La comédie est et sera toujours mon premier amour. J'adore la danse, mais le théâtre à ce petit côté fabuleux qui m'a toujours laissé songeur et rêveur. Je crois que c'est vraiment quand je suis sur scène face à un public et que je dois déclamer mon texte que je me sens réellement libre et en vie. J'adore me déguiser et me mettre dans la peau d'un personnage, jouer sur des émotions qui ne sont pas les miennes et dialoguer avec un inconnu comme je le fais ici. C'est pour cela que je n'ai aucun mal à endosser le rôle de Jonas et lorsque je prends la parole pour la première fois, c'est comme si je retournais à la maison et que je retrouvais un vieil ami.
Je fixe Abel comme Jonas observerait son coloc de qui il est secrètement amoureux et roule des yeux en soupirant lorsqu'il dit qu'il devait d'abord alors voir Claire. « Ah ouais, elle» répondais-je avec tout le dédain du monde « C'est toujours elle de toute manière»je me pousse du mur « Oh non je peux pas venir Claire veut aller au zool» l'imitais-je grossièrement « Ah non mais tu sais Claire elle aime pas ce film, Non mais tu sais Claire elle Mais va te faire foutre avec ta Claire putain !» éclatais-je en me penchant vers Abel «Depuis que t'es avec elle t'en as plus rien à foutre des tes amis. J'entends que du Claire par ci, du Claire par là, mais si tu savais combien j'en ai rien à foutre de cette salope ! » je prends une profonde inspiration pour me calmer un peu puis se redresse, me détourne «ça valait le coup, au moins ? Que tu me laisse seul ici, sans me prévenir ? » je croise les bras, attends quelques instants puis me retourne à nouveau vers Abel «Elle t'as au moins fait autant les meilleures gâteries du monde ? » crachais-je avec ironie, mon regard fixant celui du danseur.
J’avais toujours admiré les personnes douées pour la comédie : pouvoir incarner un personnage de façon entière et pleine, de pouvoir s’imprégner de son caractère, de sa vision des choses, d’être quelqu’un d’autre. Comment ne pas être admiratif ? Moi de mon côté, je ne me sentais pas très à l’aise avec tout ça. Sans doute parce que j’avais l’impression de jouer un rôle qui n’était pas fait pour moi. Malgré les apparences, j’avais mis du temps à apprendre à me connaître, du temps à m’accepter aussi avec mes défauts et mes qualités. J’avais beau être un artiste avec une renommée internationale, je n’en restais pas moins Monsieur tout le monde aussi. Mais pour intégrer la compagnie, il fallait en passer par là, car telle était l’essence même de la comédie musicale. Et même si je n’étais pas à l’aise, il fallait que je m’essaye à cette pratique.
Je lève le sourcil face au dédain de Jonas. Mon regard se braque vers lui. « C’est quoi ton problème à la fin, Jo’ ? » soufflais-je alors, mes traits se tendant légèrement face à l’attitude ô combien irritante de mon colocataire. C’est alors qu’une foule de répliques s’abattent sur moi, une foule de reproches nullement déguisée. Les mots claquent sans prévenir, mais prémices d’une tempête encore plus violente. Pourtant, je reste silencieux, le laissant alors exulter sa colère. Cependant, ses dernières phrases… Cela a le don de me faire monter la moutarde au nez. Mon regard se lève pour le fixer alors qu’il me regarde avec ce dédain si détestable, cette attitude irascible et cette ironie trop criarde. « C’est bon ? T’as fini ? » lançais-je alors à mon tour tout en me redressant, le dominant de toute ma taille, mes yeux d’un bleu électrique le toisant pour la première fois, ma mâchoire se serrant alors que je déglutis finalement tout en phasant claquer ma langue sur mon palais. « Alors j’espère que tu vas être ravi de la nouvelle. Enfin une bonne nouvelle dans le petit monde de Jonas. Claire et moi, c’est fini. »
C'est d'un regard mauvais que j'observe Abel alors que celui-ci, totalement dans son rôle de Max, l'homme trahis par celle qui était son grand amour, répond, comme le texte l'indique, à mes accusations avec une certaine violence. Tandis qu'il s'énerve sur Jonas, je me fais quelques notes mentales et analyse ses faits, ses gestes, ses intonations et son placement. J'avoue que lorsqu'il se relève pour me surplomber de toute sa hauteur, je suis quelque peu surpris et a un mouvement de recule. Cette réaction est autant la mienne car je suis réellement impressionné par les quinze centimètres de plus qui se dressent devant moi,que celle de Jonas qui est étonné par le ton utilisé.
Et lorsque l'homme en face de moi fini par faire sa grande révélation, mon regard se radoucit, la très nette surprise se lisant sur mon visage. Bouche légèrement entre ouverte, j'observe Abel, ahuris, pendant quelques instant, avant de pincer à nouveau les lèvres et déglutir difficilement « Je … je suis désolé. Je ...» bégayais-je en baissant le regard, incapable de soutenir d'avantage l’intensité dans les pupilles de mon interlocuteur «Enfin tu ...elle ne te méritait pas de toute façon » dis-je sur un ton beaucoup plus doux, presque incertain «ça va aller, hein ? » lèvres pincées, j'ose relevé mon regard sur Abel, moue désolée sur le visage avant de pousser un soupire et me détourner.
