“It's not enough to be up to date, you have to be up to tomorrow.”
Début avril, Brisbane.
Voilà belle lurette qu'elle ne l'a pas vu son Timothy. Quelques messages, quelques articles de journaux ridicules qui, elle le savait, le ferait sourire. Elle a néanmoins préféré éviter de se confronter au regard inquiet de son ami, si jamais il apprenait pour Marcel et pour les suites de ce dernier. Maintenant qu'elle est de nouveau en forme – ou à peu près en forme – elle a bel et bien envie de lui rendre service à son distributeur de bonnes nouvelles, de bonne humeur ambulant. Un petit rendez-vous arrangé. Elle se rend chez lui : plus pratique … et au moins, elle est pratiquement certaine de pouvoir voir les jumeaux et cocooner un peu avec eux. Disons qu'ils sont une petite attraction supplémentaire lors de ses visites chez Timothy. Bref, tout ça pour vous dire qu'elle se met en route vers Fortitude Valley. Le trajet, elle le passe sur son téléphone à lire ses e-mails, à se perdre dans les réseaux sociaux. Niamh n'échappe pas à la règle : elle fait partie de ceux qui se focalisent sur ce petit écran au lieue de regarder ce qu'il se passe autour d'eux. Vous voulez lui jeter la pierre ? Vous pouvez, elle ne s'en rendrait même pas compte, captivée par la une des journaux. Et rapidement, elle se retrouve face à la porte de son ami qui, finalement apparaît dans l'encadrement de la porte. Aussitôt, elle affiche un large sourire en relevant la main dans laquelle elle tient un sachet en coton. « Je ne suis pas venue les mains vides. », dit-elle sans le perdre ce sourire. Car, oui les visites de Niamh sont souvent teintées de petites expériences culinaires. Véritable ventre sur pattes, elle aime bien tenter des petits trucs pour leurs soirées tranquilles à parler de tout, de rien, à refaire le monde.
En franchissant le seuil de la porte, elle enroule un bras autour de son cou pour déposer un baiser bruyant sur sa joue. Sa manière de le saluer depuis qu'elle a placé Timothy dans la liste des amis pour qui elle se battrait comme Xena la guerrière. « Ca fait un bail. Je me suis dis qu'on va sûrement avoir une tonne de trucs à se raconter. » Elle franchit le seuil de la porte qui se referme derrière elle. « Tu commences ? Je commence ? … oh et ils sont où les monstres ? » dès qu'elle prononce le mot « monstre », sa voix part dans les aigus. Ok, elle n'a pas une voix de cresselle mais disons que le ton est un peu plus chantant et enjoué. @Timothy Decastel
Tim n'a plus énormément de temps à consacrer pour les petites visites de courtoisie amicale. Pourtant, il aimerait parce que les gens autour de lui deviennent un manque permanent depuis qu'il ne trouve plus deux minutes pour se libérer quelques créneaux sur son agenda. Entre le travail à la librairie, le service obligatoire pour arroser les plantes à la serre et réaliser quelques créations florales pour les clients qu'il a réussis à obtenir... Le pauvre Decastel n'arrive plus tant que cela à assumer le rythme qu'on lui impose. Il aurait pu gérer avec aisance ces deux boulots, bien sûr, s'il n'avait pas deux enfants qui l'attendaient à la maison le soir venu. Le brun occupe tout son temps avec eux parce qu'ils n'ont plus qu'un père et qu'il s'en veut terriblement de leur imposer cette solitude que tout enfant ne devrait pas avoir à vivre. En soi, il revit sa propre enfance à travers la leur, à l'exception près qu'il n'y avait franchement aucun individu sain d'esprit pour le sauver de ses parents, il n'y avait que Noé mais il était sûrement beaucoup trop jeune à l'époque pour le secourir correctement. Il l'a fait bien plus tard et Timothy ne peut toujours pas lui rendre un dixième de tout ce qu'il lui a donné durant cette longue période de leur vie commune. Noé est l'individu le plus important de son existence depuis des lustres et il sait qu'il sera toujours présent pour les petits, bien entendu. Pourtant, Tim ne veut pas lui imposer une nouvelle garde pour la soirée alors, il invite Niamh à la maison même si les enfants ne seront pas couchés à son heure d'arrivée. Après tout, la jeune femme a toujours l'air ravie de les voir et Timothy est tout autant heureux d'observer les interactions de ses amis avec ses deux petits monstres.
A l'heure dite, il est sur les starting blocks, les jumeaux ayant mangé et désormais en pyjama à jouer doucement dans leur chambre. Autant dire qu'il a l'air du père de l'année plus que du père débordé pour une fois au moment où Niamh toque chez lui pour montrer son minois rieur. "Qu'est-ce que tu as ramené cette fois?" La brune ramène toujours des surprises et Tim est toujours amusé par ce fait puisqu'elle est si dynamique et il l'a toujours connue ainsi. Il l'invite donc à entrer, entendant le bruit des enfants qui jouent dans la pièce voisine: pour une fois qu'ils paraissent calmes ces deux-là... "Les deux anges tu veux dire? Ils sont presque au lit, dans la chambre si tu veux les voir mais les énerve pas trop hein sinon on va pas profiter de la soirée et... Il me semble que c'est toi qui dois commencer le discours solennel de prise de nouvelles." A elle l'honneur car, en soi, Tim n'a pas grand chose à dire de son côté: Heïana était partie quelques semaines auparavant et il n'en avait pas spécialement parlé aux gens autour de lui. En dehors de cela, il s'est plutôt concentré sur son rôle de père, rien de trépidant et de révolutionnaire en somme, ce qui risque de changer du côté de Niamh. Sûrement que le brun ne le prendra pas si bien que cela, la fameuse nouvelle.
