativement moulante, épousant ses formes juste là où il fallait sans que ça ne l'empêche de se mouvoir et se sentir à l'aise. Décidément, Mia était très douée. "T'en penses quoi de celle-ci ? T'aimes bien ?" demande-t-elle, tournant doucement sur elle-même pour que Rose puisse avoir une vision globale. "Sinon il y en a encore un à essayer, la bleue avec des fleurs là." Qu'elle déclare pointant du doigt la dernière robe dans la cabine. Finalement, tant que ça plaisait à Rose, elle se fichait bien de ce qu'elle avait sur le dos.
Tu aurais dû préciser qu’ici se trouvait ton coin de paradis. Elle l’a changé. Si cette boutique a été ton Eden depuis ton retour à Brisbane, elle ne l’est plus. Ton coin de paradis est désormais délimité par ta princesse. Tout ce qui se situe à moins d’un mètre de son corps est ton coin de paradis. Si en prime, tu as loisir d’être serrée dans ses bras, tu es carrément au sommet. Itziar est devenue ton paradis. Plus rien n’a vraiment d’importance tant que tu es à ses côtés. Tu n’as jamais été aussi radieuse. Tu vis probablement dans l’euphorie de la jeunesse de votre couple. Tout est encore tout beau et tout rose sans vouloir faire de jeu de mots. Des turbulences arriveront forcément un jour. Tu espères tout de même que vous ne vous ferez jamais vivre un Enfer. Tu as le temps d’y penser. Aujourd’hui, tu vas lui en faire de toutes les couleurs mais ce ne serait en rien pour l’agacer. Dans cette boutique, elle en prend plein les yeux. Ton atelier coloré passe aisément pour terne dans ce local. Mia n’y est pas pour rien. Ce bout de femme illumine l’endroit par sa tenue et son dynamisme. Malheureusement pour elle, si elle conserve sa place de numéro un niveau dynamisme, elle est détrônée par la serveuse au niveau du rayonnement. Tu lui présentes brièvement. La réaction de ta princesse te fait sourire. Tu en déduis qu’elle n’est pas forcément à l’aise avec son image publique. Tu serais plus discrète à l’avenir. Quoi que le rouge va si bien à ses joues. Son opposition te fait rire. Elle fait moins la maligne d’un coup. Ça lui apprendra à vouloir jouer avec la reine du royaume ludique. « C’est pas drôle. Je veux un bisou pour la peine. » Et sans attendre, tu viens capturer furtivement ses lèvres. Pas de baiser passionnel devant la gérante. Tu sais te tenir un minimum.
Le baiser volé effectué, vous suivez Mia. La commerçante prend quelques mesures avant de s’éclipser. Tu en profites pour inspecter un présentoir, attrapant une robe rouge et noire façon coccinelle entre tes doigts. « Pas du tout. J’ai envisagé un jour de créer mon magasin. Seule, c’est trop compliqué. Et je ne suis pas assez rigoureuse. » La gestion ne s’improvise pas. Un retard dans une démarche administrative et les amendes tombent. Et connaissant ton étourderie, tu présumes qu’en moins d’un mois, tu mettrais la clé sous la porte. Il te faudrait de l’aide pour ce projet. Peut-être qu’Itziar pourrait t’assister ? Elle a le bagou nécessaire et la science de la vente via son emploi actuel. Tu créerais les tenues et elle s’occuperait de les vendre. L’idée est à creuser. Mia revient les bras chargés d’articles. Visiblement, Itziar l’a inspirée. Tu n’en es guère étonnée. Il ne pouvait en être autrement face à une telle beauté. Elle débute la séance essayage par une robe rose. Tu observes le rideau de la cabine où elle se trouve. Plus exactement, tes yeux se glissent dans le petite espace à droite. Le cache est mal fermé et te permets de reluquer les délicieuses courbes de ta princesse. Tu ignores si elle l’a fait exprès. Coquine qu’elle est, ce ne serait pas impossible. Toi, tu l’aurais sûrement fait volontairement pour lui dévoiler ta lingerie. D’ailleurs, la sienne est très jolie. Il faudra que tu lui demandes où elle l’a achetée. Ressortant, tu glousses en la découvrant. Tu ne peux nier que cette tenue ne lui pas très bien. « Je pense aussi. Je l’essaierai après. » Si la plupart de tes vêtements sont tes créations, il t’arrive de porter des habits étrangers à ta fibre artistique. La seconde lui va déjà mieux. Plus cintrée, elle met ses formes en valeur à la perfection. Au bar, elle ferait tomber toutes les mâchoires à coup sûr. Ton regard la détaille de haut en bas, empli de malice et de désir. « J’adore ! T’es sublime dedans ! Mais il manque un truc. » Tu n’es pas totalement satisfaite. Tu balayes l’espace en quête de ce petit truc en plus. Un présentoir te donne la solution. Tu saisis une ceinture dorée. Accessoire en main, tu te glisses dans son dos. Ta poitrine vient épouser ses omoplates. Ton souffle chaleureux caresse son tympan. Tu remontes légèrement le pan de sa robe déjà assez courte. Tu encercles sa taille de l’objet et l’attaches. Tu conclus ton ajustement d’un tendre baiser déposer sur sa joue.
Tu reviens lui faire face, tes commissures remontées jusqu’à tes oreilles. Elle ressemble à un bonbon emballé. Bonbon que tu déballerais volontiers. « T’es mieux ainsi. Tu en dis quoi ? » Son avis est primordial. Pendant que tu la laisses se regarder dans le grand miroir, Mia valide ton ajout. A tes yeux, vous venez de dégoter sa tenue pour la soirée. Tout le Burrow va se retourner sur elle. Elle va en faire des jaloux.ses. Et personne d’autre que toi ne repartiras avec. On t’enviera ta chance de la côtoyer. Tu en seras fière. Tu seras très fière de l’exposer aux yeux du monde. Peut-être même lui feras-tu porter sa couronne. Tout dépendra si elle est à l’aise avec l’idée. Toi, tu te moques du regard des autres. Il te passe au-dessus de la tête depuis longtemps. Itziar ne partage pas forcément ce point de vue. Après quelques secondes à s’inspecter, elle valide également le choix. « Je vais essayer la rose. », lui annonces-tu avant qu’elle ne s’engouffre pour se changer. Tu te faufiles dans la seconde cabine. Tu exécutes ce que tu as dit précédemment, ne refermant pas entièrement le rideau. Tu retires ta robe lentement, sensuellement, au cas où elle admire ton spectacle. Tu enfiles la pièce rosée. Ton reflet t’indique qu’elle avait raison : elle te va à ravir. Tu sors et la rejoins. Tu réalises un tour sur toi-même, faisant virevolter ta chevelure. « Alors ? Tu me trouves comment ? » Tu patientes son verdict. Une fois donné, tu te changes. Tu prends la robe élue pour aller à la caisse. Tu règles vos achats sans lui laisser le temps de protester. Ce sera ton cadeau de début de relation. Cabas en main, tu salues et remercies Mia. Tu attrapes les doigts d’Itziar de ta main de libre et vous sortez. Vous marchez en direction de ta voiture. En chemin, vous passez devant un marchand de chaussures. Ce que tu peux être bête ! Tu avais oublié ! « Il nous faut des chaussures pour aller avec nos robes ! Tu vas où d’habitude ? Montre-moi. Moi aussi je veux découvrir ton monde. » Vu la quantité de souliers présente chez elle, elle connait obligatoirement de bonnes adresses en la matière. Toi, tu es novice dans ce domaine. Tu as évidemment plusieurs paires de chaussures à ton domicile pour les adapter à tes tenues mais tu es loin de concurrencer Itziar. Tu t’es arrêtée en attendant ses directives. Peut-être qu’il est possible de se rendre dans son paradis pédestre à pied. Sinon, vous prendrez ta voiture. Ou plutôt le bus tant la circulation au centre-ville est une véritable galère.
Rose à beau dire que ce n'est pas drôle, Itziar n'est pas de cet avis. Au contraire. Elle ne peut s'empêcher de rire, son gentil mensonge révélé. Elle n'aurait sûrement rien dit si Rose n'avait pas voulu mettre Mia dans la confidence. Cependant, elle ne voulait pas que la vendeuse s'inquiète pour elle. Elle ne voulait pas être la pauvrette qui s'était faite voler ses affaires parce qu'elle les avait naïvement laissée traîner sur le trottoir sans réfléchir. Ses vêtements étaient bien au chaud, dans ses placards, dans son appartement. Elle avait de quoi s'habiller sans avoir à réellement se poser de questions sur une quelconque logistique déterminée par le temps qu'il lui faudrait pour faire une machine avant de pouvoir se rhabiller. Elle ne veut pas que Mia la prenne en pitié pour une raison complètement bidon. Elle préfère remettre les choses au clair. Même si elle doit se faire pardonner. Même si elle doit compenser Rose pour sa peine. Un bisou est bien peu cher payé. Surtout quand il est aussi furtif que chaste. Elle n'a pas l'impression d'avoir correctement payé sa dette, Itziar. D'ailleurs, elle n'oubliera pas de se faire pardonner comme il se doit, plus tard, quand elles ne seront que toutes les deux. Parce que ce n'est pas un furtif baiser volé que Rose mérite. Non, elle mérite un baiser de ceux qui ne sont pas pour les yeux extérieurs. De ceux qui feraient rougir quiconque en serait témoin. Le genre de baisers dont on s'abstient en public et qu'on réserve plutôt pour la chaleur de l'intimité. Pour l'heure, Itziar vient déposer un bisou sur la joue de Rose, l'empreinte de ses lèvres en guise d'acompte pour la dette dont elle s'acquittera plus tard, en bonne et due forme. Avant cela, c'est Mia qui s'active. Telle la maîtresse des lieux, elle navigue, dans son élément, prenant ses mesures d'un côté, sélectionnant des tenues de l'autre. Itziar, elle, ne peut que la regarder faire, se demandant si elle aussi, elle avait l'air aussi à l'aise quand elle était derrière le bar à servir des verres et à slalomer entre les tables, ou si au contraire, elle se rapprochait bien plus d'un éléphant au milieu d'un magasin de porcelaine. Ce n'était pas une vocation pour elle, comme ça avait l'air de l'être pour la vendeuse, donc finalement ça n'avait pas grande importance, mais elle trouvait qu'il y avait quelque chose d'hypnotisant à observer quelqu'un dans son élément.