Ça, ce n'était pas dans le script. Normalement, Jonas devrait enchaîner avec tout un monologue comme quoi Max est un gars génial, le meilleur ami qu'il n'ait jamais eu et commencer à faire des sous entendu concernant ses sentiments amoureux, mais, le comédien rattrapant le personnage, j'en suis bien incapable. Car au final, cette scène je la fait avec Loan. Et même si je ne donne que la réplique à Abel, j'ai cette horrible impression de trahir l'amour de mon copain.
«putain...» soufflais-je doucement alors que je sens ma respiration qui s'accélère de plus en plus. Fermant les yeux, je me penche en avant, m'appuyant sur mes genoux et essaie de retrouver l'ancrage dans la réalité qui m'est nécessaire pour ne pas me laisser emporter par cette crise de panique qui prend de plus en plus d'ampleur dans mes entrailles. J'ai beau user des techniques de respirations que j'ai appris et qui, en général, fonctionnent bien, mes poumons ont décidés de ne plus m'obéir laissant ma respiration devenir de plus en plus laborieuse et me plongeant dans une spirale de pensées négatives qui me submergent bien trop violemment.
Le regard mauvais de Clément à mon égard provoque en moi quelque chose, tout naturellement. C’était pour cela que je n’étais guère bon comédien. Les expressions aussi jouées soient-elles me parvenaient toujours, les prenant comme argent comptant finalement alors que cela était juste de la comédie, de l’acting comme on pouvait dire dans le milieu. Peut-être étais-je trop sensible pour être capable d’interpréter quelque chose de cette façon ? C’était possible. Pourtant, en matière de danse, la question ne se posait même pas, je me sentais dans mon élément, je me sentais à ma place, capable de tout. C’était une autre façon de s’exprimer, une autre façon de procéder en fin de compte. Mais c’était sans doute lié aussi à ma propre histoire, à mon propre vécu. Cependant, il était possible qu’intégrer la Northlight, jouer sur scène différemment que ce dont j’avais l’habitude pouvait aussi m’aider à dépasser tout cela.
Me redressant pour faire face au personnage de Jonas, mes traits se firent plus tendus, plus durs aussi afin de lâcher la bombe dans la conversation, sans préavis. Clément m’avait indiqué que je devais jouer le rôle selon mon interprétation, selon ce que je voyais ou avais envie. Je me disais qu’agir de la sorte était sans doute le plus adéquat. La surprise se lit sur le visage de Clément. Une surprise qui laisse place à un moment de flottement. Mes yeux cobalts fixent de façon trop soutenue sans doute le comédien qui baisse le regard tout en balbutiant des excuses. Mon sourcil se lève alors, faisant apparaître un sourire en coin sarcastique, une sorte d’arrogance vint couvrir mon visage. « Tu me craches à la gueule et tu es désolé maintenant ? » D’après le script, même si Jonas était quelqu’un de plutôt stoïque, plutôt même froid au premier abord, il ne fallait pas trop le piquer. Ce trait de personnalité me ressemblait plutôt bien, je devais le concéder. La voix de Jonas se radoucit, tentant une autre approche sans doute face à la réaction de Max. « C’est tout ce que tu trouves à dire ? » nouvelle réplique acerbe. Cependant, face à la réaction du comédien qui se détourne alors après une moue désolée me fait froncer les sourcils. Ce n’était pas dans le script ça.
Je l’entends souffler. Cela non plus. Je le vois alors se pencher vers l’avant, comme s’il tentait de se calmer. Sortir du personnage ne fut guère difficile, et je m’approchais alors de lui rapidement. Je viens poser ma main sur son épaule pour attirer son attention vers moi, tentant par la même occasion de capter son regard. « Clément ? Qu’est-ce qui ne va pas ? » Je vois son corps se soulever et se baisser, comme s’il tentait de respirer convenablement mais cela fut bien plus une tentative d’après ce que je voyais.
J'aime tellement jouer la comédie que parfois il m'arrive de m'oublier. La ligne entre le personnage et la réalité devient alors tellement fine qu'elle en est presque invisible aux yeux extérieur de même que les miens. Il m'est déjà arrivé à plus d'une reprise de me perdre dans les méandres de mes personnages, me retrouvant à agir dans la vraie vie comme agirait un des rôles que j'endosse sur scène. C'est perturbant et même dérangeant, si bien que lorsque ça m'est arrivé j'ai tout abandonné pendant plusieurs semaines.
Et là, face à Abel qui me donne la réplique, j'ai du mal à faire la différence entre ce qui est réelle et ce qui est joué. Peut-être est-ce le fait que c'est un homme que je ne connais pas ? Peut-être est-ce le fait qu'il joue le rôle de Loan ? Peut-être est-ce le fait que j'ai l'impression de trahir Loan ? Peut-être est-ce le fait que mes agissements de ces derniers jours ennuient profondément mon copain ? Au final, lorsque je me retourne, c'est la peur de perdre celui qui compte le plus pour moi qui me revient en pleine face. La panique se me prends aux entrailles, l'angoisse comprime mes poumons. Mon cœur et ma respiration s'accélèrent brutalement alors que je me penche en avant.