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Début avril, Brisbane.
« Qu'est-ce que tu as ramené cette fois? » « De quoi ravir les papilles les plus aigries. Pas mal sucré mais je pense que c’est mangeable. » Un enthousiasme légendaire, un sourire rayonnant, une voix chantante. Elle est de bonne humeur, même si elle sait qu’elle ne pourra pas se goinfrer de sucre. Un des symptômes de la chimiothérapie : des petits hauts de cœur. Un moyen diplomatique de dire qu’elle passe pas mal de son temps à vomir ce qu’elle mange tout en maudissant le fait que Marcel ne s’attaque pas uniquement à ses organes mais également à ce qui compte le plus pour elle : le sens du goût. Mais soit, elle croise les doigts pour qu’elle tienne le coup le temps de cette soirée. « Les deux anges tu veux dire? Ils sont presque au lit, dans la chambre si tu veux les voir mais les énerve pas trop hein sinon on va pas profiter de la soirée et... Il me semble que c'est toi qui dois commencer le discours solennel de prise de nouvelles. » Elle penche la tête doucement sur le côté quand il mentionne le mot « ange », cela la fait doucement sourire. Bizarrement, elle l’envie cette vie de père de famille. A croire qu’à partir de trente ans, le cercle d’amis devient parent. Maintenant, c’est sûr et certain qu’elle va appartenir à la case « les autres », ceux qui n’ont pas d’enfant mais un chat. Génial ! « Hum … c’est dangereux. Tu sais, mon aura légendaire, mon énergie débordante, j’ai l’effet d’un coca sur les enfants en bas âge. » dit-elle en se massant le menton d’un air faussement pensif. Elle dépose son petit sachet sur une table – parce que oui elle fait un peu comme chez elle – et en sort quelques confiseries faites elle-même. Apparemment, être en arrêt maladie lui fait passer pas mal de temps en cuisine.
« Je dois commencer le discours solennel ? » demande-t-elle en arquant un sourcil. Ouille ! « Tu veux la version longue ou la version courte ? » Elle laisse le choix. Et puis, cela lui permet de réfléchir à la manière dont elle va lui présenter cela de manière positive. « Sers-moi un thé va … et après je te dis tout. » Elle se redresse et désigne d’un geste de la main la chambre des anges : « Pendant que tu prépares le thé, je vais faire juste un petit bisous. Promis. Rien de plus. Pas de folie. » Sourire angélique. Elle s’exécute et revient quatre minutes plus tard, un sourire encore plus rayonnant : l’effet de gamins sur Niamh. « OK. Donc, on a dit que c’était moi qui commençait …. » souffle-t-elle s’étirant les bras au-dessus de la tête. Si on la connaît, on sait que cela n’annonce rien de bon : elle est plutôt gênée et mal à l’aise.
L'amitié a une place prépondérante dans l'existence qu'il s'est bâtie ces deux dernières années. Tim a eu beaucoup trop de mal à survivre face à la solitude passée pour qu'il envisage de laisser de côté la part sociale nécessaire pour qu'un équilibre mentale soit atteint. Il a plus souvent envie de voir des gens et puis, il faut le dire, le cher français est plus à même de tenir une conversation à l'heure actuelle qu'il ne pouvait le faire quelques années auparavant. Ce pauvre grand dadais n'était clairement pas à l'aise avec son corps à cette époque -un blasphème évidemment- et il ne s'appréciait pas tant que cela non plus de manière plus générale. Tim a longtemps eu ce besoin d'être rassuré et de trouver sa place auprès des autres aussi. Maintenant, il se pose beaucoup moins cette question, appréciant les petites joies de moments simples auprès des connexions qu'il a créé au cours de son développement affectif. Aujourd'hui, s'il est père de famille, Decastel ne peut pas non plus négliger le reste et ce, même s'il est tout seul pour gérer les deux angelots qui jouent calmement avec leurs peluches de l'autre côté de la cloison. Il le sait clairement, Tim, alors qu'il sourit à Niamh, elle qui a apporté de quoi rendre la soirée un peu plus festive. Elle ne vient jamais les mains vides de toute façon alors, il s'est habitué à cela, l'observant quelques instants alors qu'elle s'éclipse pour aller dire bonjour aux jumeaux. Timothy entend tout, le fait qu'elle leur parle, qu'elle joue un peu avec eux et le tout le fait sourire... Ses enfants ne seront jamais seuls tant qu'il garde tous ces gens importants autour de lui. Ils ont de la chance, les petits monstres, de recevoir autant d'affection de la part des quelques adultes qui passent par ici, Tim ne l'a pas eu de son côté et il sait au moins qu'il ne répétera pas l'erreur de ses propres parents avec les enfants. Elle finit par revenir dans la pièce et les enfants n'ont pas l'air plus excités qu'auparavant, un soulagement pour le libraire qui sourit à Madame Coca. Maintenant, ils peuvent parler un peu plus sérieusement, même si d'ici quelques minutes, le français devra s'absenter pour coucher officiellement Willow et Gabriel. "La version longue, bien sûr! Et va pour le thé, assis toi, prends tes aises, tu le mérites puisque ton effet coca a pas débordé dans la pièce d'à côté!" Il a un léger rire alors qu'il court vers la cuisine pour allumer la boulloire, sortir des tasses et un sachet de thé, préparant le tout minutieusement, avec une pointe d'angoisse au creux du ventre. Il sent qu'il y a quelque chose, que ce n'est pas rien ce que garde Niamh comme un secret de polichinelle... Et si c'est grave? Si elle souffre? Il ne sait jamais franchement comment gérer cela mais il revient vers elle avec les confiseries et le thé, posant le tout délicatement sur la table basse. "Je t'écoute, me ménage pas sur les détails." Peut être qu'il aurait dû demander l'inverse finalement mais Tim ne pouvait pas se douter, non, il ne savait rien, c'est bien là tout le problème.