Peut-être pas aussi hypnotisant que d'observer Rose. Rose pour qui elle était dépourvue de toute objectivité. Rose pourrait lui présenter la pire des horreurs et elle jurerait sur sa vie que c'est la plus belle chose qu'elle n'ait jamais vue. Rose qui à ses yeux avait tout le talent nécessaire pour gérer sa propre boutique avec ses propres créations. Rose qui, comme Itziar venait de lui faire remarquer, aurait pu être la gérante de cette boutique en particulier. "Il te manque juste une équipe alors ! Toi tu crées et puis les autres, ils se chargent de vendre, faire les comptes, payer les factures et tout ce qui va avec." Qu'elle répond en haussant les épaules comme si ça coulait de source. Parce que c'était bien connu, c'était aussi simple que cela que de tenir son propre magasin. Elle comprenait cependant que tout gérer de front n'était pas simple et que c'était bien trop de travail pour une seule personne. Même si cette personne était Rose et débordait de talent. Talent que l'espagnole découvrait un peu plus alors qu'elle était en train d'essayer les robes choisies pour elle par Mia quelques instants plus tôt. La première n'avait pas fait mouche. Elle était jolie, mais pas pour elle. La seconde en revanche, lui convient bien plus et elle s'empresse de demander l'avis de Rose. Le seul qui compte réellement pour elle finalement. Elle ne peut empêcher le sourire qui lui monte jusqu'aux oreilles quand le verdict tombe. Le fait que Rose la trouve sublime a une saveur particulière. D'autant plus quand elle s'active à son tour pour trouver le petit truc qui manque à sa tenue. Elle la laisse faire, la regardant avec autant d'amour que d'admiration. Elle la laisse placer de ses mains expertes la ceinture autour de sa taille avant d'admirer le résultat dans le miroir. Elle inspecte presque sous tous les angles, satisfaite de ce qu'elle voit. "J'en dis que tu vas devoir me donner ton avis chaque matin sur ma tenue du jour." En d'autres termes, elle valide cet ajout. Elle valide cette tenue toute entière et elle profitera outre mesure de l'œil aiguisé de Rose en matière de mode. La manœuvre ne serait d'ailleurs pas bien compliquée. Pour les fois où elles passeraient la nuit ensemble, elle n'aura qu'à lui donner son avis de vive voix. Pour les autres, elle se contenterait de lui envoyer une photo prise devant le miroir de sa chambre. "J'aurai jamais pensé à ajouter la ceinture, mais ça fait toute la différence." C'est l'accessoire qui sublime la tenue et lui donne un petit quelque chose en plus. Il ne faut rien d'autre pour la convaincre et elle s'engouffre de nouveau dans la cabine pour se changer quand elle en ressort, Rose est dans la cabine d'à côté pour essayer la fameuse robe rose. Elle ne se gêne d'ailleurs pas pour passer la tête derrière le rideau et observer l'essayage. Ses yeux se perdant sur les courbes dénudées de l'australienne. De sa nuque à ses fesses rebondies, en passant par le creux de ses reins. Dans le reflet du miroir, elle a aussi une vue directe sur sa poitrine charnue. Elle n'en perd pas une miette et elle a l'impression que Rose prend son temps. Exprès. Pas étonnant qu'elle ait perdu la tête si rapidement. Loin d'elle, cela dit, l'envie de se plaindre de ce délicieux spectacle. Elle n'a rien à redire non plus quand Rose enfile la robe. Elle lui va à ravir, comme prévu. Elle le savait d'avance. "T'es magnifique. A tel point que je suis partagée entre l'envie de te déshabiller et l'envie de te regarder habillée comme ça indéfiniment." Lui répond-elle en souriant. Il n'y avait pas un brin de plaisanterie dans ce qu'elle venait de dire. La robe épousait ses formes à la perfection en plus de parfaitement se marier avec sa chevelure rosée. Elle était éblouissante, hypnotisante.
Tellement éblouissante qu'Itziar n'a pas bien compris comment elle s'était retrouvée à l'extérieur du magasin, la robe dans un sac, sans qu'elle n'ait pu protester ou manifester un quelconque mécontentement quant au fait que Rose ait payé pour elle. Elle savait cependant, qu'elle aurait bien d'autres occasions de protester ou de l'avoir à son propre jeu. Peut-être même plus tôt que prévu, d'ailleurs puisque l'australienne s'arrête devant une boutique de chaussures. Itziar se tourne vers elle, large sourire sur les lèvres. Les chaussures. L'une de ses plus grandes lubies. Elle avait l'impression de ne jamais en avoir assez, même si elle commençait à manquer cruellement de place pour les ranger et que certaines paires ne voyaient que très rarement la lumière du jour. "Mon monde est chaotique. Ça relève presque de l'addiction." Déclare-t-elle en plaisantant, même si finalement, ça résumait plutôt bien la situation. Une paire de chaussures qui lui plaisait pouvait conduire à une autre, puis une autre, puis encore une autre et encore une autre, sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit. Elle partait à la recherche d'une paire, elle repartait avec quatre. "Je vais nulle part en particulier, mais j'ai une façon de procéder. Tu vas voir, c'est très simple." Qu'elle commence à expliquer avant de lâcher la main de Rose pour se placer face à la vitrine, mains sur les hanches, comme si elle cherchait à se concentrer. "Tu regardes la vitrine, si tu vois une paire qui attire ton regard, tu rentres, sinon, tu continues d'avancer jusqu'à la prochaine boutique. Aussi simple que ça. Là par exemple, je ne vois rien qui irait avec nos robes alors je pense qu'on peut continuer." Déclare-t-elle avant d'entrelacer de nouveau ses doigts dans ceux de Rose, l'entrainant avec elle jusqu'à la prochaine boutique sur leur chemin. Elle inspecte rapidement la vitrine d'un œil de lynx, captant instantanément si quelque chose l'intéresse ou pas. "A toi de jouer." lance-t-elle à Rose. Venant se placer derrière elle, ses mains sur ses hanches, la dirigeant au milieu de la vitrine, position stratégique pour une vue d'ensemble. "Alors, ça passe ou ça casse ici ?" lui demande-t-elle, venant déposer un bisou dans son cou avant de poser son menton sur son épaule.
Tu lui donneras volontiers ton avis sur sa tenue chaque matin. Tu connais déjà ta réponse. Tu répéteras sans cesse qu’elle est ravissante, peu importe son choix. Enfin pas tout à fait. Tu ne rentreras pas dans une routine. Tu varieras les adjectifs. Sublime, magnifique, élégante, et autres qualificatifs flatteurs lui seront adressés. Jamais tu ne critiqueras ses habits. Les critiquer reviendrait à la critiquer elle. Ce n’est pas envisageable. Avec sa silhouette harmonieuse, tout lui va. Même un sac poubelle la rendrait radieuse, tu en es certaine. « Ce sont toujours les détails qui font les différences. » Dans cette société où tout le monde se ressemble ou presque, se démarquer est une tâche compliquée. Pour toi, entre ton gyrophare capillaire rosé, la teinte de tes vêtements et ton attitude enfantine, c’est très facile bien que tu ne te comportes pas de la sorte pour te faire remarquer. Tu ne veux qu’être toi-même. Itziar ne manque pas de singularités non plus. Son sourire radieux ne ressemble à aucun autre. Elle le porte en permanence sur ses lèvres. Il est le détail que tu as remarqué en premier. Il est le détail qui t’a capturée. Bien avant de vous lancer dans votre jeu de séduction. Avec cette arme, tu étais conquise. Tellement que tu ne résistes pas au désir de l’embrasser une énième fois. Un baiser toujours aussi chaste pour convenir aux bonnes mœurs. Un baiser surtout furtif pour ne pas attiser trop fortement tes envies lubriques. Pourtant, tu fais tout pour enflammer les siennes lors de ton essayage. Secrètement, tu as espéré qu’elle te rejoindre dans la cabine à un moment. L’idée lui a peut-être traversé l’esprit. Sans la présence de Mia, qui sait où vous en serez à cet instant. Probablement nues et en plein ébat à en écouter les propos de ta princesse. Tant pis pour le lieu public. Au contraire, cela aurait ajouté une pointe d’excitation. Même si tu n’en as pas besoin en sa compagnie. Sa simple aura suffit à animer tes désirs. « Je préfère la première option. », lui lances-tu accompagné d’un regard mutin. Tu assumes ta coquinerie. Tu es loin d’être innocente malgré tes apparences de fée. Une invitation réservée à votre fin de soirée, en rentrant du restaurant. Là où le temps de se régaler du réel dessert composé d’un met pomme-guimauve aura sonné.
En attendant, tu remets ta robe et règles vos achats. Articles en main, en direction de ta voiture, tu as une illumination. Une nouvelle tenue sans nouvelles chaussures c’est comme un gâteau sans chocolat : c’est inconcevable. Ta comparaison n’est pas forcément la plus appropriée. L’important n’est pas là. « J’ai cru voir ça en effet. » Tu glousses. Tu n’as pas oublié son meuble rempli de souliers lors de ton passage à son appartement. Et encore, tu n’as vu que sa collection visible dans le hall d’entrée. La partie cachée dans sa chambre t’est encore inconnue. Tu la découvriras rapidement. Pas plus tard que le jour où tu l’aideras à faire ses cartons avant de venir emménager chez toi pour de vrai. Tu ne la laisseras pas seule dans cette corvée. Tu en profiteras pour l’aider à faire le tri. Un déménagement est idéal pour cela. Tu as pu t’en rendre compte en revenant à Brisbane. Tu t’es débarrassée d’une bonne partie de tes affaires. Tu les as données à une association caritative. Tu te souviens encore de la tête de sa responsable en découvrant les tissus colorés. Elle paraissait déboussolée, ne comprenant pas comment on pouvait porter de telles couleurs. Heureusement qu’une employée plus ouverte esprit y a aperçu de l’originalité. Sinon, tes créations auraient finies à la poubelle. Face à la vitrine, tu écoutes attentivement la façon de procéder de la reine du shopping de chaussures. Un sourire étire tes lèvres. C’est si simple. Sa technique est identique à la tienne concernant le repérage de robes ou autres tissus. « Je fais pareil. J’aurai dû y penser. » Trop troublée par son charisme enchanteur, tes neurones ont refusé de s’allumer. Ils ont préféré rester éteints, n’établissant que les connexions strictement nécessaires à ta survie. Celles activant tes prunelles pour te délecter de ses délicieuses courbes harmonieuses et celles gérant la sensibilité de ton épiderme afin d’être électrisée par vos contacts tactiles. L’information en poche, il est temps de la mettre en pratique. Ta princesse t’entraine vers la prochaine boutique. Calée dans ton dos, ses mains sur tes hanches et son menton posé sur son épaule, tu éprouves de terrible difficulté à te concentrer. Les iris balayent la vitrine en quête de la perle rare. En vérité, tu te sers surtout des rayons du soleil pour admirer votre reflet sur le verre. Ce qu’elle est belle avec sa bouille angélique. Une déesse sur pattes.
Un nuage vient cacher l’astre solaire, effaçant l’image projetée. Tu profites de cette accalmie pour observer les produits exposés. A première vue, rien ne sort du lot. Prête à prononcer « Ça casse.», une paire planquée sur la droite, dans un coin, attire ton attention. Tu plisses tes opales, zoomant dessus. Tu identifies la référence de l’objet. « Ça passe ! Viens ! » , lui lances-tu enthousiaste. Tu te décolles d’elle, attrapant ses doigts d’une main et poussant la porte de l’enseigne de l’autre. Tu ne lui as toujours rien dit par rapport à ton état euphorique. Nul doute qu’elle va comprendre rapidement. Telle une tornade rose, tu traverses les rayons jusqu’à arriver dans le coin réservé aux enfants. Là, tu saisis une paire de chaussure Reine des neiges ressemblant à des ballerines bleutées sur un présentoir. « T’en dis quoi ? Je les trouve parfaites moi. » Tu es émerveillée. Tu te vois déjà dedans, revêtue de te robe acquise précédemment, sa couronne trônant fièrement au sommet de ton crâne. Tu te moques bien des éventuels commentaires sur ton accoutrement. Ça fait bien longtemps que tu n’y fais plus attention. Il n’y a que celui de ton acolyte qui t’intéresse. Tu cherches ta pointure dans les boites. Toutes inspectées, tu soupires. Elle ne dépasse pas le trente-six. Si cela peut convenir à la plupart des jeunes filles voire certaines femmes, ce n’est pas ton cas. Ton 1m78 a été livré avec du quarante. « Pourquoi il n’y a que les enfants qui ont le droit de s’amuser ? » Tu affiches un air blasé, attristé. Tes projections volent en éclat. Tu retrouves le sourire en entendant un morceau de musique diffusé dans le magasin. Ces notes, tu les connais par cœur. Elles tournent en boucle dans ton atelier en ce moment. « J’adore cette chanson ! » L’intro de Love Again de Dua Lupa résonne. Tu commences à la fredonner de ta voix fluette. En plus, elle est adaptée à la situation. Tu l'aimes encore. Et ce n'est pas près de s'arrêter. Fixant Itziar, tu avances vers elle pieds nus. Tu agrippes sa main, l’attirant à toi. Puis tu glisses tes doigts sur ses hanches, débutant de danser avec elle. Tu remues ton bassin en rythme. Tes prunelles plongent dans les siennes. Tu te sens aimanter. Lentement mais sûrement, ta bouche s’approche dangereusement de ses lèvres. Jusqu’à la douce collision. Jusqu’à ce que vos commissures se soudent.