Je sens la présence d'Abel à mes côtés mais sa main sur mon épaule me fait tressauter et, d'un geste rapide, je me dégage.. J'entends la voix du danseur, mais celle-ci me semble venir de tellement loin que j'ai beaucoup de mal à la prendre en compte. Agrippant mon t-shirt au niveau de la poitrine, j'ai l'impression que je vais suffoquer, les bouffés de chaleurs se faisant de plus en plus importantes. Ma respiration est laborieuse, comme si ma trachée s'était bloquée, ne laissant plus entrer l'air et accentuant la pression incommensurable sur mes poumons qui me semblent être en feu.
Je tangue un peu vers l'avant, me rattrape au casier. Le froid du métal sous la paume de ma main m'aide à reprendre un peu conscience de la réalité et, faisant un deuxième pas en avant, je me retourne, m'adosse contre le casier et m'efforce d'ouvrir les yeux pour poser mon regard sur Abel. Son image est floue, mais je sais qu'il est là, qu'il n'a pas bougé. Alors, observant sa silhouette, je tente de me remémorer son physique.
Ses yeux sont bleus, ses cheveux blonds, il mesure presque 1m90. Son corps est fort, ferme et souple, ses muscles sont longs et sculptés avec cette élégance qui lui permet de se mouvoir avec grâce. Aujourd'hui, spécifiquement, il est habillé d'un jogging et d'un t-shirt, tout ce qu'il y a de plus simple et confortable pour nous présenter la chorégraphie qu'il a choisit. De manière plus général, il est doué de son corps, mais son amour premier est la danse classique, non ? Je fronce légèrement sourcils « C'est...Quoi...ton style ...de danse … préféré ?» demandais-je entre deux inspiration et deux bouffés de chaleurs «parle...moi » suppliais-je «J'ai ... » je déglutis et ferme un instant les yeux «Besoin de ... » je suis incapable d'en dire d'avantage que je perds à nouveau le contrôle sur ma respiration, me plongeant à nouveau dans une frustration sans nom.
Je sens que tout bascule, je sens que le script se perd peu à peu face à la réaction de Clément. Si je m’étais rapidement rapproché de lui, posant une main sur son épaule pour attirer son attention, celui-ci se dégage bien rapidement après son sursaut comme si mon contact l’avait brûlé. Mon incompréhension est d’autant plus visible sur mon visage, restant immobile, là où j’avais rejoint Clément. Celui-ci vint d’ailleurs finalement à se rattraper à un casier. Je tente de m’approcher de lui mais sans me précipiter. S’il était en train de faire une crise de panique, inutile de rajouter une ébullition autour de lui. Ma démarche se fait souple, discrète pour finalement rejoindre l’endroit où il a pris appuis. Finalement des mots. Mots hachurés par une respiration erratique. Une question. Cela me décontenance quelque peu au début. Mais il avait besoin que je lui parle. Il avait besoin que je lui occupe peut-être l’esprit. Je me décide alors de m’approcher davantage. Mes mains viennent finalement se poser alors sur ses épaules dans un contact assuré, un contact qui se voulait réconfortant.
« Le classique par définition. Elle constitue le socle de ma formation, les bases de ma danse, de mes créations. Mais je pense qu’à force de danser, je n’ai pas vraiment de style. J’aime apprendre de nouvelles techniques, de nouveaux genres. Je crois que mon style est plutôt la danse au sens large en vérité. » En effet, après quatorze ans de pratique en tant que danseur professionnel, mon style s’était peu à peu transformé ; il avait évolué au fil des présentations, au fil des répertoires du ballet national de l’Opéra de Paris mais également lors de mes trois années à l’Australian Ballet. Alors bien sûr en tant que danseur classique de formation, il avait été compliqué au début de sortir de ce cadre si spécifique mais moi qui avais toujours aimé danser, j’avais pu apprendre auprès de bien des artistes autant professionnels qu’amateurs. Je sais que mon style sera toujours empreint d’une certaine forme de classique mais à mon sens, chaque danseur avait ses origines qu’il ne fallait pas renier. « Et toi Clément ? Pourquoi qu’est-ce que tu aimes danser ? Qu’est-ce qui t’a fait choisir cette voie d’artiste ? De comédien ? » Il fallait que je l’amène petit à petit à reprendre pied, qu’il puisse se sortir de cette panique qui l’avait assaillie soudainement.
Est-ce que j’allais le juger face à ce craquage si inopiné ? Non. Tout le monde pouvait se perdre dans sa pratique, dans sa profession. Et cela n’était pas spécifique aux artistes mais peut-être que c’était plus marqué dans la mesure où travail et passion étaient profondément connectés. « Tu peux me parler Clément. Si quelque chose ne va vraiment pas. Tu peux te confier. » tentais-je de nouveau. Alors peut-être que je ne serais pas là par la suite si je n’étais pas retenu mais je savais mieux que quiconque que cela faisait du bien de parler à un inconnu qui ne savait rien de notre vie.