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Début avril, Brisbane.
[color=mediumseagreen]« La version longue, bien sûr! Et va pour le thé, assis toi, prends tes aises, tu le mérites puisque ton effet coca a pas débordé dans la pièce d'à côté! » Elle acquiesce d'un signe de tête tout en se dirigeant vers le canapé, alors qu'il se hâte vers la cuisine. Il veut la version longue. Génial. Elle aurait préféré raconter la version courte. La version courte est beaucoup plus drôle que la version longue avec les détails pas très glorifiants. Assise, elle tapote sur ses cuisses un rythme de musique qui n'existe nulle par ailleurs que dans son esprit. Un moyen de se décontracter, de ne pas penser au fait que peut-être d'ici quelques minutes, il lui en voudrait. Il lui en voudrait de ne pas avoir été mis au courant. Et, elle, elle devra se justifier d'avoir voulu gérer son Marcel toute seule. Le regard de Niamh se pose sur les confiseries, le thé, les mains de Timothy pour finalement remonter jusqu'à ce visage, celui de Tim. Elle prend une profonde inspiration.« Je t'écoute, me ménage pas sur les détails. » Elle ouvre grand les yeux en secouant la tête doucement avant d'afficher un faible sourire. Ne pas le ménager sur les détails. Ok, c'est une possibilité. Une éventualité.« Hm, ok. Je ne sais pas vraiment par quoi commencer donc disons que je me lance d'un coup. Entendu ? » dit-elle en feignant un air détendu et apaisé alors que son cœur bat à un rythme irrégulier dans sa poitrine. « Je suis officiellement en couple depuis un mois ou quelque chose comme ça. C'est tout frais, le tout début donc je ne me précipite pas et on préfère faire les choses tout doucement … mais je suis certaine que tu t'entendras avec lui. Il a lui aussi un petit monstre d'ailleurs, que je n'ai pas encore rencontré. La raison ? On préfère faire les choses tout doucement. » Elle parle à la vitesse accélérée qu'on lui connaît quand elle est un peu mal à l'aise. « Ca, c'était la partie plutôt cool. La partie moins cool, c'est mon mois de mars. Cancer des ovaires. Hystéréctomie. En soi, rien de bien grave. Je me suis faite opérée. On a tout enlevé. Quelques séances de chimiothérapie pour mettre un point final sur mon aventure avec Marcel-le-cancer. Ca sonne plus grave que ça ne l'est. » Une moude pudique, elle baisse son regard sur la bouilloire avant de reposer son regard son regard sur Timothy. « Je ne suis pas vraiment douée pour parler de cela, je ne voulais pas vraiment en parler … pas avant que les grosses étapes soient derrière moi. » Elle n'a pas trouvé les mots alors elle a arrêté de les chercher et Joy, Jax, quelques membres de sa famille avaient fini par être mis au courant. Pour le reste du monde, Niamh avait simplement été plus occupée par d'autres thèmes. « La version courte aurait été beaucoup plus amusante. » souffle-t-elle.
Il attend sagement l'intégralité de l'histoire parce que Tim a toujours été un sacré modèle en termes d'écoute. C'est sûrement pour cette raison qu'il est un excellent ami: il arrive toujours à déceler lorsque quelque chose ne va pas chez son entourage, même s'il ne connait pas la nature du problème. Là, avec Niamh, il sent que quelque chose de grave est arrivé et il a déjà son ventre qui se tord avant même qu'elle ne commence vraiment à déballer son sac. Elle parle vite, certainement trop vite pour que Decastel ait le temps d'enregistrer chaque information proprement: il entend vaguement qu'elle a un nouveau copain, que celui-ci a un enfant mais le reste se brouille vivement. Il sait très bien pourquoi car c'est beaucoup plus simple de se rattacher aux bonnes nouvelles plutôt que s'attarder sur les mauvaises... Non, Timothy n'a pas envie de se rendre compte qu'il n'y a pas une once de plaisanterie dans les mots de son amie alors qu'elle lui parle de cancer, d'opération chirurgicale qui lui a retiré une partie de son corps. Il y a quelque chose de lugubre là dedans, quelque chose qui brise le coeur de Tim, qui le rend triste et il ne veut pas pleurer. Pourtant, Niamh continue de parler pour le rassurer puisqu'elle lui dit qu'elle a été opérée, que le cancer est parti, qu'elle n'a que quelques séances de chimiothérapie à faire avant d'être totalement débarrassée de ce mauvais souvenir. Tim ne réagit pas durant de longues secondes: non seulement il lui faut le temps de tout enregistrer correctement mais il doit évacuer ce chagrin qu'il ressent bien malgré lui car il déteste que le destin s'acharne sur les gens qu'il aime. Que ce soit sur lui ne le dérange jamais outre mesure, il a toujours réussi à le supporter quoiqu'il arrive mais lorsqu'il est question d'amis, de son frère, de n'importe qui de proche, Timothy a une haine viscérale envers le reste du monde et la cruauté du hasard. Il ne le montre pas néanmoins, il prend son temps pour choisir les bons mots dans une épreuve aussi douloureuse. "T'es allée si vite, je..." Il ne sait pas par où commencer lui non plus mais il a des yeux larmoyants, encore bien malgré lui, décidément. "Félicitations pour ton nouveau copain, j'espère qu'il te rendra heureuse à la hauteur de ce que tu mérites." Dans son vocabulaire, cela veut dire qu'elle mérite une galaxie entière parce qu'elle est gentille, Niamh, qu'elle est vive autant que douce et qu'on l'a trop malmenée jusqu'ici. "Ce... Ce cancer là... Tu... Tu t'es battue toute seule? Je veux dire... Pourquoi tu m'as rien dit?" Il aurait pu le supporter, il aurait pu être un soutien mais c'est Reed qui a choisi le menu, il n'a plus qu'à faire avec. "Tu es vraiment guérie? Je veux dire... Il est plus là, hein?" Tim a l'air d'un môme en prononçant cette question mais il a encore la peur qu'on le laisse, que l'univers s'acharne et lui vole une nouvelle personne, il ne vit pas bien avec cette idée, le français. "Si je peux faire quelque chose..." Il n'a pas de mots assez bien, il ne sait pas vraiment parler dans ce genre de moments alors, Timothy baisse la tête il reprend son souffle, le coeur meurtri par la nouvelle.