Elle lui révèle fièrement son secret le mieux garder. Elle lui explique étape par étape la manière dont elle s'y prend pour choisir des chaussures. Elle en fait des caisses pour pas grand-chose finalement. Elle n'a pas de technique particulière, pas de don non plus pour repérer les meilleures paires, celles qui feront pâlir de jalousie quiconque les remarquerait dans la rue. Sa manière de procéder n'est ni plus ni moins compulsive et complètement aléatoire. Elle peut passer devant une dizaine de boutiques sans y voir quoi que ce soit qui attirerait son attention si elle n'a pas cette envie soudaine de dépenser de l'argent sans raison. Tout comme elle peut dévaliser la première boutique devant laquelle elle aurait le malheur de passer, achetant paire après paire. De la plus confortable à celle qu'elle oubliera dans sa boite au fond de son placard en passant par la paire qu'elle n'essaye même pas. D'ailleurs, étrangement, c'est toujours cette paire qu'elle décide de porter quand il est déjà trop tard pour la ramener en magasin. Cette paire qui malheureusement ne lui va pas même si elle se risque à la porter pied nus. Cette paire qui finira elle aussi au fond d'un placard. Parce qu'elle ne fait pas le tri quand il s'agit de chaussures, Itziar. Que ça lui aille ou pas. Elle les garde toutes, parce qu'on ne sait jamais. Peut-être qu'un jour ça pourrait servir. Que ce soit à elle ou à quelqu'un d'autre. Quiconque la côtoyait depuis suffisamment de temps savait qu'elle avait des chaussures pour toutes les tenues et toutes les occasions qu'elle ne rechignait jamais à prêter. Tout comme elle ne rechignerait jamais à la moindre occasion de partager ses techniques pointues de shopping. Surtout avec Rose. Avec elle, elle partagerait n'importe quoi sans même y réfléchir ne serait-ce qu'une demie seconde. Rose qui se rend compte que sa technique n'a rien de sorcier.Qu'il n'y a pas de formule magique à invoquer pour que la lumière vienne directement se poser sur LA paire de chaussures parfaite. Elle use de la même technique apparemment, sans doute quand elle arpente les magasins de tissus à la recherche du motif parfait pour sa dernière création. "C'est l'œil qui fait tout, pas la technique." Qu'elle répond en souriant. L'oeil ou l'addiction marmoneraient certains, mais ça restait une question de point de vue pour l'espagnole qui clamerait haut et fort qu'elle pouvait en théorie s'empêcher d'acheter des chaussures si elle le voulait. En théorie. En pratique, elle avait ses moments où c'était clairement plus fort qu'elle.
Elle est fière de sa bêtise cela dit. Elle pourrait presque prétendre qu'elle venait de décrire une technique complexe qui demandait beaucoup de pratique pour être maîtrisée. Elle met d'ailleurs Rose à l'épreuve dès la prochaine boutique. C'est à elle de regarder et de déterminer si oui ou non ça vaut la peine de pousser la porte d'entrée. Itziar, elle, elle prend ses aises, elle s'installe confortablement contre sa reine guimauve, posant son menton sur son épaule, mains sur ses hanches, son souffle lui chatouillant les oreilles. Elle ne se veut pas trop distrayante. Après tout, elle n'en est qu'à son premier repérage de chaussures, il faut que la difficulté soit proportionnelle pour que ce soit fair play. Elle la laisse regarder, elle pourrait rester là des heures à simplement profiter de la chaleur de son corps contre le sien et de son doux parfum lui caressant les narines. Elle finit cependant par rendre son verdict. Le jugement tombe. Enthousiaste. Ça passe. D'ailleurs, à en juger de la manière dont elle s'empresse de lui reprendre la main pour l'entraîner avec elle dans la boutique, elle semble avoir trouvé la perle rare. Nichée quelque part dans un coin de la vitrine. C'est donc un rire cristallin qui s'échappe de sa bouche alors que Rose pousse la porte de la boutique. Itziar la suit. Elle se laisse entraîner jusqu'à la section enfant du magasin, un air interrogateur se dessinant peu à peu sur son visage. Ce n'était pas de ce côté du magasin qu'elle aurait pensé se retrouver. Puis quand elle saisit une paire de ballerines Reine des Neiges, elle comprend. "C'est pas exactement ce que j'avais en tête, mais j'avoue qu'elles sont parfaites. Tu penses qu'il y a ta taille ?" Elle ne connaissait pas la pointure de Rose, pas encore. Elle ne pouvait donc pas déterminer si oui ou non, elle avait une chance de trouver son bonheur parmi les boîtes empilées les unes sur les autres. Elle la regarde inspecter chacune d'entre elles, elle voit la déception s'installer petit à petit sur son visage avant qu'elle ne finisse par conclure, attristée. "Soit pas déçue. C'est un magasin parmi tant d'autres à Brisbane. J'suis sûre qu'on peut en trouver des similaires à ta taille quelque part." Déclare-t-elle, venant déposer un baiser furtif sur les lèvres de l'australienne dans un espoir de dissiper sa mine attristée. Si ce n'était pas dans un magasin de Brisbane, il y avait forcément de quoi faire avec une rapide recherche sur internet. Il n'y avait aucun problème qu'internet ne pouvait pas résoudre. A ça près. Si elle devait éplucher les sites d'e-shopping les uns après les autres, elle le ferait si ça pouvait faire plaisir à Rose et parfaire la tenue que la jeune femme avait en tête.
Par chance, elle ne se laissait pas abattre la styliste. Ou alors, c'était le hasard qui faisait bien les choses. Quelques notes de musique suffisent à lui redonner le sourire et celui d'Itziar s'élargit un peu plus à cette vision. Elle a l'impression de fondre quand elle l'entend fredonner. Elle se laisse attirer quand Rose l'attrape par la main. Elle ne peut s'empêcher de laisser un petit rire s'échapper quand une main vient se poser sur sa hanche, telle une invitation à la rejoindre pour une danse improvisée au milieu du magasin. Elle a la musique dans la peau, Itziar, elle en passe des heures à se déhancher sur la piste de danse dès qu'elle en a l'occasion. Elle se fiche bien qu'aujourd'hui la piste soit un magasin de chaussures et ne se trouve pas au milieu d'une boite de nuit. Elle ne voit que Rose de toute façon. Il n'y a qu'elle. Elle ne peut se concentrer sur quoi que ce soit d'autre. Elle en oublie tout le reste. Elle entend d'ailleurs à peine la musique quand ses yeux se perdent dans les siens. Elle ne saurait pas dire si c'est Rose qui s'est rapprochée d'elle ou si c'est elle qui s'est rapprochée de Rose. Ce dont elle est sûre en revanche, c'est que la collision de leurs lèvres était inévitable. La rencontre est douce, mais lui fait pourtant oublier la réalité. Ses mains viennent se poser sur les hanches de Rose, la rapprochant un peu plus d'elle, son bassin contre le sien. C'est la chaleur qu'elle sent immédiatement entre leur deux corps. C'est sa langue qui vient chatouiller les lèvres de Rose à la recherche de sa consoeur. C'est ce baiser qu'elle veut plus langoureux. Un besoin presque vital. Elle n'a que faire des pas de danse ou de la musique. Elle fait d'ailleurs un pas de trop en avant. Elle contraint Rose à en faire un en arrière. Elle a le réflexe de la rattraper, une main lui attrapant le bras, l'autre dans son dos. L'obstacle, lui, n'a pas eu cette chance. La pile de boîtes de chaussures qui se trouvait là n'est plus. Les boites sont étalées par terre et quand elle lève la tête, c'est le regard noir de la vendeuse qu'elle croise. Il n'a rien de chaud contrairement à celui de Rose, il n'a rien d'accueillant non plus. Il est glacial et elle est surprise de ne pas se retrouver pétrifiée. "Désolée ..." s'empresse-t-elle d'annoncer quand elle voit la vendeuse ouvrir la bouche. Elle est d'ailleurs déjà en train de ramasser et remettre les boîtes en place, Itziar. "Je sais pas où vous vous croyez." Qu'elle décide quand même de pester avant de se saisir de la boite juste devant ses pieds. "Dans un magasin de chaussures ... C'était un accident." Un accident qui aurait pu être évité certes, mais un accident quand même. Une explication qui ne semble pas convenir à en juger par le nouveau regard noir adressé dans sa direction suivi d'un "Je vais le faire. Sortez ..." Des plus secs. Elle ne cherche pas plus loin, Itziar. Ses doigts viennent s'entrelacer avec ceux de l'australienne qu'elle emmène hors de la boutique sans demander son reste. La porte à peine franchie, elle attire Rose vers elle, posant une main sur sa joue alors qu'elle vient plaquer ses lèvres contre les siennes. Reprenant son baiser là où elle l'avait laissé. "J'avais pas fini." Qu'elle déclare avec un sourire malicieux quand elle se détache de Rose. "Je vais vraiment finir par avoir des ennuis à cause de toi un jour à cette vitesse." Qu'elle lance en riant avant d'ajouter. "T'es sûre qu'on a vraiment aucune paire de chaussures à se mettre ? Je crois qu'on devrait retourner à la voiture parce que je sens qu'on va se faire bannir du prochain magasin où on mettra les pieds aujourd'hui." Affirme-t-elle, déposant un énième baiser sur ses lèvres, comme pour appuyer ses propos.