Thank god, Abel comprend ma demande. Il comprend que j'ai besoin qu'il me parle, peu importe de quoi, il faut qu'il me donne des informations pour occuper mon cerveau en ébullition et qui risque de m'embarquer définitivement dans la spiral des pensées noires et négatives. Adossé aux casiers face à la silhouette d'Abel qui s'avance vers moi, mes poumons reprennent leur courses infernales alors que les mains sur danseurs viennent se poser sur mes épaules. Ce geste est ferme mais doux en même temps et ses paroles sont rassurantes. Je ne me concentre pas forcément sur ce qu'il me dit, mais sur le son de sa voix et remarque bien rapidement la douceur et la passion qui émane de son ton et ses mots.
C'est alors qu'il s'adresse directement à moi et me retourne la question. Pourquoi aimais-je danser ? Qu'est-ce qui m'a fait choisir cette voie d'artiste ? « Je ...Sais … pas» parvenais-je à dire avant que je ne ferme les yeux et me pince l'arrête du nez. La concentration, voilà la clef de la réussite. Il faut que je me concentre afin de pouvoir reprendre la contrôle sur ma respiration et sur mes pensées.
J'ai besoin de presque une minute de plus pour qu'enfin mes poumons décident de retrouver leur fonction première : me maintenir en vie et non essayer de me tuer en ne me répondant plus. Il me faut une minute de plus pour reprendre une respiration digne de ce nom et quelques secondes encore pour qu'enfin mon regard s'éclaircisse et que l'image d'Abel m'apparaisse claire et nette « Quand j'avais 5 ans, j'ai un jour suivi ma voisine dans son cours de ballet» finissais-je par expliquer « C'est de là qu'est né ma passion pour la danse, par le classique» je m'appuie un peu plus fort contre le casier, une main se posant sur l'avant bras d'Abel dont les mains n'ont toujours pas quittées mes épaules, de peur que mes jambes ne cèdent sous mon poids « A 6 ans, à l'école, on a monté un spectacle de noël pour nos parents et j'ai plus jamais quitté la scène» ajoutais-je alors que mon regard ne quitte plus celui du danseur « J'ai toujours su que je voulais en faire mon métier. C'était clair et net» je déglutis puis prend une profonde inspiration.
C'est alors que le danseur étoile m'informe que si quelque chose ne va vraiment pas, je peux lui parler sans problème. Je l'observe quelques instants, pince les lèvres, hésite et fini par prendre la parole « J'avais un rêve» dis-je doucement «Celui de me produire dans un musical à Broadway avant mes 30 ans » j'humecte mes lèvres «J'avais une opportunité en or là, début mars, avec James Lloyd-Picket qui m'a invité à passer des auditions pour le rôle principale de sa nouvelle pièce » je me mordille l'intérieur de la joue «J'y suis allé, j'ai tout foiré et je me suis ridiculiser comme c'est pas permi » je ferme un instant les yeux, relâchant un peu ma poigne sur le bras du danseur «Et j'ai peur d'avoir tout gâcher avec mon copain » c'est maintenant l'émotion qui me gagne alors que je ravale mes larmes, m'interdisant de craquer devant Abel.
Mon visage se penche légèrement sur le côté pour indiquer alors ma recherche d’attention, mais également une certaine forme d’étonnement, une expression légèrement amusée sur le visage. « Tu ne sais pas ? Pas de ça avec moi. » dis-je alors avec un léger rire, sentant qu’il reprenait doucement pied dans la réalité. C’est alors qu’il m’explicita davantage d’où venait sa passion pour la danse, d’où elle lui était venue. « Ce qui nous fait un point commun alors ! » commentais-je en souriant toujours agréablement à l’attention du danseur. Celui-ci prit d’ailleurs appuis sur l’un de mes avant-bras, comme s’il tentait de trouver une attache plus solide, un support qui ne lui ferait pas défaut. « La scène t’avait appelé. Et je suis ravi de voir aussi que tu savais d’ores et déjà ce que tu voulais à ton plus jeune âge. » En effet, de mon côté, cela n’avait pas été aussi clair au-début. J’avais grandi dans une ambiance traditionnaliste et conservatrice : un garçon ne danse pas si ce n’est lors de grands bals dans le but de charmer un bon parti. Voilà ce dont je pouvais me rappeler des enseignements de mon paternel mais cela m’était clairement indifférent maintenant. Même si quelque part, j’espérais encore quelque chose de sa part.
Finalement, Clément décide de se confier davantage après un moment d’hésitation. Cela se voyait dans les traits de son visage. Son regard s’était détourné légèrement du mien qu’il ne quittait pourtant plus quelques secondes auparavant. Un nouveau rêve. L’envie de se produire à Brodway avant ses trente ans. Un défi de taille. Même si je n’étais pas familier au monde de la comédie musicale, Brodway représentait quelque part le Saint-Graal, la consécration suprême, la première marche du podium. Cependant, il semble que ce rêve s’était pris du plomb dans l’aile à cause d’une audition ratée… Et cela s’était répercuté dans sa vie aussi personnelle.