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Début avril, Brisbane.
Elle a parlé vite, beaucoup trop vite, si vite qu'elle voit les quelques points de suspension dans le regard de son ami. Est-elle parvenue à noyer le poisson ? Non pas que ce soit son but principal mais elle s'est dit que peut-être ce serait plus simple si elle parle rapidement. Comme quand on enlève un pansement. Un coup sec et vif. Ca fait mal pendant quelques minutes seulement. Et puis après plus rien. Quand il lui mentionne le fait qu'elle est allée si vite, elle affiche une moue désolée. Puis, il se focalise sur l'information centrale : Marcel. S'est-elle battue toute seule ? Il y a eu Joy, son père et puis les appels de Jax. Mais à vrai dire, elle a eu le sentiment d'être seule et elle en a eu le besoin. Le besoin de lui faire face à ce connard de Marcel. Elle a eu besoin de l'affronter seule. Ce trou du cul a posé ses valises dans son corps à elle alors c'était à elle de le dégager à grands coups de pied. Dans son monde, cela doit se passer de cette manière. Les amis sont à portée de main au cas où elle faiblirait. « Ca m'est tombé dessus vite, bien trop vite et dès que je me suis concentrée sur un plan d'attaque, sur l'opération, tout s'est accéléré … c'est allé vraiment vite. En soi, c'est même plutôt pas mal que ce soit passé à la vitesse de la lumière. Je n'ai pas franchement vu le temps passé. » C'est la vérité après tout. Quand elle regarde en arrière, elle a le sentiment qu'il ne s'est écoulé que quelques jours. Il y a eu le diagnostic final, le choix du traitement, l'opération et la voilà de retour sur ses pieds avec quelques kilos en mois. Un claquement de doigt et une vie change à tout jamais. Comme quoi. « Les cellules cancéreuses étaient sur un ovaire, j'ai choisi l'option radicale de me débarasser de tout. Juste histoire de laisser moins de possibilités de récidives. Je dois faire quelques séances de chimio pour augmenter les chances de guérison et réduire les rédicives. » Elle entre dans les détails car elle a le sentiment qu'il a besoin de s'accrocher à des faits. Alors, elle les lui confie : ces faits. Aucune panique dans le son de sa voix. Elle maîtrise son discours pour s'être suffisamment confronté à ce dernier.
Le regard de Timothy semble s'assombrir, alors elle vient poser la main sur son genou. « Je vais bien, Tim. Je t'assure. Faut juste que je m'habitue aux bouffées de chaleur et aux autres symptômes de ménopause … mais il y a pas de vieilles femmes aigries au musée, je vais pouvoir me renseigner sur les petites astuces. », confirme-t-elle avec un fin sourire aux lèvres, terminant sa phrase par une voix bien plus amusée que celle précédente. Relativiser, elle a appris à relativiser. Rien ni personne ne mettra Niamh Reed un genou à terre. Elle tend le bras pour saisir sa tasse, la tenant dans une main et remuant le sachet de thé dans l'autre. « Je ne me suis pas encore faite à la cicatrice mais ça va venir. Je vais inventer une petite histoire à la Xena pour l'expliquer et tout se passera bien. » Un hochement de tête convaincu accompagne ses propos et son regard finit par se poser sur son ami. « Voilà pour ma version longue mais toi alors dis moi … quoi de neuf chez daddycool. » Et on entend au son de sa voix que la curiosité lui brûle les lèvres. @Timothy Decastel
Et si elle ne guérissait pas? S'il devait perdre encore quelqu'un dans des circonstances délicates? Tim appréhende forcément l'avenir, il l'avait d'ailleurs toujours fait car le début de son existence n'avait pas été franchement heureux. Pourtant, ces dernières années, tout a l'air mieux, du moins Timothy semble s'en sortir d'une meilleure manière mais les événements dramatiques s'enchainent tout de même. Il a perdu pas mal de petits bouts de son coeur dans des rencontres qu'il aurait mieux fait d'éviter mais c'est aussi comme cela que fonctionne le destin. Il s'y est fait, Timothy, à ces petits malheurs qui l'avaient désarçonné durant un temps. Maintenant, il s'inquiète beaucoup plus pour les gens qui restent non loin de lui, tous ces individus qui avaient toujours été patients avec lui et qui lui avaient offert sa chance d'entrer dans leur vie. Niamh fait partie de cette catégorie sans aucun doute parce qu'ils