Contrairement à Itziar, tu n’es pas addict aux chaussures. Évidemment, comme toute femme qui se respecte, tu en possèdes plusieurs paires malgré tout. Il est hors de question de n’en avoir qu’une seule. L’argument de l’harmonie avec tes diverses tenues fait force dans ce choix. Il n’est cependant pas le meilleur. Tu fonctionnes surtout par cycle. Tu vas porter des souliers jusqu’à en être lassée. La durée est variable. Elle peut être de deux heures à deux jours à deux mois à deux ans. Tu agis suivant ton humeur du moment. Tu alternes entre tes différentes paires de la sorte. De mémoire, tu en as cinq. Tu es très loin de concurrencer ta princesse à ce niveau. Dans ce domaine, elle est la reine incontestable de votre couple voire carrément de la ville entière voire du pays voire du monde entier. Tu n’achètes qu’un nouvel article que lorsque l’usure te l’oblige. Et avec tes manies enfantines de trainer les pieds par terre, de marcher dans la boue ou encore de taper dans les cailloux, des déchirures ou des trous ont vite fait d’apparaitre. En soi, cela ne te dérange pas plus que cela. Tu trouves même cela génial au moment de sauter dans une flaque d’eau. Tu aimes ressentir le liquide s’infiltrer et mouiller tes pieds. Puis c’est amusant par la suite. Chacun de tes pas produit un bruit qui te fait rire. Les commerçant rigolent moins quand tu débarques dans leur enseigne et salis leur sol. Les adultes sont si fatigants. Tu dois tout de même admettre que des souliers négligés gâchent tes créations. Ils attirent trop l’attention. Et au lieu d’admirer les magnifiques couleurs de tes œuvres, les yeux sont rivés sur tes orteils. Tu pourrais faire la même remarque vis-à-vis de ton gyrophare capillaire. Lui aussi a tendance à capter l’attention. Il est pourtant hors de question que tu en changes. Il te définit. Pour rien au monde tu ne redeviendrais l’ancienne Rose. Celle-ci est définitivement morte à Melbourne. Tu ne l’oublieras jamais non plus afin de ne pas refaire les mêmes erreurs. Elle reste un morceau de toi. Tu es celle que tu es aujourd’hui grâce à elle. Oui grâce à elle et pas à cause d’elle. Tu ne lui en veux pas. Elle te permet d’être celle que tu es aujourd’hui. Et c’est cette Rose-là, pétillante et heureuse qu’aime Itziar.
D’ailleurs, elle ne tarde pas à venir effacer la moue sur ton visage. Plus que ses mots, tu retiens son doux baiser sur tes lèvres. Maligne, tu notes dans un coin de ta tête de bouder de temps en temps pour avoir le droit à cet agréable réconfort. Tu n’en abuseras pas non plus. Ce moment se doit d’être rare pour être apprécié à sa juste valeur. Il ne faudrait pas que tu te lasses de son agréable goût de pomme. Le risque est minime tant tu en es déjà addict. Autant ne pas prendre de risque. Tu ne comptes pas non plus trop te restreindre sur la quantité de vos baisers échangés. Ça, tu en es déjà accro pour sûr. « Peut-être mais je les voulais maintenant, moi. » Itziar découvre la Rose capricieuse que tu peux être par moment. Élevée telle un enfant roi par ta mère, tu en as gardé certaines mauvaises habitudes par moment. Et encore, tu t’es calmée avec le temps. Dans ton enfance, tu aurais fait un scandale dans le magasin qui n’avait pas ta taille. Tu en as piqué des colères capricieuses, t’asseyant par terre, les bras croisés sur ton torse, refusant de te lever tant que quelqu’un ne t’aurait pas apporté la paire de chaussure désirée à ta taille. Ta mère a été bannie de certaines boutiques à cause de ton comportement. Aujourd’hui, tu es plus raisonnable. Certes, tu boudes toujours devant l’article désiré manquant mais tu ne fais plus un scandale. Tu as appris à chercher dans une autre boutique ou, comme l’a souligné ta princesse, à te servir d’internet. Tu as muri. Tu n’es pas devenue une adulte non plus. Être adulte demande trop de responsabilités. Tu préfères êtres une grande enfant la plupart du temps. Une grande enfant capable d’être adulte de temps en temps malgré tout. Comme lorsqu’il s’agit d’embrasser ta princesse. Ton baiser n’a rien d’enfantin. Et encore, tu te retiens. La blonde ose davantage. C’est elle qui force le passage de ta bouche pour une danse linguale. Enfin forcée, tu n’y a pas opposé beaucoup de résistance pour ne pas dire aucune. La chanson est rapidement oubliée. Tu te concentres sur la mélodie de son cœur chantant. Ses battements chaleureux pulsent contre ta poitrine. Ton palpitant se cale sur son rythme. Tes mains sur ses hanches, vous dansez. Tu te sens si bien en l’instant. Le monde pourrait s’écrouler sur ta tête que tu t’en ficherais. D’ailleurs, il est en train de te tester via une chute de boites de chaussures.
Tu en ris presque. Sur le point de reprendre votre baiser, une vendeuse vous fait de l’ombre. Elle a dans les yeux cette lueur d’adulte répressive. Et malgré le mot d’excuse prononcé par ta princesse, la remarque fuse. D’instinct, l’attires vers toi, l’éloignant le plus possible de cette sorcière dénuée d’humour. Tu ne t’immisces pas dans l’échange verbal. Tu laisses Itziar gérer la situation tant tu détestes les conflits. Tu tentes même de te cacher derrière elle. Ce qui est assez drôle vue votre différence de taille et ton gyrophare capillaire des plus remarquables. Tu ne suis pas vraiment la conversation. Tu te laisses entraîner dehors, tes doigts fermement emmêlés dans ceux de l’espagnole. Avant de quitter les lieux, tu pivotes ta tête. A cette distance, tu offres un tirage de langue et une de tes plus horribles à la vendeuse que tu accompagnes d’un « Vilaine » plus chuchoté que réellement prononcé par crainte de te faire entendre. Une fois dehors, l’espagnole reprend son baiser afin de le terminer. Son attention suffit à te faire oublier l’incident de la boutique. Tes pensées ne sont plus tournées que vers elle. « C’est pas de notre faute. C’est de la faute de cette sorcière. Jenna est un ange à côté, c’est pour te dire. » Tu éclates de rire. C’est pourtant la vérité. Cette vendeuse n’a vraiment pas le sens du commerce. Elle a oublié le principe de base affirmant que le client est roi. Probablement qu’elle est de mauvaise humeur. Enfin, elle n’avait pas à se défouler sur vous. A cause de son comportement, tu ne remettras plus jamais les pieds dans cette boutique. Du moins, c’est ce que tu penses. Ta mémoire légère te fera rapidement oublier ce détail. Dans deux semaines, tu pourrais parfaitement revenir ici, un large sourire accrochée à tes lèvres en saluant la vendeuse. Ce n’est pas de l’hypocrisie, juste un déficit de mémoire. Puis tu n’es pas rancunière non plus. Cette femme a le droit d’être dans un mauvais jour. Toi aussi tu es capable de bouder pour un oui pour un non. Sauf que toi, tu as une excuse. Tu es encore une enfant. Et cette pratique est typique des enfants. « Trouillarde. » Tu glousses. Il t’en faut plus pour craindre de te faire bannir d’un magasin. Tu es décidée à trouver une paire de chaussures assorties à ta robe. Et quand tu as une idée en tête, elle y reste. Sauf après une éventuelle nuit de sommeil.
Tu secoues la tête de gauche à droite. Non, vous ne partirez pas sans ta paire de souliers assortis à ta nouvelle robe. Itziar a tout le loisir de découvrir ton côté capricieux en direct. Ce n’est pas ta face la plus adorable. Cependant, elle fait partie intégrante de toi. Autant qu’elle y fasse face le plus rapidement possible. « On en essaye encore un. Et si je trouve pas de chaussures, on rentre. » Tu es prête à faire des compromis. Elle a ce pouvoir extraordinaire, cette capacité à te canaliser. L’amour joue probablement un rôle là-dedans. Tes doigts entremêlés dans les siens, vos cabas dans les cinq autres, vous reprenez votre route. Tu utilises sa technique sur les trois boutiques qui suivent. Malgré une inspection détaillée de la vitrine, rien ne te donne envie hormis le délicieux reflet de ta princesse sur le verre. Tu avais dit une mais une où tu rentres à l’intérieur. Les simples vues ne comptent pas. Arrivées au bout de la rue, toujours rien. Vous traversez. Et là, le drame. Vous voilà face à une pâtisserie. Tes yeux avides lorgnent sur les cookies au chocolat présents en vitrine. Ton ventre lance un gargouillis t’intimant de le nourrir alors qu’il s’est déjà régalé chez toi. Tu lances un regard à Itziar. Un regard si pétillant qu’il dit tout sans prononcer le moindre mot. Vous avez beau avoir pris un goûter à ton domicile, l’appel de la gourmandise est plus fort que tout. « On mérite un réconfort pour se remettre du comportement de la dernière commerçante. » Tu te justifies comme tu peux. Itziar n’est pas dupe et commence déjà te connaître. Elle n’a sûrement pas oublié ta façon d’engloutir les derniers biscuits avant de quitter ton domicile. Tu pousses la porte de l’établissement. Une clochette retentit, faisant lever le nez d’un petit morceau de femme de la vitrine. Une brune de la taille de ta mère, large sourire aux lèvres, vient à votre rencontre. « Bonjour Mesdames, bienvenue. Vous voulez goûter à quelque chose ? », demande-t-elle de sa voix fluette. « A tout ! », répliques-tu en riant. « Le cookie en forme de cœur s’il-vous plait. », lui demandes-tu en posant ton regard pétillant sur le visage de ta princesse. Une façon de lui dire que tu l’aimes sans lui dire ouvertement.
Vilaine. C'était le mot. Il était des plus appropriés. Cependant, Itziar a appris à composer avec les vilaines. Elle a appris à ne pas s'en soucier. Alors, pour elle, ça ne compte même pas. Il en faut bien plus pour la déstabiliser. Elle a été dérangée, tout au plus, dans ce qu'elle était en train de faire. Elle reprend rapidement ses esprits. Elle revient vite à ce qu'elle était en train de faire. Rose est une reine. Sa reine. Elle se doit d'être embrassée comme telle. Il est donc nécessaire pour Itziar de reprendre où elle s'était arrêtée. Faire les choses à moitié, elle ne connaît pas. Elle détache ses lèvres, seulement quand elle est satisfaite. "Oh je sais pas si Jenna est un ange à côté. Je crois qu'elles font plutôt partie de la même sororité. La vendeuse doit être la mère supérieure ou un truc du genre. Et Jenna, son bras droit." Répond-elle en riant. Un jour, il faudrait probablement qu'elle s'excuse auprès de sa collègue pour lui avoir tant fait siffler les oreilles sans raison apparente, mais sa mauvaise humeur maladive était bien trop exploitable pour s'en priver. Sa bouche vient former un O quand le couperet tombe. Puis elle prend une moue boudeuse. "Je suis pas une trouillarde." Elle ne la lache pas sa grimace, on pourrait presque s'y méprendre et penser qu'elle boude vraiment. Si ce n'était pour le sourire qui la trahit doucement, alors qu'elle n'arrive pas à le cacher. "Je pense juste à notre bien-être shopingesque." Qu'elle ajoute, toujours dans juste mesure, bien entendu.