« Foiré. C’est un grand mot. Que s’est-il passé ? » en effet, j’avais besoin d’en apprendre davantage si je pouvais l’aider à sortir la tête de l’eau. Oui, c’était ma volonté : sortir le jeune homme de sa morosité qui m’avait un peu frappé en pleine tête. « Et pour ton copain, on en parlera après si tu veux. Chaque chose en son temps. » indiquais-je alors en venant lui faire un signe de tête pour qu’il aille s’asseoir sur l’un des bancs du vestiaire afin de pouvoir s’asseoir et reprendre ses esprits.
Cinq minutes ? Dix minutes ? 1 minutes ? Ou seulement quelques secondes ? Je suis incapable de dire combien de temps ma crise d'angoisse a duré. Je sais juste que lorsqu'elle se fini et que je parviens à reprendre le contrôle sur mes poumons et mon cerveau, je suis lessivé. J'ai mal aux épaules, à la nuque et aux côtes et j'ai l'impression que toute mon énergie a été drainée en peu de temps, me laissant là, faible et fébrile, incapable de faire un mouvement. Ainsi, je m'accroche au bras du danseur, autant pour me soutenir que pour rester dans la réalité de la chose et fini par répondre correctement à sa question.
J'hoche doucement la tête lorsqu'il me dit que nous avons la danse classique en point commun et hausse les épaules lorsqu'il me dit être ravis que j'ai pu savoir aussi tôt ce que je voulais faire de ma vie « je ne sais pas ce que je pourrais faire d'autre en vrai» reprenais-je d'une voix un peu plus forte qu'avant « Je ne me suis jamais intéressé à rien d'autre qu'à l'art de la scène» expliquais-je «J'avais commencé des études dans ce sens mais j'ai abandonné parce que ... » je me tais un instant, hésitant si oui ou non je devrais lui expliquer les réelles raisons qui m'ont poussées à quitter les bancs de l'école « C'était trop.» avouais-je finalement «Entre la troisième année d'étude qui était compliqué et qui me prenait beaucoup de temps, puis le passage dans la troupe professionnelle de la northlight qui me dérobait de mon reste d'énergie, le fait que je rate mes auditions, le retour de mon père en ville après plus de 7 ans de silence, la maladie de mon meilleur ami ... » je soupire doucement « En décembre 2018 j'ai fait un burn out et mon corps m'a lâché» mes doigts se resserrent légèrement sur le bras du danseur « Il fallait que je fasse un choix, du coup j'ai décidé d'arrêter les études »
Je pince les lèvres, serrant légèrement les muscles de ma mâchoire, avant de baisser le regard lorsque Abel m'assure que je peux me confier à lui. Une minute d'hésitation plus tard, je me lance dans les explications de ce que j'ai vécu ces deux dernières semaines. Fort heureusement, l'artiste décide de se concentré sur la première information : celle qui dit que j'ai foiré toutes mes auditions. Après m'être installé sur le banc, je prends une profonde inspiration et reprends «C'était un casting en quatre phases super rapprochées qui visait à en éliminer toujours plus. » expliquais-je, le regard toujours fuyant «J'ai réussi à les trois premières étapes, mais à la quatrième je ...je sais pas ce qui s'est passé. Tout à coup j'étais dans l'impossibilité de gérer mon stress, j'ai raté mon enchaînement, j'ai improvisé un texte bien trop souvent que ce soit naturel et ...bref, j'étais pas moi même » je soupire et me passe les mains sur les cuisses «Tu sais, j'ai juste envie d'abandonner et de toute arrêter »
Clément décide finalement de se faire plus éloquent à propos de son histoire. De sa poursuite d’études en parallèle de la danse, à son seul intérêt pour l’art de la scène avant que tout ceci ne soit trop, bien trop avec les problèmes personnels qui se sont accumulés dans sa vie. Beaucoup trop de choses sans doute pour les épaules d’une seule personne, pour savoir où il devait aller, où il devait mener sa barque. Et finalement il y a trois ans, le burn out, le coup de trop. Je sens d’ailleurs que l’émotion le prend de nouveau, sentant la pression sur mon bras encore sous l’emprise de ses doigts. Tout pour la scène. Il avait décidé d’arrêter les études. J’avais l’impression que Clément en avait gros sur le cœur, que tout ceci devait sortir d’une façon ou d’une autre. Puis il me parle de cette super audition qui se déroulait en quatre phases pour le spectacle de Broadway. Si tout s’était bien passé pour les trois premières étapes, la quatrième avait été fatale. Coup de stress et tout avait dégringolé. Une déception, de l’incompréhension sans doute aussi de son côté. Pourquoi maintenant ? Face à sa résolution de tout arrêter, je vins alors lui donner une petite tape derrière la tête. Ce fut bref, soudain. J’attendais d’ailleurs que son regard croise le mien. Il pourrait y lire une pointe de sévérité mêlée à une sorte de mine quelque peu dubitative.