se sont rencontrés à un date arrangé, à l'époque où Tim était incapable d'aligner deux mots devant une femme, trop pur qu'il était pour cet univers. Il a bien entendu pas mal évolué depuis mais la belle Reed aurait pu redevenir une parfaite inconnue plutôt que de s'accrocher à l'amitié qu'ils avaient fini par former au fil du temps. C'est à lui de lui rendre la pareille aujourd'hui, elle qui souffre d'un mal profond alors qu'elle est encore si jeune. Tim a forcément envie de crier à l'injustice car s'il y a bien une chose que son amie ne mérite pas, c'est ce malheur là, c'est cette perte d'une chance inouïe à un futur heureux. Il s'en veut, instantanément, d'avoir eu des enfants alors qu'il n'en désirait pas à ce moment-là, qu'il n'était franchement pas prêt pour l'aventure. Il comprend parfaitement que Niamh ne pourra jamais être mère, pas biologiquement en tout cas, maintenant qu'elle a retiré de son corps les organes nécessaires à la procréation. "Tu auras jamais d'enfants, alors.... Est-ce que tu en aurais voulu un jour?" Il lui demande au cas où, parce qu'il ne sait pas ce qui la tourmente, il n'est pas passé par là et surtout, il n'y passera jamais, la joie d'être un homme avec tous les privilèges de ce monde sur les épaules. Cela dit, Tim n'est pas stupide et il se renseigne toujours sur les ressentis de ses congénères du sexe opposé, sûrement parce que sa mère l'a considéré comme tel pendant des années. Il se sent redevable de bien des façons à toutes ces jeunes femmes qui ne demandent jamais rien mais qui souffrent quand même parce que le monde est mal fait en étant massivement masculin. Il n'y a aucune logique là-dedans et Timothy ne comprend pas l'Histoire, il n'a jamais été comme leurs ancêtres, c'est une évidence. "Je suis désolé, je devrais pas te parler de tout ça alors que tu t'en sors à peine... Je suis nul. Je veux juste que tu ailles bien et que tu saches que je suis là si un jour, tu en ressens le besoin." Il ne sait pas s'il trouvera les bons mots à ce moment-là, ni même s'il sera un ami correct mais Decastel s'est toujours promis d'essayer, autant commencer dès que possible. Puis, Niamh s'intéresse à son cas et là encore, le français se sent ridicule de devoir parler de lui après la bombe que son amie vient de lui lancer sans crier gare. "Moi? C'est rien à côté de toi, vraiment. Pas du tout intéressant et pas énormément de nouveautés en plus. Je m'occupe majoritairement des enfants maintenant que Heïana est repartie pour la Polynésie. Je fais mon petit bonhomme de chemin en père de famille célibataire, rien de plus." Il ne peut rien dire de plus parce qu'on sent qu'il est encore troublé par le récit de Niamh, son regard en témoigne alors qu'il tâche de dissimuler ses émotions... Comme toujours, c'est un raté avec Tim l'hypersensible.
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Début avril, Brisbane.
Elle déglutit quand il mentionne la maternité. Ne pas avoir d'enfant. Ne jamais avoir d'enfant. Ne pas porter d'enfant. Ne pas connaître le stress et la longue attente du résultat d'un test de grossesse acheté en début de journée, avant le boulot. Ne pas connaître ce que c'est que d'entendre les battements du cœur d'un être qui grandit en soi. Ne pas connaître les premières joies. Les premiers pas. Les premières peurs. Elle a dû faire son deuil en effet. Le deuil d'une maternité naturelle tout en se disant qu'elle pourrait adopter. Peut-être. Elle déglutit et son regard s'obscurcit un quart de seconde, presque imperceptible. Mais, il se corrige rapidement. Il réctifie le tir pour ne pas ouvrir d'éventuelles plaies dont elle est en train de s'occuper. La main posée sur son genou, elle le tapote doucement. « Pas besoin de t'excuser, Tim. C'est à vrai dire la première chose à laquelle j'ai pensé quand j'ai appris le diagnostic. » avoue-t-elle avec pudeur. « Alors oui, j'ai dû en faire le deuil, mais ça va. Promis. » ajoute-t-elle avec la même pudeur. Elle sait que c'est facile d'en faire le deuil quand on est célibataire, quand on n'a pas besoin d'en parler avec son partenaire. Mais un jour cette conversation reviendra sur le tapis. Elle le sait. Elle s'en doute. Pour l'heure, non. Alors, elle préfère se focaliser sur le non. Chaque chose en son temps.