Elle est déterminée, Rose. Elle ne se laisse pas abattre par un échec cuisant et elle savait d'avance que c'était quelque chose qu'elle aimerait par-dessus tout chez la jeune femme. Elle hoche donc la tête pour acquiescer. Un magasin de plus. C'est ce qu'elle accepte sur le moment. En théorie. Dans la pratique, Rose pourrait la faire rentrer dans une dizaine de boutiques sans qu'elle dise quoi que ce soit ou n'émette la moindre protestation. Elle se contente de se laisser entraîner jusqu'à la prochaine boutique. Un sourire vissé sur ses lèvres, attendrie, elle regarde Rose inspecter l'intérieur de la vitrine. Une fois, deux fois, jusqu'au bout de la rue sans que rien ne semble capter le regard de l'australien. Rien qui ne vaille pousser la porte pour aller voir quels trésors pouvaient bien se trouver à l'intérieur. "On dirait que la perle rare n'est pas dans cette rue." Déclare la blonde quand elles arrivent devant la dernière vitrine. Le verdict est le même pour celle-ci que pour toutes les précédentes. Ça ne vaut pas le coup de s'y attarder et il semble bien plus tentant de traverser pour voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Ou tout du moins, si le bonheur ne s'y trouve pas. Itziar se surprend à rire quand son regard croise celui de Rose. Un quart de seconde, c'est ce qu'il lui a fallu pour comprendre ce qui venait de traverser l'esprit de la jeune femme. Comme si elle la connaissait depuis toujours et qu'elle la comprenait sans qu'elle ait besoin de dire quoi que ce soit. Peut-être qu'il y avait une certaine connexion entre elles ou peut-être qu'il s'agissait simplement d'un concours de circonstances entre les gâteaux exposés en vitrine de la pâtisserie juste à côté d'elle et le regard pétillant de Rose qui en disait long, mais elle avait compris, Itziar. En un coup d'œil vers la styliste. "Tous les prétextes sont bons pour un peu de réconfort. Je rajouterai même qu'on le mérite doublement avec le mal qu'on vient de se donner pour trouver des chaussures, en vain. Faut compenser la déception aussi." Déclare-t-elle, emboîtant le pas à Rose qui pousse la porte de la pâtisserie pour y entrer. La femme qui les accueille est le parfait opposé de la mégère du magasin de chaussures. Elle s'empresse de venir à leur rencontre, le sourire aux lèvres, douée de talents de commerçante hors pair. Elle a l'air d'être le genre de personne capable de vous vendre la pâtisserie entière alors qu'il ne vous fallait qu'un seul gâteau. Rose, elle, n'a pas besoin d'être conseillée. Elle sait ce qu'elle veut. Tout. Et plus particulièrement un cookie au chocolat en forme de cœur. "Vous pouvez en mettre deux, s'il vous plaît." Elle adresse un clin d'œil à l'australienne. Elle n'a pas particulièrement faim, Itziar. Les cookies de Rose l'ayant déjà rassasiée un peu plus tôt. Cependant, elle ne veut pas priver Rose et dans le pire des cas, il en restera pour plus tard, ce qui peut-être plus qu'appréciable si le gâteau en vaut le coup. "Tu veux boire quelque chose ?" Qu'elle demande à Rose en pointant du doigt l'étal de thé glacé maison derrière les nombreuses pâtisseries. "Je vais prendre un thé glacé à la pêche, s'il vous plait et ce qu'elle voudra." lance-t-elle à la vendeuse en lui tendant sa carte bancaire pour payer leur goûter ... post goûter. Les bras chargés, elle sort de la boutique. Pointe du menton un petit square cinquante mètres plus loin et trouve un banc abrité sous un arbre. L'endroit idéal pour se poser le temps de manger un morceau. Elle prend un des cookies dans le sac, le brise en deux, au milieu, avant d'en tendre une moitié à Rose. "Ça fait de moi quelqu'un de pas objective si je dis que les tiens étaient meilleurs ?" Demande-t-elle, la bouche pleine, digne des plus grandes princesses. Puis une idée lui vient alors qu'elle boit une gorgée de son thé. Elle dépose tout à côté d'elle pour sortir son téléphone de son sac. "Je peux te prendre en photo ? Pour accrocher sur le mur dans ma chambre." demande-t-elle. Elle ne lésine pas sur les yeux de biche et le large sourire, au cas où ça puisse faire pencher la balance. Elle sait que certains n'aiment pas qu'on les photographie. "T'as même pas besoin de poser, suffit de sourire et encore. Tu peux même faire une grimace." L'argument ultime. Ou presque, elle pouvait toujours faire la moue pour l'amadouer si la réponse ne lui convenait pas.
Le sucre a un pouvoir étrange sur toi. Dès la vision d’un aliment en contenant, tes pensées se brouillent. Tu oublies ce que tu étais en train de faire pour ne plus qu’être obsédée par le ravivement de tes papilles. La quête d’une paire de chaussures n’est plus qu’un lointain souvenir depuis que tes yeux se sont posés sur ces cookies en vitrine. Peut-être qu’il te reviendra en tête une fois ton estomac comblé. Cela t’arrive une fois sur dix. Les neuves autres, il se perd dans ton vide mémorial pour ne refaire surface qu’une fois rentrée chez toi, tes souliers retirés, assise dans ton canapé. Dans cet état, tu ne ressors pas et reportes la tâche au lendemain. Quand la nuit ne l’a pas effacée de ton esprit. Voilà comment tu te retrouves régulièrement à la bourre et à agir à la dernière minute. Ce n’est en rien un souci de flemme ou de procrastination, c’est juste un problème de gourmandise. Les choses changeront peut-être avec Itziar. Ta princesse te rappellera sûrement la raison de ton escapade après tes égarements sucrés. Enfin, elle risque également d’être la cause de nouvelles errances de ta part. Plus que les biscuits, glaces, bonbons, sa bouille radieuse a le don de captiver toute ton attention. En sa présence, ton glouton ventre est réduit au silence, dominé par une autre forme d’appétit plus lubrique. En public, ton ventre reste maître à bord. Tu commandes de quoi le rassasier. La blonde t’imite et y ajoute une boisson. Tes boyaux hurlent de l’imiter d’un puissant gargouillis. A croire que tu n’as pas mangé depuis trois jours. « Un thé au citron s’il vous plait. » Si vous partagez votre appréciation du chocolat pour le gâteau, vous différez sur la saveur de votre breuvage. En vérité, tu comptes goûter au sien. Alors autant profiter de deux parfums divers. « Avec une paille. », précises-tu en apercevant un bocal rempli de tiges en plastiques sur une étagère. Accessoire indispensable pour l’enfant que tu es. Itziar pourrait en témoigner tant tu lui as demandé une paille avec ton jus de pomme jusqu’à ce qu'elle prenne l’habitude de te la fournir par défaut.
Articles réglés, vous quittez l’établissement. Itziar repère un endroit pour vous poser. Tu la suis sans hésiter. Vous vous installez sur ce banc à l’ombre. Tu croises tes jambes avant de saisir le morceau tendu. Tu croques dedans en observant ta voisine visiblement affamée à en voir la bouchée prise. « Na, je te comprends. Ceux-là sont bons mais n’ont pas été saupoudrés de mon ingrédient secret. » Tu glousses. Tu fais référence à l’amour. Tu as mis une attention particulière à la réalisation de tes cookies. Tu ne souhaitais vraiment pas les rater en sachant qui venait te rendre visite. Tu fais toujours de ton mieux peu importe tes invité.e.s. Disons que tu ne crains pas de présenter des biscuits un peu brûlés quand ta mère passe. Elle est habituée à tes étourderies. Cela aurait fait mauvaise impression avec Itziar. Elle mérite le meilleur de toi-même. Elle te rend même meilleure. Même s’ils sont moins exquis que tes créations, ton demi cœur chocolaté est rapidement avalé. Englouti trop vite, tu aides son passage avec des gorgées de thé. Du tien évidemment et de quelques-unes piochées dans le gobelet de l’espagnole. Tu es tout sourire. Tu es heureuse en ce moment. Tu saisis la main de la serveuse. Tu masses tendrement l’intérieur de sa paume. Un geste affectif fait aussi pour essayer de la chatouiller et la faire rire. Ton visage se crispe à sa requête. En soi, elle est banale. Mais elle te revoie à tes sombres années. A celles où tu étais régulièrement la cible des objectifs. « T’en auras pas besoin puisque tu me verras bientôt tous les matins et tous les soirs. » Elle va emménager sous peu. Tu as retenu cette information. Et elle n’est pas prête d’être oubliée. Ta mémoire sélective l’a placée au sommet des choses à retenir. « J’aime pas être prise en photo… » Tu délaisses ses yeux pour river ton regard sur le sol. Elle ne peut pas comprendre. Tu es obligée de lui en dire davantage. « J’ai été mannequin. J’ai été prise des milliers de fois en photo… Je ne veux pas revivre ça. » Tu n’as pas la force de développer. Tu n’es pas prête à lui dévoiler ce passé douloureux. Pas maintenant. Pas ici.
Tu relèves ta tête. Tu croises ses prunelles pétillantes et sa moue. Tes lèvres s’étirent jusqu’à tes oreilles. Il est impossible de résister à ce facies angélique. « Je t’autorise un selfie en duo. » Tu approches ton visage du sien. Tu colles ta joue contre sa joue. Son bras tendu, vous cadrez vos visages dans l’écran de son téléphone. Enfant dans l’âme, tu ne résistes pas à l’envie de l’embêter. Tu enfonces ton index dans ses côtes au moment où elle clique. Le résultat est sans appel : elle bouge et le cliché est loupé, elle a pris en photo l’arbre derrière vous. Tu t’esclaffes de rire, fière de ta bêtise. « Pardon. On refait. » Vous reprenez vos positions. Tu es immobile, souriante. Quand elle est sur le point d’appuyer sur le verre, tu bouges et viens déposer un bisou sur sa pommette. L’instant est capturé. Vous êtes belles sur cette prise. Elle te réconcilie presque avec toi-même. Tu es surtout admirative de la beauté d’Itziar. Elle est photogénique. Tu as déjà pu le remarquer en reluquant à maintes reprises la photo volée au bar. Elle pourrait être mannequin avec ses courbes harmonieuses. « Si t’es satisfaite, je te propose d’aller chez toi pour qu’on trouve ce que tu vas mettre dans tes pieds ce soir. » Vue sa collection de chaussures, une heure voire deux pourrait être nécessaire. Heureusement que pour toi, ce sera l’affaire d’une poignée de minutes pour compenser. Il vous faut aussi prendre votre douche, vous maquiller, vous habiller. Si vous avez encore du temps avant l’heure de votre diner, il a rapidement fait de défiler. « Et puis tu prendras aussi ton pyjama et des affaires de rechange pour demain. » Une façon de lui annoncer que tu souhaites qu’elle dorme chez toi ce soir. Tu ne veux pas dormir seule. Tu veux ressentir la douce chaleur de son corps entre tes bras. Tu veux sentir son odeur pommée. Tu veux pouvoir caresser sa chevelure de blé à ton réveil. Tu veux simplement être aux côtés de ta moitié.