« Pour une audition, tu vas foutre en l’air le travail de toute ta vie ? Ne sois pas ridicule, Clément. Les échecs, tout le monde en connait. Et ceux qui te diront qu’ils n’existent pas, c’est ceux qui ne tenteront jamais rien au-delà de leur zone de confort. » dis-je alors d’une voix grave mais étrangement douce à la fois, dénotant avec la petite frappe que je lui avais mise à l’arrière de la tête. « Une audition ratée, ce n’est pas une fin en soi. Tu penses que j’ai réussi tout ce que j’ai entrepris ? Que j’ai eu tous les rôles que je désirais au sein des compagnies dans lesquelles j’ai pu être ? Que tous les projets de danse que j’avais en dehors des murs ballets se sont concrétisés ? Que je n’ai jamais douté ? » Secouant négativement de la tête, je me lève alors avant de m’accroupir pour lui faire face, posant mes mains sur les siennes. « Qu’importe la voie que tu choisiras, tu seras toujours amené à douter. Tu as quoi… vingt-cinq ans ? vingt-six ? Tu as la vie devant toi. Une carrière ne se construit pas en deux ans, ni même cinq. Elle commence tout juste à s’établir vers dix ans de pratique, elle se concrétise à vingt ans. Alors oui, il y a des opportunités qui peuvent nous passer sous le nez, des rêves et des envies qui peuvent se retrouver avec du plomb dans l’aile. Mais je crois surtout que tu as perdu quelque chose d’important, ce pourquoi tu aimais danser, ce pourquoi tu aimais ce que tu faisais. » Pour appuyer mes mots, je tapotais d’ailleurs l’endroit où se trouvait son cœur avec un léger sourire. « Allez trêves de bavardages. Est-ce qu’il y a un endroit de libre dans le théâtre où il est possible de danser ? Si oui, tu peux m’y amener ? »
La claque sur l'arrière de mon crâne vient tellement subitement que je rentre vivement la tête dans les épaules. Passant une main mon occiput et tournant la tête vers Abel, je le fusille du regard une fraction de seconde avant avant de remarquer la sévérité qui brille dans ses yeux et qu'il ne commence à parler. Il me dit de cesser de dire ce genre de chose et fait rapidement le parallèle avec son cas à lui. Je ne dis rien, mais j'avoue que plus il parle plus je me renfrogne et plus je regrette de m'être confier à lui. Avec ses questions et son passif agressif il parvient à me faire sentir encore plus misérable que je ne le suis déjà. Oui ça arrive à tous les artistes, oui à 26 ans j'ai encore la vie devant moi, oui je ne peux que progresser et oui une carrière de comédien ne s'est jamais construit en seulement trois ou quatre ans. Mais est-ce que ça enlève de la légitimité à mes questionnement ? Est-ce que les réponses positives à ces questions m'enlève le droit de me remettre en question et d'avoir envie d'abandonner ?
Je pousse un soupire et hoche seulement la tête avec un « Tu as raison» souffler à mi voix alors que mon regard se pose sur le doigt qui s'enfonce dans ma poitrine. « Je ….c'est juste que ...je sais pas, mais j'ai l'impression que la comédie musicale ne me réussi pas. » je déglutis «J'ai pas envie d'arrêter totalement, je saurais même pas ce que je pourrais faire à la place. » haussais-je les épaules en soupirant doucement «Ce ...C'est comme si la coémdie musicale me prenait plus qu'elle ne m'apporte réellement » je pince les lèvres « Alors que c'est mon rêve » je me mordille la lèvres inférieure « Enfin bref, j'ai pas la force d'y réfléchir d'avantage»
C'est alors qu'Abel me demande s'il existe un endroit où on pourrait danser ici et que je devrais donc l'y amené. J'arque un sourcil alors que mon regard se pose sur le script qui est rangé à côté de moi sur le banc « On va d'abord finir ton audition et présenter cette scène devant le jury, ok ?» dis-je en reprenant les feuilles « Ensuite je t'emmène dans mon studio qui est au bout de la rue» proposais-je avant de me frotter l'arcade sourcilière gauche «ouais non en fait j'ai oublié la clef » soupirant je relève mon regard vers la porte et me mordille l'intérieur de la joue en réfléchissant rapidement «y a on a un petit studio de danse ici donc on ira là » reprenais-je avant de me redresser et poser mon regard sur Abel « On y va du coup ?»
Ce n’est jamais agréable de se faire rentrer dedans – qu’importe le sens que prend l’expression. Pourtant, j’avais décidé de mettre les deux pieds dans le plat et cela avait eu le mérite aussi de le faire réagir, de le sortir de cette étrange léthargie dans laquelle Clément s’était enfoncé subitement. D’ailleurs, je me demandais si est-ce que cela était à cause du script, de la scène que nous étions en train de répéter. C’était fort probable : il m’avait confié qu’il avait peur d’avoir tout fait foirer avec son copain et on peut dire que la scène était plus qu’empreinte de sentiments et d’émotions. A côté de cela, tout le reste. Oui, il était dans une phase creuse. Dans un moment de doutes où il pensait – à juste titre au regard des faits – que tout cela n’était plus pour lui. C’était difficile d’entendre pareils discours de la part d’un artiste, surtout quand on en est passé par là.