Elle secoue le sachet de thé dans sa tasse alors que Tim essaie de résumer les dernières nouvelles en quelques phrases. Elle écarquille les yeux quand il mentionne le départ de sa douce. « Oh merde ! », souffle-t-elle simplement en reposant sa tassse de thé sur la table basse. « Comment tu vas ? » demande-t-elle aussitôt, se tournant davantage vers Tim. Et là, elle le voit ce drôle d'air sur son visage. Alors, elle fronce doucement les sourcils. « A croire que nous sommes pas vraiment doués pour avoir des vies toutes paisibles et tranquilles … » Elle lâche cela dans un soupir, avant de tendre le bras vers les confiseries préparées avec soin. « C'est donc le parfait timing pour une soirée de vieux, thé et grosse dose de sucre. » Et elle lui décoche un clin d'amical en avant une bouchée. @Timothy Decastel
Il n'y a probablement rien de plus difficile que de devoir faire un deuil aussi imprévu. Pourtant, c'est ce qui arrive à son amie Niamh, elle qui n'a jamais dû se poser de questions sur ses envies de maternité future avant que le cancer ne lui tombe dessus sans crier gare. Maintenant, elle n'a plus tellement le choix que d'accepter un fait aussi dur que celui-là: elle ne sera jamais mère dans le sens traditionnel du terme. Elle n'aura pour choix que d'adopter un marmot si elle veut obtenir ce qualificatif de maman que tant d'autres réfutent. Tim en a mal au coeur pour elle, même si bien vite, Reed le rassure en lui annonçant qu'elle va bien, qu'elle accepte la sentence puisqu'elle est en bonne santé mais Decastel, lui, s'en veut quelque peu d'avoir mis le sujet sur le tapis. Il est clairement trop innocent pour ce monde et il ne fait pas suffisamment attention aux mots qui s'échappent de ses lèvres la majorité du temps, bien trop pur qu'il est depuis sa plus tendre enfance. Il y a au moins des choses qui ne changent pas tellement, des constantes dans sa vie, ce qui n'est probablement plus le cas du côté de Niamh. Cela dit, la jeune femme reste vive et dynamique, comme le français l'a toujours connue. Evidemment, elle ne va pas se laisser abattre par quelque chose de la sorte, elle a toujours été trop têtue pour qu'une maladie la mette hors d'état de nuire. Elle a vaincu, c'est tout ce qui compte et c'est probablement tout ce que Tim doit retenir pour le moment car le reste fait beaucoup trop mal pour qu'il le réalise pleinement. "Je suis désolé... Vraiment." Il ne peut rien dire d'autre, sauf se répéter inlassablement car les mots lui manquent dans des circonstances aussi complexes. Il sait pourtant que c'est ridicule, que parler ainsi n'aide en rien la jeune femme et les maux qu'elle doit surmonter mais Timothy n'a pas encore l'habitude d'être un préposé aux gestion de crise, surtout pas avec ce qui lui arrive dernièrement. Enfin, dernièrement est un bien grand mot, il les enchaîne depuis deux ans mine de rien. "Promis, ça va. On a discuté, ça s'est pas terminé aussi abruptement que les autres fois... Je crois que je suis fait pour être tout seul." Il le pense vraiment parce qu'il est vraisemblablement trop doux, le jeune français, et que rien ne finit jamais bien autour de lui. Bien entendu, Tim n'a pas envie d'être aussi dramatique alors il sourit quand Niamh lui présente les confiseries. Il en goûte une et il rit, ils ont bien besoin de douceur et de simplicité après tout. "Délicieux ce machin... Va pour la soirée de vieux si tu préfères, mais j'ai aussi de quoi faire une soirée de jeunes aussi au besoin." Il n'a jamais été jeune, c'est un comble qu'il dise cela alors qu'il a juste quelques bouteilles d'alcool mais Timothy n'a aucune notion de ce qu'est censé être l'amusement quand on a vingt ans, tout au plus. "On retournerait bien à l'adolescence certains jours, hein? Avoir la vie devant soi, pas trop de souffrances en cours..." Enfin, il dit cela mais il était malheureux comme les pierres à cette période, autant rester trentenaire au final.
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Début avril, Brisbane.
Elle lui sourit avec tendresse quand il lui répète être désolé. C'est fou mais elle se rend compte que la terre entière s'excuse. Elle les entend souvent ces trois mots. Elle les entend, sait qu'ils sont positifs et bien attentionés et pourtant ils lui rappellent qu'elle a perdu quelque chose. C'est comme la confirmation que son cancer est un connard et lui a volé un grand pan de sa vie de femme. La langue de la jeune femme claque et elle souffle en l'entendant clamer qu'il doit être fait pour être seul. « Tutututu. Rien à voir. » s'exclame-t-elle aussitôt en agitant la main, comme si elle essayait d'effacer les propos du jeune homme. « Toutes les relations ne sont pas faites pour durer. Et c'est tout à fait possible d'avoir une relation positive et saine, mais qui se termine tout aussi sainement. Alors, je ne veux pas passer pour la reine du kitsch et du romantisme, mais je suis persuadée qu'il y a quelqu'un sur cette planète qui est faite pour toi … on a plus qu'à espérer que cette dernière se trouve à Brisbane. » et elle ponctue sa phrase par un coup de coude amical, taquin. Elle essaie d'apaiser l'atmosphère qui s'est tendue à cause de ces mauvaises nouvelles. Elle avale une nouvelle bouchée tout en laissant échapper un éclat de rires quand il lui annonce avoir de quoi faire une soirée de jeunes. Les soirées de jeunes, non merci. Niamh a le sentiment qu'en s'approchant de la trentaine, elle apprend à apprécier la tranquillité et la sérénité d'une soirée passée sur un canapé, à parler de tout, de rien tout en buvant un thé. Rien de mieux que le bonheur des choses simples. « Tu te mets vraiment à parler comme un vieux, Tim. » dit-elle d'une voix rieuse tout en saisissant son thé. « Mais tu es encore chic et pimpant, on a encore pas mal d'aventures rocambolesques à vivre … enfin j'espère. » Une gorgée de thée, trop chaud évidemment, elle repose la tasse de thé sur la table basse. @Timothy Decastel