Il manquait effectivement quelque chose à ce cookie pour arriver à la hauteur de ceux de Rose. La pâtissière n'était sans doute pas dans la confidence du secret donc seule l'australienne semblait avoir la recette. Une compétition qui n'avait rien d'équitable de toute façon puisque la styliste avait une longueur d'avance sur tout le monde. C'est elle qui avait capturé son coeur, se dotant ainsi d'un avantage incontestable. C'était sans doute pour cela qu'Itziar la trouvait si belle, alors qu'elle ne faisait rien de particulier. Sans doute pour cela aussi qu'elle faisait attention aux moindre petit détail. Ses yeux ne lâchant pas sa reine. Alors, elle la remarque la crispation sur le visage de Rose, elle ne peut pas la louper, cette expression qu'elle n'avait jamais vue auparavant. Cette expression qui n'a rien de la bonne humeur qui émane de la jeune femme en temps ordinaire. Elle n'aurait pas demandé une photo si elle avait su. Son cœur se serre alors que son sourire s'efface légèrement. Elle resserre tendrement sa prise sur la main de Rose, son pouce venant doucement caresser sa peau dans un geste se voulant rassurant, chaleureux. Des excuses silencieuses. Sa manière à elle de lui faire comprendre qu'elle ne posera pas plus de questions. Qu'elle a bien compris que le sujet était sensible. "Tu me raconteras un jour ?" Se contente-t-elle de demander. Elle n'attend pas d'explication aujourd'hui, ni même la semaine prochaine. Un jour. C'est vague. Elle ne remettra pas le sujet sur la table. Elle laissera Rose lui dévoiler ce qu'elle aura envie de dévoiler. Quand elle aura envie de le faire ou qu'elle se sentira prête. Elle voudrait juste savoir, Itziar, un jour. Parce que ça lui semble important. Parce qu'elle veut tout savoir de Rose. Le bon, comme le mauvais. Le meilleur, comme le pire. Pour l'instant, elle profite du meilleur. Elle ne quitte pas l'australienne des yeux et son sourire réapparait sur son visage quand elle la voit relever la tête. La crispation a disparu, elle retrouve la version de Rose qu'elle connaît. Souriante, radieuse. Une fois de plus, elle lui offre un compromis. Un compromis qui l'enchante au plus haut point. Finalement, un selfie était peut-être même mieux qu'un simple cliché de l'australienne. C'était un souvenir dans lequel elle pouvait se retrouver. Preuve indéniable qu'elles étaient bien ensemble aujourd'hui et que c'était bien son cliché à elle. Elle ne perd pas de temps pour se mettre en position. Elle a fait ça des centaines de fois et ça en devient presque machinal. Pas besoin de réfléchir trop longtemps pour cadrer, son pouce prêt à appuyer sur l'écran. Elle appuie, mais elle bouge quand Rose vient la chatouiller sans prévenir. Elle bouge le bras, elle bouge tout court et elle ne capture que l'arbre en face, flou en plus. "Roooseeee !!" Qu'elle échappe en faisant la moue. Elle exagère et elle ne peut d'ailleurs s'empêcher de rire. Elle ne l'avait pas vue venir celle-là, elle n'avait pas pensé qu'elle laissait à Rose tout le loisir de lui jouer un tour. "C'est un bisou pour te faire pardonner en plus du selfie, bien entendu." Déclare-t-elle avant de capturer les lèvres de Rose dans un baiser furtif avant de se remettre en position. Son téléphone dans la main, son bras tendu, le doigt prêt à appuyer sur le bouton tactile. Elle sourit et elle capture l'instant au moment où Rose vient déposer un bisou sur sa joue.
Le résultat la fait sourire encore plus si c'est possible. Elle tend l'écran à la jeune femme pour qu'elle puisse en profiter elle aussi. "Elle est parfaite. Je te l'envoie pour que tu l'aies toi aussi." Déclare-t-elle en exécutant ses dires. Elle en profite même pour changer son fond d'écran avant de remettre son téléphone dans son sac. Elle est satisfaite. C'est le moins que l'on puisse dire. "Normalement il faut me prévenir trois jours avant pour que je puisse choisir mes chaussures, mais pour toi je vais faire une exception, la première paire qui se mariera avec la robe sera celle que je mettrai." Elle plaisante. A moitié. Elle était du genre éternelle insatisfaite. D'autant plus quand elle avait l'embarras du choix et un nombre de possibilités infinies. Elle était donc du genre à changer d'avis plusieurs fois. Elle ne se décidait que lorsqu'elle se faisait un peu trop attendre et pouvait sentir l'agacement monter de la part de ses amis. Elle allait épargner cela à Rose. De toute façon, elles avaient une réservation, leur temps n'était pas illimité. Elle n'allait pas lui montrer ses travers dès ce soir. Elle ferait donc un effort. De toute façon, accompagnée de Rose, elle n'avait pas besoin d'une tenue parfaite. "Tu m'invites à une pyjama party après le restaurant ?" Qu'elle demande, comme si de rien était. Comme si elle n'avait pas bien compris. "J'ai vraiment pas de pyjama par contre, c'était pas un mensonge la dernière fois. Tu crois que ça va poser problème ?" Il y avait bien entendu peu de risques que ce détail pose un quelconque problème "Je sais pas ce que t'as prévu, mais si jamais, je connais quelques activités qui nécessitent aucun pyjama ou aucun autre vêtement d'ailleurs." Elle déclare ça, sourire malicieux sur les lèvres, l'air de rien, alors qu'elle se penche pour déposer un baiser sur la joue de Rose avant de se lever. Elle boit une dernière gorgée de son thé avant de le tendre à l'australienne l'invitant à le finir. "Si je continue à manger et boire, j'aurai plus faim pour ce soir." Un comble puisqu'elle comptait bien évidemment profiter d'un dessert, de préférence au goût de guimauve.
Ton téléphone émet un son de notification. Tu le sors de ton sac à main, pressée de découvrir le selfie. Vrai qu’il est parfait. Itziar le rend parfait. Son visage rayonnant, tes lèvres sur sa joue, rendent le cliché merveilleux, digne des plus grands photographes. Cette photo te réconcilie avec toi-même. Tu ne te montreras plus autant réfractaire à être prise en photo. Tu le feras avec plaisir. Sans poser par contre, sans mise en scène, juste au naturel, pour avoir les plus beaux résultats. Tu fixes l’écran un moment, subjuguée par l’image. Tu sais déjà qu’elle deviendra celle que tu regarderas avant de te coucher les soirs où la blonde ne sera pas à tes côtés. Le cas échéant, tu profiteras de sa version réelle, plus sublime encore que la numérique. Et qui possède un autre avantage : cela de pouvoir être touchée. Tu ranges ton portable. Il serait bête de l’observer via ton écran alors qu’elle est à proximité. Sa réponse te fait rire. En plus d’être belle, elle est drôle. Tu as trouvé la princesse idéale. « Je pouvais pas deviner. Merci de ton effort. Je saurai te récompenser. » Un sourire malicieux étire tes lèvres. Tu ne développes pas davantage. Tu fais confiance à son esprit de déduction pour lire entre tes lignes. Sans énormément la connaître, tu la sais suffisamment coquine pour comprendre ton message lubrique dissimulé. D’ailleurs, elle surenchérit en évoquant ne pas avoir de pyjama. « Une pyjama party sans pyjama, ça va pas le faire. Pour toi, je peux faire une exception. » Peu importe sa tenue nocturne, elle est la bienvenue chez toi. De toute façon, à un moment donné, tu comptes lui ôter ses vêtements. Si elle n’en porte pas, tu gagnes du temps. Même si tu aimes cet instant du déshabillage où tu peux promener tes mains sur le corps de l’autre, jouer du tissu, offrant des caresses tantôt par-dessus tantôt à même la peau. « De te dessiner. Tu as déjà oublié ? » Toi, certainement pas. En rentrant du restaurant, ta voisine sera couchée. Et au pire, si elle encore éveillée, le soleil dormira profondément. Sans ses rayons, elle ne pourra pas vous espionner. Il restera à voir si tu seras apte à dessiner après avoir englouti votre repas. Il n’est pas impossible que tu tombes sut ton canapé, le ventre rebondi, pour digérer. « Et sinon, j’improviserai. En tant qu’artiste, j’ai une bonne imagination. » Tu lui lances un clin d’œil. Ton cerveau ne mettra guère longtemps à trouver des activités à réaliser en la compagnie d’une telle déesse dénudée. Tu saisis son gobelet tendu. Tu le termines avec ta paille dans un bruit caractéristique d’aspiration d’air quand le liquide vient à manquer. Tu jettes vos détritus dans la poubelle. Tu te lèves à ton tour. « Tu ne rentreras surtout plus dans ta robe. », la corriges-tu en riant en la tenant par ses poignées d’amours inexistants tant elle est athlétique.
Elle n’a pas de souci de morphologie, de poids, d’anorexie. Il te faudra lui en parler un jour. Elle a le droit de savoir, le devoir de savoir. Peut-être ce soir. Confidence dans ton salon voire dans ta chambre. Tu verras bien. Tu feras en fonction de ton feeling. Si le moment s’y prête ou pas. Là, il se prête au départ. Tes doigts rejoignent les siens. Vous récupérez vos cabas et partez. Vous remontez la rue commerçante en sens inverse. En passant devant la boutique à la vilaine vendeuse, tu tires la langue à la vitrine. Tu n’es pourtant pas rancunière. Tu pardonnes facilement. Parfois trop facilement, emportée par ta naïveté et ta bonté. Ce qui te coûte de te faire de temps en temps exploiter. Là, ton geste n’est pas méchant. Il reflète ton âme enfantine. Ce magasin n’est pas banni. Tu y reviendras probablement. Tout dépendra des chaussures exposées. Si l’une capte l’attention de tes yeux, tu repousseras la porte de l’établissement. Vous arrivez au parking souterrain. Vous n’en êtes pas encore partie. Tu as tendance à t’y perdre et à tourner en rond plusieurs minutes avant de retrouver ta voiture. Tu monopolises ta mémoire, tentant de visualiser le numéro de ta place ou du moins la lettre de son allée. Pendant que tu réfléchis, Itziar vous fait marcher. Tu la suis d’instinct. Et en moins de deux, ton bolide rose est face à vous. « Je savais pas que t’avais l’option GPS. » Tu glousses. Tu déposes un chaste baiser sur ses lèvres pour la remercier. Tu déverrouilles ton véhicule. Tu ouvres le coffre, débarrassant ainsi tes bras. Ta princesse t’imite et tu le fermes. Tu l’abandonnes le temps de te rendre à la borne de paiement. A ton retour, elle est déjà montée. Tu t’installes au volant. Tu démarres. Tu suis les flèches indiquant la sortie. Rapidement, le sombre des lieux laisse place à la lumière du jour. Une main en visière éblouie par l’astre solaire autant que celui assis à ta droite, tu marques une pause. Tu dégaines tes lunettes de soleil roses en forme de cœur de ton sac à main. Glissée sur ton nez, tu reprends ta route. « Si mon adorable GPS humain pouvait m’aiguiller jusqu’à chez elle, elle serait géniale. » Tu pouffes de rire. Tu as tout de même réellement besoin d’elle. Tu ne connais pas son adresse. Tu pourrais sans doute te dérouiller seule en partant du bar où elle travaille. Et encore, il faisait nuit, et tu été plus occupée à encercler sa taille et poser ta joue sur son dos qu’à regarder l’itinéraire. Tu aurais pu noter son adresse en quittant son domicile le lendemain. Tu n’y as pas pensé. Tes pensées ont préféré revivre les délicieux moments de votre nuit passée ensemble.