Je le vois soupirer, délaissant cette attitude quelque peu agacée sans doute de mes paroles qui sont loin d’être réconfortantes de prime abord. L’écoutant de nouveau se confier sur sa situation, je pense de nouveau la tête sur le côté, maintenant que je suis accroupi face à lui. Un sourire léger aux lèvres. Il avait besoin de temps pour appréhender tout cela, pour faire le deuil de l’échec qui l’avait éloigné sans doute trop brutalement de son rêve le plus cher. Je n’insistais pas davantage, préférant alors détourner la discussion sur autre chose. La danse. Il souhaitait qu’on termine l’audition par rapport à la partie comédie mais j’avais une bien autre idée en tête. Restant silencieux au début, attendant de voir où menait le fil de ses pensées, Clément m’indiqua qu’il avait oublié la clé mais qu’il y avait quand même un petit studio. Eh bien c’était parfait. « Oui, et on y va de suite. » dis-je après avoir regardé mon téléphone. « Il reste encore quinze minutes donc cela nous laisse largement le temps d’y aller. » lui indiquais-je avec un sourire. Mon regard se fit d’ailleurs mutin, tout comme mon visage, signe que j’avais une idée derrière la tête. Une idée qui pouvait ne pas marcher mais Clément avait besoin de penser à autre chose que la comédie musicale, de ses problèmes aussi. Il avait besoin d’autre chose quand je voyais son regard, sa mine hésitante. Il était loin d’être envahie de confiance. Et à juste titre.
Je me dirigeais alors vers la sortie du vestiaire non sans avoir pris le script avec moi. Je jette un regard dans sa direction. « Eh ! Allez viens cela va être marrant ! » dis-je alors comme pour l’encourager à me guider vers le studio.
Quinze minutes ? C'est donc le temps qui passé depuis que nous avons pénétré dans les loges ? Je ne pense pas que nous avons joué la scène pendant plus de cinq de minutes. Est-ce que ça voudrait dire que ma crise à duré aussi longtemps ? Je soupire doucement et secoue la tête avant de me passer une main dans les cheveux lorsque Abel se lève et se dirige vers la porte en disant que ça va être fun. Je le suis du regard, l'incompréhension se lisant sur mon visage « Je ...eh Abel attend !» l'interpellais-je en le rejoignant dans le couloir «Tu veux pas qu'on finisse d'abord ton audition ? » demandais-je en lui emboîtant le pas « Tu devrais ...»
Mais, au vu du regard mutin qu'il me lance, je me rends compte que ça ne servira à rien de parler et d'essayer de le convaincre de se concentrer sur son audition et sur ce que Charles nous a demandé de faire. Et c'est donc, dans un soupire, que je fini par me remettre en route devant lui pour le guider vers la petite salle qui nous sert d'entraînement et de répétition pour les danses. «Eh voilà » dis-je en passant la porte, la tenant ouverte pour Abel « C'est pas grand chose mais c'est franchement pas mal» dis-je en m'avançant «Les murs sont bien insonorisés, le sol a été refait dernièrement avec un revêtement souple et agréable qui nous permet de protéger nos articulations au maximum » je tapote légèrement le sol de mon pied « la sono est sympa aussi et ...» je regarde autour de moi puis hoche la tête « Tu sais quoi, je vais te montrer, ce sera plus simple» dis-je en déposant mon sac sur le sol et en retirant à nouveau ma veste.
Après un rapide échauffement d'une petite dizaine de minutes pendant lesquelles, je l'espère, Abel aura apprit son texte, j'attrape mon ipod et sélectionne la chanson choisie pour la chorégraphie que je décide de présenter. Je lance la musique puis me place au centre de la salle, ferme les yeux pour me caler totalement sur le rythme qui va suivre et me concentre afin de commencer la chorégraphie au moment exact.
Je vois bien que Clément est surpris de ce revirement, de ma demande si soudaine – qui après sa confirmation de la présence d’un studio de danse au sein du théâtre – appelait à être exécutée immédiatement. Le voyant me suivre, mon regard cobalt se tourne vers lui. Je n’ai même pas besoin de rajouter quoi que ce soit pour qu’il comprenne que l’audition n’était plus devenue prioritaire actuelle. Et il finit par finalement accepter sans tenter de me convaincre davantage. Je le suis alors comme son ombre, ma démarche ne faisant particulièrement rapide, presque même pressée. Il faut dire que quinze minutes, c’était court et long à la fois. Le trajet ne fut guère long et je découvrais alors le studio qui servait de lieu de pratique et de répétition. Ce serait bien suffisant en termes d’espace ; ce n’était peut-être pas un lieu immense mais suffisamment grand pour pratiquer la danse sous bien des formes. Mon regard vint rapidement se poser sur lui, signe de l’attention particulière que je portais à ses mots. Je comprends d’ailleurs que sous les airs bonhommes du studio, celui-ci comportait des caractéristiques bien spécifiques des plus grands studios de danse justement. Comme quoi, il ne fallait pas juger un livre à sa couverture. D’ailleurs, je m’aventurais au milieu de celui-ci, inspirant profondément tout en m’étirant. Je me sentais bien souvent à l’aise partout pour danser et cet endroit n’y faisait pas exception.