Le temps défile et Tim sait qu'il en a raté la majorité en allant se cacher dans des meubles ou derrière des rideaux. Il n'a rien vécu comme les autres, il n'est pas passé par les étapes normales comme ses camarades et c'est un regret avec lequel il doit vivre désormais parce qu'il ne rattrapera pas les trente premières années de son existence, il ne peut que les rêver mais clairement pas les réécrire. Il tente de se raccrocher au positif: au moins, il n'a pas été tenté par des affaires louches, il n'a jamais été dans la moindre addiction et il ne s'est pas perdu dans des relations destructrices à un âge où il n'aurait pas dû. Le français a attendu sagement dans son coin qu'on vienne le cueillir, là bas, au fond de son cimetière, entre deux allées de stèles poussiéreuses. Il ne peut qu'aller de l'avant désormais, même s'il aura toujours ce petit pincement au coeur en repensant à Heïana, elle qu'il avait rencontré dans ledit cimetière et qui a été une part importante de son développement il y a deux ans. La jeune femme l'a aidé à s'en sortir, à voir un peu plus loin que son désespoir du moment et il s'est accroché à elle, bien malgré lui certainement. Puis, elle est partie, elle a laissé son coeur de nouveau dans un état de détresse et son esprit convaincu que c'en était fini de lui, qu'il ferait mieux d'accepter son sort d'homme seul. Tim n'est pas franchement dérangé par ce fait d'ailleurs, on peut dire qu'il a l'habitude du célibat vu le nombre d'années qu'il a passé avec ce statut collé sur son front alors, il ne comprend que partiellement la réaction de son amie face à ses remarques. "En fait, je cherche pas cette personne. Mes relations ont été plus douloureuses qu'autre chose ces deux dernières années, c'est sûrement mieux que je sois tout seul. Je veux détruire personne, pas comme on m'a détruit." Alors, que cette personne dont parle Niamh soit dans cette ville ou pas, ce n'est pas ce qui semble intéresser Timothy à l'heure actuelle. Il veut avant tout profiter de ce qu'il a présentement, de ses deux enfants qui ont besoin de lui avant tout le reste et il sait que c'est le voeu le plus sain qu'il peut faire. "Je vais avoir trente cinq ans, ma pauvre, heureusement que je passe du côté des vieux gars." Il se met à rire, faisant disparaître peu à peu sa mélancolie et son désespoir face à la situation de Reed. Il n'y peut rien, il n'est pas responsable alors pourquoi continue t-il de culpabiliser? C'est du Timothy Decastel tout craché qui s'avance, assurément. "De quelles genres d'aventures rocambolesques tu parles? Le vieux chic et pimpant que je suis est pas certain d'avoir le coeur suffisamment accroché pour aller sur la lune ou quelque chose de cet acabit mais si t'as quelque chose de sympa à proposer, vas y..." Il reprend un peu de bonne humeur: tant mieux, ils en ont tous les deux besoin et puis, cela évite à Tim de devoir sortir l'alcool à une heure aussi indécente. Non, le thé, c'est très bien, ça apaise l'âme et le moindre mal.
“It's not enough to be up to date, you have to be up to tomorrow.”
Début avril, Brisbane.
« Après je connais pas mal de gens qui sont tout seul et qui zack zack s'occupent de leurs besoins primaires comme ça ... » dit-elle en levant une épaule tout en se rendant compte qu'elle a du mal à imaginer l'émotif Timothy courir après les jupons et les histoires d'un soir. Mais après, tout est possible. Elle sait de quoi elle parle. A cette pensée, elle a presque envie de se cacher dans un trou de souris. « Je ne pense pas qu'on trouve le bonheur ultime dans une histoire d'amour de toute manière. C'est déjà la galère de s'accepter et de s'aimer soi même et puis les petits monstres --- euh --- les gens sont là pour donner un paquet d'amour. » Elle pense exactement ce qu'elle lui dit. Jax lui est tombé sur le coin de la figure quand elle ne s'y est pas attendue mais elle avait été également convaincue de pouvoir être heureuse seule avec ses chats. Un tas de chats. « Woh ! Trente cinq ans … ah ouais quand même. » Evidemment, elle exagère pour le taquiner, plissant les yeux comme si elle est à la recherche de rides sur le visage de son ami. Trente cinq ans. Rien du tout. Il a encore un paquet d'aventures et de mésaventures devant lui. Elle en est persuadée, prête à mettre sa main sur le feu d'ailleurs. « Je ne sais pas moi … J'ai pas eu grand chose à faire ces derniers jours et j'ai commencé à me faire une liste de trucs à réaliser avant que je sois sénile. Des trucs bidons mais réalisables. Je me suis dis que je devais essayer d'en rayer quelques-unes … histoire de ne pas me laisser bouffer par la routine. » Elle lève son index en même temps qu'elle parle pour glisser sa main dans sa poche pour en sortir son portable. Elle scrolle pour finalement afficher un sourire plus rayonnant. « J'ai sur ma liste … par exemple … manger du wasabi, te fous pas de moi je suis une mauviette et évite de manger épicé mais bon va falloir tenter. Prendre un bain de minuit. Faire un entraînement de hockey sur glace, me demande pas pourquoi … Oh et un saut en parachute. » Elle continue de scroller avant de lever ses prunelles sur Timothy. « Voilà, tu peux devenir mon partenaire de folie et m'accompagner pour un saut en parachute. Déjà fait ? », qu'elle demande avec cet enthousiasme détonant. Elle laisse son téléphone rejoindre la table basse pour s'emparer de sa tasse de thé et en boire une courte gorgée. @Timothy Decastel