Elle n'avait pas oublié que Rose devait la dessiner. Quoi que. Ce n'était pas tant une histoire d'oublier ou pas, mais plutôt une histoire de ce qui lui traversait l'esprit à l'instant T. Ses pensées étaient occupées, son cerveau semblait fonctionner au ralenti en présence de Rose. Elle ne pensait plus qu'à elle et rien d'autre. Elle ne voyait qu'elle et ça semblait occulter tout le reste. Ca avait donc envoyé au second plan l'activité dessin. Elle ne l'avait pas oublié, elle l'avait simplement rangé dans un coin de sa tête. "Pas du tout ! Je voulais voir si toi tu avais oublié." Qu'elle répond, en plaisantant, son index venant tapoter le bout du nez de l'australienne. "Avoue que c'est quand même une aubaine que j'ai pas de pyjama, ça se prête à merveille à cette activité là." Parce qu'il était question de poser nue et qu'un pyjama n'était donc pas nécessaire. Elle aurait pu imaginer, Rose ou se contenter de ses souvenirs pour coucher ses formes sur un morceau de papier, mais il était quand même bien plus aisé d'avoir le modèle sous les yeux, avec la lumière se reflétant sur la peau. Il fallait aussi avouer que ne pas avoir de pyjama pour un pyjama party était aussi une aubaine pour d'autres activités, bien moins enfantines, de celles qui nécessiteraient sans doute de tirer les rideaux pour ne pas s'exposer aux yeux d'une voisine un peu indiscrète. "Je demande qu'à voir ce que ton cerveau d'artiste a en stock !" Elle se demandait presque ce que ça faisait d'être Rose. D'être dans sa tête. Est-ce qu'elle voyait la vie en rose ? Est-ce que ses pensées étaient toutes plus colorées les unes que les autres ? Pour pouvoir créer, elle devait avoir une imagination débordante. Peut-être était-ce fatigant parfois ? Elle, elle n'était pas une artiste dans l'âme, certes, elle jouait de la musique, mais elle n'était pas compositrice pour autant. La création ne l'intéressait pas plus que ça. Pourtant, elle avait toujours eu une certaine capacité à rêver et se perdre dans ses pensées. Le côté créatif était ce qu'il lui manquait. Cela dit, elle compensait autrement. En ayant toujours son mot à dire par exemple. Ou en trouvant toujours quelque chose à redire dans toutes les situations. "C'est pas grave ! Déjà, je suis sûre qu'elle est un peu élastique ou bien elle sera extra moulante, ce qui n'est pas une mauvaise chose." Qu'elle répond en riant, venant tendrement capturer les lèvres de Rose. "Ou alors, t'auras qu'à me l'arranger vite fait pour que ça passe." Car avoir une copine styliste et ressembler à un rôti ficelé n'était bien sur pas compatible.
Elles font le chemin inverse. Repassent devant les boutiques croisées un peu plus tôt. Les nombreuses vitrines remplies de chaussures n'ayant pas obtenu leur faveur, la boutique, antre de la vilaine sorcière, puis le magasin de vêtements avant de finalement revenir au parking où elles s'étaient garées en arrivant. Elle ne réfléchit pas, Itziar, elle emmène Rose avec elle, jusqu'à la voiture. De mémoire, avec un peu de chance aussi et un œil aiguisé pour reconnaître la voiture rose parmi toutes les autres. "J'ai aucun mérite, elle est facilement repérable ta voiture." Qu'elle lui répond sourire aux lèvres. Elle avait marché sans trop y penser, c'était comme cela qu'elle procédait en général, laissant sa mémoire faire le travail inconsciemment. Ça lui réussissait dans 80% des cas. Aujourd'hui, la couleur de la voiture avait été un avantage. Elle s'installe dans la voiture, le temps que Rose aille payer. En profite pour sortir son téléphone de son sac et admirer un peu plus la photo prise un peu plus tôt. Elle a un sourire niais sur les lèvres quand Rose revient et démarre la voiture. "Ton adorable GPS humain demande l'autorisation d'utiliser son joker." annonce-t-elle, yeux de biches à l'appui en brandissant son téléphone dans sa main. Elle ne prétend pas connaitre Brisbane comme sa poche. Loin de là. D'ici, elle ne se risquerait pas à devenir le chemin jusqu'à chez elle. Alors, elle pianote rapidement sur son écran. "Ma magnifique pilote sera priée de prendre à droite au premier feu rouge, puis la première à gauche pour commencer." Elle prend son rôle très au sérieux jusqu'à ce qu'elles arrivent en bas de l'immeuble et qu'elle lui indique de se garer sur une des places libre avant de la conduire jusqu'à son appartement. Quand Itziar ouvre la porte, elles sont joyeusement accueillies par le quatrième habitant de cette colocation. "Je te présente Byron, le chien de Louisa, ma coloc. Soit elle est là, soit elle est au travail. Il est un peu collant, mais pas méchant." Qu'elle explique. Une grosse peluche sur pattes en somme, toujours à la recherche d'un peu d'attention. Elle prend la main de Rose pour l'emmener jusqu'à sa chambre, là où se trouvent toutes ses chaussures. Là où elle va devoir faire son choix cornélien. "Fait comme chez toi." Déclare-t-elle en arrivant dans la pièce. Elle ouvre son placard, se poste devant et observe à la manière dont elle la fait devant les vitrines un peu plus tôt. "Je sais que j'ai dis que je prenais la première paire qui me saute aux yeux, mais j'ai sous-estimé la difficulté de l'exercice." Principalement parce qu'elle en voyait plusieurs des paires et que plus elle regardait et s'attardait, plus elle voyait des paires qui pourraient aller. "Faut que tu m'aides." Dit-elle ensuite, en se tournant vers Rose, mine boudeuse affichée sur le visage. "J'en choisi trois paires, différentes et tu tranches ok ? Sinon je ne vais pas y arriver." Elle force un peu plus, avec son air boudeur. Elle attrape trois paires, en y réfléchissant bien plus que nécessaire et s'empresse ensuite de fermer le placard, comme si elle ne voulait pas se tenter encore plus. Elle les dépose par terre et invite ensuite Rose à entrer en jeu. "Voilà la sélection. Selon ton oeil avisé, je prends lesquels ?" Elle marque une pause avant d'ajouter en riant. "Si tu arrives pas à choisir j'irai chercher Byron, il choisira celles qui sentent meilleur selon sa truffe." Un choix rapide et efficace.
Le temps passe vite quand on s’amuse. Tu ne l’as pas vu passé cet après-midi. Tu ne le vois plus passer en compagnie d’Itziar. Elle possède le pouvoir de l’arrêter, de le figer, de rendre les heures des secondes. Du moins dans ton esprit. En réalité, il défile à la même vitesse. Sa relativité dépend uniquement de tes sentiments envers elle. Il ne vous faut pas trop trainer si vous souhaitez arriver à l’heure au restaurant. D’un côté, si vous êtes en retard, ce n’est pas dramatique non plus. Le Burrow est habitué à ta ponctualité défaillante. Il ne donnera pas ta table à d’autres. Il t’attendra. Il patientera la venue d’une fidèle cliente. Peut-être même de sa plus fidèle tant tu y vas souvent. Tu feras de ton mieux pour être prête à l’heure prévue malgré tout. Tu ne fais jamais exprès d’être en retard. Ce n’est pas de ta faute si ton étourderie te met des bâtons dans les roues. Et ce soir, le paramètre Itziar est à prendre en compte. Tu ignores son rapport à la ponctualité. Enfin tu en as un aperçu. Elle est arrivée en avance pour goûter. Mais tu ne généraliseras pas. Sans vouloir te vanter, tu as été une source de motivation. Tu le sais depuis vos déclarations. Tu ris à sa demande. Visiblement, vous êtes deux à avoir un sens de l’orientation médiocre. Ton sourire accepte sa demande. Tu suis ses indications. Tu fais de ton mieux pour rester concentrée sur ta conduite. L’envie de balader tes yeux sur ses courbes est si tentante. Et s’il n’y avait que les yeux. Le chemin du retour se passe sans encombre. Tu as peut-être été un peu généreuse avec l’accélérateur par moment, pressée de retrouver son appartement, et surtout sa chambre. Même s’il n’est pas l’heure de dormir.
Garée, tu récupères vos cabas dans ton coffre. Chargée, vous filez jusqu’à chez elle. Tu ne te fais toujours pas de points de repères. Ton regard est rivé sur la silhouette de ta princesse, et plus précisément sur ses fesses, ton péché mignon après sa bouille angélique. A peine entrées que tu te fais agresser, lâchant immédiatement tes sacs au sol. L’agresseur n’est autre qu’une boule de poils ambulante du nom de Byron. Tandis qu’il te lèche une main, tu te recroquevilles légèrement derrière la blonde. Elle a beau dire qu’il n’est pas méchant, tu n’es pas rassurée. Sans être phobique des chiens, tu les préfères loin de toi. Tu gardes un mauvais souvenir de l’un d’eux. Enfant capricieuse, tu voulais tout. Un jour, tu as voulu caresser l’animal de tes voisins. Il n’a pas répondu à tes appels. Alors, tu as décidé de te ruer sur lui pour satisfaire ton envie. Il a mal pris ton initiative et t’as aboyé dessus. Depuis, tu es devenue méfiante. Tu les tolères mais ne cherches pas à t’en approcher. Tu ne fais pas prier pour quitter le hall et la bête. Une fois dans la chambre d’Itziar, tu fermes sa porte. Tu tiens à être certaine que le berger australien n’essaiera pas de s’incruster. Puis tu prends place sur le lit. Assise au bord du meuble, tu observes la serveuse en quête de décision. A en voir sa posture, elle galère. D’un côté, elle a l’embarras du choix. Tu es pareille face à ta penderie. Ta garde-robe est trop remplie. Tu mets un temps fou à sélectionner ta tenue du jour. Et au lieu d’en réduire le nombre, tu crées de nouvelles prétendantes. Cercle vicieux. « Je sais pas… Je gagne quoi à t’aider ? » Tu affiches un air de peste, un rictus suspendu à tes lèvres. Il est évident que tu vas l’aider. Davantage lorsqu’elle menace de ramener le canidé à sa rescousse le cas échéant.
Là, tu ne joues plus. Tu te lèves. Les yeux plissés, tu inspectes les trois paires de chaussures proposées. Tes prunelles alternent entre les modèles et Itziar. Tu tentes de déterminer la meilleure. Le succès est néant. Il te manque un élément essentiel. « J’en sais rien là. Il faut que je te voie dans la robe pour déterminer la plus adéquate. » C’est la base. Tu regrettes de ne pas y avoir pensé plus tôt. Désormais, tu vas devoir affronter la bête. Tu l’entends respirer derrière le battant. Tu souffles un grand coup. Tu ouvres la porte. La bestiole s’engouffre dans la pièce en t’ignorant. Elle fonce vers Itziar, se frottant à ses jambes, lui réclamant des papouilles et toute autre attention. Elle parait à l’aise. Ce qui est logique en soi. Elle vit avec en continue. Tu profites de la distraction. Tu effectues l’aller-retour au pas de course. Article en main, tu sommes Byron de quitter les lieux. Il t’obéit. Plutôt, il obéit à Itziar. Tu refermes la porte, te permettant de verrouiller la serrure au cas où il sache se servir d’une poignée. « Tiens. Remets-là. Je saurai mieux te dire quelles chaussures choisir après. » Tu lui tends la robe. Par la suite, tu t’allonges sur ses draps. Tu te sers de ses oreillers afin de caler contre le mur. Tes mirettes sont rivées sur la blondinette. Ici, il n’y a aucun rideau masquant le spectacle de l’essayage. Tu ne comptes pas en perdre la moindre miette. De son effeuillage à l’enfilage de sa nouvelle acquisition. Il reste à espérer qu’elle ne se montrera pas trop malicieuse. Tu ne peux promettre de rester sage si elle éveille tes désirs. Vous avez du temps devant vous en plus. Enfin pas tant que ça mais tu as le sens des priorités. Puis tu n’as jamais été contre commencer par ton dessert lors de tes repas. Surtout lorsqu’il est à la pomme.