Clément s’arrêta soudainement dans son énumération, se décidant finalement à faire ce pourquoi je voulais qu’on vienne ici. Je n’avais pas eu à lui proposer, et tant mieux. Je sentais bien que le comédien était dans sa phase de doute mais apparemment danser ne semblait pas être si lointain de lui, une très bonne chose. Le laissant s’échauffer alors, j’en profite pour me remémorer tout le script de la scène que nous allons jouer. C’est quand j’entends la musique raisonner que je semble reprendre pied. Je vois Clément se placer, attendant les premiers temps avant de s’élancer pour sa chorégraphie : quelque chose de très moderne, un style en vogue pouvait-on dire, quelque chose qui étant parlant, sur une musique entrainante et qui faisait frissonner. Je le regardais avec attention, imprimant alors tous les pas de la chorégraphie dans ma tête.
Je comprenais d’ailleurs pourquoi Charles l’avait surnommé le prodige. Il y avait de la volonté, de l’émotion, de la détermination et peut-être même du plaisir. Comme si tout ce qui semblait l’avoir abandonné lors de notre conversation se trouvait là, au même endroit. Tout n’était pas perdu. Le voyant achever sa chorégraphie, je décide alors de me diriger vers son iPod pour relancer la chanson et me placer à côté de lui, face au miroir. « Ton élève suit le prof ! » dis-je d’un air taquin pour reprendre alors les mouvements dès la prise de voix de la chanteuse.
Lorsque je met la musique en route et que mon regard croise furtivement le regard d'Abel, je me rends compte que je suis entrain de faire exactement ce qu'il voulait que je fasse : il voulait me faire venir ici, m'obliger à danser et m'aider ainsi à totalement oublier cette crise d'angoisse que j'ai eue. Il voulait que les voix dans ma tête cessent leur discours négatifs, ne serait-ce que pour quelques minutes, le temps de la chorégraphie. C'est donc un petit sourire entendu que je lui adresse alors que je me met en place au centre de la pièce.
Et lorsque la chanson commence, j'oublie tout. Comme toujours lorsque je danse et que mon corps est prit dans ce rythme endiablé, bougeant comme je lui demande de bouger, avec souplesse et énergie, mon esprit s'évade et je retrouve ce nouveau monde, cet havre de paix que je n’atteint que lorsque je suis sur scène. C'est là, alors que j'oublie tout ce qui m'entoure, que je me rend compte que non, je ne peux pas tout arrêter . C'est impossible. Tout cela est bien trop important pour moi et ma santé mentale, j'ai besoin de la danse et de la scène pour vivre. Et même si la scène m'a déjà prit énormément de ma force et de mon énergie, ne m'a-t-elle pas offert bien plus encore ?
La musique s'arrête et je me retrouve là, sur place, essoufflé et l'esprit bien plus claire qu'avant. Toutefois, Abel ne me laisse pas le temps de reprendre mon souffle que déjà il se dirige vers mon Ipod pour remettre la musique depuis le début. Je l'observe quelques instants, intrigué avant qu'un sourire ne s'affiche sur mon visage tandis que mon ne s'illumine. Abel Greetham veut que je partage la scène avec lui et il veut que je lui apprenne les pas de cette danse là ! C'est l'occasion rêvé pour me surpasser encore un peu plus, non ?
J'échange un regard plein de défis avec le danseur avant que je ne commence à bouger à nouveau lorsque la chanteuse commence à chanter. Je sens la fatigue dans mes muscles et dans mes poumons qui travaillent avec acharnement, mais je passe outre et continue en amassant encore plus d'énergie jusqu'à atteindre l'apothéose du bonheur lorsque la musique s'arrête et que nous nous stoppons. Me penchant en avant pour reprendre ma respiration, heureux que cette fois ci mon manque de souffle est seulement du au fait que j'ai enchaîné la chorégraphie deux fois de suite sans pause, je fini par laisser échapper un rire amusé «faut vraiment que je t'apprenne cette choré » dis-je en me redressant «ça passe tellement bien en duo » assurais-je en me mettant en route pour marcher un peu et reprendre ainsi une respiration digne de ce nom «Toutefois ça se voit que t'es un pro, t'as bien gérer les pas en vrai » hochais-je la tête « J'avoue que j'ai un peu accélérer le rythme pour voir si tu arrivais à suivre» ajoutais-je avec innocence en me dirigeant vers la sono où je débranche mon Ipod pour le remettre dans mon sac à dos « Mais maintenant il faut vraiment qu'on aille finir ton audition. Et une fois que tu seras prit on aura de toute manière tout le temps du monde pour qu'on perfectionne cette danse là» assurais-je en me dirigeant vers la porte.