Il n'a jamais pensé à tout cela, non, Tim est bien trop innocent pour s'imaginer comme le garçon qui vadrouille de droite à gauche. Il a sûrement trop souffert de sa première fois et des conséquences tragiques d'un simple instant charnel qui ne mène pas nécessairement à une relation pour réitérer l'expérience une dizaine de fois. En tout cas, à l'époque, c'était comme cela qu'il voyait l'affaire: aujourd'hui, le français change clairement d'avis. Il ne veut plus sentir son coeur se meurtrir à chaque fois qu'on passe la porte sans lui, alors qu'un regard en arrière n'est même pas envisagé. Alors, peut être que la méthode proposée par Niamh marchera, il ne peut pas le savoir s'il n'a pas essayé. Il dit cela, Tim, mais en soi, il l'a déjà fait une fois dans une boîte de nuit avec des circonstances spéciales. Même là, il s'est accroché à la danseuse en question, à croire qu'il est vraiment un cas désespéré qui a besoin d'affection pour satisfaire son for intérieur. "Zack zack? Elle te vient d'où celle là? Tu sais qu'il y a deux ans à peu près, je t'aurais demandé ce que ça veut dire tout ce que tu me racontes?" Elle le sait forcément puisqu'elle l'a connu à cette période justement. Le pauvre français n'était même pas en mesure d'aligner deux mots à ce moment-là alors, comprendre des sous entendus sexuels aussi peu subtils fussent-ils, c'aurait été au delà de toutes ses forces. "Si c'est une méthode testée et approuvée par toi-même, j'essaierais peut être un jour, qui sait?" Il lui sourit mais Tim n'est franchement pas convaincu par l'idée. Ses besoins primaires, comme elle le disait si bien, ont toujours été intimement liés aux sentiments qu'il a et il est peu probable que le brun arrive à se détacher de ce concept pour l'heure. "Là dessus, je suis d'accord avec toi... S'aimer soi-même, c'est le plus important de l'affaire et c'est clairement pas facile, hein?" Timothy a passé la majorité du temps à se mépriser de son côté et même encore parfois, il le fait. Il ne devrait pas parce qu'il n'y a aucune raison à toute cette haine qu'il s'offre mais c'est ainsi qu'il a toujours fonctionné, schéma répété à cause de sa chère génitrice qui avait bousillé son fiston sans en subir la moindre conséquence. Decastel ne doit surtout pas penser à elle: il vaut mieux se concentrer sur la bucket list de Niamh, il y a moins de risques d'éclater en sanglots ou d'avoir envie de fuir vers le premier placard qu'il rencontrerait. "Jamais fait ça, non. Je suis sûrement trop froussard pour observer le sol d'en haut... Par contre, le hockey, compte moi dans le délire. J'ai toujours rêvé de tenter le patinage histoire de bien me bousiller le coccyx." Il est trop maladroit pour tenir là dessus sans s'abîmer plus que son joli fessier mais c'est ce qui est drôle dans ce genre d'aventures, ne pas avoir honte de ce qui pourrait se passer. "Tu veux commencer ta liste quand exactement? Que je prépare la mienne et qu'on compare avant de se lancer?" Il n'a jamais eu aucune envie, et il en a encore moins depuis qu'il a ses enfants. Tout pour eux. Tout pour les autres. Jamais rien pour lui.
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Début avril, Brisbane.
Un rire s'échappe de ses lèvres quand elle prend conscience que ses expressions sont un peu trop folles ou originales. « Ne freine pas ma création, Tim. » dit-elle sur le ton d'une diva tout en mettant sa main devant elle. Elle a des petits airs de diva, un talent d'actrice oui. Elle acquiesce d'un signe de tête pudique bien qu'on peut comprendre à son drôle de sourire qu'elle l'approuve cette méthode. « Je ne veux pas rentrer dans les détails pour ne pas te traumatiser mais oui, testée et approuvée par Niamh Reed. » Elle fait les gros yeux en soufflant quand il confirme le fait que s'aimer soi même est le parcours de combattant. Le travail d'une vie sans aucun doute. Niamh en a conscience aujourd'hui encore. Elle a passé des années à accepter son corps, son apparence. Elle s'y est faite et voilà que des cicatrices viennent prendre place sur son ventre. Un nouveau défi. Le travail d'une vie mais elle est prête à l'affronter. Elle a d'ailleurs déjà remonté ses manches pour. Les prunelles de Niamh s'illuminent quand il approuve le hockey. Elle claque des doigts comme pour confirmer qu'elle l'appelera pour être de la partie. « Ok. On se fait cet entrainement de hockey mais interdit de t'entraîner en traitre pour me laisser être ridicule toute seule, ce serait injuste. » dit-elle en le menaçant de son index, le regard pétillant de malice. Elle écarquille les yeux quand il lui pose ses questions. Elle frappe dans ses mains avant de poser une main sur ses lèvres, se rendant compte qu'elle a un peu trop d'énergie et devrait se détendre un petit peu … ne pas avoir l'effet coca sur tout l'appartement. Du revers de la main, elle lui donne un petit coup sur le bras. « Chope toi une feuille et un crayon. Je ne pars pas d'ici tant que tu n'écris pas au moins trois trucs sur cette liste et interdiction de me voler l'idée du hockey sur glace. » Elle tend le bras pour avaler une confiserie avant de tourner la tête vers Timothy qui semblait un peu surpris. « Allez, allez. »