Peut-être qu'elle aurait dû prévenir Rose au préalable. Qu'elle ait le temps de se préparer mentalement à se retrouver confrontée à un chien un peu trop enthousiaste à l'idée que quelqu'un franchisse le pas de la porte. Il n'aboie pas, c'est déjà ça. Elle espère que ça le rendra un peu moins impressionnant. Elle n'est pas certaine que ça fonctionne vue la manière dont Rose se cache derrière elle pour échapper à la bête. "Doucement Byron." Qu'elle lance à l'animal qui ne semble pas remarquer que Rose ne sera pas sa meilleure amie dès le premier regard. Itziar l'attrape doucement par le collier pour qu'il se décale, laissant à Rose la voie libre. Elle l'entraîne dans sa chambre, un lieu qu'elle a déjà eu l'occasion de découvrir. Tout comme le reste de l'appartement d'ailleurs. Elle n'a pas besoin de lui offrir un tour du propriétaire. Le loft n'a pas changé depuis la dernière fois. A part un peu de ménage et quelques affaires déplacées d'un meuble à un autre, rien n'avait bougé. Tout comme dans sa chambre à elle qui n'est pas plus ordonnée que quelques jours plus tôt. Elle a ramassé les vêtements qui traînaient pour les mettre dans la machine à laver, pour le reste, c'était comme si Rose n'était jamais partie. Elle laisse l'australienne prendre possession des lieux, elle est chez elle ici et Itziar espère qu'elle se sent à l'aise, maintenant que le chien est resté à l'extérieur et qu'elle n'a plus à s'en soucier. Elle, elle cherche sa paire de chaussures. La paire parfaite qui mettra en valeur la robe achetée plus tôt. Elle est splendide. N'importe quelle paire ferait probablement l'affaire, bien que si les souliers n'étaient pas à la hauteur, ils risquaient de gâcher le résultat final. Ce qui était, bien entendu, inenvisageable. Une fois de plus, elle s'en remet à Rose pour le choix final. Autant parce que c'est elle la styliste et donc la mieux placée pour trouver la combinaison parfaite, mais aussi parce que son avis lui importe plus que le reste. Qu'elle la trouve belle était tout ce qui comptait. Elle serait prête à se vêtir d'un sac poubelle si sa reine le souhaitait. "Tu gagnes beaucoup de choses si tu m'aides ! Déjà la satisfaction de savoir que je serai magnifique, grâce à toi, ma reconnaissance éternelle aussi ..." Qu'elle commence, comptant les récompenses sur les doigts de sa main. "Et plein d'autres choses, mais je vais pas tout dévoiler, faut m'aider pour le découvrir." Complète-t-elle avec un clin d'oeil.
Elle ne sait pas si c'est la récompense ou la menace de Byron pénétrant dans la chambre qui fait pencher la balance, mais Rose se lève et vient à sa rescousse. Itziar l'observe, aussi attentivement que le regard de Rose alterne entre elle et les paires de chaussures. Elle ne semble pas capable de décider non plus, mais elle lui apporte une solution. Il lui faut voir la robe portée pour pouvoir assortir les chaussures. Ça parait logique. Elle n'a pas le temps d'acquiescer que Rose sort déjà de la chambre et que Byron s'y engouffre venant réclamer son lot de papouilles habituelles. Elle lui accorde bien volontiers, jusqu'à ce que l'australienne revienne dans la chambre. Le moment pour elle d'entraîner Byron vers la sortie et de laisser Rose refermer la porte derrière elle. Il n'y a plus qu'à laisser la magie opérer maintenant. Ou tout du moins, le talent de Rose qui doit bien s'en rapprocher un peu. "Avoue tu sais déjà quelles chaussures tu vas choisir, mais tu fais durer le plaisir et tu veux juste en profiter pour me voir en petite tenue." Lui lance-t-elle en plaisantant quand elle voit la jeune femme se réinstaller sur son lit, se servant des oreilles comme dossier. Elle est aux premières loges de l'essayage. Une place privilégiée. Une place qu'elle mérite. Une place dont, Itziar l'espère, elle ne sera pas déçue. Elle décide de jouer, l'espagnole. Elle décide de prendre son temps pour se déshabiller. Elle commence par son tee-shirt, le regard plongé dans celui de Rose, elle attrape le bas du vêtement qu'elle soulève tout doucement jusqu'à le passer au-dessus de sa tête. Elle l'envoie ensuite à Rose. Puis elle se retourne, déboutonne son jean tout aussi lentement avant de le retirer de la même manière, laissant à l'australienne tout le loisir de profiter de sa plastique. Vient le moment d'enfiler la robe. Elle n'accélère pas pour autant le mouvement. Elle se déhanche légèrement pour enfiler la robe qui épouse ses courbes avant de s'approcher du lit. Elle monte dessus, serpentant presque au-dessus de Rose. A sa hauteur, elle l'embrasse, tendrement. "J'ai besoin d'aide pour la fermeture." Souffle-t-elle contre ses lèvres avant de les capturer de nouveau, un baiser un peu plus langoureux cette fois-ci, sa langue venant chatouiller celle de Rose, sa main caressant la hanche de l'australienne. "S'il te plait ?" ajoute-t-elle à la rupture du baiser, ne se reculant pas pour autant. "D'ailleurs, tu devrais réessayer la tienne toi aussi, juste pour être sûre." Juste pour qu'elle puisse en profiter aussi. Surtout pour qu'elle puisse en profiter.
Dernière édition par Itziar Cortés de Aguilar le Jeu 29 Juil - 18:18, édité 1 fois
Itziar n’a pas besoin de toi pour être magnifique. Son naturel lui suffit. Peu importe ce qu’elle porte, elle serait magnifique. Son radieux sourire la rend à lui seul magnifique. Son argument ne tient pas la route. Pas plus que celui évoquant sa reconnaissance éternelle. Tu l’as déjà. Tu la vois dans ses yeux à chaque fois que vos regards se croisent. Elle est juste à côté de l’étincelle amoureuse qui brille dans ses pupilles. Petite, presque invisible, quasiment inutile. Elle est si insignifiante comparée à la lueur de ses sentiments à ton égard. Ce n’est pas avec cela qu’elle réussira à te convaincre. Par contre, avec ses sous-entendus, ce clin d’œil, ta curiosité ne peut résister à son appel à l’aide. Ta curiosité autant que ton adulte interne souhaite découvrir ce que cachent ces mystères. Tu as bien quelques idées. Tu les tairas pour préserver les âmes innocentes et ton enfant intérieur. Tu te contentes de sourire à remarque. Elle semble déjà avoir percé certains de tes secrets. Ta malice lubrique manque de discrétion. Pourtant, dans un premier temps, tu n’y as pas pensé. Tu n’as vu que la praticité d’essayer les diverses chaussures avec la robe sur le dos. Ce n’est que dans un deuxième temps que tu as envisagé profiter d’une séance d’essayage privée. Ton silence acquiesce ses propos. Tu n’as de toute façon jamais su mentir. Tu ne vas pas t’y risquer avec l’espagnole. Ce serait perdu d’avance. Puis tu ne désires pas baser votre relation sur le mensonge. Aussi spontanée que tu es, tu es tout aussi honnête. Itziar se satisfait de ta réponse informulée. Elle se met à se déshabiller. Elle se montre plus sensuelle que dans le magasin. L’instant ressemble à un striptease improvisé. Tes mirettes ne ratent pas une miette de son spectacle. Elles s’imprègnent de chacun de ses gestes, de chacune des courbes de sa silhouette. Ton esprit projette ce corps. Tes mains se joignent à la fête, le caressant, frôlant sa douce peau de bébé. Progressivement, des désirs naissent dans ton être. Tes iris pétillent à la fin de son numéro. En te rejoignant sur son couchage, tu pressens une déviance arriver. La blonde ne sollicite que ton aide. Non sans t’avoir embrassée au préalable, mettant presque le feu aux poudres de tes envies. Tu te dégages d’elle. Vous vous remettez debout. Dans son dos, tu saisis le zip de sa fermeture éclair. Tu le remontes lentement, à la vitesse d’un escargot. Ton index longe sa colonne vertébrale au passage, tentant de lui arrachant des frissons voire des brides de gémissements. Sa robe attachée, tu déposes tes lèvres sur sa nuque. Tu te recules de quelques pas. Tu attends qu’elle se retourne. Tu l’admires. Elle est encore plus belle que dans le magasin. « Celles-ci me paraissent parfaites. » Tu pointes ses talons blancs par terre. Tu te baisses pour les ramasser. Tu t’approches de ta princesse. Tu t’agenouilles face à elle. Délicatement, tu lui enfiles un à un ses attributs pédestres. Tes doigts frôlent ses mollets par instant, en toute volonté de jouer avec ses nerfs. Tu te redresses. Tu captures furtivement ses commissures. Tu l’inspectes dans sa globalité. Elle est sublime. Tu viens récupérer la ceinture dorée. Tu lui attaches, glissant tes pulpes digitales sur ses flancs dans ta manœuvre. Tu l’habilles alors que tes envies te poussent à l’inverse. Le jeu ne fait que commencer. Voilà pourquoi. « Je vais réessayer ma robe. » Tu lui laisses le temps de bouger et de s’installer confortablement pour ce qui va suivre. Tes prunelles plantées dans les siennes, tu commences à te déhancher sur une musique imaginaire. Tes ondulations lascives n’ont rien d’innocentes. Tu fais coulisser une bretelle de ta robe de ton épaule à ton bras. Ta vitesse est encore plus lente que celle emprunté pour remonter sa fermeture éclair. Sa jumelle suit dans la foulée. La gravité se charge du reste. Ta robe tombe par terre, dévoilant tes formes longilignes uniquement recouvertes de tes sous-vêtements. Tu sors du sac la robe achetée. Sur le point de l’enfiler, une autre idée te vient. « Bien que styliste amoureuse des belles tenues, je trouve que la plus belle tenue qu’une femme puisse porter est sa tenue d’Eve… », lances-tu dans l’atmosphère de sa chambre de ta voix fluette gorgée de sagesse. Tu poses ton acquisition sur son lit. Tu reprends où tu t’étais arrêtée. Ta main droite se faufile dans ton dos jusqu’à rejoindre l’attache de ton soutien-gorge. Tu le dégrafes aisément. Tu libères tes dômes de chair de leur prison de tissu. Rictus en coin des lèvres, tu les caches à la vue de la serveuse. Elle les a déjà pourtant déjà vus. Et même touchés et embrassés. Tu fais la fausse pudique, gloussant en lui dévoilant ta poitrine. Tu n’es plus vêtue que de ta culotte. Elle est le dernier rempart à ta nudité. Tu es saisis les anses. Tu l’abaisses sans hésiter. Une fois sur tes chevilles, tu jettes ta pièce de lingerie en direction d’Itziar d’un coup de pied. Désormais nue, tu avances vers sa position. Tu t’assois sur ses genoux. Installée à califourchon, tu te penches vers son oreille. Ton souffle chaud gorgé de passion effleure son tympan. « Tu n’es pas de mon avis ? », lui demandes-tu emplie de malice avant que tes lèvres ne se perdent dans son cou, commençant à se faire avides de son délicieux goût de pomme.